Mali, Centrafrique, le néocolonialisme français? Nouveaux atours de la Françafrique ?

Mali, Centrafrique, le néocolonialisme français ?

Les raisons bonnes ou mauvaises  des interventions à répétition de la France en Afrique !

Nouveaux atours de la Françafrique ?

            La dernière décision du Président de la République de faire intervenir les troupes françaises en Centrafrique, le « j’ai décidé » a suscité des réactions diverses dans le monde politique ou géopolitique, telles que celles publiées par Le Monde, le 4 décembre 2013, sous le titre «  Néocolonialisme français en Afrique », ou dans la Croix, le 5 décembre 2013, sous le titre « Les interventions françaises ».

            Il parait  intéressant et utile de récapituler les arguments échangés par un homme politique (de Villepin), un anthropologue (Amselle), deux politologues ( Marchal et Galy) , un humanitaire (Bolopion), et un géopolitologue, le patron actuel de l’IRIS (Boniface).

               Une France néocolonialiste?

            M.Bolopionl’humanitaire serait sans doute le seul à tenir un discours qui pourrait mettre tout le monde d’accord, une intervention justifiée par la terreur qui règne dans un pays. Pourquoi la France ? Et en a-t-elle le droit, le devoir, et les moyens ? Une France humanitaire sur la terre entière ?

            Il ne s’agirait donc pas de néocolonialisme.

       Des deux politologues,  le premier, M.Marchal, défend une position qui dénie tout néocolonialisme dans l’intervention française, mais critique le manque de vision de notre pays, « la courte vue des interventions françaises », « une gestion à la petite semaine », le deuxième, M.Galy,  reconnait clairement dans cette intervention « la dernière aventure coloniale »,  « une de ces manifestations dont la Françafrique a le secret depuis cinquante ans : allégeance et préparation d’interventions militaires »

          M.Amselle, l’anthropologue, nous propose, en prenant le cas du Mali, une ouverture sur la structure des sociétés africaines traditionnelles étrangères aux concepts d’état et de société civile qui sont les nôtres, puisqu’elles seraient fondées sur les concepts des clans et des lignages, une appellation savante de ce que d’aucuns dénommeraient ethnies ou tribus, et d’après lui :

         « Or le lien politique en Afrique est régi essentiellement par des principes de prédation et de redistribution du type clientéliste. »

         Une affirmation qui parait bien sévère à la fois dans le constat et dans les conséquences qu’il en tire, car toute l’immense zone du Sahel a longtemps bénéficié de la force structurante d’un Islam plutôt modéré et tolérant, et les structures traditionnelles n’étaient pas obligatoirement synonymes de « prédation et de redistribution clientéliste ».

        Pourquoi par ailleurs des pays comme le Sénégal, le Ghana, le Niger, la Nigéria, ou le Cameroun, ont réussi, en dépit de l’existence des clans et des lignages,  à maintenir tant bien que mal, sinon à renforcer,  un  Etat issu de la colonisation ?

Les analyses de MM Villepin et Boniface s’inscrivent dans un contexte de réflexion plus large.

         M. de Villepin évoque « une recolonisation bienveillante », une autre formulation donc d’une sorte de néocolonialisme, non ?

         Il note toutefois : « Il faut dire ici une vérité criante : la France est la plus mal placée pour intervenir en  Centrafrique. »

         Mais son analyse cadre bien le sujet, à savoir la nécessité de faire entrer toute initiative française à la fois dans un cadre international (l’ONU), ce qui a été fait, mais également dans un cadre européen, ce qui n’a pas été fait.

       M.de Villepin critique ce type  de stratégie, «  celle d’un engrenage régional » et constate  qu’ «  en vérité, la France n’a pas de politique africaine. »

      M.Boniface, géopolitologue,  légitime l’intervention française en la situant dans le cadre plus large de la politique étrangère française à l’égard de la Palestine et de l’Iran, mais en la justifiant essentiellement par l’impératif de l’urgence et par le fait que la France était la seule puissance capable d’intervenir aussi vite sur des théâtres d’opérations qu’elle connait bien.

     Il écrit : « Tout ceci reste encore dans la limite de ses moyens actuels et rappelle la nécessité de respecter scrupuleusement la loi de programmation militaire »

      Cela reste évidemment à démontrer ! Qui connait en effet le coût actuel de l’opération Serval au Mali et les coûts induits sur notre appareil de défense, alors que la France est endettée jusqu’au cou, et qu’elle finance donc ces guerres en s’endettant encore un peu plus (1)  et qu’elle a toujours l’ambition d’être une puissance atomique ?

     Le legs politique que cite l’auteur, à ce sujet, celui du respect de principes gaullo-mitterrandistes qui auraient régi notre politique africaine laisse un peu rêveur, compte tenu de l’héritage des réseaux Foccart ou Penne, ceux précisément de la Françafrique.

      Les questions qui peuvent être posées contre cette nouvelle intervention française en Centrafrique sont les suivantes :

      1   – Avec sa dette publique colossale, un pays en crise, la France aurait donc encore les moyens d’intervenir seule et à crédit ?

      2   – Une France seule, sans l’Europe ? Pourquoi le Président de la République n’a-t-il pas pris le soin de demander l’avis et l’engagement du Conseil Exécutif de l’Europe sur l’opportunité de cette intervention ?

     3 –   Pourquoi la France devrait-elle porter ce « nouveau fardeau de l’homme blanc », sans que l’Algérie n’y prenne part et responsabilités dans le cas du Mali, et ailleurs, sans le concours des autres membres permanents du Conseil de Sécurité, notamment la Chine, nouvelle puissance du monde africain ?

     4 –  Pourquoi la France n’imiterait-elle pas la Grande Bretagne qui s’est bien gardée jusqu’à présent, mis à part le cas limité, en temps, en Sierra Leone, de mettre la main dans les autres guerres civiles qui affectent encore quelques- uns de ses anciens territoires, par exemple l’ancien Soudan Anglo-Egyptien, où se poursuit toujours une guerre, ouverte ou larvée entre les populations arabes du nord, musulmanes, et les populations noires, chrétiennes ou animistes du sud ?

    Comment en définitive ne pas trouver dans ce type d’intervention fût-elle humanitaire, comme un parfum de néocolonialisme qui ne dit pas son nom ?

       Comment ne pas être choqué par l’étendue des pouvoirs du chef d’un Etat qui n’est pas démocratique, étant donné que la Constitution, modifiée en 2008, autorise par avance cet excès de pouvoir ?

     « Vu l’urgence, j’ai décidé, d’agir immédiatement… Cette intervention sera rapide… »

      Comme sous Louis XIV donc !

      Exit le Parlement, même lorsque la France fait la guerre ?

     Comment ne pas constater aussi que notre politique africaine, et plus largement, la politique française dans son ensemble, n’ont plus les pieds sur terre, et qu’elles continuent à se déployer dans un monde qui n’est plus ?

Jean Pierre Renaud, ancien haut fonctionnaire

(1)  Un général chiffrait le coût unitaire de ce type d’intervention par soldat pour une année, à la somme de 100.000 euros. A ce tarif, le budget Mali et Centrafrique dépasserait déjà le milliard d’euros.

NON MILLE FOIS NON à la subversion de l’Image de Paris, image de la France, par le Qatar!

NON MILLE FOIS NON à la subversion de l’Image de Paris, Image de la France, par le Qatar !

Avec prière d’insérer de la part du Club Camille Desmoulins (1789-2013)

Noces d’images entre la capitale de la France et le Qatar, avec le Qatar Paris Saint Germain ?

Parisiens et Parisiennes, signons une pétition pour que le Conseil de Paris refuse d’examiner, le 16 décembre prochain, quelques mois seulement avant les élections municipales du printemps 2014,  la convention d’occupation du Stade des Princes pendant trente années,

30 ans !

Un nouveau printemps arabe ?

Engageons-nous à refuser notre vote aux conseillers de Paris et aux formations politiques qui auront autorisé ces nouvelles noces d’or entre Paris et le Qatar !

Pourquoi un tel refus ?

1-   La nouvelle traite des esclaves :

      Presque chaque jour, les médias font état de l’exploitation humaine qui sévit au Qatar.

       A titre d’exemple, Les Echos du 26 novembre dernier, une page entière, la 13, pour décrire la situation effroyable des travailleurs immigrés du Qatar, sous le titre «  A Doha, les soutiers du miracle qatari ».

2 – L’impérialisme d’un petit Etat théocratique

         au goût du jour, le soi-disant soft power des puissances modernes, lequel avec pièces sonnantes et trébuchantes s’approprie, pour ne pas dire aliène, l’image de la capitale de la France. A travers un club de football, fut-il prestigieux, il ne faut pas confondre, l’image d’un Etat démocratique et républicain avec celle d’un Etat théocratique.

3 – Un Etat où la laïcité n’est pas la bienvenue !

       Dans le journal la Croix du 26 novembre dernier, un long article intitulé « La nouvelle jeunesse de la Mission laïque française », et à la fin de cette chronique le texte ci-après :

      « Seul anicroche, la Mission a dû se retirer en décembre 2012 du Qatar. Elle y gérait depuis 2007 le lycée franco quatarien Voltaire, ouvert à la demande de l’émirat… Mais l’émirat s’immisçait dans les programmes. Un manuel d’enseignement de la langue arabe a du être remplacé par un autre mêlant apprentissage de la langue arabe et de la religion et qui s’ouvrait par un verset du Coran. A tout ceci s’est ajouté un litige financier : « Une histoire de détournement d’argent montée de toutes pièces par la Qatar pour prendre le contrôle du lycée, estime Yves Aubin de la Messuzière. Nous sommes devenus indésirables du fait de notre vigilance sur les programmes. »

4 – Un mélange des genres détonnant entre République et théocratie islamique

       Comment ne pas être attentif à tout ce qui peut dans notre pays être porteur de nouvelles divisions, sinon tensions, entre sunnites et chiites ?

        Compte tenu des nouvelles guerres de religions qui agitent le Moyen Orient !

        Et du souvenir de nos anciennes guerres de religion!

5 – Le football français pourri par le fric, les centaines de millions d’euros du Qatar !

Stop au tout pour le fric !

De la part des membres du Club Camille Desmoulins

 (1789-2013)

« Mali-France, vers une relation renouvelée » La Croix du 3 octobre 2013, par Oumar Keïta et Michel Galy

« AUTREMENT DIT »

Journal La Croix du 3 octobre 2013

« OPINION  OUMAR KEÏTA et MICHEL GALY »

« Mali-France, vers une relation renouvelée »

  La chronique en question est cosignée Oumar Keïta et Michel Galy : ce dernier est politologue et M.Keïta est historien représentant en France du Président Ibrahim Boubacar Keïta, lequel vient d’être élu Président du Mali.

                 Cette chronique est un plaidoyer pour une nouvelle relation entre le Mali et l’ancienne puissance coloniale, c’est-à-dire la France.

            Le texte en question me laisse très dubitatif, peut être en raison d’une culture historique insuffisante sur le sujet, mais je n’en suis pas convaincu, et je me demande si, dans ce duo d’écriture, l’historien « engagé » exprime bien la réalité des problèmes passés et actuels des relations entre les deux pays, dans un langage un peu trop euphorisant.

            « Les temps ont changé », bien sûr, mais il est tout de même difficile de faire porter la responsabilité des maux actuels du Mali sur l’ancienne puissance coloniale, comme la conclusion semble le suggérer dans une formulation contestable :

           « De sorte que ce soient les relations Mali-France qui priment, c’est-à-dire l’intérêt malien avant tout : à ce prix, ce sont aussi les décideurs, les acteurs de coopération et le peuple même de l’ancienne puissance coloniale qui seront libérés du lourd poids de l’Histoire, et auront de tout cœur droit à la gratitude et à l’alliance du peuple malien » »

        «  Le peuple même de l’ancienne puissance coloniale… le lourd poids de l’Histoire », vraiment ?

           Diable ! M.Keita serait sans doute surpris de l’ignorance des Français en général et des élites en particulier sur le sujet, et il parait tout de même difficile, plus de cinquante après l’indépendance du Mali d’appeler  « l’Histoire » en garantie d’un tel propos.

           Mais soit ! Allons donc au fond du sujet !

       L’Europe et l’Algérie, au premier chef, sont au moins autant, sinon plus concernées que la France, par la situation du Mali.

               La France a eu de la peine à mobiliser l’Europe et l’ONU sur la cause du Mali, et l’Algérie, officiellement en tout cas, est aux abonnés absents.

               La reconstruction d’un Etat et d’une armée dépasse largement les moyens de la France, et tout dépend des Maliens eux-mêmes et des conditions qu’ils devront remplir pour atteindre un tel résultat.

         Une paix difficile à stabiliser, si les pays africains voisins ne mettent pas longtemps la main à la pâte, si un Islam modéré ne réussit pas à canaliser et à pacifier les initiatives d’un Islam extrême, si la société malienne ne réussit pas à modérer son dynamisme démographique, et enfin si les responsables du pays ne mettent pas en œuvre une réforme institutionnelle reconnaissant la réalité d’un peuple Touareg dont il est tout de même difficile de continuer à nier l’existence.    

           Et en point final, comment ne pas rappeler que la France ne fut présente au Mali que pendant une période d’à peine plus de soixante années ?

 Jean Pierre Renaud

Le musée fantôme de la Cité de l’histoire de l’immigration

  Sur le blog du 12 avril 2010, j’avais proposé une réflexion critique sur ce nouveau musée, après l’avoir visité avec mon épouse.

            L’article était intitulé : «  Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Immigration, pourquoi fantôme ? » 

            J’expliquais que, compte tenu de la faible fréquentation de ce nouveau musée, comparée à celle de l’aquarium tropical, il aurait mieux valu consacrer ce budget à une fondation destinée à aider les nouveaux « ghettos » du pays à rentrer dans la République.

               A lire un article du journal La Croix du 30 juillet dernier (France, page 7), intitulé « Un quart des Français issus de l’immigration », et à constater l’évolution de son public et d’une nouvelle configuration institutionnelle qui verrait la fusion du musée et de l’aquarium, mon analyse n’était pas loin de la réalité : en 2011, 64 0879 visiteurs seulement, composés pour 51% de groupes.

                C’est dire la non-existence de ce musée, comparé par exemple à celui du Quai Branly qui a enregistré 1 310 148 entrées en 2012, pour ne pas citer le cas exceptionnel du Louvre avec 9 720 000 entrées la même année.

                  Une initiative muséale beaucoup plus créative comparable à celle du musée itinérant, et donc « migrateur », dénommé Mu Mo, dédié à l’art, aurait été mieux adaptée au sujet, et incontestablement moins coûteuse pour le contribuable :

             « C’est un vingt-cinq tonnes qui a déjà parcouru 28 000 kilomètres, en France, en Belgique, en Suisse, en Côte d’Ivoire, au Cameroun… s’il profite de l’été pour une révision, c’est que le reste de l’année, il accueille des scolaires. Déjà 38 000 enfants de 6 à 12 ans, en provenance de 200 écoles différentes, ont eu droit à des visites guidées… »  (Les Echos des 23 et 24 août 2003, page 13)

              Je serais tenté de dire que l’initiative muséale évoquée dans le journal La Croix  donne la mesure de la grande ambigüité du discours de certains groupes de chercheurs à la mode dans les médias, et aussi de politiques,  quant aux effets de la mémoire collective coloniale sur notre mémoire coloniale collective, une mesure qu’aucun des groupes de pression actifs sur le sujet n’a eu le courage d’effectuer sérieusement.

             1) Mis à part le cas de l’Algérie, l’histoire coloniale, avec son cortège d’immigrations d’origine africaine, intéresse peu de monde.

             2) Et dans le cas de l’Algérie, il serait sans doute intéressant, à moins que cela n’ait déjà été fait, de voir comment l’institution organisera une exposition sur les courants d’immigration algérienne nés de la dernière guerre civile dans les années 1990.

            Sur la même page de l’article cité, un des historiens des milieux cités plus haut croit pouvoir déclarer (1), sans doute en pleine innocence :

            1)     « Si vous remontez sur vingt générations, vous avez une bonne chance de vous trouver un ancêtre noir, originaire d’Haïti, d’Afrique ou de Saint Domingue »

            Une bonne chance sur combien ?

           2      La France «  ne se voit pas comme un pays de métissage » A la différence des Etats-Unis où l’immigration est une fierté et fait partie de l’imaginaire national »

         L’historien en question oserait donc affirmer que les Etats-Unis ne conserveraient pas dans leur mémoire collective le souvenir « cuisant », à la fois de la traite des esclaves et d’une discrimination raciale officielle qui n’a été abolie que dans les années 1960, pour ne pas évoquer une discrimination réelle encore persistante.

Jean Pierre Renaud

(1)   Plus c’est gros, plus ça passe ?

Humeur Tique: ONU, Polynésie, et hypocrisie postcoloniale: Et pourquoi pas une opération vérité?

Mais cartes sur table, y compris « niches » sous la table !

            Le 17 mai 2013, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté une résolution faisant de la Polynésie un territoire à décoloniser.

            Dans son numéro du 21 mai, le journal La Croix fait paraître un article sous le titre (page 8) :

            « En Polynésie, la question de la « décolonisation » désormais posée »

            Après tout pourquoi pas ?

           Pourquoi pas une opération vérité ?

          Un référendum sous le contrôle de l’ONU, mais à une condition, la publication de l’état complet et actuel des relations existant entre la France et la Polynésie, sur le plan des institutions, des échanges économiques et financiers, et des migrations.

        La France peut difficilement un jour demander à l’ONU l’autorisation d’intervenir en Côte d’Ivoire, en Libye, ou au Mali, et le lendemain récuser un vote de la même ONU sur un sujet qui dérange son histoire.

      Aux citoyens de Polynésie de décider de leur avenir en toute connaissance de cause !

      Et pourquoi ne pas inviter éventuellement les  citoyens d’autres îles à faire de même ?

Avec en supplément « alimentaire », comme c’est aujourd’hui la mode, le petit post- scriptum ci-après :

Dans le Canard Enchaîné du 22 mai 2013, et en première page, une petite chronique éclairante intitulée :

« Palme d’or à Tahiti

      « …En attendant un hypothétique référendum d’autodétermination, l’Etat français continuera donc de dépenser, chaque année, sous les cocotiers 1,5 milliard d’euros pour ses fonctionnaires et 590 millions en dotations versées directement dans les caisses de plus en plus vides du territoire.

       Une atroce colonisation ! »

    La Polynésie compte de l’ordre de 270 000 habitants

Indépendance de la Justice: Qui sait quoi? Il faut rattacher la Police Judiciaire à l’autorité judiciaire

Une information multiforme ! Qui sait quoi ? Les gouvernements, les journalistes, ou les juges ?

Toujours les mêmes rideaux de fumée !

En France et à Paris, peut-on faire confiance à l’indépendance de la Justice ? Sans que la Police Judiciaire relève de l’autorité judiciaire ?

            Il y a quelques années un ministre socialiste de l’Intérieur, plutôt sectaire, se félicitait d’avoir mis fin au système des notes blanches venues d’un service de police, ni vues, ni connues, destinées à informer les ministres de toutes les situations ou incidents de la vie privée, les plus croustillants si possible, du microcosme parisien, en vue de nourrir la curiosité ou les idées d’initiatives des plus hautes autorités de l’Etat.

            Il n’est pas démontré que ce système aurait évité au pays les affaires les plus récentes, telle que celle de DSK, et aujourd’hui, celle de Cahuzac, mais les services de police du ministère de l’Intérieur disposent toujours de multiples sources d’information nationale et internationale, et dans le cas particulier de la Police Judiciaire, il existe un risque permanent de mélange des genres.

            Les sources politiques sont au moins aussi importantes que par le passé, et il suffit de lire dans le journal La Croix du 5 avril 2013, page 4, l’article intitulé « Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice », le service mis en cause étant la Direction centrale du renseignement intérieur, lequel service sait évidemment beaucoup de choses.

            Il n’y aurait donc plus de RG en France ? Et le pouvoir politique ou tous ceux qui gravitent au sein des lieux du vrai pouvoir n’auraient plus accès à certaines informations ? Il n’y a pas si longtemps, il s’agissait de la corruption politique par la voie des marchés publics, et de nos jours, il s’agit de montages beaucoup plus sophistiqués encore, par le biais de pays étrangers.

            Il ne faut pas avoir trop d’illusions à ce sujet et croire qu’on empêchera un jour les gens de pouvoir, politique ou économique, d’avoir accès à des informations ignorées du bon peuple, mais il est un domaine au moins où il est possible de mieux verrouiller les processus de l’information, la judiciaire.

           A la suite des affaires récentes, le pouvoir politique a déclaré haut et fort qu’il avait respecté l’indépendance de la Justice et qu’il allait proposer de nouvelles mesures législatives pour la renforcer.

            Nous verrons bien ce qu’il en est en ce qui concerne les autorités judiciaires, notamment l’indépendance du Parquet, mais pourquoi ne pas mettre fin à une autre hypocrisie liée à l’organisation des institutions, c’est-à-dire le rattachement de la Police Judiciaire au ministère de l’Intérieur ? Un rattachement dont la légitimité démocratique est régulièrement évoqué depuis des lustres, sans que rien ne soit fait !           

             A qui fera-t-on croire que dans la capitale, et sans doute aussi en province, avec ou sans notes blanches, les fonctionnaires de police n’informent pas leur hiérarchie du résultat de leurs enquêtes sur les affaires les plus sensibles, c’est-à-dire aussi le Préfet de Police, et naturellement le Cabinet du ministre de l’Intérieur ?

Les mœurs auraient changé à ce point, et les hauts fonctionnaires seraient devenus par un coup de baguette magique des petits saints ?

Avec l’affaire Cahuzac, et afin de lever tout soupçon de mélange des genres entre l’autorité politique et l’autorité judiciaire, il convient donc d’aller jusqu’au bout du raisonnement au moins dans un cas essentiel, c’est à dire rattacher la Police Judiciaire à l’autorité judiciaire.

Jean Pierre Renaud

Les sociétés coloniales à l’âge des Empires: Les ethnies, une « invention » des Blancs?

Les sociétés coloniales à l’âge des Empires

 (1850-1950)

Les ethnies, une « invention » des Blancs ?

« Ainsi, par exemple, l’invention de l’ethnie permet au colonisateur de se doter d’une arme de gestion particulièrement efficace » (voir livre « Les sociétés coloniales à l’âge des Empires, page 11, et premiers commentaires sur le blog du 8 janvier 2013

Réalité ou fiction ?

Ou encore la forme moderne de l’ethnocentrisme d’une mauvaise conscience anachronique ?

Ou encore le syndrome historique des filles repenties de la monarchie ?

             Des chercheurs à la mode ont « inventé » à proprement parler la thèse d’après laquelle le concept d’ethnie, et sa réalité toute coloniale, et exclusivement coloniale, c’est-à-dire inscrite dans un rapport de domination, aurait été « inventée », c’est à dire créée de toutes pièces par le colonisateur.

            Définition et vocabulaire

Avant d’aller plus loin, rappelons le sens qu’un dictionnaire comme le Petit Robert donne au mot « inventer » : « 1° Créer ou découvrir quelque chose de nouveau – 2° Trouver, imaginer pour un usage particulier -3° Imaginer de façon arbitraire

            La thèse citée plus haut parait faire référence aux 2° et 3° des définitions ci-dessus, c’est à dire que la puissance coloniale aurait donc imaginé le concept d’ethnie aux fins de pouvoir mieux dominer les sociétés autochtones.

            Et au mot « ethnie » : « ensemble d’individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment de communauté de langue et de culture »

            Pertinence historique ?

 Il est possible de reprocher beaucoup de choses aux premiers explorateurs, officiers, ou administrateurs, mais les récits ou rapports qu’ils faisaient, et ils furent nombreux, tentaient de décrire plus ou moins bien, plus ou moins précisément, les langues, mœurs, coutumes civiles ou religieuses des peuples qu’ils « découvraient » effectivement.

            En Afrique, Mage racontait-il des bêtises, et avant lui Mungo Park, en décrivant les peuples dont il faisait la connaissance, les Toucouleurs, les  Soninkés, les Bambaras, ou  les Touaregs, en se rendant à Ségou, chez l’empereur Ahmadou, au cours de son voyage des années 1864-1866 ? Il assista même à une bataille célèbre et meurtrière entre Toucouleurs et Bambaras, celle de Toghou, en 1866.

            Dans le livre très documenté, intitulé « L’Empire Peul du Macina » (1818-1853), et en décrivant cet Empire, les deux auteurs A.Hampaté-Bâ et  J.Daguet inventaient le concept d’ethnie en dénommant Peuls, Bambaras, Songhay, et Touaregs au cours des nombreuses guerres qui eurent lieu sous le règne de l’Empereur Cheik Amadou ?

            Les esprits curieux pourraient d’ailleurs y trouver maintes informations susceptibles d’éclairer les crises du Mali, actuelle ou passées.

            Plus tard, au cours des deux années 1887 et 1889, Binger, dans son long périple d’Afrique occidentale, du Sénégal à une Côte d’Ivoire qui n’existait pas encore, racontait des histoires, en décrivant les peuples qu’il y rencontrait, ou pour le dire plus crument mentait ? Et plus tard, aussi Delafosse, par exemple ?

            Et Livingstone au cours de ses expéditions à travers l’Afrique du Sud et l’Afrique Centrale, dans les années 1840-1850, dénommait beaucoup des peuples qu’il rencontrait, les Cololos, les Londas, les Tébélés ou les Zoulous, en déformant complètement la réalité… ?

            En Asie, des explorateurs du Laos comme Mouhot ou Pavie, inventaient-ils  les ethnies qu’ils rencontraient et décrivaient, Mouhot, dans les années 1860-186, et Pavie dans les années 1889-1890, les Khmers, les Annamites, les Thaïs, les Méos…. ?

            A Madagascar, Grandidier, après y avoir effectué, entre 1865 et 1870,  un long voyage de découverte de type encyclopédique,  inventait-il les dix-huit ou dix-neuf ethnies qui peuplaient la grande île ?

Pertinence actuelle ? :

A lire les reportages dans les journaux sur l’actualité du monde, ou à en voir à la télévision, il ne se passe peut-être pas un jour sans qu’il soit question de peuples qui se différencient les uns des autres, par leurs mœurs, leurs coutumes, leurs croyances, leur identité, qui s’en différencient pacifiquement ou non, qu’ils soient qualifiés ou non d’ethnies.

Tous les journalistes auraient donc été intoxiqués à ce point par une fausse interprétation du monde ? Par l’invention de l’ethnie ? Ou manqueraient-ils de culture ?

De multiples exemples au choix : Libération du 29/01/2008, page 10 Monde : « Kenya  A Naivasha et dans la vallée du Rift, les violences politico-ethniques empirent », de la faute des Anglais qui écrasèrent dans le passé la révolte des Mau-Mau, c’est-à-dire des kikuyu qui ont toujours maille à partir avec les autres peuples ou ethnies, les Luos, Kisii, ou Kalenjin.

Dans le Figaro du 9 octobre 2012, page 8 sur le Mali, « l’ethnie touareg », les « mouvements touareg », la « minorité touareg ». Le Président du Niger parle de « peuple touareg », « Il n’y a pas d’ethnie privilégiée »

Dans La Croix du 15 février 2012, page 7 : « Au Maroc : des femmes revendiquent leurs droits sur les terres »… « Le Maroc compte 4 600 tribus exploitant près de 15 millions d’hectares de terres collectives. »

Dans Le Monde des 3 et 4 mars 2013, à nouveau le Kenya, Géo &Politique, page 3 : «  Le Kenya hanté par ses heures sombres », une page entière d’analyse sur le sujet avec toute une gamme de qualificatifs de caractère ethnique ou pseudo-ethnique « triptyque : luttes tribales, conflits fonciers, ambitions politiques », les rivalités interethniques », « les membres d’une tribu ou d’une ethnie », « les deux champions des communautés kikuyu et kalenjin »

Bien sûr, il est tout à fait possible de tourner autour du pot des définitions, car beaucoup de mots peuvent être utilisés pour cerner ce type de réalité sociale, culturelle, ou religieuse, mais le fond du concept de la définition reste le même, c’est-à-dire un classement par critères d’identification et de revendication de croyances, de mœurs, ou de cultures différentes.

Au choix, les termes d’ethnies, de peuples, de minorités, de communautés, de mouvements, de tribus,  ou encore celui d’appartenance, récemment relevé !

La thèse en question repose donc sur une querelle du type « sexe des anges », et elle cache en réalité la volonté de masquer une problématique très ancienne de rivalité et de conflit entre des peuples, des communautés, ou des ethnies, pour user de cette expression, en transférant la responsabilité de cette problématique sur les épaules des anciens colonisateurs, c’est à dire de leur faire endosser tous les malheurs actuels de ces peuples.

Pour le dire clairement, les interprétations qui sont données au concept d’ethnie, telles que celles que j’ai citées, manifestent à mon avis une sorte de nouvelle forme d’ethnocentrisme rentré, inversé, qui se veut coupable, qui ne dit pas son nom, laquelle veut réinterpréter la marche du monde.

Il s’agirait donc d’une tendance à considérer l’histoire avec une culture de repentance qui marquerait un nouveau modèle de recherche idéologique, plus que scientifique.

Une  restriction toutefois dans la démonstration, celle qui a vu effectivement les puissances coloniales s’appuyer sur telle ou telle ethnie pour assurer son pouvoir, comme ce fut le cas avec la politique des races de Gallieni, mais une telle politique n’a rien inventé en matière d’ethnie, si ce n’est quelquefois d’ajouter à une complexité interethnique préexistante.

Il aurait été tout à fait surprenant que la puissance coloniale ait pu miraculeusement, en un peu plus de cinquante ans, mettre au monde des ethnies qui n’existaient pas.

Le CQFD de l’histoire coloniale et postcoloniale : la démonstration historique qu’il fallait faire ! Les blancs, puisqu’il convient de les appeler clairement, dans le cas d’espèce, par leur nom,  ont créé de toute pièce les ethnies pour mieux asservir les populations colonisées, et sont donc responsables des guerres ethniques qui agitent encore plusieurs continents, dont l’Afrique !

En résumé, une propagande postcoloniale sans doute plus efficace que ne l’a jamais été la propagande coloniale.

Jean Pierre Renaud

PS : après avoir lu ce texte, pas drôle du tout, une amie chère à mon cœur, en a tiré la conclusion qu’il suffisait peut-être de lire le CQFD !

Les sociétés coloniales avec un brin d’impertinence historique – Coolies, engagistes et domestiques indonésiennes en Arabie saoudite- Exercice de citation et de discussion

Les sociétés coloniales avec un brin d’impertinence historique !

Coolies, engagistes (1850-1950) et domestiques indonésiennes en Arabie saoudite (2013)

Exercice de citations et de discussion : critère colonial, postcolonial, ou multiséculaire ? Les chimères de l’histoire coloniale ?

            Nous avons déjà commenté le livre qui a été consacré à la préparation du CAPES et de l’agrégation d’histoire.

            L’ouvrage consacre une contribution fouillée à l’histoire des sociétés coloniales au travail 1850-1950 Esclavages, engagistes et coolies.

            Quelques propositions de citations du texte : tout d’abord sur l’esprit de la réflexion et ensuite sur le contenu de la réflexion :

            L’esprit de la réflexion

            Introduction

« De tout temps, en tous lieux, la colonisation est décrite comme violente, militairement, éthiquement, politiquement, culturellement, parfois même physiquement. L’action de coloniser sous toutes les formes qui en découlent, introduit des déséquilibres sociaux profonds, d’hybridations dont sont porteuses les sociétés coloniales. N’en déplaise à ses thuriféraires, les sociétés qui en sont issues sont toutes porteuses du déséquilibre primal qu’introduit cette transaction hégémonique qui accouche violemment d’un système complexe à dimensions multiples, influant sur les sociétés des colonisés comme sur celles des colonisateurs et qui agit encore au-delà sur des indépendances sur les colonies et les métropoles par effet de réverbération. » (page 163)

L’auteur décrit les mouvements internationaux de population sous l’angle historique des sociétés coloniales :

«  Ainsi, dès le XIXème siècle, les migrations de travailleurs liées à l’engagisme – numériquement plutôt sino-indien – constituent un mouvement migratoire d’une importance considérable pour l’histoire mondiale et celle des sociétés coloniales. Elles sont au moins aussi importantes que les vastes mouvements de populations  européennes du XIXème siècle s’installant dans ce que l’on appelle alors des « colonies de peuplement » comme l’Afrique du sud britannique, le Südwestafrika allemand ou l’Algérie française… » (page 164)

Dans ce texte, il manque peut-être une définition des sociétés coloniales qui sont les cibles choisies par l’auteur pour décrire les phénomènes historiques, tout en notant l’expression tout à fait curieuse utilisée par un historien pour apprécier, je dirais objectivement, techniquement, ce type d’histoires : « N’en déplaise  à ses thuriféraires… »

Le contenu de la réflexion

            Quelques chiffres et dates de la description historique, avec la conclusion  proposée :

                A la Jamaïque, « 254 000 esclaves vers 1830 » (page 167)

            De 1841 à 1867, « ce furent près de 35 000 Africains libres engagés sous contrats qui entrèrent dans les colonies britanniques…. » (page 169)

            Avec le coolie trade, 120 000 coolies  viennent à Cuba. (page 171)

            Les migrations chinoises : 7 millions de Chinois entrent en Malaisie entre 1840 et 1940. (page 179)

            « Quel bilan chiffré peut-on tirer de ces migrations à l’échelle du globe, résultat des chocs impériaux ? Si près de 15 millions de coolies chinois quittèrent leur pays pour travailler dans le monde entier (Canada, Australie, Etats Unis aussi,  qui mirent tous en place des politiques de quotas et en limitèrent la venue par crainte de perdre leur identité blanche), ce fut principalement en Asie du Sud Est que la diaspora chinoise fut la plus marquante. .. » (page 179)

            Discussion et questionnement sur le colonial et le postcolonial

            L’auteur place son analyse dans le champ des sociétés coloniales et des « chocs impériaux » qui seraient la cause des migrations du travail décrites.

            Questions :

            Est-il possible d’interpréter ces migrations comme étant celles d’un rapport de domination coloniale, de « transaction hégémonique » ?

1 – sans comparer l’ensemble des mouvements migratoires européens, indiens ou chinois, car, et comme indiqué, les migrations « blanches » furent également importantes au cours de la même période.

2 – sans s’interroger sur les causes de ces mouvements, c’est-à-dire l’histoire des pays d’émigration, et pas uniquement sur celle des pays de colonisation, à titre d’exemple pour l’Europe, les famines de l’Irlande, et pour la Chine, la répétition de famines tout au long de la période examinée, dont les causes ne furent pas nécessairement liées aux initiatives impériales des puissances européennes : des dizaines de millions de morts au cours des famines des années 1850 (la révolte des Taiping), puis 1876-1879,etc… ?

N’est-il pas possible de comparer certaines de ces migrations du travail avec celles des femmes indonésiennes en Arabie Saoudite ? Coloniales ou  postcoloniales, dans le champ d’un rapport de domination coloniale ?

A lire un article du journal La Croix intitulé « Le dur destin des domestiques indonésiennes en Arabie saoudite » (28/06/2012)

« Parmi 1,2 million de travailleurs domestiques indonésiens dans le royaume, nombreux ceux qui dénoncent des mauvais traitements… comme de l’esclavage moderne… »

            Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : Une Europe en catimini et sans colonne vertébrale! Avec la Croatie en douce !

  Les journaux ont à peine signalé l’adoption, par le vote unanime du Parlement, du traité d’adhésion de la Croatie à l’Union  Européenne.

            Les Echos des 18 et 19 janvier 2013, en page 2, rubrique  « En Bref  = 14 lignes ! » Tout à fait bref en effet !

            La Croix du 18 janvier 2013, en page 6, un sixième de colonne sur les cinq colonnes, soit 13 lignes !

            Quelle modestie d’écriture pour un sujet qui vaudrait un peu plus de commentaire !

            Aucune information sur les conséquences institutionnelles de cette nouvelle adhésion sur une Union qui compte déjà 27 pays.

            Alors que les dix-sept membres de la zone euro sont incapables de réaliser l’union politique de la zone !

            On voudrait désespérer les citoyens d’Europe qui y croyaient, ou qui y croient encore un peu, qu’on n’agirait pas autrement 

Un « inconscient collectif colonial » encore en cachette?

Un « inconscient collectif colonial » des Français encore en cachette ?

Les poncifs des études postcoloniales : l’inconscient collectif, la mémoire collective, l’opinion publique, les ethnies, …

&

Exercice de méthode historique sur « L’inconscient collectif » entre réforme fiscale et réforme de mémoire coloniale

A partir de l’éditorial de La Croix du 21 décembre 2012, par Guillaume Goubert intitulé « Pour la réforme fiscale »

            L’éditorial est ainsi introduit :

            « Pour la réforme fiscale

« Dans l’inconscient collectif,tout contribuable est un révolté potentiel,  convaincu qu’il paie trop d’impôts et que l’Etat fait un mauvais usage de cet argent. Le sondage exclusif réalisé par OpinionWay pour La Croix, fait quelque peu mentir ce cliché. Environ la moitié des personnes interrogées approuvent les récentes hausses d’imposition décidées par le gouvernement… » 

            Et le même journal de proposer en page 8 les résultats du sondage effectué sur un échantillon représentatif de 1054 personnes.

            Une conclusion possible : l’inconscient collectif n’était donc pas au rendez-vous, ou n’était pas celui qu’on pensait !

            Un groupe de pression formé d’historiens et de chercheurs a construit une de ses thèses, sinon la principale, en écrivant et en répétant qu’un inconscient collectif de type colonial façonnerait encore de nos jours la mémoire collective des Français. Cette thèse a eu un certain succès médiatique.

            Je ne voudrais pas encombrer le texte des nombreuses citations que j’ai relevées sur le sujet, mais n’en citer que deux :

            La première, de l’historienne coloniale et postcoloniale  bien connue, Mme Coquery-Vidrovitch dans son livre « Enjeux politiques de l’histoire coloniale » :

« Plus largement, le récit de « l’histoire de France » reste pensé dans l’inconscient collectif comme l’histoire d’une nation territorialisée dans l’ancienne « gaule », selon la construction du passé par les élites (masculines) du XIXème siècle, façonnées par la culture classique et la supériorité blanche. » (page 168)

Dans les pages qu’elle a couvertes de ses analyses et réflexions sur la matière, il serait possible de citer de très nombreux autres exemples, notamment dans l’accréditation historique qu’elle a donnée à ce groupe de chercheurs qui se sont illustrés par leurs ouvrages sur une soi-disant culture coloniale ou impériale animée parce ce nouveau ça colonial, l’inconscient collectif.

La deuxième, d’une autre historienne, Mme Rey-Goldzeiger, laquelle écrivait dans « Images et Colonies Colloque 1993 » :

« A partir de 1918 l’image du Maghrébin et du pays se modifie et va définitivement amener les stéréotypes maghrébins dans le conscient et plus grave, dans l’inconscient collectif. Pourquoi et comment ? » (page 37)

A lire l’ouvrage, on n’est pas mieux éclairé sur le pourquoi et sur le comment, c’est-à-dire par quelle voie la bête chemine, et surtout avec quel type de démonstration statistique susceptible d’emporter la conviction.

            Et pour les lecteurs intéressés, il leur faudra prendre la peine de lire l’ouvrage collectif publié à la suite d’un Colloque de l’année 1993 dont le thème était « Images et Colonies », au cours duquel le même type de concept fut déjà évoqué.

            Ou encore de lire le chapitre 9 du livre « Supercherie Coloniale » (editionsjpr.com) intitulé « Le ça colonial L’inconscient collectif », qui démontre que la thèse d’une culture coloniale et impériale qui aurait imprégné la société française, l’aurait immergée dans un « bain colonial » (Culture Coloniale, page 13) a encore besoin d’être démontrée.

            Ainsi que le rapporte l’exemple proposé sur la réforme fiscale, et avant de proposer le concept d’inconscient collectif comme la clé d’une explication historique, alors même que ce concept attrape-tout résiste à toute définition, rien ne vaudrait donc une bonne enquête statistique pour en démontrer la réalité !

            Ainsi que je l’ai déjà suggéré à de multiples reprises, pourquoi telle ou telle université, ou tels établissements, l’EHESS, ou encore l’INALCO, qui abritent sous leur toit de nombreux chercheurs concernés par le sujet, n’auraient pas l’idée, sinon les moyens, ou peut-être le courage, de lancer une telle enquête statistique d’opinion?

            Car des enquêtes ou des sondages, il en pleut chaque jour sur le marché !

Jean Pierre Renaud