Les quartiers sensibles et la République Française ? Un Plan France des quartiers !

Les quartiers sensibles et la République Française ?

Propositions : un vrai ministre motivé à plein temps, une équipe motivée à plein temps, et un Plan France des Quartiers !

Dans les journaux du jour :

« 15 milliards d’euros pour les formations numériques sur cinq ans », « 10 milliards pour le secteur HLM » …

Combien de milliards pour les quartiers ?

            Depuis de très nombreuses années, je plaide pour que nos gouvernements et nos assemblées décident de mettre en œuvre un plan pluriannuel et global d’insertion des quartiers sensibles dans la République Française.

            Sur ce blog, j’ai appelé à plusieurs reprises l’attention des lecteurs sur ce sujet sensible, à la fois sur les diagnostics et sur les solutions.

            Je rappellerai notamment la chronique que j’avais proposée le 1er mai 2010 pour la lecture du livre de Luc Bronner « La loi du ghetto ».

            Huit années plus tard, les choses n’ont pas véritablement avancé, car si le Plan Boorlo fut une bonne chose, des milliards d’euros pour la rénovation urbaine, il y manquait toutefois un volet politique, culturel, économique et social. A lire la presse, il semble que dans un rapport récent Monsieur Borloo reparte sur la même lancée, les murs et non les hommes.

            Ces quartiers ont besoin depuis longtemps d’une réappropriation de leur tranquillité civile, de la création d’un réseau serré de soutien culturel, social et scolaire, d’un programme d’investissements publics d’aide à la création d’entreprises, d’un véritable effort de longue durée, au minimum d’une dizaine d’années sur l’emploi des jeunes et des moins jeunes de ces quartiers.

            L’Etat, c’est-à-dire vous et moi, en notre qualité de citoyens et de citoyennes, sommes actionnaires de plusieurs entreprises publiques ou privées de moyenne ou grande taille. Il faut les inciter, sinon les obliger à investir dans ces lieux.

            En bref, ces quartiers attendent que la République Française reprenne possession des quartiers !

            J’ai également proposé dans le passé de revoir les procédures publiques pour que juridiquement et réellement, les habitants de ces quartiers soient associés à la vie de leur commune, en faisant appel à des comités de quartiers élus et obligatoirement consultés sur les grands sujets de la cité.

            Enfin, tant que ne sera pas désigné un ministre à plein temps et motivé, disposant de la cagnotte budgétaire nécessaire, de l’ordre de 20 à 30 milliards d’euros, la partie ne pourra pas être gagnée !

            Rappelons à titre de comparaison que les fonds de la formation professionnelle représentent plus de 30 milliards d’euros.

            Deux réflexions pour terminer :

            1 – La France va-t-elle enfin mettre en œuvre un Plan France Républicaine, comme les États-Unis l’avaient fait en 1945 avec le plan Marshall ?

            Les gouvernements de la France sont toujours prêts à dépenser des milliards pour intervenir militairement à l’étranger, au Sahel ou ailleurs, ou à fournir des aides au développement, mais ils n’ont pas le courage de faire face aux défis de ces quartiers.

            Peut-être conviendrait-t-il de créer une Agence Française de Développement pour nos quartiers ? Comme il en existe pour l’Afrique ?

            2 – Il est évident qu’aucune initiative majeure comme celle-là ne connaîtra le succès, sans contrôler, autrement que par le passé, les flux réguliers ou irréguliers de l’immigration.

     Jean Pierre Renaud

« La loi du ghetto » de Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

(calmann-lévy)

Notes de lecture ( 5 mai 2010)

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale, 

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

 Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

            Conseil municipal et conseils de quartier

 Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

           Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

 Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un auto engendrement des flux familiaux. » (page,45).

           N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

 Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.   

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par-là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud

Additif 2015 :

A lire les pages très intéressantes et fort bien documentées du journal Le Parisien du 7 mars 2015, intitulées « Soldes, livraisons, salaires

                                                      Les secrets des PME de la drogue »,

         il parait évident que l’Etat doit avoir pour objectif majeur de neutraliser les petits et grands chefs du trafic de drogue, en donnant la préférence à l’action renforcée de la Brigade des Stups, plutôt qu’à celle des CRS, en arrêtant, si elle existe encore, la politique du chiffre.

        Enfin, pourquoi ne pas oser mettre sur le tapis des relations diplomatiques, la lutte contre une des sources fréquentes de ce trafic, la source marocaine ?

Banlieues, ghettos, apartheid ? Un challenge pour la France!

Avant-propos du 7 mars 2015

Le 7 janvier 2010, j’avais publié sur mon blog « confidentiel » le texte ci-dessous relatif à un dossier toujours aussi sensible de nos jours, plus de cinq années après.

Le Premier Ministre parait décidé à s’en saisir. Il a utilisé le mot « apartheid » qui ne parait pas vraiment approprié au sujet, mais attendons les décisions.

Ce texte a conservé sa pleine actualité, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de le publier à nouveau.

Banlieues, ghettos, aveuglement ou incompétence de nos élus depuis plus de 30 ans

Bonne année à l’autre « planète » :

Hier et aujourd’hui, quel gâchis ! Il n’est jamais trop tard ! Demain, l’espoir, le nouveau rêve de la France !

Réflexions proposées le 7/01/2010

            Quel gâchis !  Trente-cinq années ont passé depuis la fin des trente glorieuses, sans que nos responsables politiques, présidents, premiers ministres, députés et sénateurs, aient pris la mesure du grave problème de nos banlieues, et proposé à notre pays des solutions qui soient à la hauteur des enjeux politiques, sociaux, économiques et culturels qu’elles représentent. Trente-cinq années au cours desquelles s’est poursuivi le chemin inexorable, visible ou invisible, d’une « ghettoïsation » ou d’un « enkystement », au choix.

            Enjeux qui n’ont fait que s’aggraver avec la poursuite d’une immigration officielle ou clandestine, avec des concepts de parentèle souvent bien différents des nôtres.

            A qui la faute ? Les raisons en sont multiples, la première étant celle de la difficulté qu’il y a à imaginer des solutions efficaces, de longue durée, et de très grande ampleur, face à une problématique complexe sur tous les plans visés plus haut en matière d’enjeux.

            Mais, pourquoi ne pas mettre en cause la responsabilité de nos élus qui sont restés aveugles, inconscients, égoïstes, ou tout simplement incompétents. Je me souviens avoir alerté à ce sujet, mais sans convaincre, dans les années 1980, le député de Montbéliard, et dans les mêmes années les rares élus parisiens que pouvait motiver le dossier des quartiers dits sensibles.

            Il y a quinze ans, l’année 1995 a vu fleurir la belle campagne de la « fracture sociale » dont il n’est pas sorti grand-chose, à ce sujet, sinon rien ! Et comment ne pas être étonné que la gauche ou la droite puissent être logées à la même enseigne de cette grave carence politique ? Avez-vous eu la chance de connaître, à ce sujet, les propositions concrètes et chiffrées de ceux que la presse qualifie souvent d’éléphants socialistes, grands élus de nos banlieues sensibles proches de la capitale ou d’autres capitales régionales ?

            Toutefois quelques récentes lueurs d’espoir dans ce constat désastreux, les programmes de rénovation urbaine de Boorlo, et le travail de fourmi de Fadel Amara !

             Il n’est pas trop tard : un nouveau challenge national !

            Dans le maelström économique, démographique, et culturel, qui agite toutes les nations de la planète, dans le brassage mondial des races et des cultures, la France n’est pas la plus mal placée pour construire une nation nouvelle, et donner corps à son rêve du vingt et unième siècle. Elle l’est d’autant mieux qu’elle dispose d’un socle de valeurs politiques, sociales, et culturelles inégalable, d’habitants qui viennent de tous les continents, et d’une démocratie qui n’a connu ni ségrégation, ni esclavage

            Dans le nouveau monde en chantier, les nations gagnantes seront celles qui auront su agréger toutes leurs composantes nationales, issues ou non, directement ou pas, du sol national, précisément parce qu’elles représentent, toutes et chacune, une part de notre héritage humain commun.

            Mais pour réussir ce nouveau pari national, d’un vouloir vivre ensemble rénové, les demi-mesures ne suffiront pas, et il faudra des moyens, beaucoup de moyens.

            Alors qu’on a bien trouvé trois milliards pour diminuer le taux de TVA de la restauration, et que l’on sait trouver des centaines de millions ou des milliards pour financer quelques-unes des urgences du jour, ou des opérations internationales de prestige, pourquoi ne pas décider de mettre en œuvre un plan de remise à niveau de nos banlieues sensibles, un plan pluriannuel de plusieurs dizaines de milliards, comme avait su le faire le pays après la deuxième guerre mondiale ? Il n’existe sans doute pas de remède miracle, mais peut-être pourrait-on mettre au service de cet exaltant projet un service civique qui lui serait dédié, et trouver dans la manne des niches fiscales, souvent extravagantes, une partie des financements recherchés.

            Ne s’agit-il pas en effet d’une sorte de nouvelle reconstruction de la France ?

          Le nouveau contrat républicain

            Il faut donc demander un effort exceptionnel à notre nation, mais il faut, qu’en contrepartie, il soit fondé sur un contrat républicain irréprochable : ne rien céder des principes de la République Française, façonnés au cours des siècles, notre unité nationale, les trois valeurs inscrites sur tous les frontons de nos mairies, la liberté, l’égalité, et la fraternité. Une égalité entre les hommes et les femmes, et ce principe revêt encore plus d’importance de nos jours que par le passé, alors que sa conquête a moins d’un siècle dans notre pays.

            La primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être menacée.

            Et, tout autant, la laïcité, qui n’a pas été facile à établir.

            Permettez-moi, à ce sujet, de faire état d’une anecdote familiale : mon grand-père paternel, franc-comtois de la « Petite Vendée » du plateau de Maîche, fut mis en prison, en 1906, parce qu’il s’opposait à la mise en œuvre de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, alors que ses enfants et petits-enfants ont naturellement adopté cette grande loi de pacification civile et religieuse.

            Je dis aux jeunes de l’autre « planète » : au terme de ce petit plaidoyer, je dis aux jeunes de nos banlieues sensibles : beaucoup de temps a passé, trop de temps incontestablement, mais faites confiance au pays, la France officielle des aveugles et des bien pourvus va enfin se ressaisir, car ce rêve national est aussi le vôtre.

            Je dis à nos responsables politiques de gauche, de droite ou du centre : assumez enfin vos responsabilités, et les véritables destinées de la France qui sont celles du siècle actuel, et plus celles du passé.

            Gare à la France si cette mission collective, et on ne peut plus républicaine n’est pas assumée !

            Les caricatures de Plantu dans le Monde du 12 décembre 2009 devraient vous rappeler à la réalité : la page était intitulée Alertes rouges et le dessinateur écrivait en conclusion :

            « Aujourd’hui, bien sûr, on revient sur notre pauvre planète avec ses alertes au réchauffement climatique. Mais il y a une autre planète dont on parle moins… Elle est en danger : c’est la « Planète Banlieue ». Et quand elle va se mettre à chauffer, ça va chauffer ! »

            Les analyses récentes de Luc Bronner confirment le diagnostic actuel, en mettant l’accent sur la prise de pouvoirs des jeunes dans certains quartiers sensibles et sur leur refus de participer récemment aux élections des Conseils Régionaux, beaucoup plus fort que celui de la moyenne des électeurs.

            Avez-vous d’ailleurs entendu de la part des principaux partis politiques, dans les régions où ce problème est aigu des programmes d’action précis ? A ma connaissance, non !

            Ajouterai-je que dans une émission de France O d’il y a quelques semaines, tout à fait instructive, une femme expérimentée  et de qualité, manifestait la plus grande inquiétude sur l’avenir de ces quartiers, et sur leur conversion possible à quelque chose qui ressemblerait à une véritable insurrection.

Jean Pierre Renaud

Post scriptum

Le Premier Ministre vient de faire quelques annonces positives sur le sujet, mais qu’on ne nous dise pas que la France manque d’argent, même si sa dette est colossale, car Hollande, tout comme Sarkozy, ont bien trouvé des sous pour des opérations militaires extérieures en Libye, au Mali, en Centrafrique, et en Irak, avec l’envoi tout en fanfares du porte-avions Charles de Gaulle dans les eaux du Golfe Persique.

De la grandeur, de la grandeur à l’étranger, mais en sacrifiant ce que nous appellerions volontiers notre « front intérieur » !

Avec en petit complément d’information, la publication, à nouveau, et demain, de mes notes de lecture du livre « La loi du ghetto » de Luc Bronner

Sous-préfets aux champs de Daudet et sous-préfets dans les « zones de non-droit », l’idée de Bayrou?

 Je ne sais qui a pu souffler une telle idée, aussi farfelue,  à Bayrou, mais la proposition qui consisterait à nommer un sous-préfet dans « les quartiers devenus zones de non-droit », avec obligation de résidence dans le quartier », ressemble fort à un nouveau gadget politique !

            Cette proposition méconnait la problématique de ces quartiers dont la solution n’est pas de mettre plus d’Etat central dans ces quartiers, mais plus d’Etat local.

C’est mal connaître le corps préfectoral que de penser qu’il suffira de mettre des dizaines de sous-préfets dans ces quartiers, des sous-préfets qui n’ont pas de compétence particulière dans ce domaine, pour traiter ces problèmes difficiles, et qu’on ne trouvera d’ailleurs pas dans les effectifs.

En plus des préfectoraux à la ville, ou à l’égalité des chances ? Qui servent à quoi ?

Je préfère clairement la solution que j’ai déjà exposée sur le blog du 1er mai 2010, à propos de mes notes de lecture de l’excellent livre de M.Bronner, « La loi du ghetto », à savoir la création d’un pouvoir communal nouveau, conseil d’arrondissement ou commission élue, avec un patron, et surtout un budget dédié à ces quartiers, à l’image des conseils d’arrondissement qui existent à Paris, Lyon et Marseille, la gestion déléguée des équipements de proximité, la présence d’un échelon du service civique, le tracé d’un chemin balisé école-emploi…

Avec naturellement en face, le référent préfectoral dans le système préfectoral actuel, habilité à coordonner les services de l’Etat présents dans ces quartiers.

Et pour ajouter une touche finale, pour les personnes bien informées, comment ne pas faire un rapprochement « suspect » avec les fameux Bureaux Arabes du Maroc, ou des SAS en Algérie ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: quartiers difficiles et solutions de grands élus de la Seine Saint Denis? Le vide presque parfait de Lao-Tseu?

Humeur Tique : quartiers difficiles et solutions de grands élus de Seine Saint Denis ? Le vide presque parfait de Lao Tseu ?

Article « Quelles politiques publiques pour les quartiers difficiles ? » France Inter Public Sénat, le Monde des 11 et 12 mars, page 18, par Matthieu Aron, Luc Bronner et Gilles Leclerc.

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Avec une forte envie de dire à tous ces élus, et peut-être aussi aux journalistes : vous ne vous en vous tirerez pas comme ça ! Toujours la faute à l’Etat !

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            Un entretien sans doute intéressant avec deux grands élus de la Seine Saint Denis, Mme Buffet, et M.Bartolone, mais un entretien qui laisse sur sa faim.

            Pourquoi ? Ce département compte sans doute le plus grand nombre de quartiers difficiles, mais il constitue aussi une collectivité qui dispose de gros moyens, à côté d’autres collectivités puissantes que sont les communes.

            La Seine Saint Denis compte un certain nombre de grands élus, en « poste » depuis des années, Le Roux, Bartolone, Guigou, Buffet, et plus récemment, Lagarde,  et dans le passé des gens comme Pandraud, Ralite ou Voynet.

            La plupart de ces grandes collectivités ne manquaient pas de matière grise avec leurs cabinets politiques, leurs directeurs généraux et directeurs, et au surplus, ils avaient la possibilité de solliciter la matière grise des grands partis politiques qu’ils représentaient, ou représentent encore.

A lire leurs propositions dans l’article en question, on en conclut que c’est à l’Etat de tout faire : la faute à l’Etat, le manque de policiers, le  manque de moyens au Pôle Emploi, le manque de logements sociaux, etc… pourquoi pas ?

Mais pourquoi ne pas leur poser la véritable question de fond :

Avez- vous jamais proposé à l’Etat, mais d’abord aux assemblées parlementaires un véritable projet, solide, un programme pluriannuel d’objectifs à atteindre, avec l’énumération des actions proposées, leurs coûts, et notamment la mise en place d’un réseau de remise à niveau social et économique polyvalent de ces quartiers ?

A ma connaissance, non !

M.Bronner aurait été fort bien placé pour poser ce type de questions, avec dans son bagage, son excellent livre, « La loi du ghetto »

Croyez-vous que l’Etat, mais l’Etat, c’est d’abord la gauche et la droite au pouvoir,  aurait pu toujours se défausser, comme c’est le cas, depuis au moins trente ans, hors le programme massif de rénovation  urbaine qui a été engagé et en partie réalisé, si les grands élus de la Seine Saint Denis avaient réellement pris le destin de leur département en mains et fait des propositions sérieuses ?

Difficile à croire, alors que le public initié à ce dossier a raison de penser qu’il souffre d’une grande vacuité de la pensée, de la réflexion, de l’action, et pour tout dire de la politique !

Le sentiment qu’en définitive il existe dans notre pays une véritable conspiration du silence, sinon une complicité entre médias et politiques, sur les responsabilités qui ont été, et sont encore, aujourd’hui, celles du politique !

Et donc, dans nos quartiers difficiles, le vide presque parfait du sage taoïste Lao Tseu !

Immigration, vérités, et cartes sur table: réflexions

Immigration, vérités, et cartes sur table !

Réflexions d’un citoyen sur l’immigration en France

            Le dossier de l’immigration est un dossier français politiquement sensible, mais il est très difficile, pour un citoyen curieux du sujet, désireux d’en comprendre les éléments fournis par la presse écrite, d’interpréter les statistiques produites, tant elles sont changeantes, diverses, pour ne pas dire contradictoires.

A dire vrai, et après deux années de lecture de ce type d’informations, mon opinion est encore incertaine sur les chiffres et leur interprétation.

Le Monde –

En ce qui concerne les chiffres, Le Monde du 4 décembre 2010, notait dans sa page « Décryptages Focus » la stabilité des chiffres de l’immigration entre 1986 et 2006 : « Si l’immigration s’est stabilisée, son visage en revanche s’est tranformé… », soit entre 7,4% et 8% d’étrangers en France.

Mais le même journal, dans sa page Contre-enquête du 12 avril 2011, propose une représentation graphique intitulée « Immigration en France : pas de baisse depuis 2001 », et on lit effectivement que le flux d’entrée à caractère permanent est passé de 137 903, en 2001, à 199 467, en 2004, le maximum, et 181 316, en 2009.

Comment ne pas noter par ailleurs que le titre des graphiques est manipulateur ? « Pas de baisse », alors qu’il y a augmentation ?

Sur ces flux, le nombre d’immigrés entrés par la voie d’une migration familiale représente sur l’ensemble des années de l’ordre de 800 000 immigrés, lesquels ont naturellement vocation à entrer dans la communauté française

Et sur ces tableaux, les chiffres de migration des travailleurs ne constituent pas un vrai sujet, compte tenu de leur faible pourcentage, et montrent que les déclarations récentes, et du ministre de l’Intérieur, et de la présidente du Medef, à ce sujet, n’ont pas de réel fondement.

Alors qui croire et à quoi croire ?

Incompétence des journalistes, manipulation des chiffres, complexité technique du sujet, laquelle est incontestablement la plus forte en ce qui concerne l’évaluation des immigrés sans papiers, ou de ceux venus avec des faux papiers ?

 Les Echos-

Un autre journal, Les Echos vient de présenter, le 26 avril, son analyse du sujet, et le contenu de cette analyse découpée en quatre thèmes soulève également quelques questions :

La proportion d’immigrés augmente-t-elle sur le territoire français ? Le journal fait référence au chiffre des années 1920, mais est-il bien sérieux de la part d’un journal économique et financier de partir d’une telle référence, dénuée de tout crédit, ne serait-ce qu’en raison de sa date et des millions de morts de la guerre 1914-1918 ?

Dans le même paragraphe, l’auteur écrit «  Par ailleurs, 100 000 individus quittent chaque année l’Hexagone… Autour de 100 000 personnes par an, en moyenne, restent donc à accueillir. Un chiffre bien modeste comparé aux autres pays développés. »

100 000 personnes seulement ? Vraiment ? Par quel processus, et sur le fondement de quelles statistiques ? Le quotidien aurait pu à la fois l’expliquer et le justifier, car c’est un aspect ignoré de ce dossier.

Les immigrés pèsent-ils sur les comptes sociaux ?  Le journal propose une analyse dont les résultats sont d’ailleurs nuancés, fondée sur l’hypothèse, sauf erreur,  que la population d’origine immigrée et intégrée dans la communauté française ne vieillira pas dans notre pays. Difficile à croire tout de même !

Une diminution de l’immigration suffirait-elle à faire baisser le chômage ? Conclusion évidemment négative, et bien connue des spécialistes, le facteur majeur du débat n’étant pas l’immigration officielle, mais clandestine, celle dont personne ne connait le chiffre exact, 300 000 ? 400 000 ? Un flux de travailleurs sans papiers qui alimente le recrutement de beaucoup d’entreprises, grandes ou petites dans certains secteurs économiques.

L’immigration peut-elle pallier le vieillissement de la population ? Conclusion négative du journal, mais qu’il serait bienvenu de relier à la conclusion précédente sur les comptes sociaux.

Dans le même numéro, un des éditorialistes du journal écrit sous le titre « Penser l’immigration » : … Dans l’enquête que nous publions aujourd’hui, trois contrevérités sont démontrées. »

Est-ce bien sûr ?

Impossible donc pour un citoyen curieux de saisir les véritables données de ce dossier et d’en interpréter les éléments !

Dans cette sorte de désordre des chiffres et des interprétations, quelques informations paraissent établies aujourd’hui, ou en tout cas communiquées :

La concentration anormale des flux migratoires sur certains territoires, ceux que Luc Bronner a fort bien décrit dans son livre « La loi des ghettos ».

Le Haut Conseil de l’Intégration vient du reste de le souligner.

L’importance des flux liés à l’immigration familiale, et les questions légitimes qu’il est possible de se poser, afin de comprendre le fonctionnement dont l’image de pelote de laine multiforme rendrait assez bien compte :

 1- Quant à l’interprétation du concept de parenté dans la culture africaine et dans notre propre culture, à l’évidence, très extensible dans la première. A titre d’exemple, dans certaines régions de l’Afrique de l’ouest, un oncle est encore réputé « père » de son neveu ! Comment voulez-vous qu’un employé municipal ou préfectoral comprenne ce type de relation ?

Cette immigration familiale, qui peut être chez nous source de problème, atteste de la solidarité puissante et toujours vivante de beaucoup de communautés africaines, une solidarité qui est incontestablement positive sur le plan humain.

2- Quant aux facilités d’intégration de personnes issues de certaines cultures africaines d’émigration, pour ne pas évoquer le redoutable problème de l’alphabétisation et acculturation  de beaucoup d’entre elles.

Le sociologue Lagrange a publié les résultats d’une enquête sérieuse qui montre les difficultés réelles que peuvent rencontrer certains jeunes issus de cette immigration dans leur processus d’acculturation à la française ?

Un grand intellectuel africain, Moussa Konaté, dans son livre « L’Afrique noire est-elle maudite » propose à cet égard un certain nombre de clés de compréhension de la culture africaine.

Vrais et faux papiers 

Quant au contrôle de l’authenticité de papiers soi-disant officiels présentés par nos immigrés, dans son livre « Madame Bâ », l’académicien Orsenna, bon connaisseur de l’Afrique, et ancien collaborateur de M. Mitterrand, propose à ses lecteurs quelques ouvertures de réflexion à ce sujet (voir pages 386 à 388).

Mais me direz-vous, ce n’est qu’un roman !

Les mariages mixtes

L’importance des mariages mixtes, de l’ordre de 50 000 par an (Les Echos numéro 20913), sur un total de 250 000 en France : dans quelle rubrique sont- ils comptés ? Et l’interprétation d’un certain nombre de ces unions pose aussi des questions.

En conclusion, le débat avance effectivement, et aussi, une meilleure connaissance du sujet, mais la presse serait bien avisée de proposer à ses lecteurs une vue complète, précise et rigoureuse des flux d’immigration, des problèmes qu’elle soulève effectivement, même si une des conclusions d’une étude récente sur les résultats, est en partie positive sur l’intégration à la française.

Dans ce domaine aujourd’hui sensible de l’immigration, il faut jouer carte sur tables, sauf à continuer à empoisonner le débat politique, économique, et social, et la France n’a vraiment pas besoin de cela.

Jean Pierre Renaud

Un livre vérité: « La loi du ghetto » Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

Notes de lecture

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale,        

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

            Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

     D’ailleurs, pourquoi des gouvernants intelligents n’inverseraient-ils pas l »ordre des facteurs, en consacrant les milliards d’euros de répression, pour ne pas dire les dizaines de milliards à la prévention? Là, il y a des sous!

            Conseil municipal et conseils de quartier

            Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

            Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

            Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un autoengendrement des flux familiaux. » (page,45).

            N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

            Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.       

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud – ancien haut fonctionnaire

La semaine prochaine : notre commentaire sur l’éditorial du Monde du 4 mars intitulé «  Sans-papiers : sortir de l’incohérence ». Cohérence ou incohérence ? Morale ou intellectuelle ? Statistique ou non ? Exacte ?