Côte d’Ivoire et Afrique: la jurisprudence Gbagbo??

« La jurisprudence Gbagbo, fragile espoir pour la démocratie africaine »

Analyse Philippe Bernard

Service international

Le Monde du 28/04/11, Décryptages Analyses

Une « jurisprudence » ? Avec le seul cas de la Côte d’Ivoire ?

Comment pourrait-il y avoir, en 2011, dans la même année, une jurisprudence Gbagbo en Côte d’Ivoire différente d’une jurisprudence Rajoelina à Madagascar ?

Déjà deux poids et deux mesures !

            Un article dont le contenu est au demeurant intéressant, mais qui soulève beaucoup de questions sur la politique étrangère de la France en Afrique :

Un article Intéressant :

–       Qui note les contradictions de la politique étrangère de la France en Afrique, universaliste au coup par coup, alors qu’elle a joué le premier rôle dans le retour à une certaine démocratie ivoirienne

–       Qui relève que la solution de la crise ivoirienne ouvre « probablement une troisième phase de leur développement démocratique »

–       Qui propose un challenge aux Africains : «  Aux Africains de se l’approprier (la démocratie). Aux Occidentaux et en particulier à la France de mettre sa politique en accord avec son discours universaliste. »

Un article à questionnement :

–       Est-ce que très précisément le cas de la Côte d’Ivoire est représentatif des problèmes rencontrés par les pays africains pour accéder à la démocratie ?

Alors qu’il y avait la présence incontestable d’une certaine « Françafrique », beaucoup plus forte et prégnante à Abidjan qu’ailleurs, et alors que la solution récente de la crise n’aurait pas été possible, sans la présence de troupes françaises, avec ou sans le parapluie de l’ONU.

–       Est-ce qu’il n’est pas intéressant de comparer, outre le cas des pays évoqués dans cet article, avec lesquels la France est plutôt accommodante, les positions de la France à Abidjan et à Antananarivo, où notre pays, sans trop de casse, a le moyen d’imposer un retour à la démocratie, avec le concours de certains pays du sud, ce qu’il ne fait pas, et avec le rôle ambigu de notre ambassadeur ?

 Cohérence de notre politique étrangère ? Universalisme ?

–       Est-ce que nos interventions en Afrique ou ailleurs ne soulèvent pas le problème majeur du contrôle démocratique des actes du Président de la République ? Avec l’article 35 actuel, le président peut nous entraîner dans n’importe quelle guerre extérieure, fusse avec les meilleurs motifs, comme c’est le cas pour la Libye, sans que la représentation nationale puisse donner son accord ou mettre son veto !

Et demain à Doha ?

–       L’Europe est de plus en plus présente dans l’ancien « pré carré africain », à la fois dans ses multiples représentations et l’importance de ses concours financiers : est-ce que le temps n’est pas venu de replacer notre action sous l’ombrelle de l’Union européenne, de mettre notre politique étrangère, et éventuellement l’intervention de nos forces militaires en cohérence avec ce nouveau cadre institutionnel ?

La révision nécessaire de notre politique étrangère en Afrique

Révisons entièrement notre politique étrangère en Afrique et donnons la préférence à l’action indirecte, plutôt qu’à l’action directe qui nous empêche de rendre crédible notre discours universaliste.

Indirecte, à la manière asiatique, et tout autant à la manière traditionnelle des Britanniques, car nous n’avons pas les moyens d’imposer la démocratie à tous les pays d’Afrique, tant ils sont nombreux et différents.

Chaque fois qu’une élection sera contestée, la France enverra son armée « professionnelle » pour rétablir l’ordre, la démocratie, les droits de l’homme et la démocratie, telle que nous la concevons, venant se substituer aux slogans humanitaires et coloniaux de la Troisième République ? Est-ce vraiment sérieux ? Non !

Soutenons culturellement, politiquement, et financièrement les mouvements politiques d’Afrique qui prônent le démocratie dans leur pays, mais écartons l’idée d’une intervention militaire dans l’un de ces pays, sauf à venir, à titre tout à fait exceptionnel, et en appoint de forces mobilisées par l’ONU ou une instance internationale africaine, et à la condition sine qua non, que le Parlement l’ait autorisée.

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: la Françafrique d’avant et d’après Côte d’Ivoire? Mourir à Doha et le président de la République Française?

Humeur Tique : Françafrique modèle 2011, un avant et un après Côte d’Ivoire ?

La première page ambigüe de Libération du 12 avril 2011 : « La France sort Gbagbo »

Ou de préférence « Le regard de Plantu » en première page du Monde du 13 avril intitulée « Gbagbo se plaint de ses conditions de détention », avec l’apparition des Vergès et Dumas, « cher client » et la réponse en bulle de Gbagbo « Ah non ! Pas eux ! »

Un dictateur africain déchu, très bien ! Au tour des autres à présent ?

L’intervention de la France dans le dénouement de cette crise pose, en tout cas et une fois de plus, le problème de son rôle dans l’ancien « pré carré »  africain.

            En la circonstance, la France a été le bras militaire séculier de l’ONU, mais il est évident que son intervention, sous le parapluie d’une cause internationale, n’aurait pas été possible, en tout cas dans les conditions connues, si la France n’avait pas disposé d’une force militaire disponible en Côte d’Ivoire, avant même, sauf erreur, la couverture diplomatique de l’ONU.

            Et chacun sait que notre pays dispose d’autres forces « prépositionnées » de notre armée « professionnelle »  en Afrique ! Qu’en sera-t-il à nouveau, si dans l’un ou l’autre de ces pays, au Gabon, ou à Djibouti, le même type de crise se produit ?

            A l’occasion des prochaines élections présidentielles, les différents candidats devraient faire connaître clairement aux Français les conditions éventuelles d’intervention des forces armées françaises dans ces pays, en modifiant sans doute le droit constitutionnel applicable, en cas d’intervention militaire.

Humeur Tique : Mourir à Doha ? Guerre et Paix du Président de la République ?

            Il n’est pas besoin d’être un savant dans la chose constitutionnelle pour être un peu surpris, en qualité de citoyen français, par la facilité déconcertante avec laquelle un Président de la République Française  a la possibilité d’engager nos forces armées à l’étranger. Tel a été le cas le plus récent de la Libye.

            D’après le Monde du 9 avril dernier (page 10) :

 « Les engagements successifs de la France sur deux terrains d’opérations extérieurs n’ont pas provoqué de grands débats parlementaires. Il est vrai que le président de la République, chef des armées, n’a pas besoin de l’autorisation du Parlement pour faire intervenir les forces armées à l’étranger. Le gouvernement est néanmoins tenu, aux termes de la Constitution, d’informer celui-ci « au plus tard trois jours après le début de l’intervention ». Cette information peut être suivie d’un débat mais sans vote. Ce n’est que lorsque l’intervention excède quatre mois que le gouvernement doit soumettre sa prolongation à l’autorisation du Parlement »

Il s’agit en effet de l’article 35 de la Constitution !

Et d’ajouter à la citation du journal la fin de cet article : « Il peut demander à l’Assemblée Nationale de décider en dernier ressort. Si le Parlement n’est pas en session à l’expiration du délai de quatre mois, il se prononce à l’ouverture de la session suivante. »

En résumé  donc, tout pouvoir au président de la République et la guerre ou la paix peuvent se mettre en vacances !

Une découverte sans doute pour beaucoup de citoyens qui n’avaient prêté aucune attention, à tort, à une réforme faite en 2008 !

            La France en guerre sans véritablement le savoir, et sans que la représentation nationale ait quasiment son mot à dire, c’est à dire donner son autorisation démocratique !

            Quand est-ce que la France va enfin accéder au statut d’une véritable démocratie ?

            Un exercice de pouvoir d’autant plus facile qu’avec la fameuse armée professionnelle, initiée par Chirac, dont le savoir-faire et la compétence ne sont pas en cause, le Président de la République peut prendre sa décision avec une « âme légère ».

            Lorsque le général de Gaulle a fait voter la nouvelle Constitution de la Vème République, il n’en était pas de même, puisque l’armée française était constituée pour l’essentiel de conscrits issus donc de la conscription.

Les prochaines élections présidentielles devraient être l’occasion de remettre complètement à plat ce système de pouvoir « autocratique » et redonner à la représentation nationale la capacité d’engagement ou de refus d’engagement de notre armée à l’étranger.

Et pour les citoyens initiés, jamais sans doute la France ne se serait engagée dans les conquêtes coloniales de la Troisième République sans son armée coloniale « professionnelle » !

Et pour les citoyens avisés, comment ne pas être surpris que la France trouve toujours de l’argent pour soutenir ou engager des opérations militaires extérieures, alors qu’elle est, depuis plus de trente ans, dans l’incapacité de mettre le même argent dans un programme dédié au retour des « ghettos urbains » dans la République ?

La France et ses sans-papiers: remise à plat ou révolution?

Sans-papiers, remise à plat ou révolution ?

La France et ses sans-papiers, que faire ? Changer de stratégie ?

Il est peut-être temps de cesser de faire de l’esbroufe politique sur le sujet !

            Qui sait combien la France « abrite » de sans-papiers, 300 à 400.000 personnes ? Mais qui sait non plus, à part les initiés, les préfets, les magistrats, les députés, et les policiers, que la reconduite à la frontière est une belle tartufferie française, étant donné que, dans 70% à 80% des cas, ces « reconduites » ne sont pas mises à exécution ?

            Le Monde le rappelle dans un article du 23 mars 2011, mais qui en évalue véritablement l’importance financière et politique ?

Le journal écrit : « Or, sur les 40 000 à 60 000 APRF (arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière) notifiés chaque année, 70 à 80 % ne sont déjà pas exécutés. »

Comment ne pas être surpris par une telle « approximation » ?

            Le ministre de l’Intérieur a l’habitude de donner des statistiques à ce sujet, mais elles sont fausses, et en plus, elles n’ont aucun effet réel sur l’effectif des sans-papiers.

Nouvelle complication, une directive européenne met en demeure les Etats de laisser de 7 à 30 jours pour que le sans-papier quitte « volontairement » le territoire. Faute d’avoir mis en œuvre cette directive, la France voit donc aujourd’hui les arrêtés préfectoraux déférés devant les tribunaux administratifs qui les annulent, donc plus d’expulsion !

C’est donc la loi du roi Ubu, on annule des arrêtés qui, déjà, et de toute façon, ne servent à rien, puisque l’immense majorité des sans-papiers « reconduits » demeurent sur notre territoire, avec toute la chaine des conséquences que les spécialistes connaissent bien, trafic de main d’œuvre, travail au noir ou avec de faux-papiers, hébergements clandestins, soins hospitaliers, naissance d’enfants, et donc impossibilité nouvelle d’expulsion, pour ne pas citer l’espérance de régularisation de leur séjour, etc…

Traduisons donc en bon français la situation actuelle : un sans-papier peut séjourner facilement en France, sans avoir la crainte d’être expulsé, d’autant plus facilement qu’il peut compter :

 1 – sur la solidarité d’une famille ou d’une communauté d’origine déjà présente sur notre territoire.

2 – sur le réseau de soutien de la collectivité française d’accueil (santé, allocations, etc…) et « humanitaire » d’une partie des citoyens français.

Et dans les deux cas, et quel que soit le bon motif, perte de vue du bien commun de la communauté française, car le bien commun est aussi un arbitrage entre bonne action et sacrifice au motif de l’intérêt général !

A ce problème humain et politique difficile, une seule solution serait efficace, celle qui consisterait pour les familles et les communautés qui servent de support au flux inexorable des sans-papiers à renoncer à leur solidarité, et donner donc la préférence à l’intérêt bien compris de la communauté française dont ils font partie.

Une solution tout à fait improbable, compte tenu des liens de solidarité de toute nature qui, de par leur culture d’origine, soudent les ressortissants d’une même communauté, en France ou en Afrique.

Pourquoi ne pas remettre les choses complètement à plat, et donc changer de stratégie ?

Il conviendrait :

1-     tout d’abord d’avoir une bonne évaluation du devenir des sans-papiers sur la longue durée : que sont devenus les sans-papiers arrivés en France, il y a dix ou vingt ans ? Toujours en France, et toujours clandestins ?

2-    de procéder à une évaluation sérieuse du coût des opérations policières, judiciaires, et administratives qui ont l’ambition « fictive » d’expulser les sans-papiers de notre territoire, en clair en chiffrer le budget complet.

3-    de reporter une partie de ce budget sur la poursuite des trafics de main d’œuvre et de faux papiers.

4-    d’affecter les  crédits rendus disponibles sur ce budget dans un compte budgétaire servant à alimenter les budgets de développement des pays d’émigration clandestine, afin de les inciter à participer à cet effort de régulation  démographique, et peut-être de paix civile.

Ce ne sont là que quelques réflexions citoyennes, car il semble évident, en tout cas, que la stratégie actuelle d’expulsion des étrangers sans-papiers n’est pas la bonne ! Et que les ministres de l’Intérieur cessent de se targuer de résultats bidon ou d’annoncer des objectifs annuels chiffrés, avant de faire procéder à une évaluation complète et sérieuse de ce phénomène social et politique majeur !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: 79,5% d’abstention dans le Quartier Sensible DSK de Sarcelles!

Humeur Tique : le Sarcelles de DSK, Quartier Sensible : 79,5% d’abstention ! Pourquoi pas un jeu concours « républicain » entre éléphants roses ?

            Comment ne pas être surpris de constater qu’à Sarcelles, commune dans laquelle DSK, présenté comme le sauveur de la gauche, a exercé des mandats politiques depuis plus de vingt ans, (depuis 1989), l’abstention  électorale a battu un record, 79,5%, mieux qu’à Vaulx-en-Velin (72,5%) ou à Clichy-sous-Bois (74,4%) ?

            Et comme l’indique également le Monde du 23 mars, la participation y a diminué de 30% entre 2004 et 2011.

            Avec de tels résultats affligeants, il parait difficile de croire que les éléphants roses du Parti Socialiste ont trouvé la bonne solution pour aider les quartiers sensibles dont ils avaient la responsabilité à trouver ou retrouver le chemin de la République.

            De même qu’il semble difficile de dire « c’est la faute à l’Etat ! »

            Alors, pourquoi ne pas proposer aux éléphants roses du Parti Socialiste  un jeu concours « républicain » intitulé QS/PS, celui de la meilleure lanterne rouge républicaine ?

France et bien commun, séparation de l’église et de l’Etat, Barbarin et Bernheim

France et bien commun, séparation de l’église et de l’Etat et laïcité

Les interviews du cardinal Barbarin et  du grand rabbin Bernheim

Le Monde (le 5 mars 2011, page 11 ; les 20 et 21 mars 2011, page 14)

       J’avouerai, dès le départ, que la lecture de ces textes m’a beaucoup troublé, et voici pourquoi.

            Une première raison est relative à la problématique de la séparation de l’église et de l’Etat Elle dépasse largement celle de la laïcité qui a pris son essor dans les écoles primaires publiques dans les années 1880, bien avant la loi de séparation de l’église et de l’Etat, en 1905. Cette dernière a véritablement donné son assise républicaine à notre laïcité.

            La deuxième raison est liée au concept de bien commun, un concept habituellement familier à l’Eglise catholique.

            Il est tout de même curieux que la cardinal Barbarin n’ait fait aucune allusion au concept de bien commun, à sa valeur sociale, dans le sillage religieux de la cité augustinienne des hommes en regard de la cité de Dieu.

L’Eglise a toujours, sauf erreur, reconnu le principe du bien commun : « Tout comme le tout est plus important que la partie et lui est antérieur, la cité est antérieure à l’individu… et son bien est d’une dignité plus élevée que celui de chaque individu pris en lui-même. »

Le bien commun a donc toujours été un arbitrage entre des intérêts divergents qu’ils appartiennent à des individus, à des groupes, ou qu’ils soient ceux d’une collectivité, un arbitrage nécessaire pour qu’il y ait un vivre ensemble, et il est clair que les dossiers difficiles de l’immigration, de la laïcité, ou de l’islam en France, peuvent faire l’objet d’une analyse sous l’angle du bien commun de la société française.

A cette lumière, les Français sont en droit de considérer que séparation de l’église et de l’Etat et laïcité constituent leur bien commun, et ils ont beaucoup de raisons de le penser, étant donné qu’elle a été le résultat d’un combat difficile à la fin du dix-neuvième siècle, entre le cléricalisme et la société civile, l’expression politique de la maxime de l’Evangile :

 «  Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu » (Mathieu XXII)

Je suis d’autant mieux placé pour le reconnaître, qu’un de mes grands-pères, meneur d’une révolte de toute sa commune, a fait quinze jours de prison pour s’être opposé aux inventaires qui avaient pour but de mettre en application la loi de séparation de l’église et de l’Etat.

Historiquement, il avait tort,  étant donné que ce nouveau principe du vouloir vivre ensemble dans la République a été le gage d’une paix religieuse et sociale durable.

Et pour ceux qu’effraient les débats actuels sur la laïcité, je serais tenté de leur dire, compte tenu de la violence des luttes qui ont entouré le vote de la loi de 1905, que le débat actuel, même s’il est « instrumentalisé », a plutôt les allures d’une lutte aseptisée.

J’adhère donc à la phrase du cardinal qui sert de titre à l’interview: «  L’islam est compatible avec la République, à condition que les musulmans le veuillent… mais des progrès restent à faire », et le cardinal a raison de noter les problèmes de réciprocité que l’islam pose dans le monde, et de conclure son propos ainsi, car le point est sensible : 

 «  Cela dit, il est vrai que dans l’islam, le rapport entre le religieux et le social ou le politique est différent du nôtre. C’est une question de fond que posent les musulmans en France, et nous pouvons en parler avec eux. En outre, il est clair que des questions spirituelles ne vont pas trouver leur réponse dans la seule sphère du politique. »

Je suis beaucoup plus hésitant sur l’interprétation des propos du grand rabbin Bernheim, notamment lorsqu’il déclare, et c’est la phrase qui sert de titre à l’interview, à tort ou à raison : « Il est souvent difficile d’être musulman en France dans ce climat malsain. » qui risque d’être mise en relation, sinon en corrélation, avec sa phrase sur la « concurrence des victimes », le même auteur concluant du reste à ce sujet, « La comparaison à laquelle vous faites allusion est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah. »

Tout autant hésitant lorsqu’il déclare : « Mais le véritable enjeu est ailleurs, plus pervers et plus grave : c’est hélas la place des juifs et des musulmans dans la société française. »

Le véritable sujet de ces interviews porte sur la situation de la religion musulmane en France et de la capacité de ses fidèles à jouer le jeu de nos institutions républicaines, et à voir le débat actuel, il n’est pas encore démontré que ce soit le cas, pour une partie d’entre eux.

Pourquoi ne pas adhérer à l’analyse du cardinal qui range les catholiques dans trois catégories, ceux qui font silence sur les problèmes, ceux qui ont peur pour leur christianisme, et ceux qui ne se rangent dans aucun de ces deux camps, c’est à dire les troisièmes ? :

 « Enfin, d’autres refusent l’opposition violente comme la candeur, et savent vivre un chemin de respect, voire d’amitié. C’est l’exemple laissé par les moines de Tibihérine. »

Jean Pierre Renaud 

Humeur Tique: Editoriaux du Monde, la France, la Côte d’Ivoire, la Lybie, et pourquoi pas Madagascar?

 Edito du 11 mars 2011 : « L’avenir de l’Afrique se joue en Côte d’Ivoire »

            Edito du 16 mars 2011 : « Il est temps d’aider la rébellion libyenne »

            Bravo au journal de « référence » pour ces prises de positions claires !

            Encore un petit effort pour prendre le même type de position claire sur Madagascar, c’est-à-dire dire clairement au nom de la France, que notre pays veut le retour à des institutions démocratiques issues d’une élection contrôlée par des institutions internationales.

            Avec la complicité de la France, ce pays s’enfonce toujours plus dans la misère, sous le contrôle d’une « Haute Autorité », dite de « Transition », Transition qui dure depuis plus de deux ans, Haute Autorité issue d’un coup d’Etat.

            Il serait enfin temps que les citoyens français connaissent la politique étrangère qui est faite en leur nom à Madagascar, bien loin de notre idéal républicain !

Humeur Tique: un procès Chirac « fictif » qui fait pschitt!

Humeur Tique : le procès Chirac va faire pschitt ! Etrange, n’est-ce pas ?

Fil blanc ou noir, mais sûrement pas bleu blanc rouge !

« Le procès Chirac pourrait ne pas avoir lieu »

Le Monde des  6 et 7 mars 2011

Tout au long des années, un bataillon d’avocats a permis à l’ancien président d’échapper, jusqu’à ce procès « fictif »,  à toute poursuite judiciaire en ce qui concerne ses actes de maire de Paris et de chef de parti.

            On tient donc la France en haleine : Chirac ira-t-il ou n’ira-t-il pas à son procès ? Aura-t-il le courage d’assumer ses actes ? Il l’a fait savoir, mais il semble s’être ravisé, car un ou plusieurs expédients d’audience, dont ses avocats ont toujours eu le secret,  viennent d’être déposés pour la première audience du 7 mars 2011.

            Quelques-uns,  parmi les citoyens qui ont vu fonctionner la mairie de Paris et le RPR, dans leurs très belles années, auraient de quoi faire un constat et poser des questions :

Compte tenu de la véritable osmose politico-administrative qui existait alors entre la mairie et le parti de Chirac, ces quelques emplois fictifs représentaient effectivement une misère.

L’ancien chef « gaulliste » a-t-il été véritablement le chef supposé des acteurs de son système politique, qui ont eu la malchance de tomber dans les griffes de la justice ?

Enfin, la question que personne ne pose : la défense de l’illustre présumé innocent a coûté beaucoup, beaucoup d’argent, combien de milliers, sinon de millions d’euros ? Et qui s’en est acquitté, ou s’en acquitte aujourd’hui ?

L’UMP ? Ou tout simplement les services de l’Etat (les contribuables) dans la défense d’un ancien grand serviteur de l’Etat ? Ou alors le présumé innocent qui  a fait savoir au président du conseil constitutionnel qu’il renonçait, le temps de son procès, à son indemnité mensuelle de 11.000 euros, de membre de ce conseil ?

            Et dans le même numéro du journal, une interview du président du Conseil Constitutionnel qui nous explique ce qu’est aujourd’hui l’heureuse innovation en matière de contrôle de constitutionnalité, laquelle vient fort opportunément relancer le suspense d’un procès « fictif »!

Alors mélange des genres ou pas, entre médias et conseil constitutionnel? Heureuse coïncidence?

Décidément, dans la chiraquie judiciaire, on ne s’ennuie pas !

Immigration, Identité, Laïcité: Histoire ou Politique? Le discours Ndiaye, Monde Magazine du 5/02/11

Le Monde Magazine du 5 février 2011

En page de couverture :

« En finir avec la peur de l’autre

La leçon de l’historien PAP NDIAYE »

L’interview des pages 23 à 29

« L’identité se décline au pluriel »

Propos recueillis par Frédérick Joignot

Le discours national-populiste qui fait de l’étranger une menace trouve un nouvel écho en France et en Europe. Face à la remise en cause du multiculturalisme, l’historien Pap Ndiaye rappelle qu’il existe une manière de vivre ensemble sans verser dans le communautarisme : la république »

Question prélable :  histoire ou politique ?

S’agit-il dans le cas d’espèce de la leçon d’un historien formé à cette discipline par l’université et l’école normale supérieure de Saint Cloud?

Et dans un tel cas, des règles de rigueur que s’imposent nos universitaires pour écrire l’histoire ? Car l’interview donne l’occasion de poser, semble-t-il des questions qui ne s’inscrivent pas, précisément, dans notre histoire.

Car comme l’indique le titre, l’interview est effectuée dans la cible du « discours national-populiste », alors que le « nouvel écho » qu’il trouve en France, en tout cas, s’explique par un certain nombre de facteurs, évoqués par le texte, mais qui méritent quelquefois d’être éclairés ou commentés, parce qu’ils feignent d’ignorer précisément ces facteurs, qui pourraient être qualifiés de « faits » par un historien, et les réactions du peuple français, face à ces « faits ».

M.Joignot cadre l’interview (page 24) : « ambiance délétère de défiance envers les étrangers », « une extrême droite islamophobe progresse dans toute l’Europe » et l’historien de souligner, de son côté, « l’essor de formations national-populistes qui ne se réclament pas idéologiquement du racisme, mais font de la dénonciation véhémente de l’Autre, souvent musulman et non-blanc, leur ligne de politique principale. »

            Et de remarquer que ce courant de pensée a annexé une partie des valeurs républicaines rattachées à la laïcité ou aux droits des femmes.

Il convient donc de s’attacher aux points clés de la réflexion que propose M.Ndiaye, l’immigration, l’identité française, la laïcité, en tentant de savoir si ces réflexions font effectivement partie de la leçon d’un historien.

            Premier sujet, l’immigration – M.Ndiaye évoque rapidement les problèmes nés de l’immigration, et répond à la question-constat de M.Joignot :

« Le vieux thème de l’invasion revient aussi. On parle de réfugiés climatiques et politiques se pressant bientôt à nos frontières…(le journaliste aurait pu ajouter l’adjectif familiaux dans le cas de la France)

            M.Diaye y répond en citant des études de l’ONU d’après lesquelles les mouvements migratoires seraient beaucoup moins importants qu’on ne croit (page 25)

Il précise que d’après l’ONU : « L’Europe n’est pas menacée d’invasion » (page 25) et note que « Cette rhétorique de l’invasion, une constante de l’extrême droite, trouve un nouvel élan. »

Il parait tout de même difficile de citer les études de l’ONU pour accréditer ce type de discours, car les statistiques démographiques françaises montrent clairement que la population étrangère et d’origine étrangère a progressé dans notre pays au cours des vingt dernières années.

Le Monde du 5 mai 2010 faisait état d’une population étrangère de 6,5 millions d’habitants, mais tous les spécialistes savent que plusieurs facteurs ont modifié en profondeur la structure démographique de la France, avec notamment le mouvement des naissances, des mariages, et des naturalisations.

Qui plus est, ces études montrant que « De 1968 à 2005, la proportion de jeunes d’origine étrangère (au moins un parent immigré) est passée de 11,5% à18,1% en 2005 », mais ce que relève de plus significatif la démographe Tribalat, dans le livre « Les Yeux grands fermés », chapitre 5 : « immigration, territoires et voisinages : mesure et résultats », c’est la concentration de ce type de population dans certains départements ou villes.

L’historien lui-même le note d’ailleurs :

«  Sans nier les problèmes de coexistence dans certains quartiers, ce discours répète à l’envi qu’une partie de la population relèverait de cultures en opposition radicale, ou en tension forte avec la culture nationale, elle-même fragilisée par la mondialisation et incapable d’absorber des flux hétérogènes. » (page 26)

Un phénomène ou « fait » que M.Bronner a fort bien décrit dans son livre sur les ghettos.

            Alors vraie ou fausse « invasion » ? Journalistes, élus et chercheurs auraient tort de ne pas voir le problème en face, et peut-être encore moins un historien habitué à la dialectique de l’interprétation des faits, et tout autant des chiffres que des lettres.

Pourquoi ne pas le dire, ce sentiment d’invasion existe chez un certain nombre de nos concitoyens, car ils le ressentent ainsi dans leur quartier ou dans leur ville. Il suffit d’interroger des habitants de ces quartiers ou villes qui ont été le plus bouleversés par ces mouvements de la population, pour s’en convaincre. Et les journalistes ainsi que les Français d’origine immigrée, de bonne foi, sont les premiers à faire ce constat.

Alors, serait Front National le citoyen capable d’ouvrir encore yeux et oreilles, pour estimer, qu’à ce rythme-là, la République ne sera effectivement plus chez elle, pour autant qu’elle le soit encore dans certains de nos quartiers les plus sensibles !

Il est évident que ces mouvements démographiques ont affecté la France, modifié en profondeur sa structure culturelle, en tout cas dans certains quartiers et  villes, et  conduit un certain nombre de citoyens, beaucoup plus important qu’on ne dit ou qu’on ne croit, à éprouver un sentiment réel d’«invasion. »

Deuxième sujet, l’identité française :

            M.Ndiaye répond à la question-constat de M.Joignot ?

            « Une des constantes des discours de la droite classique comme de la nouvelle droite consiste à présenter l’Autre comme menaçant l’identité française. »

Réponse : «  Sans nier les problèmes de coexistence dans certains quartiers, ce discours répète à l’envi qu’une partie de la population relèverait de cultures en opposition radicale, ou en tension forte avec la culture nationale, elle-même fragilisée par la mondialisation et incapable d’absorber des flux hétérogènes. » (page 26)

Une telle vision suppose un bloc français homogène, un « nous » bien circonscrit. Or depuis longtemps, les historiens et les anthropologues ont montré à quel point l’identité française s’est déclinée au pluriel. Elle ne se pense pas en termes d’essence, mais de relation intersubjective. Surtout, elle a servi de point de d’appui idéologique à une politique bien réelle de stigmatisation des immigrés et de leurs descendants: rafles de sans- papiers, contrôles au faciès, etc »

Identité au pluriel, pourquoi pas ? Mais si vous interrogez les Français, vous constaterez que l’immense majorité d’entre eux se reconnaissent dans leurs villages ou leurs villes, leurs mairies, leurs écoles publiques, leurs églises et leurs temples, et avant tout, dans un milieu de vie, fait de libertés individuelles et collectives, de démocratie, d’école publique (il y a un peu plus d’un siècle), et conquête récente (1945), d’égalité entre les sexes.

Il est donc difficile d’ignorer que notre identité plurielle baigne dans ce tissu national interstitiel, civil, politique, et culturel, plus résistant qu’il ne semble, et qui peut surprendre ceux que l’historien dénomme « les Français dubitables ».

Mais avant d’en terminer sur ce deuxième sujet, ne conviendrait-il pas d’être tout de même surpris de voir certains intellectuels et chercheurs plaider, à toute occasion, la reconnaissance d’identités perdues ou en péril sur notre planète, et en même temps faire facilement litière de l’identité de la France ou d’autres peuples !

Troisième sujet : la laïcité

Et ce dernier sujet est ultra-sensible pour un Français qui connait l’histoire de son pays, les guerres de religion qui ont ensanglanté, pendant des siècles, beaucoup de ses provinces, et les dernières querelles qui ont entouré le vote de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905.

Nombreuses sont sans doute les familles françaises du sud, de l’est, et de l’ouest, dont l’histoire a renfermé, au pire le souvenir des guerres de religion, et au mieux, des souvenirs de querelles religieuses violentes et tenaces à la fin du dix-neuvième siècle, dont certaines durent peut-être encore.

Alors de grâce, que de bonnes âmes ne nous disent pas aujourd’hui, tel M.Ndiaye  que « le principe de laïcité est dévoyé en politique d’intolérance religieuse. Or la laïcité n’est pas l’intolérance…. Il existe celle militante, agressive, qui s’est manifestée en 1905…L’autre laïcité, plus ouverte, et tolérante, accepte l’existence de lieux de culte pour toutes les religions, admet que certains espaces publics puissent être temporairement occupés par des pratiques religieuses.

C’est cette attitude que l’on observe majoritairement vis-à-vis du catholicisme pour les processions, les Journées mondiales de la jeunesse chrétienne, la venue du pape, etc. La laïcité tolérante n’exige pas la disparition radicale du fait religieux dans l’espace public ; elle commande la neutralité de l’Etat à l’égard des religions et la laïcité de l’école républicaine. » (page 27)

Un simple mot : voire !

Il est possible de dire et d’écrire n’importe quoi, mais comment prendre comme élément de raisonnement, dans le cas particulier, des pratiques religieuses enracinées dans nos provinces, et encadrées par la loi de 1905, un argument en faveur de la promotion du « fait religieux dans l’espace public », alors que l’historien ne précise pas la nature du « fait religieux » en question ?

Pour résumer mon opinion personnelle, je dirais volontiers : « Ne touche pas à la laïcité française ! », parce qu’elle a été, et continue à l’être, le gage d’une paix civile et religieuse durement gagnée au cours des siècles !

Et gare aux nouvelles guerres de religion !

Jean Pierre Renaud

Les caractères gras sont de ma responsabilité

Post-Scriptum : et après la lecture éventuelle du pensum ci-dessus, proposons au Monde Magazine de publier un numéro spécial, allégé, distribué gratuitement au Mali et au Niger, et comportant une interview d’un historien de l’un ou l’autre de ces beaux pays sur le thème qu’a choisi M.Joignot pour sa  chronique du 26 février 2011 dans le même magazine, page 65, intitulée :

« Je ne pense qu’à ça  Frédéric Joignot

Le plaisir féminin et la « mâle peur »

Il s’agirait dans le cas d’espèce de lancer une interview sur le point G (grain de café ou orchidée… ?) qui a fait l’objet des plus sérieuses recherches scientifiques.

Humeur Tique: les primaires du Parti Socialiste, un traquenard juridique?

Humeur Tique : Traquenard au Parti Socialiste ? Constitutionnalité et Légalité des élections primaires ?

Le Monde du 2 mars 2011, pages 16 et 17

Il y a de quoi être très surpris par la teneur de la contre-enquête de ce journal sur un sujet politique et juridique aussi sensible !

La constitutionnalité et la légalité de ce processus ne seraient donc pas assurées, alors que le parti socialiste, après en avoir délibéré depuis plusieurs années, en a décidé le principe, et s’apprêterait à passer aux actes ?

Alors qu’un « avocat » a mis tout son talent et sa conviction à faire adopter ces primaires ?

Alors que ce parti, qui se propose de nous « gouverner » ne manque pas de très nombreux conseils juridiques, à tous les échelons de l’Etat ?

Et si cette illégalité était effectivement attestée, les citoyens ne devraient-ils pas se poser la vraie question, celle du sérieux du parti socialiste ?

A moins qu’il ne s’agisse d’un traquenard juridique, d’une manœuvre de dernière minute pour renoncer à cette consultation suicidaire, et non souhaitée par certains de ses grands candidats ?

La politique étrangère de la France: réflexions d’un citoyen

Réflexions d’un citoyen sur la politique étrangère de la France

L’actualité arabe met le projecteur sur la politique étrangère de la France, et il est bien dommage que les citoyens français, directement, ou par la voix de leurs représentants à l’Assemblée Nationale ou au Sénat, n’aient jamais l’occasion de débattre de ces sujets, et de donner leur avis.

Chacun sait en effet qu’elle est le plus souvent entre les mains de hauts fonctionnaires, en poste à l’Elysée, plus ou moins talentueux, et à mon humble avis, trop souvent, ignorants de l’histoire des relations entre la métropole et ce qu’il était convenu d’appeler « l’empire français »

Première réflexion donc, relative au fonctionnement des pouvoirs de la Cinquième République actuelle : qui décide ? Qui porte la parole de la France ? Le Conseiller spécial du président lorsqu’il signe une tribune dans le Monde ?  Le Secrétaire Général de l’Elysée lorsqu’il donne ses instructions? L’ambassadeur de France à Madagascar lorsqu’il prit la parole, au mois de décembre, pour accréditer le discours d’un président d’une haute autorité provisoire, toujours provisoire depuis plus de deux ans, laquelle a accédé au pouvoir grâce à un coup d’Etat ?

A Madagascar, est-ce que la voix de la France n’aurait pas été plutôt, et clairement, celle de la condamnation du coup d’Etat et de son engagement déterminé en faveur d’un retour au fonctionnement normal des institutions, à la suite d’élections libres organisées sous le contrôle international, en plein accord avec les puissances régionales d’Afrique ?

Quelle image de la démocratie de notre pays donne-t-il ainsi à la jeunesse de ce pays en cautionnant un coup d’Etat, et en entretenant un rôle très ambigu de la France dans le processus actuel de retour à la « démocratie » malgache ? Mais il est vrai que la plupart des Français ne savent pas grand-chose sur Madagascar, pour autant d’ailleurs qu’ils sachent même situer la grande île sur la carte !

Deuxième réflexion de la part d’un citoyen qui dispose d’une assez bonne connaissance de notre histoire coloniale, relative au fonctionnement institutionnel de la Cinquième République très semblable à celui de la Troisième République.

En partant à la conquête de la terre entière, Jules Ferry et sa petite équipe de « colonialistes » ont incontestablement ouvert la voie pérenne des méthodes de travail de la petite équipe de notre belle Françafrique, dans le silence, la manipulation, et pourquoi ne pas le dire, dans la corruption et le mélange des genres !

Seule différence, et elle est capitale, la Chambre des Députés se saisissait alors du sujet, consacrait des séances entières au Soudan, au Tonkin, ou à Madagascar, alors qu’à ma connaissance la politique étrangère de la France dans ces anciens territoires français n’est jamais évoquée  et encore moins débattue à l’Assemblée.

Est-il nécessaire de rappeler que le gouvernement de Jules Ferry est tombé sur les affaires du Tonkin ?

Que les personnes les mieux informées nous disent quand la position de la France en Côte d’Ivoire ou à Madagascar a été l’objet de questions et de débats à l’Assemblée ? Quand l’Assemblée Nationale a-t-elle approuvé la politique de la France dans ces deux anciennes colonies ?

Et c’est là qu’est le fond du problème, étant donné que la politique étrangère de la France n’est jamais sérieusement débattue et approuvée par la représentation nationale.

Et donc en parallèle, et impunément, de grands notables français, politiques, économiques, ou universitaires, avec le concours de je ne sais quelles officines, mènent on ne sait jamais quelles missions, et au service de qui et de quoi !

Troisième réflexion, liée au débat ouvert par la tribune du groupe de diplomates « Marly », celle du positionnement de la diplomatie française dans le monde. La France n’a plus les moyens d’une grande puissance, et combien de fois faudra-t-il le répéter !

Pourquoi ne pas dire que cette diplomatie souffre des mêmes défauts qu’une certaine politique française en général, celle d’avoir des ambitions qui, depuis longtemps, ne sont plus à la portée de notre pays ? Pourquoi ne pas oser dire que notre réseau d’ambassades est surdimensionné, même si en définitive son coût global n’est pas exagéré, car il faut faire des choix : comment ne pas se poser la question de la compatibilité de ce réseau avec celui que l’Europe met en place actuellement ? Afin de résumer ma pensée, j’userais volontiers d’une maxime bien connue des temps passés, en Franche Comté, dans un langage beaucoup plus vert !

Le grand journal Le Monde n’aurait-il pas, par hasard, le même type de problème, celui de la réadaptation de son réseau mondial à ses moyens ?

Quatrième réflexion, corrélative de la précédente : est-ce que la France a su trouver les moyens d’adapter le métier d’ambassadeur à la révolution internet, à l’explosion mondiale des communications et des médias, révolutions de nature à bouleverser l’exercice du métier ?

Et la même réflexion pourrait sans doute être faite pour les métiers de souveraineté, préfectorale et justice y compris.

Cinquième réflexion, celle de l’indépendance de notre politique étrangère à l’égard de notre ami puissant, les Etats Unis, pour autant que cette indépendance puisse de toute façon exister. Il est évident, et le fait a été souligné, que le retour de la France dans l’OTAN a limité les marges de liberté que le pays pouvait avoir auparavant, mais sans en exagérer toutefois les possibilités réelles.

Sixième réflexion, un excellent spécialiste du monde arabe, M.Laurens a eu l’occasion d’exprimer une opinion tout à fait intéressante à l’émission animée par M.Elkabach à la bibliothèque Médicis, le 26 février, une opinion susceptible de consoler beaucoup d’observateurs : la diplomatie française a été, comme toutes autres, aveugle sur les événements qui allaient agiter le monde arabe, et c’est tant mieux, car au moins, ces pays ne pourront pas accuser les occidentaux d’avoir allumé les incendies démocratiques de Tunisie, d’Egypte, et d’ailleurs.

M. Elkabach avait organisé un débat très intéressant, original, parce que transversal entre un écrivain égyptien célèbre, M.Khaled Al Khamissi, le ministre actuel des Affaires étrangères d’Algérie, M. Mourad Medelci, et le professeur Laurens, spécialiste reconnu du monde arabe, dont l’objet était le devenir des révolutions arabes en cours, avec le rôle majeur de la jeunesse de tous ces pays, incontestablement une des clés de leur évolution.

Avec, en finale, le constat du tout est possible !

Comment ne pas terminer ces réflexions en regrettant que l’ambassadeur de France en Tunisie n’ait pas été rappelé illico presto dans son pays?

La France n’a pas fini de payer son verbe imprudent et impudent, comme elle a mis longtemps à payer auprès de la Chine la perte de « face » que le Préfet de Police lui a infligée à l’occasion du passage de la flamme olympique à Paris !

Jean Pierre Renaud