Au Mali, quelle stratégie?

  La France a engagé son armée au Mali, sans avoir demandé préalablement à ses partenaires européens, d’assumer collectivement cette mission, alors qu’elle est un enjeu important de la sécurité internationale de toute l’Union Européenne.

A lire une presse qui est très volatile sur le sujet,  la France est au Mali pour longtemps, si l’ONU n’accepte pas de mettre à sa place une force de paix internationale.

Au terme des quatre mois de guerre « autorisés » par le Parlement, il va  falloir que la communauté internationale tout autant que le gouvernement français, aient des idées claires sur la longue durée stratégique.

Sur la longue durée, les conditions du succès ne seront pas faciles à remplir :

Une paix difficile à réaliser, sans qu’aux côtés de la coalition africaine en charge de cette mission de guerre et paix, des mouvements de l’islam modéré ne viennent soutenir sa lutte anti-djihadiste, dans une région où traditionnellement l’islam a toujours été fort, pour ne pas dire conquérant, adossé à une histoire riche de grands empires musulmans.

Une paix difficile à réaliser sans l’Algérie, et si l’Algérie, placée au cœur du sujet ne prend pas ses responsabilités en coopérant avec les Etats Africains, parce que la France, compte tenu de son passé colonial n’est pas la mieux placée, à la différence de l’Union Européenne, pour obtenir ce résultat.

Une paix difficile à réaliser, alors qu’il n’y a plus ni Etat, ni armée, sans que l’ONU, avec un mandat de transition, ne mette en place au Mali un pouvoir- relais capable d’administrer et de remettre sur pied un nouvel Etat, et il y faudra plus que quelques mois, et peut-être quelques années !

La présence du capitaine Sanogo, auteur du dernier coup d’Etat, aux côtés d’un chef d’Etat qu’il a chassé du pouvoir, ne laisse augurer rien de bon sur le retour de la paix civile dans cette région.

Le reportage du Monde intitulé « Au Mali, l’encombrant capitaine Sanogo reste au centre du jeu » (15/02/13, page 7) est tout à fait édifiant :

« L’ancien putschiste a  été investi au palais présidentiel de Koulouba par le chef de l’Etat par intérim Dioncounda Traoré au rang de président du « Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité »

Ce qui veut dire le loup dans une bergerie qui, il est vrai, n’en est plus une ! Et en plein pataquès africain ! On le croyait ou sur le « front », ou en prison !

Une paix difficile à réaliser, si les nouvelles autorités du Mali, à condition qu’elles existent à nouveau, ne trouvent pas une solution intelligente et pérenne, pour associer le peuple touareg aux décisions politiques du nouvel état à créer.

Une paix encore plus difficile à réaliser, sur la longue durée encore, si les gouvernements africains n’arrivent pas à modérer la pression démographique de leurs pays, pour ne pas dire à confiner l’explosion démographique, car il est évident que ce facteur est un des éléments d’instabilité du continent, avec un manque de développement en face d’une jeunesse au chômage.

Jean Pierre Renaud

France et Afghanistan: avec la Fondation pour la Recherche Stratégique

France et Afghanistan 

Avec la Fondation pour la Recherche Stratégique : la paix en Afghanistan ! Toujours la politique de grandeur de la France !

Est-ce bien sérieux ? Alors que le pays a bien d’autres chats de politique étrangère à fouetter, et qu’il n’a de toute façon pas les moyens de cette politique !

        A lire des articles récents sur les initiatives qu’aurait prises la Fondation pour la Recherche Stratégique afin de faciliter le retour de la paix en Afghanistan, en organisant des rencontres discrètes, sinon secrètes à Chantilly, on se prend à rêver !

Ainsi on se rejoue le feuilleton des négociations secrètes avec le FLN, pour mettre fin à la guerre d’Algérie ?

Comme si l’Afghanistan, dont l’histoire est on ne peut plus compliquée, aussi bien qu’ignorée, avait besoin de la France pour jeter les bases d’un Etat qui n’a jamais vraiment existé !

Une fondation comme celle-là a sûrement mieux à faire sur d’autres points de l’actualité internationale, études stratégiques afin d’éclairer les routes de notre pays, et non le « go-between », qui n’est pas son métier, d’autant plus qu’il parait difficile d’adhérer pleinement à l’affiche qu’elle propose sur sa page d’accueil :

« La Fondation exerce son activité en toute indépendance. Elle est financée essentiellement par les prestations et travaux qu’elle réalise sur une base contractuelle pour ses partenaires publics et privé »

Il est bien dommage que sur son site, la fondation ne communique pas sur son budget, c’est-à-dire sur les sources de son financement.

Il est en effet possible de s’interroger sur son degré d’indépendance effective, lorsque l’on voit la composition de son conseil d’administration, cinq représentants de grandes sociétés pour le collège des fondateurs,  CEA, SAFRAN, ODAS, EADS, DASSAUT AVIATION et cinq représentants de grandes administrations, Défense, Affaires Etrangères, Intérieur, Recherche, et Education Nationale.

Jean Pierre Renaud