« Mali-France, vers une relation renouvelée » La Croix du 3 octobre 2013, par Oumar Keïta et Michel Galy

« AUTREMENT DIT »

Journal La Croix du 3 octobre 2013

« OPINION  OUMAR KEÏTA et MICHEL GALY »

« Mali-France, vers une relation renouvelée »

  La chronique en question est cosignée Oumar Keïta et Michel Galy : ce dernier est politologue et M.Keïta est historien représentant en France du Président Ibrahim Boubacar Keïta, lequel vient d’être élu Président du Mali.

                 Cette chronique est un plaidoyer pour une nouvelle relation entre le Mali et l’ancienne puissance coloniale, c’est-à-dire la France.

            Le texte en question me laisse très dubitatif, peut être en raison d’une culture historique insuffisante sur le sujet, mais je n’en suis pas convaincu, et je me demande si, dans ce duo d’écriture, l’historien « engagé » exprime bien la réalité des problèmes passés et actuels des relations entre les deux pays, dans un langage un peu trop euphorisant.

            « Les temps ont changé », bien sûr, mais il est tout de même difficile de faire porter la responsabilité des maux actuels du Mali sur l’ancienne puissance coloniale, comme la conclusion semble le suggérer dans une formulation contestable :

           « De sorte que ce soient les relations Mali-France qui priment, c’est-à-dire l’intérêt malien avant tout : à ce prix, ce sont aussi les décideurs, les acteurs de coopération et le peuple même de l’ancienne puissance coloniale qui seront libérés du lourd poids de l’Histoire, et auront de tout cœur droit à la gratitude et à l’alliance du peuple malien » »

        «  Le peuple même de l’ancienne puissance coloniale… le lourd poids de l’Histoire », vraiment ?

           Diable ! M.Keita serait sans doute surpris de l’ignorance des Français en général et des élites en particulier sur le sujet, et il parait tout de même difficile, plus de cinquante après l’indépendance du Mali d’appeler  « l’Histoire » en garantie d’un tel propos.

           Mais soit ! Allons donc au fond du sujet !

       L’Europe et l’Algérie, au premier chef, sont au moins autant, sinon plus concernées que la France, par la situation du Mali.

               La France a eu de la peine à mobiliser l’Europe et l’ONU sur la cause du Mali, et l’Algérie, officiellement en tout cas, est aux abonnés absents.

               La reconstruction d’un Etat et d’une armée dépasse largement les moyens de la France, et tout dépend des Maliens eux-mêmes et des conditions qu’ils devront remplir pour atteindre un tel résultat.

         Une paix difficile à stabiliser, si les pays africains voisins ne mettent pas longtemps la main à la pâte, si un Islam modéré ne réussit pas à canaliser et à pacifier les initiatives d’un Islam extrême, si la société malienne ne réussit pas à modérer son dynamisme démographique, et enfin si les responsables du pays ne mettent pas en œuvre une réforme institutionnelle reconnaissant la réalité d’un peuple Touareg dont il est tout de même difficile de continuer à nier l’existence.    

           Et en point final, comment ne pas rappeler que la France ne fut présente au Mali que pendant une période d’à peine plus de soixante années ?

 Jean Pierre Renaud