Avec le club « Quadrilatère », le symbole du non dialogue social français !
Dans le journal Le Monde des 27 et 28 octobre 2013, page 9, une enquête tout à fait intéressante et fort instructive sur le dialogue social français :
« Les discrètes agapes des membres du Club Quadrilatère »
Depuis vingt ans, le cercle informel réunit, à l’abri des regards, cadres de grandes entreprises, hauts fonctionnaires, journalistes et syndicalistes »
La lecture de cette enquête est édifiante sur la situation et l’évolution du dialogue social dans notre pays, puisqu’il faut qu’un club réunisse régulièrement en toute discrétion, pour ne pas dire en secret, et dans l’ombre, quelques-uns des grands acteurs de la vie économique et sociale française, au fur et à mesure des années, depuis une vingtaine d’années, pour qu’un dialogue existe.
Le journal note toutefois que d’autres clubs de nature comparable fonctionnent au grand jour.
Le club en question a été fondé en 1992, à l’initiative du groupe de presse Liaisons Sociales.
C’est au moins autant la composition de ce club qui fait question que son fonctionnement caché. Quelques-uns des propos publiés, l’illustrent bien à leur façon :
« On débriefe le diner autour de la machine à café, mais jamais dans les instances officielles » explique un cadre de la CFDT »
« Ce n’était pas secret, même si ce n’était pas public » Jean-Christophe Le Duigou, ancien membre du bureau confédéral de la CGT »
Une belle formule, incontestablement !
Il est dommage que l’enquête n’ait pas donné la parole à celui qui fut sans doute le deus ex machina de cette belle opération de connivence entre les différents ordres de pouvoir, c’est-à-dire celui qui fut le conseiller social presque tutélaire de plusieurs éminences de la République, c’est à dire M.Soubie.
A lire cette enquête, il n’est pas interdit de se poser la question de l’utilité du Conseil Economique et Social dans le domaine du dialogue social, précisément au cœur supposé de ce dialogue, alors qu’il est doté d’un budget de l’ordre de trente millions d’euros.
Mais pourquoi bouder son plaisir de lecture d’une enquête de ce genre qui nous change des autres enquêtes des deux détectives infatigables du Monde, D et D, tirées des procès- verbaux qui leur sont aimablement communiqués par la police, les avocats, ou même les juges.
Jean Pierre Renaud