« L’Islam à la Française » « Enquête » John R.Bowen – Lecture critique: première partie

« L’Islam à la Française »

« Enquête »

John R. Bowen

(Steinkiss)

Lecture critique

Première Partie

Lecture résumée

La deuxième partie sera publiée dans la semaine du 5 novembre 2012

            La matière est difficile et le livre traite une grande quantité de sujets qu’il est souvent malaisé de résumer, mais l’enjeu en vaut la chandelle, car la lecture de cette enquête permet de mieux comprendre la situation et le « fonctionnement » de l’Islam dans notre pays.

            Une lecture que ne facilite pas l’analyse très factuelle de son auteur, à l’anglo-saxonne de la méthode des cas, dans un domaine religieux et civil,  très foisonnant, trop foisonnant.

L’ouvrage comporte trois parties :

1ère partie – Itinéraires musulmans (pages 11 à 75)

2ème partie –  Espaces et lieux de l’Islam en France (pages 75 à 247)

3ème partie – Débats et controverses (pages 247 à 367)

Comme nous le verrons, les titres des chapitres en disent peut-être plus long sur le choix des sujets traités que sur les sujets eux-mêmes.

1ère partie – Itinéraires musulmans

 Chapitre 1 – « L’Islam et la République »

L’auteur a procédé à une enquête auprès de ceux qu’il dénomme les « savants », les « érudits » musulmans présents en France pour bien délimiter ses sujets et ses réflexions. Il a procédé à un inventaire des formes d’idées et d’institutions qui y sont présentes.

Une des conclusions de ce premier chapitre mérite d’être citée :

« Au fil de ces chapitres, j’aurai donc tracé des pistes réelles et potentielles pour une convergence de la réflexion normative des deux côtés à la fois, à partir des normes sociales et juridiques de la France et à partir de celles de l’Islam. Mais cette convergence dépendra de l’acceptation de part et d’autre d’une certaine dose de pragmatisme social.

L’Islam aura davantage de chances d’«être français », c’est-à-dire d’être devenu une composante pleinement acceptée du paysage socio – religieux français, lorsque les musulmans comme les non-musulmans auront développé des raisons convaincantes d’accepter des formes pragmatiques de justification, qui admettent que la protection sociale de tous constitue une bonne raison de soutenir une politique, et qui reconnaissent dans le pluralisme de valeurs un phénomène témoignant d’une juste compréhension de la laïcité française. » (page32)

Dans le chapitre 2, intitulé « Façonner le paysage de l’islam français », l’auteur propose son interprétation de l’attitude des pouvoirs publics à l’égard de l’Islam, sur le voile et l’école qui aurait encore quelque chose à voir avec « la conception coloniale de l’islam » :

« Au milieu des années 1970… il était naturel pour eux de plaquer sur la vie postcoloniale en France la conception coloniale de l’Islam comme instrument de contrôle social. » (page 61)

L’auteur note que le nombre de lieux de culte musulman est passé de 100 en 1970, à 500 en 1985, «  à 1279 en 1992 et finalement 1 600, ce qui revient à un triplement d’espaces de prière en dix- huit ans » (page 63)

2ème partie – Espaces et lieux de l’Islam en France

Chapitre 3 : « Des mosquées tournées vers le monde extérieur »

L’auteur brosse le portrait des mosquées française en notant :

« Bien que toutes ces activités (certification halal, vente de livres, prières, conférences, enseignements) soient indépendantes les unes des autres, un esprit commun les réunit, celui que porte une jeune génération de leaders islamiques. La plupart d’entre eux ne sont pas nés en France, mais ils bénéficient d’un bon niveau d’éducation en français, et s’attachent à mener leur vie islamique à travers toute une gamme d’activités d’entrepreneurs. » (page 89)

L’ensemble de ce chapitre montre que l’enseignement est d’abord tourné vers l’extérieur, le monde islamique, et que beaucoup d’imams viennent de l’étranger.

En matière de sermons, une étude réalisée au cours de la période 1999-2001, montra que « dans vingt- trois mosquées de toute la France. Presque tous étaient délivrés en arabe, parfois avec une traduction française, et une nette majorité des prédicateurs étaient originaires du Maroc… Rares étaient ceux nés en France. » (page 92)

Chapitre 4 : « Donner forme à un savoir adapté à la France »

A la lecture de ce chapitre, apparait une réalité musulmane très contrastée, fluide, en mouvement, difficile à appréhender et à comprendre, avec une interprétation de règles superposées, le Coran et ses versets, les hadiths de Mahomet, et toutes les interprétations convergentes ou divergentes des « savants » qui disent la « loi »,  c’est-à-dire et concrètement d’imams plus ou moins « savants ».

L’auteur cite les propos de quelques- uns des « sachant », dont Hichem El Arafa, responsable d’un important et influent centre d’études musulmanes, le CERSI (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Islam) situé à Saint Denis.

« Que propose Hichem comme alternative au salafisme ou aux Tablighis ?

Il plonge dans les profondeurs historiques des traditions de l’épistémologie islamique, de façon à mettre en relief les complexités du savoir, et s’appuie, par ailleurs, sur un ensemble d’objectifs ou de principes généraux du Coran pour élargir ce savoir à de nouveaux domaines. Son enseignement tend à mettre en avant la première de ces deux dimensions de travail, qui repose sur la science des hadiths, les « recueils » de ce que le Prophète a dit, fait, ou s’est abstenu de dire ou de faire. Il peut concentrer l’attention sur la science des hadiths pour souligner la nature complexe du savoir islamique, et pour affirmer que les érudits doivent soupeser ou arbitrer différentes alternatives et émettre des jugements. Il enseigne également que les hadiths que l’on peut considérer comme fiables convergent avec le sens commun, même dans la France d’aujourd‘hui, et qu’ensemble ils forment un système logique et cohérent. Nul besoin donc pour les musulmans d’abandonner leurs traditions d’érudition au profit d’une approche simplifiée de leur religion, sous la forme d’un simple « règlement ».

Mais pour Hichem, il n’y a guère plus de sens à enseigner du point de vue de l’une ou l’autre des écoles juridiques établies, dans la mesure où celles-ci se sont développées dans des sociétés fort différentes de la France d’aujourd’hui…

Le « méta- message » qui transparaissait au fil des cours d’Hichem était que le savoir islamique repose sur la science de l’étude des paroles du Prophète, et que cette science produisait des résultats complexes, qui ne se laissent pas aisément réduire à un jeu de règles. Les étudiants se montrent souvent insatisfaits d’un tel message, beaucoup  voudraient précisément trouver ces règles. » (page 142)

Chapitre 5 : «  Comment les écoles se démarquent les unes des autres »

L’auteur décrit la diversité des pédagogies utilisées par les écoles islamiques existant en France, et tout à fait curieusement introduit son propos en écrivant :

« De cette façon, nous pouvons interpréter la façon dont chacun d’eux présente son approche comme une tentative d’affirmer sa différence (et donc  de revendiquer une « niche » particulière sur le marché de l’éducation musulmane) par le biais d’une interprétation spécifique de la connaissance islamique. » (page163)

« Nous pouvons, provisoirement, distinguer trois dimensions principales en fonction desquelles s’articulent les différences d’un institut à l’autre ;
 La première dimension est celle de la professionnalisation…

La seconde est celle de langue (arabe ou non)…

Enfin, troisième et dernière dimension, les instituts mettent l’accent, dans l’apprentissage de la tradition islamique, sur différentes combinaisons de sources : certaines prennent comme point de départ l’une des quatre grandes traditions juridiques sunnites, tandis que d’autres préfèrent éviter cette médiation des écoles juridiques et travailler directement sur l’interprétation du Coran et des hadiths. » (page164)

Il n’est pas toujours facile de suivre l’analyse de l’auteur  dans ce chapitre qui compte près de quarante pages, mais on en retire deux impressions, celle d’une infinie diversité des interprétations du Coran, et parallèlement l’importance qu’ont les règles religieuses, les normes, les interdits, et l’application stricte des règles dans la vie musulmane (mariage, filiation, divorce, voile,…) et d’un rituel religieux quotidien exigeant (ablutions, cinq prières,…)

Chapitre 6 :  « Une école islamique peut –elle être républicaine ? »

Un titre incontestablement provocateur, d’autant plus qu’il s’agit d’une question ?

L’auteur écrit :

« A présent nous nous rapprochons encore du système éducatif prédominant en France, et nous posons d’emblée une question abrupte : la formule d’ « école islamique républicaine » n’est-elle pas un oxymore ? Mais dans ce cas l’on pourrait aussi s’interroger plus avant : les écoles confessionnelles ne sont-elles pas toutes en contradiction avec la mission républicaine de la France,

La pensée républicaine française fait de l’école publique l’instrument privilégié pour faire de chacun un citoyen. Dans cette perspective, tous les enfants devraient suivre les cours de l’école publique. » (page207)

L’auteur fait un très rapide résumé historique de l’enseignement en France, de la situation de l’enseignement privé, en notant qu’un cinquième des élèves du secondaire fréquente l’enseignement catholique.

« Il n’existe en revanche qu’une poignée d’écoles privées musulmanes « de jour » comme je les nommerai parfois ici pour les distinguer de celles qui se spécialisent dans les cours du soir. La toute première à avoir été créée en France métropolitaine est l’Ecole de la Réussite, à Aubervilliers. » (page 208)

Et l’auteur de poser la question :

« Comment enseigner un programme laïc dans une école islamique ? »

« … Aussi longtemps qu’ils suivent  les directives des programmes nationaux, les enseignants sont libres de concevoir leurs propres plans et de gérer leur enseignement. Les professeurs couvrent donc les mêmes disciplines  et les mêmes sujets que leurs collègues du public. Seule différence, une heure d’éducation religieuse et quatre heures d’arabe sont proposées  dans des tranches horaires optionnelles le mercredi et le samedi, suivant un modèle adopté par de nombreuses écoles privées catholiques. » (page 221)

La suite de l’analyse montre qu’il n’est pas toujours facile de concilier normes islamiques et normes républicaines, sans introduire le concept de l’évolution de l’Islam, et de son adaptation aux finalités de cette religion, et c’est peut-être là tout le problème.

3ème partie : « Débats et controverses »

Chapitre 7 : « Un « Islam d’Europe » est-il nécessaire ? »

« Prenons, un bref moment, un peu de recul, le temps de considérer quels chemins notre enquête a jusqu’ici empruntés. Nous nous sommes d’abord penchés sur les forces qui ont contribué à modeler le paysage actuel de l’Islam en France, les parcours de vie des musulmans, de leur arrivée dans le pays à leur implantation à long terme, leur identification de plus en plus marquée avec l’islam, et les réactions de l’Etat qui s’est attaché à mettre en application la vieille tradition visant à maintenir, moyennant un certain soutien officiel, le contrôle d’ l’Etat français sur les institutions religieuses. Cette perspective nous a permis de comprendre le développement des institutions islamiques (mosquées, écoles, instituts) comme une réponse, inscrite dans le champ des possibilités offertes par la France, à une demande constante de la plupart des jeunes français musulmans, garçons ou filles.

Nous nous sommes ensuite engagés dans l’analyse plus détaillée d’un ensemble de projets institutionnels musulmans portés par les courants dominants et modérés, le « mainstream » de l’Islam français, et qui ont été mis en œuvre en suivant  à la lettre les règles du jeu français, même si des contradictions avec ce « jeu », en particulier autour des questions éducatives, demeurent source de tracasseries pour certaines de ces initiatives. Il y a encore des maires pour s’opposer à la construction de mosquées, et certaines écoles religieuses continuent de se heurter à un mur au sein de la bureaucratie. Tous ces projets révèlent des acteurs publics islamiques en quête de solutions pragmatiques face à un double défi : comment survivre dans la paysage public français, et comment enseigner l’Islam (ou enseigner dans une atmosphère islamique) d’une façon qui puisse séduire une nouvelle génération de musulmans français. …

Nous avons ainsi découvert qu’une même idée se retrouvait à travers tout l’éventail, si varié qu’il fut, des réponses apportées aux problèmes quotidiens, ainsi qu’à travers les diverses manières d’enseigner l’Islam : celle des finalités, ou intentions (maqasid) de la charia, comprises comme sous-jacentes aux règles spécifiques énoncées dans les Ecritures.

Cette idée peut permettre, éventuellement, de légitimer certaines tentatives de dépasser ces règles pour explorer de nouvelles possibilités de vie dans l’Islam…

Dans le présent chapitre, nous nous pencherons sur une gamme plus large encore, et plus différenciée, de formulations et de justifications de la part des érudits et des enseignants, et nous verrons comment se développent entre eux des controverses quant à la valeur relative de ces différentes formulations. Les questions posées par les musulmans dans les débats publics soulèvent inévitablement le problème de savoir si des normes islamiques distinctes doivent s’appliquer en France (et par extension en Europe). » (page 251)

L’analyse de l’auteur nous conduit au cœur du sujet, quant à l’interprétation du Coran, des hadiths, des traditions, des jurisprudences islamiques, et il y en beaucoup, et de la compatibilité de ces normes sacrées ou non, avec le vécu concret des musulmans, le rituel des prières, le halal alimentaire ou privé, le mariage et la répudiation, la filiation, les emprunts, etc…

Comment accorder ses actes de vie privée, sociale et économique, dans le contexte républicain laïc, en demeurant musulman, c’est-à-dire fidèle aux enseignements de l’Islam ?

Est-il légitime de trouver « une fondation coranique à l’idée de de devoir agir en fonction des nécessités » ? (page 257)

Chapitre 8 : « Négocier d’un champ de légitimité à l’autre »

Autre titre, un brin provocateur, pour un lecteur nourri au lait de la République et de la laïcité !

L’auteur relève que la plupart des musulmans de France régissent leur vie sociale par les normes françaises, et de poser donc la question :

« Comment peuvent-ils combiner ces jeux de normes concurrents, comment trouver des compromis, comment négocier ? » (page289)

Et afin d’éclairer son propos, l’auteur s’attarde sur le cas du mariage et du divorce, en analysant les différents aspects de ces actes à la fois de vie privée et publique, et en montrant à la fois les limites et les champs possibles de  cohabitation des deux de normes :

Quelles sont les modalités et obligations d’un mariage halal ?

Comment rompre un mariage halal ?

L’auteur note à ce sujet que « la plus grande confusion » règne dans les réponses, notamment avec la multiplication des sites internet.

Convergence I : de l’Islam à la laïcité »

Et plus loin : « Quels objectifs pour les règles de la nourriture halal ? »

Convergence II : du droit civil français aux pratiques de l’Islam »

Dans ce passage, l’auteur analyse le dossier toujours très controversé de la polygamie, d’abord tolérée, puis interdite, et d’après lui souvent réglé de façon pragmatique, les juges s’appuyant sur deux concepts, « l’effet atténué d’ordre public » ou sur un concept d’« ordre public de proximité ».

Et pour illustrer son propos, l’auteur écrit :

« Enfin, ce genre de distinctions permet aux autorités françaises de paraître moins hypocrites sur le plan moral, dans une période de l’histoire où un nombre croissant de couples français ne se marient pas, et où un certain nombre de Français, en particulier les présidents successifs du pays pratiquent une polygamie de facto. » (page 323)

Chapitre 9 : « Sphères d’Islam au cœur de l’espace républicain » 

« Partis d’un vaste panorama historique du paysage de l’Islam en France, nous nous sommes peu à peu rapprochés pour regarder de plus près les mosquées, les instituts et les écoles qui parsèment ce paysage, avant de nous placer au plus près pour observer les formes de réflexion et de débat qui prennent place chez les musulmans au sein des espaces islamiques…

Nous avons vu, ainsi, comment les musulmans invoquaient des formes socialement pragmatiques de raisonnement islamique pour faire face à des problèmes concrets, et comment ces modes de pensée pouvaient également jeter des ponts depuis l’univers islamique vers les normes juridiques françaises. Nous avons aussi pu esquisser les voies éventuelles d’une convergence dans l’autre direction, partant cette fois du droit français pour tendre la main aux institutions islamiques du mariage et du divorce. Ces deux registres, ces deux répertoires de normes, se ressemblent bien plus qu’on ne le penserait de prime abord, tous d’eux s’appuient en effet sur des notions comparables d’objectifs sociaux et d’équivalences juridiques….

Ceci nous invite donc fortement à nous tourner à présent vers la force sociale et morale des objections françaises au genre d’idées et d’institutions islamiques que nous nous sommes attachés à observer.

Ceux en France qui s’inquiètent de l’intégration des musulmans au sein de la République font d’ordinaire mention de deux problèmes-clefs : en premier lieu, le fait que certains  musulmans sont restés nettement « communautaristes » et tendent à se regrouper autour d’associations fondées sur l’Islam, mosquées, écoles ou associations communautaires de quartier, ce qui les empêche d’entrer pleinement dans l’’espace public républicain ; et en second lieu, le fait que certains musulmans ne sont pas parvenus à faire leurs les exigences de la laïcité, parce qu’ils substituent des normes et des valeurs religieuses (ou bien des valeurs culturelles dérivées de la religion)) aux normes et valeurs laïques, ce qui les empêche d’adopter pleinement les normes d’égalité homme-femme et de liberté religieuse. » (page330)

L’auteur pose alors la question : «  Les associations religieuses, un frein à l’intégration ? »

Il tend à démontrer le contraire  en faisant une lecture de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, sur laquelle nous reviendrons dans notre analyse critique : « … et que la loi de 1905 était principalement destinée à remettre les Eglises entre les mains des citoyens. » (page 331)

M.Bowen compare la situation des écoles privées musulmanes à celle des écoles privées catholiques, et cite l’exemple de l’Ecole de la Réussite d’Aubervilliers ;

« Il y a pourtant plus d’une raison de soutenir que, sur le plan psychologique, un enfant musulman pourrait retirer davantage encore de profit d’une scolarité dans une école musulmane, qu’un enfant catholique scolarisé dans l’enseignement privé confessionnel, étant donné les nombreuses occasions, dans sa vie quotidienne, où il risque d’être critiqué pour sa foi. La plus grande part du caractère « islamique » de l’école ne vient pas des programmes, mais du fait  que se comporter en musulman(e), porter le voile, faire sa prière à l’heure prescrite ; jeûner durant le Ramadan, est normal dans cet espace. Dans une école publique, même la rupture du jeûne est regardée comme une contravention aux normes de la laïcité. » (page 336)

Les observations de M.Bowen le conduisent à penser qu’il existe beaucoup plus de convergences entre les deux registres de normes qu’on ne le pense.

L’auteur évoque alors :

« Une sphère islamique nationale au Bourget », c’est-à-dire le salon annuel de l’UOIF du Bourget :

«  Les références normatives que l’on trouve ici sont islamiques, et non françaises, ou européennes, mais les formes d’investissement personnel qui y sont encouragées, construction d’écoles et de lieux de prière, souci des personnes dans le besoin au-delà des frontières, ne semblent guère différentes de ce qui forme la base même de la vision française d’un citoyen actif. » (page 343)

Et l’auteur de relever plus loin que cette situation n’est guère différente de celle qu’ont connue ou que connaissent les catholiques et les juifs.

Et les dernières pages de ce livre abordent un certain nombre de sujets sensibles, ou très sensibles, qui font polémique au sein de la République Française et pour lesquels M.Bowen pose la question :

« La laïcité doit primer ? »  à propos de l’apostasie.

« Défauts d’assimilation » à propos du voile à l’école, du mariage halal, avant le mariage civil en mairie, de la virginité avant mariage, et du port de la burqa.

L’auteur tient un discours qui tend à légitimer ces pratiques liées au culte musulman, et il écrit :

« … ces affaires s’inscrivent dans des cadres de pensée préexistants, selon lesquels la religion en général s’oppose aux droits des femmes, et les musulmans ne peuvent devenir des Français à part entière. » (page 356)

Et plus loin :

« Nous sommes, me semble-t-il, témoins d’un véritable « serrage de vis » sur le plan des valeurs, et d’un rejet plus fort du pluralisme, tout cela au nom de l’intégration à la nation.

Mais c’est précisément le pluralisme dans la vie associative, et au sein de la famille, qui a permis à la France d’ « intégrer » les catholiques, les protestants et les juifs dans la République en leur laissant la possibilité de conserver un héritage et un  système de croyances religieuses (dont certaines ne reflètent clairement pas l’égalité homme- femme) dans la vie sociale,… «  (page 357)

M.Bowen conclut :

« Ces développements et ces convergences délimitent les contours empiriques d’une réponse affirmative à la question : l’Islam peut-il être français ? D’un côté comme de l’autre, le défi à relever implique d’embrasser plus largement le pluralisme et le pragmatisme, même si cette démarche emprunte des chemins assez différents » (page360)

Un résumé sans doute imparfait, et presque nécessairement imparfait, mais dont le contenu soulève maintes questions qui gravitent évidemment autour de la question clé : l’Islam de France est-il compatible avec les valeurs de la République Française, et notamment celle fondée, au prix de beaucoup de difficultés, par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ?

Nous proposerons, dans une deuxième partie, nos réflexions critiques sur le discours analytique de M.Bowen.

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: La laïcité relativiste de l’archevêque de Paris?

L’interview  du journal Le Monde des 8 et 9 avril 2012, sous le titre :

« La République veut-elle intégrer des croyants ? »

            Curieuse interrogation, très curieuse interrogation !

La question appropriée à notre République ne devrait-elle pas plutôt être la suivante :

« La République veut-elle intégrer des citoyens ? »

Et une autre interrogation quant à cette forme d’ingérence, nouvelle, dans la vie politique du pays, peu conforme à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905.

Sur le constat d’une campagne franco-française et clientéliste, tout à fait d’accord, mais les propos tenus sur la laïcité et la place des religions recèlent à la fois une bonne dose d’angélisme et une grande ambigüité.

On ne va tout de même pas introduire, ou réintroduire, l’instruction religieuse dans nos écoles publiques, et donc rallumer des guerres de religion qui ont fait tant de mal à la France.

Les romans historiques et populaires de Jean D’Aillon donnent un aperçu tout à fait « concret » des guerres de religion, entre catholiques et protestants, qui ont ravagé la France, notamment au seizième et dix-septième siècles, une utile piqure de rappel national !

Et cela dans un monde où chaque jour, ou presque, des chrétiens sont martyrisés ? Pour ne pas évoquer les autres guerres de religion de la planète !

Nombreux sont encore, et à juste titre, les citoyens de notre pays qui voient dans la laïcité de la République un véritable rempart contre toutes les manipulations religieuses, idéologiques, ou politiques, et ils ont raison !

« Islamisation des cités: mythe ou réalité? » Le Monde du 14/10/2011

« Islamisation des cités : mythe ou réalité ?

Le récent rapport « Banlieue de la République » souligne l’influence croissante de l’islam dans les cités. Sa publication et ses répercussions médiatiques provoquent des réactions nombreuses et contradictoires »

Le Monde du 14 octobre 2011 : Décryptages Débats (pages 18 et 19) Réactions Tribalat, démographe, Leyla Arslam, coordinatrice de l’enquête, Mauger, sociologue, et Guilly, géographe

Constats ou discours ?

Avant-propos

Toujours curieux d’analyser l’évolution culturelle, religieuse, économique, et sociale de mon pays, je lis, j’écoute, je vois, et m’intéresse aux journaux et émissions télévisés.

Depuis quelques années, mon attention se porte particulièrement sur tout ce qui se rapporte aux problèmes d’immigration et des quartiers sensibles, et en ce qui concerne ce dossier, mon intérêt ne date pas d’aujourd’hui.

Or, je suis très frappé par l’à peu près à la fois des discours et des constats que beaucoup de spécialistes, anthropologues, ethnologues, sociologues, politologues, et même historiens…, veulent nous faire partager.

Sont joyeusement mélangés les résultats des recherches, quand il y a effectivement résultat, et les opinions personnelles, le plus souvent politiques.

Peut-être suis-je dans l’erreur, mais mon constat personnel est que beaucoup de chercheurs et de médias sont dans le déni des faits, de la réalité, de la vérité des chiffres.

Tel me semble être tout à fait le cas en matière d’immigration, de cohabitation religieuse ou culturelle !

Toujours plus de lettres que de chiffres, et d’opinions plus que de faits ?

            Le contenu de ce rapport

            Ce rapport a effectivement un contenu dérangeant, mais il a ouvert un débat salutaire sur la situation de la société française, la mesure et les effets des flux d’immigration, venus notamment d’Afrique, le difficile arbitrage entre le social et le culturel, et effectivement entre le culturel religieux et le culturel laïc.

            Un débat d’autant plus utile que le citoyen a souvent eu le sentiment qu’il n’était pas « convenable » de l’ouvrir.

C’est ainsi que dans le journal le Monde du 23/03/10, une journaliste du Monde publiait une critique sommaire du livre « Les yeux grands fermés » de Mme Tribalat, démographe, sous le titre « Sociologie souverainiste » (Voir notre écho sur le blog du 7/04/10)

            Ouvrons en effet tout grands nos yeux, et la République s’en portera beaucoup mieux !

            Quid des constats et des discours ?

            Le constat : Mme Tribalat note plusieurs caractéristiques du dossier qui méritent réflexion : 4 millions de musulmans en 2008, un chiffre qui, en tant que tel, ne pose pas problème, mais qui est affecté d’au moins deux facteurs importants : une dynamique démographique qui n’a rien à voir avec celle des autres religions traditionnelles de France, « une France en état de déchristianisation avancée », et la concentration de ses effectifs sur certains territoires, notamment dans nos quartiers sensibles.

            Le discours : Le titre de cet article est très provocateur, « L’islam reste une menace. Les élites minimisent les dangers de son expansion », mais il convient à présent que le « beau » monde de l’Institut Montaigne, qui est à l’origine de l’enquête Kepel ne s’en tienne pas à cette enquête, et propose et mette en œuvre des solutions.

            Le constat : une dernière remarque de Mme Tribalat, remarque que je partage :

            « Si l’islam est encore une religion minoritaire, il a déjà changé nos vies dans un domaine vital à la démocratie, la liberté d’expression… »

            Mme Leyla Arslam, coordinatrice de l’enquête Kepel,  écrit :

Le discours : « La religion est un marqueur d’intégration », un titre qui, dans le débat ouvert, est en lui-même paradoxal, sinon, et tout autant, dérangeant.

            Une hésitation à faire nôtre la phrase  « L’intensification de l’identité musulmane doit ré-enchanter un quotidien perçu comme difficile, pour donner un sens à la « galère », mais une adhésion entière à sa conclusion, son constat :

            Le constat : « Mais ce qui dérange réellement, c’est la situation des quartiers qui appelle à une réflexion collective. Car dans une France urbaine qui vieillit, laisser des quartiers de jeunes en situation d’exclusion et de ségrégation constitue un intolérable gaspillage pour l’ensemble du pays. »

            Avec toutefois deux réserves :

Si la République décidait enfin d’exister véritablement dans ces quartiers, rien ne serait possible sans limiter au maximum les flux d’immigration de type humanitaire !

Et seule la nouvelle histoire de France en cours de construction pourra nous dire si l’islam de France est compatible avec nos institutions républicaines et la laïcité.

L’analyse Mauger est plus classique, en tout cas dans son titre « Retrouvons la question sociale occultée. Le problème ethnique est un faux fuyant ».

Le constat : Le sociologue prend ses distances avec un courant intellectuel français qui trouve son inspiration dans les pratiques culturelles anglo-saxonnes, et note fort justement qu’

« Aux formes traditionnelles d’organisation populaire des « banlieues rouges » se sont en effet substituées de nouvelles formes d’encadrement associatif et/ou religieux : des grands frères aux imams importés des ghettos noirs des Etats Unis, la culture hip-hop s’est imposée auprès des jeunes des cités pour au moins trois raisons : d’une part parce qu’elle fait appel à des propriétés langagières et corporelles censées leur appartenir en propre ; d’autre part parce que les rappeurs se sont faits avec plus ou moins de succès, les porte-parole des jeunes des cités ; enfin, et peut-être surtout, parce qu’habilitée par la culture dominante, la culture hip-hop apparait sinon comme une possibilité d’accès à la richesse et à la gloire médiatique, du moins comme un outils de réhabilitation symbolique ».

Le discours : l’auteur prend ses distances avec le « modèle  anglo-saxon », mais conclut curieusement sur une note tout à fait ambigüe :

«  C’est dire que l’importation du modèle culturel anglo-saxon n’est pas sans écho. Métamorphosant la question sociale en question raciale, elle conduit à substituer à une vision du monde social divisé en classes celle d’une mosaïque de communautés ethnicisées et, ce faisant, à renforcer les divisions au sein  des classes populaires. »

Importation ? Vraiment ? Sur quelles bases d’enquêtes ?

M.Guilluy, géographe, intitule son analyse « La fable de la mixité urbaine. Essor du séparatisme culturel. »

Le constat : « Plus que son contenu, c’est d’abord la sur médiatisation du rapport de l’Institut Montaigne qui est frappante. », mais ce n’est peut-être pas inutile dans le cas d’espèce !

Car plus loin : « La question de l’islam ne serait pas aussi présente si elle ne s’inscrivait pas dans un contexte démographique, celui de la croissance forte et récente du nombre de musulmans en France et en Europe. », effectivement, mais nous sommes en France !

Le discours :

Le géographe écrit encore : « L’importance des réactions suscitées par le rapport Kepel révèle en filigrane le malaise de la société française face au surgissement d’une société multiculturelle impensée »

Quelques mots qui comptent en effet : croissance forte et récente, surgissement, impensée !

Que veut dire l’expression « une société multiculturelle impensée » ? Est-ce qu’on pense vraiment une société, ou la vit-on ? Multiculturelle ou multi-religieuse ? Et si c’est le cas, pourquoi ne pas faire référence au statut des religions dans notre République laïque ! Inutile donc de la penser !

S’il s’agit d’un constat, quelle en est la démonstration géographique ?

Le discours : « La réalité est que, depuis la fin des années 1970, ce modèle assimilationniste a été abandonné quand l’immigration a changé de nature en devenant familiale et extra-européenne (pour beaucoup originaire de pays musulmans) Alors que l’on continuait à s’enorgueillir des mariages mixtes, les pratiques d’évitement explosaient »

Un géographe écrit « explosaient » : s’agit-il d’une observation de géographe ?

Et encore, le discours : « Aujourd’hui, le séparatisme culturel devient la norme… La promesse républicaine qui voulait que « l’autre », avec le temps, se fonde dans un même ensemble culturel, a vécu. Dans une société multiculturelle, « l’autre » reste « l’autre. Cela ne veut pas dire « l’ennemi » ou « l’étranger », cela signifie que sur un territoire donné l’environnement culturel peut changer et que l’on peut devenir culturellement minoritaire. C’est ce constat, en partie occulté, qui explique la montée des partis populistes dans l’ensemble des pays européens. »

Pourquoi ne pas remarquer que le qualificatif multiculturel est d’une très grande ambiguïté, et qu’il serait préférable de ne pas « occulter » son véritable sens, qui est en France, un multiculturalisme religieux et non religieux, à trois entrées, le premier ancien, le christianisme, le deuxième non religieux, plus récent,  c’est-à-dire la laïcité républicaine,  et le troisième très récent, l’islam ?

L’auteur a en vérité de la peine à démêler dans son propos le constat et la conséquence qu’il en tire, son discours qui s’applique naturellement aux « thèses frontistes », car il écrit en conclusion :

« Si un islam identitaire travaille les banlieues, l’adhésion pour les thèses frontistes d’une part majoritaire de la France périphérique souligne que la question sociale est désormais inséparable de la question culturelle. ».

En résumé, un ensemble de contributions qui ont le mérite d’éclairer les éléments d’une problématique religieuse, économique, et sociale dans ses principales composantes, sauf à noter qu’elle existe principalement dans un certain nombre de territoires qui sont souvent définis en termes de quartiers difficiles.

La donne religieuse est venue compliquer les solutions à trouver et à mettre en œuvre pour que les quartiers défavorisés puissent retrouver le chemin de la République, car les politiques ont choisi la facilité, tout d’abord en fermant les yeux sur les difficultés de ces quartiers, puis en donnant des gages aux politiques de la diversité, de la non- discrimination, car elles coûtaient moins cher, et avaient l’avantage de ne pas affronter le véritable dossier des conditions d’accès à l’égalité sociale et économique.

Aucune des quatre contributions ne propose d’ailleurs de solutions, de chemin d’avenir, à nos quartiers difficiles, et il reviendrait naturellement à un club de réflexion comme l’Institut Montaigne de franchir cette deuxième étape : un diagnostic, c’est bien, une thérapeutique, c’est encore mieux !

Les constats sont connus, les discours tout autant, mais ce dont la France a besoin, c’est d’action. C’est en tout cas mon propre « discours » !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Une France multiculturelle? Une islamisation en douceur, toute en insinuation?

Humeur Tique: Une France multiculturelle ?

Une islamisation en douceur, toute en insinuation ? Vous n’y croyez pas ? Un cas isolé ?

A Asnières, de source A1, comme on disait dans le renseignement militaire ! C’est-à-dire la source d’information la meilleure !

            En confidence exceptionnelle :

Dans la ville d’Asnières, très proche de Paris, une femme de ménage d’origine marocaine, de religion musulmane, bien intégrée dans la société française. Elle accomplit sa tâche ménagère depuis plus de dix ans dans le même foyer.

            Elle fait confidence des pressions qu’elle reçoit, de plus en plus, de la part de son entourage pour qu’elle porte le voile et qu’elle fasse son ramadan.

            Par ailleurs, elle ne cache pas qu’elle connait des femmes qui, dans les apparences légales, sont indépendantes, alors qu’elles partagent un mari polygame.

Sans commentaire !

« La société piégée par la guerre des identités. Echec du multiculturalisme »- Amselle – Le Monde du 16/10/11

« La société française piégée par la guerre des identités

Echec du multiculturalisme »

Jean Louis Amselle

Le Monde du 16 septembre 2011, page 21

&

Réflexions sur cet article

            Un article très difficile à résumer, dont le contenu fait référence à des concepts  qui soulèvent  de grandes difficultés de définition, et autant de controverses.

            Quel est le sujet traité ? A-t-il été défini ? Quel est le discours Amselle sur le sujet ainsi défini ? Et enfin, quelle est la démonstration scientifique de ce discours ?

            Des mots qui claquent au vent, comme des drapeaux !

            Des grands mots qui dérangent, tout d’abord ! Un langage politique ou un langage scientifique ? Un mélange des genres donc ?

            Pourquoi, en effet, et  aussitôt, ces grands mots de « piège », de « guerre des identités », après la guerre des mémoires « coloniales » dont aucune institution n’a eu le courage, jusqu’à présent, de mesurer dans l’opinion publique française, si elle existait vraiment ?

Alors que l’historien qui a lancé, semble-t-il, cette expression dans les médias, et compte tenu des relations étroites qu’il entretient avec certains d’entre eux, aurait pu obtenir de leur part une véritable enquête statistique, sérieuse, qui nous aurait donné la possibilité de mesurer enfin cette fameuse mémoire coloniale (avec ou sans l’Algérie) qui expliquerait tellement de dysfonctionnements dans la société française.

Qui a véritablement intérêt à entretenir cette conspiration du silence ?

Des sondages d’opinion, il en pleut chaque jour, et il est bien dommage que ce type de sujet n’intéresse personne ! Serait-ce parce qu’il donne la possibilité de discourir sans démontrer ?

Il en est par ailleurs de même de l’interdit quasi religieux qui pèse sur les statistiques dites ethniques. Comment est-il possible de faire le procès de la discrimination en refusant de mesurer ce qu’il en est exactement par rapport à telle ou telle catégorie sociale, si l’on n’en a pas la mesure démographique ?

Dans leur préface au petit livre intitulé « Au cœur de l’ethnie » que Messieurs Anselme et M’bokolo ont cosigné, en se déclarant opposés à l’introduction de critères ethniques dans les recensements, ils écrivaient :

« Par un étrange retournement de situation, l’expansion coloniale qui s’est faite au nom de la « mission civilisatrice » de la France, mais qui a en fait largement reposé sur la gestion de la différence culturelle, ferait actuellement retour sur sa terre d’origine pour mettre en place un mode d’administration des « populations » fort éloignées du modèle théorique dressant le citoyen face à l’Etat. »

L’historien Pap Ndiaye a préconisé d’instaurer une visibilité qui serait en même temps invisible, et il conviendrait donc de nous expliquer comment un tel mystère est susceptible d’être résolu (voir blog du 16/5/11).

            Revenons donc au sujet de l’article :

            L’auteur ouvre son texte en écrivant :

« Le multiculturalisme, en tant qu’il est fondé sur la reconnaissance des identités singulières de race et de culture, a échoué en France et en Europe. Non pas, comme le prétendent Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy, parce qu’il n’est pas parvenu à  intégrer les « immigrés » Mais en raison de la fragmentation du corps social opérée partout où ce principe est appliqué ou promu par des organisations  politiques. »

Une des raisons principales de cet échec, sinon la seule, serait à rechercher chez les porte-parole des communautés intéressées :

«  De sorte qu’il n’est pas illégitime de mettre en doute l’existence, en France, des communautés « noires », « juive », « musulmane », ou « maghrébine », autrement que dans les discours de porte-parole parfois nommés ou encore autoproclamés qui s’expriment « au nom » de ces communautés en prenant en quelque sorte leurs « membres » en otages. »

Il aurait été évidemment intéressant que l’auteur propose sa définition du multiculturalisme en France, dont le contenu a peu de points communs avec celui auquel il est fait référence en permanence, l’anglais ou l’américain, dont les origines historiques n’ont rien à voir avec un soi-disant multiculturalisme français qui pourrait leur ressembler, mais en quoi ? Juridiquement, historiquement, socialement, culturellement ?

L’auteur met en cause dans cet échec, – mais y-a-t-il eu échec ? – , le rôle des porte- parole de certaines des communautés qui vivraient dans notre pays.

Pourquoi pas ? Mais jouent-ils le rôle important que leur prête l’auteur, je n’en suis pas sûr, et j’écrirais volontiers qu’il s’agit beaucoup plus d’une conviction, d’un discours que d’une démonstration, car en beaucoup de lieux, les rapports entre membres des communautés d’origine étrangère ne fonctionnent pas de la façon implicite, supposée.

Ce que l’auteur dénomme l’échec du multiculturalisme, indéfini, ressort plutôt sur certains territoires de la métropole d’un déséquilibre culturel et social entre populations d’origines différentes : comment ne pas penser, par exemple, que dans les communes où les citoyens français d’origine étrangère sont majoritaires, les ajustements ne soient pas toujours faciles ? L’immigration a été trop rapide !

L’auteur met également en cause la responsabilité des organisations  politiques qui se sont attachées à prôner la diversité plus que l’égalité, et il est exact que la gauche y a trouvé un champ politique plus ouvert, car il est plus facile de prôner la diversité que l’égalité.

Comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, le professeur Walter Benn Michaels a dit d’excellentes choses sur le sujet, dans son petit livre « La diversité contre l’égalité ».

Trois réflexions  encore à propos de ce constat :

La première converge avec le constat, à savoir le fait que les porte- parole annexent pour eux-mêmes et leurs affidés des revendications ou des interventions qui ne sont pas partagées ou même comprises des membres des communautés qu’ils disent représenter, mais il ne s’agit là que d’une opinion, d’un « discours »..

La deuxième sent évidemment le souffre, étant donné qu’il s’agirait de reconnaître une disposition naturelle des membres de certaines de ces communautés à la « palabre », à la parole, au verbe, que beaucoup de français de « souche », encore une incongruité, n’ont jamais connu sur leur terre natale. L’auteur sait mieux que quiconque que la « parole » façonnait la plupart des sociétés africaines : elles furent, en effet, et très longtemps, tout autant des sociétés de la solidarité que du verbe, même celles touchées par une première imprégnation de l’«écrit », c’est-à-dire du Coran.

Et la troisième relative à ce qui ressemble fort à une sorte de propagande, insidieuse, beaucoup plus efficace que n’a jamais été la propagande coloniale, faite de dénonciation de crimes coloniaux, de repentance, de mauvaise conscience, d’histoires reconstruites, idéologiques, nourries d’un humanitarisme qui est venu, fort opportunément,  succéder au marxisme, de l’assimilation revendiquée de l’esclavage à la « Shoa », et donc de droits imprescriptibles à réparation.

Les porte-parole en question n’ont donc fait qu’exploiter le discours de ces « récadères » (1) modernes d’une nouvelle parole officielle de certains chercheurs, dont l’ambition est de reconstruire l’histoire des pays anciennement colonisés, d’« d’ouvrir de nouvelles voies » à l’histoire des anciennes colonies françaises, en surfant sur les nouveaux courants de l’immigration.

Comment ne pas reconnaître que ce processus politique et idéologique est enclenché sur le terrain de la réparation ?  Il vise à faire reconnaitre la légitimité d’une assistance généralisée, en même temps qu’une dépendance, aujourd’hui et souvent assumée, par des pays qui ont obtenu leur indépendance, depuis plus de cinquante ans ?

M.Anselme propose son diagnostic, mais il est légitime de se demander (discours contre discours) si dans un domaine comme celui-là, la théorie n’est pas trop éloignée du terrain social. Le multiculturalisme n’a pas attendu l’empire colonial et les indépendances pour nourrir la culture française, et de nos jours, de nouvelles formes de multiculturalisme  rythment la vie de tous les jours de nombreuses communes, à la condition qu’il ne soit pas complètement déséquilibré, mis en cause par une immigration par trop « invasive ». Les Français, d’origine africaine, et de bonne  foi, sont les premiers à reconnaître qu’un très fort esprit de solidarité de famille ou de clan caractérise encore les flux d’immigration africaine.

Il conviendrait donc, avant toute chose, de poser la bonne définition, scientifique autant que possible,  du sujet dont on débat. Le multiculturalisme a toujours existé en France, et il n’est pas mort, mais encore faut-il qu’on ne cherche pas à intoxiquer les Français par une nouvelle propagande « coloniale » !

Est-ce que la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la laïcité n’a pas posé la base d’un multiculturalisme religieux solide dans un pays qui avait connu dans son histoire de multiples conflits religieux ?

Un multiculturalisme institutionnel, à la fois religieux et culturel ?

Est-ce qu’on a fait mieux, depuis, pour la paix civile et le bien commun de la France ?

Enfin, le propos de l’anthropologue s’articule sur un constat implicite, celui des dangers de la reproduction coloniale, en France, de la discrimination qui existait dans les colonies, sauf à faire observer que, compte tenu des moyens que la France consacrait à son outre-mer, et du chantier gigantesque que représentait la mise en œuvre de l’universalisme prôné par l’auteur, et tout autant par ses lointains prédécesseurs coloniaux de la société des Lumières,  il n’était guère d’autre solution que de ne pas toucher aux croyances locales, aux coutumes, et au statut des personnes. 

Par ailleurs, n’était-ce pas pure folie, ou rêve, que de vouloir mettre dans le même moule républicain et assimilationniste toutes sortes de peuples et de cultures d’Afrique ou d’Asie ?

Comment ne pas rappeler que la Côte d’Ivoire, bien connue de l’anthropologue, créée ex nihilo par la France, à la fin du 19ème siècle, comptait de l’ordre de cinquante peuples ou ethnies, et autant de langues et coutumes ?

Historiquement, la France coloniale n’avait guère d’autre choix que de faire de « la gestion de la différence culturelle ».

Si je partage tout à fait la conclusion de l’auteur, mon cheminement intellectuel et historique n’est donc pas tout à fait le même !

En bref, discours ou démonstration ?

Jean Pierre Renaud

(1)    Dans le royaume d’Abomey, le récadère était le porte- parole du roi, et le bâton qu’il portait était le signe qu’il avait bien été investi par ce chef..

« Les roses noires », un documentaire émouvant et formidable sur LCP Public Sénat (15/10/11), ou la vie de nos jeunes filles dans les cités!

  Dans la soirée du 15 octobre dernier, nous sommes tombés tout à fait par hasard, avec ma « concubine préférée », sur le  documentaire « Les roses noires » de Public Sénat, consacré à la problématique quotidienne des jeunes filles des cités.

            Un documentaire émouvant, car les jeunes filles interviewées situaient leurs propos, à la fois dans le concret de leur vie, et en dehors de beaucoup de clichés qui entourent la vie dans les quartiers dits « sensibles » : beaucoup de spontanéité, de fraicheur, de sincérité, et d’envie de vivre de la part de toutes ces jeunes filles.

            Des portraits tout à fait réussis qui respirent l’authenticité.

            On voit bien combien il est difficile pour une jeune fille des cités de se situer, et de trouver équilibre et épanouissement, entre le monde des « français-français » et un milieu familial situé trop souvent à ses antipodes.

            « Français-français »en concurrence avec « langage des cités » ?

            Nous avons découvert l’expression « français-français », et en elle-même, elle représente déjà une vraie problématique !

            Point n’était besoin de nous convaincre, une fois de plus, que l’avenir des cités passe par celui de ces jeunes filles et femmes qui sont obligées en permanence de se libérer ou d’alléger le poids des traditions culturelles et familiales, déchirées entre leur milieu familial et religieux et leur vie quotidienne, avec le rôle très ambigu des frères et des garçons.

            Avec, souvent, trop souvent, l’impérieuse nécessité de se « transformer en mecs » pour survivre, conserver leur identité dans un monde de mecs, et tout simplement vivre comme une jeune fille en France !

Jean Pierre Renaud et sa « concubine préférée »

France et bien commun, séparation de l’église et de l’Etat, Barbarin et Bernheim

France et bien commun, séparation de l’église et de l’Etat et laïcité

Les interviews du cardinal Barbarin et  du grand rabbin Bernheim

Le Monde (le 5 mars 2011, page 11 ; les 20 et 21 mars 2011, page 14)

       J’avouerai, dès le départ, que la lecture de ces textes m’a beaucoup troublé, et voici pourquoi.

            Une première raison est relative à la problématique de la séparation de l’église et de l’Etat Elle dépasse largement celle de la laïcité qui a pris son essor dans les écoles primaires publiques dans les années 1880, bien avant la loi de séparation de l’église et de l’Etat, en 1905. Cette dernière a véritablement donné son assise républicaine à notre laïcité.

            La deuxième raison est liée au concept de bien commun, un concept habituellement familier à l’Eglise catholique.

            Il est tout de même curieux que la cardinal Barbarin n’ait fait aucune allusion au concept de bien commun, à sa valeur sociale, dans le sillage religieux de la cité augustinienne des hommes en regard de la cité de Dieu.

L’Eglise a toujours, sauf erreur, reconnu le principe du bien commun : « Tout comme le tout est plus important que la partie et lui est antérieur, la cité est antérieure à l’individu… et son bien est d’une dignité plus élevée que celui de chaque individu pris en lui-même. »

Le bien commun a donc toujours été un arbitrage entre des intérêts divergents qu’ils appartiennent à des individus, à des groupes, ou qu’ils soient ceux d’une collectivité, un arbitrage nécessaire pour qu’il y ait un vivre ensemble, et il est clair que les dossiers difficiles de l’immigration, de la laïcité, ou de l’islam en France, peuvent faire l’objet d’une analyse sous l’angle du bien commun de la société française.

A cette lumière, les Français sont en droit de considérer que séparation de l’église et de l’Etat et laïcité constituent leur bien commun, et ils ont beaucoup de raisons de le penser, étant donné qu’elle a été le résultat d’un combat difficile à la fin du dix-neuvième siècle, entre le cléricalisme et la société civile, l’expression politique de la maxime de l’Evangile :

 «  Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu » (Mathieu XXII)

Je suis d’autant mieux placé pour le reconnaître, qu’un de mes grands-pères, meneur d’une révolte de toute sa commune, a fait quinze jours de prison pour s’être opposé aux inventaires qui avaient pour but de mettre en application la loi de séparation de l’église et de l’Etat.

Historiquement, il avait tort,  étant donné que ce nouveau principe du vouloir vivre ensemble dans la République a été le gage d’une paix religieuse et sociale durable.

Et pour ceux qu’effraient les débats actuels sur la laïcité, je serais tenté de leur dire, compte tenu de la violence des luttes qui ont entouré le vote de la loi de 1905, que le débat actuel, même s’il est « instrumentalisé », a plutôt les allures d’une lutte aseptisée.

J’adhère donc à la phrase du cardinal qui sert de titre à l’interview: «  L’islam est compatible avec la République, à condition que les musulmans le veuillent… mais des progrès restent à faire », et le cardinal a raison de noter les problèmes de réciprocité que l’islam pose dans le monde, et de conclure son propos ainsi, car le point est sensible : 

 «  Cela dit, il est vrai que dans l’islam, le rapport entre le religieux et le social ou le politique est différent du nôtre. C’est une question de fond que posent les musulmans en France, et nous pouvons en parler avec eux. En outre, il est clair que des questions spirituelles ne vont pas trouver leur réponse dans la seule sphère du politique. »

Je suis beaucoup plus hésitant sur l’interprétation des propos du grand rabbin Bernheim, notamment lorsqu’il déclare, et c’est la phrase qui sert de titre à l’interview, à tort ou à raison : « Il est souvent difficile d’être musulman en France dans ce climat malsain. » qui risque d’être mise en relation, sinon en corrélation, avec sa phrase sur la « concurrence des victimes », le même auteur concluant du reste à ce sujet, « La comparaison à laquelle vous faites allusion est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah. »

Tout autant hésitant lorsqu’il déclare : « Mais le véritable enjeu est ailleurs, plus pervers et plus grave : c’est hélas la place des juifs et des musulmans dans la société française. »

Le véritable sujet de ces interviews porte sur la situation de la religion musulmane en France et de la capacité de ses fidèles à jouer le jeu de nos institutions républicaines, et à voir le débat actuel, il n’est pas encore démontré que ce soit le cas, pour une partie d’entre eux.

Pourquoi ne pas adhérer à l’analyse du cardinal qui range les catholiques dans trois catégories, ceux qui font silence sur les problèmes, ceux qui ont peur pour leur christianisme, et ceux qui ne se rangent dans aucun de ces deux camps, c’est à dire les troisièmes ? :

 « Enfin, d’autres refusent l’opposition violente comme la candeur, et savent vivre un chemin de respect, voire d’amitié. C’est l’exemple laissé par les moines de Tibihérine. »

Jean Pierre Renaud 

Mosquées du père Noël, Prière dans la rue, et Prêchi-Prêcha de Libé, Edito du 22/12/10

     Un éditorial intitulé « Préjugés » : voire !

            L’éditorial rend compte d’une enquête faite par Libé sur la prière musulmane dans la rue :

 « Voici le résultat de notre enquête : il existe des prières publiques dans une vingtaine d’endroits en France ; elles durent en général moins d’une heure, pas toutes les semaines… Ces prières sont le résultat d’un manque de place dans les lieux de culte… Comment résoudre le problème ? En construisant des mosquées. Cet effort conférera à cette religion, qui fait partie du paysage français depuis des lustres, les moyens légitimes d’exercer la liberté de culte qui figure dans notre Constitution. La laïcité ne consiste pas à s’attaquer à telle ou telle religion comme on brandissait jadis l’épée des croisés. Songerait-on par exemple, à interdire les processions catholiques ? La laïcité – la vraie – consiste à garantir la neutralité de l’Etat et à organiser la tolérance envers les cultes reconnus, qui ont droit de cité aux termes de la tradition républicaine. Il serait bon de s’en souvenir »

J’ai envie de dire: tout est tendancieux dans ces propos, approximatif, peut-être même pervers, parce qu’ils contribuent à entretenir le feu d’un nouveau cléricalisme d’insinuation, celui du grignotage républicain de la laïcité.

Que de questions ! Il est dommage que Libé, le journal incontestablement le plus attentif aux humeurs sociales  des Français n’ait pas prêté plus d’attention à ce fait de société et de religion, depuis que le phénomène de la prière dans la rue s’est manifesté, en particulier dans la capitale, dans des arrondissements chers aux éléphants du parti socialiste, les Jospin, Vaillant et Delanoë.

Et ajoutons que cette enquête très approfondie n’apporte aucune réponse chronologique : une vingtaine depuis quand ?

Il fallait donc que Mme Le Pen mette le doigt sur un point encore sensible de notre belle République, pour que les médias et les politiques découvrent, en toute hypocrisie, le phénomène.

Rappelons tout d’abord qu’à la base de notre droit public, il s’agit bien d’une occupation non autorisée du domaine public, alors faire le rapprochement avec certaines de nos processions chrétiennes, ancrées dans notre vieille tradition chrétienne, multiséculaire, paraît tout à fait incongru.

« En construisant des mosquées », mais que propose précisément et à  ce sujet cet édito ? 

Suggère-t-il de leur accorder un financement public ? Dans le respect de « la neutralité de l’Etat » ? En contradiction avec le principe de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, que nos ancêtres ont eu beaucoup de mal à faire accepter par la société française en 1905 ? Un retour en arrière donc ! Ou peut-être un appel au financement des mosquées par les lecteurs de Libé ? Ou par les élus et militants socialistes ?

Mes origines familiales m’ont rendu particulièrement sensible au respect de la laïcité. Certains de mes ancêtres, originaires de ce qu’on appelait alors « la Petite Vendée » (le plateau de Maîche) ont lutté contre la séparation des Eglises et de l’Etat, alors que leurs descendants se sont toujours bien trouvés de cette nouvelle laïcité républicaine, d’apaisement.

Il est bien dommage qu’une partie de la gauche ait oublié ce grand principe de paix civique et sociale !

Et les discours de grands élus socialistes des arrondissements populaires de la capitale, le maire du XVIII° arrondissement et le maire de Paris, rapportés dans le même journal, sont-ils crédibles ?

 Vaillant, le maire du XVIII° arrondissement (depuis 1995)  aurait déclaré : « je suis un vrai laïc tolérant vis-à-vis des religions », et Delanoë (maire de la capitale depuis 2001) : « Paris compte des centaines d’églises, mais le culte musulman… les jours de fête religieuse, se pratique trop souvent dans la rue. Je n’accepte pas cette inégalité, et je revendique mon choix de contribuer à la corriger. »

Des centaines d’églises à Paris ? Delanoë les a-t-il bien comptées ?

 Ces grands élus socialistes ont des responsabilités politiques à Paris, souvent depuis plus de trente ans, et pour quel résultat ?

Jean Pierre Renaud

La France Multiculturelle de 2010: le cas d’une jeune femme française musulmane

La France multiculturelle de 2010 : un cas concret de problématique familiale, sociale et religieuse. Quelle réponse ?

            Dans un département de la petite couronne parisienne, une jeune femme française d’origine maghrébine, musulmane,  agent de collectivité territoriale, trois jeunes enfants, un mari, également français, d’origine maghrébine, musulman, salarié d’entreprise.

             Ces dernières années, le mari a fait un choix de pratique religieuse radicale :il a obligé son épouse à mettre le voile, à adopter un style de vie austère, plus de télévision par exemple, et ne s’est pas privé de la battre.

            L’épouse a décidé de quitter clandestinement son époux en emmenant ses trois enfants et de s’installer dans une autre ville de France.

            Question : que pouvait proposer la société française et les pouvoirs publics à cette femme désemparée ?

            Mettre le voile ou mettre les voiles ? Mais où et avec quel soutien ?

Humeur Tique: les retraites du PS – Les Emplois fictifs de Delanoë? Les pudeurs du Monde avec Delarue – Les Roms et les 3 A du Monde – Un nouveau cléricalisme d’insinuation –

Humeur Tique : les retraites du PS – Les Emplois fictifs de Delanoë ? Les pudeurs du Monde avec Delarue – Les Roms et les 3 A du Monde (des agences de notation) – Un nouveau cléricalisme d’insinuation – La mémoire courte des socialistes

            Les retraites du Parti Socialiste : dans ce débat, on ne peut plus confus, mais dont il ressort que la jeune génération est, une fois de plus sacrifiée, pourquoi le Parti Socialiste n’a pas déposé, purement et simplement, une proposition de loi portant Sa réforme des retraites, et bien sûr son financement ? Si le Parti Socialiste en a une en portefeuille !

            Emplois fictifs à la Ville de Paris ?  Il est possible de se poser sérieusement la question étant donné le contenu du rapport de la Chambre régionale des comptes et le flou qui parait régner sur le nombre exact et les fonctions des cadres supérieurs de la ville et du département. Les mandatures du maire compteraient à son cabinet et secrétariat général plus de cadres supérieurs qu’au temps de Tibéri, ou même de Chirac ? Dans un souci de totale transparence, le Maire de Paris va très certainement communiquer à la presse la liste de ses cadres supérieurs affectés au cabinet et au secrétariat général et leur affectation précise.

            Les pudeurs du Monde et les grammes de coke de M.Delarue (« France Télévisions prive d’antenne Jean-Luc Delarue », page 10 des 19 et 20/09/10) :

            Pudeur de journaliste ou de moraliste ? En panne de source journalistique ? Dans un cabinet ministériel ou à la police ?  Alors que d’autres journaux donnaient le chiffre des grammes saisis au domicile de l’intéressé, 14, 15, ou 16 grammes, je ne me souviens pas, l’auteur de l’article écrit « après la saisie de plusieurs grammes à son domicile ». Vous avez bien lu ? «  plusieurs », donc plus d’un !

            Les Roms du Monde : je vous avouerai qu’en dépit de mon extrême bonne volonté pour un sujet qui n’a rien de drôle, je ne comprends toujours pas les enjeux de ce dossier, tant les appellations et les chiffres donnés par la presse, et notamment par notre journal bien-aimé, le Monde, sont changeantes.

            Dans le numéro du 21 septembre, le journal titre « La France mérite un triple A au carré », (Décryptage Analyse) et aborde à nouveau, et à titre de A,  le sujet Rom, mais dans le même numéro, et à la page 18 « Décryptage Enquête » le journal publie un texte intéressant intitulé « Déjeuner de fiel à Bruxelles ».

L’article fait une citation d’un des propos de Sarkozy : « On a démantelé 600 camps suite à une décision judicaire. 80% ne sont pas des Roms. »

            Alors citation fausse ? Roms ou pas Roms ? Combien de camps ? Combien de camps illicites, et combien d’aires de passage ? Combien de gens du voyage ? Combien de citoyens français chez les gens du voyage ? etc…

Un dossier aux données aussi nomades que son sujet !

            Il parait difficile de donner à ce sujet un triple A au Monde, peut-être un A, deux à la rigueur !

Un nouveau cléricalisme d’insinuation, religion et laïcité : ceux des Français qui ont encore une petite culture historique connaissent les passions qui ont agité l’opinion française à la fin du 19ème et du début du 20ème, en ce qui concerne la défense de la laïcité contre le cléricalisme, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la violence des débats et des affrontements. Ces souvenirs sont encore très présents dans certaines familles.

La situation actuelle de la France laisse beaucoup à désirer quant à ses positions édulcorées, peut-être lâches, sur le sujet, et une défense de plus en plus élastique, pour ne pas dire dégonflée de la laïcité.

Mémoire courte des socialistes et mélange des genres : fort opportunément, notre journal bien aimé, le Monde, vient de publier une double page sur les affinités « électives » qui existaient entre M.Mitterrand et la famille Bettencourt, et plus généralement entre les socialistes et le grand, très grand capital.

Alors, mélange des genres, oui  ou non ?

Et la bigamie cachée de notre ancien président aux frais des contribuables ? Combien cela leur a effectivement coûté?