« Patriotisme démagogique » par Eric Le Boucher dans les Echos du 23/12/11 « …un vide conceptuel »? En êtes-vous bien sûr?

« Patriotisme démagogique » par Eric Le Boucher, dans les Echos du 23 décembre 2011

« …un vide conceptuel » ?

En êtes-vous bien sûr ?

            Comme à son habitude, M.Le Boucher nous trousse une belle chronique dont le but avoué est de descendre en flammes les défenseurs « nouveaux », il est vrai, du slogan  « Achetez français ».

            Sa critique n’est-elle pas trop caricaturale ? Ne fait-elle pas la part trop belle au libéralisme, c’est-à-dire au laisser faire, qui nous gouverne en Europe et en France, depuis de très nombreuses années, beaucoup trop d’années peut-être.

            Première réflexion : l’histoire économique n’a pas démontré que le libéralisme avait eu plus de vertus pour développer l’économie du monde que le protectionnisme (voir pour les siècles passés les travaux de Bairoch).

            Deuxième réflexion : proposer l’idée d’un protectionnisme de réciprocité parait être une bonne réponse à une des problématiques du nouveau « mal français ».

 M.Wauquiez citait à cet égard le cas de la Chine et du Japon.

Troisième réflexion : le chantier du « produit en France » est un vaste chantier, et il ne concerne, effectivement, pas uniquement l’industrie, mais comment ne pas voir qu’un important travail de recensement et d’analyse doit être effectué dans notre pays pour avoir la carte de notre potentiel « produit en France »,  ce qui n’est pas encore le cas.

Alors, qualifier de démagogiques les initiatives politiques qui vont dans ce sens, le bon sens et « le bon sens », n’est pas vraiment pertinent !

Quatrième réflexion, trop citoyenne, aux yeux de notre chroniqueur ? Est-ce que M.Le Boucher possède une voiture, et si oui, est-elle française ? Je voudrais lui dire, qu’en ce qui me concerne, pour être né dans un des berceaux de l’industrie automobile française, j’ai toujours acheté une voiture française.

S’agit-il d’un « patriotisme démagogique » ?

Le chroniqueur affirme : « Les slogans « Acheter français » reposent donc sur un vide conceptuel. »

Je ne suis pas sûr que cette affirmation ne caractérise pas, au contraire, un trop plein conceptuel, en même temps qu’un « vide citoyen », celui d’une élite complètement coupée du monde réel, d’une France dont les savoirs, les savoir-faire, les talents, les terroirs et leurs produits, ne demandent qu’à être mis en valeur, et pourquoi pas, avec le souci, précisément, de notre citoyenneté.

C’est dans ces gisements là que les beaux esprits devraient investir, et non point dans la défense d’un libre échange qui, à la vérité, n’en est pas un du tout !

Et pour mettre une note finale, gastronomique, au fil des jours de cette fin d’année, M.Le Boucher pourrait-il nous dire, par exemple, comment la France qu’il défend,  sera en mesure de le faire efficacement, face au libre-échange, dans le cas de la gastronomie française, alors qu’on se félicite, à juste titre, de sa reconnaissance par l’UNESCO ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : Anelka à Shanghai, du foot « communiste » ? et Beckham à Paris, du foot « socialiste » ?

 Hier encore, à Shanghai !

            Les Echos du 13/12/2011, page 27 :

            « Anelka à Shanghai : dans le foot aussi, la Chine veut jouer dans la cour des grands. »

            « 10,6 millions en euros, le salaire annuel d’Anelka à Shanghai »

            Qui dit mieux ? Mais s’agit-il encore de la Chine communiste ?

            A lire une page d’information très intéressante de la Croix du même jour (page 25) intitulée « Le nouveau temple du luxe », mais surtout les repères qui figurent en bas de cette page, on peut en douter, pour ceux qui en douteraient encore !

            « Les 400 premières fortunes chinoises pèsent plus de 60 milliards d’euros.

            500 000 chinois ont des revenus supérieurs à 750 000 euros par an

 4,7 millions de foyers ont un pouvoir d’achat supérieur à 23 000 euros par an »

Il est vrai que ces chiffres sont à mettre en rapport avec le chiffre énorme de la population chinoise, mais quand même !

En tout cas, formons le vœu que le footballeur Anelka n’oublie pas ses petits camarades de banlieue dans ses largesses de fin d’année.

Aujourd’hui à Paris !

Le PSG recrute le joueur anglais Beckham au tarif de   800 000 euros par mois, pas mal non plus, non ?

La Mairie socialiste de Paris fait effectivement bon ménage avec les émirs du pétrole, mais est-ce que les citoyens parisiens n’auraient pas préféré que notre belle capitale, Paris, préfère « sponsoriser » un club de foot plus démocratique, tels ceux de Sochaux, d’Auxerre, ou de Lens ?

S’il est vrai que l’argent n’a pas d’odeur, pourquoi ne pas dire qu’il pue dans le football parisien ?

Post scriptum: en 2011, et sauf erreur, le PSG bénéficiait encore d’une subvention de 1 250 000 euros

Le formatage et la bipolarisation des journalistes -Présidentielles 2012 – Feuille n°2

Le formatage et la bipolarisation des journalistes

Présidentielles 2012 – Feuille n° 2

            Deux exemples de formatage et de bipolarisation des journalistes ou des journaux :

            Les Echos du 12 décembre 2012, page 7, France,

            « Le fait du jour politique

            Le match Bayrou-Le Pen

            Guillaume Tabard

            Le Figaro du 12 décembre 2012, page 4, politique,

            « La percée de Bayrou relance la bataille de la 3°place »

            Rodolphe Geisler

            Et cette tactique du goutte à goutte permanent, répété, et donc tout à fait « politique » d’un combat politique qui se limiterait à deux adversaires, naturellement le premier et le deuxième du premier tour des présidentielles 2012, soit l’UMP, soit le PS !

            Incontestablement une forme de propagande clandestine, dans une forme proche des techniques clandestines de manipulation mentale que Vance Packard a décrites dans son livre « La persuasion clandestine », dans les années 1950 !

Humeur Tique : Une guerre, une de plus, pour la clarté de l’opacité, cette fois !

Les Echos du 15/11/2011

L’enquête : «  La guerre des lunettes sur le web est déclarée »

Avec une citation qui vaut son pesant d’argent :

« Dans un marché aussi cher et sensible que l’optique, toute action susceptible de clarifier l’opacité des tarifs va dans le bon sens. »

La Cour de Justice de l’Union Européenne

« Françafrique, l’argent roi » LCP.AN (5/08/11) : Françafrique ou Africafrance?

« Françafrique

2ème Partie – L’argent roi »

Télévision LCP-AN du 5/08/2011

Un documentaire de Patrick Banquet

Françafrique ou Africafrance ?

            Incontestablement, un documentaire très intéressant et bien documenté sur la Françafrique.

            L’analyse montre bien que la scène a beaucoup changé entre la Françafrique des De Gaulle et Pompidou, qui n’a pas duré très longtemps, années 60-74, et celle qui lui a succédé, rongée de plus en plus par le «  fric »  du pétrole.

            Après la chute du mur de Berlin et la disparition de l’URSS, en 1989, l’évolution du commerce mondial, la montée en puissance de la Chine, très curieusement, un petit groupe de pression politico-économique a continué son petit jeu d’un soi-disant du « pré carré » français, complètement en dehors du grand jeu mondial.

            Quel contraste entre le poids économique plutôt faible des échanges entre l’ancienne Afrique française et la France, et le poids politique des restes du lobby de la Françafrique !

Les personnages du documentaire sont décrits de façon très vivante, et certains témoignages sont étonnants de sincérité, sinon de vérité.

Deux personnages dominent cette scène, le « papa » Bongo, un politicien très madré qui n’a rien à envier aux plus madrés de nos politiciens, et l’entremetteur secret Bourgi, l’éminence grise souvent dénoncée.

En ce qui concerne Bongo, il est possible de se demander si les témoignages ne lui font pas la réputation exagérée de « faiseur de roi » de notre belle République. Influence sûrement, mais toute puissance, telle que racontée, il y a là de quoi s’interroger.

En ce qui concerne Bourgi, le personnage est incontestablement intéressant, visage intelligent, propos carrés et clairs. Ne connaissant de l’avocat d’affaires que sa réputation sulfureuse, j’ai personnellement apprécié de le voir en chair et en os, car l’homme ne laisse pas indifférent.

« Fils spirituel » de Foccart, dont il réclame l’héritage, je ne suis pas sûr qu’il puisse le mériter, compte tenu de la façon dont il sait mélanger les genres, entre  les affaires de gros sous et la politique africaine de la France. On peut légitimement douter que son rôle soit de nature à rendre service à la clarté et à la grandeur de notre politique étrangère en Afrique : beaucoup trop d’ombre chez ce brillant entremetteur entre les mondes de l’argent et de la politique, comme il en a existé sous la plupart des régimes !

Je serais tenté de dire, qu’à plusieurs siècles de distance, il y a loin entre ce nouveau Père Joseph, et le Père Joseph, éminence grise de Richelieu, car le petit groupe de ses comparses oublie souvent que la France n’a plus la puissance «  relative » qu’elle avait au XVIIème siècle.

            A lire ou à écouter les témoignages des journalistes ou des spécialistes, est-on sûr qu’on n’en prête pas trop au personnage, car on voit sans doute à tort la main de Bourgi dans toutes les affaires qui font l’actualité africaine, qu’il s’agisse du Gabon, de la Côte d’Ivoire, ou de Madagascar.

            Le documentaire conclut sans doute justement sur une Françafrique moribonde, et sur le rôle tout à fait secondaire du Président de la République Française, devenu « le représentant attentionné des groupes industriels », mais il aurait été intéressant d’évoquer également l’autre facette de la Françafrique, quasiment son « inversion », bien réelle, dans sa dimension internationale (ONU), culturelle, intellectuelle, linguistique, humanitaire avec l’explosion des ONG, et la naissance de ce qui ressemble bien à une Africafrance, avec les flux migratoires importants qui sont venus d’Afrique à partir des années 90.

            Le documentaire met bien en lumière à cet égard le rôle parallèle de la franc-maçonnerie dans les relations franco-africaines, notamment celui de la Grande Loge Nationale. Le documentaire aurait pu aller plus loin encore dans son éclairage.

 Cette évocation rappelle les origines de la conquête coloniale qui a été très souvent le fruit d’une alliance sacrée entre le sabre, l’armée, et le goupillon, la franc-maçonnerie. Tout au long de la période coloniale, les franc-maçons ont été très actifs, souvent beaucoup plus que les chefs d’entreprise français.

            Telle que décrite, une Françafrique de la nostalgie d’une puissance passée pour un groupe de pression politico-économique restreint, alors que la plupart des Français ont toujours été beaucoup plus attirés par l’exotisme de l’Afrique que par les gros sous, auquel s’est ajouté de nos jours un humanitarisme vibrionnant.

            Je serais tenté de dire qu’aujourd’hui, l’Afrique noire a moins besoin d’assistance, d’aide au développement, de programmes alimentaires toujours renouvelés, donc de dépendance sollicitée et consentie, nourrie et entretenue par la corruption, que de courage pour affronter les réalités de ce continent, avec la mise en place d’institutions solides, issues d’une élection, d’Etats capables de faire prévaloir l’intérêt général de leurs pays.

Les propos de Cheick Modibo Diarra, Président de Microsoft Africa dans une interview du journal Les Echos (8,9/07/11) donnent clairement la voie qu’il faut suivre :

« L’Afrique souffre d’une absence totale de l’Etat …

La croissance doit être propre et transparente, avoir un vrai contenu social : aujourd’hui, 25% des ressources de l’Afrique sont détournés par la corruption…

Je pense que la communauté internationale, plutôt que de dépenser de l’argent pour la reconstruction de pays dévastés par des conflits électoraux, comme la Côte d’Ivoire, devrait financer en amont l’organisation d’élections transparentes. Elle a un droit d’ingérence pour que la Constitution et les règles du jeu soient appliquées. C’est à ce prix qu’on verra l’émergence d’une nouvelle génération de leaders en Afrique… »

Un message qui s’inscrit dans la suite de la déclaration  du Président Obama, qui, s’adressant à l’Afrique, avait souligné combien il était capital pour les pays de ce continent de se doter de véritables institutions d’état.

Et en ce qui concerne l’humanitarisme à la mode, et la place des ONG, je conseille aux lecteurs de lire dans le Monde du 12 août 2011, la dernière « Lettre d’Afrique, intitulée « Au bon cœur des peuples », de Jean-Philippe Rémy.

Sa lettre fait très justement le point sur la famine dans la corne de l’Afrique et sur la réaction du peuple du Kénya qui n’a pas attendu  le concours des institutions internationales pour pratiquer la solidarité:

« Kénians4Kénians n’a pas non plus la prétention de vouloir tout faire. Mais il faut avoir vu un pays comme celui-ci où les organismes humanitaires semblent parfois planter leurs drapeaux comme autant de conquêtes, pour comprendre la joie des Kényans à assurer eux-mêmes leur propre solidarité. »

Jean Pierre Renaud

« Printemps Arabes » et « La surpopulation » de Gaston Bouthoul

« Printemps Arabes » en 2011

 « Afrique, la bombe démographique » Les Echos du 10/06/11 (page 17)

&

« LA SURPOPULATION »

Gaston Bouthoul

(1964)

Lecture critique

            Un sociologue qui fut à la mode, à son époque, et qui acquît sa notoriété de chercheur, en créant la nouvelle discipline de la polémologie, présentée comme l’étude sociologique de la guerre, et dans le cas présent de la relation guerre-population.

            Ce livre, un brin provocateur, avec quelquefois de la verdeur dans les analyses et le propos, a le mérite de mettre l’accent sur les points sensibles de l’histoire de la vie de la planète, des points sensibles qui pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas beaucoup changé.

            Comment ne pas relier le contenu de cet ouvrage à celui intitulé « Le colonialisme en question » de Frederick Cooper, qui a fait l’objet de notre analyse sur ce blog ?

            F.Cooper a évoqué le concept de « fissures » pour expliquer en partie de déclin du colonialisme anglais et français au XX°siècle, et nous avons tenté d’étoffer sa réflexion sur le concept en question, mais G.Bouthoul avait déjà identifié en 1964, une grande fissure dans le système, une vraie fissure, celle de la démographie.

            A ses yeux, la décolonisation était motivée par « un sauve qui peut » (page 81)  des colonialistes face à la démographie galopante des colonies.

            Qu’est-il donc possible de retenir des analyses de G.Bouthoul ?

            Le livre mettait l’accent sur l’étroite corrélation qui a existé au cours des âges entre les migrations humaines et les guerres, et il appelait donc l’attention sur les risques que faisait courir à l’humanité la surpopulation, en partie dans la ligne des analyses de Malthus.

            Il écrivait :

 « Aujourd’hui l’équilibre entre l’espèce humaine et l’univers est doublement rompu. Nous vivons désormais dans un monde délimité, inventorié, pesé, compté, et divisé : en un mot, dans un monde fini.

            A ce moment même, voici que l’humanité est saisie par une mutation démographique multipliant son potentiel d’expansion qui tend à devenir infini. Expansion accélérée dans un monde rétréci. Pire, expansion qui se produit dans un monde qui se contracte littéralement sous nos pieds comme une peau de chagrin. » (page 35)

            L’auteur relevait que si les pays occidentaux avaient eu la possibilité, c’est-à-dire le temps, d’accroître leurs ressources avant leur expansion démographique,  ce n’était pas du tout le cas des pays arriérés – de nos jours on dirait plus volontiers émergents – qui connaissaient une explosion démographique, sans pouvoir mettre en face l’accroissement des ressources économiques  nécessaires à leur vie et survie.

            Bouthoul mettait en lumière l’ensemble des facteurs qui pouvaient expliquer à la fois l’explosion démographique enregistrée dans beaucoup de pays, parallèlement au retard de leur développement économique, notamment les facteurs culturels et religieux.

            Il soulignait par ailleurs l’intérêt des initiatives qu’il baptisait du nom d’ « autocolonisation », les marches vers le progrès qu’avaient engagées des pays comme la Chine ou le Japon, capables d’adapter leur marche en avant aux contextes religieux et culturels de leurs sociétés.

            Et pour revenir pendant quelques instants sur quelques-uns de ses propos et jugements agressifs sur des sujets sensibles, l’auteur écrivait en 1964, c’est-à-dire peu de temps après l’indépendance de l’Algérie:

«  Faisons le bilan polémologique de la douloureuse guerre d’Algérie. Quel fut son aboutissement ? En faisant abstraction de tous les épisodes, la statistique répond : le résultat de ce conflit fut le départ de un million de chrétiens environ. Relaxation démographique, hélas proportionnellement égale à celle de la Guerre Civile espagnole (deux millions supprimés sur 27 millions d’habitants). » (page 82)

Et pour expliquer en partie le « sauve qui peut » de la décolonisation, ou comment il était possible, pour la France, sur ses ressources, et non pour ses colonies, sur leurs propres ressources, de faire face à leur explosion démographique en faisant droit à l’égalité de traitement entre citoyens, le sociologue écrivait :

« Voici comment les choses se passaient dans le secteur des petits fonctionnaires africains bénéficiant d’allocations familiales analogues à celles de la Métropole. Avec la prime au mariage et à la première naissance de l’épouse vierge, plus la rente supplémentaire correspondant à l’allocation de premier enfant, le fonctionnaire candidat-patriarche achetait une nouvelle vierge. Celle-ci lui assurait une nouvelle prime au mariage et à la première naissance, plus une multiplication d’allocations familiales….Exemple record : un petit fonctionnaire noir de Porto Novo qui avec ses 103 enfants touchait des allocations supérieures aux appointements du gouverneur général. » (page 83)

De nos jours, des observateurs bien informés pourraient citer le cas comparable de quelques maris polygames, heureusement très peu nombreux,  vivant dans la région parisienne.

Le message du sociologue n’était pas spécialement optimiste puisqu’il écrivait :

« Arrêtez le pullulement ou préparez- vous à la guerre. » (page 234)

Les sociologues qui ont poursuivi leurs recherches dans la ligne des travaux de Bouthoul, s’il y en a, devraient  être en mesure, peut-être, de nous dire si le mouvement d’expansion démographique de l’Afrique qui s’est poursuivi entre 1964 et 2010 a pu accréditer les sombres prévisions de Bouthoul.

Rappelons que les pays d’Afrique occidentale ont vu leur population multipliée, en cinquante ans,  par 3, 4, ou même plus de 7, dans le cas du Niger.

Relevons toutefois que le même sociologue notait que les deux innovations morales qui peuvent être de nature à infléchir le cours de l’histoire étaient, d’une part la Déclaration américaine des Droits, reprise ensuite par la Révolution française, et la libération de la femme.

« Depuis le Décalogue, la plus grande invention éthique a été la Déclaration des Droits américaine, reprise ensuite par la Révolution Française sous le nom de Déclaration des Droits de l’Homme… La seconde grande innovation morale des temps modernes a été la libération de la femme. Elle constitue le seul véritable fait nouveau dans nos conceptions sociales, politiques et morales. » (page 180)

Et plus loin :

« Le féminisme est la seule véritable nouveauté en politique. Il n’est possible que dans la modération des naissances » (page 236)

La thèse défendue par Bouthoul soulève beaucoup de questions, et dans le cas de la France, celle de la gestion des flux migratoires réguliers ou irréguliers suscités par l’explosion démographique des pays « émergents ».

Mais comment ne pas évoquer les crises récentes de la Tunisie et de l’Egypte, causées en grande partie par la proportion très importante des jeunes dans ces pays ? Plus de la moitié de la population égyptienne a moins de trente-ans ! Comment le pouvoir peut-il répondre à leurs aspirations, notamment en termes d’emploi ?

Et comment ne pas faire référence à l’une ou l’autre des analyses actuelles sur l’évolution démographique de l’Afrique ?

Dans les Echos du 11 juin 2011, la chronique d’Eric Le Boucher  dont nous avons reproduit le titre fait référence à des prévisions qui n’ont rien d’encourageant pour l’Afrique :

« La tectonique démographique dessine une Europe vieillissante et en partie déclinante, séparée par la mer Méditerranée d’une Afrique devenue une bombe démographique devenue bombe démographique : 416 millions d’habitants en 1975, 1 milliard aujourd’hui, 2,2 milliards en 2050. »

L’auteur prend comme exemple une ancienne colonie qui n’était pas française, sans doute par un heureux « effet du hasard », celle de la Tanzanie, en posant la question :

« Comment gérer une Tanzanie de 45 millions d’habitants aujourd’hui, à 138 millions dans quarante ans ? »

Il ne suffira sans doute pas de se contenter de dire : « Il n’y a de richesse que d’hommes » dans un contexte actuel de gouvernance qui fait courir ces pays à la catastrophe humanitaire, qui, ici, ou là, a d’ailleurs déjà commencé

Alors à qui reviendra-t-il la responsabilité de gérer les « excédents » de population, les flux migratoires des  pays  qui n’offrent pas à leurs citoyens des possibilités normales d’emploi ?

Jean Pierre Renaud

Suicide ou nouvelle naissance d’une autre Europe, au lieu de celle du fait accompli!

Suicide ou nouvelle naissance d’une autre Europe ?

Les Echos, Radio Classique… : aujourd’hui, une Europe en catimini, celle du fait accompli !

Est-ce que nos dirigeants ne sont pas devenus fous ? Ont-ils encore les pieds sur terre ?

Un cas très concret de connivence du milieu « médiatico-politique » pour ceux qui douteraient encore de son existence !

            L’Europe des 27 est dans un triste état : faillite de l’Irlande, de la Grèce et du Portugal, une Espagne en pleine tourmente, de grandes difficultés à harmoniser la politique européenne avec celle de certains pays de l’Europe de l’Est, intervention massive de fonds européens en vue de stopper la débâcle actuelle, jusqu’où…

            Le traité de Nice de la cohabitation française Jospin Chirac (2001) n’a pas fini de produire ses effets destructeurs sur le destin de l’Europe, un élargissement politique tout à fait prématuré, dépourvu de garanties institutionnelles et économiques, et l’on voudrait encore faire grossir encore l’Union, sans une complète remise à plat, alors qu’elle se trouve en situation de plein désarroi ?

            Et les journaux, de semaine en semaine, de mois en mois, d’année en année, de distiller la petite musique d’une prochaine adhésion de la Croatie ou de la Serbie, sans jamais expliquer aux lecteurs-citoyens les enjeux et les coûts de ces nouvelles adhésions.

Prenons l’exemple du journal Les Echos, que d’aucuns considèrent comme un journal de référence dans son domaine.

Le 30 mai 2011, il publie dans sa page 6, un article intitulé : « La Serbie pourrait devenir membre de l’UE en 2014 », et dans un encart, un autre article intitulé « La Croatie proche de l’Union Européenne », c’est-à-dire en 2013.

Sans approfondir le sujet !

Et dans son journal économique et financier du matin du 10 juin 2011, Radio Classique traitait brièvement de l’adhésion de la Croatie, comme un fait déjà acquis !

Cette radio s’est bien gardée d’analyser les conséquences de ces deux adhésions éventuelles sur la structure des institutions européennes (commissaires, députés, services nouveaux, etc..) et sur le coût de ces nouvelles adhésions dans les programmes de l’Union.

Alors que l’Union Européenne, telle qu’elle est actuellement, ne fonctionne pas bien ! Qu’elle n’a pas encore réussi  à régler ses graves déséquilibres internes  à la fois politiques, économiques et financiers !

M.Trichet propose la création d’un ministère des finances européen, mais n’aurait-il pas été préférable de le créer auparavant ?

            A ce train-là, l’Europe va  inéluctablement  vers le gouffre, c’est-à-dire son suicide !

            Alors ne serait-il pas temps que des responsables politiques européens sérieux se mettent autour d’une table, ils y sont d’ailleurs très souvent, pour proposer des institutions européennes viables qui tiennent compte de la situation des pays de l’Union, c’est-à-dire, et sans langue de bois, une Union Européenne à géométrie variable, comme cela a déjà été proposé à de multiples reprises dans le passé.

            En définitive, un seul mot d’ordre : aucune nouvelle adhésion à l’Union Européenne, avant une remise à plat complète des institutions !

Jean Pierre Renaud

Obligation de réserve des magistrats, Conseil Constitutionnel et juges d’instruction

Nouvelles magistratures et nouvelle fonction publique ? Pour faire de la « com », on peut dire aujourd’hui n’importe quoi ?

L’obligation de réserve des magistrats ? Il en serait de même que du secret de l’instruction, une supercherie judiciaire ?

            A lire ou à entendre les déclarations et opinions de certains « magistrats », il semble bien qu’il en soit ici de l’obligation de réserve comme du fameux secret de l’instruction invoqué seulement lorsqu’on en a besoin !

Que penser en effet des déclarations fréquentes du Président du Conseil Constitutionnel, ancien magistrat, Conseil Constitutionnel, ultime gardien des droits et libertés de nos institutions républicaines, prenant position, à tout bout de champ, sur tous les sujets, et dans tous les canaux médiatiques ( citation ci-dessous tirée d’une intervention sur Radio J) ?

Ces jours derniers, par exemple, sur l’immigration légale, Les Echos du 2 mai 2011, page 2 « Il faut accepter l’immigration légale » : qu’est-ce à dire vraiment ? Avis politique ou constitutionnel ?

. Le citoyen a en effet le droit de s’interroger sur ce type de communication politique, et donc sur le mode de désignation des membres de ce Conseil, un mode de nomination qu’il faudra bien changer pour lui rendre son autorité de juge suprême indépendant !

Conseil constitutionnel français et conseil constitutionnel ivoirien, même combat ? A s’y méprendre peut-être pour de mauvais esprits comme Gbagbo !

Que penser, autre exemple, des déclarations d’un juge d’instruction, spécialisé dans les dossiers de terrorisme donner son opinion sur l’affaire Ben Laden ? (Libération du 3 mai 2011, page 15)

Gage d’impartialité, de neutralité de la justice sur de tels sujets ? Instruction à charge et à décharge ?

Alors il est vrai que le ministère de la Justice fait une lecture plutôt tolérante, pour ne pas dire laxiste, de l’obligation de réserve des magistrats (voir réponse du garde des Sceaux à ce sujet du 9/04/2009), mais il ne faut pas être alors étonné que de plus en plus de fonctionnaires enfreignent l’obligation de réserve que leur statut leur impose.

Jean Pierre Renaud

Immigration, vérités, et cartes sur table: réflexions

Immigration, vérités, et cartes sur table !

Réflexions d’un citoyen sur l’immigration en France

            Le dossier de l’immigration est un dossier français politiquement sensible, mais il est très difficile, pour un citoyen curieux du sujet, désireux d’en comprendre les éléments fournis par la presse écrite, d’interpréter les statistiques produites, tant elles sont changeantes, diverses, pour ne pas dire contradictoires.

A dire vrai, et après deux années de lecture de ce type d’informations, mon opinion est encore incertaine sur les chiffres et leur interprétation.

Le Monde –

En ce qui concerne les chiffres, Le Monde du 4 décembre 2010, notait dans sa page « Décryptages Focus » la stabilité des chiffres de l’immigration entre 1986 et 2006 : « Si l’immigration s’est stabilisée, son visage en revanche s’est tranformé… », soit entre 7,4% et 8% d’étrangers en France.

Mais le même journal, dans sa page Contre-enquête du 12 avril 2011, propose une représentation graphique intitulée « Immigration en France : pas de baisse depuis 2001 », et on lit effectivement que le flux d’entrée à caractère permanent est passé de 137 903, en 2001, à 199 467, en 2004, le maximum, et 181 316, en 2009.

Comment ne pas noter par ailleurs que le titre des graphiques est manipulateur ? « Pas de baisse », alors qu’il y a augmentation ?

Sur ces flux, le nombre d’immigrés entrés par la voie d’une migration familiale représente sur l’ensemble des années de l’ordre de 800 000 immigrés, lesquels ont naturellement vocation à entrer dans la communauté française

Et sur ces tableaux, les chiffres de migration des travailleurs ne constituent pas un vrai sujet, compte tenu de leur faible pourcentage, et montrent que les déclarations récentes, et du ministre de l’Intérieur, et de la présidente du Medef, à ce sujet, n’ont pas de réel fondement.

Alors qui croire et à quoi croire ?

Incompétence des journalistes, manipulation des chiffres, complexité technique du sujet, laquelle est incontestablement la plus forte en ce qui concerne l’évaluation des immigrés sans papiers, ou de ceux venus avec des faux papiers ?

 Les Echos-

Un autre journal, Les Echos vient de présenter, le 26 avril, son analyse du sujet, et le contenu de cette analyse découpée en quatre thèmes soulève également quelques questions :

La proportion d’immigrés augmente-t-elle sur le territoire français ? Le journal fait référence au chiffre des années 1920, mais est-il bien sérieux de la part d’un journal économique et financier de partir d’une telle référence, dénuée de tout crédit, ne serait-ce qu’en raison de sa date et des millions de morts de la guerre 1914-1918 ?

Dans le même paragraphe, l’auteur écrit «  Par ailleurs, 100 000 individus quittent chaque année l’Hexagone… Autour de 100 000 personnes par an, en moyenne, restent donc à accueillir. Un chiffre bien modeste comparé aux autres pays développés. »

100 000 personnes seulement ? Vraiment ? Par quel processus, et sur le fondement de quelles statistiques ? Le quotidien aurait pu à la fois l’expliquer et le justifier, car c’est un aspect ignoré de ce dossier.

Les immigrés pèsent-ils sur les comptes sociaux ?  Le journal propose une analyse dont les résultats sont d’ailleurs nuancés, fondée sur l’hypothèse, sauf erreur,  que la population d’origine immigrée et intégrée dans la communauté française ne vieillira pas dans notre pays. Difficile à croire tout de même !

Une diminution de l’immigration suffirait-elle à faire baisser le chômage ? Conclusion évidemment négative, et bien connue des spécialistes, le facteur majeur du débat n’étant pas l’immigration officielle, mais clandestine, celle dont personne ne connait le chiffre exact, 300 000 ? 400 000 ? Un flux de travailleurs sans papiers qui alimente le recrutement de beaucoup d’entreprises, grandes ou petites dans certains secteurs économiques.

L’immigration peut-elle pallier le vieillissement de la population ? Conclusion négative du journal, mais qu’il serait bienvenu de relier à la conclusion précédente sur les comptes sociaux.

Dans le même numéro, un des éditorialistes du journal écrit sous le titre « Penser l’immigration » : … Dans l’enquête que nous publions aujourd’hui, trois contrevérités sont démontrées. »

Est-ce bien sûr ?

Impossible donc pour un citoyen curieux de saisir les véritables données de ce dossier et d’en interpréter les éléments !

Dans cette sorte de désordre des chiffres et des interprétations, quelques informations paraissent établies aujourd’hui, ou en tout cas communiquées :

La concentration anormale des flux migratoires sur certains territoires, ceux que Luc Bronner a fort bien décrit dans son livre « La loi des ghettos ».

Le Haut Conseil de l’Intégration vient du reste de le souligner.

L’importance des flux liés à l’immigration familiale, et les questions légitimes qu’il est possible de se poser, afin de comprendre le fonctionnement dont l’image de pelote de laine multiforme rendrait assez bien compte :

 1- Quant à l’interprétation du concept de parenté dans la culture africaine et dans notre propre culture, à l’évidence, très extensible dans la première. A titre d’exemple, dans certaines régions de l’Afrique de l’ouest, un oncle est encore réputé « père » de son neveu ! Comment voulez-vous qu’un employé municipal ou préfectoral comprenne ce type de relation ?

Cette immigration familiale, qui peut être chez nous source de problème, atteste de la solidarité puissante et toujours vivante de beaucoup de communautés africaines, une solidarité qui est incontestablement positive sur le plan humain.

2- Quant aux facilités d’intégration de personnes issues de certaines cultures africaines d’émigration, pour ne pas évoquer le redoutable problème de l’alphabétisation et acculturation  de beaucoup d’entre elles.

Le sociologue Lagrange a publié les résultats d’une enquête sérieuse qui montre les difficultés réelles que peuvent rencontrer certains jeunes issus de cette immigration dans leur processus d’acculturation à la française ?

Un grand intellectuel africain, Moussa Konaté, dans son livre « L’Afrique noire est-elle maudite » propose à cet égard un certain nombre de clés de compréhension de la culture africaine.

Vrais et faux papiers 

Quant au contrôle de l’authenticité de papiers soi-disant officiels présentés par nos immigrés, dans son livre « Madame Bâ », l’académicien Orsenna, bon connaisseur de l’Afrique, et ancien collaborateur de M. Mitterrand, propose à ses lecteurs quelques ouvertures de réflexion à ce sujet (voir pages 386 à 388).

Mais me direz-vous, ce n’est qu’un roman !

Les mariages mixtes

L’importance des mariages mixtes, de l’ordre de 50 000 par an (Les Echos numéro 20913), sur un total de 250 000 en France : dans quelle rubrique sont- ils comptés ? Et l’interprétation d’un certain nombre de ces unions pose aussi des questions.

En conclusion, le débat avance effectivement, et aussi, une meilleure connaissance du sujet, mais la presse serait bien avisée de proposer à ses lecteurs une vue complète, précise et rigoureuse des flux d’immigration, des problèmes qu’elle soulève effectivement, même si une des conclusions d’une étude récente sur les résultats, est en partie positive sur l’intégration à la française.

Dans ce domaine aujourd’hui sensible de l’immigration, il faut jouer carte sur tables, sauf à continuer à empoisonner le débat politique, économique, et social, et la France n’a vraiment pas besoin de cela.

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Méhaignerie et les chiffres de l’immigration-Pakistan: la cruauté de deux photos et la croix de la Reine-Blanche

Humeur Tique : Méhaignerie et ses chiffres de l’immigration « implicite » – Pakistan : la cruauté des photos et la croix de la Reine-Blanche

Méhaignerie et sa connaissance des chiffres de l’immigration « implicite » :

Les Echos des 11 et 12 mars 2011, (page 2) sous le titre « Méhaignerie : « Supprimer l’ISF pour réduire les inégalités », pourquoi pas ?  Mais il n’est pas sûr que ses électeurs de Vitré ou de Bretagne comprennent bien cet enjeu qui reste tout de même très technocratique, très, très loin des enjeux du terrain des citoyens.

Arrêtons-nous un instant, sur un tout autre sujet, auquel les mêmes habitants sont sans doute plus sensibles, la laïcité.

Question : « Faut-il arrêter le débat sur la laïcité ?

Réponse du Président de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale :

Je n’ai jamais été très favorable à ce type de débats. S’il n’est pas bien cadré, il peut être mal perçu par la population. Attention à ce que les 5 à 6 millions de Français d’origine étrangère ne se sentent pas stigmatisés… »

Les Français ne seraient-ils pas en droit d’attendre de la part du président d’une commission des affaires sociales de l’assemblée nationale, concernée au premier chef par ce dossier, un peu plus de rigueur, et de la part de l’ancien ingénieur du génie rural, un peu plus de précision ?

5 à 6 millions, le chiffre est déjà approximatif, mais comment citer un tel chiffre, alors qu’en 1999, près de 14 millions de personnes étaient déjà d’origine étrangère, soit 24% de la population (1) ?

Il y aurait donc une population d’origine « implicite » dans le chiffre avancé par Méhaignerie, c’est-à-dire un non-dit politique, et une fois de plus ?

(1)  Voir livre Tribalat « Les yeux grands fermés » pages 155 et suivantes

Pakistan, la cruauté morale et religieuse de deux photos !

La croix de la Reine-Blanche !

La première photo parue dans « Valeurs actuelles » du 10 mars 2011, celle du ministre fédéral chargé des Minorités religieuses, Shahbaz Bhatti assassiné par des islamistes, photo dont le sous-titre est : 

« Il montre ici une croix sortie des décombres d’une église brûlée. Les islamistes l’ont tué le 2 mars. »

Deuxième cliché, paru dans « Capital » de mars 2011, page78 :

« Asif Ali Zardari, président du Pakistan : Après s’être rendu à l’Elysée en août, Zardari, souvent mis en cause pour corruption, a rejoint son manoir de la Reine-Blanche, en Normandie, dans un hélicoptère prêté par l’armée française ; (avec en médaillon sa photo, et en arrière- plan, vue de la propriété survolée par un hélicoptère)