La Méthode Chirac et la Méthode Macron – A grands traits !

En 1997, j’ai publié le livre « La méthode Chirac » « De la Mairie de Paris à l’Elysée » qui décrivait la méthode de conquête du pouvoir de l’ancien Président.

        L’appellation de « méthode » a été souvent utilisée par les médias pour qualifier et comparer la gouvernance politique des Présidents qui se sont succédé à l’Elysée.

      Dans son numéro des 7 et 8 septembre 2019,  Le Figaro titrait en première page :

           « Proximité, dialogue : la nouvelle méthode Macron » 

       Sans avoir besoin de  procéder à  une analyse approfondie de la « méthode Macron », un gouffre sépare la manière de gouverner des deux Présidents : Chirac avait un passé politique connu et était le chef d’un parti politique  que les Français identifiaient.

       Ce qui n’est évidemment pas le cas de Macron, venu du « nulle part » d’une intelligentsia non encore identifiée par la grâce de l’affaire Fillon lancée par le Parquet Financier de Paris, intervention du pouvoir judiciaire qui a ébranlé les colonnes du temple républicain, sous les auspices de la République exemplaire que nous avons appris à connaître.

         Après un long passé politique, ses premières classes en Corrèze, sa conquête du parti gaulliste et de la Ville de Paris, en 1979, Chirac n’avait nul besoin de jouer la « proximité » ou d’afficher une volonté de « dialogue », car son ancrage dans le paysage politique, aujourd’hui les « territoires », était solide.

      Comme je l’ai indiqué dans ce livre et dans la synthèse de ma conclusion, la capitale a été au cœur d’un système de pouvoir démocratique « apparent »  mais en réalité, de pouvoir absolu sur les institutions récentes de la démocratie locale parisienne.

      Paris devint la plateforme politique d’un candidat permanent à la magistrature suprême, qu’il mit dix-huit années à conquérir, après maintes trahisons.

       Il a su utiliser tous les atouts qu’une capitale comme Paris mettait à la disposition d’un chef de parti politique, le Maire de Paris disposant de tous les leviers que lui donnait des institutions, dont beaucoup d’entre elles étaient et sont encore celles d’un État dans l’État. (1)

      Chirac a su magnifiquement en user en mettant en place un système de communication efficace et continu qui le faisait apparaître comme le grand maire qu’attendait Paris, le modèle proposé à la France pour devenir son Président.

       Il est évident que comparé à Chirac, Macron « rame » et ne peut que « ramer » comme chef d’un  parti qui n’a pas de doctrine, des « Marcheurs sans boussole » selon le titre d’un éditorial pertinent de Vincent Trémolet de Villers dans le Figaro du 9 septembre 2019.

      Chirac avait installé son personnage dans le halo d’un gaullisme encore vivant, fusse avec les ambiguïtés inévitables liées à sa durée. Je vous avouerai que j’ai toujours eu beaucoup de peine à entendre son propos « Chers compagnons », comme à la belle période du Général de Gaulle.

       Non seulement le Président actuel est venu d’un « nulle part » politique, mais a tout fait, depuis son élection pour court-circuiter les partis politiques en donnant la préférence à la méthode du débauchage, plutôt que de dialogue et de recherche d’un consensus minimum sur un programme de gouvernement républicain.

       De leur côté, les corps intermédiaires ont été ignorés, le Président actuel donnant la préférence à une gouvernance technocratique, et à l’occasion de la crise des gilets jaunes, au Grand Débat, confiant dans l’efficacité de la parole politique d’un « Premier de la Classe ».

       Faute d’ancrage sur le terrain, la vraie boussole de notre Président et de ses Marcheurs est sans doute constituée par la consultation d’une batterie d’algorithmes dont les résultats inspirent ses prises de décision.

         A la différence du Président actuel, Chirac avait le style et l’image d’un acteur de cinéma, et  connaissant à fond les faiblesses humaines, il ne s’était jamais mis en tête de vouloir ériger une République exemplaire, mais sans aucun doute le Président actuel le surpasse en volubilité et en dialectique de la parole.

     N’a-t-on pas un peu, et en effet, l’impression que le Président actuel est toujours en train de passer un Grand Oral de concours ?

Jean Pierre Renaud

  1. « Paris un Etat dans l’Etat »

Foutaises ou Fictions historiques : les nouveaux explorateurs de Namibie ?

Foutaises ou Fictions historiques ?

« La Namibie dans le sillage des explorateurs »

Le Figaro Magazine des 28 et 29 juin 2019 (pages 91 à 99)

« Après Omaanda, Sonop, la seconde adresse namibienne d’Arnaud Zannier ouvrira le 5 juillet à l’extrémité sud du pays. Entre déserts et canyons, ce campement d’explorateur hors du temps incarne le rêve d’un esthète du XXième siècle, amoureux de l’Afrique australe et de la vie sauvage. »

            La rédactrice de ce reportage n’y va pas avec le dos de la cuillère pour encenser le créateur de ce nouveau lodge en Namibie, non plus qu’en troussant avec talent un récit imagé de sa découverte de la Namibie, avec de belles photos…

            Le titre de ce reportage est-il justifié ? « La Namibie dans le sillage des explorateurs » ?

        Est-ce qu’il s’agit vraiment d’ « Un voyage dans le temps guidé par l’histoire des premiers explorateurs anglais » ?

         Rappelons qu’au dix-neuvième siècle les côtes de Namibie furent au dix-neuvième siècle un enjeu colonial entre anglais et hollandais, et que les premiers à explorer cette contrée furent les missionnaires anglais de la puissante London Missionnary Society, les missionnaires allemands et finnois, puis les Afrikaners d’Afrique du Sud. Ces derniers ouvrirent la voie à la conquête coloniale allemande du Sud-Ouest Africain qui fut d’une grande violence, notamment avec le génocide des Hereros. A la fin de la première guerre mondiale, l’Afrique du Sud reçut un mandat international de tutelle de l’ancienne colonie allemande en sa qualité de Dominion de la Couronne britannique (statut de 1910), un dominion qui pratiqua le régime de l’apartheid.

        Ce rappel historique utile nous projette évidemment assez loin du reportage qui précise :

            « Il veut appliquer au monde de l’hôtellerie sa vision des choses : un décor authentique et un service attentif mais naturel… une philosophie qu’il résume souvent avec une citation de Léonard de Vinci : « La simplicité est la sophistication suprême »…

       Du Cambodge à la Namibie : En 2016, l’actrice Angelina Jolie séjourne à Phum Baitang durant le tournage de son film « D’abord, ils ont tué mon père ». Elle évoque auprès d’Arnaud le travail de ses amis Marlice et Rudie Van Vuuren, très investis dans la restauration de la vie sauvage en Namibie… Elle avait raison : j’en suis tombé amoureux… Ce que j’aime, c’est faire vivre la culture locale, tout en respectant le lieu et l’environnement. Je ne veux surtout pas imposer un modèle qu’on retrouvera ensuite dans chaque pays…

        Un poste d’observation idéal

      Sonop n’est pas un hôtel, c’est un voyage dans le temps, guidé par l’histoire des premiers explorateurs anglais du début du XXème siècle… »

          « Un campement d’explorateur hors du temps » ?

        Ne sommes-nous pas ici en pleine fiction ? Complètement en dehors du champ des descriptions multiples de campements qu’en ont faites les explorateurs de l’Afrique du dix-neuvième siècle ?

          Je recommanderais volontiers la lecture, entre autres, car il y en a eu des centaines d’autres,  du récit de l’exploration que fit Sir Samuel W. Baker, en 1861, en compagnie de son épouse vers les sources du Nil « Le Lac Albert » (Paris Hachette 1872), afin de se mettre « Dans la peau d’un explorateur » (page 97) à la fin du dix-neuvième siècle.

         « Voyage dans le temps » ? Vraiment ?

       En lisant que le lodge en question était « Meublé avec de véritables antiquités (plus de 500 pour l’ensemble du lodge » (page 97), je n’ai pas pu m’empêcher d’évoquer les récits de la vie coloniale anglaise officielle des « clubs », qui jalonnèrent l’histoire coloniale anglaise, avec l’exemple du récit « Une histoire birmane » de George Orwell. (1926, à Kyaut-hada, en Haute Birmanie. (1)

      « Dans chacune des villes de l’Inde, le Club européen est la citadelle spirituelle, le siège de la puissance anglaise, le nirvana où les fonctionnaires et les nababs indigènes rêvent en vain de pénétrer. » (p,23)

    A  lire la description de ce merveilleux lodge, la question peut se poser de savoir si son décor intérieur ne rappelle pas trop celui des « clubs » anglais de l’histoire coloniale.

       Ceci dit, et pour avoir, il y a une vingtaine d’années, effectué avec mon épouse, un voyage de découverte dans ce pays, il s’agit d’une belle région à visiter, notamment le désert du Namib, en notant qu’à cette époque, nous avions beaucoup plus vu de traces anciennes de la présence germanique que de la britannique.

        Enfin, dernière remarque, heureusement le Figaro Magazine ne publie pas que des articles, récits, ou reportages respirant à haute dose ce type de fiction.

            Jean Pierre Renaud

  1. Référence à l’analyse intitulée « Images des sociétés coloniales des années 1900-1930 » sur le blog eh-tique-media-tique@overblog.com du 20/06/2016

Les héritages et les amnésies de notre classe politique ! L’interview Philippe du Figaro

(Le Figaro du 13 mai 2019, page 2 et 3)

            En quatrième colonne, et à la question : « La gauche est éparpillée, la droite l’est un peu moins. La recomposition politique est-elle achevée ? « 

            « … Qu’il y ait en ce moment une reconstruction de la droite du Trocadéro, sans doute. Est-ce qu’elle se rapproche de la droite moderniste, pro-européenne,  pour laquelle je militais aux côtés d’Alain Juppé ? Je ne le crois pas. Je suis parti de mon ancienne formation politique parce qu’elle était incapable de dire si elle préférait voter pour Emmanuel Macron ou pour Marine Le Pen, en rupture complète avec l’héritage de Jacques Chirac. Cette droite du Trocadéro était déjà très forte dans le maniement des objectifs et des symboles mais, je le constate depuis que je suis à Matignon, elle n’a que des postures politiciennes à opposer à ceux qui font des choix courageux. »

            L’héritage Chirac ? Je ne reviendrai pas une fois de plus sur un héritage parisien qui laisse encore beaucoup de questions non résolues, mais la France doit-elle se glorifier de la gestion présidentielle de Chirac ? De son rôle dans la modernisation du pays, dans la maîtrise des courants d’immigration (intégration, quartiers sensibles = 0), dans une ouverture prématurée et démagogique de l’Union européenne aux nations de l’Est avec le Traité de Nice (Chirac-Jospin – 2001), conjuguée avec une mondialisation « sauvage », qui ébranle et déracine notre vivre ensemble (sécurité et laïcité = 0), tout en minant nos économies et en laissant le champ libre aux jeux des grandes puissances actuelles ? Non !

            Quant à l’héritage ou à la filiation Juppé, je dirais que je ne donnerais pas au « premier d’entre nous » un premier prix politique pour la ligne flottante qu’il a assumée et animée, lors des  présidentielles 2017, avec son ralliement à Macron, et ce qu’il faut bien appeler une « défection » politique pour le camp politique qui était théoriquement le sien.

            Pour avoir observé depuis des dizaines d’années l’évolution de la politique française, avoir estimé que, dans telle période de vie nationale prospère, il était juste et intelligent de répartir une partie de nos richesses (la gauche), mais que, dans telle autre période de vie nationale de crise, il valait mieux créer de la richesse (la droite), un type de balancement politique qui a toujours fait fureur chez les centristes, ne convient-il pas de conclure que dans le contexte stratégique actuel de l’Europe et du monde, ce centrisme-là, nouvelle mode juppéiste, c’est fini !

            Encore quelques mots sur les amnésies totales ou partielles d’une partie de notre haut personnel politique : pourquoi ne pas évoquer les exemples d’un Chevènement qui parait avoir complètement oublié le sort de son Alstom « chéri » à Belfort vendu aux Etats-Unis, ou d’un Moscovici (ancien député de Montbéliard-Sochaux), qui caracole à Bruxelles, donne des leçons, alors qu’il fut un des acteurs du Traité de Nice et de la dette publique qui plombe lourdement notre avenir, lequel a aussi eu le mérite de laisser vendre Peugeot à la Chine ?

            Qui aura le courage et l’honnêteté de s’interroger sur l’héritage que laissent ces élites politiques ?

        Avec ou sans notre complicité,  ils laissent à nos enfants et à nos petits-enfants, une dette colossale, l’absence d’un véritable virage écologique et climatique, un désordre de plus en plus grand dans le tissu des valeurs de liberté, de sécurité, de protection qui constituent encore notre vivre ensemble républicain, avec au surplus un grand doute sur l’avenir de l’Union Européenne.

    Jean Pierre Renaud

Le Directeur de l’ENA prend la parole – neuf fois non, l’ENA n’est pas celle que l’on croit !

Le Directeur de l’ENA prend la parole :

« Non les élèves de l’ENA ne sont ni cooptés, ni coupés des réalités, ni détestés à  l’étranger ! »

Le Figaro du 24 avril 2019, page 16

 Le Directeur de l’ENA prend la parole, tout en se défendant de ne pas vouloir « participer au débat actuel sur l’avenir de l’ENA ».

          Il explique longuement sa position au fur et à mesure des neuf fois « Non » qu’il enchaîne successivement dans une tribune qui ne peut être qu’objective.

            Pour ma part, je me contenterai de dire pourquoi je pense que l’ENA doit être réformée et revenir aux sources de sa création en 1945.

            Non l’ENA n’est pas seulement une école du service public, mais une école du pouvoir,  des réseaux d’influence, et des réussites dorées dans le business national ou international, et c’est là qu’est le vrai problème, car ce type de dérive, au fur et à mesure des années, a produit et ne peut manquer de produire un effet évidemment cumulatif de pouvoir : d’où l’expression en partie justifiée d’ « Enarchie ».

            Revenir aux sources, cela veut dire ne pas mélanger les genres entre les carrières publiques et les carrières privées, celles que prisent certains des brillants sujets sortis de l’ENA, lesquels, après avoir garni leur carnet d’adresses, convolent vers des cieux plus accueillants. 

            Revenir aux sources, c’est  recruter des sujets motivés par le service public  et tenus de faire carrière dans le service public « régalien » pour lequel ils ont concouru, et donc fermer la porte aux échappées bancaires, industrielles et commerciales de toute nature, sur un plan national ou international, comme c’est le cas aujourd’hui.

           Jean Pierre Renaud

 » Leçons du pouvoir » ou du « non- pouvoir » ?

    Après plus de trente années de pouvoir partagé entre le parti socialiste et le parti « officiellement » gaulliste en dépit de ses changements de noms, je suis toujours effaré par les déclarations des « éminences politiques » qui  ont gouverné le pays : en résumé, ils font toujours comme s’ils découvraient pour la première fois les problèmes de la France.

            A peine sorti officiellement du jeu présidentiel, Hollande donne des leçons de pouvoir. Il vend des livres. Il n’a pas laissé le pays en bon état, et encore moins le Parti Socialiste, mis KO, de même que la social-démocratie : le symbole du non-pouvoir !

        Obsédé par le rôle international de la France, Il s’est glorifié de sa décision de nous embarquer dans la guerre du Mali, une décision sur laquelle nous reviendrons plus loin.

Chevènement a écrit  récemment des choses intéressantes dans son dernier livre et dans la préface dont j’ai lu quelques extraits. Une belle plume politique, sûrement ! (Le Figaro des 9 et 10 février 2019 page 16)

        Quel est le bilan d’un homme politique qui disposait d’une véritable forteresse politique à Belfort et qui irrigua en permanence la matière grise des socialistes, grand serviteur de Mitterrand, tout au début de sa brillante carrière, puis sorte de « frondeur » avant la lettre dans les eaux de la social-démocratie ? Plume majeure du programme commun de la gauche qui donna, en 1981, le pouvoir aux socialistes grâce à leur alliance avec le Parti Communiste, inféodé à l’URSS, une dictature rétrograde qui s’écroula quelques années plus tard, en 1989.

        Ce fameux programme commun fleurait bon  un étatisme qui n’avait pas fait ses preuves à quelques centaines de kilomètres de Belfort, à l’Est, outre le fait que ses premières années d’application ont coûté cher au pays.

       L’Europe souverainiste de Chevènement, qu’est-ce à dire ? Alors que son camp ouvrait largement la porte, très largement la porte, à une mondialisation désordonnée de l’Europe ? Peut-être aurait-il été utile de formuler quelques  propositions concrètes d’union à la carte !

        Et à Belfort ? Alstom  a été en définitive désossé sous la présidence Hollande, sans que l’ancien député et sénateur de Belfort ne se soit vraiment manifesté dans ce désastre français.

       La paix religieuse dans le Territoire de Belfort, et la laïcité ? Tout au long du règne de Chevènement se sont développés de nombreux quartiers sensibles, terrains favorables à l’islamisation du territoire.

Juppé ?: A lire ses propos récents sur son départ surprise, sinon de sa « défection » politique, pour la Conseil Constitutionnel, je ne puis m’empêcher d’associer le fils préféré de Chirac au « système » qui permit à ce dernier  d’être enfin élu à la Présidence, et à la « Méthode Chirac » que j’ai décrite dans un livre.

      Je vous avouerai que les remarques de l’intéressé sur un « esprit public devenu délétère », ou sur « l’esprit public est difficile à porter », m’ont laissé rêveur. Rappelons tout de même que le brillant sujet a été le seul à faire les frais judiciaires du système parisien de la corruption RPR.

      Le choix de Bordeaux était d’autant plus surprenant sur le plan politique, alors que son mentor avait trahi « confraternellement », en 1974, son ami Chaban-Delmas au profit de Giscard.

       Le choix de la «  Nouvelle Société » que proposait Chaban-Delmas aurait alors été un meilleur chemin que celui qui fut choisi.

Bayrou : avec une seule remarque : vous ne trouvez pas curieux que l’homme politique en question, sympathique au demeurant, ait préféré toujours son Béarn natal à l’Europe du large ?

« Leçons de pouvoir » ou « illusions » du pouvoir ?

       Notons dès le départ que l’élection surprise de Macron n’a rien changé à l’ancien monde. Sa garde rapprochée dite des « Mormons » constitue une sorte de quintessence d’un système élitiste, parisien, hors sol, hors dans quelques fiefs provinciaux de cette nomenclature, qui tente de continuer à donner le ton et le branle à la France entière.

      C’est une des raisons profondes et  anciennes de la crise actuelle.

Un système toujours parisien, qu’on le veuille ou non, et que seule une réforme profonde des institutions donnant beaucoup plus de pouvoirs à nos régions est de nature à limiter.

Une Europe ouverte à tous les vents d’une mondialisation des échanges non régulés, et en 2001, avec le Traité de Nice, une ouverture risquée à l’Est, décision capitale, bipartisane, entre PS et RPR,  d’ouverture de l’Union aux nations de l’Est qui manifestement n’y étaient pas prêtes, et sans les garanties nécessaires, notamment en matière de dumping tous azimuts, tels qu’il a fonctionné.

       Gauche ou droite n’y ont rien changé, et c’est sans doute une des causes identifiées de la crise actuelle et de la montée des « populismes » en Europe, un nom de baptême évidemment ambigu.

Une politique étrangère de châtelain désargenté ! La France a bien sûr encore un rôle à jouer, une mission à remplir dans le monde, mais ni la gauche, ni la droite n’ont eu le courage jusqu’à présent, de procéder à un réexamen complet de notre politique étrangère, afin d’en ramener les dimensions et les enjeux à nos moyens et à nos alliances.

        Comme Jules Ferry à la fin du XIXème siècle, fusse dans des contextes constitutionnels et historiques différents, Hollande a « décidé » d’envoyer nos Mirages au secours du Mali, de quel Mali ? Sans se soucier d’engager un processus de consultation européenne, nouvelle sorte de « fait accompli » tout à fait dans la tradition de la politique des nombreux « faits accomplis » de nos brillantes conquêtes coloniales.

     Sommes-nous au XIXème siècle ou au XXIème siècle ?

      La gauche et la droite bernent les citoyens en mettant en haut du pavois  la grandeur de la France, alors que notre dette publique déjà abyssale (plus de 2 300 milliards d’euros) continue à croître chaque mois, sans que le nouveau Président n’y ait changé quoique ce soit depuis son élection.

Détour personnel pour terminer :

      Comme je l’ai écrit sur mon blog, je partage l’interprétation politique de Chevènement quant à l’élection du nouveau Président :

     «  Quant à la droite, elle  a été piégée par le système des primaires auquel elle s’est crue obligée de recourir pour raviver chez ses électeurs l’intérêt qu’elle ne suscitait plus. Je n’épiloguerai pas sur l’élimination de son candidat, curieusement mis en examen, deux jours avant la clôture des parrainages…. »

Ma propre version de l’affaire Fillon, blog du 28 février 2017 :

« L’affaire Fillon sous la houlette de la justice

De quelle houlette s’agit-il ?

De celle du berger ou de la bergère qui fait appel à sa houlette pour ramener les brebis ou les chèvres indisciplinées dans son troupeau ?

De celle du jardinier qui fait appel à sa houlette pour lever de terre des oignons de fleurs ? C‘est effectivement le moment !

De celle enfin des évêques de l’Inquisition qui n’avaient pas d’état d’âme pour envoyer les « mécréants » sur le bûcher ?

L’histoire jugera ! …

Avril 2019, deux ans plus tard !

Je continue à penser qu’en 2017, la Justice a violé le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs, sans que la droite ne s’en  offusque et ne saisisse le Conseil Constitutionnel.

Résultat : les Gilets Jaunes et la grave crise de confiance actuelle !

Jean Pierre Renaud

Les hauts fonctionnaires: l’ancien monde, le nouveau monde ou l’entre-deux monde – Troisième République- avec Tardieu

Les hauts fonctionnaires : l’ancien monde, le nouveau monde ou l’entre-deux monde ?

2- Troisième République avec l’ ancien haut-fonctionnaire Tardieu

&

« Tardieu, un grand destin manqué »

« André Tardieu, l’incompris »

De Maxime Tandonnet, Perrin

En marge de sa photo « : « André Tardieu qui se disait vieux jeu, était pourtant en avance sur son temps. »

« Biographie Réhabilitation  d’une figure politique de la III° République, esprit original et visionnaire, tombé dans l’oubli »

Le Figaro Histoire littéraire, le 10 janvier 2019, page 6

            Les lecteurs ont déjà pu croiser la route d’André Tardieu dans la chronique que j’ai consacrée aux Mémoires de Joseph Caillaux, le 17 octobre 2018. Le portrait fait par Joseph Caillaux soulevait évidemment quelques questions auxquelles ce livre apporte sans doute des réponses.

     Cette évocation était reliée au rôle de la presse sous la Troisième République, notamment en ce qui concerne son effet éventuel, et jamais mesuré sur l’état d’esprit colonial des Français, pour ne pas dire leur « culture coloniale », jamais mesurée non plus.

         Il s’agit d’un sujet qui ne me parait pas avoir encore assez attiré l’attention des historiens, au cours de cette période, notamment dans le domaine colonial, alors qu’il s’agissait d’un des rares vecteurs d’information ou désinformation qu’il était possible de mesurer.

        J’ai déjà eu l’occasion dans quelques-uns de mes écrits de faire le constat de cette carence historique notoire pour tout ce qui touche à l’histoire coloniale de la Troisième et Quatrième République.

       Je publie à nouveau les pages consacrées à Tardieu, une figure de la Troisième République, car elles valent un détour de lecture :

      « M.Hébrard, le directeur du Temps, vint plaider auprès de moi la cause de M.André Tardieu. Attaché au cabinet de Waldeck-Rousseau qui était lié avec les siens, nommé tout jeune inspecteur général adjoint des services administratifs du ministère de l’Intérieur, devenu par la suite inspecteur général titulaire, M.Tardieu rédigeait le bulletin de politique extérieure du Temps. Cumul critiquable, admissible cependant… à la rigueur ! Ce qui n’était pas tolérable c’est que M.Tardieu prétendit participer à des affaires internationales et qu’il soutint ou qu’il attaquât les ministres des Affaires étrangères suivant qu’ils secondaient ou qu’ils se refusaient à servir les intérêts pécuniaires de ses amis…. Ce que, en revanche, je relevais, c’était la position que M.Tardieu avait prise dans l’affaire de la N’Goko-Sangha. Il avait accepté, lui inspecteur général des services administratifs, de se faire contre l’État l’avocat stipendié de la Compagnie devant le tribunal arbitral constitué pour décider si la société concessionnaire avait droit à indemnité et pour en fixer le montant aux dépens du Trésor. Arrivant au ministère de l’Intérieur, je jugeai que je ne pouvais laisser passer sans sanction une incorrection – c’est le moins qu’on puisse dire – dont, si elle restait impunie, d’autres fonctionnaires pourraient s’autoriser pour en commettre de semblables.

        M.Hébrard défendit très vivement son collaborateur… Il me fit valoir le profit que je retirerais du concours dévoué que le rédacteur de la politique étrangère dans le plus grand journal de la République ne manquerait pas de me prêter…

       M.Hébrard fit valoir que ses deux prédécesseurs ne s’étaient pas formalisés de cette situation, M.M.Briand et Monis.

       « Je souris. Je consentis le geste de générosité qui m’était demandé. » (p,107,108)

         Tardieu était un brillant sujet, et le mélange des genres qu’il pratiquait ne l’empêchera pas de faire une belle carrière politique après la Première guerre mondiale, mélange des genres entre l’administration et la presse, entre un « journal de référence » de l’époque et le Ministère de l’Intérieur, ou entre affaires publiques et affaires privées.

      Caillaux cite le dossier de la N’Goko- Sangha, qui fut un des enjeux de la négociation souvent secrète sur le Maroc entre la France et l’Allemagne (l’affaire d’Agadir) : il s’agissait d’une compagnie concessionnaire au Congo, une formule coloniale d’exploitation qui fut dénoncée, puis abandonnée, compte tenu des abus constatés notamment par Brazza.

     Ajouterais-je 1) que Tardieu serait classé de nos jours, et par certains, comme un colonialiste convaincu, et 2) que l’auteur de l’ouvrage y célèbre peut-être un des grands anciens de l’Inspection  Générale de l’administration.

     Je n’oserais penser que son auteur ait voulu « sanctifier » à cette occasion un mélange des genres aussi célèbre que celui-là, sauf à y voir l’anticipation des nombreux mélanges des genres entre public et privé qui ont émaillé et jalonné les Républiques, l’actuelle y comprise.

       Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Les hauts-fonctionnaires : l’ancien monde, le nouveau monde ou l’entre-deux monde ? Quatrième, Cinquième, et Troisième République

Les hauts fonctionnaires : l’ancien monde, le nouveau monde ou l’entre-deux monde ?

1 – Quatrième et Cinquième République

2- Troisième République avec l’ ancien haut-fonctionnaire Tardieu

&

1 – Quatrième et Cinquième République

            Le  début de l’année 2019 a été marqué par une avalanche de révélations sur les rémunérations des hauts fonctionnaires, qu’ils exercent des fonctions de direction dans les administrations centrales ou territoriales ou dans des services industriels ou commerciaux relevant de l’Etat, ou encore à la tête d’autorités administratives et publiques indépendantes.

            Tout au long de ma carrière, j’ai observé l’évolution de l’état d’esprit de cette « caste dominante de gens très influents », ainsi dénommée par Mme Le Branchu, gagnée de plus en plus par l’appétit du « fric », beaucoup plus que par l’esprit de servir le pays : en résumé, je sors de l’ENA, plutôt dans les grands corps, j’alimente rapidement mon carnet d’adresses, le sésame, en passant rapidement quelques années dans un cabinet ministériel, et je prends le vent du large…

            Résultat, une haute fonction publique de plus en plus perméable aux tentations de l’argent, souvent gangrenée par un autre mal, celui du mélange des genres dans un même couple, entre public et privé, sans que personne ne s’en offusque, même quand il s’agit de secteurs sensibles.

            Comme le relevait le Canard Enchaîné dans un article intitulé « Le bazar chez les cumulards » : « … c’est l’ancien ministre Jacques Toubon qui décroche le pompon… Le total pourrait avoisiner les 30 000 euros mensuels…

           Le défenseur des droits a bien défendu les siens. »

       Ce  débat pose utilement un certain nombre de bonnes questions sur le sens du service public, et sur son évolution au fur et à mesure des années après sa refondation complète par une élite issue de la Résistance en 1945, et la création de l’ENA, considérée alors comme le symbole républicain de la haute fonction publique, en concurrence avec d’autres grandes écoles, Normale Sup, Polytechnique, Saint Cyr, ou encore l’ENFOM, condamnée à disparaître, avec la disparition de l’Empire.

       Le cas Toubon soulève à titre complémentaire deux autres questions d’un autre ordre, à savoir la possibilité du cumul d’une haute fonction publique avec une retraite de haut fonctionnaire, ou d’élu, d’une part, et d’autre part sur l’éthique du service public.

      C’est le cas par exemple, et sauf erreur, des anciens hauts fonctionnaires qui siègent au Conseil Constitutionnel, arbitre des plus hautes élégances juridiques : il est évident que ce type de situation conduit à s’interroger sur la conception du service public qui justifie une telle situation.

        Ce type de nomination trouverait-il son explication dans une conception étrange d’un cursus de haut fonctionnaire, qui classerait le Conseil Constitutionnel, non pas comme une Cour Suprême du modèle européen, mais comme le dernier échelon d’une carrière politico-administrative ?

       Le Figaro du 22 janvier 2019 a proposé dans ses pages 14 et 15 un bon éclairage de ce sujet à la fois complexe et sensible sous le titre « Plongée au sein des très généreuses institutions de la République « 

            Certaines déclarations de hauts fonctionnaires m’ont laissé rêveur, celle de l’ancien Vice-Président du Conseil d’État : « Quel État voulons-nous ? Un Etat paupérisé ou attractif ? Est-ce que  le service de l’intérêt général et du bien commun doit être pénalisé au regard des activités industrielles ou commerciales du secteur marchand ?

            Celle du Gouverneur de la Banque de France jugeant : « blessant pour les fonctionnaires qui ont choisi de s’engager  dans le public plutôt que de gagner nettement plus en entreprise, qu’on leur jette à la figure les trois fromages restants (sic)… »

   Est-ce que ces hauts-fonctionnaires exemplaires sont un exemple pour une jeunesse avide de servir son pays, sans avoir l’obsession du fric, comme ce fut le cas pour nombre d’anciens ?

       Que doit-on alors penser des officiers, militaires, des professeurs, des policiers, des médecins de nos hôpitaux qui ne bénéficient pas du même sort ?

     Est-ce que l’on ne mélange pas le régalien et les marchands des services industriels ou commerciaux relevant de l’État ?

         Que penser aussi des centaines de milliers de Français et de Françaises qui se dévouent jour et nuit au service du bien public, au « prix » de modestes salaires ?

      De quelle France est-il question, de la France « paupérisée » ou « blessée » ?

        Jean Pierre Renaud

PS : beaucoup d’initiés peuvent mettre des noms sur de nombreux transfuges de la haute fonction publique passant dans l’entre-deux monde de façon plus ou moins précoce dans leur courte ou longue carrière, et quelque soient leurs affinités politiques supposées ou affichées, soit pour aller dans le grand business bancaire français ou étranger, fusse en Suisse, ou d’autres grands business privés, y compris le « social », avec une  petite ou grosse fortune à la clé.

Les mots d’un Président – Le nouveau Quiz : « scarifié »

Les mots d’un Président

Le nouveau Quiz : « scarifié » !

            Au cours des dernières semaines, la langue du Président a, de nouveau, fourché avec les « Jojos » des chaines télévisées, alors qu’il s’était engagé à faire « beaucoup plus attention ».

            Dans le Figaro du 1° février, Guillaume Tabard (page 5) se fait l’écho d’un aparté politique à plusieurs avec le Président, sans que l’on connaisse le nom des journalistes conviés à entendre la parole « sainte », dont j’ai retenu avant tout la phrase «  les vingt premiers mois de sa présidence l’avaient « scarifié ».

Je suis tombé en arrêt sur ce mot. J’ai consulté ma tablette, plus commode qu’un dictionnaire : est apparue une liste de significations, toutes liées à l’adolescence : le mot était associé à des maux de l’adolescence, un mal-être qui conduit certains de nos adolescents à s’infliger des blessures physiques.

      Les Français auraient-ils élu, comme certains mauvais esprits le pensent,  un adolescent qui n’a pas terminé sa mue ?

        Une autre explication est-elle plus crédible, liée celle-là à la découverte ou à la connaissance de cultures du monde qui ont pratiqué la «scarification », ou qui la pratiquent encore ?

         J’avais quelques souvenirs de culture ethnologique et je me suis demandé ce que cela voulait dire dans le cas d’espèce, une référence à l’Ouest américain, à l’Amazonie, ou à l’Afrique noire ?

            Incisions médicales, religieuses, ou sociales ? Familiales et tribales ? Décoratives ou rituelles ? En creux ou saillantes ?

            J’avais effectivement rencontré dans ma vie, de tels signes chez des Baribas, des Mossi, ou des Bambaras.

            Il est toutefois aussi exact que de nos jours certains tatouages à la mode s’inscrivent dans cette nouvelle signalétique.

            Un nouveau Quiz présidentiel ? Après celui des « deux mâles blancs » du 22 mai 2018 ?  Quid du Grand Débat avec les quartiers sensibles à Evry-Courcouronnes, avec un seul « mâle blanc » ? Seul témoin  d’une « vibration collective » ?

            Jean Pierre Renaud

15 jours plus tard, avec Macron et les « gilets jaunes » !

Le 15 novembre dernier, j’avais pris la peine d’adresser à deux journalistes du Figaro un message de réaction au contenu de leur article, intéressant d’ailleurs,  sur l’actualité du jour des « gilets jaunes ».

            Je n’ai évidemment pas reçu d’accusé de réception, mais pourquoi hésiterais-je aujourd’hui à publier le texte de ce message ?

            La publication ci-dessous éclairera la lecture de mon humeur tique du   23 novembre dernier intitulée «  Les gilets jaunes du 24 novembre 2018 – Une journée imprévisible face à un gouvernement imprévisible ! – Peuple français, populisme français ou les limites d’une technocratie politique ? ».

            Le message    :                                 «   15 novembre 2018 à 14 : 30

            Bonsoir, très bien votre article à deux, mais pourquoi ne pas choisir un autre angle d’écriture ?

            Sur notre seul porte-avions  dénommé comme par hasard de Gaulle, Macron va tenter de se mettre à nouveau dans le costume de de Gaulle, curieux n’est-ce pas ?

     Pour répondre à une  crise populaire engagée sur un terrain qui manque de clarté, la transition énergétique ? Du haut du porte-avions ?

            Macron « le Petit » montre le cap dans l’image délivrée au peuple, français à bord de ce porte-avions, vous ne trouvez pas cette image surréaliste ?

            Alors que le gouvernement, comme les précédents d’ailleurs, n’a pas été capable de proposer aux Français un Plan de développement de cette transition, c’est-à-dire un cap, avec objectifs et coûts, comme la France en a eu l’habitude dans un lointain passé.

            Macron a tout fait pour détruire les partis politiques, en violation d’ailleurs de notre Constitution qui leur accorde un rôle naturel, les corps intermédiaires aussi, et de s’étonner qu’il « n’avait pas réussi à réconcilier les Français avec leurs dirigeants » ! On croit rêver n’est-ce pas ?

            Enfant d’un « miracle présidentiel » qui n’avait sans doute rien de miraculeux, compte tenu de la puissance de notre establishment technocratique, la majorité actuelle trouve peut-être ses limites, car elle est avant tout une nouvelle forme de technocratie.

            Cordialement »                

 Jean Pierre Renaud

Au fil des jours, avec Israël et la Roumanie

En Israël, le documentaire passionnant de LCP PUBLIC SENAT du 11 août 2018 !

        THE GATEKEEPERS « Six anciens directeurs du service israélien de sécurité intérieure et de renseignement dévoilent les dessous de la politique antiterroriste menée par leur pays depuis la guerre des Six jours »

          Avec la question lancinante de savoir si les choix d’Israël ne condamnent pas cet État à ne jamais connaitre la paix, faute d’avoir eu la possibilité ou le courage de reconnaître un État palestinien.

           Dans l’ambiance d’insécurité internationale et nationale actuelle, et à cette occasion, il faut se poser la question de savoir si nos services de sécurité ont atteint le degré de professionnalisme d’Israël.

          En Roumanie, la diaspora roumaine revient au pays pour dénoncer la corruption du gouvernement :

         « Les Roumains retournent au pays pour manifester » (Le Figaro du 13 août 2018, page 6)

        Alors que les Européens se posent beaucoup de questions sur la gouvernance politique de ce pays !

        A quand les mêmes mouvements des diasporas africaines allant dénoncer la corruption de certains gouvernements de ce continent et de leurs nomenclatures ?

           Pourquoi ne pas penser à l’Algérie, ce pays qui nous aime tant ?

          Jean Pierre Renaud