» Leçons du pouvoir » ou du « non- pouvoir » ?

    Après plus de trente années de pouvoir partagé entre le parti socialiste et le parti « officiellement » gaulliste en dépit de ses changements de noms, je suis toujours effaré par les déclarations des « éminences politiques » qui  ont gouverné le pays : en résumé, ils font toujours comme s’ils découvraient pour la première fois les problèmes de la France.

            A peine sorti officiellement du jeu présidentiel, Hollande donne des leçons de pouvoir. Il vend des livres. Il n’a pas laissé le pays en bon état, et encore moins le Parti Socialiste, mis KO, de même que la social-démocratie : le symbole du non-pouvoir !

        Obsédé par le rôle international de la France, Il s’est glorifié de sa décision de nous embarquer dans la guerre du Mali, une décision sur laquelle nous reviendrons plus loin.

Chevènement a écrit  récemment des choses intéressantes dans son dernier livre et dans la préface dont j’ai lu quelques extraits. Une belle plume politique, sûrement ! (Le Figaro des 9 et 10 février 2019 page 16)

        Quel est le bilan d’un homme politique qui disposait d’une véritable forteresse politique à Belfort et qui irrigua en permanence la matière grise des socialistes, grand serviteur de Mitterrand, tout au début de sa brillante carrière, puis sorte de « frondeur » avant la lettre dans les eaux de la social-démocratie ? Plume majeure du programme commun de la gauche qui donna, en 1981, le pouvoir aux socialistes grâce à leur alliance avec le Parti Communiste, inféodé à l’URSS, une dictature rétrograde qui s’écroula quelques années plus tard, en 1989.

        Ce fameux programme commun fleurait bon  un étatisme qui n’avait pas fait ses preuves à quelques centaines de kilomètres de Belfort, à l’Est, outre le fait que ses premières années d’application ont coûté cher au pays.

       L’Europe souverainiste de Chevènement, qu’est-ce à dire ? Alors que son camp ouvrait largement la porte, très largement la porte, à une mondialisation désordonnée de l’Europe ? Peut-être aurait-il été utile de formuler quelques  propositions concrètes d’union à la carte !

        Et à Belfort ? Alstom  a été en définitive désossé sous la présidence Hollande, sans que l’ancien député et sénateur de Belfort ne se soit vraiment manifesté dans ce désastre français.

       La paix religieuse dans le Territoire de Belfort, et la laïcité ? Tout au long du règne de Chevènement se sont développés de nombreux quartiers sensibles, terrains favorables à l’islamisation du territoire.

Juppé ?: A lire ses propos récents sur son départ surprise, sinon de sa « défection » politique, pour la Conseil Constitutionnel, je ne puis m’empêcher d’associer le fils préféré de Chirac au « système » qui permit à ce dernier  d’être enfin élu à la Présidence, et à la « Méthode Chirac » que j’ai décrite dans un livre.

      Je vous avouerai que les remarques de l’intéressé sur un « esprit public devenu délétère », ou sur « l’esprit public est difficile à porter », m’ont laissé rêveur. Rappelons tout de même que le brillant sujet a été le seul à faire les frais judiciaires du système parisien de la corruption RPR.

      Le choix de Bordeaux était d’autant plus surprenant sur le plan politique, alors que son mentor avait trahi « confraternellement », en 1974, son ami Chaban-Delmas au profit de Giscard.

       Le choix de la «  Nouvelle Société » que proposait Chaban-Delmas aurait alors été un meilleur chemin que celui qui fut choisi.

Bayrou : avec une seule remarque : vous ne trouvez pas curieux que l’homme politique en question, sympathique au demeurant, ait préféré toujours son Béarn natal à l’Europe du large ?

« Leçons de pouvoir » ou « illusions » du pouvoir ?

       Notons dès le départ que l’élection surprise de Macron n’a rien changé à l’ancien monde. Sa garde rapprochée dite des « Mormons » constitue une sorte de quintessence d’un système élitiste, parisien, hors sol, hors dans quelques fiefs provinciaux de cette nomenclature, qui tente de continuer à donner le ton et le branle à la France entière.

      C’est une des raisons profondes et  anciennes de la crise actuelle.

Un système toujours parisien, qu’on le veuille ou non, et que seule une réforme profonde des institutions donnant beaucoup plus de pouvoirs à nos régions est de nature à limiter.

Une Europe ouverte à tous les vents d’une mondialisation des échanges non régulés, et en 2001, avec le Traité de Nice, une ouverture risquée à l’Est, décision capitale, bipartisane, entre PS et RPR,  d’ouverture de l’Union aux nations de l’Est qui manifestement n’y étaient pas prêtes, et sans les garanties nécessaires, notamment en matière de dumping tous azimuts, tels qu’il a fonctionné.

       Gauche ou droite n’y ont rien changé, et c’est sans doute une des causes identifiées de la crise actuelle et de la montée des « populismes » en Europe, un nom de baptême évidemment ambigu.

Une politique étrangère de châtelain désargenté ! La France a bien sûr encore un rôle à jouer, une mission à remplir dans le monde, mais ni la gauche, ni la droite n’ont eu le courage jusqu’à présent, de procéder à un réexamen complet de notre politique étrangère, afin d’en ramener les dimensions et les enjeux à nos moyens et à nos alliances.

        Comme Jules Ferry à la fin du XIXème siècle, fusse dans des contextes constitutionnels et historiques différents, Hollande a « décidé » d’envoyer nos Mirages au secours du Mali, de quel Mali ? Sans se soucier d’engager un processus de consultation européenne, nouvelle sorte de « fait accompli » tout à fait dans la tradition de la politique des nombreux « faits accomplis » de nos brillantes conquêtes coloniales.

     Sommes-nous au XIXème siècle ou au XXIème siècle ?

      La gauche et la droite bernent les citoyens en mettant en haut du pavois  la grandeur de la France, alors que notre dette publique déjà abyssale (plus de 2 300 milliards d’euros) continue à croître chaque mois, sans que le nouveau Président n’y ait changé quoique ce soit depuis son élection.

Détour personnel pour terminer :

      Comme je l’ai écrit sur mon blog, je partage l’interprétation politique de Chevènement quant à l’élection du nouveau Président :

     «  Quant à la droite, elle  a été piégée par le système des primaires auquel elle s’est crue obligée de recourir pour raviver chez ses électeurs l’intérêt qu’elle ne suscitait plus. Je n’épiloguerai pas sur l’élimination de son candidat, curieusement mis en examen, deux jours avant la clôture des parrainages…. »

Ma propre version de l’affaire Fillon, blog du 28 février 2017 :

« L’affaire Fillon sous la houlette de la justice

De quelle houlette s’agit-il ?

De celle du berger ou de la bergère qui fait appel à sa houlette pour ramener les brebis ou les chèvres indisciplinées dans son troupeau ?

De celle du jardinier qui fait appel à sa houlette pour lever de terre des oignons de fleurs ? C‘est effectivement le moment !

De celle enfin des évêques de l’Inquisition qui n’avaient pas d’état d’âme pour envoyer les « mécréants » sur le bûcher ?

L’histoire jugera ! …

Avril 2019, deux ans plus tard !

Je continue à penser qu’en 2017, la Justice a violé le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs, sans que la droite ne s’en  offusque et ne saisisse le Conseil Constitutionnel.

Résultat : les Gilets Jaunes et la grave crise de confiance actuelle !

Jean Pierre Renaud

Pour une Nouvelle Union européenne gage de sa puissance et de sa civilisation !

    Foin de toutes  ces discussions, ces élucubrations, ces appétits carriéristes, ces regards nombrilistes ! L’Europe va mal, très mal, et il convient de la remettre sur pieds.

              Sortons de ces discussions stériles sur le sexe des anges européens !

          L’Union actuelle est une véritable usine à gaz dont le fondement et le fonctionnement n’ont rien de démocratique, car au fil des années, c’est la Commission Européenne qui fait la pluie et le beau temps, c’est-à-dire une technocratie.

         En 2002, le Traité de Nice de la cohabitation Jospin-Chirac a accouché d’une Europe ingérable, compte tenu de son extension à une Europe de l’Est qui n’était pas prête à entrer dans l’Union.

        Il en est donc résulté la plupart des difficultés rencontrées pour trouver des consensus, d’autant que les nouveaux adhérents, souvent de taille modeste jouissent au sein de la Commission Européenne d’une égalité de traitement qui n’est pas un facteur de cohésion européenne.

       La seule solution intelligente proposée est celle qui consistera à resserrer les liens entre pays de la zone euro, ou en tout cas entre les pays décidés et capables d’assumer une vraie solidarité politique, militaire, économique, et sociale : il s’agit évidemment de mettre en œuvre et de proposer aux électeurs de l’année prochaine un projet d’union à plusieurs cercles de compétence.

       Il appartient aux partis représentés au Parlement européen de l’élaborer et de présenter ce projet commun aux pays décidés à doter l’Union d’une véritable colonne vertébrale aux prochaines élections européennes.

      En France, et compte tenu de l’affaiblissement de Mme Merkel et du manque d’enracinement politique européen de son parti, Macron aura du mal à refaire le « coup électoral » des élections présidentielles françaises.

        Les prochaines élections européennes constitueront la pierre de touche de la reconfiguration des forces politiques chez nous et dans l’Union.

      Les hommes et femmes politiques qui rejettent ce nouvel avenir européen n’ont décidément rien compris à la situation actuelle et à son passé récent.

            Nous avons besoin d’un gouvernement démocratique de l’Europe issu des prochaines élections et d’une Assemblée démocratique dotée d’un vrai pouvoir législatif, faute de quoi, nous continuerons à être comme aujourd’hui, sous un « protectorat » américain qui ne dit pas son nom, avant peut-être, à la vitesse dont vont les choses du monde, un « protectorat » chinois.

             Jean Pierre Renaud

Suicide ou nouvelle naissance d’une autre Europe, au lieu de celle du fait accompli!

Suicide ou nouvelle naissance d’une autre Europe ?

Les Echos, Radio Classique… : aujourd’hui, une Europe en catimini, celle du fait accompli !

Est-ce que nos dirigeants ne sont pas devenus fous ? Ont-ils encore les pieds sur terre ?

Un cas très concret de connivence du milieu « médiatico-politique » pour ceux qui douteraient encore de son existence !

            L’Europe des 27 est dans un triste état : faillite de l’Irlande, de la Grèce et du Portugal, une Espagne en pleine tourmente, de grandes difficultés à harmoniser la politique européenne avec celle de certains pays de l’Europe de l’Est, intervention massive de fonds européens en vue de stopper la débâcle actuelle, jusqu’où…

            Le traité de Nice de la cohabitation française Jospin Chirac (2001) n’a pas fini de produire ses effets destructeurs sur le destin de l’Europe, un élargissement politique tout à fait prématuré, dépourvu de garanties institutionnelles et économiques, et l’on voudrait encore faire grossir encore l’Union, sans une complète remise à plat, alors qu’elle se trouve en situation de plein désarroi ?

            Et les journaux, de semaine en semaine, de mois en mois, d’année en année, de distiller la petite musique d’une prochaine adhésion de la Croatie ou de la Serbie, sans jamais expliquer aux lecteurs-citoyens les enjeux et les coûts de ces nouvelles adhésions.

Prenons l’exemple du journal Les Echos, que d’aucuns considèrent comme un journal de référence dans son domaine.

Le 30 mai 2011, il publie dans sa page 6, un article intitulé : « La Serbie pourrait devenir membre de l’UE en 2014 », et dans un encart, un autre article intitulé « La Croatie proche de l’Union Européenne », c’est-à-dire en 2013.

Sans approfondir le sujet !

Et dans son journal économique et financier du matin du 10 juin 2011, Radio Classique traitait brièvement de l’adhésion de la Croatie, comme un fait déjà acquis !

Cette radio s’est bien gardée d’analyser les conséquences de ces deux adhésions éventuelles sur la structure des institutions européennes (commissaires, députés, services nouveaux, etc..) et sur le coût de ces nouvelles adhésions dans les programmes de l’Union.

Alors que l’Union Européenne, telle qu’elle est actuellement, ne fonctionne pas bien ! Qu’elle n’a pas encore réussi  à régler ses graves déséquilibres internes  à la fois politiques, économiques et financiers !

M.Trichet propose la création d’un ministère des finances européen, mais n’aurait-il pas été préférable de le créer auparavant ?

            A ce train-là, l’Europe va  inéluctablement  vers le gouffre, c’est-à-dire son suicide !

            Alors ne serait-il pas temps que des responsables politiques européens sérieux se mettent autour d’une table, ils y sont d’ailleurs très souvent, pour proposer des institutions européennes viables qui tiennent compte de la situation des pays de l’Union, c’est-à-dire, et sans langue de bois, une Union Européenne à géométrie variable, comme cela a déjà été proposé à de multiples reprises dans le passé.

            En définitive, un seul mot d’ordre : aucune nouvelle adhésion à l’Union Européenne, avant une remise à plat complète des institutions !

Jean Pierre Renaud