Paris a-t-elle des chances de rejoindre le statut du droit commun des communes ?

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BENOÎT DUTEURTRE

« ANNE HIDALGO S’OCCUPE DE TOUT SAUF DE PARIS »

Le Figaro des 1er et 2 avril 2023, en première page :

« Climat, Ukraine, immigration… Anne Hidalgo s’occupe de tout sauf de Paris » page 16

« … argumente l’écrivain  amoureux de la Ville Lumière »

Il y a quelques semaines j’avais rédigé une chronique sur un sujet qui m’était familier, et qui éclaire, je l’espère, le débat engagé.

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Paris, une Commune en excès de pouvoir !

« Dati «  Hidalgo saigne les Parisiens par l’impôt » Marion Mourgue Le Figaro du 30/11/2022, page 7

Ce sont les minorités qui nous gouvernent !

Une interview dont le contenu est intéressant pour un ancien haut fonctionnaire qui a contribué à la mise en place de la grande réforme institutionnelle des années 1975- 1980 redonnant un maire à la capitale.

            Cette interview pose une série de questions,  mais n’aborde pas, à mes yeux, les problèmes de fond de Paris Capitale de la France, c’est-à-dire l’inadéquation  des institutions parisiennes des années 70 à l’évolution de la région parisienne et du pays, face à l’évolution des pouvoirs, notamment l’émergence et l’explosion des réseaux sociaux et de la communication.

Paris occupe  une « position stratégique » inégalable en France.

            Le 19 octobre 2021, je publiais une chronique intitulée « Les destinées de Paris « Commune » ou « Etat dans l’Etat » ?

            J’écrivais : « Presque  quarante ans après les réformes des années 70-80, les  relations institutionnelles que j’avais décrites sont à revoir complètement, entre Paris, soi-disant commune de droit commun, les communes et départements sacrifiés de sa banlieue, une métropole qui peine à exister, une région dynamique, et un Etat central bureaucratique légitimement contesté par nos provinces, sur un écran permanent de communication et de manipulation politique tous azimuts de la part des élus parisiens. »

            Traitons successivement questions du jour et questions de fond :

Les Questions du jour

Les chiffres cités ?

            Mme Dati : « …. Je dénonce effectivement l’explosion d’une dette qui s’élève à 10 milliards d’euros. »

D’où vient ce chiffre dont je n’ai pas trouvé la source ? Je ne l’ai pas trouvé dans les derniers rapports de la Chambre Régionale des Comptes.

« Tours de passe-passe comptables » : lesquels, faute d’audit effectué par les oppositions au Conseil de Paris ?

« Nous exigeons depuis deux ans un audit de la gestion de la ville… »

Il y a bien longtemps que l’opposition aurait pu le faire si elle l’avait décidé. Elle n’en n’aurait eu ni la compétence, ni les moyens ?

L’audit nécessaire rencontrera une grande difficulté liée à la grande complexité du système administratif et financier parisien et à la constellation des organismes et sociétés qui en font partie : un vaste réseau de vases communicants qui permettent de « fausser », pour ne pas dire « truquer » la comptabilité, mais il faut le démontrer. 

Comment ne pas relever les initiatives démagogiques de la mairie, dans le tout vert et le tout social (explosion de la dépense sociale, le logement, des dépenses soi-disant vertes, des chantiers partout…. ) sans compter ce que coûte déjà la préparation des JO de 2024, peu compatibles avec une politique dé carbonation de la Ville, et la réduction du nombre des passoires thermiques de la Ville ?

Effectivement, Paris est dans un triste état !

L’équipe municipale actuelle met presque chaque jour la Ville de Paris en ébullition, et très récemment en chamboulant les voies de circulation, en multipliant les travaux, les interdictions, au mépris des habitants de la banlieue et des activités économiques de la capitale, comme si les institutions de l’Etat n’existaient pas, les assemblées ou le gouvernement, l’ensemble des représentations diplomatiques, les Préfets actuels donnant l’impression d’être aux abonnés absents : la Maire donne les ordres.

Les Parisiens ne partagent pas tous la culture bobo de l’équipe Hidalgo, alors qu’elle n’a fait que 1,75 % des voix aux dernières présidentielles, après avoir déclaré qu’elle ne serait pas candidate à cette élection, avant les municipales.

Les conseillers de Paris jouissent d’une rente de situation, d’un privilège politique, un potentiel de communication fondé sur leur position dans la capitale, alors que leur représentativité politique est faible ou non démontrée.

Les Rousseau, Obono, Charon, Bayou, Benbassa…, ont très souvent tendance à s’exprimer sur le plan national en jouant sur une représentativité politique qui pose question.

L’’équipe municipale actuelle a bien assimilé la partition, sauf qu’elle n’a en effet pas les bases politiques nationales nécessaires, et qu’en prenant toutes sortes d’initiatives sur tous les plans, elle ajoute à la grande confusion des pouvoirs qui existe dans la capitale et dans la région, le qui fait quoi entre la région, les départements, les communes, la métropole, et l’Etat, un mille-feuille bureaucratique.

La capitale souffre de l’absence de l’Etat et pour Madame Hidalgo : «  l’Etat, c’est moi ! ».

La « position » politique et stratégique de Paris a toujours nourri les ambitions les plus folles, aujourd’hui celles de la Maire de la capitale, car la capitale constitue une plateforme exceptionnelle de communication, d’influence et de pouvoir.

La Maire de Paris n’aurait sans doute pas pu bénéficier du soutien d’une équipe municipale, politiquement multicarte, si ses membres n’y avaient vu également leur intérêt, celui de disposer d’un levier politique qu’ils n’auraient jamais eu avec les minorités politiques ou civiles qu’ils représentaient, les communistes, les fractions écolos, et un Parti Socialiste « sociétal » exsangue.

Pour avoir en France une compréhension  complète des enjeux économiques, sociaux et politiques, il est nécessaire de faire intervenir le rôle majeur de l’establishment qui est au cœur de tous les problèmes et décisions nationales,  et pour ce faire, rééquilibrer le système de pouvoir au profit des provinces, de ce qu’on appelle les « territoires ».

Les Questions de Fond

« Paris, un Etat dans l’Etat » ? Toujours !

Oui, pour d’autres raisons !

Avant la réforme des années 70, le système parisien fonctionnait dans un contexte étatique préfectoral doté de moyens démarqués de l’Etat, notamment  pour les statuts du personnel.

 De nos jours, la Ville de Paris jouit encore de privilèges hérités de l’Etat, à la fois dans la gamme de ses statuts ou dans l’adaptation des anciens statuts.

Excès de pouvoir ? Pourquoi ?

Les héritages de l’ancien système parisien

La Chambre Régionale des comptes vient de publier un rapport fort intéressant intitulé « Paris et Métropole Exercices 2016 et suivants »

Ce document montre l’ensemble des liens juridiques qui permettent à la ville de Paris d’échapper à la Métropole grâce aux nouveaux tentacules de pouvoir  que sont les accords de coopération bilatérale passés avec les départements voisins, s’ajoutant aux anciens, établis sur la base du patrimoine immobilier important qu’elle détient encore en banlieue.

La Ville de Paris est au cœur d’une mini métropole parallèle à la Grande Métropole qui a du mal à exister. Elle jouit d’une grande capacité à tirer beaucoup de ficelles  dans la Région Ile de  France.

Quelques notes du Rapport : 

« La Ville de Paris poursuit sa propre stratégie métropolitaine, autonome par rapport à la MGP…elle n’est pas, ou pas encore au cœur d’une métropole polycentrique. … l’organisation des services de la ville n’intègre qu’à la marge « la « dimension métropolitaine »… le rôle déterminant de la Ville de Paris dans la gouvernance de la MGP… une gouvernance Paris/MGP partagée… absence de transferts en matière d’aménagement et de logement… des groupements de commandes principalement coordonnés par la ville de Paris….l’absence de dimension métropolitaine dans les services de la ville », « une coopération par projet »   le PLU 2020, « un projet autonome ».

Il est évident que l’équipe Hidalgo ne joue pas le jeu démocratique d’une métropole parisienne, et qu’elle en a fait un outil de plus de domination politique.

En ce qui concerne le boulevard périphérique, la Ville considère qu’il lui appartient, alors que l’Etat et l’ancien District de Delouvrier sont à l’origine financière de la création de ce boulevard, dont l’intérêt interdépartemental est indiscutable.

Nécessité d’une nouvelle réforme institutionnelle

Plus de quarante après, les relations institutionnelles en question sont à revoir complètement, entre Paris, soi-disant commune de droit commun, les départements sacrifiés de sa banlieue, une métropole qui peine à exister, une région dynamique, et un Etat central bureaucratique de plus en plus contesté par nos provinces, sur un écran permanent de communication et de manipulation.

            Paris est ouvert à tous les vents, souvent de l’étranger, avec par exemple un Qatar qui occupe une « position » de choix dans la communication de Paris et donc de la France, une forme de capture d’image qui ne dit pas son nom, alors que Paris s’enferme comme dans sa forteresse, aujourd’hui bobo.

Le « périphérique » n’est pas uniquement physique !

Paris a pris tout un ensemble de mesures de circulation et de stationnement qui valent bien  les « octrois » du passé – payer pour y accéder -,  des octrois supprimés en 1943 par le Régime de Vichy, en biffant la solidarité nécessaire entre Paris et sa banlieue.

Ajoutons enfin que Paris  reste au cœur de l’«establishment » français qui continue à gouverner notre pays, à imposer sa loi et sa bureaucratie à nos provinces  françaises, d’où l’importance de retrouver un équilibre des pouvoirs entre l’ensemble de nos provinces.

Conclusion :

il faut adapter la répartition des pouvoirs à l’évolution de notre pays, mettre fin à une bureaucratie qui multiplie les niveaux de compétence, entre l’Union européenne, la nation, les provinces, les départements, les communes, simplifier.

En concurrence avec les pouvoirs de l’Union européenne, que l’Etat central fasse son métier régalien, et les vaches seront bien gardées, selon un de nos vieux dictons provinciaux.

Que l’Etat transfère à nos régions ses pouvoirs dans les domaines non régaliens : économie, emploi, environnement, enseignement, santé, culture…

Dans la région d’Ile de France, Il faut instituer une vraie métropole qui égalise les chances de pouvoir entre Paris et les départements de la Petite Couronne.

La Com, les réseaux sociaux, l’affaiblissement des corps intermédiaires ont attribué un pouvoir excessif au système parisien, à son establishment, un excès de pouvoir qui  défie nos  institutions  démocratiques et républicaines, d’autant plus que quelques minorités diffusent leur propagande grâce à la position stratégique que leur donne leur élection parisienne.

Jean Pierre Renaud       Tous droits  réservés

Le Silence du Préfet de Paris !

Trois semaines de désordres en tout genre, de poubelles, de manifestations dans les rues de la capitale !

Existe-t-il encore ?

Exerce-t-il ses fonctions ?

Le Préfet de la Région Ile de France a-t-il oublié qu’il était aussi Préfet de Paris ?

La Maire de Paris exerce-t-elle les pouvoirs de l’Etat ?

Mais où sont donc passés le ou la Préfète de Paris ?

Avis de Recherche !

Il est vrai que les forces de l’ordre ont du boulot !

Jean Pierre Renaud

Tout ça pour ça !

La réforme des retraites

Ne revenons pas sur les hésitations, les consultations qui depuis des années ont rendu toute réforme illisible, avec un chef d’orchestre qui n’a jamais bien su quelle partition adopter…

Une seule remarque sur les enjeux financiers de la réforme telle qu’elle est présentée, un enjeu faible compte tenu de la situation financière que ce chef d’orchestre laisse à nos enfants, à l’heure actuelle, depuis son élection en 2017 :

                 + 689 milliards de dette publique

Fin 2022 : dette publique de près de 3 000 milliards d’euros

La réforme proposée vise à éponger un déficit  prévu de 15 milliards d’euros pour 2030

Excusez du peu !

Sans donner le coût des dégâts de toutes sortes causés par la répétition des manifestations au cours des dernières semaines…

La vraie réforme doit toucher toutes nos finances publiques, et pas uniquement notre régime actuel de retraite.

Les Français le comprendraient mieux, à voir ces 41 ministres et secrétaires d’Etat autour d’une grande table à l’Elysée !

Il y a  décidemment du grain à moudre dans notre pays, mais en ayant le courage de s’attaquer systématiquement à toutes nos dépenses publiques, les unes après les autres, comme ce fut déjà le cas dans notre histoire.

Jean Pierre Renaud

Humeur républicaine

Destitution ! Révocation !

UN DÉCRET EN CONSEIL DES MINISTRES !

Pour avoir servi la République Française pendant plusieurs dizaines d’années, je comprends de moins en moins le comportement des responsables des institutions parisiennes.

            La Maire de Paris met en danger l’hygiène publique, la tranquillité publique, la sécurité incendie, le bon fonctionnement des pouvoirs publics de la République ! Sur les trottoirs et dans les rues, la Maire de Paris constitue un danger public pour les personnes âgées, handicapées, pour les mères de famille avec leurs poussettes…

Oublierait-t-elle qu’elle a pour mission aussi de garantir la sûreté des nombreuses représentations étrangères qui siègent dans la capitale ?

Depuis plusieurs semaines, la Reine des Poubelles et des Rats, Maire de Paris viole le bon fonctionnement de la République et donne la main à un début de soulèvement populaire, alors que la loi des retraites a été votée et suit le cours normal des décisions du Parlement, le chemin de tous les contentieux ouverts par notre Constitution.

Dans l’état des lieux actuels et de l’état de droit, le gouvernement doit suspendre et même révoquer la Maire de Paris pour les trois motifs suivants :

1 – Elle ne possède plus l’autorité morale nécessaire pour assumer ses fonctions,

2 – Elle refuse d’exécuter les actes que la loi lui impose,

3 Elle entrave par son action le fonctionnement régulier des pouvoirs publics.

            Comment ne pas voir que ce type de séquence politique met en danger la République elle-même ?

Jean Pierre Renaud                         Tous droits réservés

Réformer nos institutions ?

Avec quelle Méthode ?

Avec quel chemin ?

A l’endroit ou à l’envers ?

Partir de Paris ou de la Province ?

La Méthode Macron ?

« Institutions : Macron prépare sa réforme à pas comptés »

« Le Président veut vivifier la « souveraineté populaire ».

Le Figaro du 27 février 2023, page 4 et 5- Loris Boichot

Macron lancerait une réforme des institutions : Méfiance ! Grande Méfiance !  Voici pourquoi !

Loris Boichot dresse le portrait de l’ambiance politique actuelle sur le sujet et nous y retrouvons les préoccupations et propositions de réforme qui courent dans les médias depuis des dizaines d’années, notamment l’idée chère à Bayrou, celle d’une proportionnelle plus importante.

Je cite le journal : « Depuis qu’il a promis « un meilleur fonctionnement des pouvoirs » et « une association  plus fréquente de nos concitoyens », lors de ses vœux aux Français, Emmanuel Macron esquisse un projet par  petites touches. Il annonce vouloir « redonner de la force à la souveraineté populaire ».

Je vous avouerai mon scepticisme quant à la volonté de ce Président de remettre de la vitalité démocratique dans notre système institutionnel et républicain : sa présidence a été caractérisée par une pratique anglo-saxonne du pouvoir, son culte de la démocratie d’opinion, de ses recours permanents à des courts-circuits  de la démocratie représentative, celle des assemblées nationales, régionales, locales, les corps intermédiaires.

Une fois élu Président, a-t-il tenté de mettre sur pied un gouvernement de coalition ? Non ! Il a préféré  donner au pays un gouvernement constitué de marcheurs ou des marcheurs ralliés ou affidés à un parti qui n’en était pas un.

Son premier quinquennat a été marqué par son Grand Débat auprès de communes soigneusement choisies afin d’étouffer dans l’œuf les revendications des Gilets Jaunes qui témoignaient du malaise démocratique de nos territoires : sa méthode ? Un « One Man Show » qui lui réussit bien, mais en passant à côté des Assemblées Parlementaires, et même de son parti fantôme.

Une Méthode du « Je passe à côté de la démocratie représentative », comme il l’a aussi fait avec ses opérations de loterie démocratique lancées sur des sujets écolos ou sociétaux, le tirage au sort d’une nouvelle Française des Jeux.

La Marque de Fabrique de Macron est 1) celle de la démocratie d’à côté, pas celle de la « France d’à côté », la « France périphérique » de Guilly. (Le Monde du 6/12/2011)

2) Du « Je »,  d’une sorte d’Ego présidentiel quasi-quotidien, au plan national, mais tout autant international, ce qui est beaucoup plus inquiétant pour asseoir des relations de confiance avec l’étranger : l’épisode le plus éblouissant fut son déplacement au Kremlin avec ce dialogue irréel avec le tsar Poutine, comme si l’Europe n’existait pas !

A mes yeux, et pour avoir pratiqué pendant des années le système parisien, évalué la puissance de son establishment que  sa « position » stratégique de plateforme de Com a démultipliée avec les  réseaux sociaux, la méthode de réforme doit quitter les chemins d’en haut, ceux confisqués par l’establishment parisien.

Il suffit d’observer le fonctionnement des institutions parisiennes pour mesurer cette sorte de prise de pouvoir par un petit nombre d’élus parisiens qui se prennent pour l’Etat, avec Mme Hidalgo qui continue à Paris, à incarner « l’Etat c’est Moi » !

Pour ceux ou celles qui n‘ont pas encore compris, Mme Hidalgo, après avoir été candidate aux Présidentielles avec le résultat très médiocre que vous connaissez, moins de 2%, continue à faire de la Com politique, comme si de rien n’était, et  ceci grâce au pouvoir que lui donne sa position à Paris à la tête d’un tout autre Etat que celui que je décrivais dans un livre en 1993.

Pour réformer nos institutions, et leur donner un nouveau souffle démocratique, il faut prendre un chemin à l’envers, du bas vers le haut, et non l’inverse, les remettre à l’endroit d’une démocratie vivante, il faut emprunter le chemin d’en bas, celui des communes, des départements, des régions, les consulter et en faire la synthèse.

Il faut sortir de ce gribouillis démocratique où le citoyen est incapable de définir et de comprendre la répartition des compétences entre l’Etat régalien et défenseur de la nation en Europe, les régions, les départements et les communes, avec un Etat et une Europe qui se mêlent de tout.

« Pour voir le monde à l’endroit il faut l’observer  à l’envers » dixit le photographe Rémy Donnadieu !

La méthode Macron n’est sûrement pas la bonne, car il faut laisser respirer nos régions, nos départements, leur transférer des pouvoirs de gestion centralisée, et leur demander de nous dessiner un autre avenir démocratique.

Le Sénat, assemblée de sages, devrait prendre l’initiative d’une consultation démocratique de nos institutions de base dont le but serait de tracer les lignes de force d’une réforme donnant un nouveau souffle démocratique à notre pays, c’est-à-dire en donnant la priorité à trois objectifs :                  

  1. La réforme des institutions européennes qui étouffent nos libertés fondamentales,
  2. le transfert du pouvoir central non régalien aux régions, départements et communes,
  3. l’alignement des institutions parisiennes sur le droit commun départemental et communal, ce qui n’est pas du tout le cas de nos jours. L’Etat n’est plus chez lui dans la capitale, et la commune-département de Paris n’est pas du tout sur un pied d’égalité départementale et communale avec ses voisines de ses banlieues de l’Ile de France, et naturellement de la France entière.

A titre d’exemple, elle a réussi à  développer ses tentacules de pouvoir sur de nombreuses communes d’Ile de France et  à constituer ce qu’il faut bien appeler une Métropole Bis du Grand Paris.                  

     Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

A Paris, pourquoi pas «  Le joueur de flute de Hamelin » ?

Ou de son vrai titre allemand : « L’attrapeur de rats de Hamelin » ?

Une légende allemande des Frères Grimm

En bref :

De même que la cité de Hamelin, le Paris d’Hidalgo, Reine des Poubelles, ne pourrait-t-elle pas  faire appel à un joueur de flute pour que les rats le suivent et se  noient dans la Seine, contre une rémunération de 1000 écus, valeur d’époque ?

Avec une sanction dramatique pour ses habitants, en cas de non- paiement ? Ce qui fut le cas à Hamelin…

De toute façon, 1) Hidalgo n’a pas d’argent, 2) Douchka et d’autres de ses conseillers ou Conseillères Écolos de Paris s’y opposeront et proposeront d’adopter ces  millions de « Surmulots » presqu’humains…

Dieu seul sait jusqu’où va la diversité !

Hier, sur la Place Saint Sulpice, c’était la fête des rats, non des surmulots…

Qui sait, la majorité hétéroclite de la Reine des Poubelles, prépare peut-être le Siège du Siècle qui vit, faute d’autre chose, nos ancêtres se régaler avec ce nouveau « gibier », en concurrence avec tout ce carton qui s’accumule dans nos rues grâce à cette nouvelle « mobilité » Bobo des livraisons, avec ou sans papiers…

Jean Pierre et Marie Christine Renaud, le 19 mars 2023

« Au cœur des Ténèbres de l’Elysée »,

le titre qui a ma préférence !

« Sisyphe au Congo »

Le titre de l’éditorial de Pierre Gélie du 1er mars 2023 avec en première page du Figaro

« Macron veut   réconcilier la France avec l’Afrique »

Pourquoi cette référence au livre de Joseph Conrad «  Au cœur des ténèbres » (1925) ?

Pour la raison « capitale » que le cœur de notre sujet n’est pas  au cœur de la forêt équatoriale du Gabon, et donc la solution, mais au cœur de l’Élysée, surtout depuis l’élection de Monsieur Macron.

Pour ceux ou celles qui connaissent un peu les problèmes de l’Afrique coloniale, mais surtout de la Françafrique postcoloniale, il est tout à fait curieux d’entendre un Président débarquer au Gabon de Bongo, puis au Congo de Sessou Nguesso, surtout le Gabon, deux des anciennes colonies qui se sont illustrées  dans le financement des partis politiques français, des Chirac et des Mitterrand, en déclarant: « L’âge de la Françafrique est révolu »..

            Macron s’est placé en complet porte-à-faux de la politique française en Afrique, en se faisant élire après avoir déclaré haut et fort à Alger en 2016 que « la colonisation est un crime contre l’humanité », et en continuant depuis 2017 à faire de la Françafrique, tout en le disant ou sans le dire…

 A  s’entourer de conseillers qui militent pour une repentance, en le disant ou sans le dire, qui truquent purement et simplement notre passé colonial, à laisser filer, sans contradiction, tous les discours tendancieux sur ce passé qui aboutissent, pour le moment, espérons-le, à alimenter des courants politiques anti-français en métropole ou outre-mer.

            A titre d’exemples, – L’historien Stora, le spécialiste de l’Algérie, tend en permanence la main au FLN et défend une thèse historique sur une mémoire coloniale jamais mesurée, en confondant l’algérienne et la coloniale,

L’équipe de l’historien Blanchard s’est emparée d’un fonds de commerce d’images coloniales universitaire sans avoir démontré les effets de ces images à leur époque de diffusion, notamment dans la presse, le seul baromètre utilisable à l’époque.

            Il n’est donc pas  trop difficile pour certains africains qui traditionnellement, savent beaucoup mieux que les Français manier le verbe, en fidèles héritiers des griots , de puiser dans ces fausses richesses manipulées par des groupes de pression politiques en quête d’électeurs, à l’exemple du Président actuel.

            A la casse les œuvres et témoignages d’africains tel que le grand sage et écrivain Hampâté Ba qui reconnaissait que la colonisation avait ses ombres et ses lumières, et que les Blancs avaient aussi servi l’Afrique, enseignants, médecins, ingénieurs, religieux …

Macron débarque au Gabon dans son gros avion et oublie de saluer la mémoire d’un médecin célèbre, le docteur Schweitzer, à Lambaréné, en 1913, sur l’Ogoué, alors que sans médecine tropicale, il n’y avait pas d’avenir pour l’Afrique.

Les femmes blanches ne vinrent en Afrique que tardivement, compte tenu des maladies tropicales qui y sévissaient.

Sans une certaine colonisation positive, la démographie africaine n’aurait pas fait alors le bond colossal que l’on constate aujourd’hui, ne serait-ce qu’avec les flux migratoires venus d’Afrique.

Plutôt qu’ « au cœur des ténèbres », il faut aller au cœur de l’Elysée !

Les Présidents de la République de la Cinquième ont trop de pouvoirs et sont au cœur du problème, exorbitants encore plus depuis 2008 avec Sarkozy qui a permis à Français Hollande d’envoyer les Mirages au Mali en 2013, sans que l’Assemblée Nationale n’ait eu son mot à dire, sauf trois mois plus tard, une fois la guerre déclarée.

Imaginez qu’un de nos Présidents ou Présidentes puissent décider du feu nucléaire dans de telles conditions ? Une folie pure et simple !

Tout ça pour ça ! Comme me le confie un de mes vieux amis, ancien  diplomate en Afrique, « tout cela ne sert à rien ! »

            Ultime question, la nouvelle Françafrique de Macron ne nicherait-elle pas aujourd’hui dans l’accord du 21/12/2019 qui garantit aux pays de la CDEAO une parité de leur monnaie avec l’euro, la France étant « le garant financier de » de l’UEMOA ? La France toujours « garante financière » du Mali et du Burkina-Fasso ?

            Jean Pierre Renaud                Tous droits réservés

Les initiatives sociétales détestables du Président Macron ! – La Mode du Jour –

Fins de vie ? Suicide assisté ? De quoi je me mêle encore?

Ce Monsieur ne fait pas confiance aux aides-soignantes, aux infirmières, aux médecins qui  exercent leur mission avec conscience et dévouement dans les services de soins palliatifs ou au sein des familles ?

De quoi se mêle-t-il ? Il ferait beaucoup mieux d’assumer ses responsabilités d’ordre public, ce qui n’est pas le cas !

Presque chaque jour, on joue du couteau, on assassine, et c’est la victime qui est la coupable.

Une femme coupée en morceaux aux Buttes Chaumont, 18 féminicides depuis le 1er Janvier 2023, etc, et motus et bouche cousue : sur qui sont ces assassins !

Une initiative d’autant plus détestable qu’il demande conseil à un groupe de citoyens tirés au sort, au lieu de faire confiance à son parti politique –existe-t-il ?- et à nos institutions représentatives et démocratiques, Assemblée Nationale, Sénat, Conseils Régionaux et Départementaux, Maires !

Jean Pierre Renaud

Humeurs du Jour

Le tout et son contraire…

Macron, notre boussole politique ?

            Au dernier conseil des ministres du 15 février, le Président  a « asséné : « Les oppositions n’ont plus de boussole et sont totalement perdues ».

                                                          Le Figaro du 16 février, page 2

            Tout à fait étrange de la part d’un homme politique qui n’avait pas de boussole précisément sur le sujet des retraites.

Il n’est pas sûr qu’il en ait une, compte tenu de son flottement politique face à une France qui ne sait pas encore où il va….

La Police du Pipi Caca !

Hidalgo et ses conseillers animalistes ?

Le Scoop : deux de ses conseillers, l’une, élue protectrice des rats, l’autre, protecteur des taureaux lui ont proposé de créer une police pipi caca afin de mettre fin à ce type de pollution, très parisienne, qui met en danger la santé publique des humains.

Je ne doute pas que l’inventive société JCDecaux soit capable de proposer une solution.

LFI à l’Assemblée Nationale ?

Quel spectacle !

L’intelligence artificielle pourrait faire beaucoup mieux que leur intelligence politique !

Jean Pierre Renaud

Ouvrages édités par l’auteur

Paris, un Etat dans l’Etat ; L’Harmattan (1993)

La Méthode Chirac ; Editions JPR (1996)

Chemins obliques Editions JPR (1998)

Guerre d’Algérie-1958-1959-1960

Vallée de la Soummam Editions JPR (2000)

Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large – Rôle de la communication et des communications au cours des conquêtes coloniales de la France entre 1870 et 1900 Editions JPR (2006) (Prix Bernard de l’Académie des Sciences d’Outre Mer)

Préface imaginaire
d’un ancien diplomate, très bon
connaisseur de l’histoire coloniale

Je devais à notre vieille amitié de lire les pages que tu m’as confiées, crayon en main. Tu as eu le mérite, le courage et, peut-être l’imprudence, de lire toutes les pages de tous ces livres, dont la plupart sont remplis d’erreurs, d’inepties, d’obscurités, de sottises, un véritable sottisier colonial.

Les extraits que tu m’en as donné à lire m’ont largement suffi. Sur un certain plan, j’admire les lecteurs, car il y en a eu quelques uns qui ont été capables de s’infliger cette punition de lecture.

Mais comme je te l’ai répété, les histoires qu’ils racontent n’intéressent pas les historiens sérieux. L’exercice critique auquel tu te livres, documenté et convaincant, fusse avec l’ironie ou l’humour dont, heureusement, tu as su égayer lecommentaire – et la matière ne s’y prêtait pas toujours – n’intéressera pas grand monde. Tu ne trouveras aucun éditeur qui prendra le risque d’aller contre une mode qui semble plaire. La plupart d’entre eux font du surf médiatique sur le marché de l’indigène.

Ton commentaire sur l’affiche du parfum Saint-Laurent m’a beaucoup amusé, et celui sur le grain de riz de l’Indochine, beaucoup intéressé.

Le concept nouveau de l’historien entrepreneur, lequel déploie sa science sur le marché de la mémoire, contre monnaie sonnante et trébuchante, ouvre à ce sujet de vasteshorizons, à donner le vertige historique.

De toutes les façons, l’histoire a toujours été engagée, même celledes historiens sérieux, les vrais. et même lorsque ces derniers ont tenté de faire prévaloir une vérité, la vérité historique. A la grande différence toutefois de ton collectif de chercheurs qui se sont affranchis de toutes les prudences méthodologiques de la discipline. Leur travail est plus le résultat d’une réflexion idéologique, d’un bourrage de crâne, que d’un salutaire exercice du doute.

Qui sait ? En dépit de la mode et du marketing médiatique de ces nouveaux historiens entrepreneurs et de leurs éditeurs, leur histoire finira bien par mourir d’inanition, faute d’avoir fourni de véritables aliments, solides, qui tiennent au corps, pour soutenir des thèses complètement farfelues.

En prologue

Depuis dix à quinze ans, des chercheurs, historiens, politologues ou sociologues ont commencé à s’intéresser aux images des anciennes colonies françaises, et tenté de les interpréter avec plus ou moins de succès, c’est selon, et pas toujours dans la chronologie de leur contexte historique, qu’il s’agisse de cartes postales, de gravures, de photos, d’affiches, ou de films.

Tant et si bien que depuis quelques années, une triade de jeunes historiens, animateurs d’un mouvement. une école de recherche [1], un collectif de chercheurs, ainsi qu’ils se nomment, déploie une grande énergie de plume pour exposer la thèse, précisément à partir d’images coloniales, mais aussi de textes, d’après laquelle la France aurait baigné dans une culture coloniale, tout au long des années 1870 à 1962, avec une acmé (sic) à l’occasion de l’Exposition Coloniale de 1931. Les archétypes (sic) de cette culture coloniale et de sa mémoire conduiraient les Français à reproduire, aujourd’hui et sans le savoir, des comportements coloniaux dans leur vie civile et publique. Autre affirmation de la triade : notrepassé colonial expliquerait donc la crise des banlieues et la présence de nouveaux indigènes de la République Française.

La cause est doncsérieuseetil s’agit de l’instruire sérieusement, puisqu’elle prétend donner une lecture authentique, sinon scientifique de notre histoire coloniale et nationale, et y trouver les raisons des rapports difficiles pouvant exister entre Français de souche et Français immigrés.

D’autant plus sérieuse qu’elle nourrit un débat et des controverses dans une partie de l’opinion publique.

Avant donc d’aller au cœur du sujet et d’analyser le contenu de cette thèse et, par un détour de pensée utile, il nous faut mettre en garde le lecteur sur la grande difficulté qu’il y a à interpréter une image, quelle qu’elle soit. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet, sur le plan technique, mais donnons ici quatre exemples.

Le premier est celui des images montrées à l’occasion de l’émission d’Arrêt sur Images du 19 novembre 2006. Celles superbes, d’énormes icebergs en goguette au large des côtes de la Nouvelle Zélande. Selon les uns, leur présence illustrerait le phénomène de réchauffement climatique, et selon les autres, elle ne constituerait pour lemoment qu’une hypothèse de travail. Alors que ces images récentes se situaient dans un contexte précis. avec date et lieux, et qu’elles faisaient l’objet d’un examen pluraliste et critique.

Deuxième exemple, celui d’un film d’amateurs tourné avant la deuxième guerre mondiale en Afrique Occidentale, par des représentants d’une grande marque d’apéritif. Projection faite à l’occasion d’un festival sur des images des colonies organisé en 2005 au Forum des Images à Paris. On les voyait en train de faire leur pub à proximité d’un village, distribuant des objets publicitaires, et faisant signe à des africaines de venir à leur rencontre. Un présentateur savant commentait la scène en disant : « ils convoquent les femmes » – nous sommes donc bien dans une situation coloniale de domination – alors que la chose n’était pas très différente de ce que l’on voit de nos jours, tout au long du Tour de France et de ce que je connaissais aussi de l’Afrique.

Troisième exemple et, ce dernier beaucoup plus élaboré, parce qu’il a l’avantage de poser le problème de la lecture et de l’interprétation techniques d’une image, avec la mise en jeu de codes qu’il faut connaître avant de se prononcer. L’anthropologue anglais, Nigel Barley, notait au cours de sa mission du Nord Cameroun des années 1980 [2], que la population Dowayo qu’il étudiait, n’arrivait pas à identifier et à comprendre une photographie : « On oublie trop souvent que les gens qui n’ont jamais vu de photos doivent commencer par apprendre à les déchiffrer. »

Martine Joly, sémiologue distinguée, ne dit pas autre chose, quand elle écrit [3] « qu’il y a un âge au-delà duquel, si on n’a pas été initié à lire et à comprendre des images, cela devient impossible ».

Notre triade de jeunes historiens a naturellement dépassé le stade des Dowayo, en tout cas je l’espère, mais elle est confrontée au même type de difficulté que connaissent parfaitement les sémiologues, dont c’est précisément le métier. Et se pose donc la question de savoir comment ils ont réussi à lever la difficulté.

Surtout ne faisons pas revivre la fameuse Querelle des Images (du IV au VIIe siècle), comme certains tentent de le faire, laquelle opposait les iconophiles et les iconoclastes qui se disputaient sur la nature divine ou non de l’image.

Quatrième exemple. celui d’une photographie (page 55) illustrant un article signé Jean-Pierre Chrétien, paru dans le numéro spécial n°302 d’octobre 2005 de la revue L’Histoire [4]. La légende du cliché était la suivante : « Un colon entouré de sa garde personnelle dans le comptoir de Grabo [5], au début du XXe siècle. L’image parait aujourd’hui caricaturale du maître blanc et de ses serviteurs noirs ».

Nous avons interrogé la rédaction de la revue pour nous confirmer l’exactitude de la légende, étant donné que notre interprétation était plutôt celle d’une photo de chef de poste colonial officiel, compte tenu de son uniforme et de ses galons, entouré de ses gardes-cercle. Après beaucoup de difficultés, nous avons enfin obtenu la réponse suivante : « Nous nous basons pour rédiger les légendes des images que nous publions sur les indications que nous fournissent les agences qui font le plus souvent très bien leur travail. Si celles-ci cependant sont fautives, nous n’avons malheureusement, le plus souvent, aucun moyen, de l‘anticiper ».

Dont acte, mais c’est peut être un bon exemple de la difficulté qu’il peut y avoir à donner son sens à unephotographie.

Alors, me direz-vous, vous vous êtes bien éloigné de votre sujet, et je vous répondrai que non dans l’exposé qui suit, étant donné que la thèse historique, sinon idéologique, qu’ils ont développée dans une série de livres qu’ils ont publiés s’appuie constamment sur l’interprétation qu’ils font des images coloniales, et quelquefois des discours qui les accompagnent, et rarement de leur contexte historique.

Bonneou mauvaise interprétation des images coloniales qui constituent les sources de leur discours, ce qui veut dire respect de la source ou captage de la même source ? Bonne ou mauvaise interprétation des sources écrites, lorsqu’elles ont été utilisées dans la démonstration historique ?

En avant-scène postcoloniale

Et, sur les pas du célèbre Montesquieu,
Comment peut-on être Malgache
à Paris au XXIe siècle ?

De Jérôme Harivel, Cité Universitaire Internationale, à Paris, à sa chère et tendre Vola, restée à Faravohitra, à Antatananarivo,

Octobre 2001 – Comme tu le sais, à l’occasion du match. Algérie-France, dans ce magnifique stade deFrance, (quand en aurons-nous un aussi beau dans notre belle capitale ?) une partie du public a sifflé l’hymne national des Français. Tu vois le scandale ! Je n’y étais pas, car tu connais l’amour très modéré que je porte au sport. Cela m’a beaucoup étonné, moi qui croyais que l’Algérie était indépendante depuis 1962. La France était-elle devenue, à son tour, la colonie de l’Algérie ?

Septembre 2003 –- Des amis français m’avaient convié à une soirée à la campagne, une campagne toute verte comme tu l’aimerais, près du Mans. A un moment donné, un des convives se mit à évoquer des livres récents qui traitaient de l’histoire coloniale de la France. Tu sais que les Français ne s’y intéressent pas beaucoup, mis à part la guerre d’Algérie, qui a laissé des traces profondes dans beaucoupde familles françaises.

Je ne m’estimais pas vraiment concernélorsque j’entendis ce convive parler de bain colonial, et aussitôt je fis une association d’idées avec notre grande fête du bain de la Reine, notre fandroana mais il ne s’agissait pas de cela. C’était bien dommage, car la cérémonie du bain revêtait une grande importance dans notre monarchie. Beaucoup de faste, une grande foule, le bain de Ranavalona III derrière le rideau rougela couleur sacrée, avec ce petit grain de folie religieuse qui mettait du sel dans le rituel sacré du bain, l’aspersion de la foule venue entendre le kabary de la reine et assister à son bain caché, avec l’eau qui avait servie au bain de la reine, une eau naturellement sacrée. Une lointaine parenté sans doute avec l’eau bénite, sans vouloir blasphémer le rite catholique !

Février 2005 – Un de mes bons amis malgaches m’a entraîné auForum des Images de la Ville de Paris pour assister à une des séances du festival des films coloniaux qui y avait lieu.

Deux personnes commentaient ces documents, un belge, je crois, et un universitaire africain dont j’ignorais le nom. Pour nous mettre sans doute dans l’ambiance idéologique de cette séance, le présentateur belge avait distribué une note de présentation dans laquelle il énonçait quelques fortes vérités, je cite :

« C’est au nom de la légitimité coloniale que l’on filme les femmes au torse nu… c’est la relation d’assujettissement du colonisé au colon. C’est la violence légale. naturelle de l’ordre colonial qui apparaît lorsque l’on regarde ces images… on perçoit régulièrement les signes d’un déni d’humanité accordé à l’indigène dont le filmeur (sic) d’alors n’avait pas conscience ».

On nous a projeté plusieurs films d’amateurs de qualité tout à fait inégale. L’un d’entre eux a attiré mon attention, parce qu’il avait été tourné chez nous, par un Vazaha (un Blanc) sans doute riche, car il le fallait pour disposer d’une caméra. A un moment donné, onvoyait une femme blanche assise dans un filanzana, notre fameuse chaise à porteurs. portée donc par quatre bourjanes, et le commentateur de souligner doctement, et une fois de plus, que cette image était un autre symbole du colonialisme en action.

A la fin de la projection, un Vazaha s’est levé et a pris la parole pour expliquer à la salle que tous les gens riches de Madagascar, nobles, hauts fonctionnaires militaires ou civils, marchands fortunés recouraient habituellement à ce mode de transport à une époque où il n’y avait aucune route dans l’île, et donc aucun véhicule à roues. Je me suis bien gardé d’intervenir, mais l’échange m’a bien amusé.

Que dire encore à ce sujet sur les pousse-pousse qui existent encore en Asie et sur notre belle île !

Mai 2005 – Un grand débat agite les médias et le microcosme politique, sur l’esclavage et le rôle positif de la colonisation française. Des députés, toutes tendances confondues, de droite et de gauche, ont eu la foutue bonne idée de faire reconnaître par la loi le rôle positif de la colonisation. Grand chahut chez les historiens et au sein des associations qui ont l’ambition de défendre la cause des populations immigrées. notamment de celles qui ont publié un appel d’après lequel, leurs ressortissants seraient les Indigènes de la république.

Prudence de notre côté étant donné le passé de notre grande île et de l’abolition relativement récente de notre esclavage. Certains de nos lettrés ne disent-ils pas que les descendants des andevos, nos anciens esclaves, portent encore dans leur tête leur passé d’esclave, avec la complicité des descendants de leurs anciens propriétaires d’esclaves. Nous sommes d’ailleurs bien placés à Madagascar pour savoir que la traite des esclaves s’est prolongée longtemps en Afrique de l’Est, dans l’Océan Indien, et dans le Golfe Persique, avec les traditionnels trafics arabes d’esclaves.

Je te signale d’ailleurs qu’une historienne de La Réunion prend des positions hardies dans ce difficile débat.

Je recommanderais volontiers la même prudence aux descendants des grands royaumes négriers de l’Afrique du Centre et de l’Ouest.

Novembre 2005 – En France, la mode est aujourd’hui à la repentance. Les Français adorent ça et se complaisent dans leurs défaites militaires qu’ils célèbrent avec une joie masochiste. Le président Bouteflika somme la France de se repentir, alors que la guerre d’Algérie a été un affrontement de violences des deux côtés, et que l’Algérie indépendante sort à peine d’une guerre civile cruelle.

Dans toute cette affaire, plus personne ne comprend plus rien à rien, entre ce qui relève de la mémoire et ce qui relève de l’histoire ! Je me demande si certains historiens ne s’intéressent pas plus à la mémoire qu’à l’histoire.

Octobre 2006 – Tuvois, l’Algérie est toujours au cœurdu problème français, et certains historiens ont du mal à travailler sur l’histoire coloniale sans être obsédés par l’Algérie, toujours l’Algérie, qui parait d’ailleurs de plus en plus présente en France, plus de quarante ans après son indépendance. Un politologue, d’une espèce difficile à définir, a commis un livre, ou plutôt un crime contre la raison, en énonçant le postulat qui voudrait que coloniser, c’est exterminer, et bien sûr en raisonnant sur l’Algérie. Ce politologue s’est fait ramasser dans les grandes largeurs par deux éminents historiens de l’Algérie.

Ce mois-ci, Blois a accueilli le 9ème Rendez-vous de l’Histoire. A l’occasion d’un Café Littéraire, tu te souviens du rôle des cafés dans l’histoire littéraire parisienne, un dialogue musclé s’est engagé entre le principal prosélyte d’une nouvelle histoire coloniale et l’auteur d’un livre intitulé Pour en finir avec la repentance coloniale, précisément dans le cas de l’Algérie. Le prosélyte de lui lancer : « Vous êtes un historien révisionniste, ça vous fait fliper » (sic). Je me serais bien gardé d’intervenir dans ce débat : il n’y a pas si longtemps, notre grand Amiral marxiste. dictateur et chef de l’État, aurait brandi aussi facilement ce type d’accusation.

   …..Jean Pierre Renaud
SUPERCHERIE COLONIALE Pourquoi ce livre ? Pour démontrer la vacuité, mais aussi le danger du discours que propage, depuis quelques années, au fil des livres, un collectif’ de chercheurs (Bancel, Blanchard, Lemaire), d’après lequel la France aurait été pourvue d’une culture coloniale puis impériale (1870-1962), qui déboucherait aujourd’hui sur une fracture coloniale.Avec dans la pochette surprise la découverte des nouveaux Indigènes de la République et la crise des banlieues !Stop au bourrage de crâne colonial !Mes amis m’ont dissuadé d’écrire ce livre.Ils répétaient : Ces chercheurs ne sont pas sérieux. Laisses-les à leurs bavardages ! Ce soufflé dégonflera vite ! Et comment peux-tu lire ces écritures insensées?Je suis tout à fait d’accord, mais à partir du moment où des gens sérieux prennent au sérieux ce genre d’ouvrage, avec le concours des médias, et que leur contenu, la thèse pseudo scientifique qu’ils défendent, fournit des aliments idéologiques inespérés, soit disant scientifiques, à des mouvements associatifs ou politiques, pourquoi ne pas contredire point par point, le discours qu’ils n’ont pas réussi à démontrer, quant au rôle de la presse, des livres scolaires, des expositions coloniales, des cartes postales, des affiches, et de la propagande coloniale dans la formation d’une culture coloniale ou impériale.Et pour couronner le tout, l’intervention magique d’un inconscient collectif colonial et impérial, qui imprégnerait encore en profondeur la mentalité française ! Sans en apporter la preuve !Ce livre a donc été écrit à l’intention des Français qui ont encore les oreilles et les yeux ouverts, pour qu’ils ne prennent pas les vessies de ce collectif pour des lanternes historiques. Ancien élève de l’Ecole Nationale de la France d’Outre Mer, Licencié en droit, Docteur es sciences économiques, officier de SAS en Algérie (Soummam) et ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur.  ISBN : 978-2-84367-048-0PRIX : 20 €
Jean Pierre Renault