Léonarda, une affaire dérisoire qui tourne la République Française en dérision !

   Au niveau du chef de l’Etat, dans les médias publics ou privés, dans certaines formations politiques, une affaire dérisoire qui tourne la République Française en dérision !

            Que n’avons-nous pas vu, entendu, ou lu, à ce sujet ? Des envoyés spéciaux au Kosovo, des déclarations multiples, des manifestations dans quelques-unes de nos villes, et le destin tout à fait « exemplaire » de cette famille sans papiers !

           Mais après tout, pourquoi cette affaire ne permettrait-elle pas  aux Français et aux Françaises de mieux connaître les différentes voies d’accès clandestines à l’obtention d’un titre de séjour ?

          Tout d’abord les faux papiers, bien sûr, aussi les demandes d’asile non fondées, et de façon plus subtile, un accouchement en France, un mariage binational, un séjour prolongé pour études, un regroupement familial à géométrie variable, la venue clandestine d’un mineur qu’il est impossible d’expulser, d’autant moins si grâce à l’obligation légale de scolarité des mineurs, il se trouve placé sous la protection à la fois de la loi et de réseaux de soutien souvent très actifs dans ce domaine.

        Mais le résultat de toute cette esbroufe politique et médiatique, des dizaines de milliers de suffrages en plus pour le Front National !

Jean Pierre Renaud

Problématiques françaises d’emploi, de chômage et d’immigration: que faut-il faire? Que Peut-on faire?

Problématiques françaises d’emploi, de chômage et d’immigration : que faut-il faire ? Que peut-on faire ?

            Deux situations, entre chômage et travail :

            En banlieue parisienne –

            Il s’agit d’un Français de 52 ans bénéficiaire du Revenu Social d’Activité (RSA) et de la Couverture Médicale Universelle (CMU), logé en logement d’urgence, auquel on propose un CDI chez Carrefour, qu’il refuse sans donner de raison précise, hormis qu’il ne veut pas perdre ses droits au RSA par peur de perdre sa CMU complémentaire.

A La Réunion –

« En métropole, il travaillait dans le bâtiment. A La Réunion, ses indemnités de chômage épuisées, il n’a pas repris d’emploi, dit sa sœur. .En ne travaillant pas, il bénéficie du RSA, de la CMU, il ne paie pas d’impôts  et ne verse que 75 euros pour son loyer grâce aux aides auxquelles il a droit.  Il fait le jardin, élève des poules et des lapins. » « La Croix du 26 juin 2012, page 3, dans l’article « Pour s’en sortir, elle cumule les emplois. »

            La situation d’une femme marocaine, d’abord « sans papier », puis avec papiers, en banlieue parisienne :

            La jeune femme est venue en France avec un visa et y est restée sans papier. Elle y a accouché, a été prise en charge hôtelière par l’Aide Sociale à l’Enfance, et travaillait au noir. Elle a eu un deuxième enfant.

            Régularisée, elle dit regretter sa situation de « sans papier » : elle vivait alors beaucoup mieux, car tout était pris en charge par le biais d’aides, sociales ou associatives. Elle dit que maintenant qu’elle a des papiers, un titre de séjour, elle doit tout payer (loyer hôtelier, impôt, sécurité sociale, complémentaire santé, nourrice, etc…

            Cette jeune femme est mariée religieusement avec un Marocain, également sans papier, plus ou moins présent dans sa vie. Elle bénéficie maintenant en plus de son salaire, d’une allocation logement et de prestations familiales qu’elle n’avait pas auparavant

            Les vendeurs à la sauvette :

            Nombreux  dans la capitale, et sans papiers, ils viennent le plus souvent du Bangladesh, d’Inde, de Sénégal, ou de Côte d’Ivoire. Les plus futés ou les mieux informés disent qu’ils viennent du Gabon, car ils savent que par accord avec leur pays, ils ne seront pas reconduits à la frontière.

            Reconduits dans leur pays ? Qu’est-ce à dire ?

            Premier cas de figure, le vendeur à la sauvette a eu le bon goût de demander l’asile, et de ce fait, il ne sera pas éloigné, tant que son dossier n’aura pas été examiné par l’OFPRA, et le cas échéant, par la Commission des Recours. Cela prendra du temps, et dans l’hypothèse où cet asile serait refusé, il ne sera de toute façon pas éloigné.

            Indiquons que la France a accueilli 57 000 demandeurs d’asile en 2011 et les Etats Unis 74 000, alors que la population américaine est de 4 à 5 fois supérieure à celle de la France.

            Dans les autres cas de figure, et jusqu’à la récente décision de la Cour de Cassation, en ce qui concernait ceux interpellés par la police et placés en garde à vue, le Parquet les maintenait en garde à vue, afin de permettre à la Préfecture de Police d’examiner leur situation et de proposer, soit une invitation à quitter le territoire français, sous un mois lors de leur interpellation, soit un arrêté de reconduite à la frontière, avec ou sans mesure de rétention administrative.

            Autant dire que cela ne servait rigoureusement à rien, que les mesures de reconduite à la frontière n’étaient pas exécutées, ne serait-ce que parce que les vendeurs à la sauvette avaient fait disparaître leurs papiers d’identité, ou parce que l’administration n’avait pas eu, ou la volonté, ou les moyens, de faire exécuter ces mesures.

            Seule utilité, une sorte de recensement qui permettait de les identifier sur la sol français, mais ils restaient dans la nature, et contribuaient à entretenir ou à gonfler le stock des sans- papiers.

            Avec la suppression de la garde à vue décidée par la Cour de Cassation, et en attendant un texte qui viendrait combler le vide juridique ainsi créé, l’immigration clandestine risque de profiter de cet appel d’air.

            Personne ne connait exactement le chiffre des sans-papiers en France qui va de 200.000 à 400.000, selon les estimations.

            L’immigration clandestine en France est due à de très nombreux autres facteurs : pour n’en citer que quelques-uns, l’explosion démographique de beaucoup de pays d’Afrique et du monde, la mondialisation des facilités de circulation, et donc des grandes difficultés de contrôle des flux d’immigration, sans compter l’Eldorado que représente encore l’Europe, et dans notre cas, la France.

Sur les rives du Niger ou du Congo, il est très difficile de trouver un emploi, même à cent euros du mois, alors que si vous vous débrouillez bien, si vous avez le bon tuyau, la bonne relation familiale en France, si vous savez vous mettre dans la bonne case du système juridique et social français, une fois entré, vous avez toutes les chances de pouvoir y demeurer.

Jean Pierre Renaud

La France et ses sans-papiers: remise à plat ou révolution?

Sans-papiers, remise à plat ou révolution ?

La France et ses sans-papiers, que faire ? Changer de stratégie ?

Il est peut-être temps de cesser de faire de l’esbroufe politique sur le sujet !

            Qui sait combien la France « abrite » de sans-papiers, 300 à 400.000 personnes ? Mais qui sait non plus, à part les initiés, les préfets, les magistrats, les députés, et les policiers, que la reconduite à la frontière est une belle tartufferie française, étant donné que, dans 70% à 80% des cas, ces « reconduites » ne sont pas mises à exécution ?

            Le Monde le rappelle dans un article du 23 mars 2011, mais qui en évalue véritablement l’importance financière et politique ?

Le journal écrit : « Or, sur les 40 000 à 60 000 APRF (arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière) notifiés chaque année, 70 à 80 % ne sont déjà pas exécutés. »

Comment ne pas être surpris par une telle « approximation » ?

            Le ministre de l’Intérieur a l’habitude de donner des statistiques à ce sujet, mais elles sont fausses, et en plus, elles n’ont aucun effet réel sur l’effectif des sans-papiers.

Nouvelle complication, une directive européenne met en demeure les Etats de laisser de 7 à 30 jours pour que le sans-papier quitte « volontairement » le territoire. Faute d’avoir mis en œuvre cette directive, la France voit donc aujourd’hui les arrêtés préfectoraux déférés devant les tribunaux administratifs qui les annulent, donc plus d’expulsion !

C’est donc la loi du roi Ubu, on annule des arrêtés qui, déjà, et de toute façon, ne servent à rien, puisque l’immense majorité des sans-papiers « reconduits » demeurent sur notre territoire, avec toute la chaine des conséquences que les spécialistes connaissent bien, trafic de main d’œuvre, travail au noir ou avec de faux-papiers, hébergements clandestins, soins hospitaliers, naissance d’enfants, et donc impossibilité nouvelle d’expulsion, pour ne pas citer l’espérance de régularisation de leur séjour, etc…

Traduisons donc en bon français la situation actuelle : un sans-papier peut séjourner facilement en France, sans avoir la crainte d’être expulsé, d’autant plus facilement qu’il peut compter :

 1 – sur la solidarité d’une famille ou d’une communauté d’origine déjà présente sur notre territoire.

2 – sur le réseau de soutien de la collectivité française d’accueil (santé, allocations, etc…) et « humanitaire » d’une partie des citoyens français.

Et dans les deux cas, et quel que soit le bon motif, perte de vue du bien commun de la communauté française, car le bien commun est aussi un arbitrage entre bonne action et sacrifice au motif de l’intérêt général !

A ce problème humain et politique difficile, une seule solution serait efficace, celle qui consisterait pour les familles et les communautés qui servent de support au flux inexorable des sans-papiers à renoncer à leur solidarité, et donner donc la préférence à l’intérêt bien compris de la communauté française dont ils font partie.

Une solution tout à fait improbable, compte tenu des liens de solidarité de toute nature qui, de par leur culture d’origine, soudent les ressortissants d’une même communauté, en France ou en Afrique.

Pourquoi ne pas remettre les choses complètement à plat, et donc changer de stratégie ?

Il conviendrait :

1-     tout d’abord d’avoir une bonne évaluation du devenir des sans-papiers sur la longue durée : que sont devenus les sans-papiers arrivés en France, il y a dix ou vingt ans ? Toujours en France, et toujours clandestins ?

2-    de procéder à une évaluation sérieuse du coût des opérations policières, judiciaires, et administratives qui ont l’ambition « fictive » d’expulser les sans-papiers de notre territoire, en clair en chiffrer le budget complet.

3-    de reporter une partie de ce budget sur la poursuite des trafics de main d’œuvre et de faux papiers.

4-    d’affecter les  crédits rendus disponibles sur ce budget dans un compte budgétaire servant à alimenter les budgets de développement des pays d’émigration clandestine, afin de les inciter à participer à cet effort de régulation  démographique, et peut-être de paix civile.

Ce ne sont là que quelques réflexions citoyennes, car il semble évident, en tout cas, que la stratégie actuelle d’expulsion des étrangers sans-papiers n’est pas la bonne ! Et que les ministres de l’Intérieur cessent de se targuer de résultats bidon ou d’annoncer des objectifs annuels chiffrés, avant de faire procéder à une évaluation complète et sérieuse de ce phénomène social et politique majeur !

Jean Pierre Renaud

Immigration, sans-papiers: cohérence ou incohérence? Editorial du Monde du 7 avril 2009

Immigration, sans- papiers, cohérence ou incohérence ? Editorial du Monde du 7 avril 2010, 5 mai 2010, le feuilleton des chiffres continue.

            L’éditorial du Monde du 7 avril 2010, sous le titre :

            « Sans-papiers : sortir de l’incohérence », pose deux sortes de questions, d’une part quant à la fiabilité des chiffres donnés par le journal, et d’autre part  quant à la définition du sans-papier.

            La fiabilité des chiffres et de leur interprétation      

            Dans un article remarqué et contesté, du 4 décembre 2009, signée Anne Chemin, le journal notait la stabilité de la proportion d’immigrés par rapport à la population française : elle notait « si l’immigration s’est stabilisée… », et relevait plus loin « un chiffre étonnamment stable… », alors que les chiffres communiqués démontraient que l’immigration avait connu un rythme d’augmentation plus rapide entre 1999 et 2006.

            L’analyse et l’interprétation de ces chiffres ont d’ailleurs fait l’objet d’une critique remarquée et argumentée de la démographe Tribalat.

            En ce qui me concerne, j’avais 1) contesté le constat d’une stabilité supposée, 2) fait remarquer que cette analyse ne rendait pas compte de tous les mouvements qui affectent l’immigration, par exemple des naturalisations de l’ordre de 100.000 personnes par an, au cours des dernières années, 3) noté que les Français, dans leur vie concrète, ne partageaient pas ce constat.

            Dans son dernier livre, « Les Yeux grands fermés », Mme Tribalat, en montre d’ailleurs toute la complexité, notamment le flux de plus en plus important de mariages de français d’origine algérienne avec des algériennes, et d’arrivées motivées par les « motifs familiaux ou personnels » ; ces derniers motifs étant évidemment on ne peut plus vagues.

            Mais revenons à notre propos.

            Les sans-papiers

            Le Monde écrit le 7 avril ; « Or la majorité des 400.000 sans-papiers présents en France ont un emploi salarié ».

            Trois mois après l’article Chemin, on revoit donc les chiffres à la hausse ?

            Ce ne serait plus 5 millions (en 2008, ou en 2006), mais 5,4 millions, sans tenir compte de l’effet « immigration » au cours des 5 à 10 dernières années ?

            Le Monde du 5 mai écrit :

            « Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou deux immigrés, représentent 6,5 millions de personnes, soit 11% de la population. Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés. »

            Et le même journal cite encore le chiffre des demandeurs d’asile : « en 2009, 150.000 étrangers bénéficiaient du statut de réfugié politique. »

            L’analyse de décembre serait donc à revoir complètement ? Et un nouveau décryptage proposé aux citoyens ?

             Alors, peut-on aussi plaider pour la régularisation d’immigrés sans papiers sans examiner la question au fond ?

            La question des sans-papiers  

            S’agit-il de sans-papiers célibataires ? De familles ? Entrés en France depuis quand ? Doit-on encourager des immigrés à venir illégalement en France, à produire des faux papiers, qu’il est assez facile de se procurer, comme l’on sait à Paris ou en Afrique ? Convient-il de traiter ces dossiers sans tenir compte des conceptions africaines  de la famille assez différentes des nôtres ? Souvent très étendues, et quelquefois mal définies à l’état civil ? Comment ne pas tenir compte aujourd’hui de l’obligation qu’ont les entreprises de faire vérifier dans les préfectures que les papiers fournis ne sont pas truqués ?

            Un pays comme la France a-t-il la volonté d’imiter les Etats-Unis qui ouvrent assez largement leurs portes à l’immigration clandestine pour peser sur le niveau des salaires. Est-ce cela que l’on veut pour la France ?

            Pour avoir suivi le dossier du travail clandestin dans la capitale pendant de nombreuses années, au cours des années 1980-1990, je serais tenté de dire 1) qu’il s’agissait alors d’un phénomène d’ampleur réduite par rapport à celui dont il est aujourd’hui question, 2) que les pouvoirs publics, et bien sûr les chefs d’entreprises, avaient naturellement connaissance déjà de tous les trafics de faux papiers, et que les responsables politiques ont attendu plus de vingt ans pour imaginer et décider le contrôle des papiers d’identité, un contrôle souvent difficile et malaisé 3) que des particuliers et des entreprises profitaient déjà de ce système.

            Je serais tenté de conclure provisoirement mon propos en disant que les deux camps opposés des exploiteurs de main d’œuvre et des défenseurs de l’humanitaire y trouvent leur « compte », mais je doute que notre pays y trouve son « compte » pour le bien commun de tous ses habitants..