Humeur Tique: A la Une du journal Le Monde ! Nouvelle déontologie des lecteurs! Et quel tournant 2013!

Humeur Tique : Nouvelle déontologie au journal Le Monde ! Et quel tournant 2013 !

Les Dimanche 30 –Lundi 31 décembre 2012, le vieux journal Le Monde donne une nouvelle dimension à sa déontologie des lecteurs !

            Dans ce numéro, le journal annonce à ses lecteurs une hausse surprise de vingt centimes, soit + 12,5% d’augmentation, ce qui n’est tout de même pas mal !

            Une autre surprise ? Celle de l’insertion de six pages de pub pour les grandes surfaces U, dont deux pages du journal, les pages 10 et 11, soit 2 pages sur 22, soit + 9% donc pour la pagination, au total un petit supplément de plus de 20% pour le journal du jour.

            Sur la première page, un encart rouge de pub pour les grandes surfaces U avec ce commentaire :

« En page centrale, les magasins U donnent une nouvelle dimension au commerce », et pourquoi ne pas ajouter :

 « En page centrale, le journal Le Monde donne une nouvelle dimension à la déontologie de ses lecteurs ! »

            Car pour terminer, et prendre un vrai tournant, le même numéro propose à ses lecteurs une réflexion utile sur les 13 tournants mondiaux qui vont marquer 2013, parmi lesquels, et au titre du dernier, le numéro 13, « L’élan du féminisme porno » !

Avez-vous bien lu ? En concurrence avec le génome, l’Afrique, l’Amérique, ou le réchauffement climatique… ?

Comme diraient certains, le diable est décidément dans les détails !

Humeur Tique : Alerte rouge sur notre jeunesse !

Le Monde du 4 décembre « En France, 23 % des jeunes sont pauvres » en première page et pages 2 et 3

En page 2 « 18% des jeunes désœuvrés »

         Tous les signaux sont au rouge pour l’avenir de notre jeunesse, dette publique qu’ils seront chargés d’honorer ! Dette de la sécurité sociale qu’ils seront obligés d’acquitter ! France en grand désarroi culturel, politique,   économique, et social !

Les chiffres les plus inquiétants figurent à la page 2, car le concept de pauvreté peut ouvrir à discussion, mais moins les chiffres relatifs aux jeunes désœuvrés de 18 à 25 ans : « 18% des jeunes désœuvrés, c’est-à-dire « qui ne sont ni en emploi, ni scolarisés, ni en formation. »

Ces statistiques méritent d’être décortiquées de près, car la moyenne cache beaucoup de disparités, comme le montre le tableau de ces chiffres, département par département, outre-mer compris.

Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une alerte rouge, et que la France doit mettre en œuvre tous les moyens pour offrir à nouveau un avenir à sa jeunesse, quitte à sacrifier certains de ses rêves de grandeur qu’elle nourrit encore dans le monde.

Humeur Tique: Une information saugrenue!

Humeur Tique : Du saugrenu dans votre information !

Un CO 2 saugrenu à Doha !

            Journal Le Monde du 27 novembre 2012, Planète page 8

            « A Doha, la négociation climatique à petits pas sur fond d’émissions records de CO 2 »

            Et en tout début d’article : «  C’est dans l’émirat du Qatar, détenteur, avec 60 tonnes de CO 2 par an, du record mondial des émissions par habitant, que s’est ouverte, lundi 26 novembre, la 18ème conférence des parties de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. »  (CNUCCC)

Du saugrenu chez Peugeot ! 

Journal Les Echos du 22 novembre 2012, Finances&Marchés, page 25

Que n’avons-nous pas entendu de la part de certain ministre du gouvernement sur la conduite sociale inqualifiable de Peugeot.

            Or, on prend connaissance,  dans le journal Les Echos du 22 novembre 2012, des résultats d’une enquête d’une agence de notation, présidée par qui ? Devinez ? L’ancienne secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat.

            Les trois premières entreprises « championnes de la responsabilité sociale », sont dans l’ordre, L’Oréal, Danone, et Peugeot.

            C’est à n’y rien comprendre, n’est-ce pas ?

Humeur Tique : Le secret de l’instruction des gogos ! Sarkozy à Bordeaux – Villepin à Relais & Châteaux

  Le 22 novembre 2012, le juge d’instruction de l’affaire Bettencourt a longuement interrogé l’ancien président sur ce dossier, et cet interrogatoire est juridiquement couvert par le pseudo-secret de l’instruction.

            Le Figaro des 24 et 25 novembre 2012, rapporte l’information suivante dans un article intitulé : « Bettencourt : Nicolas Sarkozy n’est plus dans l’œil du cyclone » « … Selon le journal Sud- Ouest qui a consulté l’intégralité des procès- verbaux de l’audience, l’ancien Président aurait déclaré … ». (page 11, Société)

            Vous avez bien lu « l’intégralité des procès-verbaux » !

            Et pour compléter le tableau, le même type de viol du fameux secret bidon à propos de Villepin, avec les deux détectives infatigables du Monde, D et D : « Face au juge, M.de Villepin s’est défendu pied à pied dans l’affaire Relais&Châteaux » (Le Monde des 25 et 26 novembre, page 12) « … Pourtant, comme le lui rappelle le juge… etc)

            Quand est-ce que tout d’abord les journalistes, puis les magistrats, les avocats, les gardes des sceaux, les parlementaires, et les gouvernements cesseront de prendre les citoyens français pour des cons ?

Une fois de plus !

« Les tabous de l’outre-mer français » Suite N°1- la folie ou les folies de la République Française et de ses gouvernements!

« Les tabous de l’outre-mer français »

Suite N°1 de la chronique du 29 octobre 2012 sur ce même blog

La ou les folies de la République Française !

Et de ses gouvernements !

            Dans le journal le Monde du 8 novembre 2012, page 21, sous le titre

« Outre-mer : le coût de la niche fiscale sur les logements a explosé en 2012

65% des bénéficiaires du dispositif se situent parmi le 1% des Français les plus riches. » :

            « … Ceux-là en retirent un avantage moyen de 38 656 euros »

            Et par ailleurs, « de 25 à 34 millions d’euros seraient captés chaque année par les cabinets de conseil en défiscalisation »

            Indiquons que cet avantage fiscal tout à fait exorbitant, cette « niche » a pour but d’accroître le parc du logement social outre-mer, mais il fallait faire autrement !

            Coût estimé de la « niche » : de l’ordre de 260 millions d’euros !

Crimes en Corse à la Une! Pourquoi pas une enquête des deux détectives infatigables du Monde, D et D?

Humeur Tique : Crimes et Mystères en Corse ? Pourquoi pas une enquête nouvelle des deux détectives infatigables D et D du Monde ?

En suivant le fil d’Ariane !

            Ici, il ne s’agirait pas d’une enquête qui consisterait à fouiner dans les procès- verbaux d’instruction de la police ou des juges d’instruction, et de violer le fameux secret d’instruction avec la complicité des parties intéressées, sans trop bouger de son fauteuil, mais d’aller au cœur des processus de corruption et de mélange des genres entre mafias corses, entreprises, et élus de Corse ou de métropole.

            A lire les multiples avis de la gent en « logue », anthropologues, politologues, criminologues,… ou de la gent en « tant », les nombreux consultants de tout poil, on n’est guère plus avancé sur les causes de la criminalité exceptionnelle de l’île.

Ne serait-il pas plus efficace d’oser mettre au jour les complicités passives ou actives qui contribuent à entretenir un climat de violence qui ne date pas d’aujourd’hui ?

N’a-t-on pas vu dans les années 1995-1997 (gouvernement Juppé) un ministre de l’Intérieur complice d’une conférence de presse de nationalistes en cagoules et en armes ?

Cela n’a pas empêché ce ministre d’accéder à une des plus hautes fonctions juridictionnelles de la République, c’est-à-dire le Conseil Constitutionnel !

Les deux détectives infatigables du Monde continuent imperturbablement à noircir des pages sur des affaires qu’ils estiment capitales (Bettencourt), aux confins de la grande notoriété, alors que la mise au jour d’autres trafics contribuerait sans doute à améliorer, de façon beaucoup plus efficace, l’état de notre belle France.

A titre d’exemple, citons les filières de corruption corse, comme déjà indiqué, mais tout autant celles du cannabis et de la drogue, des flux d’immigration clandestine, des combines de l’outre-mer, ou de Bruxelles… ou encore les affinités électives, dans la coulisse, entre milieux d’affaires et milieux politiques, par exemple dans le cas du plan social de Sanofi, sans doute celles de son président non exécutif et des autorités politiques.

« Qui a peur du Qatar? » Le Monde du 9 octobre 2012

« Qui a peur du Qatar ? »

L’air du monde  Chronique

Le Monde du 9 octobre 2012, page 21, DECRYPTAGES ANALYSES

Décryptons donc, à notre tour, cette belle et dense chronique d’un monde fascinant !

            « Fascinantes coïncidences… » entre trois événements dont la parenté parait évidente aux yeux de la chroniqueuse, c’est à dire l’exclusion d’URSS de l’Agence américaine d’aide au développement (Usaid) par Poutine, la ville américaine de Toledo déroulant le tapis rouge à cent soixante investisseurs chinois, et devinez quoi, et bien sûr, les 50 millions d’euros du Qatar annoncés pour soutenir les projets d’entreprises privées nés dans les banlieues françaises.

En rappelant la genèse « instructive » de ce dossier, la chroniqueuse fait une observation intéressante, et peut-être capitale :

« C’est la première fois qu’un Etat étranger, hors Union européenne, finance une politique publique en France. »

Et plus loin : « Que nous dit cet épisode ? Il nous renvoie d’abord à l’échec de l’intégration des banlieues…

Le Qatar n’est pas un modèle de transparence ni un modèle social…

Il nous dit, enfin, que ces frictions vont se multiplier. Gigantesques, ces fonds souverains des pays émergents ou pétroliers cherchent des débouchés au moment où nos pays cherchent, eux, des solutions à la crise de la dette et au chômage. Il faut apprendre à prévenir ces tensions, à distinguer les craintes légitimes d’interventionnisme ou d’incompétence et les fantasmes ou les susceptibilités nationales mal placées. »

Et la chroniqueuse de choisir son point de chute de conclusion avec l’exemple des Chinois à Toledo !

Je vous avouerai que la mise sur le même plan des trois types d’intervention a de quoi surprendre, pour de multiples raisons, dont les principales sont les suivantes :

« Fascinantes coïncidences » entre trois « événements » qu’il est possible, intellectuellement, de mettre sur le même plan de l’analyse et du raisonnement ?

Alors que, comme la chronique l’écrit : « C’est la première fois… »

« Il nous renvoie à l’échec de l’intégration des banlieues », effectivement !

Mais est-ce que le journal Le Monde, dont je suis un ancien lecteur, a fait son métier de journalisme sur ce sujet sensible alors que la gauche et la droite, complices, depuis plus de trente années, n’ont jamais mis le paquet sur ce dossier.

Est-ce que Le Monde a jamais interviewé les responsables politiques concernés, notamment tous ceux qui ont exercé ou exercent encore des mandats, depuis de longues années, dans des circonscriptions à quartiers sensibles pour leur demander des « comptes » sur les initiatives qu’ils ont prises, les projets menés à bien, pour faire entrer « leurs » quartiers dans la République ?

Je n’en ai gardé aucun souvenir.

La Seine Saint Denis aurait été depuis longtemps un bon terrain pour un journalisme d’investigation critique, d’interviews et de suivi politique, ainsi que plus récemment le 18ème arrondissement de Paris, berceau des illustres éléphants du Parti Socialiste que tout le monde connait et qui ont fait une belle carrière au sein de leur parti.

Et en ce qui concerne le Qatar, indulgence ou litote de la part de la chroniqueuse, en notant simplement que « Le Qatar n’est ni un modèle de transparence ni un modèle social » ?

Car plus haut, la chronique avait relevé : « C’est la première fois qu’un Etat étranger… », oui, et il ne s’agit pas de n’importe quel Etat, même dans ses apparences les plus sympathiques, mais d’un Etat théocratique dans une composante sunnite, donc avec toute la complexité politique et religieuse que ce type d’intervention introduit dans le brassage religieux qui affecte la France, et notamment les banlieues, avec un Islam à la Française qui a de la peine à exister.

Je ne suis donc pas sûr, que le propos concernant « les fantasmes ou les susceptibilités nationales mal placées » soit bien approprié au cas du Qatar, même si la politique de ce petit Etat dérange peut être plus qu’il ne conviendrait actualité et politique françaises.

Je complèterais donc volontiers la question « Qui a peur du Qatar ? », par une autre question : « Fantasmes ou susceptibilités nationales », vraiment ? 

            A cette lecture, aurais-je été ce papillon que la lumière des coïncidences n’aurait pas réussi à fasciner ?

Et à recommander le petit encart d’un confrère, le Canard Enchainé du 11 octobre, page 5, intitulé « Le Qatar tout voile dehors », avec à l’occasion du Prix de l’Arc de Triomphe (7 octobre 2012), une photo de buste d’une des hôtesses : …« dans la partie dédiée à la gastronomie qatarie, le dépaysement était garanti : des hôtesses vêtues d’un niqab proposaient des spécialités locales. »

Jean Pierre Renaud

La Justice Française à l’heure Taubira

Le Monde : l’interview du 20 septembre 2012 à propos de sa circulaire sur la nouvelle politique pénale et « L’ŒIL DU MONDE du 21 septembre 2012 sur la Justice

            La nouvelle Garde des Sceaux y a critiqué à juste titre le « tout carcéral » et y a annoncé quelques orientations, notamment sur le fonctionnement du Parquet.

            Mme Taubira a l’immense avantage de débarquer dans un milieu judiciaire stigmatisé, sous la Présidence précédente, dans sa condition de « petit pois », et elle bénéficie donc d’un préjugé favorable du même type que M.Hollande dont l’élection s’est faite en grande partie sur le rejet de M. Sarkozy.

A charge pour elle de concrétiser et de pérenniser cet avantage.

            A cet égard, les propositions qu’elle fait sur le fonctionnement et le statut du Parquet méritent réflexion :

            A la question du journaliste :

            « Vous vous interdisez de donner des instructions individuelles aux procureurs mais vous insistez pour que les procureurs généraux vous rendent compte des affaires signalées. N’y-a-t-il pas contradiction ? Ils ont prouvé qu’ils n’avaient pas besoin d’instruction pour devancer les désirs de la chancellerie. »

Elle répond :

            « Dans le passé incontestablement. Mais avec cette circulaire, je redéfinis l’architecture des relations entre le garde des sceaux, les procureurs généraux et les procureurs de la République. Dans un  Etat de droit, le garde des sceaux est responsable de la politique publique de la justice. Pour que cette politique soit pensée, construite, ajustée aux besoins, il faut des éléments sur la réalité des faits, c’est cela le sens de la remontée de l’information. Je ne peux pas être la dernière à être au courant. Désormais, chacun son rôle : au garde des sceaux la politique pénale générale, aux procureurs généraux l’animation de l’action des procureurs et à ces derniers seuls l’action publique. »

            Il existe incontestablement une contradiction entre les propos de la ministre et la mise en œuvre concrète de ses directives, car les informations recueillies sur le fonctionnement concret des parquets montrent à l’évidence que les procureurs sont harcelés par les demandes d’informations de la part des directions de la chancellerie et du cabinet du ministre, sur tout et n’importe quoi, sans compter sur ces procureur(e)s et procureur(e)s généraux toujours prêts à précéder les demandes dans l’unique souci bien compris du service public… mais plutôt avec une propension à l’obéissance anticipée aux ordres.

Les Préfectoraux seraient sans doute étonnés de constater à quel point un procureur rend compte, de peur de ne pas être couvert !

Et pourquoi ne pas se poser, aussi, la question des relations existant à Paris, entre Préfet de Police et Procureur de la République, à savoir qui exerce le véritable pouvoir de l’action pénale dans la capitale ?

Mais le problème  Numéro 1 reste en effet celui du statut du parquet pour lequel, la garde des sceaux ne propose pas de solution.

Or rien n’empêche un garde des sceaux de donner des instructions pénales générales, en laissant le soin à une autorité indépendante du parquet d’animer et de contrôler le travail des procureurs généraux et procureurs.

Et quant au dossier « L’Oeil du Monde » proposé sur la justice, son contenu est très intéressant, parce qu’il montre une fois de plus que la justice française ne dispose pas des moyens nécessaires pour faire du bon travail.

Un seul bémol toutefois relatif à la statistique comparée des dossiers : elle mériterait d’être affinée, car il parait difficile de comptabiliser de la même façon une affaire de vol de portable et un dossier tel que l’affaire dite du Médiator.

Pomme acide et son concubin préféré

Humeur Tique: le bing-bang ethnique aux Etats Unis- Le journal le Monde

Humeur Tique : Big-Bang ethnique aux Etats Unis ?

« L’œil du Monde » du 29 août 2012 page 18

« Etats Unis : le big-bang ethnique »

  Un bravo pour le journal Le Monde qui manifeste dans la double page « Décryptages L’ŒIL DU MONDE », un courage intellectuel et médiatique inhabituel, en maniant des termes et des concepts qui, dans notre beau pays, la France, soulèveraient aussitôt des tribunes de protestation de la part de chercheurs ou de groupes de pression qui refusent de nous dire la vérité sur la situation de la France.

Un tableau fort bien documenté sur l’état actuel des Etats Unis, et sur son évolution prévisible, la montée des minorités ethniques, leur poids estimé dans chacun des Etats, la pyramide des âges entre « blancs non hispaniques » et  « autres, y compris Hispaniques », les taux de fécondité « selon « l’origine » ou la « race », en 2010 :

Hispanique : 2,4 ; Noir : 2,1 ; Asiatique : 1,8 ; Blanc : 1,8

« … Une population plus jeune…les non-blancs seront majoritaires à l’horizon 2050…ce qui aura des répercussions sur la vie politique », et en 2011 « Les naissances de bébés « non blancs » majoritaires pour la première fois »

L’auteur de ces pages conclut à la fin de la première page :

« Une destinée qui induit d’innombrables défis sociaux, mais met le pays à l’abri d’un problème – qui va payer les retraites – qui taraude les Européens. Un destin qui porte aussi en lui une promesse de dynamisme  économique et culturel renouvelé. »

Et « induit » peut-être des conflits futurs de type sécessionniste de certains Etats des Etats Unis d’Amérique, à voir les deux cartes intitulées « Au Sud, la montée des minorités ethniques » en 2010 et en 2040 !

Il serait par ailleurs souhaitable d’ajouter au qualificatif de « sociaux », ceux de culturel et de religieux, mais la véritable conclusion de cette belle analyse ne devrait-elle pas être celle d’une invitation au même journal de nous proposer un jour prochain un autre « L’ŒIL DU MONDE » intitulé « France : le big-bang ethnique » ?

Même si, en tant que pays d’immigration tardif, la place et la nature des minorités ethniques d’origine européenne, maghrébine, asiatique, ou africaine, seraient à la fois moins importantes et différentes !

Les vérités du Monde au-delà de l’Atlantique, certes, mais pourquoi pas en deçà ?

Enfin, une petite suggestion de nature à apaiser le débat que le candidat Hollande a engagé sur la suppression éventuelle du mot race dans notre Constitution ?

Pourquoi ne pas se contenter d’ajouter, dans notre Constitution, deux guillemets à ce mot, comme le fait  le journal Le Monde ?

Le Qatar, impérialisme de l’Orient? La France et le Qatar

Le Qatar, impérialisme de l’Orient ?

Jeu stratégique du « A qui perd gagne ! » ? Entre Orient et Occident ?

La France, partie prenante dans le « grand jeu » entre sunnites et chiites ?

Ou enfin, et plus simplement, un jeu de « grenouilles » ?

Avec mes remerciements à mon vieil et fidèle ami M.A pour sa lecture critique éclairée.

 Le Qatar entre sur la scène publique

            Une curiosité de l’opinion publique française, nouvelle, à l’endroit des initiatives de l’Emirat du Qatar, à l’endroit d’un nouvel impérialisme qui ne dirait pas son nom ?

            Au fur et à mesure des années, et des initiatives que prend le Qatar sur le plan national et international, l’opinion publique commence à connaître le petit émirat du Qatar, en tout cas dans sa « face » extérieure, médiatique.

            Le Qatar a suscité un premier mouvement de curiosité lorsque  sa candidature fut retenue pour la Coupe du Monde de Football de 2022, avec la surprise de voir un petit pays du Golfe Persique se porter candidat pour cette manifestation mondiale !

Un territoire à peine plus grand que la Corse, mais, il est vrai, gorgé de gaz et de dollars, « pour le moment » !

            Plus récemment, et au cours des derniers mois, le Qatar a  fait la une des journaux avec une succession d’investissements et de prises de participation dans de grandes sociétés françaises, notamment au PSG, le club de football de Paris, ou chez Lagardère.

            Et chaque jour, ou presque, l’acquisition par le Qatar d’un des plus beaux immeubles de la capitale.

Quelques titres de journaux :

 « L’intrigant intérêt du Qatar pour Lagardère » (Les Echos du 20/03/12)

« Notre ami l’émir » (Le Monde du 22/03/12) « …La France apporte son poids sur la scène internationale, l’Emirat ses leviers régionaux et son carnet de chèques.. »

« Le fonds souverain du Qatar de plus en plus offensif dans ses investissements » (Les Echos des 23,24/03/12) : 12,8% du capital de Lagardère, 5,5% de Vinci, 5% de Veolia, 2% de Total et 1% de LVMH.

Certains dirigeants sont inquiets de cette « intrusion » : « Canal Plus face à la menace Al-Jazira » (Les Echos du 2/04/12),mais d’autres, tels que le Président de la Ligue de football professionnel, se félicitent, au contraire, de la même « intrusion » , en concluant que grâce aux gros sous espérés d’Al Jazira, Ligue et Al Jazira font faire du « gagnant-gagnant » (voir son plaidoyer dans les Echos du 21/05/12, sous le titre «  Au secours, le Qatar débarque »)

« Avec le 52, avenue des Champs Elysées, le Qatar ajoute une adresse de prestige à son portefeuille immobilier parisien » ( Les Echos du 6/06/12)

Encore tout dernièrement, les achats d’immeubles de luxe ou d’hôtels à Paris ou sur la Côte d’Azur :

Le Parisien du 23 juin 2012, en première page « Ce que le Qatar vient chercher en France », et en pages 2 et 3, « Pour le Qatar, la France reste une terre de prédilection », « Total, liens historiques », investissements, rapports politiques, etc…

Notons au passage que le qualificatif « historique » attribué par un ancien diplomate n’est pas tout à fait approprié, étant donné que cette « histoire » n’a commencé qu’en 1990.

En novembre 5th 2011, the Economist publiait un article sous le titre :

« Pygmy with the punch of a giant »

Les enjeux de cette entrée en scène

Le Canard Enchainé du 4 avril 2012 pose le problème sous un tout autre angle, que nous adoptons pour notre analyse du sujet :

« Le Qatar et la manière de coloniser

Les milliards investis en France par l’émirat hypnotisent notre classe politique. Anciens ministres, élus, capitaines d’industrie se ruent dans le Golfe pour causer religion, justice fromage de chèvre et… business. »

Le Canard Enchainé a-t-il raison de placer le débat sur le terrain de la colonisation, nous dirions-nous, tout simplement de l’impérialisme ?

De même que Les Echos du 19 juillet 2012, et à propos de l’achat d’un nouveau joueur au Paris-Saint Germain, un article intitulé : « Ibrahimovic pourrait coûter au moins 250 millions d’euros au Paris-Saint Germain », avec un deuxième article dont le titre est une forme de commentaire :

« Le sport est l’un des supports de la stratégie d’influence planétaire du Qatar »

Les deux journaux en question posent donc la vraie question : s’agit-il d’une nouvelle forme de l’impérialisme moderne, dont on avait l’habitude d’attribuer la seule paternité à l’Occident ?

Un nouvel impérialisme venu de l’Orient ? Prenant, en quelque sorte, à revers, la thèse, incontestablement brillante, qu’a défendue Edward W. Said dans son livre « Culture et Impérialisme » ?

En concurrence avec d’autres thèses privilégiant notamment la puissance des technologiesdont a disposé l’Occident à partir du milieu du dix-neuvième siècle, vapeur, électricité, armement à tir rapide, télégraphie, ou quinine, des thèses qui ont plutôt notre faveur en ce qui concerne l’impérialisme de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.

Le jeu impérial du Qatar

Tel peut être l’enjeu d’une réflexion sur le nouveau jeu impérial du Qatar !

Le cas de cet émirat illustre-t-il un renversement des facteurs de domination tel qu’il puisse exprimer et réaliser une nouvelle forme d’impérialisme, venue cette fois, et à nouveau, de l’Orient, longtemps après, par exemple celui d’ l’Empire Ottoman ?

Réalisant une fusion réussie entre la religion, la culture, le sport, les médias, les technologies les plus modernes, au moyen de ses pétrodollars, de la chaîne télévisée Al Jazira, ou de ses nombreux investissements à l’étranger ?

Une forme aussi réussie d’impérialisme que toutes les formes antérieures des impérialismes que l’histoire du monde a connus, avec leur caractéristique essentielle de domination.

La forme impériale du Qatar et l’analyse Said ?

Dans la lecture, l’analyse, et la critique, que nous avons proposée du livre de M.Said « Culture et Impérialisme » (1), le concept central d’une « structure d’attitudes et de références », et aussi « d’affinités » apparaissait à ses yeux comme la clé de l’interprétation et de la compréhension du fonctionnement de l’impérialisme occidental, un concept qui le sous-tendait et l’expliquait.

Cette thèse reposait sur l’analyse de très nombreuses œuvres littéraires publiées au dix-neuvième et vingtième siècle, allant du « Mansfield Park » de Jane Austen à « La Peste » ou à « L’étranger » de Camus, ou à « Les damnés de la terre » de Frantz Fanon.

D’après cet auteur, l’’ensemble de ces œuvres était porteur du message de l’impérialisme occidental, une « structure d’attitudes et de références » qui formatait et justifiait cet impérialisme, et qui, toujours, minorait la culture de l’Orient.

L’état d’esprit d’un Occident dominateur et sûr de lui, de ses valeurs, de son pluralisme, de son libéralisme, de ses libertés de pensée et d’action, de son esprit d’entreprise, mais au moins autant de son esprit critique, à la source de sa créativité technologique et de ses conquêtes impériales.

Nous avons relevé que ce concept, pour séduisant qu’il fut, souffrait d’au moins deux faiblesses, son manque de cohérence historique entre les œuvres culturelles analysées et citées sur les deux siècles considérés, d’une part, et, d’autre part, son défaut d’identification susceptible d’être évaluée à la fois dans ses éléments et dans ses effets.

 Edward W.Said ne propose jamais une évaluation historique pertinente, quantitative, des éléments de sa thèse impériale, et nous restons donc dans le domaine de la théorie des idées, séduisante, mais pas nécessairement dans celui de l’histoire réelle.

Alors que dans le cas du Qatar, le concept de « structure d’attitudes et de références » est susceptible, semble-t-il, de recevoir un contenu historique très concret, mesurable.

Le concept de jeu impérial du Qatar peut faire sursauter certains observateurs qui seraient plutôt prêts plutôt à épingler un comportement de « nouveau riche ». C’est à qui aura le plus grand aéroport, la plus haute tour, le plus beau musée… ! Sans qu’apparemment le mouvement Al Quaïda n’y trouve rien à condamner…

Une puissance d’Etat incontestable, oui, mais plutôt celle d’une famille régnante, avec une minorité d’autochtones et beaucoup de travailleurs étrangers. 

       Sous la houlette d’un émir, un Etat unitaire et centralisé, de type islamique, appliquant la charia, animateur et soutien de la propagation de l’Islam dans le monde entier, disposant de moyens considérables, les pétrodollars, pour développer son influence à l’étranger, grâce à sa chaine de télévision Al Jazira, de type CNN, c’est-à-dire une diffusion de l’information en continu dans le monde arabe, mais aussi grâce à ses investissements dans le capitalisme mondial.

Un puissant cocktail de moyens de puissance et d’influence sachant mêler et associer le matériel et l’immatériel, les investissements lourds et le culturel, la religion et le sport…

Tous les ingrédients donc d’un nouvel impérialisme moderne utilisant au mieux les technologies d’influence les plus efficaces !

Mais comment ne pas souligner en parallèle que les talibans savent également utiliser les mêmes technologies, dans leur ordre de la révolution islamique.

Le Qatar met en œuvre, avec une très grande habileté, tous les outils des nouvelles puissances, en choisissant des cibles financières et économiques qui démultiplient son influence, notamment dans le sport, la culture,  et l’information, mais en développant une stratégie religieuse subtile qui a le mérite de doubler le plus souvent son influence civile.

Et le même Qatar ne s’est pas privé d’intervenir directement ou indirectement dans la solution des crises récentes du monde musulman et arabe, dernièrement en Libye, et aujourd’hui en Syrie.

Et c’est sans doute cette cohérence politique et religieuse qui donne sa forme et sa force à cette nouvelle influence impériale, surtout dans le monde musulman.

Le Qatar soutient, jusqu’à preuve du contraire, un Islam, beaucoup moins rigoureux que celui de l’Arabie Saoudite, un Islam qui tend à faire la part de la modernité, et c’est en cela que son influence est intéressante, car elle semble apporter une réponse au débat qui oppose souvent une majorité de musulmans traditionnalistes, comme le sont aussi nos « intégristes », et les musulmans  pragmatiques.

Entre Qatar et France, un échange de stratégies indirectes ?

Curieusement, l’influence du Qatar trouve un appui « mondain » auprès d’une partie de notre élite politico-économique, sans que l’on sache toutefois si ce soutien est fondé sur une véritable analyse de stratégie indirecte, seule praticable par le Qatar et par la France.

Sans vouloir encombrer ce débat, indiquons simplement que la stratégie indirecte, telle qu’elle a été définie à l’origine par Sun Tzu, et remise au goût du jour par Liddell Hart, consiste à imposer sa « volonté » à un « adversaire », en utilisant tout un ensemble de stratagèmes pour triompher, pour prendre intact « tout ce qui est sous le Ciel », en mettant l’accent sur la psychologie, la volonté, l’esprit.

Cette stratégie implique la mise en œuvre d’approches indirectes de toute nature, de détours stratégiques efficaces pour endormir ou apaiser l’adversaire ou le partenaire, et au résultat, imposer sa volonté.

Simple petit rappel ! A la différence de Clausewitz qui prônait lui l’affrontement direct, et en quelque sorte la mise à mort de l’adversaire !

Il n’est pas interdit de se poser la question, à la fois de l’existence d’un tel schéma stratégique réciproque, et s’il existait, de son importance réelle dans les relations internationales, de sa place dans l’échelle des puissances mondiales.

Un article récent du Monde (24/08/12, page 4) viendrait illustrer ce type de stratégie pour la Syrie :

« La France coordonne avec la Qatar son aide à la rébellion »

Soit dit en passant, entre Sarkozy et Hollande, donc rien de changé !

De mauvais esprits relèveraient peut-être aussi que les deux acteurs auraient pris les habits de la fable connue, l’un,  la France, une « grenouille » qui n’a plus envie ou qui n’a plus les moyens de se gonfler, et l’autre « grenouille » qui se dégonflerait vite, s’il y avait un « printemps arabe », si les Etats Unis quittaient la plus importante base de la région qu’ils ont dans cet émirat, si la Chine trouvait du gaz de schiste ou n’achetait plus le gaz du Qatar ,etc…

Car il ne faut pas exagérer l’influence de cet émirat, pas plus que celle de la France du XXIème siècle, même s’il dispose d’un fonds d’investissement de plus de cent milliards de dollars, d’une tirelire confortable de pétrole, et d’une chaine d’information continue, Al Jazira.

L’audience de cette chaine, même si elle fait concurrence à notre chaine France 24, plutôt modeste, avec 3,4% d’audience internationale, est très loin derrière les grandes chaines mondiales, CNN International, avec 18% ; Skynews (16,8%), Euronews (14,2%) , ou BBC World New (13,1%).

Son intérêt est ailleurs, c’est-à-dire la cible de son public arabe et musulman.

            En 1953, les Editions du Seuil (Esprit) présentaient ainsi le livre de F.W.Fernau « Le Réveil du Monde Musulman » :

            «… Un monde que travaillent deux « réformes », l’une religieuse qui purifie l’islam par un retour aux sources – l’autre politique, qui vise au contraire à la laïciser, à la moderniser… des nations qui cherchent leur voie, à travers les pressions étrangères et les secousses intérieures. Et l’Islam, ne l’oublions pas est le plus riche réservoir du pétrole. »

            Cette analyse est un peu dépassée car la deuxième réforme a disparu des écrans, vraisemblablement avec la guerre des Six Jours de 1967, et laissé toute la place à l’expansion de l’Islam, avec la poussée d’une religion souvent conquérante.

            Le Qatar est un bon exemple de cette problématique ancienne, toujours d’actualité, étant donné qu’il se trouve à la frontière de ces deux mouvements, purisme religieux d’un côté, et tentative de modernité de l’islam de l’autre.

            En conclusion, chacune des deux parties, la France et le Qatar, a un intérêt à entretenir des stratégies indirectes d’influence, une sorte de « soft power », pour autant qu’elle existe au Qatar, et dans notre pays, car les deux partenaires paraissent avoir  à cœur de promouvoir une cohabitation apaisée entre un Orient islamique en pleine renaissance et un Occident laïc et démocratique de plus en plus contesté, mais il ne conviendrait pas d’exagérer l’influence respective des deux puissances en question, l’une ancienne et déclinante, et l’autre jeune, en montée de puissance, mais aux pieds fragiles.

Seul l’avenir dira qui sera le gagnant de ce jeu stratégique du « A qui perd gagne » ! Pour autant qu’il existe ! Pour la France du XXIème siècle !

Dans l’état actuel des forces respectives des deux partenaires, entre un Qatar décidé et offensif, et une France ouverte à tous les vents du large, les paris ne peuvent qu’être très ouverts.

Mais comment ne pas remarquer enfin que les groupes de pression influents de la défense des droits de l’homme dans notre pays restent bien discrets sur le sujet, lorsqu’il s’agit de nos relations avec ce pays, et noter que dans ce nouveau « Grand Jeu » stratégique,  la France se trouve partie prenante dans la confrontation entre le sunnisme, dont le Qatar est un des défenseurs et promoteurs, et le chiisme ?

Une tout autre sorte de « Grand Jeu » que celui décrit par Kipling dans le très beau roman de « Kim », dans l’Inde des Anglais !

Jean Pierre Renaud

(1)  Sur ce blog ma lecture critique du livre « Culture et Impérialisme » les 13/07/11, 7/10/11, 19/10/11, 7/11/12, et 1/12/11.