Humeur Tique, la Rose ! « Sous le lit » ?

      –  Si j’ai bien lu le Parisien du 11 avril 2015, à la page 6 Politique,  sous le titre :

                « Et Aubry rentra dans le rang

               PS Le camp de François Hollande-Valls redoutait  une offensive de la maire de Lille en vue du Congrès de juin, mais elle renonce à sa « motion….

            « Nous avons reconstruit un texte dans lequel nous trouvons un accord sur le fond… Personne ne s’est rallié à l’autre. Personne n’est passé sous le lit. » a-t-elle expliqué… »

            « Sous le lit » ? A-t-elle dit ?

       – Et Le Monde des 12 et 13 avril 2015

           Dans le journal Le Monde des 12 et 13 avril 2015, page 9 :

      « Congrès du PS : la synthèse malgré tout »

          Le journaliste Nicolas Chapuis cite un propos différent :

         La maire de Lille lors d’une conférence de presse : « Il s’agit d’une motion préparatoire en commun, où personne ne s’est rallié, où personne n’est passé sous le tapis. »

      « sous le lit » ou « sous le tapis » ?

       Ou encore connivence entre communicants de presse d’un jour à son lendemain ?

            De façon plus prosaïque, Martine revient sur terre en tenant compte d’une règle tout simplement arithmétique ? Au fur et à mesure des raclées électorales du PS, même à Lille, les troupes se sont bien effilochées. 

Banlieues, ghettos, apartheid ? Un challenge pour la France!

Avant-propos du 7 mars 2015

Le 7 janvier 2010, j’avais publié sur mon blog « confidentiel » le texte ci-dessous relatif à un dossier toujours aussi sensible de nos jours, plus de cinq années après.

Le Premier Ministre parait décidé à s’en saisir. Il a utilisé le mot « apartheid » qui ne parait pas vraiment approprié au sujet, mais attendons les décisions.

Ce texte a conservé sa pleine actualité, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de le publier à nouveau.

Banlieues, ghettos, aveuglement ou incompétence de nos élus depuis plus de 30 ans

Bonne année à l’autre « planète » :

Hier et aujourd’hui, quel gâchis ! Il n’est jamais trop tard ! Demain, l’espoir, le nouveau rêve de la France !

Réflexions proposées le 7/01/2010

            Quel gâchis !  Trente-cinq années ont passé depuis la fin des trente glorieuses, sans que nos responsables politiques, présidents, premiers ministres, députés et sénateurs, aient pris la mesure du grave problème de nos banlieues, et proposé à notre pays des solutions qui soient à la hauteur des enjeux politiques, sociaux, économiques et culturels qu’elles représentent. Trente-cinq années au cours desquelles s’est poursuivi le chemin inexorable, visible ou invisible, d’une « ghettoïsation » ou d’un « enkystement », au choix.

            Enjeux qui n’ont fait que s’aggraver avec la poursuite d’une immigration officielle ou clandestine, avec des concepts de parentèle souvent bien différents des nôtres.

            A qui la faute ? Les raisons en sont multiples, la première étant celle de la difficulté qu’il y a à imaginer des solutions efficaces, de longue durée, et de très grande ampleur, face à une problématique complexe sur tous les plans visés plus haut en matière d’enjeux.

            Mais, pourquoi ne pas mettre en cause la responsabilité de nos élus qui sont restés aveugles, inconscients, égoïstes, ou tout simplement incompétents. Je me souviens avoir alerté à ce sujet, mais sans convaincre, dans les années 1980, le député de Montbéliard, et dans les mêmes années les rares élus parisiens que pouvait motiver le dossier des quartiers dits sensibles.

            Il y a quinze ans, l’année 1995 a vu fleurir la belle campagne de la « fracture sociale » dont il n’est pas sorti grand-chose, à ce sujet, sinon rien ! Et comment ne pas être étonné que la gauche ou la droite puissent être logées à la même enseigne de cette grave carence politique ? Avez-vous eu la chance de connaître, à ce sujet, les propositions concrètes et chiffrées de ceux que la presse qualifie souvent d’éléphants socialistes, grands élus de nos banlieues sensibles proches de la capitale ou d’autres capitales régionales ?

            Toutefois quelques récentes lueurs d’espoir dans ce constat désastreux, les programmes de rénovation urbaine de Boorlo, et le travail de fourmi de Fadel Amara !

             Il n’est pas trop tard : un nouveau challenge national !

            Dans le maelström économique, démographique, et culturel, qui agite toutes les nations de la planète, dans le brassage mondial des races et des cultures, la France n’est pas la plus mal placée pour construire une nation nouvelle, et donner corps à son rêve du vingt et unième siècle. Elle l’est d’autant mieux qu’elle dispose d’un socle de valeurs politiques, sociales, et culturelles inégalable, d’habitants qui viennent de tous les continents, et d’une démocratie qui n’a connu ni ségrégation, ni esclavage

            Dans le nouveau monde en chantier, les nations gagnantes seront celles qui auront su agréger toutes leurs composantes nationales, issues ou non, directement ou pas, du sol national, précisément parce qu’elles représentent, toutes et chacune, une part de notre héritage humain commun.

            Mais pour réussir ce nouveau pari national, d’un vouloir vivre ensemble rénové, les demi-mesures ne suffiront pas, et il faudra des moyens, beaucoup de moyens.

            Alors qu’on a bien trouvé trois milliards pour diminuer le taux de TVA de la restauration, et que l’on sait trouver des centaines de millions ou des milliards pour financer quelques-unes des urgences du jour, ou des opérations internationales de prestige, pourquoi ne pas décider de mettre en œuvre un plan de remise à niveau de nos banlieues sensibles, un plan pluriannuel de plusieurs dizaines de milliards, comme avait su le faire le pays après la deuxième guerre mondiale ? Il n’existe sans doute pas de remède miracle, mais peut-être pourrait-on mettre au service de cet exaltant projet un service civique qui lui serait dédié, et trouver dans la manne des niches fiscales, souvent extravagantes, une partie des financements recherchés.

            Ne s’agit-il pas en effet d’une sorte de nouvelle reconstruction de la France ?

          Le nouveau contrat républicain

            Il faut donc demander un effort exceptionnel à notre nation, mais il faut, qu’en contrepartie, il soit fondé sur un contrat républicain irréprochable : ne rien céder des principes de la République Française, façonnés au cours des siècles, notre unité nationale, les trois valeurs inscrites sur tous les frontons de nos mairies, la liberté, l’égalité, et la fraternité. Une égalité entre les hommes et les femmes, et ce principe revêt encore plus d’importance de nos jours que par le passé, alors que sa conquête a moins d’un siècle dans notre pays.

            La primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être menacée.

            Et, tout autant, la laïcité, qui n’a pas été facile à établir.

            Permettez-moi, à ce sujet, de faire état d’une anecdote familiale : mon grand-père paternel, franc-comtois de la « Petite Vendée » du plateau de Maîche, fut mis en prison, en 1906, parce qu’il s’opposait à la mise en œuvre de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, alors que ses enfants et petits-enfants ont naturellement adopté cette grande loi de pacification civile et religieuse.

            Je dis aux jeunes de l’autre « planète » : au terme de ce petit plaidoyer, je dis aux jeunes de nos banlieues sensibles : beaucoup de temps a passé, trop de temps incontestablement, mais faites confiance au pays, la France officielle des aveugles et des bien pourvus va enfin se ressaisir, car ce rêve national est aussi le vôtre.

            Je dis à nos responsables politiques de gauche, de droite ou du centre : assumez enfin vos responsabilités, et les véritables destinées de la France qui sont celles du siècle actuel, et plus celles du passé.

            Gare à la France si cette mission collective, et on ne peut plus républicaine n’est pas assumée !

            Les caricatures de Plantu dans le Monde du 12 décembre 2009 devraient vous rappeler à la réalité : la page était intitulée Alertes rouges et le dessinateur écrivait en conclusion :

            « Aujourd’hui, bien sûr, on revient sur notre pauvre planète avec ses alertes au réchauffement climatique. Mais il y a une autre planète dont on parle moins… Elle est en danger : c’est la « Planète Banlieue ». Et quand elle va se mettre à chauffer, ça va chauffer ! »

            Les analyses récentes de Luc Bronner confirment le diagnostic actuel, en mettant l’accent sur la prise de pouvoirs des jeunes dans certains quartiers sensibles et sur leur refus de participer récemment aux élections des Conseils Régionaux, beaucoup plus fort que celui de la moyenne des électeurs.

            Avez-vous d’ailleurs entendu de la part des principaux partis politiques, dans les régions où ce problème est aigu des programmes d’action précis ? A ma connaissance, non !

            Ajouterai-je que dans une émission de France O d’il y a quelques semaines, tout à fait instructive, une femme expérimentée  et de qualité, manifestait la plus grande inquiétude sur l’avenir de ces quartiers, et sur leur conversion possible à quelque chose qui ressemblerait à une véritable insurrection.

Jean Pierre Renaud

Post scriptum

Le Premier Ministre vient de faire quelques annonces positives sur le sujet, mais qu’on ne nous dise pas que la France manque d’argent, même si sa dette est colossale, car Hollande, tout comme Sarkozy, ont bien trouvé des sous pour des opérations militaires extérieures en Libye, au Mali, en Centrafrique, et en Irak, avec l’envoi tout en fanfares du porte-avions Charles de Gaulle dans les eaux du Golfe Persique.

De la grandeur, de la grandeur à l’étranger, mais en sacrifiant ce que nous appellerions volontiers notre « front intérieur » !

Avec en petit complément d’information, la publication, à nouveau, et demain, de mes notes de lecture du livre « La loi du ghetto » de Luc Bronner

Frederick Cooper versus Elise Huillery ? Le fardeau de l’homme blanc ou noir en Afrique Occidentale Française ?

Frederick Cooper versus Elise Huillery ?

Ou les contradictions de l’histoire postcoloniale sur le colonialisme et l’anticolonialisme !

&

 La France a – t- elle été oui ou non « le fardeau de l’homme noir » dans l’ancienne Afrique occidentale française ?

&

Selon la déclaration de Mme Huillery dans le journal Le Monde du 27 mai 2014 :

« La France a été le fardeau de l’homme noir et non l’inverse »

Et corrélativement, et si on lit bien le dernier livre de Frederick Cooper intitulé « Français et Africains ? », les dirigeants africains de l’Afrique noire des années 1945-1960 auraient été masochistes à ce point qu’ils auraient demandé à continuer à porter le fardeau de l’homme blanc, même après la deuxième guerre mondiale ?

En ce qui concerne le premier point, l’analyse critique de la thèse Huillery, que nous avons publiée au cours des derniers mois, démontre qu’elle n’est pas bien fondée.

En ce qui concerne le deuxième point, le livre de Frederick Cooper, nous verrons avec nos lecteurs ce qu’il faut en penser.

Notons simplement pour l’instant que l’auteur fait l’impasse sur le volet économique et financier des relations existant à l’époque ente la France et l’Afrique Occidentale Française, l’objet central de la thèse Huillery.

Jean Pierre Renaud

La planète handball au Qatar: du ballon ou du fric qui roule? un idéal pour notre jeunesse ?

La planète handball au Qatar : du ballon ou du fric qui roule ?

Ethique et modèle civique pour la jeunesse de France ?

Un idéal pour notre jeunesse ?

Le vrai débat !

&

            La dernière Coupe du Monde de handball au Qatar a de nouveau mis en pleine lumière, dans les déserts du Golfe du gaz et du pétrole, le débat toujours engagé sur la marchandisation du sport et sur les dangers qu’elle fait courir à notre jeunesse.

Modèle de l’effort ou modèle du tout fric ?

        J’ai déjà eu l’occasion sur ce blog de critiquer la prise en mains par le Qatar du club parisien le PSG, par le biais de la concession du Parc des Princes, une opération qui a permis à cet émirat étranger de mettre la main sur l’image de la capitale, Paris, mais aussi de la France.

          Cette opération a reçu l’approbation de « l’établissement » parisien de la gauche et de la droite par l’intermédiaire du Conseil de Paris, alors que la municipalité était dirigée par le socialiste Delanoë.

         Il est évident que cette opération de marketing international visait à mettre au premier plan les réussites sportives d’un club bourré aux as par le Qatar, un beau succès pour ce que les esprits savants dénomment le « soft power » des nouvelles puissances.

          J’ai analysé cette nouvelle forme d’impérialisme sur ce blog.

        Ce mélange des genres entre le sport et le fric est de nature à détourner le sport de ses objectifs initiaux et de changer la formule de Coubertin « L’important dans ces Olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part » en « il est important de payer ou de se faire payer ».

         « Le foot entre civisme et affairisme (Forum&Débats), le 6 juin 2014, et à propos de la Coupe du monde de football, M.Mignon écrivait dans la Croix, sous le titre :

        « Un producteur de citoyenneté » :

        « Par le maillage du territoire national réalisé par les presque 18 000 clubs, le football partage avec l’école des problématiques communes, telles que l’accueil des familles défavorisées et marginalisées là où une partie des services publics a disparu, et représente ainsi une des institutions structurantes de la société française. »

        Le même jour, dans la même page, et sous le titre « Sport et mondialisation, unis par un lien dialectique » M.Boniface plaçait sa réflexion sur un terrain différent :

         « … En 2022, pour la première fois, la Coupe du monde aura lieu dans un pays arabe et musulman, le Qatar. Le choix est critiqué, mais le vote obtenu en 2010 par 14 voix contre 8 pour les Etats Unis est dans la logique d’expansion des pays hôtes et de la recherche de l’universalisme. Il ne serait guère étonnant que la Coupe s’installe en Chine en 2026…. Sport et mondialisation sont unis par ce lien dialectique. »

         Tout le monde ou presque sait que la régularité de  ce vote  a été contestée, mais il est tout de même étrange de placer ce type d’analyse dans le champ du concept de l’universalisme, lequel ? La mondialisation du tout fric ?

Je serais tenté de dire que la balance entre civisme et affairisme penchait déjà nettement vers l’affairisme, sans discussion.

          En écho, aux attentats de janvier, le même journal publiait le 26 janvier 2014, une chronique cosignée de MM.Boniface, directeur de l’Iris et de Massiglia, président du CNOSF, intitulée : « En quête de repères »

       Afin de démontrer le rôle positif du sport sur la société française, cette chronique s’appuyait sur deux exemples, ceux de Singapour et de Medellin.

           Il parait tout de même difficile de comparer la situation française, ne serait-ce que sur le plan d’une représentativité statistique assimilable à celle de nos quartiers sensibles, à celle de Singapour, une ville-Etat de type dictatorial, et Medellin « soumise au sinistre cartel qui porte son nom… », comme cette chronique le rappelle.

        Est-ce que le sport mondialisé, soumis aux lois du tout fric, la forme triomphante d’un nouvel universalisme, made in Boniface accrédite encore l’appréciation qui suit ? :

         « Le sport est un exemple réussi de méritocratie républicaine. Le talent et le travail, qui ne sont rien sans l’autre, y sont justement récompensés »

       La Coupe du monde du handball qui vient de se dérouler au Qatar mérite le détour dans ce type de débat, car de la plume des journalistes eux-mêmes, cette compétition était la caricature du sport.

       Dans Le Monde du 3 février 2015, sous la plume d’Henri Seckel :

      « La farce qatarie, que tout le monde voyait s’achever en quarts de finale, a duré plus longtemps que prévu. »

        Dans les Echos du 3 février 2015, sous la signature de Guillaume Maujean

     « Mascarade sportive

      Par un de ces pieds de nez que le sport sait parfois distiller, le Qatar a donc reçu, à l’issue d’une finale de handball dominée par la France, la médaille d’argent. Dee l’argent, il n’en a pas manqué lors de ces championnats du monde organisés par l’émirat gazier… il a bâti une armée de mercenaires… Il a enfin fait venir tous frais payés, des supporters espagnols pour encourager son équipe…

     Comment ne pas voir en effet dans cette aventure le stade ultime du sport businesse, où l’on peut désormais acheter sur commande une compétition, des joueurs, des supporters…

     Le Qatar est aussi au centre des turpitudes d’une autre fédération, celle de football ; qui lui a confié l’organisation de la Coupe du monde de 2022…Une autre mascarade. »

     Pourquoi donc ne pas se poser une bonne question : universalisme du fric ou universalisme des lumières revisité, modèle 2015 ?

     Pour conclure avec un nouveau tir au but, l’article de Jean-François Fournel dans la Croix du 5 février 2015 sur la Coupe d’Afrique qui a lieu en Guinée équatoriale :

    « La Guinée équatoriale s’est qualifiée pour la demi-finale de la Coupe d’Afrique de ce soir contre le Ghana, grâce à un pénalty imaginaire accordé par l’arbitre en sa faveur, lors du quart de finale contre la Tunisie…

      Le sélectionneur de cette équipe, nommé deux semaines avant le match d’ouverture, a eu quelques jours pour composer un groupe de joueurs totalement inconnus, dont quelques-uns ont été naturalisés en urgence. »

Jean Pierre Renaud

Sottise postcoloniale: Assimilation, intégration, « nettoyage de l’identité » Le Monde du 13 février 2015

Sottise postcoloniale : assimilation, intégration, « nettoyage de l’identité… »

&

Journal Le Monde du 13 février 2015, page 10

« Nicolas Sarkozy veut lancer un débat sur l’Islam »

Alexandre Lemarié

&

       M.Lemarié interviewe l’historien Blanchard, je cite :

            «  Assimiler c’est vouloir effacer »

            « … Pour souligner sa différence avec son concurrent, l’ancien président de la République a affirmé que la droite ne pouvait « pas continuer à utiliser le mot « intégration » mais devait désormais « utiliser le mot « assimilation ». Un terme qui est tout sauf neutre. « Il est directement issu de la période coloniale, rappelle Pascal Blanchard, cela suppose de vouloir faire rentrer l’immigré dans un modèle, avec la notion de nettoyage de l’identité. »

       Tout d’abord, un rappel de vocabulaire tiré du Petit Robert :

                  Assimiler, c’est rendre semblable

            Intégrer, c’est établir une interdépendance plus vivante entre les membres d’une société.

            L’historien  cite « l’immigré », mais s’agit-il effectivement de l’immigré, celui qui a une carte de séjour, ou du citoyen français d’origine immigrée ?

         Le même historien utilise aussi une expression douteuse, celle- là, «  la notion de nettoyage de l’identité », très proche de l’autre expression plus connue de « nettoyage ethnique ».

         L’ambition coloniale française de l’assimilation n’a jamais dépassé, sauf cas particuliers des quatre communes du Sénégal et des actuels départements d’outre- mer, le stade de la parole, de la propagande, pour la raison bien simple qu’elle était vouée à l’échec, même en cantonnant son sens à la citoyenneté politique.

      En Algérie, la place de l’Islam compliquait la solution du problème, et dans les autres colonies, hors Antilles, la diversité des cultures et des croyances, les statuts privés des peuples de ces pays, l’effectif des évolués par rapport au total de la population, le poids démographique et donc politique des peuples susceptibles d’être assimilés, la relation qui fut faite entre la citoyenneté politique et la citoyenneté sociale, c’est-à-dire le coût social qu’une telle opération représentait pour la métropole  enlevait tout fondement à ce type d’opération….

      L’assimilation « coloniale » n’a donc été qu’un rêve !

     Quant à parler dans le cas des immigrés, de « nettoyage de l’identité », il semble, et si j’ai bien compris, que le propos de M. Blanchard n’ait sans doute pas visé les immigrés eux-mêmes, mais les descendants d’immigrés.

     Si tel est le cas, et en ce qui concerne leur relation avec les institutions de la République Française, plutôt que d’assimilation ou d’intégration, il vaudrait mieux parler plus simplement d’application  des lois françaises.

     La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 et les principes de laïcité qui régissent notre République, doivent effectivement être appliqués, sans savoir s’il s’agit d’assimilation ou d’intégration.

    Cessons de jouer avec le feu des anciennes guerres françaises de religion, sanglantes au cours des siècles passés, et politiquement violentes, jusqu’au début du vingtième siècle.

      Cette loi française de paix civile est notre loi. Appliquons- la ! Sans ergoter !

     Jean Pierre Renaud

IFOP et Guerre d’Algérie: une enquête de mémoire pertinente ?

IFOP et Guerre d’Algérie : une enquête de mémoire pertinente ?

L’enquête IFOP d’octobre 2014 pour la Fondation Jean Jaurès et le journal Le Monde :

« Le regard des Français sur la Guerre d’Algérie, soixante ans après la « Toussaint rouge »

Les résultats de l’étude :

« A – Le souvenir spontané et les représentations associées à la Guerre d’Algérie »

B – La mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie et les relations franco-algériennes »

&

La Fondation Jean Jaurès m’a communiqué les résultats de cette enquête et je la remercie

&

Les questions que pose cette enquête ?

            Questions sur le langage tout d’abord ?

            Est-il possible de cerner le sujet de la mémoire que les Français ont, en 2014, de la guerre d’Algérie, en associant dans la grille du questionnaire des concepts aussi différents, pour ne pas dire ambigus, contradictoires, ou faussement compréhensifs au sens « logique », que « regard », « souvenir spontané » « représentations associées » « mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie », « Contemporains de la guerre d’Algérie » ?

            Les « contemporains de la guerre d’Algérie » auraient de nos jours plus de 65 ans, et concernent les deux dernières tranches d’âge de cette enquête : les réponses aux questions posées sont –elles donc représentatives ?

             « Mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie », un titre qui laisse à penser qu’il y a eu confusion entre la colonisation et l’Algérie, ce qui est inexact, même si certains chercheurs ou même historiens veulent nous faire croire le contraire.

            Questions sur la grille du questionnaire en deuxième lieu ?

            Avant d’aller dans les deux parties de cette enquête, une double question préalable de méthodologie :

–        celle qui dans la partie A questionne toutes les classes d’âge sur des contenus qui s’inscrivent dans une grille de chronologie qui manque de pertinence avec ces classes d’âge,

–        et celle  qui fait la distinction pertinente entre les « contemporains » et les autres, mais sans donner la définition statistique du questionné « contemporain ».

A – Le souvenir spontané et les représentations associées à la Guerre d’Algérie

            Question – L’événement le plus marquant de la guerre d’Algérie, c’est… ? En premier ? En deuxième ? En troisième ?

                Sont énumérés les événements cités par le questionnaire qui viennent dans l’ordre suivant en pourcentage des citations :

            L’arrivée des pieds noirs (59%), une guerre de libération (54%), le retour du général de Gaulle (41%), une défaite pour la France (38%), l’abandon des harkis (38%), les attentats du FLN ( 29%), le recours à la torture par l’armée française (27%), le putsch des Généraux et l’OAS (14 %).

            L’institut publie en page 8 une grille très sophistiquée des questionnaires par personne interrogée, une structure dont au moins un des éléments fait problème, celui des âges :

            Age de l’interviewé(e)

Moins de 35 ans

18 à 24 ans

25 à 34 ans

35 ans et plus

35 à 49 ans

50 à 64 ans

65 à 69 ans

70 ans et plus

            Il parait tout de même difficile d’admettre que les générations nées après 1962, aient pu avoir un « souvenir spontané » de la plupart, sinon de presque tous les événements cités.

        Outre le fait, que ce questionnement ne tient pas compte de la composition du public interrogé, ancien pied noir ou descendant, français immigré ou harki, etc …, une méthode statistique qui fait peser une suspicion légitime supplémentaire sur la représentativité de cette enquête.

            Le même type de suspicion légitime peut exister pour la question suivante – :

      «  Le jugement sur le comportement de la France à l’égard des différentes populations concernées par la guerre d’Algérie

         Question : diriez-vous que depuis la fin de la Guerre d’Algérie jusqu’à aujourd’hui, la France s’est plutôt bien ou mal comportée   ?

     A l’égard les Pieds Noirs, le peuple algérien, les Français issus de l’immigration algérienne, les Harkis (c’est-à-dire les Algériens favorables à l’Algérie française) »

        en interrogeant donc une population française qui, dans ses âges et ses origines, ne peut pas, sur le plan historique, porter un tel jugement, d’autant moins si l’enquête ne tient aucun compte du nombre de personnes interrogées qui sont précisément issues des différents courants de population impliqués.

      B – La mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie et les relations franco-algériennes

        L’impact de l’indépendance pour l’Algérie et pour la France

            Comment mettre sur le même pied la mémoire de la colonisation et celle d’Algérie, même si un historien bien connu a tendance à confondre  ces deux mémoires, sans jamais avoir pris l’initiative de les faire à la fois mesurer et distinguer ?

            Comment, telle qu’est rédigée cette question, se mettre à la place de l’Algérie ?

            Question : Diriez-vous que l’indépendance de l’Algérie a été une bonne ou mauvaise chose… ?

            A la différence de la question précédente, le questionnaire fait la distinction entre contemporains de la guerre d’Algérie et les autres non spécifiés, mais sans donner la définition retenue pour les « contemporains »

            Comme nous l’avons indiqué plus haut, cette absence de définition, aussi bien sur le plan du langage que sur le plan de sa représentativité statistique, fait peser un sérieux doute sur les résultats proposés.

            « La place accordée à la guerre d’Algérie dans les médias et à l’école »

       Question : Selon vous, avez-vous l’impression que l’on parle trop, pas assez ou comme il faut de la Guerre d’Algérie ?

        Le questionnaire distingue à nouveau entre les « contemporains » et les autres, mais il parait difficile d’interroger les « contemporains » de cette guerre sur ce qui se passe à l’école, sauf à avoir interrogé les enseignants et peut-être les parents d’élève.

       En conclusion, cette enquête apporte quelques lumières sur le sujet de la mémoire de la guerre d’Algérie, mais il est regrettable que celle-ci n’ait pas procédé à un cadrage statistique rigoureux des questions posées par rapport au public interrogé, avec des impasses qui font peser une suspicion légitime sur ses résultats.

Jean Pierre Renaud

L’ancienne Afrique Occidentale Française: « Les embrouilles de la mathématique postcoloniale » -thèse Huillery

LES EMBROUILLES DE LA MATHEMATIQUE POSTCOLONIALE 

« HISTOIRE COLONIALE, DEVELOPPEMENT ET INEGALITES DANS L’ANCIENNE AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE »

Thèse de Mme Elise Huillery

Sous la direction de Denis Cogneau et de Thomas Piketty

Autres membres du jury : MM Esther Duflo, MM Jean Marie Baland, Gilles Postel-Vinay,  et Pierre Jacquet

27 novembre 2008

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Rappel de publication des notes précédentes : annonce de publication, le 10 juillet 2014 – avant- propos, le 27 septembre 2014 – Chapitre 1, les 10 et 11 octobre 2014 – Chapitre 3, le 5 novembre 2014 – Chapitre 4, le 6 novembre 2014

Chapitre 2, les 2 et 3  décembre 2014

Notes de lecture critique

VII

Les Embrouilles de la mathématique postcoloniale

Conclusions générales  

S’agit-il d’histoire coloniale économique et financière ?

Une double occasion manquée ! ou triple peut être !

            La thèse de Mme Huillery a été examinée en 2008 par un jury qui comprenait notamment deux économistes de grande notoriété,  Mme Duflo et  M.Piketty.

            Cette thèse avait l’ambition de dire la vérité historique sur la nature des relations économiques et financières entretenues entre la France et l’AOF pendant la période coloniale 1898- 1957, avec les deux conclusions principales ci-après :

–       La France a très faiblement contribué financièrement au développement de l’AOF, le colonisateur blanc ayant été le fardeau de l’AOF, « le fardeau de l’homme noir », et non l’inverse.

–       la politique coloniale des investissements effectués dans les districts (les cercles), entre 1910 et 1928, est la cause des inégalités de développement constatées  en 1995.

          Dans le journal Libération du 2 décembre 2008, Mme Duflo, avait donné le « la » de cette thèse, en déclarant notamment, sous le titre :

              « Le fardeau de l’homme blanc ? »

           « Personne (y compris l’historien qui fait autorité sur la question, Jacques Marseille, dont la thèse avait popularisé l’idée que la colonisation avait été « une mauvaise affaire pour la France) n’avait pris la peine d’éplucher en détail les budgets locaux « 

          Dans le journal Le Monde du 27 mai 2014, et à l’occasion de la remise prestigieuse du Prix du meilleur jeune économiste 2014, Mme Huillery s’est exprimée sous le titre :

            « La France  a été le fardeau de l’homme noir et non l’inverse »

            Et dans le corps des « Propos recueillis par A. De Tricornot. », Mme Huillery vise notamment le cas de l’AOF.

              Cette phrase claque au vent comme un slogan, d’autant plus qu’elle s’inscrit, pour les initiés, dans l’héritage d’un des hérauts du « colonialisme » anglais, Rudyard Kipling, et de tous les autres « hérauts » du grand combat de la « civilisation », telle qu’ils l’imaginaient.

       Comme je l’ai déjà indiqué, les lectures et recherches que j’ai effectuées depuis une dizaine d’années sur l’histoire coloniale et postcoloniale m’ont fait maintes fois regretter que les chercheurs de cette branche de l’histoire n’attachent pas une importance suffisante aux outils statistiques, économiques et financiers  nécessaires à l’évaluation historique des faits ou événements décrits, et à leur cadrage.

      L’histoire coloniale et postcoloniale française souffre d’une sorte de carence des recherches relatives à son histoire économique et financière, alors qu’en tant que telle, et de toute façon, elle n’a jamais occupé une bien grande place dans les universités françaises.

          J’ai donc abordé la lecture et  l’analyse de cette thèse avec beaucoup d’intérêt et de curiosité, mais après l’avoir décortiquée, la démonstration Huillery ne m’a pas convaincu, et je m’en suis expliqué longuement dans les notes de lecture critique que j’ai publiées sur ce blog.

Résumons mes conclusions générales :

        Alors que cette thèse est le résultat d’un important travail de collecte de données analysées avec une grande sophistication des outils utilisés, et en dépit d’une rédaction trop souvent polémique, pourquoi la démonstration proposée ne parait-elle pas pertinente ?

        Chapitre 1 : Où sont passés les comptes extérieurs de l’AOF ?

       Le chapitre 1 brosse le portrait, un brin polémique, de la « littérature » qui existerait sur le bilan économique de la colonisation, une littérature qu’elle juge très insuffisante, fusse celle de l’historien Jacques Marseille !

      La critique principale qui mérite d’être faite sur le contenu de ce chapitre est celle d’une absence d’analyse des comptes extérieurs de l’AOF, une analyse qui aurait pu nous convaincre que dans le cas précisément de l’AOF la thèse Marseille n’était ni fondée, ni vérifiée.

       La consultation de quelques sources historiques d’information nous laisse à penser que le raisonnement historique de Jacques Marseille sur la couverture des comptes extérieurs de l’AOF par des fonds métropolitains publics ou privés pourrait être vérifié également dans le cas de l’AOF.

       Il s’agit là d’une impasse historique d’autant plus surprenante que les données statistiques du commerce extérieur de l’AOF étaient plus facilement accessibles que beaucoup d’autres données recherchées dans des documents de l’époque, notamment ceux tirés des cent-vingt cercles de l’AOF, entre les années 1910-1928, des cercles qui n’avaient généralement pas de base « bureaucratique » stable, encore moins au- delà des côtes africaines.

         Les chercheurs qui ont eu l’occasion de fréquenter l’histoire factuelle des cercles de l’hinterland ont pu le vérifier.

     Chapitres 3 et 4 : des corrélations calculées sur des bases fragiles et avec de grands « trous noirs » (1928 à 1995) !

        Les chapitres 3 et 4, dont l’ambition est de vérifier

      I – qu’il existe bien, pour le chapitre 3,  une corrélation statistique entre les investissements « inégaux » effectués entre 1910 et 1928 dans les cent-vingt cercles de l’AOF, dans la santé, l’éducation, et les travaux publics recensés dans les mêmes cercles et les résultats de modernité recensés dans les mêmes cercles en 1995, parait d’autant moins pertinente, qu’outre la fragilité des sources que constituent ces bases, les calculs de corrélation font l’impasse sur le trou noir relevé par le directeur de cette thèse, entre 1960 et 1995, mais tout autant sur l’autre trou noir de la période 1928-1960.

         II – que le même type de corrélation peut fonctionner entre la base du settlment européen recensé au début du vingtième siècle et le développement des « current performances de tel ou tel cercle, plus de soixante ans après :

       « My central finding is that European settlment remains a positive determinant of current performances » (p,182)

       Au titre des facteurs de cette corrélation, l’auteure fait apparaître le facteur hostility mesurée dans les cercles sur la période 1910-1960, un concept flou et très difficile à définir et à saisir, tout au long d’une période qui va de 1910 à 1960, donc une sorte d’exploit statistique, encore plus dans ce type de territoire.

       Comment expliquer par ailleurs les impasses qui sont faites sur le Sénégal et sur le Bénin, l’ancien Dahomey ?

     Nous avons exprimé un grand scepticisme sur ce type de corrélation pour un ensemble de raisons que nous avons exposées, ne serait-ce que le très faible poids démographique des Européens au cours de la période étudiée.

        Une des questions centrales que  pose ce type d’analyse touche à la définition du capitalisme colonial, tel qu’il a fonctionné en AOF, un capitalisme qui, nécessairement ne pouvait que rayonner à partir des côtes et des nouvelles voies de communication créées, et qui par nature ne pouvait qu’être inégal dans son résultat.

      Le chapitre 2 a fait l’objet de toute notre attention, étant donné que son objectif était de mesurer l’effort financier que la France avait consenti pour l’équipement et le développement de l’AOF, et qu’au résultat, cette thèse concluait au montant négligeable de l’aide financière publique, celle du « contribuable », accordée à l’AOF, et à l’inversion de la formule sur le fardeau de l’homme blanc, ce dernier ayant été en définitive, et après calcul, le fardeau de l’homme noir.

     Ce chapitre a fait l’objet de nombreuses critiques, questions, ou objections, la principale ayant un double caractère, une analyse à la fois en dehors de l’histoire et dans un champ anachronique.

      En dehors de l’histoire ? Il n’est pas pertinent d’analyser le cours et le contenu des relations économiques et financières entre la métropole et l’AOF en faisant l’impasse sur les ruptures des deux guerres mondiales et sur la rupture institutionnelle qu’a constitué la création, en 1946, du FIDES, mettant un terme au principe de la loi du 13 avril 1900, d’après lequel les colonies avaient l’obligation de financer elles-mêmes leur fonctionnement et équipement.

     Dans un champ anachronique ? Nous avons vu par quel tour de passe- passe historique cette analyse avait fait passer l’aide financière de la France de plus de 700 millions de francs 1914 à moins de 50 millions de francs 1914, sans d’ailleurs que la totalité des données chiffrées soit vérifiée.

      La justification qu’en donne l’auteure mérite d’être citée in extenso :

     « En effet en général, un prêt ou une avance ne sont pas considérés comme de l’aide publique, sauf s’ils comportent certaines conditions financières avantageuses mesurant son degré de « concessionnalité » : le concept de « concessionnalité » a été initialement introduit en 1969 par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Il impliquait un « élément don » minimum de 25 pourcent. L’élément don est égal à la part de don incluse dans le prêt exprimée en pourcentage de sa valeur faciale, le don étant la différence entre la valeur faciale d’un prêt, calculée sur la base d’un taux d’actualisation constant de 10 pourcent, et sa valeur actuelle nette, calculée sur la base d’un taux concessionnel accordé en réalité par le prêteur. Cette définition est toujours utilisée par les institutions internationales pour calculer l’aide publique au développement. Pour calculer l’aide effectivement apportée par la France, nous allons donc utiliser cette définition, bien qu’elle soit postérieure à la période coloniale. «  (page 91)

       Il est évident que cette méthode de calcul est tout à fait anachronique, outre le fait, comme nous l’avons vu, qu’elle est fondée sur une analyse de concepts financiers non pertinents, un contresens en matière d’emprunt pour la période 1898-1939, une interprétation ambiguë des avances du FIDES, postérieure à 1945, et sur une impasse des données postérieures à 1957, pour la période encore coloniale des années 1957-1960.

     En résumé, je ne suis pas convaincu que le luxe de cette mathématique postcoloniale permette de bien mesurer le « poids » du fardeau de l’homme blanc ou noir.

      Cette thèse fait par ailleurs une autre sorte d’impasse sur un certain nombre d’acquis que la colonisation a tout de même apporté à l’AOF :

     – une paix civile qui se substitua très souvent aux guerres traditionnelles qui troublaient la vie de ces territoires,

   – l’introduction d’une nouvelle forme d’Etat moderne, un système juridique et judiciaire cohérent, quoiqu’on puisse en dire, et même s’il fut à la fois égalitaire et discriminatoire avec le Code de l’Indigénat, avec beaucoup de jalons de vie commune et de conscience collective, au niveau de chacune des colonies devenues des Etats indépendants en 1960,

     – l’introduction d’un système monétaire et financier moderne articulé sur une organisation internationale, un instrument monétaire d’échange commun dans toute la Fédération qui eut d’ailleurs du mal à s’imposer, face à celui traditionnel des cauris ou de la monnaie anglaise,

      – l’introduction d’une langue de communication régionale qui n’existait pas, et enfin sur l’évolution de la démographie tout au long de la colonisation, évidemment plus favorable dans les zones des pôles de développement, c’est à dire sur les côtes à présent ouvertes sur le grand large.

&

Pourquoi ce regret d’une double occasion manquée, pour l’exemple ?

     Une première occasion manquée pour l’exemple pédagogique, celle de voir la jeune et nouvelle Ecole d’Economie de Paris, promouvoir une lecture quantitative modernisée de notre histoire coloniale, des relations économiques et financières ayant existé entre la métropole et les colonies, tout au long de la période coloniale, ce qui n’a pas été le cas !

     Une deuxième occasion manquée sur le terrain même des thèses de doctorat portant sur l’histoire coloniale ou postcoloniale, et de leur « intérêt scientifique », réel, supposé et vérifié par le jury de thèse. Il aurait été très intéressant d’avoir accès au rapport ou aux rapports qui ont pu être communiqués au jury, à l’avis lui-même de ce jury, afin de savoir si le jury, dans son ensemble, avait entériné le contenu de cette thèse, en tout ou en partie. (Arrêtés des années 1992 et 2006)

     Je me suis déjà exprimé sur ce sujet sensible à plusieurs reprises, en arguant de l’argument principal d’après lequel la soutenance publique était un vain mot, étant donné qu’il n’en restait aucune trace publique, susceptible d’éclairer la position qu’avait prise un jury sur telle ou telle thèse.

      Sur ce blog, et le 11 janvier 2010, j’ai déjà traité ces questions et fait référence, dans un post-scriptum, à la thèse Huillery,  que je venais de lire une première fois.

    Avec une troisième occasion manquée sur le bilinguisme de cette thèse rédigée moitié dans la langue « colonialiste » française et moitié dans la langue « colonialiste » anglaise !

     Je ne sais pas si la législation des thèses de doctorat soutenues dans l’Université Française, autorise le bilinguisme, mais dans le cas d’espèce, et compte tenu d’un des objectifs de cette thèse, convaincre les Africains de l’Ouest que la colonisation française a été le fardeau de l’homme noir et non l’inverse, je cite le texte de la page 120 :

      « Nombreux sont encore les habitants des Etats de l’ancienne Afrique Occidentale Française qui pensent devoir à la France leurs écoles et leurs routes, leurs hôpitaux et leurs chemins de fer. Puisse ce travail leur permettre de réaliser que ce sont leurs propres ressources, financières et humaines, qui ont permis la réalisation de la quasi-totalité de ces équipements. Puissent-ils également réaliser que la colonisation leur a fait supporter le coût d’un personnel français aux salaires disproportionnés et de services publics chers et mal adaptés . Le bilan économique de la colonisation pour les anciennes colonies est impossible à établir par manque de contrefactuel, mais il ne fait pas beaucoup de doute qu’il soit négatif étant donné la nullité de ses gains. »

      Pourquoi ne pas avoir opté pour une autre rédaction bilingue, le français « colonialiste », et au choix, une des langues de cette région d’Afrique, le fula, le wolof, le malinke, le bambara, pour ne pas citer toutes les autres chères aux anthropologues africains ou européens, férus en sciences ethniques ou non ethniques, une rédaction bilingue qui aurait au moins permis à une partie d’entre eux d’avoir accès à ces « Embrouilles de la mathématique postcoloniale » ?

        Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

L’histoire de la Françafrique racontée aux enfants et aux petits-enfants-Au Burkina-Faso avec Hollande, Diouf et Compaoré!

L’histoire de la Françafrique racontée aux enfants et aux petits-enfants !

Le coup d’Etat du Burkina Faso

Avec Hollande, Abou Diouf et Blaise Compaoré

Avec le journal Le Monde (page 6) du 20 novembre 2014

       M. Abou Diouf, ancien Président du Sénégal de 1981 à 2000, termine son troisième mandat de Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, et il est interviewé dans le journal Le Monde.

         Le titre de cette interview :

           « Les peuples africains ne supportent plus que les mêmes restent au pouvoir trop longtemps »

       « Abou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, souligne les avancées de la démocratie »

          Abou Diouf nous dit des choses fort intéressantes sur l’interprétation africaine qu’il convient de donner au coup d’Etat du Burkina Faso qui a chassé du pouvoir son ami Blaise Compaoré :

       Question du journaliste :

            « Pourquoi ne pas avoir suspendu le Burkina Faso, comme cela avait été le cas avec Madagascar ?

          « Au Burkina, ce n’est pas un coup d’Etat. Nous avions un Président qui, face à une contestation de la rue assez violente, a préféré démissionner. L’armée a comblé le vide, rétabli l’ordre et la sécurité. Elle a accepté de quitter le pouvoir dès que la charte constitutionnelle aura été adoptée et qu’aura été désigné le nouveau chef de la transition civile. »

        Curieuse lecture de l’histoire n’est-ce pas ? Avancée de la démocratie africaine, vraiment ?

       La Croix du 21 novembre propose une interprétation différente de cette crise, sous le titre :

       « Au Burkina Faso, l’armée garde la main sur la transition.

      & Le lieutenant- colonel Zida qui a pris le pouvoir après le départ de Blaise Compaoré le 30 octobre, a été nommé premier ministre par le président de la transition.


        & L’armée n’a pas renoncé à jouer un rôle central au Burkina Faso

         … Et dans le corps de l’article :

            « Aujourd’hui, cette charte apparait comme un habillage juridique – « un tour de passe-passe », selon un observateur à Ouagadougou – pour permettre à l’armée de garder la main sur le pays »

            Il n’est pas besoin  d’être à Ouagadougou pour porter ce jugement !

            Et la Francophonie dans tout cela, et la Françafrique dont on nous dit qu’elle est bel et bien morte ?

            Alors que dans la même interview, M.Diouf nous fait la confidence ci-après : 

            « … Ce n’est plus un secret que la préférence du Président Hollande était que Blaise Compaoré acceptât de venir me remplacer (à la tête de la francophonie). C’eût été magnifique : un homme habitué à gérer les crises aux côtés d’un administrateur chevronné et compétent, Clément Duhaime, qui continuait à gérer le quotidien de l’OIF et la coopération. »

            A lire cette dernière confidence, la Françafrique de Mitterrand, de Chirac, de Sarkozy, et de Hollande, est encore bien là.

            Est-ce que l’Organisation Internationale de la Francophonie ne mérite pas mieux que d’être présidée par un ancien officier, venu au pouvoir en 1987, à la suite d’un coup d’Etat ?

Jean Pierre Renaud

Affaire Fillon-Jouyet, off, on, secret instruction ou source, déontologie du Monde

Affaire Fillon-Jouyet, off et on, secret de l’instruction et secret des sources, déontologie des journalistes ?

            Inutile d’en rajouter dans un tel débat qui a alimenté et alimente encore les médias, mais j’aimerais simplement rendre public le courrier des lecteurs (in extenso) que j’ai adressé au journal Le Monde, le 9 novembre 2014 :

            « Bonjour,

            Je suis un vieux lecteur du journal et votre scoop du jour n’en grandit pas l’image. De plus en plus détériorée. Les deux détectives infatigables du Monde D et D (voir Tintin) font donc coup double 1) un scoop à justifier,2) la promotion de leur livre chez Stock. Sans quel caniveau êtes- vous tombé ?  De Valérie au journal Le Monde ! Et après, vous serez surpris de voir sur l’échiquier politique prospérer les extrêmes. Vous faites la pub du FN !

            Ce que je souhaite en ma qualité de citoyen, c’est que vous publiez in extenso les enregistrements dont il est question, afin que votre coup de pub soit démocratiquement et juridiquement justifié, pour autant qu’il puisse l’être. De la part d’un républicain coriace qui n’a pas d’actions chez Fillon ou Sarkozy, ou quiconque d’autre. Cordialement »

        Cette affaire a donné l’occasion au médiateur du journal de donner son avis le 18 novembre 2014 ( Eclairages, page 17) sous le titre « Aux sources de l’affaire Jouyet » en tentant de résumer les réactions des lecteurs et les explications du directeur des rédactions du journal et des deux journalistes :

          Dans la marge : « Une info sensible, une fois lâchée, vit sa vie indépendamment de son émetteur initial. »

       Dans le corps de l’analyse du médiateur, un sous-titre :

    « M.Jouyet n’a jamais été une source » et à ce sujet, citant une de mes phrases « Publiez in extenso les enregistrements, afin que votre coup de pub soit démocratiquement et juridiquement justifié », les deux journalistes répondent :

     « Mais il n’est pas question d’en publier l’intégralité, ni d’en accepter la saisie. Il y a dans cette conversation des propos divers et variés, dont certains relèvent du secret professionnel, d’autres de la vie privée. »

      Le médiateur continue :

      «  D’aucuns parmi nos contempteurs, citent Camus, arguant qu’ « un pays vaut souvent ce que vaut sa presse ». Le médiateur s’autoriserait-il à à invoquer Shakespeare : « Beaucoup de bruit pour rien » ! A l’interrogatif, cela va sans dire. Car la réponse appartient aux lecteurs. Comme toujours  »

      Comme toujours ? ?

Jean Pierre Renaud

« Algérie 1954-2014 L’anniversaire amer » Le Monde du 31 octobre 2014

« Algérie 1954-2014

L’anniversaire amer »

Le Monde du 31 octobre 2014

&

Petit exercice de critique historique des pages du journal sur la guerre d’Algérie avec une invitation à passer à la phase 2, c’est à dire :

Mesurer les mémoires dans « la guerre des mémoires- la France face à son passé colonial » de Benjamin Stora,  et son nouveau concept de « transfert de mémoire » (voir l’éditorial).

&

Avant-propos

            Pour avoir servi la France, et peut-être l’Algérie, pendant la guerre d’Algérie, au cours des années 1959 et 1960, dans la vallée de la Soummam, et continué à y lire ce journal, quand il m’était possible de me le procurer, j’aimerais donner mon opinion sur une partie des textes qui ont eu l’ambition de donner une image fidèle de cette guerre, pendant et après l’indépendance de l’Algérie.

            Je me propose donc de passer au crible trois des documents publiés par Le Monde, en premier, la sorte d’éditorial du supplément, signé Christophe Ayad, intitulé «  Sortir du déni et du mensonge », qu’il convient de lire ainsi, sauf erreur, « déni » de la France, et « mensonge » de l’Algérie.

            En deuxième, l’éditorial lui-même du journal, intitulé « De la mémoire à l’histoire ».

            En troisième, l’analyse de l’enquête IFOP, intitulée « Les passions s’apaisent sur la guerre d’Algérie » par Thomas Wieder.

&

           En premier : « Sortir du déni (France) et du mensonge (Algérie) »

 Cette analyse n’est pas très convaincante.

            Les premiers paragraphes décrivant les débuts de cette guerre sont à la fois réducteurs, et inexacts : « Pour venir à bout de cette tactique mise en place par le FLN, l’armée française a mis au point et expérimenté la guerre contre-insurrectionnelle… L’armée américaine n’a rien inventé en Afghanistan ou en Irak. »

            Comme si Mao Tsé Toung n’avait pas mis en œuvre ce type de guerre en Chine, et comme si les guerres contre-insurrectionnelles, anglaise de Malaisie, puis française d’Indochine n’avaient pas non plus existé !

            Et rien sur la guerre fratricide entre le MNA et le FLN, avec ses plus de 20 000 victimes, pour ne pas citer l’autre guerre civile entre algériens pro et antifrançais, et pas plus sur la présence en Algérie de plus d’un million de pieds noirs.

        « Poids de l’histoire », l’auteur écrit :

            « La constante des guerres contre-insurrectionnelles, c’est qu’en cas de succès militaire, elles débouchent sur des désastres politiques. … «  Voire ! Lesquels ?

            L’auteur poursuit : « L’autre malédiction des guerres contre-insurrectionnelles est qu’elles inoculent leur venin à ceux qu’elles sont censées combattre. » et le tour est joué !

            L’armée française a inoculé son venin à l’armée du FLN, celle qui est « restée stationnée en Tunisie et au Maroc sans combattre » (et les batailles des frontières ?), celle qui a pris le pouvoir, et est donc responsable de ce qui s’est passé en Algérie jusqu’à nos jours.

          L’auteur ajoute : « De son homologue française sous la colonisation, l’armée algérienne a hérité du même mépris pour les civils, d’un goût prononcé pour les affaires politiques et d’un penchant certain pour la manipulation. Elle se conduit, à bien des égards, en force d’occupation de sa propre société. ».

            « Même mépris pour les civils » n’est-ce pas par trop caricatural, et même faux ? Et évidemment, par la voie de son armée, la France est à nouveau responsable ! C’est toujours la faute des Français ! Plus de cinquante ans après !

:           L’auteur évoque alors l’opération Serval au Mali et une nouvelle coopération militaire franco-algérienne « en catimini » :

            « Le poids de l’Histoire est sans doute trop fort. En France, l’oubli et l’ignorance ne sont qu’une autre forme du déni passé ; et en Algérie, la mémoire de la guerre est instrumentalisée et usée jusqu’à la corde… Ce n’est qu’en sortant du déni français et du mensonge algérien que l’on pourra justifier, auprès des opinions publiques des deux pays, une lutte contre le terrorisme pour une fois justifié et susceptible de remporter l’adhésion. »

            Un discours qui se situe hors de l’histoire réelle de notre pays, car les citoyens français ont eu beaucoup plus d’occasions d’être informés sur la guerre d’Algérie, que n’a l’air de le croire l’auteur de ce papier, y compris sur les aspects les plus noirs de la pacification, en particulier, par les soins du journal Le Monde.

         Comme de nombreux lecteurs de ce journal pendant la guerre d’Algérie, soldats appelés ou non, il m’est arrivé souvent de penser que le journal proposait trop souvent une information partisane, avec toujours la France en négatif.

        A la limite, il n’était pas interdit de penser que le « terroriste «  avait toujours raison, alors qu’il s’agissait au moins autant d’une guerre civile que d’une guerre franco-algérienne.

        En deuxième, le contenu de l’éditorial du 31 octobre 2014,

         Un contenu que je relierais volontiers à celui du sondage IFOP analysé plus loin sur la mémoire et l’histoire de cette guerre, et sur la grande ambiguïté que certains historiens entretiennent entre mémoire et histoire.

        Je cite :

     « Aujourd’hui encore, comment ne pas voir dans le refoulement de ce drame l’origine de ce que l’historien Benjamin Stora a appelé « le transfert de mémoire » : l’importation, en « métropole » d’une mémoire coloniale où se mêlent la peur du « petit blanc », son angoisse identitaire face à l’Islam, son racisme antimaghrébin et les  crispations identitaires antagonistes qui en résultent » :

     Rien de moins !

        Une nouvelle école mémorielle ou historique ? Après la guerre des mémoires, entre qui et qui, et avec quelle démonstration statistique ? Une nouvelle extension de la psychanalyse coloniale et postcoloniale grâce à un « transfert » jamais mesuré, et sans doute mesurable !

      Des historiennes et historiens se sont fait une spécialité d’une lecture de notre histoire coloniale à partir de concepts aussi étranges qu’une « mémoire collective », ici coloniale ou postcoloniale (voir Stora), jamais mesurée par voie d’enquêtes et de sondages, ou mieux encore d’un « inconscient collectif » toujours colonial ou post colonial ( voir Coquery-Vidrovitch et ), jamais non plus mesuré.

      J’ai déjà eu maintes occasions de dénoncer le discours idéologique et non « scientifique » de ces chercheurs, sans preuves.

        L’éditorial fait donc appel à un nouveau concept adopté par M.Stora « le transfert de mémoire ».

      Comme je l’ai demandé à maintes reprises sur ce blog, que ces grands lettrés aient le courage en effet de démontrer, statistiquement parlant, que les concepts d’explication avancés pour mieux connaitre la mémoire des citoyens, ont effectivement une réalité mesurée.

     Le 12 mars 2009, le journal Le Monde s’était prêté à ce même type d’explication, une affirmation sans fondement statistique, en s’associant à la Ville de Paris pour célébrer le slogan « Décolonisons les imaginaires », la vraie « propagande », celle-là !

    En troisième lieu, et enfin, Eurêka ! L’heureuse surprise d’une première mesure statistique de quelques-uns des aspects de la mémoire algérienne des Français, le journal propose à la page 9 les résultats d’une enquête d’opinion, intitulée :

« Les passions s’apaisent sur la guerre d’Algérie

Soixante ans après le début du conflit, l’IFOP a sondé les Français pour « Le Monde » et la Fondation Jean Jaurès »

Avec dans la marge :

« Rares sont ceux qui reprennent un vocabulaire de l’époque ou des qualificatifs symptomatiques d’une mémoire blessée »

      Cette enquête répond enfin, et  en partie, à cette demande de démonstration statistique.

            Sous le titre ambigu « Le poids de la mémoire pied-noire », le journal publie un graphique récapitulant le pourcentage de réponses à la question pour l’ensemble des français, et pour les sympathisants PS, UMP, FN :

        « Pour vous, personnellement, la guerre d’Algérie, c’est :

       L’arrivée des pieds noirs en France  (59% pour l’ensemble des Français), une guerre de libération pour un peuple colonisé (54% pour l’ensemble des Français),  le retour du général de Gaulle au pouvoir (41% pour l’ensemble des Français), une défaite pour la France (38% pour l’ensemble des Français), l’abandon des harkis (38% pour l’ensemble des Français).

        L’auteur de l’article fait état d’autres données statistiques qui ne figurent pas dans ces graphiques :

       « Acceptation globale. Autre preuve de ce regard distancé que portent aujourd’hui les Français sur ce conflit : l’acceptation de son dénouement par une assez forte majorité d’entre eux. Soixante-huit pour cent des personnes interrogées estiment ainsi que l’indépendance «  a été plutôt une bonne choses pour l’Algérie », tandis que 65% estiment qu’elle a été « plutôt une bonne chose pour la France ».

        L’auteur poursuit :

      « Frustration

       Restent un malaise et une frustration. Le malaise porte sur l’attitude de la France depuis la fin de la guerre d’Algérie…

     Et l’auteur note à cet égard une différence d’appréciation selon la couleur politique de gauche ou de droite,

     « Seule la question des harkis fait consensus, c’est-à-dire des Algériens favorables à l’Algérie française, fait consensus : à droite comme à gauche, plus de deux personnes interrogées sur trois estiment que « la France s’est plutôt mal comportée » à leur égard. 

            Quant à la frustration, elle porte sur la place accordée à la guerre d’Algérie dans l’espace public. De ce point de vue, les Français font une distinction  entre les médias et l’école. Dans les médias, cette place est jugée suffisante par 43% des personnes interrogées, mais insuffisante par 37% d’entre elles. A l’école, en revanche, 54% des personnes interrogées estiment qu’on n’en parle pas assez. Cette curiosité doit être vue comme une opportunité : combler cet appétit pour l’histoire est sans doute le meilleur remède aux plaies de la mémoire »

            Enfin une initiative positive ! Mais avec le souhait que Le Monde s’associe à nouveau à la Fondation Jean Jaurès pour passer à une autre étape de vérité, la mesure des mémoires dans la guerre des mémoires de M.Stora, du nouveau concept de « transfert de mémoire », et pourquoi pas ?

         Celle d’une soi-disant mémoire coloniale, algérienne et non algérienne, qui imprégnerait, encore, et au choix, la « mémoire collective » ou « l’inconscient collectif » des Français.

Jean Pierre Renaud