Quelques films remarquables à revoir ou à voir
Quelques mots tout d’abord sur trois films excellents :
« Le jour se lève » de Marcel Carné avec Arletty et Jean Gabin, une belle histoire d’amour tragique à l’ancienne,
« The Servant » de Joseph Losey, où l’on comprend comment la relation servile de maître à valet peut progressivement s’inverser au profit du valet,
« Ariane » de Billy Winders où la délicieuse Audrey Hepburn s’amourache d’un riche américain séducteur professionnel (Gary Cooper), et finit, à la suite d’une série de quiproquos drôles, par emporter la mise.
Deux autres films plus sérieux, mais très distrayants, donnent à réfléchir sur notre destinée :
En premier « Still the water » de Naomi Kwase, un film japonais dont l’intrigue se situe en permanence entre les deux eaux de la vie et de la mort, au bord d’une côte japonaise magnifique.
Le 13 février 2012, sur ce blog, nous avions dit notre plaisir d’avoir vu le film « Hanezu, l’esprit des montagnes » de la même réalisatrice, Naomi Kawase.
Elle nous avait offert une première immersion dans la culture traditionnelle japonaise tout imprégnée de mythes et de fusion entre les êtres humains et la nature. C’était une vieille et belle histoire de combat entre deux montagnes, avec en fond de décor de très beaux paysages, et l’intrigue d’une histoire d’amour.
Le nouveau film « Still the water » nous plonge à nouveau dans cet univers japonais naturel et mystique, dans lequel les êtres humains semblent baigner dans l’entre – deux de la vie et de la mort, avec d’autant plus de force ici, qu’il s’agit de l’histoire d’une jeune femme condamnée à mourir, et entourée jusqu’au bout par sa famille et son entourage, dans le halo d’un monde de l’après…
De superbes images, ne serait-ce que celles de ces deux adolescents à vélo, avec un garçon qui pédale et une fille debout, juchée sur le porte bagage, qui courent le long d’une côte ensoleillée et magnifique, le garçon, enfant d’une mère à la vie sentimentale agitée, et la fille, enfant de cette mère prête à mourir !
A égalité, le film « Calvary » de John Michael McDonagh, l’histoire tragique d’un prêtre irlandais, le père James, officiant dans une paroisse des côtes irlandaises, condamné à être exécuté par un de ses paroissiens qu’un prêtre a violé au cours de son enfance.
Un film qui vous laisse littéralement groggy à la sortie, parce qu’il raconte cette lutte d’un prêtre menacé de mort, mais en même temps prêt au sacrifice de sa vie. Il en connait d’autant mieux les forces et les faiblesses, qu’il a été ordonné prêtre, après la mort de son épouse, dans une société irlandaise qui est la caricature de notre Occident un gros brin décadent.
Dans cette mer irlandaise noire agitée, un grand rayon de soleil avec la fille du père James qui retrouve toute sa santé en revenant à ses côtés.
Le journal La Croix du 26 novembre 2014 a publié une critique positive de ce film, un vrai thriller, et à juste titre, sous le titre « Compte à rebours pour un prêtre irlandais », une critique tout autant courageuse de la part d’un quotidien qui manifeste une belle indépendance d’esprit, en ne craignant pas, comme d’habitude, de ne pas celer les fautes de l’église catholique, apostolique, et romaine, ici, celles bien connues aujourd’hui de l’église d’Irlande.
Je terminerai en disant que la tragédie de ce prêtre irlandais rappelle, dans des circonstances très différentes, et quasiment opposées, la destinée du prêtre alcoolique et grand pêcheur devant l’Eternel décrit par Graham Green dans le livre « La puissance et la gloire ».
JPR avec MCV