« Décolonisons les imaginaires »: Le Monde au colloque de la mairie de Paris, le 12 mars 2009

Mémoire collective

Contribution 3

Rappel des contributions précédentes :

Contribution 1 du 15 avril 2010 : la mémoire collective n’est pas « un lieu commun », elle doit et peut être définie.

            Contribution 2 du 25 avril 2010 : que penser de la thèse développée sur le sujet par M.Stora dans le livre « La guerre des mémoires »

Contribution 3

Objet : la participation du journal Le Monde au Colloque intitulé « Décolonisons les imaginaires » organisé par la mairie de Paris le 12 mars 2009

            J’ai découvert l’existence du colloque « Décolonisons les imaginaires », en lisant l’interview de Mme Bengugui par Mme Van Eeckhout dans le journal du 13 mars 2009.

            J’ai fait part de mon opinion sur cette interview au maire de Paris, en indiquant qu’autant j’approuvais le constat de l’utilité de « la mesure de la diversité ethnique », autant je n’étais pas d’accord sur le discours accréditant l’existence d’une colonisation des imaginaires français. J’en ai également fait part à votre collaboratrice.

            En associant le Monde à cette initiative municipale, et en faisant figurer son nom sur le programme, le journal de référence a cautionné un titre qui sonne comme un slogan politique ou idéologique, alors qu’aucune enquête scientifique sérieuse ne parait accréditer le discours d’après lequel nos imaginaires seraient colonisés et auraient besoin d’être décolonisés.

            Les mots devraient avoir encore plus d’importance pour un journal de référence que pour le commun des mortels, et je déplore l’usage de ces mots.

            Je mets au défi, un journal que j’estime, d’apporter la démonstration scientifique, par exemple une enquête d’opinion sérieuse et complète, que la situation actuelle serait bien celle d’une mémoire colonisée,  qu’il faudrait donc décoloniser.

            L’enquête approfondie dont vient de faire état le journal, le 25 avril, ne parait pas répondre à cette question.

             La discrimination n’est pas obligatoirement liée à une histoire coloniale que l’immense majorité des Français ignore, mise à part celle de l’Algérie et surtout de sa guerre, ni à une mémoire collective que personne n’a eu le courage de mesurer, notamment tous les responsables politiques. Alors on dit n’importe quoi, et on écrit n’importe quoi, au risque  de fournir des aliments de propagande à des groupes de pression qui ignorent le plus souvent leur propre histoire, et qui sont trop contents de voir accréditer certaines de leurs affabulations idéologiques.

            Les écrits de certains collectifs de chercheurs qui dispensent ce type de propagande mémorielle n’ont, en tout cas jusqu’à présent, apporté aucune preuve scientifique sérieuse sur le sujet.

            Pourquoi ne pas traiter sérieusement des sujets qui sont sérieux pour l’avenir de notre pays ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : Xynthia, »COM » Borloo,le Monde du 20 avril 2010

Humeur Tique: Xynthia, « Com » Borloo, Le Monde du 20 avril 2010, zones noires et zones de solidarité

  Le 20 avril dernier, Le Monde a publié une Chronique intéressante intitulée « Xynthia, ou la nouvelle guerre de Vendée ».

   Est bien résumée cette analyse dans la phrase  » Ce drame raconte une histoire terriblement française, faite d’irresponsabilités partagées, de tartufferies équitablement réparties »

   Sans  doute, mais comment ne pas avoir été frappé par la pirouette de « com » qu’a tentée de faire Borloo: « les zones noires » devenues, d’un coup de baguette magique,  « les zones de solidarité« .

   Et pourquoi ne pas l’avoir relevé?

Ghettos, cocote-minute, les Avatars de Vishnou-Chirac, Juppé, Dilain, le Monde des 11 et 12 avril 2010

Les Avatars du dieu Vishnou-Chirac, les Villepin, Juppé, etc?

(Le Monde des 11 et 12 Avril 2010)

            Après l’Avatar Villepin, l’Avatar Juppé ! Décidément la Chiraquie est riche en incarnations d’un Vishnou « roupillant » (voir le Monde) ! A qui le tour ? Avec l’esprit de famille ?

            Comme le lecteur le sait naturellement, Vishnou est une des trois grandes divinités de l’hindouisme à laquelle cette religion prête des pouvoirs d’incarnations, ses avatars. Elle est souvent représentée avec quatre bras, et dans notre cas, deux existent déjà !

            Après Villepin, voici le « nouveau » Juppé, dans l’aimable coloris des primeurs 2009 des bons vins de Bordeaux ! Exceptionnels, dit-on!

            A la Une du Monde :

            « Mon offre » de concours pour 2012 (politique) ? En lisant ce mot dans le journal, j’ai été un peu étonné, car pour avoir été plus de quinze ans un bon observateur du « système Chirac », l’expression « demande de concours » (financier) m’était plus familière.

            Il n’est pas certain que les avatars en question puissent nous donner la possibilité d’échapper à nouveau au péril de la réforme anorexique (Chirac) après celui de la réforme boulimique (Sarkozy).

            Dans le même journal, la juxtaposition des deux interviews, celle de M.Juppé, et celle de M.Dilainmaire de Clichy-sous-Bois apporte curieusement une première et immédiate réponse à l’offre citée.

            M.Juppé a joué un des tout premiers rôles dans la Chiraquie, à la Mairie de Paris, au RPR, au gouvernement, auprès de Chirac. Comme je l’ai d’ailleurs écrit dans le livre « La Méthode Chirac », la gestion Chirac n’a pas été spécialement sociale, en dépit de sa communication tapageuse. Pour sa défense, indiquons toutefois que les quatre éléphants du bastion socialiste du dix huitième arrondissement de Paris n’ont pas été non plus, et de leur côté, les inventeurs d’un nouveau pacte social et républicain dans les quartiers sensibles de la capitale.

            Chirac a mené sa campagne politique de 1995 sur le thème de la fracture sociale, mais après son élection, aucune grande politique n’a été ébauchée et mise en œuvre en faveur de ce qu’on n’appelait pas encore les « ghettos », un des moteurs de la fameuse « fracture sociale », thème de propagande plus que d’action politique sérieuse.

            Alors que la cohabitation (1997-2002) avec le socialiste Jospin aurait pu justifier un consensus politique plus profitable à l’avenir du pays que le consensus calamiteux du traité de Nice, sur l’élargissement de l’Europe !

            En face, à la page Trois du même journal, l’interview Dilain, cri de désespoir et d’alarme !

            M.Dilain est maire de cette commune depuis 1995, l’année donc, qui vit Chirac élu à la Présidence de la République, et ce dernier partager le pouvoir avec le socialiste Jospin.

            Le maire de Clichy-sous-Bois, après avoir décrit la réalité de sa commune, la misère, le désespoir, conclut son propos en disant :

            « Qu’attendons-nous ? De nouvelles émeutes ? Que la « Cocotte-Minute explose ? … Parce que aujourd’hui, moi, maire de Clichy-sous-Bois, j’ai honte d’être le représentant impuissant de la République française. »

            Honte à la droite, mais honte aussi à la gauche, car le Parti socialiste n’a jamais proposé un plan crédible pour résorber nos « ghettos » urbains, alors que certains de ses Eléphants exercent, depuis de nombreuses années, des mandats importants en Seine Saint Denis, ou dans le Val d’Oise, dont un d’entre eux, souvent grand communicant devant l’Eternel, depuis 1981, sauf erreur.

            Pour terminer ce commentaire, que signifie la « fibre gaullo-chiraquienne », sinon une forme moderne du bon vieux radicalisme à la française, une fibre chiraco-radicale, bien loin du millésime des primeurs des vins de Bordeaux des années 60?

Jean Pierre Renaud

Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, le Monde du 23 mars 2010

Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, pourquoi fantôme?

           En France, la folie des musées ! Pourquoi pas ? Mais il y faut tout de même une bonne et saine raison ? Un aquarium ?

            Dans le cas de la Cité, le but était naturellement politique, une façon pour les politiques de botter en touche, d’esquiver un débat au fond sur les tenants et aboutissants de l’immigration, tout en donnant des gages à une partie des Français d’origine immigrée récente, et surtout aux groupes de pression intellectuels ou politiques qui en ont fait leur fonds de commerce.

            Le problème est que les visiteurs ne viennent pas dans cet ancien musée de la France d’Outre Mer pour l’histoire de l’immigration, et peut-être la louange de ses bénéfices, mais pour l’aquarium, et ses très beaux poissons, et cela dès les débuts de la Cité, comme j’ai pu le vérifier moi-même en août 2008, avec mon épouse.

            Son président, M.Toubon, déclare au journaliste, qu’une des raisons principales de cet insuccès est le fait que  « l’immigration, à tort ou à raison, n’a pas bonne presse. »

            La nouvelle utopie d’une immigration par définition humanitaire ou positive

            Un musée fantôme, effectivement, parce que de nombreux Français, confrontés à l’immigration des années 1980 – 1990, ont un vécu réel qui n’a rien de fantomatique, éprouvent, souvent ou quelquefois, un vrai choc culturel dans leur quotidien,  « à tort ou à raison »,alors que les pouvoirs publics, complices de groupes de pression politiques, religieux, ou associatifs, refusent d’ouvrir le dossier des chiffres de l’immigration et de ses conséquences, positives ou négatives sur notre vie nationale.

            D’ores et déjà, certaines de nos cités, notamment en Ile de France, sont composées majoritairement de Français originaires d’Afrique de deuxième et première génération, grâce au mouvement  « d’auto-engendrement des flux familiaux »,  décrits par la démographe Tribalat.

            Est-ce qu’il ne conviendrait pas demander aux historiens spécialisés si des fétiches maléfiques n’ont pas été cachés dans les murs du musée, lors de sa construction, ou si, lors de l’inauguration, les plus hautes autorités de l’Etat, n’auraient pas omis de sacrifier le poulet blanc ou noir recommandé par le grand féticheur du moment ?

            Mais en tout cas, un bon conseil ! Il faut consulter un grand marabout pour qu’il nous indique la bonne voie ! Pourquoi ne pas affecter ces moyens au financement d’institutions culturelles au cœur des « ghettos »urbains, une bien meilleure façon d’aider les quartiers sensibles à renouer avec la société française ?

Immigration: Le monde du 30 mars 2010, politiques et médias cachent la vérité aux Français

Immigration- Décryptage- Vérité sur l’immigration

  Au sujet de la rubrique du Monde (page analyses décryptages du 23 mars 2010) intitulée « Sociologie souverainiste » signée Laetitia Van Eeckhout, sur le livre de Mme Tribalat, intitulé « Les yeux grands fermés. l’immigration en France »

 Une chronique intéressante, mais dont le titre pointe, dès l’abord, une orientation idéologique, qu’on le veuille ou non.

  Pourquoi sociologue, alors que Mme Tribalat est une démographe de métier? Et pourquoi aussi cet adjectif « souverainiste », lequel appartient, mais sauf erreur, à un monde politique récent?

   Utilisation d’autant plus étrange que c’est une loi proposée par un souverainiste malheureux, Chevènement, du 11 mai 1998, (p,49 du livre), qui a élargi le concept de regroupement familial à l’existence de « liens personnels ou familiaux en France », une expression très vague qui fait effectivement problème dans son application.

   Le livre de la démographe est utile parce qu’il apporte la démonstration 1) que les pouvoirs publics ont non seulement une connaissance très insuffisante du dossier de l’immigration, 2)mais qu’une complicité du silence, gauche-droite, existe bien sur ce sujet sensible, 3) qu’il faut aller piocher dans des études étrangères pour avoir une opinion sur les effets positifs ou négatifs de l’immigration, et que dans un tel domaine, les conclusions sont, pour le moins très nuancées, 4) que d’ores et déjà un certain nombre de nos cités compte une majorité de Français d’origine immigrée de première ou de deuxième génération.

   Ne pensez-vous pas que les politiques ont le devoir de dire la vérité au pays, avant qu’il ne soit trop tard? Croyez-vous que la situation actuelle de nos » ghettos » urbains puisse s’améliorer, si cette conspiration du silence se perpétue, et si les mêmes politiques ne décident pas enfin de mettre de gros moyens pour remettre ces « ghettos » au niveau de la société française?

  Alors, et en ce qui me concerne, toujours rebelle aux utopies en isme, hier le capitalisme, le libéralisme, le marxisme, le communisme, et aujourd’hui à la mode, le mondialisme, l’immigrationisme, ou le souverainisme.

  Un peu de bon sens! Nos sociétés manquent cruellement de repères. Croyez-vous que les nouvelles utopies seront vos nouvelles boussoles?

Clin d’oeil cinéma: « White Material »

« White Material » avec Isabelle Huppert, Claire Denis et Marie Ndaye

Enchaînons « tout de go », « one woman show » de la grande Isabelle Huppert, mais au fait, pourquoi ce titre en anglais? 

Le journaliste de Libé en a peut être livré la clé, en évoquant « un truc de Blancs », mais parlons d’abord du film, avant de donner, un tout petit peu, la parole aux journalistes spécialisés du cinéma.

Isabelle Huppert fait exploser ce film, c’est certain: obstinée, déterminée, elle veut à tout prix sauver sa récolte de café dans sa plantation d’un pays tropical, dans un contexte de violence et de guerre civile qui fait rage. Piste rouge, forêt et caféiers verts, de belles montagnes bleutées à l’horizon, un monde noir à la fois inquiétant et indéchiffrable, et à la fin, le déchaînement meurtrier d’enfants-soldats. La belle Isabelle corse un peu son histoire en accueillant un chef rebelle blessé dans sa belle plantation.

Son fils, un peu fou, puis très fou, son ancien mari, font très pâle figure dans le récit. Ils n’existent pas ou plus.

Dans Libé (24/03/10), le journaliste spécialisé conclut son analyse en écrivant:  « Son White Material n’est pas un truc de Blancs. C’est une perle noire. »

Dans Le Monde (24/03/10), le journaliste spécialisé parle de « l’éviction du corps blanc par le continent noir »,  d’une actrice Huppert qui  « maraboute le cinéma français »,etc…, et je vous avouerai qu’ici,  il me semble me retrouver, un peu mieux, en pays de connaissance.

Dans son interview à l’AFCAE, Isabelle Huppert répond à un moment donné:

 » White Material » n’est pas un film politiquement correct. Il montre des enfants-soldats, donc des enfants-bourreaux »

Et je conclurai sur cette dernière phrase.

Je ne suis pas sûr qu’un spectateur, non averti, ne soit pas submergé par cette violence qui fait peur. 

Dommage enfin que le récit s’inscrive  dans un « nulle part » géographique et historique, même s’il s’agit peut-être de la « bulle d’opacité flottante » qu’évoque Libé.

Identité nationale, racisme, le Monde du 13/03/10, p,14

Dans un article intitulé « Quand le foot libère la parole des détenus sur la racisme », le Monde fait un compte rendu d’une réunion de détenus à la maison d’arrêt de Villefranche sur Saône, le 10 mars dernier. Je ne suis pas sûr que le contenu de l’article éclaire beaucoup le sens du titre. Le menu intellectuel proposé était incontestablement difficile.
 Le lecteur reste sur sa faim jusqu’à la fin lorsqu’est abordée la composition du public des maisons d’arrêt.


Un détenu, micro à la main demande au procureur présent, interlocuteur tout désigné pour ce dernier sujet : « Il n’y a que des Noirs et des Arabes dans les prisons. Le procureur riposte : « je ne peux pas laisser dire ça. » Mais il reconnait que, pour certains délits « comme les vols », il y a une surreprésentation de certaines populations ethniques. Cela s’explique, c’est complexe, mais la couleur de la peau n’a rien à voir. »

Question: est-ce que le Monde ne devrait pas proposer à ses lecteurs une bonne analyse de cette situation, si elle est exacte, avec des chiffres précis et une interprétation sérieuse de ses causes, avec sans doute en arrière plan, la faillite de la politique des quartiers dits « sensibles ».