France et Algérie
Guerre d’Algérie, le cinquantenaire
La repentance, trois fois non !
La réconciliation, trois fois oui !
Et voici pourquoi :
Pour avoir servi la France, en qualité d’officier des affaires algériennes (SAS) en Algérie (en Petite Kabylie, vallée de la Soummam), pendant les années 1959-1960, au titre du contingent, je ne partage pas, mais pas du tout, l’idée d’une repentance de la France.
En ma qualité de citoyen français et d’ancien soldat du contingent, je me repentirais d’avoir été partie prenante dans cette guerre sans nom ?
J’aurais servi, en ma qualité d’appelé, une « armée coloniale » telle que décrite aujourd’hui par certains anciens « rebelles » ?
Alors, qu’à l’égal de tous mes camarades du contingent, je n’ai pas demandé à faire cette guerre, et alors que nous avons tous accepté de servir la France, et non de déserter, quelles que fussent nos opinions politiques et nos avis sur les objectifs de cette guerre !
Qui devrait alors se repentir ? L’armée française ? Les pieds noirs ? Les Algériens qui avaient choisi la France, notamment les harkis ou moghaznis, et dont beaucoup ont été assassinés par le FLN après l’indépendance de l’Algérie ?
Le FLN pour avoir assassiné, ou plutôt égorgé, pendant cette guerre, en Algérie et en France, des milliers de membres du MNA, le parti rival, et des milliers d’Algériens favorables à la France ?
Libre au musulman ou au chrétien, ou encore à l’athée, et dans chaque camp, de confesser ses péchés ou ses fautes, c’est-à-dire les saloperies qu’il a pu commettre auprès de son imam, de son prêtre, ou de sa conscience, s’il en a une encore !
Alors pourquoi pas la repentance des vrais responsables de cette guerre ? C’est à dire les héritiers politiques et naturels des mouvements politiques de gauche qui ont engagé le pays dans ce conflit sans espoir, le Parti Communiste et l’ancienne SFIO.
Car le débat doit effectivement être porté à ce niveau politique, et pas du tout au niveau de la nation.
Sur le plan général de notre histoire coloniale, pourquoi ne pas faire observer par ailleurs que la gauche au pouvoir, étroitement associée à la franc-maçonnerie, a été la grande responsable des conquêtes coloniales sous la Troisième République, et que pendant la décolonisation inévitable et nécessaire, après la deuxième guerre mondiale, la gauche n’a pas assumé cette décolonisation : elle porte une lourde responsabilité dans la répression de la révolte malgache en 1947, dans le déclenchement de la guerre d’Indochine, et très précisément dans la guerre d’Algérie ?
Allons, Monsieur Hollande assumez l’héritage des Jules Ferry, Léon Blum, Marius Moutet, Guy Mollet et d’un certain Mitterrand que votre camp vénère, que cela vous plaise ou non, mais de grâce, n’y mêlez pas la France !
Et en conclusion, quelques extraits des tirades qui concluaient quelques-unes des nouvelles de « ma » guerre (livre « Guerre d’Algérie »), tirades intitulées :
« Morts ou vivants, ils auraient dit ou ils diraient » :
«… La France n’a pas perdu l’Algérie, mais notre jeunesse y a perdu son âme, ses rêves, dans un cul de sac.
La guerre d’Algérie nous a tous collé à la peau et nous colle encore à la peau : il y avait des salauds des deux côtés et des gens honnêtes dans les deux camps, mais pourquoi condamner toujours la France par avance ?
Etait-il insensé d’imaginer amener les trois couleurs autrement qu’en laissant nos harkis et nos moghaznis se faire empaler et embrocher sur les places des villages ?… » (page 61)
« …Dans le djebel, on tuait le gars d’en face ou il vous tuait ! C’était la règle du jeu, d’un nouveau jeu, un jeu implacable… » (page 75)
« … Le douar reprenait une vie normale, il y avait un café maure, et même un cinéma (1). Les écoles avaient rouvert leurs portes. Tout semblait dire : la pacification a réussi, on pouvait la toucher du doigt. Déjà on voyait le colonel et le sous-préfet, la colonelle et la sous-préfète venir en touristes admirer les beaux paysages du douar.
Juste une illusion, car le mal était fait. L’histoire avait effectivement franchi ici un pas. Elle ne reviendrait pas en arrière… » (page 94)
Et sans évoquer le dossier plus large d’une repentance coloniale !
Une fois de plus, la repentance, trois fois non !
La réconciliation, trois fois oui !
Jean Pierre Renaud
(1) Après l’opération Jumelles en Kabylie