Humeur Tique: Préfet du Loiret, Bis Repetita; Libé des 19 et 20/06/10, Le Mag des mêmes jours « L’Iran, les arts et la manière », 108 275 étrangers naturalisés-Le Monde du 18/06/10

Bis Repetita du Préfet du Loiret ou Vice Repetita de Libé ?

            Pourquoi jouer aux « trop belles âmes » et ne pas admettre qu’un certain nombre d’étrangers connaissent admirablement notre façon de fonctionner et la façon de détourner nos procédures ?

            Est-ce qu’un grand journal est obligé d’enfourcher à chaque fois la cause d’étrangers en difficulté vraie ou supposée, en oubliant le bien commun de notre pays, y compris des étrangers qui sont déjà chez nous à titre régulier ?

« L’Iran, les arts et la manière », le Fig Mag des 19 et 20 juin 2010

            Chronique intéressante sur le plan des arts, mais est-ce que Libé ne craint pas que la signature de cet article ne soit utilisée à de basses fins de propagande par les bassidjis du régime iranien, compte tenu du curriculum de son auteur ?

            La signature d’un Occident diabolique ?

108 275 étrangers naturalisés en 2009, le Monde du 18 juin 2010

            Les lecteurs qui nous font la faveur de nous consulter ont eu la possibilité de s’interroger sur la fiabilité des chiffres successifs d’étrangers présents en France, chiffres publiés par notre journal bien – aimé. Un chiffre de plus, afin de mieux comprendre pourquoi l’immigration chahute, « sociologiquement », certains quartiers de nos villes. 

  Mais il doit s’agir uniquement des naturalisations par décret!

Humeur Tique: en vrac politique, Boutin, Hirsch, les USA dans le « 9-3 »

    Boutin: de Ribery à Boutin, pourquoi pas? Toujours le fric, le fric, et aussi l’avidité, peut-être la servilité, alors que Mme Boutin est paraît-il leader d’un parti intitulé « chrétien démocrate »: mais où est le christianisme dans tout cela?

   Déjà, son directeur de cabinet, également chrétien démocrate, alors qu’elle était ministre du logement, s’était accroché à son job, alors qu’il bénéficiait d’un très beau logement de fraternité politique, à prix d’ami. Dur, dur, de se résoudre à ne plus toucher au pot de miel!

   Hirsch: Bravo Monsieur Hirsch pour l’oeuvre du RSA, dont les résultats sont encourageants! Bravo d’autant plus sincère que je n’ai jamais nourri une admiration sans borne pour les produits de l’ENA, mais sans doute fallait-il un ENA pour donner de la crédibilité au projet. Car, il n’y a rien de pire pour un chômeur que de perdre le sens et l’habitude du travail.

  Tous mes encouragements pour la mise en place d’un véritable service civique, capable de donner à un certain nombre de jeunes, le sens du service, du collectif, de l’appartenance à la communauté nationale, ce que contribuait à réaliser de plus en plus mal le service national..

  Les USA dans le 9-3 : le Monde des -,7 juin 2010 – Washington à la conquête du « 9-3 »

 « Qui connaît le mieux les banlieues françaises? Sans doute l’ambassade des Etats Unis, qui y tisse un solide réseau, à la recherche des futures élites »

    Les Américains meilleurs que nous pour aborder positivement le dossier de nos quartiers sensibles, pourquoi pas? Mais les connaisseurs du même dossier savent que ce n’est pas trop difficile, compte tenu de l’aveuglement persistant de nos élites politiques. Ceci dit, il est toutefois possible de se demander si l’article en question ne fait pas trop reluire la lucidité politique de Washington. 

L’Afrique et ses élites prédatrices: interview M.Thioub, Le Monde du 1er juin 2010, Philippe Bernard

L’Afrique et ses élites prédatrices

Alors que l’on célèbre l’anniversaire des indépendances africaines, ce continent n’en finit pas de solder ses comptes avec le colonialisme et les traites négrières relayées par une exploitation et une inégalité endémique 

L’Afrique et ses élites prédatrices

Interview de l’historien Ibrahima Thioub, actuellement résident à l’Institut d’études avancées à Nantes

Le Monde du 1er juin 2010 (Le grand débat Décryptages, page 19), par M.Philippe Bernard

        Une interview au contenu intéressant, car M.Thioub n’inscrit pas son propos dans une réflexion simpliste sur les relations ancien colonisateur – colonisé, et sur la nature de la traite négrière, mais ce texte soulève beaucoup de questions.

            Traite transatlantique et traite domestique

            Dans l’article qu’il a publié dans le livre « Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du Président Sarkozy » (voir l’analyse du blog (3/03/2010), l’historien proposait une analyse objective des traites négrières, animée du souci de ne pas occulter les traites domestiques, une impasse que font un certain nombre de chercheurs.

            Il relevait : «  Sur les 884 titres que compte le « recensement des travaux universitaires soutenus dans les universités francophones d’Afrique noire », on ne trouve que six références portant sur l’esclavage domestique. «  (p.207)

            Il est possible de disserter à longueur de temps sur la responsabilité des Blancs dans les traites négrières, mais les bons connaisseurs de l’histoire de l’Afrique de l’ouest savent en effet que la plupart des sociétés africaines de l’ouest, des années 1880-1890, avaient presque toutes les caractéristiques de sociétés esclavagistes, asservies par des pouvoirs de type à la fois féodal, et « prédateur ».

            Elites prédatrices ou cultures africaines prédatrices ?

            La question est donc posée du rôle et de la responsabilité des élites féodales d’alors, à la fois dans la préservation de cet état social et dans la transmission d’une culture prédatrice aux élites modernes ?

            Des obstacles redoutables

            Question utile mais dérangeante, qui incite à aller plus loin dans les recherches, car leur « malfaisance » a sans doute été facilitée par l’existence d’obstacles redoutables, tels que l’insécurité générale qui régnait avant la colonisation, une géographie physique, humaine, et économique, qui tournait le dos à la mer, un immense éparpillement de villages et de dialectes, des communautés à castes, formées à l’obéissance familiale, sociale, et religieuse, enfermées sur elles mêmes, très imbibées de religieux, avant tout paysannes, sur des terres de démesure, selon l’expression d’un géographe…

            Le collectif et le religieux

            M.Konaté, dans un livre récent, « L’Afrique noire est-elle maudite ? » reconnaît le poids du pacte originel, des traditions religieuses et culturelles de l’Afrique profonde, et toujours actuelle, plus qu’ambiguë, selon le titre de Balandier « Afrique ambiguë », l’importance des anciens et des ancêtres, de la lignée, de la  naissance, du collectif, la famille ou la communauté.

            Les Européens ne soupçonnent généralement pas le non-dit et le non-écrit de cette Afrique profonde, alors que les anciennes colonies françaises sont devenues indépendantes dans les années 60.

            La présence à chaque pas du religieux ! Il suffit de lire les textes du grand lettré qu’était Hampâté Bâ (sur la première moitié du vingtième siècle), ou ceux plus récents, de Kourouma, pour en prendre conscience.

            Elites traditionnelles prédatrices, et pourtant qui laissaient fonctionner, dans maintes ethnies, une forme indubitable de démocratie éclairée.

            Le « sabre et le goupillon » de Samory

            Personne ne conteste, je crois, le fait que la colonisation ait fait exploser les cadres sociaux et religieux traditionnels, et sans doute laissé libre cours à ces élites prédatrices, mais comment expliquer que de grands chefs d’Empire, tels Ahmadou à Ségou, ou Samory à Bissandougou, se soient livrés, bien avant l’arrivée des Français sur le Niger, à des entreprises prédatrices, le premier contre les royaumes Bambaras, le second contre les royaumes Malinké ?

            Comment un historien africain peut-il expliquer qu’un grand chef de guerre et d’Empire comme Samory, très intelligent, issu d’une famille de colporteurs dioulas, ait choisi de fonder un nouvel empire par les armes et le « goupillon » de l’Islam, et non par le commerce, bien avant que les Français ne viennent à son contact ?

            Et sur le plan culturel, est-ce que la tradition africaine de respect, pour ne pas dire d’obéissance ou de soumission, à la famille, au clan, au village, aux anciens, aux ancêtres, au « chef »,  n’est pas une des clés des problèmes de l’Afrique moderne.

            Est-ce que la modernité individualiste, qui marche, bonne ou mauvaise est compatible avec la préservation de ces puissantes solidarités collectives ?

            Dans le livre déjà cité, M.Konaté ouvre des pistes fructueuses d’évolution, liées d’une façon ou d’une autre à une tentative d’équilibre entre libertés individuelles et traditions.

            Des élites françaises également prédatrices

            Mais pour rassurer M.Thioub, et m’attrister de mon côté, il n’y a pas que les élites africaines qui sont prédatrices, c’est aussi un gros problème pour les élites françaises actuelles, de plus en plus gangrenées par le fric, toujours plus de fric.

            Un « marqueur chromatique » de l’histoire ?

            Je partage en gros l’analyse de M.Thioub sur la situation de l’Afrique de l’ouest, l’existence d’élites prédatrices, le rôle très ambigu des Ong « 4×4 », et de certains clans de la Françafrique, dont on surestime, à mon avis, la puissance et l’intérêt économique, mais je suis beaucoup plus réservé sur la thèse historique du « marqueur chromatique », sur l’analyse du « piège chromatique ».

            Est-ce que ce concept a une valeur opératoire sur le plan historique ? Une valeur susceptible d’être démontrée, et effectivement démontrée ? A mon avis, pas plus que les quelques concepts flous que certains historiens manipulent, sans avancer aucune démonstration scientifique, tels que la mémoire collective, les stéréotypes, ou l’inconscient collectif cher au cœur de Mme Coquery-Vidrovitch.

            Un droit à l’immigration ? Curieuse proposition d’historien ! 

            M.Thioub, chiche !

            Quant au propos de l’historien sur l’état d’esprit de la France et des Français à l’égard des anciennes colonies :

            « Regardez à Paris les rues qui portent le nom de colonisateurs ! Les Français les ignorent, mais pas nous. L’image de l’Afrique coloniale n’a jamais été déconstruite en France. Elle sert les intérêts des tenants de la Françafrique. »

            Deux observations, premièrement, je suis un de ceux qui pensent que les colonies, mis à part le cas de l’Algérie, et encore, n’ont jamais été un sujet de préoccupation et d’intérêt majeur, y compris économique, pour les Français.

            Ils découvriraient, presque aujourd’hui, l’histoire coloniale grâce à l’immigration.

            Deuxièmement, je dis à M.Thioub, chiche ! Dites nous sur quelle base scientifique, une enquête d’opinion par exemple, vous pouvez confirmer ce que vous dites au sujet des rues « coloniales »  par le « pas nous »

            Il est exact que Faidherbe, Archinard, Combes qu’admirait d’ailleurs Samory, ont des rues à Paris, mais ni Brière de l’Isle, ni Borgnis-Desbordes, qui furent des acteurs importants de la première phase de conquête du Sénégal et du Soudan.

            Mais pour en terminer provisoirement avec ce débat, la vraie question de fond que posent les relations entre colonisateur et colonisé est celle des effets d’une modernité, bonne ou mauvaise, c’est-à-dire toujours un certain cours de l’histoire, qui de toute façon, aurait fait exploser les cadres traditionnels des sociétés africaines, et mis en jeu leur capacité à réagir et à s’adapter.

            Et il me semble que le livre déjà cité de M.Konaté apporte déjà un certain nombre de réponses intéressantes sur le sujet.

            Jean Pierre Renaud

Polygamie, polyamour: Bonne Fête Maman! Fête des Mères du 30 Mai 2010

Polygamie ou polyamours ? le Monde Magazine du 17 avril 2010 et « faits de polygamie » à Nantes, le Monde du 13 mai 2010

Quels rapports ? Oserais-je dire !

Explication de textes, de droit et de philosophie sociale

            « Faits de polygamie » à Nantes (le Monde du 13 mai 2010) : je cite une des réponses publiques du polygame supposé et incriminé : « si l’on est déchoué (sic)  de la nationalité française parce que l’on a des maîtresses alors beaucoup de Français peuvent l’être ».

            Peut-être le Monde Magazine du 17 avril 2010, apportait-il une première réponse et a-t-il rassuré par avance la personne interviewée, puisqu’il publiait un article fort bien documenté, intitulé :

            « Une nouvelle façon d’aimer fait des adeptes

            A vos polyamours, qu’ils durent toujours !

            Vivre plusieurs relations amoureuses en même temps, au vu et au su de chacun des partenaires – mieux en harmonie. C’est le polyamour, venu de Californie. Compliqué à gérer, mais tellement gratifiant. »

            Tellement gratifiant pour notre journal de référence qui se risque à présent sur un terrain qui était plutôt celui de Libé ? J’ajouterais que les Français ne sont pas obligés de « polyamourer » tout ce qui nous vient des USA !

            La polygamie

            La polygamie, dans les sociétés et religions où on la pratique, en Asie, au Moyen Orient et en Afrique, est un statut hybride qui mélange religion, droit de la famille, statut social, et condition dépendante, pour ne pas dire inférieure, de la femme, c’est-à-dire des épouses multiples.

            La polygamie est condamnée par le droit français, mais il faut rappeler que la France, en tant que puissance coloniale, a toujours été aux prises avec cette coutume bien enracinée dans certaines sociétés coloniales, et qu’après 1945, avec la mise en application d’un début de droit familial dans les colonies, les pouvoirs publics ont été confrontés à la gestion compliquée des avantages sociaux en cas de polygamie.

            La polygamie des années 50

            Comment ne pas recommander aux lecteurs curieux  la lecture d’un livre bien documenté, même s’il date sans doute un peu, puisqu’il a été publié en 1953, intitulé « La condition humaine en Afrique noire », par Sœur Marie-André du Sacré Cœur.

            Elle n’avait rien d’une « grenouille de bénitier » !

            Dans son chapitre VI intitulé « Polygamie et monogamie », elle traçait le portrait des situations matrimoniales dans l’Afrique noire des années 50.

            La polygamie ne régnait pas sur tout le territoire, mais là où elle existait et était répandue, elle déséquilibrait complètement les sociétés, les riches et les puissants s’arrogeant un nombre de femmes qui en privaient les plus jeunes et les plus pauvres, parents ou non.

            L’auteur citait les statistiques démographiques de l’AOF et écrivait :

            « Devant ces chiffres, on comprend facilement que, si un chef de village prend 20 épouses, 19 de ses sujets devront s’en passer ; et si 50 polygames ont chacun 3 femmes, 100 de leurs compatriotes resteront célibataires.. p.116)

            Et à la page suivante, elle donnait de multiples exemples des effets de la polygamie en Haute Volta (aujourd’hui Burkina Fasso) :

            « C’est en Haute Volta, un village de 700 habitants ; le chef de village a 4 femmes, 6 enfants, 2 fiancées de 15 et 14 ans ; mais ses 4 frères, âgés de 38, 30, 28 et 27 ans, sont célibataires…(p.117) 

            L’auteur notait par ailleurs, et cette remarque éclaire notre débat :

            « Cette polygamie a été favorisée, chez les fonctionnaires, par la façon dont leur sont attribuées les prestations familiales… Transposer en Afrique les allocations familiales, telles qu’elles existent en Europe, et les verser au mari polygame, c’est accorder à celui-ci un supplément de salaire qu’il garde – comme d’ailleurs son salaire initial – pour son usage individuel, puisque chaque femme assume la charge de ses propres enfants. On pourrait citer de nombreux exemples ; contentons-nous de quelques uns.

            « Tel infirmier dahoméen a huit épouses, qui toutes font du commerce pour élever leurs enfants (vingt cinq en tout). Lui garde tout son salaire et ses allocations familiales ; il vit très largement, invite ses amis, les traite royalement… (p.125, 126) »

            Comment défendre la polygamie ?

            L’interviewé de Nantes avance, pour sa défense supposée, les maîtresses des Français, et il est vrai que le Monde Magazine viendrait lui donner quelques arguments.

            Les Polyamours

            Sans entrer dans le champ de la sphère de la vie privée,  il faut tout de même souligner que ce type de pratique n’est pas contraire aux droits et libertés de nos sociétés, ne met pas en cause les principes d’égalité entre les hommes et les femmes, ne réduit pas la femme ou l’homme à une nouvelle situation d’esclavage moderne, en tout cas sur le plan civil.

            Alors que penser de l’objection citée plus haut ? Il s’agit purement et simplement d’une forme de subversion politique et juridique, de notre droit, en tout cas, sans se prononcer sur une subversion éventuelle de l’ordre socio-religieux que l’interviewé parait défendre.

            Il est évident que les deux phénomènes sociaux n’ont rien à voir entre eux, et qu’en  tout état de cause la polygamie est proscrite par notre droit, et il en est bien ainsi.

            Et aux chercheurs modernes de nous dire si la polygamie moderne n’a pas conservé sa caractéristique traditionnelle de « merchandising », et de compensation patrimoniale, grâce à la dot.

            Jean Pierre Renaud

France-Algérie – Le Monde du 21 mai 2010 – Contre-enquête: peut-on réconcilier les mémoires

 Le deuxième sous-titre: « Cinquante après, est-il possible d’écrire une histoire commune? » est à lui seul l’illustration parfaite du mélange des genres permanent entre mémoire et histoire, de la confusion qu’entretiennent, entre autres, certains des historiens cités dans les deux pages. (Voir mon commentaire du livre de Stora intitulé « La guerre des mémoires », blog du 25 avril 2010)

    Sur le projet de fondation envisagé pour la mémoire de la guerre d’Algérie, une seule remarque: que vient faire l’Etat dans cette affaire? Laissons le soin aux différents groupes de pression, et Dieu sait s’ils sont nombreux, de défendre leur mémoire, en soi respectable.

    Le journal donne la parole à l’historien Harbi, ancien responsable du FLN, pourquoi pas? Mais je ne serai sans doute pas le seul soldat du contingent de cette sale guerre à manifester ma surprise.

    Je me contenterai de citer à nouveau, et à ce sujet, le grand historien, et non mémorialiste, Marc Bloch:

    « Le grand piège des sciences humaines, ce qui longtemps les a empêchées d’être des sciences, c’est précisément que l’objet de leurs études nous touche de si près que nous avons peine à imposer silence au frémissement de nos fibres  » (Fustel de Coulanges-1930)

     De quoi encore plus « frémir » de nos jours!

     Et de façon plus anecdotique, que penser des références Blanchard et Bancel, le premier, plus « montreur » d’images coloniales qu’historien, et au surplus « historien entrepreneur », le deuxième dont la thèse de doctorat a porté sur un sujet scientifique tout de même assez restreint, « Les mouvements de jeunesse et sports dans l’évolution institutionnelle et politique de l’AOF (1945-1960)

    Et en ce qui concerne les pensions, est-ce que ces anciens appelés n’ont pas demandé cette fameuse pension? Sans quoi ils n’en seraient pas attributaires? Donc repentants?

  Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: la burqa, le regard de Plantu, une cause nationale pour JCDecaux

Humeur Tique: la burqa, le regard de Plantu, 1ère page du Monde des 16 et 17 mai 2010, une cause nationale pour JCDecaux?

 La caricature met en scène, à gauche, une femme (supposée) en burqa, au centre, le Conseil d’Etat, qui s’exclame en voyant la statue de Marianne « Droits de la Femme »:

   « Couvrez moi ça! « 

    Première remarque: il n’est pas assuré que,dans le cas d’espèce, le Conseil d’Etat, fasse preuve de la sagesse qu’on lui prête habituellement, en raison peut être du monde que fréquentent habituellement les membres de cette assemblée.

   Deuxième remarque:  le Conseil d’Etat est un des responsables de la persistance de la polygamie dans notre pays. Sauf erreur, il a adopté, en 1980, une jurisprudence de tolérance à l’égard de la polygamie. On ne peut donc pas dire que les avis du Conseil soient toujours sages, et qu’il faille s’y soumettre.

   Troisième remarque: est-ce que c’est au Conseil d’Etat de dire la loi, ou au Parlement? Et s’il faut modfifier une fois de plus la Constitution, modifions la!

    Enfin, une suggestion au grand afficheur JCDecaux, pourquoi ne pas lancer une grande campagne d’affichage des caricatures de Plantu, car il y en déjà eu plusieurs, aussi bonnes, la campagne d’une grande cause nationale?

    Je suis sûr qu’une grande partie de la population ne comprend pas les hésitations, les tergiversations des politiques sur un sujet aussi symbolique et sensible.

JEUX DE MEMOIRE COLONIALE OU LE SEXE DES ANGES COLONIAUX

Mémoire collective

Contribution 4

Rappel des contributions précédentes :

Contribution 1 : définition de la mémoire collective (15/04/10)

Contribution 2 : « La guerre des mémoires » de M.Stora (25/04/10)

Contribution 3 : « Décolonisons les imaginaires » : le colloque de la Mairie de Paris du 12 mars 2009

(3/05/10)

Jeux de mémoire coloniale ou le sexe des anges coloniaux

« Françaises, Français, décolonisez vos imaginaires ! »

            Mémoire collective, inconscient collectif, stéréotypes, ces concepts sont à la mode dans certains milieux. Ils seraient l’alpha et l’omega d’une histoire coloniale que personne ne connaît, pas plus en France que dans les anciennes colonies, et qui, miraculeusement, rendrait compte de notre regard et de notre comportement actuels à l’égard des nouveaux indigènes de la République.

            La mémoire collective s’est substituée à l’histoire, et c’est beaucoup plus commode pour les ignorants.

            L’histoire coloniale est donc tombée dans le piège des mémoires, d’une mémoire collective que tout un chacun cite, sans jamais en avancer la moindre preuve, notamment des enquêtes et des sondages ? Sans en donner une quelconque mesure ? Sans produire une analyse enfin sérieuse de cette mémoire coloniale qui resterait quand on aurait tout oublié, pour paraphraser la  phrase célèbre d’Herriot sur la culture ?

            Un sondage chaque jour, sur l’alimentation, sur les retraites, les vacances… mais le désert complet sur la mémoire collective !

            Aurait-on peur des résultats d’un sondage exhaustif et honnête sur cette fameuse mémoire collective coloniale ?

            Il est tout de même étrange qu’une secrétaire d’Etat de couleur, et qu’un présentateur de télévision également coloré, figurent actuellement parmi les personnages publics les plus populaires d’une France ravagée par sa mémoire coloniale !

            Un historien médiatique a commis récemment un petit livre intitulé La guerre des mémoires. Dans un livre récent également, L’Europe face à son passé colonial, plusieurs historiens ont fait référence à la mémoire collective, sans jamais la définir et en donner de preuve, par une analyse des médias notamment.

            A l’occasion d’un colloque consacré aux images coloniales en 1993, plusieurs historiens sérieux avaient déjà évoqué les concepts magiques d’un inconscient et d’une mémoire collectifs, qu’ils n’ont jamais défini et évalué.

            Invoquer à tout propos une mémoire collective que personne n’a le courage de mesurer et d’évaluer, alors que chacun est à même de mesurer chaque jour les limites et les faiblesses de sa mémoire individuelle, parait donc tout à fait incongru.

            Nos mémoires individuelles sont déjà très fragiles, alors que dire de la mémoire collective ? Avancer pour toute explication, et sans aucune preuve statistique, compilation de journaux, d’émissions, de documents, mais surtout sans bonne et saine enquête approfondie, une mémoire collective indéfinie et indéfinissable, frise l’escroquerie intellectuelle et est purement et simplement de la manipulation.

            Les discours idéologiques et politiques qui enchaînent à tout propos mémoire collective, inconscient collectif, et stéréotypes coloniaux n’auront de crédit qu’à partir du moment où une enquête sérieuse, exhaustive, et objective en auront apporté commencement de bonne preuve, et bonne preuve.

            Le Maire de Paris a organisé le 12 mars 2009 un colloque sous le patronage du journal le Monde, intitulé Décolonisons les imaginaires.

            J’ai demandé au maire et au journal sur quelle base scientifique il était possible d’avancer que notre imaginaire était colonisé, mais j’attends toujours la réponse.

            Ce type d’initiative, irresponsable, contribue à accréditer un discours idéologique et politique qui alimente le feu couvant des banlieues.

            A l’heure actuelle, l’inconscient collectif, la mémoire collective et les stéréotypes coloniaux, sont donc à ranger, dans l’état actuel de nos connaissances,  dans le même rayon que le sexe des anges coloniaux.

Jean Pierre Renaud, le 8 juillet 2009

Et en guise de conclusion, une anecdote qui met en lumière le rôle des bibliothèques du Maire de Paris : dysfonctionnement administratif ou censure ?

            En 2008,  j’ai déposé moi-même au Service des Bibliothèques un exemplaire du livre « Supercherie coloniale », avec lettre d’envoi jointe, livre qui démontre, point par point,  l’absence de fondement, de méthode, et de sérieux, de la thèse d’un collectif de chercheurs sur le thème de la  « Culture coloniale », thèse largement répandue dans plusieurs livres, dans le but d’illustrer la colonisation de nos imaginaires.

             Ce livre s’est trouvé, quelques mois plus tard, dans une solderie de livres, l’exemplaire déposé contenant la lettre personnelle d’envoi avec l’adresse de l’expéditeur.

            Un livre égaré, avec sa lettre d’envoi avec le nom et l’adresse de l’expéditeur, vous ne trouvez pas ça étrange ?

Immigration, sans-papiers: cohérence ou incohérence? Editorial du Monde du 7 avril 2009

Immigration, sans- papiers, cohérence ou incohérence ? Editorial du Monde du 7 avril 2010, 5 mai 2010, le feuilleton des chiffres continue.

            L’éditorial du Monde du 7 avril 2010, sous le titre :

            « Sans-papiers : sortir de l’incohérence », pose deux sortes de questions, d’une part quant à la fiabilité des chiffres donnés par le journal, et d’autre part  quant à la définition du sans-papier.

            La fiabilité des chiffres et de leur interprétation      

            Dans un article remarqué et contesté, du 4 décembre 2009, signée Anne Chemin, le journal notait la stabilité de la proportion d’immigrés par rapport à la population française : elle notait « si l’immigration s’est stabilisée… », et relevait plus loin « un chiffre étonnamment stable… », alors que les chiffres communiqués démontraient que l’immigration avait connu un rythme d’augmentation plus rapide entre 1999 et 2006.

            L’analyse et l’interprétation de ces chiffres ont d’ailleurs fait l’objet d’une critique remarquée et argumentée de la démographe Tribalat.

            En ce qui me concerne, j’avais 1) contesté le constat d’une stabilité supposée, 2) fait remarquer que cette analyse ne rendait pas compte de tous les mouvements qui affectent l’immigration, par exemple des naturalisations de l’ordre de 100.000 personnes par an, au cours des dernières années, 3) noté que les Français, dans leur vie concrète, ne partageaient pas ce constat.

            Dans son dernier livre, « Les Yeux grands fermés », Mme Tribalat, en montre d’ailleurs toute la complexité, notamment le flux de plus en plus important de mariages de français d’origine algérienne avec des algériennes, et d’arrivées motivées par les « motifs familiaux ou personnels » ; ces derniers motifs étant évidemment on ne peut plus vagues.

            Mais revenons à notre propos.

            Les sans-papiers

            Le Monde écrit le 7 avril ; « Or la majorité des 400.000 sans-papiers présents en France ont un emploi salarié ».

            Trois mois après l’article Chemin, on revoit donc les chiffres à la hausse ?

            Ce ne serait plus 5 millions (en 2008, ou en 2006), mais 5,4 millions, sans tenir compte de l’effet « immigration » au cours des 5 à 10 dernières années ?

            Le Monde du 5 mai écrit :

            « Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou deux immigrés, représentent 6,5 millions de personnes, soit 11% de la population. Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés. »

            Et le même journal cite encore le chiffre des demandeurs d’asile : « en 2009, 150.000 étrangers bénéficiaient du statut de réfugié politique. »

            L’analyse de décembre serait donc à revoir complètement ? Et un nouveau décryptage proposé aux citoyens ?

             Alors, peut-on aussi plaider pour la régularisation d’immigrés sans papiers sans examiner la question au fond ?

            La question des sans-papiers  

            S’agit-il de sans-papiers célibataires ? De familles ? Entrés en France depuis quand ? Doit-on encourager des immigrés à venir illégalement en France, à produire des faux papiers, qu’il est assez facile de se procurer, comme l’on sait à Paris ou en Afrique ? Convient-il de traiter ces dossiers sans tenir compte des conceptions africaines  de la famille assez différentes des nôtres ? Souvent très étendues, et quelquefois mal définies à l’état civil ? Comment ne pas tenir compte aujourd’hui de l’obligation qu’ont les entreprises de faire vérifier dans les préfectures que les papiers fournis ne sont pas truqués ?

            Un pays comme la France a-t-il la volonté d’imiter les Etats-Unis qui ouvrent assez largement leurs portes à l’immigration clandestine pour peser sur le niveau des salaires. Est-ce cela que l’on veut pour la France ?

            Pour avoir suivi le dossier du travail clandestin dans la capitale pendant de nombreuses années, au cours des années 1980-1990, je serais tenté de dire 1) qu’il s’agissait alors d’un phénomène d’ampleur réduite par rapport à celui dont il est aujourd’hui question, 2) que les pouvoirs publics, et bien sûr les chefs d’entreprises, avaient naturellement connaissance déjà de tous les trafics de faux papiers, et que les responsables politiques ont attendu plus de vingt ans pour imaginer et décider le contrôle des papiers d’identité, un contrôle souvent difficile et malaisé 3) que des particuliers et des entreprises profitaient déjà de ce système.

            Je serais tenté de conclure provisoirement mon propos en disant que les deux camps opposés des exploiteurs de main d’œuvre et des défenseurs de l’humanitaire y trouvent leur « compte », mais je doute que notre pays y trouve son « compte » pour le bien commun de tous ses habitants..

Humeur Tique: ambiance, état d’esprit d’un jeune immigré du Bénin; cumul des mandats

  Ambiance, état d’esprit d’un jeune immigré  venu du Bénin ( ethnie Fon-Abomey)

 Jeune immigré venu à neuf ans du Bénin, actuellement en Centre de Formation d’Apprentis, disposant d’une carte de séjour, vivant dans un logement HLM du 19ème Arrondissement de Paris, avec une mère, également béninoise, qui a également une carte de séjour.

  Un discours très politisé sur la torture de la France en Algérie et sur le pillage des colonies par les blancs; le reproche fait aux Français de mettre les immigrés dans des ghettos; un mental imprégné de croyances africaines traditionnelles, le vaudou, les fétiches et le maraboutage. 

   Cumul des mandats et parlementaires: le Monde du 4 mai 2010 Page 20 Décryptages

 Le cumul de mandats de M.Proglio a fait l’actualité des derniers mois, et à juste titre.

   Le Monde du 4 mai nous donne des informations précises sur le cumul des mandats de nos parlementaires: sur un total de 577 députés, 264 de nos députés sont maires, 123 sont membres d’un conseil général, dont 18 sont présidents et 29 vice-présidents, 70 sont membres d’un conseil régional, dont 7 sont présidents, et 12 vice-présidents.

   83 députés exercent deux mandats locaux ou plus.

 Ces chiffres sont éloquents. Ils montrent, qu’effectivement, nos chers députés ont beaucoup de peine à concilier commissions parlementaires, séances à l’Assemblée, et nombreuses responsabilités locales.

   Le cumul d’un mandat national et d’un mandat local, de conseiller minicipal ou général, suffirait largement, pour reconnaître la pertinence de l’argument toujours avancé de l’accrochage démocratique « terrain ».

    Pourquoi ne pas dire enfin que le lecteur aurait sans doute aimé savoir si la gauche et la droite partagaient équitablement ce goût immodéré des cumuls?

Clin d’oeil cinéma: le film « Hors la loi » et « l’historien » colonial Blanchard

Pages cinéma du Monde du 5 mai 2010: Clarisse Fabre évoque la polémique qui s’est engagée sur le film « Hors – la – loi ». Elle cite comme avis de référence celui de M.Blanchard, animateur d’un collectif de chercheurs qui diffuse depuis quelques années une littérature coloniale, de type idéologique, au mieux ingénue, sur le passé colonial de la France.

   M.Blanchard a effectivement fait des études d’histoire et soutenu une thèse de doctorat, sur un sujet circonscrit à la fois sur le plan géographique, chronologique, et thématique, et je recommande aux spécialistes la lecture de cette thèse, afin de vérifier si elle est susceptible d’accréditer ce chercheur comme référence médiatique de notre histoire coloniale, ce qui ne semble pas être le cas dans les mileux sérieux de l’histoire coloniale.

   Le titre de cette thèse est: « Nationalisme et Colonialisme, la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale »

   L’intéressé déclare à la journaliste, quant aux inexactitudes pointées par le Service Historique de la Défense :

   « Mais ce n’est pas le sujet, Hors-la-loi est une fiction ».

   Comme l’histoire coloniale de « fiction » dont le chercheur est un des hérauts? Avec un talent incontestable pour surfer dans les médias sur un filon à nouveau découvert, celui des images  coloniales.