« Les Raisins Verts » La Question post-coloniale – Yves Lacoste- Troisième Partie Les conquêtes coloniales – Chapitre 8 Le Marocs

« Les Raisins Verts »

Troisième Partie

Chapitre 8

« Le Maroc, la dernière des conquêtes coloniales »

(p,373 à 397, soit 24 pages)

  L’objet de ce dernier chapitre est intéressant, entre autres et principalement à mes yeux, parce ce qu’il pose la question de la définition de la géopolitique, compte tenu de la place majeure qu’a occupé son environnement international  de politique étrangère.

            Comment comparer en effet des situations géopolitiques aussi différentes les unes des autres que celles du Maroc, de Madagascar ou du Bassin du Niger, entre Etats et tribus ?

            La lecture de ce chapitre fait naturellement apparaitre la force des liens qui attachent l’auteur à son pays natal.

            « Alors que la conquête de l’Algérie a été menée par des militaires qui ne connaissaient rien des populations de cette partie du monde musulman et qui furent des années durant laissés sans objectif par des gouvernements hésitants, la conquête de la Tunisie et plus encore celle du Maroc furent le fait d’hommes d’affaires qui « préparaient le terrain » et de militaires qui s’intéressaient désormais  à l’histoire de ces pays, à leurs organisations tribales et aux dispositifs de pouvoirs entre celles-ci et le souverain, qu’il  s’agisse du bey de Tunis ou du sultan marocain. La conquête de la Tunisie et surtout celle du Maroc fut  soutenue indirectement par de grands groupes financiers et elles s’inscrivaient dans des rivalités impérialistes évidentes.  On est bien au « stade de l’impérialisme » et la guerre mondiale menace. Celle-ci n’éclate pas tant à cause des problèmes coloniaux qu’en raison de rapports de force et surtout de prestige entre les Etats européens regroupés en deux grandes alliances antagoniques.

            Le Maroc fut la dernière des conquêtes coloniales. En effet, celle de l’Ethiopie par les Italiens de Mussolini, entreprise difficile commencée en 1935 à partir de l’Érythrée qu’ils avaient annexée à la fin du XIXème siècle ne dura guère puisqu’ils en furent chassés par les Britanniques en 1941.

            La conquête du Maroc apparait encore aujourd’hui comme relativement facile, surtout comparée à l’Algérie. Celle de la Tunisie, qui avait été facile, fit croire aux dirigeants français qu’il en serait de même au Maroc, car l’Empire chérifien était lourdement endetté à l’égard des banques françaises et nombre de grands notables, come l’avaient fait les Tunisiens, avaient demandé la protection des ambassades européennes. Ces dernières étaient tombées d’accord pour les laisser agir au Maroc, les Français pourraient sans doute avoir le soutien discret d’un grand nombre de notables locaux. »

Commentaire : l’auteur évoque un des aspects majeurs de la géopolitique coloniale, le rôle des banques dans la prise de contrôle de territoires qui valaient d’être convoités, l’engrenage des emprunts, à partir du moment où les pays emprunteurs disposaient déjà d’un minimum de ressources économiques pour rembourser : il s’agissait d’un bon critère de distinction entre les territoires anglais et français.

            Cette mécanique coloniale a fonctionné en Méditerranée, notamment en Egypte, Tunisie et Maroc, et beaucoup en Chine, laquelle vit ses douanes prises en mains par les Anglais et les Français pour s’assurer du remboursement des emprunts.

            « Un galop d’essai, la conquête de la Tunisie (p,374)

L’auteur décrit un deuxième procédé utilisé pour contrôler un pays, ce qu’il faut bien appeler la corruption, le mélange des genres, des procédés sans âge, mettre la main sur les notables, sorte de protectorat avant la lettre, par le biais des consuls, encore faut-il que cette géopolitique puisse être mise en œuvre dans un pays disposant d’un Etat et de ressources à exploiter.

            « Par ailleurs, la modernisation permit à de nombreux hauts fonctionnaires de transformer en propriétés privées les domaines ou biens de fonction dont ils avaient la jouissance passagère. Pour ne pas avoir à les restituer à un successeur, ces notables se placèrent sous la « protection » du représentant d’une puissance étrangère, et celui-ci obtint l’accord du bey en leur faveur, en échange de nouveaux prêts ou de délais de remboursement d’emprunts précédents. Ainsi le système du protectorat commença-t-il discrètement à titre individuel pour la plupart des notables, bien avant d’être instauré officiellement sur l’Etat tunisien. » (p,375)

« Le Maroc, un vieil empire selon le modèle Khaldounien » (p,375)

L’auteur consacre ces pages à un ancien historien trop méconnu du Maghreb, Ibn Kaldoun dont l’apport le plus intéressant est incontestablement le rôle des tribus.

            « En me référent au grand historien et sociologue maghrébin Ibd Kaldoun (Tunis,1332- Le Caire, 1406), contemporain des  Mérinides et dont l’œuvre a été traduite sur ordre de Napoléon III, je crois utile d’expliquer comment se formait et se disloquait un  royaume marocain et plus largement un royaume maghrébin. Cela permet de mieux comprendre comment s’est déroulée la conquête coloniale, en particulier dans le cas du Maroc, dénommé l’empire chérifien.

            Comme dans l’ensemble du Maghreb et du Machrek (sauf en Egypte), il s’agissait d’Etats fondés sur des sociétés tribales où chaque homme était armé, savait se battre et appartenait à un groupe formé par des liens de parenté, la tribu (ou la fraction de tribu). Celle-ci était un ensemble politique – en principe égalitaire – qui avait son territoire, le défendait et l’exploitait de façon plus ou moins collective par l’élevage et l’agriculture. Elle entretenait avec les tribus voisines des relations parfois conflictuelles, en fait géopolitiques. Celles-ci étaient un effet de la concurrence territoriale, mais aussi de la volonté d’entretenir les relations politiques et la valeur guerrière de ses membres. La tribu, groupe à base largement familiale, était une sorte de machine politique et une machine de guerre (sans volonté d’exterminer les adversaires ni de capturer des esclaves…

                        Tout pouvoir royal, au Maghreb et au Moyen Orient (à l’exception, il faut y insister de l’Egypte) avait donc une base tribale, et celle-ci était le fait d’une tribu qui en avait entrainé d’autres à se rebeller contre un pouvoir royal. Ce dernier était lui-même d’abord celui d’une tribu qui s’était soulevée et avait été victorieuse grâce à l’alliance d’autres tribus. Le ralliement d’un certain nombre de celles-ci était plus facile quand la tribu qui menait le mouvement pouvait se réclamer d’un innovateur religieux fondateur d’un confrérie hostile à celle dont se réclamait le pouvoir en place. » (p,377, 378)

Question : Yves Lacoste aborde ici l’un des points sensibles, et il y en  a beaucoup d’autres, pourquoi ?

            Parce qu’il aurait utile et intéressant qu’il nous donne au moins un exemple du phénomène décrit qui met en cause un facteur géopolitique majeur, celui de l’Islam et des confréries particulièrement puissantes du Maghreb, comme elles le furent et le sont encore en Afrique noire.

            C’est bien dommage car l’auteur a publié, dans le passé, dans la revue qu’il a fondée, « Hérodote », une analyse fort intéressante sur les principaux courants de l’Islam.

            « Au Maroc, souvenir des grandes dynasties et rôle des confréries » (p,379)

            Ce système, qui rend compte du mode de formation et de déclin rapide de royaumes à base tribale, a fonctionné sur l’ensemble du Maghreb plus ou moins longtemps selon les régions. A partir du XVIème siècle, l’afflux d’or d’Amérique en Espagne, l’essor de la piraterie en Méditerranée et la riposte espagnole conduisent les corsaires d’Alger et de Tunis à faire appel à l’Empire ottoman. Ce grand Etat qui n’est plus à base tribale mais qui repose sur une administration d’origine byzantine, établit pour plusieurs siècles son pouvoir sur les tribus des régences d’Alger et de Tunis. Le système kaldounien cesse de fonctionner dans une grande partie du Maghreb, du moins en ce qui concerne les affaires importantes. Il n’y a pas de nouvelle dynastie en Algérie depuis le XVIème, mais une dynastie se crée en Tunisie au XVIIIème siècle.

            En revanche, le système décrit par Ibn Kaldoun continue de fonctionner au Maroc où des dynasties se sont succédées jusqu’au XXème siècle…

            La dernière dynastie qui s’établit au Maroc et qui est toujours au pouvoir est celle des Alaouites (sans être chiites, ces chérifs se réclament d’Ali, le gendre du prophète). Ils sont eux aussi des Arabes arrivés au XVIème siècle dans le Sud marocain qui se sont établis dans la grande oasis du Tafilalet…

On pourrait dire que le système kaldounien s’est peu à peu assoupi, puisque du XVIème siècle au début du XXème siècle aucune tribu n’a été assez forte pour renverser la dynastie…

            « Les contrecoups de la conquête de l’Algérie » (p,381)

Ce passage décrit bien l’engrenage financier avec emprunt et remboursement d’emprunt, dans un territoire à potentiel économique, qui conduit à la dépendance coloniale ou impériale, comme l’on veut, une configuration géopolitique dont l’effectif a varié au cours du temps, mais dont ne faisaient alors pas partie, mise à part l’Indochine, les autres territoires ciblés par les Français.

             « Le principe de la « porte ouverte »  (p, 382)

L’auteur en décrit le mécanisme décidé à la Conférence d’Algésiras (1906),  puis la crise de 1908 avec l’intervention, à partir de l’Algérie, du général Lyautey, avec une nouvelle crise à Fès en 1911.

            « L’instauration du Protectorat et l’insurrection nationale de 1912 » (p,384)

            « A Fès assiégé par les tribus, le sultan fut traité comme quantité négligeable par les Français ; il apprit indirectement l’accord franco-allemand et par conséquent l’instauration imminente du protectorat français…

            Les événements que l’on a longtemps passé sous silence sont au contraire considérés par l’historien Daniel Rivet comme une véritable « insurrection nationale ». Il ne s’agit pas, selon lui, de la classique agitation des tribus lors des crises dynastiques, mais d’un soulèvement national contre le passage sous l’autorité d’un Etat étranger et chrétien… Daniel Rivet ne parle sans doute pas assez des confréries, mais il montre bien les enjeux nationaux du soulèvement des tribus, notamment leur opposition du départ du sultan pour Rabat. Cette ville n’était plus une capitale depuis longtemps, à la différence de Fès, de Meknès, ou de Marrakech, mais c’était une implantation sur la côte atlantique qui permettait aux Français d’assurer la protection du sultan…

« … à la mi-mai 1912, Lyautey débarquait à Casablanca » (p385)

L’auteur propose alors un résumé historique du conflit, des « Méthodes de Lyautey », qui fut dix ans au Maroc :

« Lyautey, qui sut s’entourer de géographes, d’historiens et d’ethnologues, a compris les formes d’organisation politique de la société marocaine. Par ces intellectuels, il connait l’œuvre d’Ibd Kaldoun, et on peut dire qu’il va appliquer le modèle kaldounien dans les rapports géopolitiques entre le bled maghzen et le bled siba. L’un et l’autre sont constitués de tribus dont les relations d’alliance ou de rébellion avec le sultan changent au gré des circonstances…

« A la différence de l’Algérie où les occupants ont systématiquement cherché à disloquer les structures tribales en réduisant leurs territoires, Lyautey a cherché au Maroc à maintenir les tribus qui pour beaucoup avaient conservé leurs terres, sauf celles qui étaient particulièrement intéressantes pour la colonisation, par exemple autour des villes…

« Dès le début du protectorat, des régiments de tirailleurs marocains ont été constitués dans l’armée française avec des volontaires qui partirent en France dès septembre 1914. Ces tribus du Moyen Atlas ont fourni une grande partie de l’armée coloniale puis de l’armée royale après 1956. Encore aujourd’hui les cadres de l’armée marocaine viennent pour une bonne part de ces tribus. »

« La formation ou le renforcement d’un féodalisme marocain »(p,391)

« … L’un des points forts de la politique de Lyautey est qu’au début du XXème siècle les milieux coloniaux s’intéressaient bien davantage aux ressources minières qu’aux terres agricoles… » (p391)

« La guerre du Rif et les contradictions coloniales » (p,392)

« … Fait étonnant, il ne semble pas qu’elle ait alors suscité dans l’opinion marocaine une grande émotion… »

Question : sur quelle base d’évaluation ? Dans la presse marocaine ? Quelle était-elle à l’époque ?

« La relative brièveté du mouvement national et royal marocain. » (p394)

« La politique de Lyautey continua dans l’ensemble d’être mise en œuvre après son départ. Mais la pénétration des idées nationalistes parmi les intellectuels marocains se faisait sentir dans les villes. Aussi, au sein des sphères coloniales, apparut l’idée de soustraire les Berbères des régions montagnardes à l’influence des milieux arabisés. »

Question ; « sphères coloniales », les « sphères coloniales » du pouvoir ou des pouvoirs ? De qui et de quoi s’agit-il ?

L’auteur décrit en détail le rôle géopolitique des tribus dans l’histoire du Maroc, fondé implicitement sur la confusion entre un pouvoir tribal et un territoire tribal

L’auteur conclut son analyse ainsi :

« Je crois que les Marocains ne gardent pas de l’époque coloniale un trop mauvais souvenir. Celle-ci a été relativement courte et la lutte pour l’indépendance a été brève. En revanche, pour les Algériens, c’est une el longue et vieille histoire et leurs souvenirs de la guerre d’indépendance sont tragiques.  Mais c’est avec la France que les relations de l’Algérie sont les plus étroites et les plus nombreuses. La question post-coloniale en France, notamment dans les « grands ensembles », est indissociable de tous ces « jeunes » français dont les grand-pères sont venus, il ya bientôt cinquante ans, après avoir combattu l’armée française. » (p,397)

Questions : toujours les « grands ensembles » ? Toujours l’Algérie ? Une histoire par trop caricaturale ? Et les années noires des années 1990 ? Et la nature et les dates des flux des « grands pères » qui sont venus en France ?

Pourquoi ne pas signaler à nouveau que la plupart des discours tenus de nos jours par des groupes de pression de propagande post-coloniale, le plus souvent accusateurs de notre pays, se gardent bien de nous fournir des enquêtes statistiques sérieuses sur la mémoire coloniale en métropole et dans les anciennes colonies : Yves Lacoste a-t-il à sa disposition une documentation statistique à ce sujet ?

Je confluerai cette analyse et ces questions en renvoyant le lecteur sur le livre « La colonisation française » d’Henri Brunschvig Chapitre VII « Le Maroc et les interférences de politique étrangère » et sur la chronique que j’ai publiée le 17/10/2018 à propos des Mémoires de Joseph Caillaux

A l’époque des tensions internationales relatives à la question marocaine, ce dernier était  alors Président du Conseil.

Il donna sa version des faits dans le livre  « Mes Mémoires » Tome 2 « Mes audaces. Agadir… »

Dans le fil des recherches que j’ai effectuées sur les processus de décision des conquêtes coloniales, ces Mémoires me donnaient l’occasion de comprendre qui prenait la décision coloniale dans le cas du Maroc : la façon de raisonner de l’auteur, telle qu’elle était décrite était tout à fait surprenante, étant donné :

 1) qu’il prenait une décision en considérant qu’hors les Etats reconnus sur le plan international, les autres territoires étaient considérés comme des biens sans maître,

2) qu’il avait tout pouvoir à ce sujet, alors que la France était dans un régime parlementaire.

Le livre en question nous documente par ailleurs sur un personnage qui fit un beau parcours politique sous la Troisième République, André Tardieu.

Il sut alors pratiquer un remarquable mélange des genres entre la presse, le Quai d’Orsay, et le monde politique.

De nos jours, André Tardieu n’aurait-il pas des héritiers qui ne disent pas leur nom ?

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

La Question post-coloniale- Yves Lacoste- Troisième partie Lecture critique « Les conquêtes coloniales »

Comme annoncé ces dernières semaines :

dans la rubrique « Les Raisins Verts »

Lecture critique : suite et fin

&

« La Question post-coloniale »

Yves Lacoste

Troisième Partie

Les conquêtes coloniales

(page 217 à 398)

 Chapitre 5 et 6

(page 217 à 262 = 45 pages)

« Pourquoi et comment furent d’abord conquis les deux plus grands empires ? »

&

Question préliminaire : il n’y aurait pas eu d’Empires auparavant ? Ni dominations ?

  L’auteur analyse dans ce chapitre deux empires, ceux d’Amérique Centrale et des Indes.

            « La conquête de l’Amérique ouvre l’ère planétaire du colonialisme » (p,219)

            « A la différence des empires en continuité territoriale, les empires d’outre-mer sont plus récents et sont essentiellement le fait d’Européens puisque l’Empire chinois a renoncé à son expansion navale et que l’impérialisme japonais est extrêmement tardif. Les empires d’outre-mer résultent de la projection, au delà de très vastes océans, de forces qui ne pouvaient être très nombreuses à embarquer sur des navires à voile… » (p,219)

Questions :

            « …ouvre l’ère planétaire du colonialisme » ?

Il aurait été intéressant que l’auteur explique pourquoi le colonialisme est distinct de l’impérialisme, alors que les deux concepts paraissent avoir la même racine, la domination, d’autant plus que, sauf erreur, le terme colonialisme est un terme anachronique ?

La distinction entre empires en continuité territoriale ou non aurait méritée d’être étoffée, car elle constitue un des traits majeurs de la géopolitique impériale de l’époque considérée et des suivantes avec l’explosion des nouvelles technologies de la Renaissance puis des XVIIIème et XIXème siècles.

La même distinction vaut toujours de nos jours qu’il s’agisse de l’Afrique, de l’Asie ou du continent européen.

            Page 221 : « … l’Afghanistan, qui eut le « privilège » d’être le seul Etat hors d’Europe à ne pas avoir connu une quelconque domination coloniale »

            « Etat » : Etat ou tribus ? Avec le même type de problématique que dans la montagne berbère ?

  • La raison principale ne serait-elle pas en effet, celle cumulée de la géographie et de la culture avec des massifs infranchissables où se sont enracinées de puissantes tribus qui existent toujours.

L’auteur n’a-t-il pas mis le facteur géopolitique majeur de sa démonstration les « tribus » en lumière ailleurs, notamment en Algérie ?

  • A la page 267, en effet, dans son analyse de la conquête de l’Algérie, l’auteur écrit : « Les caractéristiques politiques de l’Algérie sont comparables à celles d’Afghanistan d’alors », sauf que ce dernier « territoire » n’était pas géographiquement bordé par des les côtes de la Mare Nostrum, et à cette époque, avec la présence d’un Empire Ottoman encore puissant.

            Page 222 « Comportement intrinsèque de l’Occident ou la suite des croisades

            « Le discours philosophique post-colonial, notamment des postcolonial studies, prend argument de ces cinq siècles de conquêtes – auxquels on ajoute pour faire bonne meure les croisades, l’Empire romain et celui d’Alexandre le Grand (ce qui implique les Grecs) – pour affirmer que le colonialisme est intrinsèque à un Occident fondamentalement impérialiste, avant même que son hégémonie s’étende sur l’ensemble  d’un monde plus vaste qu’il ne l’imagina longtemps. » (p,222)

Commentaire : l’expression de « comportement intrinsèque de l’Occident » est-elle intelligible? 

            « Les géographes, Henri le Navigateur et la vuelta dans l’Atlantique » (la boucle) (p,224)

La géopolitique des « Grandes Découvertes » ?

            L’ensemble des pages (p,226 à 242) qui suit est intéressant, en regrettant toutefois qu’on n’en raccorde pas les caractéristiques géopolitiques avec celles d’Asie ou d’Afrique, en vue d’éclairer les conquêtes ultérieures.

            « La pénétration très progressive de l’Inde » (p,242)

            «  La conquête britannique du Bengale » (p,252)

Commentaire ;  un seul, pour avoir beaucoup analysé les deux empires anglais et français, et avoir publié mes réflexions sur le blog – très consultées depuis 2016 –  , je dirai simplement qu’Anglais et Français ne jouaient pas dans la même division, comme au foot (d’origine anglaise) : comment comparer l’Indochine, la colonie, le « joyau » d’après Lyautey, à l’Empire des Indes,  l’Inde des « nababs », des « cavernes d’Ali Baba », avec ses flottes et ses lignes de chemin de fer antérieures à 1900, avec l’Afrique de l’Ouest à la même date ? 

            Puis-je donner l’exemple du rail indien ? En 1880, le pays disposait déjà d’un réseau de 14 500 kilomètres de long ? Alors que l’Afrique occidentale noire était encore dans les limbes d’une modernité contestable ou contestée !

            Et pour le reste de l’empire anglais, doté de territoires riches ou à peupler, avec ceux, maigrichons de l’empire français ?

            « … On peut considérer que cette expérience de l’établissement progressif de la domination britannique en Inde, avec le concours intéressé de la classe dirigeante autochtone, est à l’origine des méthodes dites de colonisation indirecte que les Britanniques – en l’occurrence les employés des compagnies de commerce comme l’East India Company – mettront en œuvre dans les pays africains dont ils feront la conquête au XIXème siècle… » (p,260)

            Au contraire, dans la plupart des pays africains soumis par l’armée française au XIXème siècle (avec le soutien des missionnaires catholiques qui enseignaient en français), ce sont les méthodes de la colonisation directe qui furent la plupart du temps mises en œuvre après la conquête de l’Algérie. Cependant, au début du XXème siècle, des méthodes plus ou moins proches de celle de la colonisation indirecte furent mises en œuvre par les autorités françaises dans les pays sous protectorat (Tunisie, Maroc).Leur conquête fut beaucoup plus rapide moins difficile que celle de l’Algérie. » (p,261)

Commentaire : une interprétation comparative par trop caricaturale des deux systèmes coloniaux et du colonialisme anglais, comme le lecteur pourra le constater en consultant les analyses comparatives publiées en 2016, et toujours très consultées.

            De façon géopolitique et schématique, et pour rester sur les « territoires » de l’Afrique de l’Ouest, je proposerais – culture britannique du tout business (côtes riches et abordables), contre rêves de grandeur et laisser faire par des gouvernements francs-maçons ignorants –  présence de royaumes puissants,  Ashanti ou Bénin vers la côte, et Emirats également puissants au nord, au lieu de la myriade de royaumes, de tribus et de chefferies au-delà des côtes visées par les troupes coloniales françaises (indigènes pour au moins 90% de leurs effectifs).

            Convient-il de préciser qu’il n’y avait pas beaucoup de missionnaires catholiques qui parcouraient les pistes de la brousse au XIXème siècle…

            Enfin, question impertinente ! Dans quelle science humaine sommes-nous, l’histoire ou la géopolitique ?

      Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Chapitre 6

La très longue et très difficile conquête de l’Algérie

(pages 262 à 327 = 65 pages)

Soit 35% des pages consacrées aux conquêtes coloniales

  Incontestablement, un pays cher au cœur d’Yves Lacoste, avec un faible pour les Kabyles ! Peuple effectivement très intéressant d’après mon expérience d’officier SAS en Petite Kabylie.

            L’histoire de l’Algérie n’a jamais été ma spécialité, même s’il m’est arrivé à plusieurs reprises de me plonger dans la lecture de quelques ouvrages de témoignages ou d’histoires pour comprendre les raisons, sinon l’engrenage d’une conquête violente et meurtrière, de la révolte kabyle des années 1871, de la période 1940-1945 avec le rôle d’Alger, en prolongement des conflits politiques graves qui divisaient le pays, entre les deux camps gaulliste et pétainiste.

            Plusieurs événements avaient marqué  ma mémoire, le rôle des troupes venues d’Afrique du Nord, dans la libération de mon pays natal, Françaises, Algériennes, et Marocaines, le refus par les Français d’Algérie de toute évolution politique nécessaire et inévitable dans ce territoire, le livre « La Peste » de Camus, un de mes auteurs préférés de jeunesse…

            Une anecdote historique et familiale, le souvenir d’avoir rencontré, en 1945, à la table familiale un beau et grand tirailleur noir, un Sarah, d’après mes parents, le premier noir que je voyais de ma vie.

            J’avais toujours en tête la clé démographique de l’Algérie : au début du XXème siècle, la population européenne était composée en gros pour un tiers d’immigrés français pauvres et de proscrits (Révolution 1848, Commune, Alsace Lorraine), pour un tiers d’immigrés italiens pauvres, et pour un tiers d’immigrés espagnols pauvres, avec quelques noyaux de population juive dans les ports.

            Afin de situer ma perception, pour ne pas dire mon jugement sur la période des conquêtes coloniales, après voir effectué de très nombreuses recherches historiques sur le qui faisait quoi dans le processus de décision politique d’un conquêtepour autant qu’il puisse être effectif dans le contexte des communications de l’époque (voir le livre avec toutes ses références, « Le Vent des Mots, le Vent des Maux, le Vent du Large » qui va être publié en numérique), je me suis posé de multiples fois la question en résumant ma réponse au refrain :

« Il ne fallait pas qu’il y aille, il ne fallait pas y aller ! »

Dans le cas de l’Algérie, il aurait mieux valu rester en Egypte, un des « territoires » que les Anglais ont subtilisé à la France (une des clés géopolitiques de Fachoda), dont l’intérêt stratégique, économique, et humain, était autrement éminent avec le canal de Suez, la route de l’Asie.

« La situation géopolitique en Méditerranée vers 1830 » (page 269)

L’auteur analyse la nature des révoltes successives, la guerre contre Abd el Kader, et le rôle des tribus, comme déjà signalé, dont l’importance existe encore de nos jours, dans les pays arabes.

Il s’agit sans doute d’un des facteurs qui a induit l’Occident en erreur dans son interprétation des « Printemps arabes », notamment les Anglais et les Français, lors de l‘intervention militaire contre Kadhafi.

« Le débarquement sans projet stratégique » (page 279)

« Napoléon III fait traduire et publier la grande œuvre d’Ibn Khaldoun » (page 307)

« … Elle était presque totalement ignorée au Maghreb et dans l’ensemble du monde arabe et ne fut découverte que grâce à la minutie des inventaires systématiques que les orientalistes français menèrent pendant des décennies dans les bibliothèques de Tunis, du Caire ou d’Istanbul.

Il est de bon ton aujourd’hui dans le courant des postcolonial studies, d’accuser les orientalistes d’avoir délibérément propagé une vision fallacieuse et mystificatrice de l’Orient. C’est la thèse que développe Edward Said dans son livre « L’Orientalisme » (1978). Les orientalistes du début du XIXème siècle qui ont découvert l’œuvre d’ibn Kaldoun en ont plus ou moins perçu l’intérêt « géopolitique », car il s’est beaucoup demandé pourquoi les grands empres maghrébins, notamment celui des Almoravides (XIème siècle) et celui des Almohades (XIIème siècle) s’étaient disloqués eux-mêmes sans attaque extérieure, (à la différence des empires du Moyen Orient, frappés par les invasions turco-mongoles). Ibn Kaldoun montre par de nombreux exemples que les royaumes maghrébins se sont disloqués pour des raisons internes, par  perte de cohésion de la tribu fondatrice, le déclin de son « esprit de corps –nous y reviendrons à propos du Maroc. » (page 308)

Commentaire : j’ai consacré beaucoup de temps à analyser les ouvrages savants d’Edward Said, afin d’évaluer la pertinence de la thèse qu’il défendait sur l’existence de « structures d’attitudes » en Occident, susceptibles d’animer et de perpétuer les courants orientalistes des siècles passés.

J’ai publié ces analyses critiques sur le blog : d’une part l’ouvrage « Culture et impérialisme » le 01/12/2011, et d’autre part l’ouvrage « L’orientalisme », le 20/10/2010.

Le concept était intéressant, mais il souffrait d’une carence de définition et d’évaluation quantitative, et ne semblait pas susceptible d’être qualifié de pertinent.

Cette critique pourrait sans doute être faite à l’endroit de la plupart des études publiées sur l’histoire coloniale, sur l’histoire post – coloniale, et encore plus sur les théories post-coloniales en vogue, l’absence d’évaluation quantitative des faits et des « représentations »

Cette carence était patente pour les ouvrages du groupe de propagande post-coloniale Blanchard and Co, ou pour « La guerre des mémoires » de l’historien Stora.

Au contraire des travaux d’analyse historique quantitative de Jacques Marseille pour l’ensemble de l’Empire et ceux de Daniel Lefeuvre pour l’Algérie qui s’inscrivaient dans la tradition exigeante des Annales.

Comme nous l’avons souligné, il est légitime de se poser le même type de question et de critique, relativement au concept de « représentations » proposé par l’auteur, avec l’absence de définition et d’évaluation de ce concept géopolitique.

Il est frappant de constater que depuis 1945, le pays ne manque pas de savoir faire pour procéder à des sondages ou à des enquêtes statistiques sérieuses : de nos jours, le citoyen est pilonné de sondages.

« La conquête rapide et précise de la Grande Kabylie » (p,309)

L’auteur raconte les différents épisodes de la conquête de la Kabylie en 1857, puis en 1871.

« La chute d Napoléon III et l’insurrection de 1871 » (p,313)

« Le projet de « royaume arabe » avait suscité la mauvaise humeur de la plupart des militaires et la fureur des colons, car il impliquait que les droits fonciers des indigènes soient reconnus et que l’on rende aux tribus les territoires qui leur avaient été confisqués sous divers prétextes. Durant le voyage de cinq semaines que Napoléon III fit en Algérie, Mac Mahongouverneur de l’Algérie, veilla à réduire les contacts avec les indigènes qui voulaient le rencontrer, sous prétexte qu’il y avait encore des insurrections. A son retour, l’empereur écrivit à Mac Mahon : « Ce pays est à la fois un royaume arabe, une colonie européenne et un camp français ». Mais il entendait freiner l’extension des Européens, pour préserver les droits des Arabes.

Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait croire et à ce que l’on prétend parfois aujourd’hui, les rapports entre les colons et les militaires étaient extrêmement mauvais. Sans ces derniers, les Arabes n’auraient pourtant pas été vaincus et la colonisation n’aurait pu s’établir. Les officiers des « bureaux arabes » cherchaient à limiter l’extension des terres de colonisation pour garder leur contrôle sur les tribus sous leur surveillance. Les colons, dans leurs journaux, dénonçaient constamment ce qu’ils appelaient le « régime du sabre ».

La révolte des colons et la chute de l’Empire (p,314)

La nouvelle de l’effondrement du Second Empire en 1870 fut accueillie avec enthousiasme à Alger et fournit aux colons l’occasion de se débarrasser du pouvoir des militaires et surtout de celui des officiers des « bureaux arabes ». Ceux-ci furent pourchassés par les colons, non seulement à Alger, mais dans diverses villes. Parmi eux les déportés de l’été 1848 jouèrent un rôle important, célébrant la chute de l’empire et la proclamation de la République. Ils exigeaient que l’Algérie cesse d’être administrée comme une colonie. Ils entendaient surtout acquérir les terres des tribus que Napoléon avait placées sous sa protection.

Se disant républicains de gauche, mais surtout racistes et antisémites, ils furent mécontents du fameux « décret Crémieux » (24 octobre 1870) pris par la IIIème République qui décida que les Juifs d’Algérie étaient collectivement naturalisés français. L’agitation des Européens débouche au printemps sur la proclamation d’une « Commune d’Alger » qui, à la différence de celle de Paris, ne dura guère à la nouvelle des troubles qui éclataient dans diverses régions du pays. » (p, 315)

« Contradictions de la société coloniale sous la III° République (p,317)

« La répression de l’insurrection de Kabylie en 1871 marque la fin de la phase de conquête de l’Algérie par l’armée française. Ensuite, et jusqu’aux événements de Sétif de mai 1945, le maintien de l’ordre, qui est en fait l’ordre colonial, relève dans les villes de la police et à la campagne des opérations de gendarmerie ( ?) et de la surveillance des caïds nommés par les autorités. »

« La conquête par Elisée Reclus (p, 319)

« L’extension de la domination coloniale par le moyen d’accords avec les notables des tribus est beaucoup moins évoqué par les historiens et les contempteurs radicaux du colonialisme que l’acharnement des combats contre Abd el Kader. Cependant, Elisée Reclus, le grand géographe libertaire, accorde une importance majeure à ce genre d’accord. Il en fit grand cas dans la partie (500 pages) qu’il consacre à l’Algérie dans le Tome XI – Afrique septentrionale – de sa Géographie Universelle (1886). »

Autre constat dérangeant de ce « grand géographe libertaire » :

« La thèse que les indigènes en Algérie seraient en voie de disparition

« … récusant la thèse de Bodichon (médecin algérois), Reclus poursuit en 1886 : « Maintenant, personne ne répéterait plus ces paroles de haine, quoique de nombreuses injustices se commettent encore. (…)Si le refoulement des indigènes continue en maints endroits, la population mahométane s’accroit. » Certains pensent qu le tiers du peuplement de l’Algérie disparut dans les plaines cultivables, celles où put se développer la colonisation de peuplement. » (p,321)

« La conquête économique : l’essor de la viticulture, premier succès économique en Algérie » (p,322) :

Question : « premier succès » dans un pays musulman ?

« La reconstitution du vignoble en France fut une catastrophe pour les colons d’Algérie » (p,323)

« La prolétarisation des petits colons » (p, 324)

Question : est-ce que ce « premier succès » ne sonnait pas déjà le glas de la conquête de l’Algérie, où rapidement, la seule ressource fut alors celle de la main d’œuvre, c’est-à-dire l’émigration vers la France ? Alors sans le pétrole !

Le mieux est de renvoyer le lecteur vers le livre de Daniel Lefeuvre,   excellent historien de l’histoire économique de l’Algérie, et fondateur du site « Etudes Coloniales », « Chère Algérie : la France et sa colonie , 1930-1962 ».

« Quelle évolution démographique prévoyait-on pour la population indigène ? (p,326)

« Bien qu’Elisée Reclus  se soit élevé contre la thèse selon laquelle, dans la plupart des colonies, nombre de peuples indigènes étaient en voie d’extinction (elle ne s’appliquait évidemment pas à l’Inde ) le tableau qu’il fait en 1886 de l’évolution du peuplement arabe de l’Algérie n’est pas optimiste.

« … En fait, la lutte contre les grandes épidémies, d’abord pour protéger la population européenne, a eu pour effet de réduire les hécatombes qui frappaient périodiquement la population indigène. Celles-ci s’est peu à peu redressée avant de connaître au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’explosion qui se produisit dans la plupart des « pays sous-développés ». Cela explique dans une large mesure l’évolution politique de l’Algérie. » (p,327)

Commentaire ; 1) avec sans doute l’existence de la question post-coloniale algérienne que le pétrole du Sahara n’a pas réussi à faire disparaître !

2) Il aurait été intéressant et sans doute utile que l’analyse, avant tout historique cite un rapport que fit Tocqueville en 1847 sur la situation de l’Algérie.

3) Enfin, et pour revenir au cœur de la géopolitique, telle que définie par l’auteur, avec le triptyque – représentations – pouvoir – territoire – il aurait été non moins intéressant que l’analyse nous éclaire sur le rôle du « Pouvoir », le décideur ou les décideurs, le qui faisait quoi ?

Jean Pierre Renaud    –   Tous droits réservés

SUBVERSION ET POUVOIR VI – Les « raisins verts « 

VI – Le modèle de propagande des « raisins verts » : mémoire ou histoire ?

Un nouveau combustible politico-religieux ?

          Les lecteurs du blog connaissent les nombreuses questions que posent les prises de position médiatico-politiques de l’historien Benjamin Stora que j’ai classé dans la catégorie des agit-prop mémoriels.

           Avec un certain succès, à voir le nombre de ses apparitions médiatiques, Monsieur Stora a réussi, à faire passer un message sur la soi-disant mémoire collective coloniale qui  existerait de nos jours en France, tout en maniant des concepts intellectuels qui fleurent bon la psychanalyse, l’inconscient collectif dont un collectif d’historiens ou d’intellectuels, s’est targué d’y voir une des clés d’explication de notre histoire contemporaine.

        Mme Coquery-Vidrovitch a aussi proposé jadis ce type d’explication mémorielle ou psychanalytique.

         La mode de la mémoire s’est en effet emparée de l’histoire, pour ne pas dire s’est substituée trop souvent à cette dernière, dans le cas de l’histoire postcoloniale.

         Seul petit problème, les nouveaux thuriféraires de cette mémoire n’ont jamais mesuré cette mémoire collective, alors que depuis les années 1945, il existe maints instruments de mesure quantitative et qualitative.

        A ma connaissance, Monsieur Stora n’a jamais rien proposé sur ce terrain statistique, quand même plus scientifique qu’un simple discours.

       Je l’ai déjà fait remarquer à maintes reprises, mais il est vrai qu’un autre historien aussi connu, Pierre Nora, a publié une œuvre collective et magistrale, intitulée « Les lieux de mémoire », sans avoir non plus, et à ma connaissance, fait vérifier par enquête statistique la réalité ou les réalités des mémoires décrites le plus souvent avec talent, en France, et pour quel public.

       J’ai aussi critiqué ailleurs, et longuement, en particulier sur ce blog, les analyses soi-disant historiques du collectif Blanchard and Co sur la Culture coloniale ou impériale dans laquelle la France aurait « baigné » à l’époque coloniale, faute d’avoir procédé à un authentique travail d’histoire quantitative, notamment à partir de la presse de l’époque coloniale, seul instrument de mesure massif de la thèse avancée.

       Comment ne pas noter que ce mouvement mémoriel ou historique, souvent d’inspiration idéologique, a complètement oublié les travaux et les leçons des historiens des Annales, les promoteurs de « l’histoire méthodique », telle que décrite par l’historienne Sophie Dulucq (p,21), dans son livre « Ecrire l’histoire à l’époque coloniale ».

        A voir les troubles qui agitent de nos jours l’opinion publique, les troubles qui agitent nos médias, les difficultés qu’il y a à distinguer le vrai du faux, cette propagande mémorielle, car il faut bien désigner ces discours mémoriels par le mot propagande, la France a bien du souci à se faire, faute de réaction, d’opposition, de  contradiction, et à dire vrai, de résistance.

        Foin des mémoires fictives, délétères et autoflagellantes !

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

SUBVERSION ET POUVOIR – Le Modèle de propagande des « raisins verts »

IV – Le modèle de propagande des « raisins verts »

           C’est l’appellation, que j’ai choisie dans un de mes chroniques du blog, en date du 3 avril 2016, intitulée « Qu’est-ce qui fait courir Benjamin Stora? » en proposant la clé biblique des « raisins verts », avec deux citations dont celle du Prophète Jérémie (31-29) ?

        « En ces jours-là, on ne dira plus :

            Les pères ont mangé des raisins verts,

            Et les dents des enfants en ont été agacées.

            Mais chacun mourra pour sa propre iniquité ;

            Tout homme qui mangera des raisins verts,

           Ses dents en seront agacées. »

          La « machinerie » de propagande qui a évidemment retenu mon attention est celle que j’ai baptisée du titre des « raisins verts », celle qu’anime un collectif d’intellectuels, de politiques, d’intellectuels qui ont généralement une relation politique, religieuse, familiale, professionnelle, ou amicale, avec telle ou telle ancienne terre coloniale, africaine avant tout.

             L’historien Benjamin Stora en est évidemment une des figures de proue déjà ancienne, mais dans son livre cité, un autre historien, Pierre Vermeren, décrit les caractéristiques et la composition de ce puissant lobby, avec un répertoire des noms de ses animateurs ou de ses membres, venus de la « matrice » algérienne.

         Le lobby en question occupe des positions encore dominantes dans le monde politique, les médias, les universités, la culture, le monde des éditions, les ONG…

        Il irrigue paradoxalement des organes de presse dont la plus grande partie appartient à une sorte de grand capital de la gauche « caviar » ou de la droite « caviar », prêtes à tous les sacrifices nationaux pour servir leurs intérêts financiers, et profiter ainsi de la mondialisation.

       Les points d’appui, ou les « positions » de ce modèle sont nombreux, avec le rôle « polaire » du site Mediapart, par exemple, l’appui d’organes de presse télévisée, écrite, ou radio.

Autre modèle de propagande français

        Pierre Vermeren observe que la presse française est la propriété de grandes sociétés : « Une presse aux mains des grands groupes industriels » (p,291), à l’exemple de ce qu’observait Chomsky aux Etats Unis, il y a plus de trente ans .

       Le même historien écrit plus loin :

     « Pour toutes ces raisons, les régimes autoritaires contrôlent l’information diffusée en France et en langue française. Ce n’est pas pour eux une option, mais parfois une question de survie. Et certains médias français en profitent au passage pour renflouer leurs caisses. » (p,295) 

      Et plus loin encore :

     «  Faut-il ajouter que l’affaire Coleman Leaks, un Wikileaks à la marocaine, qui éclate au cours de l’automne 2014, tardivement dévoilée par la presse française avec une prudence homéopathique, révèle que de grands journalistes français en charge des affaires internationales et du Maroc, ont bénéficié de solides rémunérations en échange d’articles endossant la position du royaume sur le Sahara ? «  (p,302)

         Il cite la Tunisie de Ben Ali, mais de nombreux autres exemples ont jalonné l’histoire des relations entre la France ou telle ou telle de ses anciennes colonies africaines, Sénégal, Gabon, ou Côte d’Ivoire. (p,302)

       Aux yeux de ce lobby de la gauche et de la droite « caviar » réunies, le multiculturalisme et le culte de la diversité ont beaucoup de mérite, parce qu’ils servent leurs intérêts capitalistiques, tout en démontrant au bon peuple qu’ils ont du cœur et de l’intelligence, qu’ils comprennent la situation de notre monde.

        Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

SUBVERSION ET POUVOIR ?

Les subversions ? Les manipulations ! Le grand désordre !

Une esquisse d’éclairage sur les processus de renversement de l’ordre républicain.

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Cette chronique sera publiée au fur et à mesure des jours

Sommaire

En prologue – La France est-elle l’objet d’une subversion ?- Le nouveau théâtre d’opérations des subversions –  Les machineries du théâtre d’opérations – Les « modèles de propagande » – Trucs et truquages – Le modèle de propagande des « raisins verts » : mémoire ou histoire ? – Face à ces défis.

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« En plein jour, je l’abuse par le jeu des drapeaux et des étendards, et, le soir, je l’égare par des battements de tambour. Alors, tremblant de frayeur, il divisera ses forces par mesure de précaution. »

 Sun Tzu

La parabole des « raisins verts »

          En prologue     

         Pourquoi ces réflexions sur la situation de la France face à une subversion multifactorielle, fruit d’un ensemble de manipulations de toute nature, intellectuelle, politique, religieuse, sociale, économique, historique, et de nos jours médiatique, dont l’objectif est une prise de pouvoir ?

            Subversion au singulier ou subversions au pluriel ?

            A l’occasion d’un  commentaire des positions mémorielles de M.Stora, j’ai fait appel récemment à la référence biblique des « raisins verts » et cette appellation singulière me parait justifiée, compte tenu du rôle médiatique très troublant que ses membres, la plupart issus du sillon maghrébin, ont joué dans cette nouvelle forme de subversion multiculturelle, en tant qu’enfants d’acteurs ou de témoins des situations coloniales dénoncées, algériennes avant tout, en investissant avec un certain succès le mémoriel, médiatique, et politique (blog du 3 avril 2016).

            Dans le livre « Le choc des décolonisations », l’historien Pierre Vermeren utilise à ce sujet l’expression de « matrice algérienne », et nous y reviendrons plus loin dans l’analyse du théâtre d’opérations.

            Très tôt, j’ai été sensibilisé aux thématiques de la subversion, pour avoir lu, entre autres, les « Œuvres Choisies » de Mao-Tsé-Tung, m’être intéressé aux guerres révolutionnaires, subversives, marxistes, ou tiers-mondistes, celle notamment du Vietminh, puis à celle que j’ai « fréquentée », si je puis dire, en Algérie, dans les années 1959-1960.

            J’ai eu, en particulier, l’occasion de comparer à la fois sur le plan intellectuel et sur le terrain, les théories de la guerre subversive exposées par le colonel Trinquier et, d’une façon moins convaincante, par le capitaine Galula, en notant la faiblesse d’une partie des analyses et recommandations stratégiques, notamment en raison d’une compréhension erronée des objectifs de cette subversion que l’on combattait, l’objectif numéro Un de ce type de stratégie étant la conquête de la population, et la prise de pouvoir grâce à son soutien effectif.

            Afin de mieux connaître les tenants et aboutissants de la subversion en général, ou de telle ou telle subversion en particulier, il convient de s’intéresser au contenu des stratégies militaires et politiques, indirectes et directes, celles anciennes, décrites par Sun-Tzu, ou par Clausewitz, et celles modernes analysées par Beaufre, Gambiez, ou Liddell Hart.

           Les domaines de l’information et de la propagande font évidemment l’objet des stratégies indirectes de manipulation, telles celles décrites par Chomsky dans le livre « La fabrique de l’opinion publique » (1988).

        Plus largement et en profondeur, le philosophe et sinologue François Jullien a décortiqué les chemins stratégiques proposés dans la philosophie chinoise, avec les concepts de « potentiel », de « position », de « disposition », de « propension », ou autres chemins de « détour », notamment dans le livre « La propension des choses- Pour une histoire de l’efficacité en Chine ».

          Le chapitre 2 de cet ouvrage analyse la proposition : « La position est le facteur dominant (en politique). », en notant qu’il s’agit d’un des sujets majeurs de toute analyse stratégique, d’où l’importance des positions que sont susceptibles de prendre les subversions, bonnes ou mauvaises.

      Pourquoi ne pas citer l’exemple actuel d’un Qatar théocratique, lequel, en prenant le contrôle du PSG, avec la complicité de notre Establishment de gauche et de droite, bénéficie de l’aura et de l’image de la capitale de la République Française ?

            Il y a près de vingt ans, j’avais commis un petit livre d’analyse et de réflexion, intitulé « Chemins Obliques », sur les différents champs d’application des stratégies indirectes, dont le contenu avait alors intéressé le général Gambiez, que j’avais rencontré.

            A la page 108, j’avais noté que quel que soit le champ d’études retenu : « Nous ne sommes jamais très loin du champ des stratégies indirectes. »

            L’ouvrage passait en revue tous les domaines de notre vie, qui au-delà de la guerre, pouvaient être l’objet d’une stratégie indirecte, c’est-à-dire de toutes les tromperies, de processus insidieux, en ce qui concerne la politique nationale ou internationale, l’information, l’art, ou l’amour…

            Il n’est pas inutile de rappeler que dans l’attaque directe, votre adversaire tente de vous vaincre, à titre principal, dans un face à face, à visage découvert (Verdun 1916), alors que dans l’attaque indirecte, il tente de vous vaincre en vous déstabilisant, à visage à la fois découvert et masqué, à front renversé (Vietminh ou FLN).

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Stora, les « raisins verts », mon blog et les marabouts ?

A nouveau, ma surprise de lire le 5 juin dernier le commentaire d’un lecteur ou d’une lectrice, faisant sa pub pour inciter des lecteurs à consulter un marabout : le commentaire portait sur la troisième chronique que j’ai publiée, le 3 avril 2017, sur la guerre d’Algérie,  dont l’intitulé est :

« Qu’est-ce qui fait courir Monsieur Stora ? »

Je concluais ce texte par des citations des prophètes de la bible qui évoquent le rôle des « raisins verts » dans la vie des pécheurs.

Question : y-a-t-il un rapport quelconque entre les marabouts, les « raisins verts » et Stora ?

Je n’ai évidemment pas publié ce commentaire.

Jean Pierre Renaud

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ? Avec le Club Médiapart Quatrième épisode: « Mémoires dangereuses »

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ?

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Autour des « raisins verts » ?

Quatre chroniques sur la guerre d’Algérie et les accords d’Evian

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Quatrième et dernier épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

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« L’histoire est un roman qui a été, le roman de l’histoire qui aurait pu être »

« Les Frères Goncourt »

Une suggestion de dissertation pour les élèves des deux professeurs Alexis Jenni et Jérôme Ferrari, au choix, entre « La chute de Rome » et « L’art de la guerre »

« Pour ou contre la lecture des Frères Goncourt d’après laquelle l’un ou l’autre des deux romans n’est qu’ « roman de l’histoire qui aurait pu être », c’est-à-dire la leur ? »

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Quatrième épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

Au Club de Mediapart, Benjamin Stora et Albert Jenni, dialoguent sur les « mémoires dangereuses »

     « Le Club de Médiapart…

        Les mémoires dangereuses. Extrait d’un dialogue

Extrait des mémoires dangereuses » (Ed Albin Michel, 2016), début du dialogue entre Alexis Jenni de « L’art français de la guerre » (Ed Gallimard) Prix Goncourt, 2011, et Benjamin Stora »

            Il s’agit d’un extrait tout à fait intéressant, parce que symbolique de la production d’un courant intellectuel qui tente encore de tenir un petit pan de l’opinion publique en haleine, pour tout ce qui touche aux pages les plus sombres de l’histoire de notre pays, tout en se défendant du contraire.

            Pourquoi ne pas dire dès le départ que ce type de discours incarne et diffuse une forme de perversion intellectuelle sur l’objet « mémoires » ?

            Rappelons succinctement quelles sont les Tables de la Loi du site Mediapart : une information de qualité, cultivant l’indépendance, la pertinence, et l’exclusivité.

      Qualité ? Soit ! Indépendance ? Un site qui ne serait pas irrigué par une ancienne et continue idéologie tiers-mondiste, ce qui veut dire une forme subtile de « servilité » à une idéologie ? Pertinence ? Nous verrons. Exclusivité ? Il parait difficile d’appliquer ces principes au contenu de ce dialogue, pas uniquement en raison du goût des deux dialoguistes pour tous les médias.

      Ce dialogue draine beaucoup des mots qu’aime utiliser Monsieur Benjamin Stora, en jouant sur les multiples facettes du mot « mémoires », aujourd’hui « dangereuses », hier en « guerre », de nos jours « communautaristes », et récemment avec la profession de foi d’un apôtre de la paix des mémoires, selon une chronique récente du journal La Croix.

      « Le prisme de la guerre d’Algérie…. Une histoire qui a été longtemps occultée

       C’est à si perdre, tant son discours est toujours aussi tonitruant, nourri d’affirmations et de certitudes répétées à satiété sur l’état de ces « mémoires », sans jamais, jusqu’à présent, et sauf erreur, avoir jamais donné la moindre mesure de cette guerre des mémoires. Monsieur Jenni parle de « guerre culturelle ».

      Est-il pertinent de tenir un tel discours mémoriel sans avancer la moindre évaluation des phénomènes décrits ? Non !

            Les mots tonitruants ?

            Monsieur Stora abrite son discours sous le parapluie d’une « histoire du Sud » laquelle ferait l’objet d’un « déni », en évoquant l’existence de trois mémoires celles des rapatriés, des anciens appelés du contingent d’Algérie, et  des enfants ou petits-enfants issus de l’immigration algérienne.

            « Aujourd’hui, la mémoire de cette guerre fait retour, massivement, dans les sociétés, algérienne et française… »

            Il conviendrait d’expliquer par quelle voie cette « histoire » ou cette « mémoire » fait aujourd’hui retour massivement  chez les enfants ou petits-enfants nés après 1962.

            S’agit-il 1) de l’Algérie ou de l’Empire colonial ? 2) de l’opinion du mémorialiste, fils d’un rapatrié de Constantine, ou enfin de la mesure de ce retour massif de la mémoire de cette guerre?

            A lire ce dialogue, la guerre des idées ferait rage, « des affrontements mémoriels d’une grand violence symbolique », « Ce conflit mémoriel », « Cette bataille culturelle », en dépit du « déni », du « refoulement », de la « dénégation » de notre pays, toutes caractéristiques abondamment décrites en chœur par les deux dialoguistes ?

            J’oserais écrire volontiers que ce type de discours ne correspond pas, jusqu’à preuve du contraire, à la situation historique actuelle de notre pays.

            J’oserais écrire une fois de plus que le peuple de France n’a jamais eu la fibre coloniale, que l’empire, sauf exception, n’a jamais été la préoccupation des Français, que la question coloniale a fait irruption dans notre histoire avec la guerre d’Algérie, et de nos jours, avec la présence d’une population d’origine immigrée largement nourrie par l’ancien domaine colonial.

     J’oserais écrire qu’en 1962, la grande majorité des Français et des Françaises ont été contents de se débarrasser du dossier algérien, et qu’à ma connaissance, la France d’alors n’a pas accueilli joyeusement le flot des rapatriés venus d’Algérie, comme s’en rappelle sans doute l’actuel Président  de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration.

            J’oserais écrire que ce type de discours mémoriel est étranger à celui de beaucoup des soldats, sous-officiers, officiers qui ont fait la guerre d’Algérie, faute pour le gouvernement de gauche de l’époque d’avoir su ménager une vraie voie d’évolution politique de l’Algérie.

            Beaucoup d’entre eux ont livré publiquement le fruit de leurs mémoires, et rien n’a été caché, le blanc comme le noir, comme dans toute guerre.

    Jean Pierre Renaud – Première partie

Histoire ou mémoires ou subversion? Benjamin Stora

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ?

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Avec les « raisins verts » ?

         Quatre chroniques sur la guerre d’Algérie et les accords d’Evian

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Troisième épisode

Histoire ou mémoires ?

Benjamin Stora

Qu’est-ce qui fait courir Monsieur Stora ?

Ses talents d’historien engagé ? Ses positions d’intellectuel à la mode, ou sa condition d’enfant d’Algérie rapatrié en 1962 ?

Ou tout simplement son goût des médias, une sorte d’omniprésence dans beaucoup de médias ?

Les « raisins verts » des intellectuels issus de la matrice algérienne ? En concurrence avec les fils Joxe et Jeanneney ?

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Entre guerre et paix ?

« Benjamin Stora, la paix des mémoires »

Un gros titre noir dans  La Croix des 12 et 13 novembre 2016, avec deux pages de portrait et d’interview (pages 10 et 11) et une grande photo de l’historien engagé.

      A la page 10, une grande photo de l’historien engagé qui occupe presque la moitié de la page, – figure de prêtre, d’apôtre, pour quelle religion dans un journal chrétien ? – une grande photo d’un Stora ouvrant tout grand les bras, avec en sous-titre :

     « L’historien Benjamin  Stora a toujours cherché à briser les enfermements, à connaître  les autres »

« La paix des mémoires » au lieu de « la guerre des mémoires » ? Monsieur Stora s’inscrirait donc aujourd’hui dans un autre registre de la mémoire, la paix des mémoires au lieu de la guerre des mémoires du petit livre qu’il publia en 2007. (voir ma critique sur ce blog)

            L’historien raconte dans cette chronique : « J’avais 42 ans quand je suis passé pour la première fois sur un plateau de télévision » (page 11, La Croix)

            Reconnaissons que depuis cette date, l’intéressé s’est bien rattrapé dans de très nombreux studios, colloques, ou tribunes, au point que de mauvais esprits pourraient se demander quand ce « bosseur » trouve le temps de « bosser ».

            Le journal note d’ailleurs : « De nombreux téléspectateurs identifient Benjamin Stora à ses épais sourcils et à sa mine austère qui confortent le sérieux d’émissions comme « La grande librairie » ou « Bibliothèque Médicis ».

            J’ai souligné le sérieux de ce commentaire louangeur.

            Les deux pages fournissent maintes informations sur le curriculum vitae de l’intéressé, mais sans rien dire de son passé trotskiste – le vrai « fil rouge ? » –  et de ses autres engagements politiques, qui éclaireraient sans doute son parcours, alors qu’il parle paradoxalement de sa « solitude politique » (p,11)

            Le plus surprenant à mes yeux, et pour moi qui fut un grand lecteur  et admirateur de Camus au cours de mes études, et encore après, fut d’apprendre que l’intéressé n’avait vraiment découvert Camus qu’en 1994, alors qu’il avait déjà 44 ans.

            Etait-ce un titre suffisant pour justifier une coprésidence, avec Monsieur Onfray, d’une exposition consacrée à Camus, à Aix en Provence, dont le projet fut d’ailleurs abandonné ?

         Benjamin Stora en captage d’héritage intellectuel, philosophique, et moral de Camus ?

         Illustration de cette découverte-conversion :

      Dans le journal Le Monde du 20 août 2014 « L’Eté en séries » (page18)

        16 avril 1994Benjamin Stora quitte Sartre pour Camus

      « LE MONDE » ET MOI

       L’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie coloniale et ancien militant trotskiste, s’est longtemps senti plus d’affinités avec la pensée de Jean-Paul Sartre qu’avec celle de Camus. Jusqu’à ce qu’il tombe, le 16 avril 1994, sur un article du « Monde » (1) saluant le roman inédit de Camus, « Le Premier Homme » :

… Cette lecture a totalement bouleversé l’image que j’avais de Camus et de la littérature… Et soudain, c’est de Camus dont je me sentais proche… Camus répétait-on était un auteur colonial. Le Premier Homme que je n’aurais pas découvert si vite sans cet article, a confirmé mes intuitions : travailler sur la mémoire, celle des personnes, des individus, est une tâche essentielle. Y compris pour les historiens. » Propos recueillis par Catherine Simon (1)

    (1) Article de Florence Noiville  intitulé « L’enfance inguérissable  d’Albert Camus »

            Depuis de très nombreuses années, Monsieur Stora inscrit son travail historique dans le champ médiatique, et je ne suis pas sûr que ce type de registre, tel qu’il en use, soit de nature à donner une autorité suffisante à un discours mémoriel ou historique, au choix, pour plusieurs raisons :

  Guerre des mémoires ou paix des mémoires ?

       L’historien a semé le trouble en lançant dans les médias et dans l’opinion publique l’expression « guerre des mémoires », une expression mémorielle qu’il n’a jamais eu le courage de faire mesurer.

     Tout un courant intellectuel et médiatique se gorge de discours pseudo-historiques ou pseudo-mémoriels sur la guerre d’Algérie, sur l’histoire coloniale, le « déni » des Français à leur endroit, en tentant de nous persuader que l’histoire coloniale a constitué une pièce importante de notre histoire, alors que cela n’a pas été le cas, hors l’Algérie : beaucoup de Français n’en ont appris, ou connu l’existence, en plus de l’expérience, qu’à l’occasion de l’envoi des soldats  du contingent.

        Un discours mémoriel qui, non seulement laisse accroire que la mémoire de la guerre d’Algérie se confond avec celle de la décolonisation en général, mais aussi, que l’histoire de l’Algérie coïnciderait avec celle de la colonisation française dans son ensemble, alors que c’est le seul territoire qui a fait l’objet d’une longue tentative de colonisation humaine, en définitive modeste par rapport à certaines expériences et réussites anglaises.

        Je suis loin d’être convaincu que les Français originaires d’Algérie, pas plus que les intellectuels issus de la « matrice « algérienne, soient les mieux placés pour nous raconter notre histoire, et nous convaincre que l’Algérie constitue l’alpha et l’oméga de notre « histoire du Sud ».

      Mesure des mémoires ? Je ne suis pas sûr que les Français issus de la deuxième ou troisième génération d’immigrés venus d’Algérie connaissent mieux leur histoire, et ce n’est sans doute pas avec le discours idéologique du FLN, toujours au pouvoir, qu’ils y réussiront.

     Hors Algérie, le peuple français n’a jamais été un peuple colonial, et ce sont les nouveaux flux d’immigration algérienne qui lui ont fait prendre conscience de ce pan de notre histoire, avec une autre sorte de colonisation, notamment l’algérienne en France.

     Le chroniqueur de La Croix écrivait : « Face au grand public rassemblé au  théâtre de La Criée dans le cadre des Rencontres d’Averroès – un rendez- vous annuel de débats et d’échanges qui se déroule depuis 1994 dans la Cité phocéenne -, il cherchera une nouvelle fois à jeter des ponts entre des histoires qui furent conflictuelles. A rapprocher les mémoires… » (p,11)

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Troisième épisode Histoire ou mémoire ou subversion Benjamin Stora

Troisième épisode (suite)

Histoire ou mémoires ?

Benjamin Stora

Qu’est-ce qui fait courir Monsieur Stora ?

« Les raisins verts »

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            Question ? « ponts » ou « guerre » ? Comment distinguer entre mémoire et histoire avec un discours aussi ambigu ? Alors que les histoires ont déjà bien du mal à se faire un chemin face au flot des mémoires ? Lesquelles se vendent bien !

         Comment s’y retrouver dans le méli-mélo actuel des mémoires auxquelles certains historiens semblent de nos jours accorder au moins autant de crédit qu’à l’histoire dont ils sont comptables sur le terrain des sciences humaines ?

       Médias, mémoire, histoire, ou politique ? Certains ont plus que l’impression que Monsieur Stora bénéficie d’un privilège d’accès auprès des médias encore imprégnés par un courant intellectuel issu de la matrice algérienne ou maghrébine, un courant fort bien décrit et identifié par l’historien Pierre Vermeren dans son ouvrage «Le choc des décolonisations».

            J’ai relevé un exemple récent à ce sujet : le journal le Monde a publié les 10 et 11 juillet 2016, une tribune intitulée « Les têtes des résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’Homme », cosignée par Monsieur Stora, aux côtés de dix-huit intellectuels ou chercheurs.

         J’ai commenté cette prise de position sur mon blog, le 1er septembre 2016, en l’intitulant : « Histoire ou politique ? ». A cette date, en 1849, l’Algérie existait-elle ? La vraie question historique !

          Un discours mémoriel qui  alimente tout un courant de repentance et d’autoflagellation de notre histoire nationale, et dans la conjoncture politique passée et présente de notre pays, avec les menaces du djihad, ce type de discours n’est pas sans danger.

            Quelques-uns de ses jugements à l’emporte-pièce fleurent bon la psychanalyse « la perte de l’empire colonial a été une grande blessure narcissique du nationalisme français. – « refoulement de la question coloniale »- « une mémoire qui saigne ».

            Trois historiens ont publié en 2008 un petit livre intitulé « Les mots de lcolonisation », Sophie Dulucq, Jean-François Klein et Benjamin Stora.

            J’ai publié sur le blog Etudes coloniales mon analyse de l’ouvrage. Je viens de relire le texte consacré au mot « Violence », et je suis un peu surpris par une partie de son contenu, lorsqu’il est écrit :

     « Certes non, l’urgence pour l’historien n’est pas tant d’intervenir avec Daniel Lefeuvre dans le débat public « Pour en finir avec la repentance coloniale » (2006) que d’analyser sereinement avec Benjamin Stora et Thierry Leclère la guerre des mémoires (2007), qui fait rage en France quant à la relecture du passé colonial. Violente, la colonisation le fut incontestablement… Cette violence n’en reste pas moins une tache indélébile sur l’histoire nationale. » (p,120)

        Comment est-il possible d’écrire une guerre des mémoires  qui « fait rage » sans la mesurer ? A Aix en Provence peut être !

        Comment écrire également que Benjamin Stora contribue à une analyse sereine, alors qu’il est depuis longtemps un des acteurs médiatiques du sujet, précisément « dans le débat public » ? Une sorte d’agit-prop mémorielle ?

      Comment enfin ne pas voir la contradiction conceptuelle existant entre le déni de la repentance en même temps que la « tache indélébile sur notre histoire » ?

      Le discours mémoriel de Monsieur Stora n’a jamais fait l’objet d’une évaluation scientifique, alors que chaque jour tombent les résultats d’enquêtes ou de sondages sur toutes sortes de sujets.

       Ce type de discours mémoriel ressemble étrangement à celui qu’un collectif d’historiens croit pouvoir tenir sur la culture coloniale ou impériale de la France, sans en avoir fait la démonstration statistique, ne serait-ce qu’en décortiquant la presse des époques considérées, à peu près le seul vecteur dont les messages sont susceptibles d’être à la fois accessibles et mesurables.

            La question capitale que pose ce type de discours et de message est celle de savoir si le fait d’être un historien suffit à accréditer le pertinence scientifique de son discours mémoriel.

       Il n’est pas interdit d’en douter sur le plan intellectuel.

       Son ambition est peut-être celle de devenir un des nouveaux maîtres à penser de notre histoire de France, à voir le concours qu’il trouve auprès de certains chercheurs, et si tel est le cas, il y a lieu de s’en inquiéter.

            Ne s’agit-il pas en effet presque toujours de chercheurs qui peignent toujours en noir notre histoire nationale ? Leur travail consiste toujours à mettre le projecteur sur les saloperies, les exactions, sans toujours être honnête intellectuellement avec leur contexte historique ?

            Ils vont finir par nous faire croire que les membres du FLN étaient tous des petits saints et les soldats français de la soi-disant armée « coloniale » tous des brutes assoiffées de sang !

            Un exemple, celui de la torture pendant la guerre d’Algérie ! Pour en avoir été un des modestes acteurs de cette guerre, au service de la France et de l’Algérie, de la guerre et non de la torture, combien de soldats, de sous-officiers, ou d’officiers ont été témoins de la torture, ou ont eux-mêmes torturé ?

          Et en face d’eux, les rebelles du FLN étaient des anges ? Ils ne torturaient pas, ils n’égorgeaient pas ? Et pire encore après les accords d’Evian ? Et récemment encore dans les années 1990 ?

         La  France n’aurait jamais fait rien de bien dans son domaine colonial, même en Algérie, alors que  la situation de l’Algérie avait étonné le président Nasser, lors de sa visite de mai 1963.

            Pour conclure, pourquoi ne pas écrire ? Trop de médias ! Trop de mémoire ! Trop de politique !

            Au risque de donner du grain à moudre à tous ces couples de mot toxiques, tels que indépendance-assistance, culpabilité-réparation, péché- repentance… des couples de mot toxiques que certains peuples d’Afrique semblent bien aimer, à la différence des peuples d’Asie !

            N’y-a-t-il pas dans ces exercices de mémoire « coloniale » ou « postcoloniale » une forme d’usurpation d’une partie de notre histoire nationale, une sorte de contrefaçon historique ?

            N’y-aurait-il pas plutôt un transfert de mémoire qui ne dit pas son nom, une mémoire repentante de tous les intellectuels français issus de la matrice algérienne, une mémoire qui s’inscrit parfaitement dans l’héritage des Prophètes de la Bible, celle des « raisins verts des pères » :

            Le Prophète Jérémie 31-29

         « En ces jours-là, on ne dira plus :

            Les pères ont mangé des raisins verts,

            Et les dents des enfants en ont été agacées.

            Mais chacun mourra pour sa propre iniquité ;

           Tout homme qui mangera des raisins verts,

           Ses dents en seront agacées. »

            Le Prophète Ezechiel 18 :

            « Pourquoi dites-vous ce proverbe dans le pays d’Israël : Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées »

            Pourquoi donc tous les petits français du contingent auraient-ils les dents agacées alors que leurs pères n’ont pas mangé les raisins verts de l’Algérie française ?

                 Jean Pierre Renaud

« 18 mars 1962 Les accords d’Evian » par Belkacem Recham – Deuxième épisode: le « regard » ?

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ?

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Autour des « raisins verts » ?

         Quatre chroniques sur la guerre d’Algérie et les accords d’Evian

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Deuxième épisode

« 18 mars 1962 Les Accords d’Evian » par Belkacem Recham »

Dans le livre « L’HISTOIRE DE FRANCE VUE D’AILLEURS » (pages 535,545)-Les Arènes

De Jean-Noel Jeanneney et Jeanne Guerout

            L’auteur est chargé de cours à l’Université de Strasbourg

« Le « regard » d’un ancien officier du contingent de l’armée dite « coloniale »

            Ma première remarque préalable portera sur le sens de l’adverbe « ailleurs » pour qualifier une source historique, quand l’on sait toute l’importance justifiée que les historiens de métier attachent à l’identification des « sources ».

            La quatrième de couverture de ce livre précise : « cinquante dates…. soumises au regard d’historiens étrangers… » : ma deuxième remarque préalableposera donc la question de savoir si M.Recham est un historien étranger.

            La question a d’autant plus d’importance que l’auteur place son commentaire sous le patronage de M.Harbi, ancien dirigeant du FLN.

            Rien de spécial à noter en ce qui concerne les premières pages relatant la phase des négociations secrètes qui ont précédé la signature de ces accords. (p,535,536,537,538)

            Les négociations se poursuivirent après le référendum de janvier 1961 qui donna, en quelque sorte, carte blanche au général de Gaulle.

       « Les points d’achoppement furent toujours les mêmes : refus par les Algériens d’une trêve préalable à toute négociation, perçue comme un  piège, le statut des Européens d’Algérie et surtout la question de la souveraineté du Sahara. Ce dernier point fit à nouveau achopper des discussions reprises en Suisse en juillet 1961 » (p,540)

       Le texte aurait pu souligner qu’aux yeux de De Gaulle, le maintien du Sahara dans une orbite française était capital, étant donné son importance pour la mise au point des bombes atomiques, au-delà du sort du pétrole saharien dont on aurait su s’arranger, l’objectif de puissance atomique comptant plus que tout le reste.

      Les accords signés :

       « L’Etat algérien exercerait une souveraineté pleine et entière, mais un certain nombre de conditions lui étaient imposées : souscrire à la Déclaration universelle des droits de l’homme, se doter d’institutions sur le principe démocratique et sur l’égalité des droits politiques entre tous les citoyens, respecter toutes les libertés et accorder aux Français toute une série de garanties. Les Français disposeraient pendant trois ans de droits civiques algériens, au terme desquels ils auraient le choix soit d’opter pour la nation alité algérienne, soit de demeurer citoyen français en se trouvant dès lors étrangers en Algérie. Dans les deux cas, ils auraient droit à un accès à toutes les professions, à l’égalité de traitement avec les nationaux, à la libre jouissance de leurs biens dont nul ne pourrait être privé sans une indemnité équitable préalablement fixée.

       En France, les passions se déchaînent

       En contrepartie, la France accorderait son assistance technique et financière…. Sur le plan militaire…. L’armée française serait réduite à 80 000 hommes, en attendant une évacuation totale dans les deux ans. Seules exceptions, la base aéronavale de Mers el Kébir, concédée pour quinze ans, et  les sites d’expérimentation nucléaire du Sahara accordés pour cinq. « (p542,543)

          Le constat « En France, les passions se déchaînent » mériterait de faire l’objet d’une mesure dans les médias de l’époque, car, dans mon souvenir, la grande majorité de la population française n’attendait qu’une seule chose, se débarrasser du dossier algérien.

         L’auteur note :

        « Le pari raté de la cohabitation

       Cependant, avant même d’être appliqués, ils furent contestés par une partie du FLN et condamnés par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), devenue le bras armé du refus de l’indépendance du côté des Européens. Celle-ci déclencha des opérations dites de harcèlement dans les villes algériennes, qui tournèrent à une sanglante chasse à l’arabe à laquelle ne manquèrent ni bombardements au mortier des quartiers musulmans ni attentats à la voiture piégée.

         L’exode massif des « pieds noirs » ne saurait, au premier chef, être imputable à une insuffisance des garanties vis-à-vis des Européens d’Algérie. La responsabilité revient en premier lieu au terrorisme anti-arabe de l’OAS à quoi répondirent, notamment à Oran, au début de juillet, les massacres d’un grand nombre d’européens. Redoutant de prévisibles représailles, les Français d’Algérie, frappés de panique, quittèrent en masse sans esprit de retour, ce pays où ils avaient été les maîtres et où, disaient-ils, ils ne voulaient pas devenir des sujets. Comme l’a bien dit Mohamed Harbi, « ces accords reposaient sur un pari : la cohabitation entre deux communautés sous l’autorité d’un Etat multiculturel. Il n’a pas été tenu. Le premier coup a été porté par l’OAS, les willayas ont fait le reste…. Aucun des deux interlocuteurs d’Evian ne maîtrisait son propre camp. L’une des deux parties essentielles des accords, le pari d’une réconciliation nationale des communautés, était naufragé. »

       Il n’empêche que ces accords représentèrent, au moins à court terme, le compromis souhaité par la majorité des Français, puisqu’ils furent approuvés par plus de 90% d’entre eux au référendum du 8 avril 1962. Ils ne le furent pas moins par les Algériens qui répondirent « oui » à plus de 99% lors du référendum sur l’indépendance du 1er juillet 1962. » (p,543,544,545)

        Quelques remarques sur cette dernière analyse historique en laissant le soin évidemment aux spécialistes d’en apprécier la teneur :

      Etait-il besoin de placer cette analyse sous le patronage « spirituel » ou « intellectuel » de Mohamed Harbi, lequel, fut un dirigeant du FLN  pendant quelques années après le pari de la cohabitation décrit, avant de pouvoir s’évader, en 1973, vers quel pays ? Bien sûr, la France !

       Le respect des droits de l’homme était oublié depuis longtemps.

        Est-ce que la phrase relative au « pari »…d’une » « cohabitation entre deux communautés sous l’autorité d’un Etat multiculturel » n’est pas rédigée hors sol de l’histoire algérienne, et de l’immense majorité musulmane de l’Algérie devenue indépendante ?

       Enfin, il me parait tout de même hardi de mettre sur le même plan le référendum français et le référendum algérien, sauf à ne pas avoir encore compris que la grande majorité des Français ignorait presque tout de l’Algérie, et qu’ils étaient enfin contents de se débarrasser de l’Algérie.

       Les Français et les Françaises d’alors ont  voté au moins autant, sinon plus pour leur indépendance : indépendance contre indépendance !

Jean Pierre Renaud

            Je publierai au cours des prochaines semaines, les deux derniers épisodes :

           3 – « Les raisins verts » : Benjamin Stora historien ou mémorialiste, sur la petite musique biblique des « raisins verts » de la « matrice » algérienne,

     4 – « Les mémoires dangereuses » ou les mémoires « littéraires », « dangereuses » dans un dialogue entre Benjamin Stora et Alexis Jenni, Prix Goncourt, au Club de Médiapart.