Humeur Tique : Anelka à Shanghai, du foot « communiste » ? et Beckham à Paris, du foot « socialiste » ?

 Hier encore, à Shanghai !

            Les Echos du 13/12/2011, page 27 :

            « Anelka à Shanghai : dans le foot aussi, la Chine veut jouer dans la cour des grands. »

            « 10,6 millions en euros, le salaire annuel d’Anelka à Shanghai »

            Qui dit mieux ? Mais s’agit-il encore de la Chine communiste ?

            A lire une page d’information très intéressante de la Croix du même jour (page 25) intitulée « Le nouveau temple du luxe », mais surtout les repères qui figurent en bas de cette page, on peut en douter, pour ceux qui en douteraient encore !

            « Les 400 premières fortunes chinoises pèsent plus de 60 milliards d’euros.

            500 000 chinois ont des revenus supérieurs à 750 000 euros par an

 4,7 millions de foyers ont un pouvoir d’achat supérieur à 23 000 euros par an »

Il est vrai que ces chiffres sont à mettre en rapport avec le chiffre énorme de la population chinoise, mais quand même !

En tout cas, formons le vœu que le footballeur Anelka n’oublie pas ses petits camarades de banlieue dans ses largesses de fin d’année.

Aujourd’hui à Paris !

Le PSG recrute le joueur anglais Beckham au tarif de   800 000 euros par mois, pas mal non plus, non ?

La Mairie socialiste de Paris fait effectivement bon ménage avec les émirs du pétrole, mais est-ce que les citoyens parisiens n’auraient pas préféré que notre belle capitale, Paris, préfère « sponsoriser » un club de foot plus démocratique, tels ceux de Sochaux, d’Auxerre, ou de Lens ?

S’il est vrai que l’argent n’a pas d’odeur, pourquoi ne pas dire qu’il pue dans le football parisien ?

Post scriptum: en 2011, et sauf erreur, le PSG bénéficiait encore d’une subvention de 1 250 000 euros

« C’était mieux avant… « Histoire » « L’humeur du jour La chronique de Bruno Frappat » La Croix des 3 et 4 décembre 2011 -Mon propre propos, celui d’un « non-spécialiste

« C’était mieux avant… »

« Histoire »

« L’humeur des jours La chronique de Bruno Frappat »

La Croix des 3 et 4 décembre 2011

Mon propre propos : l’histoire, mais surtout les historiens, jaugés par un « non-spécialiste »

            J’aurais sans doute préféré un titre plus explicite sur le contenu d’une chronique qui  pose un vrai problème, celui du rôle de l’histoire et des historiens dans le temps présent.

            L’auteur rend compte d’un colloque qui s’est tenu au Centre National du Livre, le 29 novembre 2011 « autour de l’œuvre du grand historien Pierre Nora, et en sa présence. Passionnante et troublante journée que l’on ne saurait résumer en quelques phrases de journaliste (on y reviendra) mais dont on peut toutefois signaler l’impression d’ensemble sur un non-spécialiste »

            L’auteur cite un des propos de l’historien et académicien : «  Je ne déplore pas ce qui se passe. Oui, il y a rupture de la continuité entre le présent, le passé et l’avenir, dont on savait naguère plus ou moins ce qu’il serait. L’avenir est obscurci et symétriquement, le passé. »

            Voire ! Je ne partage en effet pas ce point de vue pour quelques- unes des raisons que je vais tenter d’exposer, celles d’un « non-spécialiste ».

            J’ai toujours nourri une certaine passion pour l’histoire. Depuis quelques années, je passe beaucoup de temps en lectures historiques, relatives notamment à l’histoire coloniale, et mon diagnostic rejoint celui qui est formulé par la distinction qu’a proposée M.Gauchet :

« Les historiens sont voués aux « exigences du second degré », tandis que le public est « en attente du premier degré ». D’où divorce, en dépit de la passion répandue pour l’histoire. »

Première observation : l’histoire n’est- elle pas, en effet, descendue dans la rue, alors qu’elle me parait avoir été longtemps cantonnée dans les universités, dans les établissements scolaires, et dans les livres ? Et donc vouée au « second degré » ?

Deuxième observation : pourquoi les médias, avec les journalistes, pas tous, se sont emparés à tout propos de l’histoire à chaud, du « premier degré » ?

En raison de l’explosion des médias, sans doute, mais, et  tout autant, du goût de certains historiens de paraître, d’exister, de se faire un nom, j’ajouterais volontiers, « coûte que coûte », en exposant les résultats de leurs recherches, trop souvent axées, et très précisément, sur ce « premier degré », c’est-à-dire, et trop souvent sur leurs convictions politiques.

En bref, de l’histoire plein com !

Troisième observation faite par un « non-spécialiste » de l’histoire des historiens,  l’impression, et au-delà, la conviction, vraisemblablement piégée par la grande puissance de frappe médiatique de ce même « premier degré »,  que les historiens dont on parle sont peut-être ceux qui avaient fondé beaucoup trop d’espoirs sur l’avenir du marxisme, et qui, trop souvent, ont été mêlés, de loin ou de près, à une histoire du « premier degré », celle du conflit algérien et des migrations.

Comment ne pas noter que la guerre d’Algérie alimente encore beaucoup des contributions historiques proposées à la lecture des Français, une sorte d’obsession du « premier degré » ?

N’y-a-t-il pas en France, et en quelque sorte, une Ecole historique franco-française ou franco-algérienne du « premier degré », une école qui accaparerait tout, et oublierait à la fois le cadre européen, le cadre mondial, la « longue durée », et en définitive l’histoire ?

Est-ce que par hasard certains historiens n’auraient pas trouvé là une meilleure cause à défendre que celle d’un marxisme qui s’est écroulé avec le vieux monde du XX°siècle, une cause nourrie de mauvaise conscience, de victimisation, de repentance, et d’humanitarisme ?

Et en finale, une question et un brin de prédiction !

La question : le colloque en question réunissait un très beau monde d’intellectuels, quelquefois saisis par l’émotion, telle que  racontée par M.Frappat, mais au-delà de cette histoire de l’émotion, certains, encore fidèles à leur liberté d’esprit, se sont peut-être demandés, si, par hasard, l’histoire avec un  grand H, ne souffrait pas trop de l’influence du « marché » (= mémoire), des relations de porosité ambiguë entre les médias, les directeurs de collection, les historiens, et les éditeurs ?

D’où cette dualité dénoncée entre le « premier degré » et le « second degré » !

Et un brin de prédiction : l’avenir, c’est-à-dire notre histoire, dira si les historiens du « second degré », de la « longue durée », laissés actuellement dans l’ombre, ne renverront pas un jour les historiens du « premier degré » à leurs chères études. Je le pense, et je l’espère.

Jean Pierre Renaud