III – Machineries du théâtre et truquages de scènes, avec quelques exemples
Auteurs et acteurs des manipulations sont situés sur un territoire étranger ou sur le territoire national, avec de faibles ou de puissants relais. La mondialisation des communications et des flux de toute nature favorise leur anonymat : les guerres cybernétiques récentes en montrent toute la complexité.
On voit bien de nos jours les stratégies indirectes menées par les pays du Golfe, notamment celles du Qatar chez nous, mais tout autant, celles de la Turquie d’Erdogan, notamment en Allemagne, des stratégies de nature souvent capitaliste et musulmane.
Leur influence est facilitée par les sociétés internationales qui cultivent le tout fric, par le désordre actuel de l’Islam de France, tout autant que par le désordre civique.
Dans notre pays, l’islam a longtemps été sous le contrôle du Maroc ou de l’Algérie.
Ces stratégies trouvent maints relais dans notre pays, y ont de multiples points d’appui.
La France rencontre beaucoup de difficulté pour contrôler ses flux d’immigration pour de multiples raisons, son passé colonial bien sûr, mais mis à toutes les sauces, la veulerie de ses gouvernements en matière d’asile plus souvent faux que vrai ( à plus de 90%) , de regroupements familiaux qui ne sont pas toujours justifiés, de régularisation des clandestins ou des sans-papiers, donc de l’influence de ses divers lobbys démographiques, culturels, religieux, politiques, économiques, qui se satisfont de cette inertie politique, ou même qui la sollicitent.
Les lignes d’attente religieuse ou altruiste y sont souvent sollicitées, et les ONG souvent organisées comme de véritables lobbys y jouent un rôle non négligeable, lesquelles exercent leurs missions « aux frais de la Princesse », c’est-à-dire des contribuables.
Un exemple de machinerie communiste : L’Affaire Kravtchenko (1945-1947)
Ouvrons cette réflexion par l’affaire Kravtchenko qui a éclaté aux Etats Unis, puis en France, juste après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Officier dans l’armée soviétique, pur produit et bon connaisseur du système soviétique, le capitaine Kravtchenko avait fait défection aux Etats Unis. En 1945, il y avait publié aux États Unis, puis en France, en 1947, en France, un livre qui dénonçait les crimes soviétiques, « J’ai choisi la liberté »
J’ai lu ce livre acheté par mon père dans un lointain passé.
Kravtchenko fit l’objet d’un procès pour mensonge en 1947, sorte de procès en sorcellerie, un procès qui dura deux mois, et qui alimenta la chronique.
Le journal « Les Lettres Françaises » dirigé par le « grand » Aragon fut l’outil que choisit le Parti Communiste pour dénoncer le faux témoignage de Kravtchenko, et le même parti, encore puissant à cette époque fit donner toutes ses batteries de propagande.
La bataille fut rude, mais ce témoignage portait un coup décisif au mur de silence qui pesait sur la vraie situation de l’URSS, ses purges, ses famines, ses goulags, et le rôle clé qu’y jouait le NKVD, concurrent à ce titre d’une Gestapo , mieux connue des Français.
Il faut rappeler qu’en 1941, le Parti Communiste s’aligna tout d’abord sur l’URSS, lors du pacte de non-agression, Molotov-Ribbentrop, avant de rallier l’autre camp.
En 1945, le camp communiste était bien organisé, disposait de moyens importants, d’un journal, « L’Humanité »qui se vendait bien, contrôlait la CGT, et par cet intermédiaire de grandes entreprises publiques d’intérêt stratégique (EDF, SNCF, Gaz de France, Poste) : il constituait une sorte d’exemple vécu de « modèle de propagande », tel que l’a décrit Chomsky dans son livre « La fabrique de l’opinion publique » :
« L’objet de ce livre est de proposer un modèle de propagande, c’est-à-dire un cadre analytique capable d’expliquer le fonctionnement des grands médias américains à partir de leurs relations avec les principales structures institutionnelles qui les environnent. Nous pensons qu’entre autres fonctions, ces médias américains se livrent à une propagande qui sert les intérêts des puissantes firmes qui les contrôlent en les finançant et dont les représentants sont bien placés pour orienter l’information. Une telle intervention est généralement assez subtile : elle passe par la sélection de tout un personnel bien-pensant et par l’intériorisation, chez les journalistes et les rédacteurs, de certaines définitions de ce qu’il convient d’imprimer en priorité conformément à la ligne politique de l’institution.
Les facteurs structurels sont l’appropriation des médias (et le contrôle qu’elle permet), l’interdépendance avec d’autres sources de financement (surtout publicitaires), et l’enchevêtrement des intérêts reliant les médias à ceux qui font les nouvelles tout en possédant le pouvoir d’en définir et d’en expliquer le contenu. Un tel modèle de propagande incorpore également des facteurs annexes comme la possibilité d’opposer des tirs de barrage protestataires aux nouvelles qui déplaisent ou de fournir des experts qui viendront confirmer l’orientation officielle ; il inclut également le pouvoir de déterminer l’idéologie correcte, qui va de soi pour le personnel et les élites médiatiques mais qui peut souvent se voir récusée par le reste de la population. « (p,XI)
Dans ce livre, l’auteur décrivait plusieurs modèles de propagande américains, ce que j’appelle moi des machineries, sortes d’organisations, de systèmes de propagande plus ou moins bien constitués et influents, avec les thèmes suivants : « Victimes méritantes ou non – Elections légitimes/futiles, Salvador, Guatemala Nicaragua – Le Complot contre le pape Information/Désinformation : La « filière bulgare » – Les guerres d’Indochine Le Viêt-Nam, Le Laos &Le Cambodge »
Dans son livre « Le choc des décolonisations », l’historien Pierre Vermeren fait plus qu’esquisser ce qui pourraient constituer des « modèles de propagande » français, très actuels, les « machineries » de notre théâtre d’opérations, axées sur l’ancien domaine colonial, et notamment l’Algérie et le Maghreb en général, tout autant que le Mali, la Côte d’Ivoire, ou le Gabon.
Il est quand même paradoxal de noter que ces « machineries » de propagande sont issues d’un passé datant de plus de cinquante ans, avec des acteurs qui continuent à peser, avec un certain succès, sur notre soi-disant mémoire collective, jamais mesurée et identifiée, et très concrètement sur notre actualité politique, médiatique, politique, électorale, ou intellectuelle.
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés