Humeur Tique : La Halde, le bénévolat de Schweitzer, et la Cour des Comptes – le procès fictif de Chirac – le Canard Enchaîné et la presse française – Vu du Ciel du 8 septembre, au Sénégal

Humeur Tique : La Halde, le bénévolat de Schweitzer, et la Cour des Comptes – le procès fictif de Chirac –  le Canard Enchaîné et la presse française – Vu du Ciel du 8 septembre, la reconquête des mangroves du Sénégal, et les écoliers

La Halde, Schweitzer, et son bénévolat :

            Propos de M.Schweitzer, recueillis par Cécilia Gabizon, lus dans le Figaro :

Question : « La Cour juge également les salaires trop élevés. »

Réponse : « Les gens qui travaillent méritent d’être payés. Je n’ai moi-même pas voulu être bénévole, car mon activité à la Halde n’était pas une bonne œuvre mais un véritable travail. J’ai renoncé à un salaire mais je percevais une indemnité annuelle de 75 000 euros » 

            Ah bon ! Pour ceux qui croyaient qu’il s’agissait de bénévolat de la part d’un patron qui figurait dans le top 50 des patrons les mieux payés en 2006, 11,9 millions d’euros, et 23,2 millions en 2007 ! Mais il est vrai que certains patrons battaient de loin l’heureux président.

            Certains de ses amis socialistes ont peut-être été surpris par cette information et comprendront peut-être mieux ce que veut dire « ne plus avoir les pieds sur terre » !

Le procès fictif de Chirac, de plus en plus fictif !

            Tout était, une fois de plus, dans les caricatures de Plantu, à la page 7 du Monde Magazine du 4 septembre dernier !

            Le titre « Petits arrangements entre amis » illustrait parfaitement, et une fois de plus, les mœurs d’une partie de nos élites. Et d’entendre dire que l’argent des contribuables est sauvegardé, alors que l’UMP va s’acquitter d’une bonne partie de l’arrangement entre amis, sur des fonds publics qui lui sont alloués en qualité de parti politique. Et que dire de la morale politique d’un ancien président !

Le Canard Enchaîné et la presse française : courage, fuyons !

            Le Canard Enchaîné est décidément bien utile à la presse française, écrite ou télévisée ! Il suffit que cet hebdomadaire soulève un lièvre, un scandale, pour que les autres journaux trouvent alors le courage d’évoquer l’affaire en citant notre hebdomadaire. L’un d’entre nous a eu le courage de transgresser le non dit, alors allons-y nous aussi ! Ah ! L’affaire Tapie ! Vous avez lu ?

Ecologie, des actes et non des discours ! Les mangroves du Sénégal et ses écoliers, « Vu du Ciel, France 3 du 8 septembre dernier »

            Beaucoup de Français sont sans doute réservés sur la capacité des écologistes à changer quoi que ce soit dans notre système de vie quotidien, en quête de solutions concrètes plutôt que de discours.

            L’émission Vu du Ciel du 8 septembre dernier est un modèle de ce qu’il serait agréable de voir sur la mobilisation humaine et citoyenne qui a permis aux habitants de la côte de Casamance (plus de 80 000 personnes) de partir à la reconquête de leur mangrove, et de continuer à replanter des millions de palétuviers.

            Et ce, il est vrai grâce à l’activité débordante et au dévouement inlassable de M.Haïdar El Ali.

            Tout autant, les initiatives de France Gall à N’Gor en faveur de la scolarisation des enfants du Sénégal, à mettre en parallèle avec le pourcentage d’enfants actuellement scolarisés, environ la moitié de l’effectif du Sénégal, et avec le scandale des enfants exploités par des marabouts véreux (au moins 50 000, d’après Human Rights Watch), et le procès qui vient enfin de condamner certains d’entre eux. (voir l’article de Philippe Bernard « Au Sénégal, des marabouts contraignant des enfants à mendier sont condamnés, le Monde du 11/09/10)

« Chirac, le roman d’un procès » – Citation directe d’un témoin (fiction)

Chirac, le roman d’un procès

Fiction politique (le Monde-août 2010)

Citation directe d’un témoin (fiction)

Petit complément littéraire

            Le Président

            Nom, qualité, curriculum, ressources du témoin… Madame Andromède (alias Andrémère, pour les initiés)

            Madame : vous avez été convoquée, comme témoin, devant ce Tribunal à la suite de la lettre que vous lui avez adressée dans le cadre du procès de M.Chirac , lettre dont le contenu a attiré son attention.

            En tout début de cette correspondance, vous écrivez :

             « Compte tenu des fonctions que j’ai exercées au cœur des services de l’Etat pendant la période des emplois fictifs, au cœur du « système Chirac » (dont l’existence est contestée à tort par ses avocats), la lecture dans le Monde du texte, « Chirac, le roman d’un procès » a fait revivre, en foule, ainsi, sans doute, qu’à de très nombreux collègues, beaucoup de souvenirs sur le climat et le contexte politico – administratif de l’époque dans lequel nous travaillions. »

            Vos réflexions portent sur le déroulement du procès, « les exercices de haute voltige judicaire des avocats, les conciliabules politiques parallèles, aimables, haineux, ou tout simplement craintifs : qui va rembourser aux contribuables parisiens les sommes détournées ? Question effectivement bien lancinante pour les Chirac, mais sans doute beaucoup plus pour  Madame, dont toutefois les « jaunets » de présence chez LVMH, devraient atténuer les tourments. »

            Vous évoquez le cas du gendarme Roussin, « vous plaignez le pauvre gendarme Roussin » qui a lourdement payé son « obéissance au chef », après avoir, toutefois, largement profité des illuminations des « étoiles » de la constellation Chirac.

             En ce qui concerne Mme Casetta, vous nous faites part d’un soupçon relatif au choix de la trésorière, une paternité pleine d’humour, sans doute non avouée par une éminence de l’entourage du maire, et vous regrettez que le décès de M. »Mery de Paris » ait éteint toute action pénale, alors qu’il avait parfaitement décrit le système de corruption politique qui fonctionnait à l’avantage du parti du maire, tel que vous le connaissiez.

            Madame : que pouvez-vous dire au tribunal sur le climat politico – administratif qui régnait à l’époque des faits, et sur des points particuliers dont ce Tribunal n’aurait pas connaissance, afin de permettre aux juges de mieux en saisir la portée, et sur les faits eux-mêmes, ces emplois fictifs pour lesquels M.Chirac est renvoyé devant notre tribunal ?

            Madame Andromède

            Bien que toutes ces affaires soient très loin, il m’a semblé utile de vous faire part de ce que mes collègues et moi-même voyions et ressentions à cette époque. II a fallu ce procès fictif pour me remémorer  l’ambiance administrative dans laquelle nous travaillions à cette époque.

            Dans notre pratique administrative quotidienne, il nous apparaissait bien que la mairie et le RPR ne faisaient qu’un, en décisions, en personnel, et en moyens, logements, voitures et… petits fours. Il était clair également qu’une partie des services de l’Etat étaient affiliée au système Chirac.

            De nos jours, il devrait être encore possible d’interroger des centaines de fonctionnaires de la ville ou de l’Etat qui avaient beaucoup de peine à établir un distinguo entre la mairie de Paris et le RPR.

            Nous savions qu’il existait, en parallèle des procédures publiques de marchés, d’appels d’offre, un système de « racket » des entreprises, fort bien décrit par M.Mery, mais les services de la ville disposaient d’une armada de très bons techniciens du droit et de la finance, ce qui faisait que dans les dossiers présentés, il était exceptionnel qu’une illégalité sérieuse puisse être détectée.

            Le Président

            Certains ont évoqué l’existence d’un haut fonctionnaire dans l’entourage immédiat du maire, qui aurait été le grand trésorier secret du RPR. En avez-vous eu connaissance ?

            Madame Andromède

            Effectivement, un préfectoral de mes amis, avait effectivement bien connu ce collègue qui officiait  alors à l’ombre du maire.

            Le Président     

            Vous nous décrivez bien le système qui fonctionnait, connu de centaines de fonctionnaires, mais comment se fait-il alors qu’aucune dénonciation n’ait été faite à ce sujet ?

            Madame Andromède                   

            Pour dénoncer des faits délictueux, je n’apprendrai rien à personne, en disant qu’il faut des preuves, c’est un des objets, sinon le seul, de notre débat, mais il faut aussi du courage, et ce n’est pas ce qui est le plus répandu, d’autant plus lorsqu’on est le pot de terre contre le pot de fer.

            Quant aux preuves, certaines sont apparues à la lumière du jour judiciaire, mais beaucoup d’entre elles étaient très difficiles à réunir, compte tenu de l’habileté des montages juridiques ou financiers, et lorsqu’il y en avait, vous savez bien que le maire disposait d’une armée d’avocats de qualité, et bien rémunérés, pour que d’atermoiements en atermoiements, on finisse par dire, comme à ce procès : c’est vraiment une vieille affaire, une très vieille affaire que tout le monde a oubliée, laquelle met en cause un vieil homme, le pauvre, lequel a, au surplus, rendu quelques services, et qu’il est aujourd’hui populaire…

            Le Président

            Très bien, mais venons en au cœur du dossier : M.Chirac est poursuivi par la justice pour des emplois fictifs de la Ville de Paris, qu’il aurait initiés ou couverts, lesquels auraient servi à recruter des personnes mises, en fait, à la disposition du RPR. Avez-vous eu connaissance de l’existence de ces emplois ?

            Madame Andromède

            J’en ai eu effectivement connaissance à l’occasion d’une conversation, d’un coup de fil, mais sans avoir ni la volonté, ni la possibilité, d’établir un dossier à charge à ce sujet.

            Car, sur un plan général, comment voulez-vous que les services de l’Etat aient pu réellement contrôler, l’aient-ils voulu, et à moins que la délibération du Conseil de Paris, ne l’ait précisé, l’affectation d’un emploi à un des services de la ville, au siège du RPR, dans une association, ou à la permanence d’un élu, alors qu’il existait des dizaines de milliers d’emplois et des centaines de services.

            Et cela d’autant moins que toutes les administrations s’adonnaient à une vieille pratique de mise à la disposition syndicale, mutualiste, ou associative

            Alors, quelques emplois fictifs ou pas, quelle importance ? 

            Le Président

            Mais plus précisément, n’êtes vous pas étonnée de voir ce tribunal juger, somme toute, une petite affaire de corruption politique, alors que la réalité dépassait incontestablement la fiction que vous avez rapportée.

            Madame Andromède

            Effectivement, mais ce procès met du baume au cœur à tous ceux qui voyaient ces grands justiciables gagner du temps, toujours du temps, grâce aussi au concours d’avocats madrés, quelquefois sans doute, de magistrats zélés, sans qu’ils n’aient jamais de comptes à rendre à la justice, mais surtout aux citoyens, et à la République.

            Avec l’usure du temps, la disparition des preuves, plus de pénal !

            Dix, quinze ans après, tout est oublié, et la justice s’entend dire alors : si tard ! Et pour quelle utilité !

            Permettez moi encore un dernier mot sur l’enrichissement personnel, fruit de la corruption politique.

            Nous les avons tous entendu,  élus mis en cause ou pas, avocats, quelquefois juges, et très souvent journalistes, rétorquer que dans la plupart des dossiers judiciaires de corruption : « Il n’y avait pas d’enrichissement personnel !

            Aurai-je l’impertinence de poser une question simple : est-il possible de vivre sur un des grands trains de vie de la République sans fortune personnelle ? Alors fortune ou quelquefois carrière politique « assistée » ?

            Monsieur le Président

            Madame, je vous remercie. Voyez -vous autre chose à ajouter ?

            Madame Andromède

            Tout simplement, le jeu de mots d’un de mes collègues, incorrigible farceur devant l’Eternel et la République ; lisant un des sous-titres des mémoires Chirac, tome 1 : « chaque pas doit être un but », il proposait tout simplement d’écrire à la place :  « chaque pas doit être un sou » ?

                   Pégase