« L’Hyperactivité » des Marcheurs

            Pour qui suit l’actualité politique de la France, la question se pose de savoir si les Marcheurs de Macron ne souffrent pas d’une forme de maladie nerveuse que les chercheurs ont analysée chez les adolescents, « l’hyperactivité » ?

            Illusion des sens explicable par le nombre des éminences ministérielles, 41, qui pour la plupart s’agitent, cherchent à faire un coup auprès des médias, épater la galerie, montrer leur binette, le tournis des ambitions et des images…

            Le gouvernement Borne compte au moins un ministre qui bat tous les records de gesticulation médiatique, un ministre qui porte bien son titre, Beaune, le ministre des « Transports ».

            Pour leur défense, reconnaissons que Macron leur a donné un exemple vibrionnant au fur et à mesure de ses deux mandats.

            Je me demande si nos ministres et  leur entourage politique ou médiatique vivent dans le même monde que les Français.

             Le pays a viré à droite toute et attend que la droite incarne et mette en œuvre tout simplement un programme concret de rétablissement de l’ordre public et de l’autorité tous azimuts.

                     Jean Pierre Renaud

JO 2024

Ouverture sur la Seine

Une Folie de plus !

Une audition publique des responsables publics et  privés : ont-ils confiance ?

Le déplacement des bouquinistes sonne, comme un symbole, le tocsin des événements  susceptibles de se produire sur la Seine en juillet 2024 !

Leur déplacement soi-disant provisoire serait nécessaire pour assurer la sécurité, quelques heures durant, de la Grande Fiesta fluviale que ses organisateurs promettent d’offrir aux spectateurs.

Est-ce que ces gens-là connaissent les innombrables risques d’attentat qu’offrent les rives de la Seine ?

Un fleuve jalonné par des lieux de pouvoir ?

Le cas des bouquinistes parait à cet égard anodin.

De nombreuses voix, autorisées, se sont déjà élevées contre cette folie dont la sécurité ne peut être assurée.

Que le Comité d’organisation soumette ce projet aux compagnies d’assurance compétentes, et qu’elles assument le risque !

Que les responsables publics- le ou les ministres, le Général commandant la Zone de Défense, les Préfets (Région, Police, Paris) et les élus concernés affirment leur confiance à l’occasion d’une audition publique !

Que le même projet fasse l’objet d’une délibération du Conseil de Paris, la Ville étant  son propre assureur, prenant en charge tous les dommages qui pourraient résulter de cette grande manifestation publique fluviale.

Jean Pierre et Marie Christine Renaud

Afrique Occidentale Française : Regards croisés des blancs et des noirs (1890-1920)

Chapitre 1

L’Afrique noire, cette inconnue !

            En 1880, véritable point de départ des conquêtes coloniales de la Troisième République, on ne sait pas beaucoup de choses sur l’Afrique noire, presque rien.

            L’ignorance de l’Afrique

Un continent immense du nord au sud (plus de 7 500 kilomètres), avec au centre, centre ouest, la grande tache désertique du Sahara que des explorateurs intrépides commencent à pénétrer, et de l’est à l’ouest (5 000 kilomètres environ) ; de grands fleuves, parmi les plus grands du monde, longs de plusieurs milliers de kilomètres, le Niger, le Nil, le Zambèze, le Congo, dont on ignorait les cours et les sources;une myriade de peuples dont on commençait seulement à connaître l’existence par le truchement des trafiquants noirs et blancs des comptoirs des côtes du golfe de Guinée ou du Mozambique, des marins en quête de nouveaux ports, et des missionnaires toujours à la recherche de nouvelles âmes à convertir

.

            Et en Afrique noire de l’ouest, encore un grand blanc sur la carte !

            Une première phase de découverte, les explorations du début du 19ème siècle

            Quelques explorations ont eu lieu à cette époque, mais l’Afrique continuait à alimenter les imaginaires les plus fous, à la suite des récits antiques qui évoquaient le fabuleux royaume du prêtre Jean. On croyait encore par exemple que la cité mythique et mystérieuse de Tombouctou était une ville riche et prospère.

            En 1805, l’explorateur anglais Mungo Park atteignait le fleuve Niger, mais mourait avant de pouvoir découvrir Tombouctou.

            En 1826, l’anglais Laing, parti de Tripoli, arrivait à Tombouctou. En 1828, le Français René Caillé, parti du golfe de Guinée, et déguisé en pauvre musulman, parvenait, après des aventures incroyables, à Tombouctou. Sa désillusion fut d’ailleurs à la mesure de ses faux espoirs.

            Les Anglais se lançaient également à la découverte du royaume de Sokoto, au nord de la Nigéria, entre le fleuve Niger et lac Tchad.

            Dans la deuxième moitié du siècle, les explorations passèrent à la vitesse supérieure, en s’inscrivant alors dans le grand mouvement d’exploration, de découverte, et de connaissance, de toutes les terres inconnues de la planète. Car l’Afrique n’était pas le seul continent à susciter la curiosité des explorateurs.

            Et ces explorations débouchèrent rapidement sur une entreprise générale de conquête coloniale de tout le continent noir par les grandes puissances occidentales de l’époque, que certains dénommèrent la course au clocher, et d’autres le scramble.

            Toutes ces initiatives furent prises à l’instigation des sociétés de géographie, des missions protestantes, anglicanes, ou catholiques, des marines nationales, et bien sûr des aventuriers en quête de bonnes affaires, avec l’implication de plus en plus forte des gouvernements d’Europe.

            En 1853, l’allemand Barth, parti de Tripoli, atteignait également Tombouctou, après avoir effectué une grande boucle à travers le Tchad et le Niger.

            Au nord et à l’est, dans les années 1865-1867, les allemands Rohlfs et Nachtigal, partant de Tripoli, traversèrent l’Afrique de la Méditerranée à l’Atlantique, en passant par le Tchad, jusqu’à Lagos, en Nigeria.

            A l’est, les anglais Burton, Speke, et Baker (1857-1865) partirent à la recherche des sources du Nil, un sujet qui alimentait de plus en plus les débats des spécialistes. Baker eut la particularité de se faire accompagner par son épouse, courageuse et intrépide, alors qu’une exploration était loin d’être, même pour un homme, une sinécure.

            A l’est encore et au sud, le célèbre pasteur et explorateur Livingstone sillonna de 1849 à 1873 l’Afrique du sud et du centre, et dans les années 1858-1864, il fut le premier explorateur à traverser toute l’Afrique du canal de Mozambique à la côte atlantique de l’Angola.

            Ces explorateurs étaient très souvent des officiers, et quelquefois des missionnaires, des médecins, ou des scientifiques. Ces hommes étaient exceptionnels, et il fallait avoir le feu sacré de la gloire ou de la découverte scientifique, pour affronter, souvent seuls, et en petit équipage, avec très peu de moyens, un monde totalement inconnu,  les maladies mortelles, et souvent la mort, alors qu’ils étaient coupés de toute relation avec le monde blanc qu’ils venaient de quitter, et n’avaient aucun espoir de recevoir un quelconque secours de la part d’autres européens. 

            La France en Afrique occidentale                      une carte

            A la même époque, on commençait à voir des explorateurs français tenter de pénétrer dans l’hinterland du Sénégal et de la côte de Guinée.

            En 1856, le chirurgien de marine Requin rendit visite au roi du Dahomey, Ghezo, à Abomey, où il fut horrifié par les sacrifices humains qui s’y pratiquaient encore.

            Dans les années 1864 -1866, l’officier de marine Mage fut chargé par le gouverneur du Sénégal, Faidherbe, d’entrer en contact avec Hadj El Omar, le sultan de Ségou.

            Faidherbe avait chassé ce dernier des rives du Sénégal, notamment à la bataille de Médine, en 1854, et il fut incontestablement le premier gouverneur à vouloir ouvrir, c’est-à-dire conquérir par la force des armes, l’hinterland de la côte du Sénégal,  et atteindre le fleuve Niger, son véritable objectif.

Faidherbe a sans doute été un des premiers, sinon le premier, à entrevoir la navigation de canonnières françaises sur le Niger, devenue une réalité dans les années 1885, avec Gallieni.

            Faidherbe inaugura la méthode de pénétration militaire et civile des troupes coloniales françaises,  en contrôlant la navigation du fleuve Sénégal et en l’appuyant par la mise en œuvre des fameuses « colonnes » militaires, sortes de forteresses ambulantes, qui connurent leur heure de gloire en Afrique et en Asie. Par le moyen combiné de la marine et des colonnes, il chassa du fleuve et de la côte sénégalaise les tribus maures récalcitrantes, et permit aux troupes coloniales d’établir, en limite du Haut Sénégal, le nouveau poste de Kayes, dans la proximité de Médine, future base de départ de la conquête française du bassin du Niger.

             Alors que les Français Ravenel (1846) et Pascal (1859), n’avaient pas réussi à atteindre le Niger, Mage réussit à atteindre le fleuve et arriva à Ségou, mais il fut retenu en semi-captivité par le fils d’Hadj El Omar, Ahmadou, pendant plus de deux ans.

            Le lecteur sera sans doute intéressé par les moyens dont disposait Mage pour se rendre à Ségou, dix laptots de marine, une charrette, douze ânes et un canot. Il n’y avait pas là de quoi faire une grande impression sur ses hôtes africains ! Notez qu’il n’y avait dans cette Afrique de l’ouest d’alors ni charrette, ni piste carrossable.

            Et on aurait tort d’imaginer que dans cette première phase d’exploration, la France fit seulement appel à la stratégie des fameuses « colonnes » qui sillonnèrent bientôt l’Afrique, avec leurs centaines ou milliers de soldats, européens et surtout tirailleurs, leurs fusils à tir rapide et leurs canons.

            Au fur et à mesure de la conquête de l’Afrique de l’ouest, l’effectif de ces colonnes prit des proportions gigantesques, notamment celles qui combattirent les sofas de Samory, dans les années 1890, plusieurs milliers de soldats, tirailleurs, accompagnés de leurs épouses, et porteurs. Elles s’étiraient sur plusieurs kilomètres et ressemblaient sans doute beaucoup aux armées de l’Antiquité.

                        En 1880, Gallieni, auquel le gouverneur Brière de l’Isle avait confié le même genre de mission d’information et de négociation, que celle de Mage, auprès du même sultan Ahmadou, connut la même mésaventure. Il fut consigné pendant presque une année à Nango.

            L’historien Michel notait à juste titre, qu’en 1877, lorsque Gallieni fut affecté, pour la première fois, à Saint Louis du Sénégal, il ignorait tout de l’Afrique, comme tous ses condisciples de Saint Cyr.

            Cette première mission de Gallieni disposait de moyens militaires réduits, mais elle se situait déjà à mi-chemin entre l’exploration et la conquête militaire. Gallieni n’eut de cesse ensuite, au fur et à mesure de la pénétration française vers le Niger, par le Haut Sénégal, de lancer des missions de reconnaissance et d’exploration vers le haut Niger et vers le Fouta Djalon.

            C’est dans cette ligne d’exploration et de conquête, qu’en 1886, le capitaine Péroz, fut envoyé en mission auprès de l’almamy Samory pour le convaincre de signer un traité de protectorat avec la France. A cette date, les Français ne savaient pas grand-chose sur l’histoire de cet empire, ses contours géographiques, et son organisation militaire et civile. Péroz revint de sa mission avec une mine d’informations sur l’Empire de Samory.

            Il avait rejoint la capitale de cet empire, Bissandougou avec des moyens modestes de représentation militaire et diplomatique : un lieutenant adjoint, Plat, un médecin de marine, Fras, un interprète, un cuisinier, et une petite escorte militaire composée de cinq spahis à cheval et de huit tirailleurs. Cinq chevaux, cinq mulets, et quarante huit ânes constituaient les moyens de transport du personnel et du matériel.

            Le lecteur aura noté la présence d’un médecin de marine, et celle-ci était capitale à cette époque. Chaque fois que cela était possible, il n’y avait pas de mission ou de colonne sans la présence des médecins de marine, tant les maladies et les épidémies étaient fréquentes, et les taux de mortalité des européens élevés, et très élevés.

            La composition de la mission du capitaine Binger était encore plus légère, mais il ne s’agissait pas d’une mission « diplomatique ».

            Dans les années 1887-1889, Binger traversa toute l’Afrique de l’ouest, de Saint Louis à Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, en passant par Bamako. Quand il quitta Médine, qu’il n’était possible d’atteindre qu’en empruntant les chalands du fleuve Sénégal, à neuf cents kilomètres environ de Saint Louis, Binger était le seul blanc de la mission. Il avait dix âniers non armés, un cuisinier, un palefrenier, et un interprète : ces trois derniers seulement étaient armés. La composition de sa mission ne changea guère, au fur et à mesure de ses aventures,  et lorsqu’il atteint enfin le nord de la Côte d’Ivoire, il fit son entrée à Kong, monté sur un bœuf porteur.

            Binger avait rencontré l’almamy Samory, alors qu’il faisait le siège du tata de Sikasso, la forteresse de son ennemi, le roi Tiéba, siège qui se conclut par un échec.

            Binger parcourut 4 000 kilomètres en 21 mois.

            Il n’est pas superflu de s’arrêter quelques instants sur deux éléments capitaux des explorations et des opérations de cette époque,  les maladies et le temps.

            Les maladies – Dysenteries, hématuries bilieuses, paludisme et fièvre jaune étaient celles que les Européens devaient affronter. Dans les années 1880, la mortalité des européens était d’environ 50%.La fièvre jaune sévissait souvent au Sénégal. Entre 1880 et 1886, deux gouverneurs, de Lanneau et Servatius, y sont morts au bout de quelques mois de séjour.  

            Le temps –  il en fallait beaucoup aux explorateurs pour accomplir leur mission : en pirogue, à cheval, sur un mulet, un âne, ou un boeuf, mais le plus souvent à pied ; les étapes n’étaient jamais longues et le parcours souvent interrompu par des imprévus ou des haltes imposées par certains chefs africains.

            Dans les années 1890-1892, le capitaine Monteil parcourut l’Afrique de Saint Louis à Tripoli. Il était accompagné par un deuxième blanc, l’adjudant Badaire. Son escorte fut également réduite : il quitta Ségou, sur le fleuve Niger, avec deux interprètes, trois porteurs, un cuisinier, deux domestiques, dix hommes d’escorte armés, accompagnés de dix ânes et de dix bœufs.

     Sans tirer un coup de feu, il parcourut 7 000 kilomètres avant de rejoindre le Fezzan et Tripoli, après être passé par le Sokoto, à l’est du Niger, et le Bornou, près du lac Tchad.

            Monteil mit deux années complètes pour accomplir ce périple et dut attendre quatre mois pour pouvoir se joindre à une caravane qui traversait le désert.

            Nous serions tentés de dire que le temps ne comptait pas, et que seul le résultat de l’exploration comptait.

            Les exemples ci-dessus donnent déjà une idée des distances et des obstacles que les explorateurs et les chefs de mission devaient franchir, avant d’atteindre leurs objectifs.

            La situation évolua au fur et à mesure des progrès réalisés par la conquête militaire, compte tenu des voies de communication créées, des moyens de transport utilisés, et des technologies de transmission de la parole par voie optique et télégraphique disponibles.

            En 1852, Faidherbe mit deux mois pour rejoindre Saint Louis à partir de Bordeaux, alors que trente ans plus tard, il ne fallait plus que dix jours pour effectuer le même voyage.

            Plus de 1 400 kilomètres séparaient Saint Louis de Bamako, et le premier trajet de 900 kilomètres de Saint Louis à Kayes s’effectuait par chaland, quand la saison des pluies le permettait, puis à pied, jusqu’à Bamako,  à raison d’un déplacement quotidien de 15 à 20 kilomètres, sur le fleuve ou dans la brousse ; un délai de 70 à 90 jours était donc nécessaire pour y arriver. Pour atteindre Tombouctou, plus de 900 kilomètres plus loin, il fallait encore 45 jours à pied ou en pirogue, mais surtout en pirogue.

            Une France coloniale raciste ?

            Une partie de l’élite culturelle et politique française adhérait à la thèse de certains anthropologues, d’après laquelle il aurait existé sur la planète une race supérieure, la race blanche, et des races inférieures, dont la race noire. Sans vouloir déplacer le débat, pourquoi ne pas mentionner tout d’abord que ce type de préjugé racial n’était pas propre aux blancs, et que les Chinois le partageaient largement à la même époque, estimant que les blancs étaient des barbares.

            Mais revenons au territoire français, et plus particulièrement à l’élite politique, celle qui occupait la Chambre des Députés en 1885, car le débat qui anima la Chambre, le 30 mars 1885, après ce qu’on appelé la retraite de Lang Son, et qui opposa deux de ses grands leaders politiques, Jules Ferry, Président du Conseil sortant, et Clemenceau, parait assez bien représenter les opinions des parlementaires d’alors.

            Un petit mot sur Lang Son, ce qui devint l’affaire de la retraite de Lang Son, ne fut pas une défaite des troupes coloniales, mais fut interprétée de cette façon, en raison d’un grand cafouillage dans les communications militaires et politiques entre Hanoï et Paris, et au moins autant, le résultat de la méthode de gouvernement de Jules Ferry qui négociait en secret avec la Chine, sans en informer son propre gouvernement et la Chambre des Députés.

            A l’issue de ce débat, une première motion, pour ou contre le vote des 200 millions de francs supplémentaires (de l’ordre de 800 millions d’euros) demandés par Jules Ferry pour la conquête du Tonkin, recueillit 306 voix, contre, et 149,  pour, d’où la démission de Ferry.

            Une deuxième motion du parti radical présentée par Clemenceau, demandant la mise en accusation de Ferry, fut rejetée par 287 voix contre 152.

            Indiquons au lecteur que c’était une majorité républicaine de gauche qui soutenait la politique de conquête de Jules Ferry, alors que la droite avait les yeux fixés sur la ligne bleue des Vosges, et que Clemenceau animait le courant radical de la gauche, .opposé à la politique des conquêtes coloniales.

            Le discours raciste de Jules Ferry

            Au cours de ces séances mémorables, Jules Ferry développa un discours incontestablement colonialiste, comme nous le qualifierions nous de nos jours, mais le mot n’existait pas encore, incontestablement raciste aussi, mais avec la bonne conscience  d’une partie des élites politiques, économiques ou religieuses de l’époque.

            Ferry plaçait sa politique au niveau d’une grande nation, et justifiait sa politique, en plaidant d’abord pour la création de débouchés au profit de l’industrie nationale, mais en faisant valoir ensuite un deuxième argument :

            « Il y a un second point que je dois aborder… c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question… Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu’il y a pour elles un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »

La réponse humaniste de Clemenceau

            En réponse, Clemenceau déclarait :

            « On vient de nous dire pourquoi ! En effet, c’est la première fois, après l’expérience d’une politique coloniale qui a duré quatre ans, que l’auteur responsable de cette politique se présente à la tribune et esquisse à grands traits les lignes maîtresses de cette politique…. Le pays n’a pas été consulté. On lui a systématiquement caché la vérité…

            Il nous a dit : la puissance économique suit la puissance politique…

            Clemenceau rappelait alors le propos de Jules Ferry sur la mission civilisatrice de la France :

            «  Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un  devoir de civilisation. Voilà en propres termes la thèse de M.Ferry ; et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures, races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs. Race inférieure les Hindous ! Avec cette grande civilisation qui se perd dans la nuit des temps ! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons encore aujourd’hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ! Avec cette civilisation dont les origines sont inconnues et qui parait avoir été poussée tout d’abord jusqu’à ses extrêmes limites. Inférieur Confucius ! En vérité, aujourd’hui même, permettez moi de dire que, quand les diplomates chinois sont aux prises avec certains diplomates européens… (rires et applaudissements sur plusieurs bancs), ils font bonne figure, et que, si l’on veut consulter les annales diplomatiques de certains peuples, on y peut voir des documents qui prouvent assurément que la race jaune, au point de vue de l’entente des affaires, de la bonne conduite d’opérations infiniment délicates, n’est en rien inférieure à ceux qui se hâtent trop de proclamer leur supériorité…

            Non, il n’y a pas de droit de nations dites supérieures contre les nations inférieures, il y a la lutte pour la vie… La conquête que vous préconisez, c’est  l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires, pour s’approprier l’homme, le torturer ; en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit : c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence l’hypocrisie ! (Très bien ! Très bien ! A l’extrême gauche ! »

            Une citation un peu longue sans doute, mais qui en valait la peine, car elle montre bien que le racisme des races supérieures était mis en cause par un homme politique aussi brillant que Clemenceau, et son analyse partagée par un député sur trois, proportion non négligeable dans l’ambiance coloniale forcenée des débuts de la Troisième République.

            Compte tenu des différents facteurs qui intervenaient dans un vote de la Chambre, il serait imprudent d’en tirer la conséquence que deux députés sur trois étaient racistes, et encore moins que deux Français sur trois l’étaient également. Seul un travail approfondi et statistique d’analyse des contenus de la presse nationale et locale, qui faisait alors jeu égal avec cette dernière, pourrait nous éclairer à ce sujet.

            Comme l’écrivait Henri Brunschwig dans son livre « Noirs et Blancs dans l’Afrique Noire Française », il existait une typologie assez classique des noirs qui ne les classait pas dans les catégories de races considérées comme supérieures. Nous y reviendrons dans le chapitre suivant.

            Le blanc, cet inconnu des noirs

            Et pour bien marquer les limites des échanges qui existaient entre blancs et noirs, la plupart des récits de l’époque relèvent à maintes reprises que lors de leur passage dans telle ou telle région, ou dans tel ou tel village, c’était la première fois que les noirs voyaient des blancs : en 1880, Gallieni à Badoumbé :

             « Ils voyaient des blancs pour la première fois ».

            Dans les années 1887-1889, Binger, en route vers Bobo Dioulasso, chez les Tiefos :

            « Personne n’a vu de blanc dans ce pays »

            Enfin, en 1891, enfin, Péroz, en chemin vers Sikasso, siège de l’empire du roi Tiéba, sur la rive droite du Niger, notait que beaucoup des villages où il passait n’avaient jamais vu de blanc.

             Les premiers contacts étaient donc rares et ils suscitèrent, comme nous le verrons, une très grande curiosité de la part des noirs.

Mungo Park, un des premiers regards blancs sur les noirs

« Voyage dans l’intérieur de l’Afrique »

(1795-1796)

            A la fin du dix-huitième siècle, Mungo Park fut un des premiers explorateurs blancs de l’Afrique Occidentale à écrire et à publier le récit des explorations qui le conduisirent jusqu’au fleuve Niger.

            Nous proposons aux lecteurs un court extrait des observations que faisait Mungo Park sur la curiosité que son passage chez les Maures du Kaarta, provoquait, mais en faisant remarquer que de très nombreux récits d’explorateurs ou d’officiers soulignent au contraire, selon les lieux et les époques une tradition généralisée d’hospitalité :

« Lorsque je fus dans ma cabane, les Maures s’assemblèrent en foule pour me contempler. Leur curiosité était extrêmement incommode. Il fallait me déchausser pour leur montrer mes pieds. J’étais même obligé d’ôter ma veste et mon gilet, afin de leur faire voir comment je m’habillais er me déshabillais. Ils ne pouvaient des masser d’admirer l’invention des boutons ; et depuis midi jusqu’au soir je ne fis autre chose qu’ôter de remettre mes habits, les boutonner et les déboutonner, car ceux qui avaient déjà vu ces merveilles, insistaient pour que leurs amis jouissent du même plaisir…

Pendant la nuit, les Maures tinrent continuellement des sentinelles à ma porte. Ils entraient même de temps en temps dans ma cabane …

            Le 1er mars, la multitude revint dans ma cabane, et je fus tout aussi tracassé, tout aussi insulté que la veille. Les enfants se rassemblèrent pour battre le cochon, et les hommes et les femmes pour tourmenter le chrétien… » (page 1, La Découverte–)

    Jean Pierre Renaud                        Tous droits réservés

12 novembre 2023

« Antisémitisme : la France qui dit non »

Le Figaro du 13 novembre 2023

« Une France rassemblée »

Le Président du Sénat Gérard Larcher et la Présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet

Un Grand Absent, Emmanuel Macron, Président de la République Française

Deux questions :    

1  – L’Elysée : « Faire séparatisme » ?

  En « démarque » d’une expression étrange du  Président « Faire Nation » alors qu’il invoque à tout bout de champ notre nation !

2 –  L’illusion d’un homme politique qui se prend pour l’arbitre européen d’une Europe inexistante !

La politique étrangère de Macron en Zigs-Zags » !

Va comprendre !

Il manque à ce nouveau roi un «  Fou du Roi » qui oserait dire : « Emmanuel, Emmanuel, n’oublies pas ce que tu as dit, et réfléchis à ce que tu vas dire !

 Jean Pierre Renaud

ATOS, LE TROU NOIR de la Stratégie des Start-UP macroniennes ? Pourquoi ?

            ATOS, l’une des perles industrielles du numérique national fait la une de la presse spécialisée : en quelques années, le capital de cette belle société a fondu comme neige au soleil, alors qu’elle semblait avoir  tous les atouts pour prospérer et jouer  un rôle stratégique majeur dans la panoplie de nos entreprises informatiques numériques, celles que chérit précisément Macron.

            Les Start Up chères à Macron !

            Breton, aujourd’hui Commissaire Européen en fut son Président il y a quelques années.

            Grâce à cette société, la France disposait d’un cœur de réacteur numérique à nul autre pareil, sans avoir besoin de dépenser  des milliards pour lancer des start-up nouvelles.

            L’ancien Premier Ministre de Macron Philippe y fit un tour et disparut de la circulation.

            L’attitude des gouvernements Macron, depuis 2017, est sujette à soupçons, alors que les  autorités publiques disposent d’une palette de moyens juridiques ou financiers pour conserver cette société dans le giron de la France, jusqu’à une nationalisation partielle.

            Au fil des années, le capital d’ATOS  a fondu, a nourri la spéculation, sans réaction gouvernementale : une passivité coupable de la Star-Up Macron !

                       Jean Pierre Renaud

2017-2023, deux quinquennats au fil de l’eau présidentielle…

Aujourd’hui l’immigration !

La Gouvernance Macron !

Ou je continue à botter en touche !

Je continue à passer à côté : ma méthode de gouvernement (les Gilets jaunes… le Grand Débat National…les émeutes de juillet 2023…je gagne du temps (ou je le crois…) mais pas la France !

Référendum ou pas ? J’amuse la galerie !

En toile de fond, les One Man Show continus, en français ou en anglais…

Une vocation européenne avec rien de concret : un Président amoureux de l’Etranger, mais en oubliant souvent l’Union Européenne.

Pourquoi n’a-t-il pas lancé le projet d’une nouvelle Union à géométrie variable, en allant successivement  dans tous les Etats défendre ce projet de survie et de puissance Européenne ?

Silence assourdissant de l’Union  dans cette nouvelle guerre d’Israël et de Palestine !

La démocratie tirée au sort, la Française des Jeux macroniens !

Macron rejoue le même jeu avec l’immigration !

Avec Macron, la France continue à être la « maison de passe » de l’étranger.

C’est l’Algérie qui bat tous les records des flux enregistrés ou clandestins… depuis 1968 !

Le Président du Jour prend décidément les Français pour des cons !

Jean Pierre et  Marie Christine Renaud

« Cryptos : après l’euphorie, le désenchantement »

Le Figaro économie  du 3 novembre 2023

Première Page et Pages 22 et 23

« Un an après l’effondrement de la plateforme FTX, le secteur peine à se relever »

Page 23 « Malgré le rebond, des épargnants toujours frileux »

Le jour suivant, toujours en première page du même journal, en encadré en haut de page :

« Procès FTX Sam Bankman-Fried le Bernard Madoff des cryptos »

En 2012 (15/O9/12), j’avais appelé l’attention des lecteurs sur le danger des cryptos monnaies.

Tout au long des années 2021, 2022, j’ai continué à appeler l’attention des lecteurs sur le même danger, et mis en cause  la passivité des banques centrales, y compris de la Banque de France.

Son Gouverneur ne s’était-il pas contenté de déclarer « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel »

J’ai cité le titre de la chronique de la page 23 :

Est-il possible d’écrire « des épargnants », alors qu’il s’agit tout  simplement de spéculateurs ?

 Le 15 novembre 2022, j’écrivais «  Les crypto monnaies s’écroulent… Comme prévu ! »

C’est à se demander si nos gouvernants ont un brin de culture économique et financière historique !

Ont-ils jamais entendu parler de la loi de Gresham (1519-1579)  :

« Lorsque deux monnaies sont en circulation, l’une considérée comme bonne, l’autre considérée comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne. »

L’économie mondiale, à l’image de la planète, est en plein désordre, et n’a décidément pas besoin de voir les autorités politiques et monétaires ajouter à la grave crise de confiance qui les agite !

Jean Pierre Renaud

 2 Pièces jointes déjà publiées

1 – Le Bitcoin, la monnaie de toutes les spéculations et de toutes les malversations !

Attention à notre confiance dans nos monnaies !

            Depuis l’éclosion de cette fausse monnaie, la passivité des banques centrales du monde est pour le moins surprenante, et pour tout dire irresponsable.

            Cherchent-elles à nourrir toutes les spéculations malhonnêtes, à prêter la main aux transferts d’argent sale, ou pire encore à arrondir leur tiroir-caisse ? Qui sait ?

            On nous apprenait lors de nos études économiques et financières de licence et de doctorat à tirer les leçons de la loi de Gresham, cette loi  du 16ème siècle, dont la devise était « La mauvaise monnaie chasse la bonne ».

            Cette loi aurait-elle été jetée aux orties ?

            Le 9 mars 2021, Le Figaro Economie a publié une série de chroniques sur le sujet, sous les titres «  Le bitcoin menace-t-il la stabilité financière ? » en première page, et en pages 2 et 3 « La vogue du bitcoin met les autorités financières sur le qui-vive ».

            Le jugement du Gouverneur de la Banque de France – mais à quoi sert-elle avec l’euro ? – est consternant «  Un enseignement de l’histoire des placements depuis des siècles : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ».

La Banque de France est elle-même passée au « Vert » ?

            Qu’attend la Banque Centrale Européenne pour interdire cette fausse monnaie ?

            Jean Pierre Renaud

2 – L’Economie Française en pleine dérive démagogique !

  1. Peut-on faire crédit à la Banque de France et à la BCE ?  Avec un bitcoin en déroute ?

A quoi sert-elle ?

Dans le Figaro Economie du 23 juin 2022, pages 22 et 23 :

« Dette : l’avertissement  de la Banque de France » (page 22)

« Il serait illusoire de penser que notre dette est encore sans coût et sans limites » (page 23)

  1. Est-il possible de rappeler que l’institution, pour ne pas dire, le Gouverneur, fut moins regardante avec les chèques du président ?
  2. Autre question non évoquée, le krach du bitcoin pour lequel le Gouverneur a fait preuve d’une mansuétude toute évangélique…

Autre signal !

4 – « La dette s’envole et approche les 3 000 milliards »

« Au premier trimestre, elle  a progressé de 90 milliards et représente 114,5% du PIB »

Le Figaro Economie des 25 et 26 juin 2022

Jean Pierre Renaud

« Le PIEGE AFRICAIN DE MACRON »

Antoine Glaser Pascal Airault

2021

Quelques notes de lecture avant la fin

Il y bien longtemps que j’ai quitté les rivages de l’Afrique, alors que la politique française africaine me paraissait de plus en plus incompréhensible.

La lecture de ce livre très bien documenté explique de façon très détaillée la « machinerie » africaine de Macron, une tentative de mettre en place une « business Africa France ».

Les initiatives de ce Président enlèvent tout crédit à notre Ministère des Affaires  Etrangères en le doublant par une agence publique, l’AFD dirigée par un homme choisi par Macron disposant d’un joli budget en milliards.

Out le Quai d’Orsay !

Pour recourir à la langue anglaise des business men et women !

Macron tente de rééditer ce qui a fait, il y a longtemps, la réussite de l’impérialisme britannique : ce n’est sans doute pas le fait du hasard s’il a effectué son  stage de l’ENA à Lagos, en Nigéria, qui fut un des terrains de jeu  de l’impérialisme anglais, lequel veillait à faire avant toute chose, de la « Money ».

Le livre montre bien les réalités du monde africain du jour, à la fois une dynamique démographique extraordinaire et le rôle des nouveaux propagandistes antifrançais, celui des « rappeurs », descendants des légendaires « griots » de l’ancienne Afrique, alors que l’immense majorité de la population ne connaissait pas l’écriture.

Une des raisons de nos échecs dans cette Afrique nouvelle  est notre incapacité à développer une contre-propagande française adaptée, du fait notamment de la puissance de groupes de pression qui développent chez nous une histoire « repentante » et bien sûr « coupable ».

Débarquant en Afrique noire dans les années 1960-1970, un jeune Français découvrait le rôle de la parole, du verbe africain « à nul autre pareil ».

A la Maison de la France d’Outre-Mer, les étudiants africains aimaient discourir pendant des heures et des heures en développant une argumentation très largement imprégnée de marxisme.

Un des problèmes de Macron, c’est qu’il se prend  pour un grand Manitou Dakota ou Sioux !

                      Jean Pierre Renaud

La Cinquième République de Macron !

On parle, on parle, on fait  du cinéma, mais on ne prend pas de décisions !

A la mi-journée, on voyait Darmanin sur les écrans « jouer » une conférence de presse sur le l’assassinat d’Arras : question ?

Un ministre de l’Intérieur doit-il occuper chaque jour les écrans au lieu de prendre toutes les décisions de sécurité qu’attendent les Français, le maintien de l’ordre de la République ?

Et de s’assurer que les forces de l’ordre sont en bonne santé !

Les Français qui connaissent  encore notre histoire savent que la République est en danger, ça n’est pas la maison qui flambe (Chirac en 2002), mais la France qui flambe.

Année après année, pour  toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises, les flux d’immigration continuent et même augmentent : 500 000 à 1.000. 000 de personnes avec les autorisés et les centaines de milliers de clandestins « appâtés » par ce pays des droits de l’homme et du business caritatif animé par les organisations humanitaires et le lobby des avocats. On en a besoin partout pour toutes les procédures qui  protègent les étrangers et non les Français : le scandale des droits d’asile, des mineurs étrangers que l’Afrique, prodigue en enfants, nous envoie gentiment.

Et les gangs de passeurs !

Au cours de mes études, la Suède avait bonne réputation de mère protectrice des étrangers.

La Suède a bien changé et lutte aujourd’hui contre des gangs de jeunes issus de l’immigration.

Parmi les nombreuses maladies qui affectent la santé de notre pays, la France, trois au moins, vont tuer la République Française, l’humanitarisme, le juridisme, l’inversion de  notre état de droit au profit des criminels et des salauds !

Jean Pierre et Marie Christine Renaud

Lire Article du 17/10/23 La République de Macron, on parle, on parle… La France qui flambe…

La politique africaine de la France

Les questions qu’on ne pose pas !

Depuis la chute de l’URSS en 1989, le monde a changé, mais la politique africaine n’a pas vraiment changé !

Les Présidents de la République qui se sont succédé ont conservé les réflexes du Pré Carré !

La leçon, moins on s’en mêle, mieux cela vaut !

Les échecs successifs des Présidents Hollande et Macron au Sahel, le Mali, et récemment, en cascade, le Burkina Fasso, le Niger, et le Gabon !

            Quelques années auparavant, avec le même aveuglement,  Sarkozy était intervenu en Lybie, intervention dont les conséquences désastreuses sont encore la déstabilisation de la Lybie et du Sahel.

            La sagesse de Messmer ! Si on l’avait écouté…

( sauf dans le cas des Harkis abandonnés aux mains du FLN à la fin de la guerre d’Algérie en 1962 ! )

            Son  livre « Les blancs s’en vont » (1998) est truffé d’exemples et de bons conseils sur les relations que la France pouvait entretenir avec les anciennes colonies d’Afrique noire devenues indépendantes en 1962.

            Mon vieil ami, Michel Auchère, qui fit une carrière diplomatique en Asie et en Afrique noire m’avait offert ce livre en 1999. Nous étions sortis de la même école que Messmer,  l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer, une école au service de l’Afrique.

« Gendarme blanc en Afrique noire » (page 251)

« … Pendant trente – cinq ans, avec une remarquable continuité depuis de Gaulle, jusqu’à Chirac…. La France  a maintenu des forces armées en Afrique, avec le consentement des gouvernements africains concernés.

Est-ce utile ?

Est-ce que sera longtemps encore possible

Le maintien de la stabilité politique, intérieure et extérieure, des Etats africains est la raison reconnue de notre présence militaire ; ceux qui en dénoncent le conservatisme ferment les yeux sur le plus grave danger  qui menace l’Afrique, l’anarchie. La Somalie, le Libéria, le Sierra Leone ont été ou sont encore livrés à des bandes bien armées qui ne savent que piller et massacrer… » 

                                                                                                                                       Le grand Zaïre, naturellement riche, a été au bord de la décomposition ; de plus en plus, l’autorité est corrompue, affaiblie, contestée.

Cette crise n’est pas l’effet du hasard mais de l’histoire. Pendant des siècles, l’Afrique n’a connu que deux pouvoirs : toujours la tribu (sédentaire ou nomade) et parfois l’empire. Le gouvernement des campements et des villages était organisé à partir de liens familiaux, dans une langue et une culture communes. Les empires noirs – Ghana, Mali, Sonrhaï, Mossi, Haoussa, pour se limiter à l’Afrique de l’Ouest – établissaient sur les peuples vaincus, après la conquête et son cortège de ruines et de malheurs des sortes de protectorats aux pouvoirs mal définis et aux limites géographiques incertaines qui se défaisaient plus ou moins sous un choc extérieur ou par des révoltes intérieures. Si les empires coloniaux français, anglais, belge, portugais ont pu s’établir facilement dans toute l’Afrique noire, à la fin du XIX° siècle, ce n’est pas seulement comme l’ont souligné les historiens, parce qu’ils ont trouvé devant eux le vide politique, c’est parce que l’empire est une  forme traditionnelle de pouvoir tolérée par les sociétés négro-africaines.

Les Etats-nations créés par l’indépendance à l’image de ce qui existe en France et en Europe sont étrangers à la culture politique africaine. Il ne faut donc pas s’étonner si des dérapages ont lieu, malgré l’aide et la coopération des anciens colonisateurs…

Par leur action ou par leur présence, les militaires français stabilisent le pouvoir en place, au risque d’être mêlé à des guerres civiles, comme ce fut le cas au Tchad, au Rwanda et en Centrafrique. L’opinion publique française acceptera-t-elle longtemps une situation aussi absurde ? Et comment l’éviter ?

La première règle est de ne jamais soutenir par nos armes un pouvoir illégitime issu de complots ou de coups de force militaires, même justifiés par l’impuissance, la corruption, la partialité des prédécesseurs…

La seconde règle est d’alléger autant que possible le nombre et les effectifs des bases et garnisons françaises en Afrique…

Désormais, les interventions réclament des moyens que les bases françaises en Afrique ne peuvent pas fournir ; le pourraient-elles que nous ne sommes pas assurés d’en disposer librement…

Dans ces affaires dangereuses et compliquées, nous devons garder les mains libres le plus possible. L’existence de bases et  de garnisons sur le sol africain est en contradiction avec cette règle de prudence et de bon sens.

Humanitaires et militaires (page 256)

… Depuis que les catastrophes politiques – guerres civiles, guerres tribales, déliquescence des armées qui éclatent et se transforment en bandes de pillards, corruption généralisée des administrations – ont ravagé des pays africains comme la Somalie, le Libéria, le Rwanda, le Burundi, le Zaïre, le Congo-Brazzaville et en menacent d’autres, la situation des organisations humanitaires a changé. .. » (p,257)

« … J’ai déjà dit qu’elle en était à mon avis, la cause profonde : incompatibilité entre action humanitaire et action militaire. Mais il faut aller plus loin et  se demander pourquoi les responsables qui connaissent et  ressentent cette contradiction n’en tiennent aucun compte dans leurs décisions. Pourquoi les gouvernements engagent-ils des forces armées, alors qu’ils n’ont aucun projet politique sérieux pour sortir de la crise dans laquelle on les sollicite d’intervenir …

Dans cette débâcle, les gouvernements sont  les principaux responsables mais les humanitaires ont leur part de responsabilité. Il faut le dire, même si cela choque. L’action humanitaire est bénéfique à court terme, mais elle peut avoir à moyen terme des conséquences défavorables : ceux qu’on voulait aider et  les organisations elles-mêmes sont alors les victimes.

Dans la Somalie ruinée par la sécheresse persistante, en pleine anarchie, livrée aux bandes rivales, quand les ONG veulent distribuer vivres et médicaments, elles ne peuvent le faire qu’avec l’accord des chefs de bande qui se font payer…

Au Rwanda, une situation différente entraina un peu plus tard des conséquences encore plus catastrophiques… Les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires fournissaient nourriture, couvertures, aide médicale distribuées par l’intermédiaire des criminels qui encadraient les réfugiés et leur interdisait de rentrer chez eux… (p,259)

Mais ils ne sont  pas, non plus seuls coupables. Les organisations humanitaires n’ont ni la vocation ni les moyens d’assurer la sécurité de grands rassemblements humains. C’est la fonction et le devoir des Etats. Encore faut-il qu’il y ait un Etat. Les problèmes des pays africains sont d’abord politiques et économiques. Les actions humanitaires ni les interventions militaires extérieures ne suffiront pas à les résoudre….

Pourquoi les humanitaires qui savaient et ont vérifié la nécessité d’agir indépendamment des gouvernements et surtout de leurs forces armées, persévèrent dans l’erreur d’analyse et la dramatisation des crises ?

D’abord, par ce qu’ils croient, en toute bonne foi, qu’ils sont indispensables à l’Afrique, qui a pourtant survécu sans eux pendant des siècles…

Il y a une autre raison : l’Afrique est nécessaire aux humanitaires. Elle les attire comme un aimant : « On a remplacé la demande par l’offre. Hier on répondait aux crises, aujourd’hui on va devant elles », constate Bony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières. Si, par miracle, l’Afrique du sud du Sahara sortait en quelques années du sous-développement, plusieurs agences des Nations Unies seraient en chômage et les organisations humanitaires non gouvernementales devraient plier bagage. Or, le premier objectif de toute administration même caritative est de persévérer dans l’être.

Vers une relève du gendarme blanc

La France a une politique africaine. On peut la critiquer mais dans tous les cas, il faut que nos interventions militaires soient cohérentes avec notre politique… Une intervention militaire n’est justifiée que s’il existe un intérêt français, moral, ou matériel, à défendre, tel que sauvetage de vies françaises, maintien de  l’équilibre dans un pays ami, aide à un allié contre une agression extérieure…

Par les Africains eux-mêmes

La bonne connaissance, par les Africains de leur terrain et de leurs « frères » ou « cousins » et leur refus – a priori légitime – d’une intervention des Blancs conduisent à une solution de bon sens : c’est aux Africains qu’il revient de décider et d’exécuter les interventions  militaires en Afrique…

Si ces interventions se multipliaient, l’Afrique entrerait dans une ère nouvelle de guerres tribales. Raison de plus pour que nous Français respections la règle d’or de n’intervenir directement qu’en cas d’absolue nécessité. »  (p,269)

Messmer concluait son livre par un chapitre intitulé « Néocolonialisme et abandon » (p,271)

Faut-il recoloniser l’Afrique ?

Politique africaine des Etats Unis (p,276)

 Politique africaine de la France : coopérer, comment et pourquoi ? (p, 281)

A l’aube du XXIème siècle (p,287)

En fin d’ouvrage (p,295), Messmer écrivait :

« Isolée du reste du monde par un immense désert, deux grands océans, l’Afrique noire est restée impénétrable jusqu’au XXème siècle. C’est alors que le choc de la culture occidentale a frappé des sociétés traditionnelles fragiles, brisant leur isolement. Les structures économiques et sociales, politiques et linguistiques ont volé en éclat, mais les Africains ont conservé leur élan vital incomparable, leur infinie capacité de souffrance, leur solidarité familiale et tribale forte et leur sentiment national faible,  leurs religions traditionnelles en déclin apparent mais imprégnant le christianisme et l’islam des nouveaux convertis. Le syncrétisme est une forme du génie africain. Pourquoi ne s’appliquerait-il pas à la politique ? Les dieux de l’Afrique ne sont pas morts. Pour survivre, ils se cachent  sous d’étranges déguisements. » (p,295)

Questions :

Fallait-il rester au Mali et y laisser un fort contingent militaire, une fois contenu le danger djihadiste au-delà de Bamako ? Rien n’est moins sûr !

Les interventions physiques et verbales du Président Macron au Mali, au Burkina-Fasso, au Gabon ou au Niger ne sont effectivement pas les bienvenues en Afrique noire, compte tenu  d’une propagande facile à développer contre la France dans une Afrique qui ignore presque tout de l’histoire coloniale, une ignorance largement partagée par beaucoup de faux « sachants » postcoloniaux.

Les déclarations télévisées du Président actuel, de soutien à l’ancien Président du Niger déchu par une junte militaire au Niger seraient à classer dans la catégorie des interventions inopportunes et hors du temps.

Jean Pierre Renaud                 Tous droits réservés