II – Le nouveau théâtre d’opérations des subversions
Depuis les années 1970, la France a beaucoup changé, mais paradoxalement, une partie de ses élites continue à faire comme si notre pays pouvait assumer une puissance capable de faire concurrence aux grandes puissances du monde et à refuser de voir les réalités de la France d’aujourd’hui.
Les traits principaux de ce théâtre d’opérations :
Tout d’abord, un théâtre ouvert à tous les vents, mais avec quelles caractéristiques ?
De retour dans son pays natal, après près de cinquante ans, un Français ne reconnaitrait plus sa terre natale !
Au regard, il la trouverait très colorée, avec des minorités venues de l’outre-mer français, africain, ou maghrébin.
Dans les années 70, le pays ne comptait pas ou peu de quartiers dits sensibles, alors que de nos jours, il en compterait plusieurs centaines, le résultat d’une immigration mal contrôlée et d’une incapacité nationale à réussir à l’intégrer.
Résultat, un développement du multiculturalisme qui vient en concurrence avec un horizon national qui fut difficile à construire au fil des siècles, une obsession nouvelle pour le culte des origines et de leur mémoire ou histoire, vraie ou falsifiée, l’expansion d’un Islam dont certaines formes d’expression ne sont pas compatibles avec notre état de droit et nos mœurs, face à la déchristianisation de la France.
Dans ce méli-mélo démographique, culturel, et religieux, le fric a gagné beaucoup d’idoles, face à l’amollissement, pour ne pas dire le laisser-aller ou le vide de beaucoup de nos règles de vie commune, un état de droit toujours avancé en posture politique, mais qui masque la perte du sens du bien commun et de la paix civile, ou qui sert de couverture ou d’excuse aux délinquants de toute espèce.
Trop plein de fric, mais au moins autant trop plein d’images, saturation de l’espace social par le médiatique, le trop plein des réseaux sociaux, un champ libre pour toutes les propagandes, les falsifications, c’est à dire les subversions potentielles ou concrètes, avec souvent d’insidieux détours.
Comment ne pas faire appel à Pascal et à son concept de « divertissement » pour interpréter tous ces « détours » qui nous font oublier les réalités et les problèmes du jour, tout autant que ceux du moyen et long terme ?
L’esprit collectif est en sérieuse perte de vitesse !
Adulte ou adolescent, je peux être sous l’influence de tel ou tel réseau social, et me croire autorisé de nos jours à assassiner les infidèles, à être le terroriste de service, pour tuer ou estropier les non-musulmans ou les musulmans, un passage presque naturel de l’image et de la parole à l’acte !
La connaissance des stratégies indirectes, de leurs processus de manipulation, souligne l’importance de l’identification des lignes d’attente de l’opinion, de leur carte, fortes ou faibles, constantes ou épisodiques, apparentes ou masquées, de quelle nature ?
Lignes d’attente religieuse, culturelle, ou laïque ? Lignes d’attente politique, européenne ou nationaliste ? Lignes d’attente économique, libérale ou étatique ? Lignes d’attente sociale, protectionniste ou responsable ? Lignes d’attente de sexe ou de paradis artificiels, d’évasions, de transgressions…
Beaucoup d’ONG s’inscrivent volontiers sur une ligne d’attente de générosité sans compter, en oubliant que leur action, ou leur dévouement, nourrit le risque d’une assistance « perpétuelle », qui empêche les pays donataires d’assumer leurs responsabilités.
Lignes d’attente de l’opinion publique de court terme ou de long terme, et des comportements : une société du fric et de la consommation ? Une société ouverte ou fermée ? Une société en proie au multiculturalisme et de plus en plus soumise au postulat du « toutes chose étant égales par ailleurs » qu’il s’agisse de nos libertés individuelles et politiques, des droits de l’homme, de la démocratie ou de la théocratie ?
Afin d’identifier les lignes d’attente favorables à telle ou telle subversion, il est capital d’en dresser une carte fidèle et actualisée.
Dans le livre de François Jullien cité plus haut, ce dernier propose une analyse des « lignes de vie au travers du paysage » familières à la pensée chinoise.
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés