Campagne Balladur 1995: »Les sales dessous d’une campagne » et les « dessous » de l’écriture!

« Les sales dessous d’une campagne »

Le Monde du 3 janvier 2012, page 18 – Décryptages Enquête

Ou les « dessous » de l’écriture ?

Un autre décryptage ? Honneur d’un ancien Préfet ? Secret des sources contre secret de l’instruction ? S’agit-il d’un véritable journalisme d’investigation ?

            Honneur d’un ancien Préfet ? De façon tout à fait étrange, l’ancien  « trésorier » n’est plus qu’un ancien « haut fonctionnaire, chargé du financement de la campagne » (Balladur), par ailleurs « magistrat de la Cour des Comptes affecté au financement », alors qu’il a exercé les fonctions de Préfet pendant au moins vingt ans, dont les deux dernières, en qualité de Préfet de la Région  Ile de France, Préfet de Paris, un des deux postes les plus élevés de la préfectorale, avec la Préfecture de Police. Il a été nommé à ce poste le 8/7/1993 par Pasqua, alors ministre de l’Intérieur.

            L’intéressé n’était incontestablement pas un perdreau de l’année !

            Mais la véritable question que pose la lecture de cet article est celle du « qui parle », qui « témoigne », qui dit « sa vérité » ? Le magistrat ? L’ancien Préfet, et à ses côtés, d’autres comparses? Les policiers ? Ou les deux journalistes … ?

            Paroles recueillies de vive voix ou paroles « volées » au secret de l’instruction, au bénéfice du respect du secret des sources ?

Un exercice d’écriture incontestablement subtil, bien entrelacé, mais tout autant manipulateur !

            Si j’ai bien lu : l’ancien « haut fonctionnaire », placé en garde à vue le 7 décembre dernier, livre toute une série de considérations sur le financement de la campagne Balladur dont il a fait part à la police et sans doute au juge d’instruction, qui sont couvertes ou non par le secret « bidon » de l’instruction, ou aux journalistes eux-mêmes ?

            Dans le même article, les journalistes se mettent à la place du juge d’instruction, comme au théâtre, ou dans la réalité, de confidences vraies ou fausses du magistrat, avec un exemple parmi d’autres : « le juge Van Ruymbeke acquiert peu à peu la conviction que la campagne d’Edouard Balladur a emprunté des chemins tortueux. Il formule l’hypothèse…»

            Ah bon ! Les journalistes ou le juge d’instruction ?

            Et à titre « supplétif », au cas où vous n’auriez pas encore bien compris, en ce qui concerne les policiers chargés de l’enquête : « Selon une synthèse réalisée par les policiers, « le montant total des engagements a été dépassé de plus de 17 millions de francs, au 20 mars 1995. »

            Secret des sources contre secret de l’instruction ? On prend décidément les Français pour des cons !

 Qu’il s’agisse d’un ancien préfet, des journalistes, des policiers, et peut-être du juge d’instruction lui-même, à lire ce type d’article !

Jean Pierre Renaud

Mélanges politiques du 19/12/11: postes d’enseignants, 32 heures de Joly, Wauquiez et son protectionnisme moderne, les satellites espions

Mélanges politiques du 19 décembre 2011

Les sujets : les postes d’enseignants supprimés, les 32 heures d’Eva Joly, le « protectionnisme moderne » du ministre Wauquiez, les satellites espions.

Les postes d’enseignants supprimés :

Un mauvais signal politique, incontestablement, parce que le citoyen qui cherche à s’informer le mieux possible sur le dossier, ne réussit déjà pas à se faire une opinion sérieuse, à partir, des informations données, soit par les organisations professionnelles concernées, soit par le gouvernement.

D’où le message politique inaudible ou illisible, au choix, d’après lequel on veut faire de l’éducation une priorité nationale, alors qu’on diminue le nombre des enseignants.

Les 32 heures d’Eva Joly :

En matière de « connerie » politique, on ne fait pas mieux, alors que les entreprises, et derrière, le pays tout entier, se débat encore dans le grand désordre des 35 heures!

Que propose Mme Joly pour faire en sorte que les 32 heures puissent être raisonnablement appliquées dans le domaine hospitalier, alors que les 35 heures ne le sont pas encore, avec toutes les conséquences à en tirer en matière d’emplois et de rémunérations ?

La solution du temps partiel « accompagné » serait sans doute une solution plus intelligente, à la condition de l’adosser à une structure nationale de consolidation sociale.

« Le protectionnisme moderne » du ministre Wauquiez :

Tout à fait d’accord sur son constat, à savoir la nécessité pour la France de pratiquer un « protectinonnisme moderne », et j’ai moi-même, sur le blog du 7 juin 2011, préconisé un protectionnisme intelligent, en faisant valoir qu’historiquement, le protectionnisme n’avait pas été, pour le développement des économies du monde, contrairement à la petite musique toujours libérale que veut nous faire entendre la Commission Européenne, la damnation des damnations.

Il n’est pas donc pas indécent de se prononcer, à tout le moins, pour un protectionnisme de réciprocité.

Dans son interview au Monde, M.Wauquiez donne plusieurs exemples d’anomalies graves dans le fonctionnement du commerce international, qui mettent en cause notamment le Japon et la Chine.

Mais alors pourquoi les gouvernements qui se sont succédé en France, depuis dix ou vingt ans,  ont laissé faire, avec, aux commandes de notre vieille Europe, le libéralisme triomphant de la Commission Européenne ? Et depuis 2004, M.Wauquiez, comme ministre de ces gouvernements ?

Par ailleurs, M.Wauquiez s’est fait élire dans une circonscription de Haute loire détenue par un grand « européen », un homme qui a exercé des fonctions de Vice-Président de la Commission Européen, son « parrain »,  lequel aurait donc laissé faire ?

Et l’UMP au pouvoir depuis 2002 également ?

Et le gouvernement actuel qui n’a pas cru devoir changer de cap après la crise de 2008 ?

Je trouve qu’il y a donc, à la fois, beaucoup de légèreté dans ces conduites politiques et dans les explications données à postériori.

Cocorico ! Les satellites espions de la France !

Un grand bravo à nos ingénieurs, mais quand notre pays va-t-il se décider enfin à réviser sa politique de « grandeur » ?

Va-t-on continuer à croire qu’il est possible de soutenir financièrement notre politique de grandeur ? Très récemment, à  Abidjan ou à Tripoli, et en continuant à financer toutes sortes de missions, allant du maintien de l’ordre à l’étranger à la préservation de notre arsenal de défense nucléaire ?

Il va falloir enfin choisir !

Et une France qui se mêle quotidiennement de tous les sujets du monde, alors qu’elle n’a pas été capable de contrôler sa dette publique ?

Incapable également de faire rentrer nos quartiers de banlieue défavorisés dans notre belle République ?

Tout cela n’est pas très sérieux !

Il est question de mutualiser tout ou partie des dettes européennes, mais il est évident que l’absence de mutualisation de la défense européenne fausse toute comparaison entre la France et l’Allemagne à ce sujet, étant donné le poids respectif des budgets de la défense.

En Allemagne, le budget de la Défense représentait, en 2010, 1,92% du PIB, soit 46 milliards d’euros, et en France, 3,3% du PIB, soit 64 milliards d’euros, plus 18 milliards, alors que la population française ne représente que 77% de la population allemande, soit de l’ordre de deux fois plus par habitant.

La dépense défense du citoyen français était en 2009 de 1 015 euros par tête, alors qu’elle n’était que de 560 euros par tête pour le citoyen allemand. (source Wikipedia)

Et si la France consacrait le même budget que l’Allemagne à sa défense, notre pays économiserait, en valeur 2009, 29 milliards par an.

Un élément parmi d’autres pour nourrir notre réflexion nationale sur la réduction d’une dette insupportable !

Les candidats aux présidentielles 2012 seraient bien avisés de proposer aux Français une autre politique, celle d’une France, bien réelle, celle-là, une puissance moyenne.

Et si la France remettait les pieds sur terre ?

Jean Pierre Renaud

FN: Pourquoi toujours cette obsession du FN?

Et un chroniqueur du Monde d’enrôler à présent le film « Intouchables » dans le combat contre le Front national ! (journal du 13 décembre)

Son titre « Les « intouchables » contre Mme Le Pen »

            Il est tout de même très frappant de constater à quel point les gens des médias et du monde politique semblent obsédés par le Front National.

            A croire que tout doit être analysé par rapport à Marine Le Pen, devenue la pierre angulaire de tout raisonnement.

            La chronique en question est construite sur ce principe : le film devient l’instrument du même combat politique contre Mme Le Pen, pourquoi pas, mais est-ce bien sérieux ?

            J’hésitais à aller voir ce film tant sa métaphore me paraissait sauter aux yeux, le bon noir pauvre venant au secours du blanc riche et handicapé.

            Mes enfants m’ont invité a à y aller, et je ne l’ai pas regretté, car ce film est plein d’inventions, de drôleries, d’à-propos sur les rapports existant entre nos quartiers sensibles des banlieues et nos quartiers huppés de la capitale.

            J’y ai vu, pour ma part, un message salutaire de la France qui souffre particulièrement dans quelques- unes de nos banlieues et celle qui profite de son confort dans les beaux quartiers, et tout autant de la nécessité d’être à l’écoute des jeunes de banlieue qui ont à fois de la richesse humaine et des choses à nous dire.

            Je voudrais dire toutefois à tous ces jeunes de banlieue qui ont applaudi à ce film, que tous les blancs n’habitent pas des hôtels particuliers disposant d’immenses salles de bains avec de magnifiques baignoires en marbre, dans le genre de notre héros tétraplégique, et que le même message d’humanité qui rayonne dans ce film n’a pas beaucoup inspiré, jusqu’à présent, les gens qui nous gouvernent de gauche ou de droite.

            Résultat : le FN n’a pas besoin de faire beaucoup de propagande, étant donné que ses adversaires, et ils sont nombreux, la font à son profit.

            A quoi peut-il servir de tirer ce film vers une interprétation politique plutôt restrictive ? Sauf peut-être à vouloir combler une panne d’inspiration.

            Car, il ne suffit pas de brandir le drapeau de la peur fondée ou non, pour comprendre l’évolution de l’opinion des citoyens, mais les raisons du succès encore relatif de le Pen.

            Est-ce que les « éléphants » de gauche ou de droite des circonscriptions électorales, où ils sont depuis longtemps implantés, ont eu le courage de faire leur examen de conscience sur l’action qu’ils ont conduite pour ramener les quartiers sensibles dans le champ de la République ?

            Est-ce que les grands médias les ont interviewés à ce sujet ? Et dans le cas de cette chronique, pourquoi ne pas proposer à notre grand journal dit de référence de donner la parole à ces fameux « éléphants », qui ne font pas que « barrir », pour qu’ils nous expliquent ce qu’ils ont fait, au cours de leurs mandats, pour faire entrer leurs quartiers sensibles dans notre belle République ?

            J’avais fait cette proposition dans un commentaire que j’avais adressé au Monde Magazine, ancienne formule, mais sa rédaction a publié mon texte, en supprimant précisément cette proposition d’explication citoyenne, sans me demander d’ailleurs mon accord.

            Jean Pierre Renaud avec sa concubine préférée

Humeur Tique: Madagascar, fossiles naturels ou fossiles politiques vivants? La jungle de Makay, chronique télé du 16/12/11

Humeur Tique :

Madagascar : fossiles naturels ou fossiles politiques vivants?

Madagascar « Le savoir-vivre de la jungle »

« C’est tout vu ! Chronique télé »

Le Monde du 16 décembre : sur Canal +

« Makay, les aventuriers d’un monde perdu »

            Une relation ultra-résumée de cette belle aventure dans la jungle malgache :

            « Passer une heure et demie dans la jungle malgache à des milliers de kilomètres de la campagne présidentielle, ça fait un bien fou…le spécialiste des fossiles.. La tête qu’il fait lorsqu’il en découvre un gisement dans une falaise ! Et les cris qu’il pousse : « Ouh, ouh, ouh, c’est fantastique je le crois pas !…

            « On est drôlement contente pour lui, et on regrette cette jungle-là pour retrouver celle où des agences de notations, dont personne n’avait pensé à mesurer les dents, menacent de faire du « triple A » une espèce en voie de disparition. Et puis, on n’a pas fini de classer les candidats dans la campagne. Pour l’instant, beaucoup de fossiles. »

            Une brillante chronique sur une sorte de jungle naturelle, mais il est dommage que le Monde ne donne pas le même type d’éclairage sur une autre sorte de jungle, celle de la classe politique malgache qui va faire de leur pays un immense fossile.

            Convient-il, pour parler de ce beau pays, faire censure de son évolution politique et économique ?

            Notre grand journal de référence soutiendrait-il plus les printemps arabes, dits démocratiques, qu’un renouveau réellement démocratique dans cette ancienne grande colonie française encore gouvernée par un pouvoir issu d’un coup d’Etat ?

Conflits d’intérêt, confusion des genres? « Journalistes et politiques Les liaisons dangereuses » Le Magazine du Monde (3/12/2011)

Conflits d’intérêt, confusion des genres ?

« Journalistes & politiques

Les liaisons dangereuses ? »

Le magazine du Monde (3/12/2011)

            Le magazine a consacré plusieurs pages au problème des relations entre journalistes et politiques, un important sujet de la vie politique d’aujourd’hui, et c’est très bien !

            Une analyse qui concernait les couples Hollande-Trierweiler, Borloo-Schönberg, Kouchner-Ockrent, et Montebourg-Pulvar

            Au soir de la primaire socialiste, Audrey Pulvar était apparue au côté d’Arnaud Montebourg et avait répondu :

« J’avais vécu la campagne, la fatigue, l’angoisse, la séparation, et lorsqu’on m’a poussée à la tribune, je ne me suis pas rendu compte de ce que cela allait susciter. » (page 56)

Et la société des journalistes de Radio France de réagir de façon tout à fait curieuse, et anachronique :

« Vivez vos amitiés et vos amours, mais gardez-les pour vous. N’oubliez pas les soupçons des auditeurs, pour qui, souvent, l’amitié d’aujourd’hui peut devenir la collusion de demain. »

Faites donc comme les bons bourgeois des siècles passés qui avaient un vrai savoir-faire pour cacher leurs amours « illicites »!

Curieuse façon de traiter la question, car caché ou non, le problème demeure, celui du conflit d’intérêt ou de la confusion des genres, un problème majeur et récurrent dans une société percluse de fric et de com., et ici, très précisément, entre le médiatique et le politique.

Et pourquoi ne pas se demander si ce type de relation est fréquent, et si oui, pourquoi ?

Mon opinion est qu’à partir du moment où un politique entretient une relation intime avec un journaliste, et alors que le dit-journaliste joue un rôle important dans un média, tout militerait en faveur du constat d’un conflit d’intérêt.

Et pour une note finale de gaieté dans le mélange des genres, une citation du courrier des lecteurs du même numéro du magazine (page 20):

« Camouflage « Depuis bientôt un mois je n’ai plus honte. Je peux enfin lire Elle en faisant croire que je lis Le Monde » Christian Lefebvre

Jean Pierre Renaud, avec sa concubine préférée

Mayotte, un concentré des impasses « coloniales » des 3ème et 4ème Républiques françaises!

« Mayotte et la parabole du yaourt »

Le Monde du 5/11/11 Décryptages Analyses

Après le yaourt, le garde-côte ?

Ou une parabole de Jules Verne à Mayotte ?

Ou on peut aimer les Mahorais, et oser leur dire la vérité

Ou « Toute vérité n’est pas bonne à croire » Beaumarchais

Que dire du contenu d’un tel article, sinon celui d’avoir lu un texte complètement hors du temps ? D’un nouvel Albert Londres ? Il est possible d’en douter sérieusement.

            « Dans la plus grande indifférence de la métropole », qu’il s’agisse des troubles sociaux, ou auparavant l’accession de Mayotte au statut départemental : quoi de plus naturel pour un pays qui s’est toujours désintéressé de l’outre-mer, et quoi qu’on en dise ou écrive ? Hors Algérie, et hors le petit cercle obsolète de la Françafrique !

            Pour de nombreuses raisons bonnes ou mauvaises, on a voulu ignorer la situation concrète de cette île : politique, géographique, culturelle et économique. On a promis de faire accéder ce nouveau département au statut d’un département de métropole, dans un délai de 25 ans : on croit rêver ! Les troubles sociaux qui agitent le nouveau département montrent déjà que ce délai est contesté.

Dès les premiers pas du nouveau département, le Président du Conseil général de Mayotte demande que le RSA soit mis en application en 2012, au taux de 50%, et non celui de 25 %, comme prévu.

Le journaliste écrit : «  A Mayotte apparait l’absence d’un modèle économique clair, venu de l’Etat ou des élus locaux »

Comme s’il revenait à l’Etat de proposer ou d’imposer un « modèle économique » ! Comme au bon vieux temps du communisme soviétique et des colonies ?

Mais le modèle choisi semble bien celui de la perfusion permanente de l’île par des fonds français ou européens, avec un tiers de la population composée de clandestins, dont le flux n’est pas prêt de tarir.

En ce qui concerne le salaire minimum, l’utopie : « Le smic local est fixé à 85% du smic national, soit 1000 euros par mois », alors qu’à Madagascar, à quelques centaines de kilomètres de ses côtes, dans le même Océan indien, les malgaches peu nombreux qui trouvent  du travail touchent un salaire mal assuré, qui  ne dépasse pas les 100 euros.

On peut aimer les Mahorais et leur dire la vérité, et en faisant un brin de Jules Verne :  au train où va votre nouveau  département, attendez- vous, dans les années à venir, à voir votre île placée en état de siège permanent, sous la surveillance de flottilles de garde- côtes, afin de protéger votre île des flux d’immigrés clandestins qui voudront fréquenter, au-delà de votre merveilleux lagon, votre paradis économique et social artificiel.

Il est bien dommage que les Mahorais, et la France officielle (celle de la puissance, de la grandeur, du prestige et du « on vous aime »…), et non les Français, à la fois ignorants et indifférents, n’aient pas eu le courage d’ouvrir un autre chemin ! Plus intelligent !

Un Triboulet de la République, faute de Fou du Roi

Et pour nourrir notre réflexion :

les propos d’Audrey Pulvar, compagne de M. Montebourg, candidat des primaires socialistes dans le dernier Respect Mag, page 9, qui déclare :

« Moi, je suis pour l’indépendance de la Martinique. Ça n’arrivera pas de mon vivant, mais je pense que c’est un horizon accessible, et souhaitable. »

« Islamisation des cités: mythe ou réalité? » Le Monde du 14/10/2011

« Islamisation des cités : mythe ou réalité ?

Le récent rapport « Banlieue de la République » souligne l’influence croissante de l’islam dans les cités. Sa publication et ses répercussions médiatiques provoquent des réactions nombreuses et contradictoires »

Le Monde du 14 octobre 2011 : Décryptages Débats (pages 18 et 19) Réactions Tribalat, démographe, Leyla Arslam, coordinatrice de l’enquête, Mauger, sociologue, et Guilly, géographe

Constats ou discours ?

Avant-propos

Toujours curieux d’analyser l’évolution culturelle, religieuse, économique, et sociale de mon pays, je lis, j’écoute, je vois, et m’intéresse aux journaux et émissions télévisés.

Depuis quelques années, mon attention se porte particulièrement sur tout ce qui se rapporte aux problèmes d’immigration et des quartiers sensibles, et en ce qui concerne ce dossier, mon intérêt ne date pas d’aujourd’hui.

Or, je suis très frappé par l’à peu près à la fois des discours et des constats que beaucoup de spécialistes, anthropologues, ethnologues, sociologues, politologues, et même historiens…, veulent nous faire partager.

Sont joyeusement mélangés les résultats des recherches, quand il y a effectivement résultat, et les opinions personnelles, le plus souvent politiques.

Peut-être suis-je dans l’erreur, mais mon constat personnel est que beaucoup de chercheurs et de médias sont dans le déni des faits, de la réalité, de la vérité des chiffres.

Tel me semble être tout à fait le cas en matière d’immigration, de cohabitation religieuse ou culturelle !

Toujours plus de lettres que de chiffres, et d’opinions plus que de faits ?

            Le contenu de ce rapport

            Ce rapport a effectivement un contenu dérangeant, mais il a ouvert un débat salutaire sur la situation de la société française, la mesure et les effets des flux d’immigration, venus notamment d’Afrique, le difficile arbitrage entre le social et le culturel, et effectivement entre le culturel religieux et le culturel laïc.

            Un débat d’autant plus utile que le citoyen a souvent eu le sentiment qu’il n’était pas « convenable » de l’ouvrir.

C’est ainsi que dans le journal le Monde du 23/03/10, une journaliste du Monde publiait une critique sommaire du livre « Les yeux grands fermés » de Mme Tribalat, démographe, sous le titre « Sociologie souverainiste » (Voir notre écho sur le blog du 7/04/10)

            Ouvrons en effet tout grands nos yeux, et la République s’en portera beaucoup mieux !

            Quid des constats et des discours ?

            Le constat : Mme Tribalat note plusieurs caractéristiques du dossier qui méritent réflexion : 4 millions de musulmans en 2008, un chiffre qui, en tant que tel, ne pose pas problème, mais qui est affecté d’au moins deux facteurs importants : une dynamique démographique qui n’a rien à voir avec celle des autres religions traditionnelles de France, « une France en état de déchristianisation avancée », et la concentration de ses effectifs sur certains territoires, notamment dans nos quartiers sensibles.

            Le discours : Le titre de cet article est très provocateur, « L’islam reste une menace. Les élites minimisent les dangers de son expansion », mais il convient à présent que le « beau » monde de l’Institut Montaigne, qui est à l’origine de l’enquête Kepel ne s’en tienne pas à cette enquête, et propose et mette en œuvre des solutions.

            Le constat : une dernière remarque de Mme Tribalat, remarque que je partage :

            « Si l’islam est encore une religion minoritaire, il a déjà changé nos vies dans un domaine vital à la démocratie, la liberté d’expression… »

            Mme Leyla Arslam, coordinatrice de l’enquête Kepel,  écrit :

Le discours : « La religion est un marqueur d’intégration », un titre qui, dans le débat ouvert, est en lui-même paradoxal, sinon, et tout autant, dérangeant.

            Une hésitation à faire nôtre la phrase  « L’intensification de l’identité musulmane doit ré-enchanter un quotidien perçu comme difficile, pour donner un sens à la « galère », mais une adhésion entière à sa conclusion, son constat :

            Le constat : « Mais ce qui dérange réellement, c’est la situation des quartiers qui appelle à une réflexion collective. Car dans une France urbaine qui vieillit, laisser des quartiers de jeunes en situation d’exclusion et de ségrégation constitue un intolérable gaspillage pour l’ensemble du pays. »

            Avec toutefois deux réserves :

Si la République décidait enfin d’exister véritablement dans ces quartiers, rien ne serait possible sans limiter au maximum les flux d’immigration de type humanitaire !

Et seule la nouvelle histoire de France en cours de construction pourra nous dire si l’islam de France est compatible avec nos institutions républicaines et la laïcité.

L’analyse Mauger est plus classique, en tout cas dans son titre « Retrouvons la question sociale occultée. Le problème ethnique est un faux fuyant ».

Le constat : Le sociologue prend ses distances avec un courant intellectuel français qui trouve son inspiration dans les pratiques culturelles anglo-saxonnes, et note fort justement qu’

« Aux formes traditionnelles d’organisation populaire des « banlieues rouges » se sont en effet substituées de nouvelles formes d’encadrement associatif et/ou religieux : des grands frères aux imams importés des ghettos noirs des Etats Unis, la culture hip-hop s’est imposée auprès des jeunes des cités pour au moins trois raisons : d’une part parce qu’elle fait appel à des propriétés langagières et corporelles censées leur appartenir en propre ; d’autre part parce que les rappeurs se sont faits avec plus ou moins de succès, les porte-parole des jeunes des cités ; enfin, et peut-être surtout, parce qu’habilitée par la culture dominante, la culture hip-hop apparait sinon comme une possibilité d’accès à la richesse et à la gloire médiatique, du moins comme un outils de réhabilitation symbolique ».

Le discours : l’auteur prend ses distances avec le « modèle  anglo-saxon », mais conclut curieusement sur une note tout à fait ambigüe :

«  C’est dire que l’importation du modèle culturel anglo-saxon n’est pas sans écho. Métamorphosant la question sociale en question raciale, elle conduit à substituer à une vision du monde social divisé en classes celle d’une mosaïque de communautés ethnicisées et, ce faisant, à renforcer les divisions au sein  des classes populaires. »

Importation ? Vraiment ? Sur quelles bases d’enquêtes ?

M.Guilluy, géographe, intitule son analyse « La fable de la mixité urbaine. Essor du séparatisme culturel. »

Le constat : « Plus que son contenu, c’est d’abord la sur médiatisation du rapport de l’Institut Montaigne qui est frappante. », mais ce n’est peut-être pas inutile dans le cas d’espèce !

Car plus loin : « La question de l’islam ne serait pas aussi présente si elle ne s’inscrivait pas dans un contexte démographique, celui de la croissance forte et récente du nombre de musulmans en France et en Europe. », effectivement, mais nous sommes en France !

Le discours :

Le géographe écrit encore : « L’importance des réactions suscitées par le rapport Kepel révèle en filigrane le malaise de la société française face au surgissement d’une société multiculturelle impensée »

Quelques mots qui comptent en effet : croissance forte et récente, surgissement, impensée !

Que veut dire l’expression « une société multiculturelle impensée » ? Est-ce qu’on pense vraiment une société, ou la vit-on ? Multiculturelle ou multi-religieuse ? Et si c’est le cas, pourquoi ne pas faire référence au statut des religions dans notre République laïque ! Inutile donc de la penser !

S’il s’agit d’un constat, quelle en est la démonstration géographique ?

Le discours : « La réalité est que, depuis la fin des années 1970, ce modèle assimilationniste a été abandonné quand l’immigration a changé de nature en devenant familiale et extra-européenne (pour beaucoup originaire de pays musulmans) Alors que l’on continuait à s’enorgueillir des mariages mixtes, les pratiques d’évitement explosaient »

Un géographe écrit « explosaient » : s’agit-il d’une observation de géographe ?

Et encore, le discours : « Aujourd’hui, le séparatisme culturel devient la norme… La promesse républicaine qui voulait que « l’autre », avec le temps, se fonde dans un même ensemble culturel, a vécu. Dans une société multiculturelle, « l’autre » reste « l’autre. Cela ne veut pas dire « l’ennemi » ou « l’étranger », cela signifie que sur un territoire donné l’environnement culturel peut changer et que l’on peut devenir culturellement minoritaire. C’est ce constat, en partie occulté, qui explique la montée des partis populistes dans l’ensemble des pays européens. »

Pourquoi ne pas remarquer que le qualificatif multiculturel est d’une très grande ambiguïté, et qu’il serait préférable de ne pas « occulter » son véritable sens, qui est en France, un multiculturalisme religieux et non religieux, à trois entrées, le premier ancien, le christianisme, le deuxième non religieux, plus récent,  c’est-à-dire la laïcité républicaine,  et le troisième très récent, l’islam ?

L’auteur a en vérité de la peine à démêler dans son propos le constat et la conséquence qu’il en tire, son discours qui s’applique naturellement aux « thèses frontistes », car il écrit en conclusion :

« Si un islam identitaire travaille les banlieues, l’adhésion pour les thèses frontistes d’une part majoritaire de la France périphérique souligne que la question sociale est désormais inséparable de la question culturelle. ».

En résumé, un ensemble de contributions qui ont le mérite d’éclairer les éléments d’une problématique religieuse, économique, et sociale dans ses principales composantes, sauf à noter qu’elle existe principalement dans un certain nombre de territoires qui sont souvent définis en termes de quartiers difficiles.

La donne religieuse est venue compliquer les solutions à trouver et à mettre en œuvre pour que les quartiers défavorisés puissent retrouver le chemin de la République, car les politiques ont choisi la facilité, tout d’abord en fermant les yeux sur les difficultés de ces quartiers, puis en donnant des gages aux politiques de la diversité, de la non- discrimination, car elles coûtaient moins cher, et avaient l’avantage de ne pas affronter le véritable dossier des conditions d’accès à l’égalité sociale et économique.

Aucune des quatre contributions ne propose d’ailleurs de solutions, de chemin d’avenir, à nos quartiers difficiles, et il reviendrait naturellement à un club de réflexion comme l’Institut Montaigne de franchir cette deuxième étape : un diagnostic, c’est bien, une thérapeutique, c’est encore mieux !

Les constats sont connus, les discours tout autant, mais ce dont la France a besoin, c’est d’action. C’est en tout cas mon propre « discours » !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : « M le magazine du Monde », le journal le Monde ou non ?

     Plus d’un lecteur fidèle du journal le Monde a sans doute été surpris de découvrir, à travers les pages de ce magazine, type comme papier glacé et pubs colorées, un magazine qui ne se situe pas exactement dans l’image qu’il avait de ce quotidien, ainsi que de sa réputation.

            On éprouverait presque un sentiment de tromperie !

Humeur Tique « Les Bergeries de la Sarkozie » (suite) le Monde du 4/11/11

« Les Bergeries de la Sarkozie » (suite)

Le Monde du 4/11/11, l’article intitulé « Quand « Roger M » voulait prendre du service chez DSK », page 10

            Les relations étranges qu’entretiennent certains personnages de notre belle République ! Entre le propriétaire des bergeries de Murtoli, le maire de Sarcelles, et notre ministre de l’Economie, extraits :

            Conversation entre le propriétaire des bergeries corses et le maire de Sarcelles :

            « j’ai mangé à Bercy hier soir (…) invité par François (Baroin) »

            Au de-là de tout conflit d’intérêt, ou de mélange des genres, vous ne pensez pas ?

Rigueur historique ou non? Deux exemples, le magazine du Monde et la revue Hérodote

Rigueur historique ou non ? Deux exemples !

Le magazine du Monde (29/10/2011)

La revue savante Hérodote (3ème trimestre 2011, Géopolitique du Sahara

Le magazine du Monde, sous le titre « L’immolation revêt toujours un caractère très politique », interview du neuropsychiatre Jean- Pierre Soubrier par Louise Couvelaire :

Extrait :

« Question : le phénomène a-t-il une dimension culturelle ?

 Réponse : autrefois en Inde, les « suttee » se jetaient dans le feu à la mort de leur mari, dans les années  »

Les épouses se jetaient vraiment dans le feu à la mort de leur mari ?

Ou plutôt, la coutume indienne, ne les obligeait-elle pas à rejoindre leur mari défunt dans le brasier qui consumait son corps ?

La revue savante Hérodote -3ème trimestre 2011 –Géopolitique du Sahara

A la page 5 , sous l’intitulé

« Désordres, pouvoirs et recompositions territoriales au Sahara »

Emmanuel Grégoire, André Bourgeot

Les deux auteurs écrivent :

Dans le sous-titre « Le Sahara des circulations »

« Tous ces flux ont permis l’émergence de grandes fortunes sahariennes ; la colonisation entraîna un changement géopolitique radical : parfois non sans mal (révoltes touarègues de 1916 et 1917), elle imposa des frontières dans un espace auparavant ouvert et les scinda en une série de territoires que la Conférence de Berlin 1884-1885 attribua principalement à la France et à la Grande Bretagne. »

Rien de tout cela dans l’Acte Général de la Conférence de Berlin dont les différents chapitres  sont exclusivement consacrés à la liberté de navigation  et de commerce sur les deux fleuves Congo et Niger, avec un chapitre sur la lutte contre la traite des esclaves !

L’interprétation donnée à cet Acte général de la Conférence de Berlin est donc pour le moins sujette à suspicion historique légitime !

Jean Pierre Renaud