La propagande postcoloniale de Pascal Blanchard – Le Figaro du 9/04/21

La propagande postcoloniale subversive de Pascal Blanchard

Le Figaro du 9 avril 2021, pleine page 15 – Portrait

Alexandre Devecchio

« Pascal Blanchard, l’indigéniste version « cool » de Macron »

« L’entrepreneur a su séduire les élites politiques et médiatiques. Au point que le gouvernement lui a confié la mission de célébrer les personnalités de la « diversité ». Mais celui qui se présente comme historien est qualifié d’imposteur par une partie de ces derniers. »

  Dès l’année de sa création, en 2010, les lecteurs et lectrices du blog ont pu avoir l’occasion de découvrir mes appréciations sur les œuvres de ce groupe de pression idéologique et marchand animé par Pascal Blanchard, au travers d’une association ACHAC, dont il est possible de se demander quel est son statut juridique et financier.

            En 2018 (avril et mai), j’ai publié plusieurs chroniques critiques sur la propagande postcoloniale diffusée par le groupe d’études Blanchard and Co tel que je l’ai dénommé.

            J’y dénonçais ce que je qualifiais de propagande subversive telle qu’elle a été développée par la plupart des mouvements révolutionnaires de l’époque moderne.

            Je ne me suis pas contenté de survoler les écritures de ce groupe, mais j’ai été à la source du discours Blanchard, sa thèse à la Sorbonne, son rôle au cours et après le Colloque Savant de 1993 sur le thème « Images et Colonies », et naturellement la succession des livres publiés sur la Culture coloniale, puis impériale, puis sur la Fracture coloniale, des écrits que j’ai passés au peigne fin.

            Dans le livre « Supercherie coloniale » j’ai résumé en 2008 l’ensemble des critiques de fond qu’appelaient ces écrits : anachronisme, carence notoire de l’histoire quantitative, absence de mesure des vecteurs de propagande et de leurs effets – absence criante de la presse alors que la télévision n’existait pas – , analyses truffées d’enflures d’écriture et d’affirmations non fondées, ignorance de l’histoire coloniale, etc…

            Les lecteurs peuvent consulter quelques dizaines de pages de ce livre, soit sur internet, soit sur mon blog.

            Puis-je signaler qu’un grand éditeur de la place n’avait pas cru devoir donner suite à ma proposition de publication du manuscrit, du fait des interférences pouvant exister avec certaines branches de son groupe,   parties prenantes possibles  des écrits critiqués ? J’ai conservé cette lettre.

            La France se réveillerait-elle enfin pour dénoncer tous ces « bateleurs d’estrade » ( le mot de Pierre-André Taguieff ), ces faussaires, ces amateurs de fric qui sèment les graines d’une désagrégation nationale ?

            Notre devoir de citoyen est de dénoncer une Présidence de la République qui donne son label républicain à ce type d’entreprise de démolition nationale !

        Jean Pierre Renaud

Le virus prostatique de la parole politique avec M.Grégoire à Paris

A Paris, dans la capitale, Monsieur Grégoire, le Premier Adjoint de Madame Hidalgo lance l’idée d’un confinement généralisé de la capitale pendant trois semaines !

La question ne va-t-elle pas se poser de proposer des opérations prostatiques de la parole ?

Pourquoi ne pas, de préférence, confiner pendant au moins trois semaines leur parole politique, pour enfin respirer ?

Jean Pierre Renaud

Histoire ou Mémoire ? France-Algérie (1962-2021) Macron Stora

HISTOIRE ou MÉMOIRE ?

Le Figaro du 21 janvier 2021, pages 10 et 11, avec grande photo de Macron et de Stora dans les ors de la République, sous le titre:

« Macron veut réconcilier sans céder à la repentance »FRANCE – ALGÉRIE (1962 – 2021)

&

Question : est-ce que les Français ne s’en « foutent » pas ?

Témoignage d’un ancien officier SAS du contingent en Algérie avec quelques extraits de texte

Le Président s’est lancé dans une opération politique de caractère dérisoire en confiant à  Benjamin Stora une mission impossible.

Qui est Monsieur Stora, un universitaire, un historien de l’Algérie, un mémorialiste, ou plutôt l’exemple bien connu des universitaires qui défendent des positions politiques ? Un historien qui passe de l’histoire à la mémoire, et qul se l’approprie ?

Aujourd’hui, « la mémoire juste », après « la guerre des mémoires » et les « mémoires qui saignent », alors qu’il n’a jamais eu le courage avec ses nombreux amis politiques de faire procéder à une enquête sérieuse sur la mémoire collective de la colonisation et de la guerre d’Algérie !

Macron aurait dit : « regarder l’histoire en face » et en même temps « construire une mémoire inclusive ». Est-il bien sérieux de mettre dans le même sac de raisonnement mémoire et histoire ? Il conviendra de demander aux philosophes ce que signifie l’adjectif à la mode « inclusive » et de l’expliquer aux citoyens.

Une commission, des propositions, un calendrier de commémorations bien calé pour les prochaines présidentielles !

Ne prend-t-on pas les Français pour des cons ?

Pour avoir toujours respecté le peuple algérien et avoir servi la France et l’Algérie, la solution ne consiste pas à continuer à enfiler des perles politiciennes et dérisoires,

  1. Ayez le courage de proposer aux citoyens le tableau statistique de la mémoire coloniale et algérienne des Français et des Françaises, tout en espérant que le même exercice d’honnêteté puisse être effectué en Algérie, avec les mêmes exigences de méthode statistique.

Les agitateurs patentés de notre histoire ont sans doute peur de constater que les citoyens ne sont pas concernés par le sujet.

  1. d’ouvrir toutes grandes les portes de l’information sur les relations fixées par de multiples accords diplomatiques, dont certains, me semble-t-il, datent encore des Accords d’Evian.

Dernière observation : la comparaison qui a été faite entre la Corée et l’Algérie manque de pertinence historique.

J’ai fait la critique de l’analyse que Lionel Babisz proposait dans le numéro 19 Année 2012 de la revue Cipango sous le titre « Japon- Corée, France-Algérie » : voir article du blog du 20/04/2016.

La critique de fond portait sur la pertinence d’une comparaison historique entre deux cas de contextes historiques très différents.

Pourquoi pas une petite chansonnette à la mode ancienne ?

« Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en fout !

Tout le monde s’en fout ! »

&

Quelques extraits de mon témoignage

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient »

 « Guerre d’Algérie Années 1958-1959-1960 »

« Vallée de la Soummam » (p, 60)

« Le sourire hygiénique »

Année 1959

« …Guerre aseptisée, apprivoisée, empaquetée, niée et s’il n’y avait pas eu de temps en temps un cercueil revêtu du drapeau tricolore pour revenir sur la bonne terre de France, personne n’aurait cru, non personne, qu’on jouait avec la mort et la vie en Algérie.

Beaucoup de monde, beaucoup trop de monde en Algérie pour qu’il n’y en ait pas qui refusent d’aller au paradis, sans comprendre ce qui s’y passait, en dehors de ce que racontaient les gazettes

D’autant qu’avec le temps, il se trouvait de plus en plus de jeunes soldats aux yeux ouverts et aux oreilles propres.

D’autant plus que les bons petits français disposaient de l’antidote naturel à leur désir congénital de vanité et de gloire : ils s’adonnaient avec la même ferveur au plaisir masochiste de la mauvaise conscience.

D’autant plus que les intellectuels français en remettaient chaque jour une louche dans les gazettes.
       Belle et magnifique intelligentsia, abordant le problème algérien comme la peinture moderne : elle avait peur de manquer le train de l’histoire.

Les Algériens commettaient des crimes abominables et le cœur des vierges chantait la louange des terroristes angéliques. L’Armée commettait des crimes non moins abominables mais elle n’avait aucune excuse atténuante. Gorge et plumes déployées pour accuser toujours et toujours la France et encenser les rebelles, croisés des temps modernes.

Intellectuels croque-morts : l’évènement d’Algérie sorti tout armé de leur plume pour plaire à l’Histoire.

La France n’a pas perdu l’Algérie, mais notre jeunesse y a perdu son âme, ses rêves, dans un cul de sac.

La guerre d’Algérie nous a tous collé à la peau et nous colle encore à la peau : il y avait des salauds des deux côtés et des gens honnêtes dans les deux camps, mais pourquoi toujours condamner la France par avance ?

Etait-il vraiment insensé  d’imaginer amener les trois couleurs autrement qu’en laissant nos harkis et moghaznis se faire empaler et embrocher sur les places des villages ?

Ils étaient de plus en plus nombreux à goûter à la drogue du doute et à contaminer famille et amis.
       Mais avant que la grande noria tant souhaitée du retour vers la terre natale n’emporte leur contingent d’élus, que de fantasias, de nuits blanches, d’estropiés et de morts laissés sur le carreau, des deux côtés !

Ce jour-là, à l’aube d’un beau matin de Pâques, avec une mer d’huile bleutée et verte, un gros vaisseau pansu et blanc déversa sur les quais d’Alger la blanche sa cargaison habituelle de chair humaine.

Pendant toute la traversée, les petits gars du contingent s’en étaient donné à cœur- joie : les carafons de mascara n’avaient pas beaucoup de peine à chasser nausée et mal de mer, derviches tourneurs, danseuses du ventre, prémonition de gloire ou de mort, avec Sartre en prime.
      En avant toute, pour la fantasia, les nuits câlines et voluptueuses, les parfums d’oranger les plus délicats, et la mort à l’aube tout droit sortie du Petit Illustré. »

Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Année 1960

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient » (page 94)

« …Le douar reprenait une vie normale, un café maure avait rouvert, même un cinéma, les écoles avaient rouvert leurs portes. Tout semblait dire : la pacification a réussi, on pouvait la toucher du doigt….

     Juste une illusion, car le mal était fait. L’histoire avait effectivement franchi ici un pas. Elle ne reviendrait pas en arrière.
     Notre merveilleuse intelligentsia avait vu juste, mais elle avait beaucoup contribué à ce qu’il en soit ainsi.

      Le sourire hygiénique de la pacification, des hommes et femmes pacifiés, avait remplacé le sourire hygiénique du lieutenant de la SAS.

       En dépit d’une certaine paix revenue, les généraux et les colonels n’étaient pas encore rassasiés : les grandes opérations étaient toujours un pur régal. Ils rêvaient toujours des campagnes des grands chefs de guerre, les Bonaparte, Rommel, ou Mac Arthur.
        Ils rêvaient   toujours de grand-messes militaires et de pompe liturgique et ne pouvaient plus se passer du bruissement des radios, boîtes à merveilles ou boîtes à malices. Le chant des radios, de rose à noir, de rouge à bleu, de Pélican à Colombe, de Thérèse à Monique, ou de tango vert à Balto jaune, flattait toujours leurs oreilles  Sans radio, le chef était mort.

        Grandes opérations utiles ou inutiles, là n’était pas la question. Que serait devenu l’art militaire, le seul, sans ces exercices de pure esthétique ? 

        Avec un peu de chances, le colonel aurait bien quelques morts ou prisonniers du camp d’en face à faire  valoir aux journalistes et à son commandement avant la fin de la journée, de quoi organiser plus tard une belle prise d’armes.

          Le colonel espérait rentrer tôt, car il avait un dîner chez le sous-préfet. La glace tintait déjà dans les verres, la table était fleurie, les femmes jolies. Les joues de la sous-préfète rosiraient lorsque le colonel raconterait les faits d’arme de la journée.

         Les petits gars du contingent avaient une obsession plus prosaïque, la quille, le calendrier et le blanc des jours que l’on voulait voir mangé le plus vite possible par le noir du stylo. Il fallait décidemment une bonne petite guerre pour que des hommes de vingt ans veuillent biffer d’un coup deux années de leur vie.

          Et des quilles, il y en avait de toutes les sortes, la petite maigrichonne ou la   malicieuse, la quille bijou portée en collier, celle qu’on accrochait en sautoir, celle qui pendait à la ceinture… On ne pensait plus qu’à ça. Elle envahissait tout…

          Manquaient à la parade les quilles revêtues de noir de ceux qui ne reviendraient jamais d’Algérie… »

Dernier commentaire : jusque dans les années 1939-1945, la grande majorité des Français n’était pas concernée par les colonies. Depuis les années 1980-1990, les Français ont souvent découvert ce passé colonial, du fait de deux facteurs majeurs, les flux d’immigration et l’activité débordante d’une multitude d’ONG.

          Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés 

Nihil obstat – Marie Christine

Enigme ? Méthode ? Orgueil démesuré ? « Émile » du Siècle ?

« L’énigme Macron » (Le Carnet de Jacques Julliard – Le Figaro du 4 janvier 2021, page 25, une pleine page)

 « Le Président est confusionniste. Quelle marge de manœuvre ce ping-pong cérébral laisse-t-il à l’action ? »

L’auteur nous assène une leçon bien documentée sur l’analyse qu’il propose pour nous éclairer sur le « mystère Macron » :

« Plus il parle, et moins on l’entend. Plus il s’explique, et moins on le comprend. Plus le temps passe, et moins on y voit clair. « Le mystère s’épaissit » comme on dit dans les polars ».

Je me suis intéressé depuis longtemps aux stratégies, les directes et les indirectes (le livre « Chemins Obliques »), aux stratégies politiques, notamment celle de Chirac dans « La Méthode Chirac » (1997) : il est évident que celle du Président actuel fait plus qu’intriguer, compte tenu des conditions imprévues de son accession au pouvoir et de la méthode, sinon de l’étrange stratégie qu’il met en œuvre pour gouverner, s’il en existe une.

Le blog s’en est déjà fait l’écho en proposant une explication sans doute partielle, mais elle a le mérite d’être dans le goût du jour et des capacités algorithmiques de son groupe de Mormons, la stratégie politique des algorithmes, le verbe épousant successivement  le mouvement des vagues digitales de l’opinion publique.

Une interprétation crédible :

Le Président a cru, depuis le début à sa bonne étoile, mais sans doute autant à ses capacités intellectuelles et à son verbe, pour tout résoudre avec sa baguette magique et nous entrainer tous vers une France nouvelle.

Toutefois, il recourt en permanence à la méthode « du je passe à côté » de la colonne vertébrale des institutions républicaines pour s’appuyer sur la seule opinion publique, en misant sur ses Marcheurs pour donner une autre colonne vertébrale au pays : seul problème, cette autre colonne vertébrale n’existe pas. Le président continue à parler, parler, à tweeter, en court-circuitant les institutions, le Parlement, les collectivités territoriales, les corps intermédiaires, … mais il court toujours après un début d’enracinement politique dans les territoires…

Sa façon de gérer l’épidémie actuelle constitue un autre symbole de ses choix stratégiques en assumant, tout en ne les assumant pas, en renvoyant les solutions sur autant d’experts qu’il faut pour diluer ses propres responsabilités.

Aujourd’hui et faute de jouer le jeu démocratique des collectivités territoriales, il fait porter la responsabilité sur l’administration, la bureaucratie centrale…

Il invente donc des expédients pseudo-démocratiques : le Grand Débat, le Loto des conventions citoyennes tirées au sort, celle du « climat » ou de la « vaccination » qu’il accroche à l’une des institutions les moins représentatives du pays, le Conseil Économique Social et Environnemental.

Il n’est pas besoin d’être initié pour savoir que cette assemblée est composée de membres éminents désignés le plus souvent par les organisations professionnelles à titre de sinécures…

Ces expédients confinent à l’absurde dans la mesure où par exemple certains des membres de la Convention Climat revendiquent un « statut citoyen ».

 Pas de problème puisque je suis le meilleur ! Et donc que j’ai les capacités pour asseoir mon pouvoir de façon indirecte, en inventant une démocratie représentative bidon ! Le tirage au sort démocratique, il faut le faire !

Je me rallierais donc volontiers au commentaire qui figure en  marge de la longue tribune Julliard, un commentaire qui contient toute une gamme d’interprétations subtiles du type « psy » :

« Le quinquennat d’Emmanuel Macron fait songer à ce que les Allemands appellent « Bildungsroman », c’est-à-dire un roman d’éducation, analyse l’historien et essayiste que nos lecteurs retrouvent chaque premier lundi du mois. »

Son séjour à Élysée l’aiderait donc à poursuivre une éducation, sans doute trop protégée ?

Ne sommes-nous pas revenus en définitive au siècle de Jean Jacques Rousseau avec son Émile ?

Le 29 janvier 2020, mon vieil ami Auchère m’avait fait parvenir une photo parue dans Der Spiegel du 18 janvier 2020 : une photo de Macron à son bureau, en train de lire un document avec Brigitte debout derrière lui, à sa droite, la main sur son épaule, avec pour titre :

« Staatsoberhaupt Macron, Ehefrau Brigitte im Elysée : Die arroganten kleinen Sätze hängen ihm bis heute nach »

Avec son commentaire : «  Ce n’est pas Jupiter, c’est une professeure (aux grands pieds) avec son élève favori »

Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

Imprimatur du 8/01/21

Les Défis de la France de 2021 ?

 Au cours des vingt et trente dernières années, la France a changé en profondeur parce qu’elle a ouvert ses frontières à tous les vents sur le plan économique, mais tout autant sur les plans démographique et culturel.

            Chaque jour, les faux savants, les demi-savants, mais avant tout les ignorants, et très souvent les demi-habiles ou les cupides d’argent ou de notoriété, nous rabattent les oreilles de dé ou de post colonial, du dernier woke de service venu des Etats Unis, ou encore de diversité, reine de la terre et des cieux…Leur ambition à tous est de clouer notre pays au pilori pour mieux asseoir leurs fausses puissances.

            Trop, c’est trop, et cela suffit ! Arrêtez vos conneries ! Revenez sur le terrain, le terrain de la France et du bon sens !

            Je fais partie des Français qui ont incarné la diversité dans les années 60, ce qui était plutôt rare en France, dans une France qui ignorait quartiers sensibles, manifs pseudo-religieuses, propagande musulmane s’insinuant dans toutes les fentes de la culture, de la politique, et de la société.

            Je puis témoigner du bon accueil que ma famille fit à une jeune femme venue de la Grande Ile, alors qu’il n’en fut pas de même pour moi sur ses plateaux d’origine. J’eus l’occasion de recueillir le même type de témoignage au cours des années suivantes auprès de parents ou d’amis.

            On ne peut pas dire que dans ce pays, les relations humaines étaient radieuses entre ses communautés, notamment entre celles des plateaux et celles des côtes, sans évoquer les andevo, les anciens esclaves, pas plus qu’elles ne l’étaient au Togo, entre le Nord et le Sud, ou encore entre douars, et même entre clans en Algérie…

Deux documents récents doivent aider les Français à comprendre et  à situer les enjeux actuels et futurs de notre pays, le livre de Jérôme Fourquet « L’archipel » avec la montée en puissance incontestable de la population d’origine arabo-musulmane, et le livre de Pierre-André Taguieff « L’imposture décoloniale » avec le « postcolonial business » … plus austère.

En 2008, j’avais moi-même publié un livre sous le titre « Supercherie coloniale »

Pourquoi ne pas assaisonner enfin cette lecture avec celle de la chronique intitulée « L’Opéra de Paris rattrapé par la bataille sur la diversité » par Ariane Bavelier (Le Figaro du 31/12/2020) ?

Je publierai quelques réflexions sur cette « bataille » des ignorants et des manipulateurs, pour au moins une raison, un vrai goût pour le ballet que je découvris tardivement en raison de ma « diversité provinciale ».

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Clowneries virales de la semaine, quel concours !

Clownerie sacrée à l’Elysée ?

Le 24 novembre 2020, d’après les médias bien ou mal informés, sur la « jauge » des 30…

« A 23 h 44 mardi soir ce n’est pas un évêque irrité qui appela Mgr Eric Moulins Beaufort mais Emmanuel Macron en personne ! Promesse fut alors faite de rectifier le tir par l’adoption, d’ici à jeudi matin, d’une « jauge réaliste » qui serait annoncée par le premier ministre. « Macron expliqua qu’il aurait été mal informé de la demande spécifique des catholiques. Le comble est qu’il voulait vraiment, selon son entourage, « faire un geste » pour les cultes dont il parlait effectivement pour la première fois en dix discours depuis le début de l’épidémie. » (Le Figaro du 26/11/2020 – page 2)

Une « jauge » sacrée ?

Le grand planificateur de Pau a une explication évangélique !

« Je pense qu’il y a eu un défaut de communication dans cette affaire. J’ai entendu dire (des voix ?) que le chiffre de 30 était en rapport avec 30 % des places. »

Dieu soit loué, enfin des voix pour nous éclairer !

Clownerie servile ?

« Le prime time, un tremplin en or pour Macron »

Le 26 novembre dans le Figaro Economie, Médias et Publicité, page30

C’est-y pas mieux de parler English, pour annoncer une analyse médiatique on ne peut plus savante et euphorique sur les exploits médiatiques d’un Président ?

« Ses interventions ont battu des records d’audience et permis au chef de l’État de corriger son style

« Emmanuel Macron a opéré un hold-up sur l’Audimat. Même Mbappé, Griezmann, et Pokba n’arrivent plus à lutter. Jusqu’à présent l’équipe de france de football trustait régulièrement le palmarès des meilleures audiences télévisuelles. Mais, ça, c’était avant…

Emmanuel Macron, toujours, qui s’est offert la  meilleure audience télévisée de toute l’histoire de de la télévision française… »

Les réseaux sociaux  sont compris dans l’échelle représentative ?

Les rédacteurs nuancent toutefois leur propos, ah bon ?

«  Comparaison n’est certes pas raison…. Contrairement à une finale de Coupe du Monde de football… Il faut regarder tout cela avec humilité, car c’est surtout lié au moment extraordinaire que nous traversons, prévient un conseiller du Président… »

Ouf, heureusement qu’un Conseiller du Président rectifie le tir !

« Bains de foule cathodiques

« Selon l’entourage du chef de l’État, le fonctionnement de la Vème République ne serait d’ailleurs pas étranger à l’enchainement de ces performances audiovisuelles…. »  En France, le statut du Président est inégalé et inégalable. Il y a automatiquement un effet père de la nation, qui fait du chef de l’État la figue tutélaire. C’est la puissance la plus forte en termes d’émission de messages et de définition des objectifs », résume-t-on. »

« Une analyse que vient compléter le producteur et propriétaire de théâtre Jean-Marc Dumontet qui est proche d’Emmanuel Macron. « Depuis le début du quinquennat, il a pu lui arriver d’être aimé par les uns ou ne pas être aimé par les autres. Mais une chose est sûre : il n’a jamais perdu sa posture présidentielle. Sa parole est forte et attendue. Elle pèse tout le temps », décrypte-t-il auprès du Figaro…

Fait inédit, les bains de foule cathodiques du chef de l’État –six depuis  le printemps – ont valeur d’aubaine pour l’Élysée….

« Cette crise marque une vraie rupture. Depuis une trentaine d’années, les interventions télévisées, aussi réussies soient-elles, mobilisaient les convaincus de l’action du président de la République, mais ne faisaient pas bouger les lignes. Ou alors de manière très parcellaire, comme pour Français Hollande en 2015, au moment des attentats », observe Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’Ifop… »

Re… « Une trentaine d’années » L’Ifop a naturellement réintroduit dans son analyse les réseaux sociaux et le virus qui n’existaient pas dans les années 90 !

« On est passé de discours plus « méta », qui s’expliquaient au printemps par la découverte du virus, à des interventions plus concrètes et plus pédagogiques cet hiver » confirme un communicant…. »

« Le principe de l’allocution est presque devenu un nouveau rendez-vous républicain. Plus l’expression à la nation est claire, plus le niveau d’adhésion dans le pays est élevé, plus le rapport de confiance se structure », résume un conseiller élyséen, selon qui « un dialogue les yeux dans les yeux s’est progressivement installé entre le président et la nation ». Macron et la télévision ? Touche pas à son poste. »

« Meta » ? C’est-à-dire !

Trop, c’est trop ! A lire ce texte farci d’enflures et de boursouflures, sans y recenser toutes les perles de raisonnement représentatif  et d’écriture, la France est heureuse de compter des journalistes, des conseillers de ceci ou de cela, des experts, qui ont l’avantage, comparés à ceux de Chine, de Corée du Nord, ou de Turquie, d’avoir spontanément une écriture servile !

Comme s’il n’y avait pas encore le virus dans notre pays ! Comme si le 24 novembre dernier, nous voulions tout simplement savoir ce que nous allions avoir le droit de faire ou de pas faire dans les semaines qui suivaient, avec ou sans papier.

Il est temps de revenir au bon La Fontaine que nous avons appris dans notre enfance à l’école, avec « Le corbeau et le Renard » :

« Tout flatteur vit aux dépens de celui qu’il écoute ! »

Clownerie pour Noël ? A la cuisine !

Il fallait certainement que le Directeur Général de la Santé s’exprime pour clarifier les messages cacophoniques des autorités publiques : c’est à qui ajoutera son grain de sel dans un débat que l’opinion  publique  a du mal à suivre.

 Quelle parole de bonne santé !

« Les Français face au casse-tête d’un Noël sous contraintes »

« On coupe la bûche de Noël en deux, et papi et mamie mangent dans la cuisine » (Figaro du 27/11/20, première page)

Jean Pierre et Marie Christine Renaud

Humeur politique… Le Ras-le-Bol !

Humeur politique des jours heureux ou malheureux !

Un ras-le-bol !

Ces gens-là parlent trop, beaucoup trop, et l’équipe de cordée Macron bat des records chaque jour : n’importe qui, n’importe quoi, n’importe quand !

Une cacophonie anxiogène en pleine épidémie et en pleine crise de confiance !

Avec les doses mortifères et quotidiennes qu’y ajoutent les médias en concurrence de chiffres funèbres et rarement représentatifs de la réalité santé !

Avec l’irruption de toutes sortes d’experts de tout poil et de toute compétence sur nos écrans, généralement inconnus et toujours prêts à paraître dans nos petites ou grandes lucarnes !

Les victimes du virus, les chiffres d’affaires en chute libre, les désordres réglementaires… Tout va mal !

Non, madame, monsieur, car nombreux sont les citoyens qui se battent pour que la France continue à vivre, avec chevillée au corps,  la foi dans son redressement.

Jean Pierre Renaud

Les Mots d’un Président ? « Le Kama Sutra de l’ensauvagement »

Les Mots d’un Président ?

Ou appeler un chat un chat ?

« Le Kama Sutra de l’ensauvagement » ?

 Alors que la France vit dans l’ambiance d’une insécurité délétère pour tous, il est évident que l’expression qu’a choisie le Président pour caractériser la violence qui ponctue l’actualité est la mieux choisie, vraiment congrue, le qualificatif scientifique approprié : elle doit s’inscrire dans un nouveau Livre des Records de la parole politique inaudible, pour ne pas dire stupide.

            Le Kama Sutra est un livre que connaissent sans doute mieux les Libertins (par exemple les amis de Strauss-Khan) et les initiés à la culture indienne, que la grande majorité des Marcheurs ou des citoyens qui font encore confiance à Macron.

            Faites un sondage comme il en pleut chaque jour !

            Pourquoi ne pas demander au Président qu’il charge lesTêtes d’Oeuf de son Cabinet de décliner ce livre d’éducation sexuelle en livre d’éducation citoyenne et républicaine ? Un vrai défi !

            Le Président va-t-il demander à ses Marcheurs d’opter pour l’une des 100 positions de l’ouvrage ?Au jour d’aujourd’hui, la situation de la France mérite beaucoup mieux que la logorrhée quotidienne qui nous gouverne.

            Jean Pierre Renaud 

            Nihil obstat ! MCV exége

      PS : le chiffre 100 fait évidemment l’objet d’autres exégèses du sexe des anges et des sacs de noeuds.                         

Macron a-t-il une stratégie politique ? Avec quels buts ?

En 2017, Macron est arrivé par surprise au pouvoir en proposant un programme bricolé par ses têtes d’œuf au fur et à mesure de sa campagne.

Après avoir fait voter la réforme importante du Code du Travail, aux prises avec la révolte des Gilets Jaunes dans les « territoires » engagée à la fin de l’année 2018, la stratégie de Macron semble en plein flottement, d’autant plus que le Grand Débat, s’il a permis de voir la voltige intellectuelle d’un président, n’a débouché sur rien d’important pour la vie du pays.

Faute de stratégie politique et d’une hiérarchie dans les objectifs, s’il en est, l’impression dominante est que le Président tente de trouver et de définir une stratégie, en recourant à une sorte d’Agit Prop de gouvernance politique, tel ou tel objectif émergeant du bouillonnement de l’opinion publique ?

 Chaque jour, le Président, le Premier Ministre, un ministre, ou un membre de son parti, un confident…  agitent l’opinion publique, sans que l’on comprenne le sens donné à la politique du gouvernement, ce qui est important et ce qui ne l’est pas : une sorte de « valse à mille temps » des postures et des mots.

La situation politique du jour en est l’illustration : à peine sortie du confinement, en pleine convalescence sur tous les plans de la vie individuelle et collective de la France, le Président ou ses fidèles agitent à nouveau des propositions qui ont fracturé notre pays, tels que la réforme des retraites, sujet capital, ou la limitation de la vitesse à 110 kilomètres à l’heure, pour faire plaisir aux écolos ? Alors que le Premier ministre s’était déjà illustré par ses 80 kilomètres à l’heure dont on sait aujourd’hui ce qu’il en est advenu.

Même chose pour la réforme des retraites ! Comme si le moment était propice pour la faire ? Alors que les grèves, dans tous les domaines, ont déjà coûté cher au pays

Même chose pour le Collectif de 150 personnes tirées au sort, chargé, à la place des institutions démocratiques de notre pays, de proposer une nouvelle politique  écologique.

Agit Prop tous azimuts ? La France prise dans un jeu de stratégie en  biais ? Ce que conseillerait la nouvelle alchimie des algorithmes ? Le rideau de fumée derrière lequel le Président continue à affaiblir, dans un pays aussi divisé que le nôtre, les institutions républicaines élues au suffrage universel au niveau national ou local, ou les corps intermédiaires qu’il a déjà bien affaiblis.

Une recherche de face à face avec l’opinion publique après avoir court-circuité les pouvoirs établis, comme c’est le cas avec sa nouvelle démocratie tirée au sort choisie pour proposer à notre pays un nouveau chemin écologique, au mépris de notre suffrage universel.

Est-ce bien sérieux ?

La stratégie présidentielle consiste à prendre l’opinion publique en biais, en dehors des processus légaux de décision démocratique, et en rapetissant le débat entre une assemblée tirée comme au Loto de la Française des Jeux et le seul Président.

Dans le passé, j’ai longuement étudié la stratégie indirecte et plus généralement les chemins indirects, qualifiés  d’«obliques » dans l’une de mes études appréciées par le général Gambiez, spécialiste de ce type de stratégie.

Pour adopter une stratégie directe ou indirecte, encore faut-il savoir où l’on va et où l’on ne va pas, ce qui est loin d’être le cas dans notre pays depuis 2017 : le « en même temps » sonne comme une expression moderne d’une Agit Prop politique d’un nouveau genre.

Jean Pierre Renaud

La Question post-coloniale ou la Question Algérienne ? Yves Lacoste « La Question post-coloniale »

La Question post-coloniale ou la Question Algérienne ?

&

« La Question post-coloniale »

Yves Lacoste

« Une analyse géopolitique »

Fayard 2010

Ou

« La Question algérienne » ?

&

Notes de lecture

« L’esprit critique c’est la propreté de l’intelligence.Le premier devoir c’est de se laver »

Marc Bloch 1914

Compte tenu du sujet traité, je reprendrai une devise qui m’est chère et qui précédait le livre « Supercherie Coloniale » (2008), d’autant plus volontiers que ce livre critiquait la méthodologie mise en œuvre par une équipe de trois historiens, afin de démontrer qu’il existait en France une culture coloniale et impériale. Yves Lacoste n’en parle pas alors qu’il mettait en cause les « représentations » coloniales et postcoloniales, un ses thèmes favoris, et qu’il s’attachait à critiquer le contenu du livre « La fracture coloniale » des mêmes auteurs, paru plus tard..

            Pourquoi « algérienne » au lieu de « postcoloniale » ?

            A lire cette longue analyse géopolitique, et compte tenu à la fois de la place faite à l’Algérie et de la sorte de plaidoyer qui imprègne de nombreuses pages du livre à l’adresse des jeunes français d’origine avant tout algérienne.

        J’avais lu ce livre de 432 pages, cette « somme » géopolitique, quelques années après sa parution, en me promettant d’y revenir plus tard, compte tenu de la richesse de son contenu, tout autant que de la complexité des faits, thèmes et interprétations « géopolitiques » contradictoires proposés sur l’histoire coloniale et postcoloniale française. Certains historiens classeraient peut-être cette dernière dans l’histoire « immédiate », celle de l’après-guerre, avec tous les problèmes d’éthique historique que cela pose.

             Grâce au « confinement », c’est chose faite !

            Avant de proposer mes notes de lecture sur cette œuvre riche mais complexe et ambitieuse qui soulève de ma part, selon les périodes et les sujets, à la fois accords, désaccords, et questions,il ne parait pas inutile de s’interroger sur le contenu de la géopolitique, sa définition, puisque l’auteur de cette analysela classe au départ dans la géopolitique, et qu’il estconsidéré comme l’une des références du monde géopolitique.

            La géopolitique a envahi depuis de nombreuses années la culture et les médias. Elle nourrit l’actualité, sans qu’on sache toujours bien de quoi il est question, et situer la compétence de la source universitaire ou non qui l’analyse : pour tout dire, la géopolitique est à lamode.

            La définition de la géopolitique est moins claire que celle de la géographie physique, humaine, économique, et guère plus claire que celle de la politique, d’autant moins qu’elle fait beaucoup appel à l’histoire.

            Ai-je besoin de souligner que l’histoire elle-même a toujours alimenté maintes polémiques sur sa définition et son contenu, parce qu’il est très difficile d’échapper à soi-même, au conditionnement religieux, culturel, idéologique, économique, politique, et même universitaire (voir écoles de thèses de doctorat), pour ne pas évoquer les « biais » toujours tentants et présents de l’anachronisme et de la non-représentativité ?

            L’historien Pierre Goubert a préféré échapper à ces périls en se consacrant à l’étude du Moyen-âge.

      De nos jours, la mémoire fait fureur en rivalisant avec l’histoire, et certaines écoles de pensée se sont ruées sur le nouveau marché de « l’indigène de la République ».

            Pour y voir plus clair, quelques définitions tirées du Petit Robert (1978) (obsolète ?) :

Géographie : Science qui a pour objet l’étude des phénomènes physiques, biologiques, humains localisés à la surface du globe terrestre, et spécialement, l’étude de leur répartition, des forces qui les gouvernent et de leurs relations réciproques.

            Politique:      Art et pratique du gouvernement, des sociétés humaines (Etat, nation)  Expansionnisme (colonialisme) V. Colonialisme =  Pej. Système d’expansion coloniale.

            Géopolitique : Etude des rapports entre les données naturelles de la géographie et la politique des Etats.

            Il convient évidemment de rappeler le rôle initiateur de Montesquieu (XVIIème siècle) avec la Théorie des Climats.

            Je retiendrai pour ma part la définition simple (rappelée par mon vieil ami Auchère) que nous proposait notre excellent professeur de géographie, en classe préparatoire, à Louis le Grand, Monsieur Varon :

            « Tirer une politique de considérations géographiques ».

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Le Paradoxe de l’Algérie ou le paradoxe du Général de Gaulle ?

Question postcoloniale algérienne ?

            Dans un avant-propos, intitulé « Un avant-propos général qui mène à un paradoxe. » (pages 7 à 20), Yves Lacoste nous propose sa définition de la géopolitique, en même temps qu’il décrit les caractéristiques de la question postcoloniale.

            Notons dès le départ que son contenu fait une large part à l’Algérie, beaucoup trop à mes yeux, sauf à faire remarquer que sa description montre toute la part qu’il convient d’attacher au rôle géopolitique de l’immigration algérienne dans l’explosion de la question postcoloniale, paradoxale, comme il le note, compte tenu du fait que ces immigrés sont très rapidement venus ou revenus, pour une partie d’entre eux,dans un pays qu’ils ont combattu, soit pour le travail, soit pour y trouver refuge, au fur et à mesure des crises algériennes (épuration du FLN, puis années noires des années 1990)…. D’un FLN qui n’a pas encore réussi à introduire la démocratie, 58 ans après l’indépendance.

            L’auteur parle de « paradoxe », et je serais tenté d’ajouter que le regroupement familial, vrai ou faux, avec sa complexité religieuse et culturelle,  la double-nationalité, les accords passés entre les deux Etats sur les migrations, constituent d’autres éléments de ce paradoxe…

            La définition Lacoste :

            « En effet, la géopolitique – telle que je l’entends – analyse toute rivalité de pouvoirs sur du territoire, que celui-ci soit de grandes ou petites dimensions (notamment au sein des villes) et qu’il s’agisse de conflits entre des Etats ou de luttes au sein d’un même pays ces conflits pouvant se répercuter à plus ou moins longue distance. Les différentes conquêtes coloniales et la colonisation qui imposa son organisation des territoires conquis furent fondamentalement des phénomènes géopolitiques.»

            La définition Lacoste est donc à la fois généreuse et ambitieuse, étant donné qu’elle couvre toute l’histoire de l’humanité, et pas uniquement, les territoires conquis au 18ème, 19ème et 20ème siècles, en notant que dans le cas de l’Afrique noire, et historiquement, le « moment colonial » le disputa au « temps long ».

L’auteur note : « C’est seulement depuis une quinzaine d’années (par rapport à 2010), soit à peu près quarante ans après la fin des empires coloniaux, que l’on parle de post-colonial… Mais en France, c’est surtout depuis novembre 2005 et les grandes émeutes nocturnes qui se produisirent durant plusieurs semaines dans les banlieues de la plupart des villes françaises que l’on s’est mis brusquement à se poser, en des termes géopolitiques très concrets, ce  qui fut bientôt appelé la « question post-coloniale »

            « Question », car on se demande quelles sont les causes profondes d’une telle crise et « comment tout cela peut tourner. » On sent de plus en plus qu’il s’agit d’un problème complexe et controversé : « Post-colonial » ? A gauche comme à droite (mais évidemment avec des argumentations différentes), on s’accorde à voir dans ces spectaculaires manifestations de colère  localisées  le rôle de très nombreux jeunes dont les grands-parents sont venus il y a plusieurs années en France depuis des pays qui avaient été des colonies françaises, principalement du  Maghreb et d’Afrique noire. »

Brusquement ? J’ai fait partie de la minorité qui avait bénéficié, à titre volontaire, d’une certaine culture coloniale enrichie d’une expérience du terrain africain, et à titre involontaire, de celle, de la Petite Kabylie, comme des centaines de milliers de camarades du contingent jetés dans la guerre d’Algérie, sans aucune culture algérienne : à ces deux titres, je ne partageais pas l’aveuglement de beaucoup de groupes de pression politiques – effectivement « A gauche, comme à droite » – et intellectuels sur la capacité de notre pays à intégrer toutes ces populations venues d’ailleurs, sans limitation.

            Je savais la difficulté, sinon le saut culturel et social, que signifiait pour une femme et ses enfants, ne parlant pas français, nés en pays musulmans, venus par exemple des djebels d’Algérie dans la société française.

            Dans les années 80, j’avais été à l’Assemblée Nationale alerter le député de Montbéliard sur l’importance de quartiers sensibles en progression dans le Pays, et au cours de la même période, dans l’exercice des fonctions occupées, sensibilisé sur le même sujet une des Adjointes influentes de Chirac, dont le compagnon, si je me souviens bien, dirigeait un média influent.

            Tout au long de ma carrière, j’avais bien sûr constaté la progression dynamique de l’immigration, sans que les autorités publiques tentent de contrôler véritablement les flux d’immigrés, compte tenu de notre capacité nationale limitée d’intégration, et en l’absence d’une politique républicaine dans les quartiers sensibles.

            Yves Lacoste écrit à la fin de son avant-propos :

            « Le grand paradoxe (longtemps ignoré ou passé sous silence) fut que pour des raisons géopolitiques (que nous retrouverons plus loin, car la géopolitique n’est pas simple), nombre de patriotes algériens qui venaient de combattre l’armée française vinrent vivre en France, suivis par beaucoup d’autres. » (p,20)

La première parenthèse mériterait plus d’un commentaire. Rappelons simplement, si mes souvenirs sont fidèles, qu’à chaque occasion officielle de la visite d’un Président, Chirac en 2003, ou Sarkozy, en 2007, les médias soulignèrent une revendication permanente des gouvernements FLN, en faveur de l’ouverture de nos frontières aux jeunes algériens.

            Avant d’aller plus loin dans l’exercice critique, je remarquerai que l’analyse géopolitique réussie, pour autant qu’elle puisse l’être, suppose le classement des forces en action et leur ordre hiérarchique : les marxistes auraient choisi entre infrastructure et superstructures, entre capitalistes et prolétaires.

       Dans le cas de l’Algérie, il s’agirait d’abord de l’histoire du pourtour méditerranéen de Braudel, la Mare Nostrum, des anciennes Capitulations avec leurs racines chrétiennes, de la puissance de l’Empire Ottoman, et de l’influence de l’Islam jusqu’à Gibraltar, après les invasions arabes jusqu’en Espagne, du percement du Canal de Suez avec la rivalité française et anglaise, le hold-up anglais sur l’Egypte, autrement convoitée à l’époque que l’Algérie.

      L’Egypte fut d’ailleurs un des facteurs géopolitiques lourd de la guerre d’Algérie.

       Viennent ensuite les courants migratoires vers l’Algérie, des courants de faible importance comparés à ceux des Anglais, en Afrique du Sud, en Australie, ou en Nouvelle Zélande, des juifs marchands tout d’abord, et à la fin du dix-neuvième siècle, des migrants pauvres venus du sud de l’Espagne et de l’Italie, et dans des conditions comparables à ceux de l’Algérie indépendante, les proscrits de la République ou les réfugiés d’Alsace Lorraine.

     La présence d’une population européenne active localisée sur les côtes et leurs plaines a été, parmi d’autres, une des causes des tragédies algériennes, avec le continuel blocage des processus démocratiques projetés ou mis en œuvre entre les deux communautés, le parti radical-socialiste étant souvent à la manœuvre, avec son rôle charnière,  au sein d’une Assemblée Nationale toujours en quête de majorité sous la Quatrième, comme d’ailleurs sous la Troisième.

      Le rôle de René Mayer, homme politique influent aussi bien en métropole qu’en Algérie, dont il fut un des grands élus de l’Est algérien mériterait à lui seul un examen approfondi avec une question : quel fut son rôle dans la gestion de la crise algérienne ?

      La présence dans l’Algérie coloniale d’une communauté européenne  relativement importante constituait le seul cas français, à la différence des colonies de peuplement anglaises.

      Kabyles et Arabes partageaient la même religion, et comme l’a relevé l’historien Vermeren, la communauté musulmane vivait, en cote à cote dans un état de comptabilité religieuse et sociale avec la communauté européenne, chacun vivant dans son univers religieux, culturel et social.

     L’islam d’Algérie était imprégné d’un esprit de paix et de tolérance.

     Jusqu’à l’indépendance, en 1962, la population algérienne avait beaucoup augmenté, mais l’Algérie connut alors un véritable explosion démographique, alors que le FLN faisait preuve de beaucoup d’inefficacité pour développer son pays, et accueillir cette population active, d’où cette stratégie permanente « d’exportation » de ses excédents démographiques. En termes économiques, on dirait l’Algérie « externalisait » ses flux démographiques.

     Du côté géopolitique français, la guerre d’Algérie n’avait laissé que de mauvais souvenirs, et la « révolution » de 1968, « Faites l’amour et pas la guerre ! », avait déstabilisé la société  française, laissé libre cours à un cocktail de laissez faire, de démagogie et de veulerie des pouvoirs publics, des partis politiques en quête d’électeurs, de relativisme culturel, d’appétit mondial, de multiculturalisme, de repentance,  et de course aux images et au fric…

Le Paradoxe gaulliste ? Au lieu du paradoxe algérien !

     Résultat inverse de celui recherché par la général de Gaulle, dont l’ambition affichée était de donner l’indépendance afin d’éviter que la France ne soit submergée par l’immigration : ne s’agirait-il pas du véritable paradoxe de la Question Coloniale Algérienne ?

     Alors que quelques spécialistes du sujet avaient mis en garde notamment la France  sur l’explosion démographique déjà en cours, notamment Gaston Bouthoul, sociologue et polémologue dans son livre « La Surpopulation  L’inflation démographique »(voir blog du 12/07/2011).

     Avec au sein d’une école de pensée nourrie au lait du Maghreb, souvent marquée à gauche et imprégnée de marxisme, avant l’indépendance, et après, compte tenu du poids démographique de plus en plus lourd de l’immigration algérienne, une ressource inépuisable de recherches pluridisciplinaires très souvent orientées vers la culpabilité de la France, en faisant table rase de l’histoire telle que la pratiquaient les historiens des Annales?

     Nous reviendrons plus loin sur cette problématique souvent idéologique, ou tout simplement politique.

      Avant de proposer une analyse critique de cette « somme » géopolitique, il convient de préciser que j’ai toujours apprécié la Revue Hérodote et que je suis revenu au numéro 36 du premier trimestre 1985 « Les Centres de l’Islam » pour tenter d’éclairer ma lecture.

     Pourquoi ne pas cacher que je la sous-titrerais volontiers « Les Embrouillements géopolitiques de la Question postcoloniale », pour démarquer le titre utilisé dans cette Revue : « Les embrouillements géopolitiques des Centres de l’Islam » ?

 Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés