Chronique de la France d’en bas Les journaux du dernier week-end- La Croix Le Monde : Sérieux Pas Sérieux

Chronique de la « France d’en bas »

Lu dans la presse du dernier week-end : sérieux ou pas sérieux ?

            Dans le journal La Croix des 5 et 6 novembre, deux types d’informations : la ligne présidentielle du journal et « au cœur de l’ethnie » américaine

            Pas sérieux !

         La première, dans « La chronique  de Bruno Frappat » la chronique hebdomadaire de l’ancien directeur du Monde et de La Croix, sous le titre « Vie de couples » et dans le sous-titre « Echéances »  la compétition entre « Donald et Hillary », mais également la primaire de la droite ;

        « Autre couple, autres mœurs quand même : la primaire de la droite et du centre devrait opposer –verdict le 27 novembre – deux hommes aussi dissemblables qu’on peut l’être…  Il nous reste donc trois semaines à attendre pour savoir qui des deux sera le prochain favori de l’élection présidentielle qui suivra. »

       Il s’agit évidemment de Juppé et de Sarkozy !

      Il n’y a donc que deux candidats ? Et qui plus est, l’élu sera le favori de la prochaine élection présidentielle ? Où s’arrête l’intoxication ?

      Résultat, comme dans un bureau de vote, pour les Français qui vont voter, l’expression : « A voté », signé Bruno Frappat et La Croix.

      Très sérieux !

       Dans le même journal, les ethnies, à propos aussi des élections américaines, une autre information sur la composition de la population américaine, page 4 :

       Un beau diagramme en couleur avec en pourcentage la composition de la population américaine :

       En % par âge et par ethnie, en 2010

       7 tranches d’âge de 0 à 75 et +, avec sept couleurs pour les Blancs, Noirs, Asiatiques, Latinos, 2 ethnies, Autres

      Il serait intéressant de connaître l’opinion des intellectuels français qui refusent tout comptage ethnique sous le fallacieux prétexte que ce type de comptage fleure bon le racisme et la discrimination.

      Le journal La Croix serait donc à compter dans le camp  des racistes ?

      La République française aurait peur de la vérité, alors que les interdictions actuelles nourrissent tous les phantasmes ?

       Pas sérieux !

      Dans le journal Le Monde des 5 et 6 novembre, page 10, sous le titre :

      « Notre-Dame-des-Landes : le futur aéroport à l’arrêt ?

        « Le rapporteur public de la cour administrative d’appel de Nantes va demander l’annulation des arrêtés préfectoraux autorisant les travaux »

      Les lecteurs de ce journal savent que leur quotidien ne rechigne pas beaucoup pour ouvrir ses colonnes à des tribunes de tout acabit, d’ailleurs souvent de nature idéologique, ou mieux à solliciter les avis d’experts, et dieu sait s’il y en a de nombreux, et disponibles.

       Ne trouvez-vous pas curieux que sur un sujet aussi sensible, notre journal dit de référence n’ait pu indiquer si ce type d’avis s’inscrivait dans le cours normal du droit ?

Jean Pierre Renaud

La crise policière ou les vrais sujets de la France !

La crise policière ou les vrais sujets de la France !

La Croix du 21/10/2016 : en première page, une photo avec un gros titre « La prison est une solution de facilité », et dans les pages 2 et 3 une interview du Garde des Sceaux.

            Le sujet est suffisamment important pour se poser la question de la qualité du diagnostic actuel que les pouvoirs publics, tout autant que les hommes et femmes politiques, de droite comme de gauche, posent de la même façon sur une crise policière qui, à mes yeux, est très grave.

            Leur diagnostic n’est pas bon.

            Remarquons tout d’abord que l’orientation des questions posées par les journalistes de La Croix et des réponses du ministre biaisent l’analyse de ce sujet sensible dès la première page, étant donné que le débat va porter sur certaines catégories de réponse judiciaire, prison ou non, peine alternative ou non, individualisation des peines, etc… avec en première page l’affirmation d’après laquelle « La prison est une  solution de facilité », solution de facilité ?

            Je serais tenté de dire que là n’est pas le sujet, pas plus que l’argumentation développée par le ministre sur les progrès à faire en matière de partage des informations entre le système judiciaire et le système  policier.

Une des réponses se trouve déjà dans les deux colonnes de la page 3 que le journal consacre au mouvement policier, et à ses raisons, lesquelles ne disparaîtront pas avec les bonnes paroles du ministre sur l’information partagée, sur la mise en œuvre d’une nouvelle politique judiciaire, sur une augmentation des moyens de la police, une meilleure considération, etc …

Mon attention a été particulièrement attirée par le propos beaucoup plus révélateur des causes de la crise actuelle que tous ceux qu’on entend sur le sujet, une sorte de bla-bla-bla, celui d’un responsable syndical Unité SGP FO :

« Si on laisse passer ce genre d’agression, cela va mal finir, c’est cela que l’on veut faire comprendre ».

Ce propos est tout à fait clair, et la question n’est pas de savoir si la prison, ou l’individualisation des peines sont de vrais sujets, mais si notre pays accepte, que dans certaines de nos villes, des bandes de casseurs agressent nos policiers avec des armes qu’il faut bien appeler des armes de guerre, notamment les cocktails Molotov.

Pour répondre à ce type de situation de caractère insurrectionnel, le Parlement et le gouvernement doivent mettre rapidement en œuvre un programme à plusieurs volets :

& – un volet sécuritaire avec la mise en place d’une chaine pénale spécialisée pour mettre fin à ce type de délit de type insurrectionnel, avec une réponse pénale immédiate, et le lancement d’un programme de retour à la paix civile des quartiers de nos villes qui abritent  ces bandes de casseurs, avec des opérations de contrôles d’identité, qu’appellent d’ailleurs leurs habitants,  car ils sont les premiers à souffrir de ces violences.

& – un volet social, culturel et économique, puissant, afin de rétablir la confiance de ces quartiers dans nos institutions républicaines, un volet dont j’ai déjà, à plusieurs reprises, esquissé le contenu sur ce blog :

Au-delà, et en complément des grands travaux de rénovation urbaine qui ont modifié ces dernières années la physionomie de beaucoup de ces quartiers, il est nécessaire de vivifier, ou de revivifier le tissu social et culturel de ces quartiers, en donnant à leurs habitants un maillage social et culturel qui leur permette de tenir la tête hors de l’eau.

& – un volet d’éducation destinée à une partie de la jeunesse de ces quartiers, qui, du fait du chômage, du désœuvrement, se livrent à des activités illicites.

Il est indispensable de revoir rapidement les dispositions de l’ordonnance de 1945 sur les mineurs, qui n’est plus en adéquation avec la société actuelle, la maturité des mineurs, et leur façon de vivre.

& – un volet politique : comme je l’ai déjà proposé sur ce blog, il faut doter ces quartiers de conseils de quartier élus, dotés d’un budget d’actions de proximité, compétents pour gérer des équipements de proximité, et pour donner leur avis sur les projets de délibération des conseils municipaux dont ils relèvent.

Les vrais sujets de notre pays ne consistent pas à disserter sur les moyens de la police, sur la politique pénale actuelle, mais sur l’urgence qu’il y a, à éradiquer rapidement ces violences de type insurrectionnel, à ramener la paix civile dans tous nos quartiers, et enfin, car cela n’a que trop tardé, faire bénéficier leurs habitants, et en priorité leur jeunesse, d’un effort important de remise à niveau républicaine.

Jean Pierre Renaud

Oiseleurs et volière au Centre! Bayrou et son « grand centre » indépendant »

Oiseleurs et volière au Centre !

Bayrou et son « grand centre » indépendant » ?

La Croix du 26 septembre 2016 (page 11)

« François Bayrou résolument derrière Alain Juppé »

On croit rêver, éveillé !

            L’auteur de l’article écrit « …  Quoiqu’il en soit, François Bayrou, qui ambitionne depuis plus de vingt an de créer un « grand centre » indépendant  et uni du centre droit au centre gauche, peut se targuer d’être « le premier » au centre à avoir effectué ce choix en faveur d’Alain Juppé …»

            « Un grand centre » indépendant et uni en se ralliant, par avance à un candidat présidentiel de l’UMP ?

         Est-ce que les mots ont encore un sens politique ? Ne s’agit-il pas au contraire d’un ralliement politique qui a tous les parfums d’un centre qui servit de supplétif au RPR de Chirac et à l’UMP ? Le résultat du pacte Pau-Bordeaux ?

            Est-ce que le toujours président d’un Modem exsangue a bien mesuré le risque qu’il a fait prendre à son petit courant politique en réveillant à cette occasion le souvenir d’une chiraquie corrompue dont son nouveau héros fut un des plus fidèles soutiens (1)?

            Peut-être a-t-il considéré qu’en payant en justice ses responsabilités dans ladite chiraquie, le candidat en question avait incarné la figure du sacrifice d’un « agneau œcuménique », en expiation de tous les péchés de la chiraquie ?

           Nous ne sommes effectivement pas loin d’être immergés dans le  domaine du sacré, avec la diffusion télévisée d’un documentaire intitulé « Juppé ressuscité ».

          Dépêchons nous ! L’année papale de la « miséricorde » est bientôt finie !

          Au moins Bayrou a largement anticipé le ralliement de tous les gros oiseaux du centre partis rejoindre la volière protectrice des Républicains, comme avant le RPR ou l’UMP, ou :

           « La ruse et la patience avec lesquelles les oiseleurs finissent par saisir les oiseaux les plus défiants. » Balzac » !

           Dans le cas présent, les oiseleurs n’ont pas eu beaucoup de mal pour apaiser toute défiance !

            Mais au fait, est-ce que par hasard vous avez pu lire le texte des propositions qu’aurait faites Monsieur Bayrou, apôtre zélé de l’Europe, ou encore celles des caciques de l’UDI, pour refonder les institutions de l’Union Européenne ?

  1. « La Razzia » Stock 1995

Jean Pierre Renaud

Le Poids « historique » des « Paroles »! Les harkis, La Croix, hommage aux croque-morts de l’histoire de France ?

Le poids « historique » des « Paroles » !

La Croix du 26 septembre 2016, page 11 :

« La France reconnait sa  responsabilité dans les « massacres » des harkis »

En hommage aux croque-morts de l’histoire de France ?

            La chronique rend compte de la décision qu’a prise le Président de reconnaître la responsabilité de la France dans le massacre des  harkis plus de cinquante ans après les accords d’Evian, mais quid de celles du FLN à la même époque ?

            Le journal publie sur ce sujet sensible le commentaire d’un professeur de sciences politiques, Monsieur Le Cour Grandmaison, « Paroles

            Une avancée qui reste limitée … »

            Seul petit problème, le professeur en question s’est illustré dans un récent passé par la publication d’un ouvrage pseudo-scientifique intitulé « Coloniser Exterminer », un ouvrage que les historiens Meynier et Vidal-Naquet  ont qualifié de « sottisier ».

            Dans cette gamme de références historiques vraies ou supposées, pourquoi ne pas avoir alors consulté l’ancien cadre du FLN de cette époque que fut M.Harbi, aujourd’hui historien, ou encore l’historien Jeanneney dont le père, était alors ambassadeur de France à Alger, lequel a sûrement laissé quelques mémoires sur le sujet ?

            Nous dirons plus tard un mot du livre de l’historien Guy Pervillé sur les accords d’Evian, un ouvrage dense et rigoureux qui aborde de façon précise cette question, en traitant de tous ses aspects, et notamment les responsabilités respectives de la France et de l’Algérie.

            Je rappellerai pour terminer, comme je l’ai déjà écrit ailleurs, qu’en 1962, je pris rendez-vous avec un camarade de promotion, alors membre du Cabinet du Général de Gaulle, pour lui faire part de mon entier désaccord sur la façon dont la France « gérait » le sort des harkis et moghaznis que nous avions abandonnés en Algérie.

Jean Pierre Renaud

L’assassinat du père Hamel

Le journal la Croix du 3 août 2016 : que penser de la mise en page des sujets traités ?

En première page avec une grande photo « Paris s’émancipe » et dans la cinquième colonne de l’éditorial « Plus jamais ça », l’assassinat d’un prêtre catholique !

Question : quelle est la ligne éditoriale de ce journal ?

            Rappelons tout d’abord que ce numéro s’inscrit dans le sillage de l’émotion de l’assassinat, c’est à dire de « l’égorgement » du père Hamel, martyr de la foi, le 26 juillet, dans son église, alors qu’il finissait de célébrer la messe.

           Il est évident que cet assassinat interpelle tout le monde, et encore plus les chrétiens, car au-delà des attentats barbares de Paris et de Nice, il s’agit là du premier crime commis chez nous par des islamistes radicaux contre un serviteur de Dieu, dans cette France que certains considérèrent longtemps comme « la fille aînée de l’Eglise ».

         Je ne suis donc pas sûr que la mise en page de ce numéro rende bien compte de cet assassinat d’un religieux : l’éditorial évoque les funérailles du père Hamel le 2 août 2016 avec un texte qui en surprendra peut-être plus d’un, notamment dans sa conclusion, en écrivant :

         « N’en déplaise aux tenants d’une conception étroite de la laïcité, les responsables politiques peuvent et doivent compter avec les religions pour lutter contre toutes les formes d’obscurantisme, au lieu de vouloir refouler le nom de Dieu hors de l’espace public. A défaut, le « plus jamais ça » restera un vain mot. »

          Cette mort réduite à « une conception étroite de la laïcité » ? Un thème qui semble décidément obséder certains rédacteurs du journal qui devraient se pencher sur l’histoire de France, ancienne ou récente.

         Je me demande ce que la laïcité vient faire dans l’assassinat d’un prêtre.

         Comme je l’ai déjà écrit, je suis issu d’une famille du Haut Doubs qui avait la particularité d’habiter un « pays » que les gazettes avaient baptisé du doux nom de « Petite Vendée ».

         Fidèles et prêtres s’opposèrent violemment à la loi de 1905, aux inventaires. Mon grand-père paternel en fut un des meneurs dans une des communes de ce pays. Il fut arrêté et mis en prison à Montbéliard, lieu de naissance de mes frères et sœurs.

          Ai-je besoin de répéter ce que j’ai déjà écrit ? Il y a longtemps que je pense que la loi de 1905 fut une bonne loi de pacification religieuse et sociale, et je ne suis aucunement partisan d’y toucher, quoique qu’en pensent de nos jours certains zélateurs catholiques, éminences, prêtres, ou simples fidèles qui sont en quête d’accommodements religieux, politiques, ou culturels entre religions et République laïque.

         Les jeunes musulmans sont invités à se pencher sur notre histoire, dans le Doubs, en Franche Comté, ou ailleurs.

        Revenons au face à face « microcosmique » du quotidien du 3 août 2016.

        La mort d’un prêtre français, une colonne d’éditorial, en regard d’une grande photo sur quatre colonnes, qui fait la Une, sous le titre :

      « Paris s’émancipe », Un projet de réforme du statut de Paris doit être présenté ce matin en conseil des ministres pour mettre fin à deux siècles de tutelle de l’Etat »

       Un titre à mon avis trompeur, car la tutelle en question a beaucoup évolué, en particulier après la réforme de 1977, il y bientôt cinquante ans, et l’ancien spécialiste des affaires parisiennes que je fus noterait plutôt qu’entre 1977 et 1995, ce fut l’Etat qui fut mis en tutelle par le système Chirac à Paris.

       Par ailleurs, l’analyse qui est faite du sujet dans les deux pages qui suivent ne  relève pas une des grandes faiblesses de ce projet, c’est-à-dire le droit à la parole des habitants de banlieue qui empruntent quotidiennement des axes de circulation qui n’appartiennent pas aux habitants de la capitale, en oubliant que Paris est la capitale de la France.

       Est-ce que la voie historique de la Seine est la propriété des parisiens ?

       J’ai consacré une petite chronique sur le sujet il y a quelques mois.

       Revenons à l’essentiel, c’est-à-dire le martyre du père Hamel, et le compte rendu de ses funérailles du 3 août 2016 (page 11) : est-ce que la première page n’aurait pas dû être « consacrée » au prêtre assassiné avec la mise en exergue de ses dernières paroles citées par l’archevêque ?

         « L’archevêque revient sur les derniers mots du prêtre repoussant ses agresseurs : « Va-t-en Satan ! Va-t-en Satan ! », c’est-à-dire le mal, la barbarie dans toute son horreur.

          C’est à se demander si la rédaction de ce journal, sous le sceau de la bienveillance, de la tolérance, de la charité chrétienne, ne flatte pas trop tout ce qui vient de l’étranger, au risque de nuire au  bien commun de notre société, notre paix civile, et au risque de ne pas assez défendre les couleurs du christianisme.

         L’éditorial du journal  du 16 août 2016 fait incontestablement fort dans la contradiction religieuse. Le lendemain de la fête de l’Assomption de la  Vierge Marie, l’éditorial plaide pour la tolérance à l’égard d’une nouvelle mode balnéaire, le « burkini ». Je ne savais pas de quoi il s’agissait encore il y quelques jours.

       Est-il besoin dans l’ambiance délétère actuelle de la France de prendre la défense de ce nouveau vêtement sans laisser le soin à la société civile de se prononcer, au lieu d’écrire :

       « Les plus conscientes agissent sous l’influence d’une certaine conception de l’islam, qui ne représente cependant qu’un courant au sein de cette religion. Une musulmane peut aussi – et c’est tant mieux !  se baigner en bikini. »

      Fermer le ban ! A lire dans les mosquées par les imams qui parlent français ! Bikini contre burkini !

        Et en ce qui concerne les bons chrétiens, pleins feux sur le burkini ou le bikini, le jour qui suit l’Assomption, mais il est vrai, et pour le rachat des âmes, la première page publie sur quatre colonnes une grande photo en couleur sous le titre

       « 15 août en France L’élan d’espérance des catholiques »

         En petits caractères : «  Les célébrations de l’Assomption ont connu un regain d’affluence trois semaines après l’assassinat du P. Jacques Hamel »

       Une très étrange façon de mêler le journal chrétien à un type d’actualité qu’adorent les réseaux sociaux !

       La Croix au service d’une conception large de la laïcité ?

       Pourquoi ne pas terminer ce billet, pour ne pas dire cette oraison, en rapportant une anecdote d’un de mes vieux amis, en croisière en Champagne pour y acheter du champagne (sans publicité), mais tout autant pour revoir la magnifique cathédrale de Reims ?

      En trinquant avec le vigneron, il lui dit, « Vous savez pourquoi je me suis rendu une fois de plus à Reims ?

      Pour au moins deux raisons, outre la beauté, la grandeur, et la majesté de cette cathédrale, je voulais être assuré que ma visite, se situe avant que le Président actuel ne vienne  s’y faire couronner « Roi du Sahel », et pourquoi pas vous l’avouer, dans des temps moins éloignés qu’on ne pense peut-être, de peur de voir peut-être cette très belle cathédrale chrétienne transformée en mosquée. »

Jean Pierre Renaud

La repentance postcoloniale avec le prix Goncourt Jérôme Ferrari

Réflexions d’un prix Goncourt sur une repentance « postcoloniale » qui ne dit pas son nom : la chronique de Jérôme Ferrari intitulée « Repentance et héritage » parue dans le journal La Croix, « La dernière page », le 4 avril 2016

Pourquoi ne pas proposer « Le sermon sur la chute de Rome » pour un prix d’histoire corse ?

            Je vous avouerai en tout premier lieu que le titre de cette chronique m’a surpris, étant donné qu’il s’agit d’un sujet polémique rebattu depuis de longues années, et que, a priori, il s’agit plus d’un sujet d’histoire que de philosophie, mais soit !

          Les deux concepts du titre mériteraient déjà d’être définis, car la repentance fait référence d’abord au monde religieux, le péché,  les «  filles repenties » des siècles passés, alors que le concept d’héritage a un sens ambivalent aussi bien matériel, avant tout, qu’intellectuel ou spirituel.

            J’avais lu dans un lointain passé quelques prix Goncourt dont le décor et l’intrigue se déroulaient dans les mondes coloniaux, « les Civilisés » de Claude Farrère, « Batouala » de René Maran, ou encore « La condition humaine » d’André Malraux, pour ne citer que ces quelques exemples.

                Lisant le contenu de cette chronique dont les références coloniales et postcoloniales à la fois annoncées,  « l’ampleur des crimes de la colonisation », et d’autres, sous-entendues, j’ai cru devoir faire une exception à la règle que je me suis depuis longtemps fixée de n’acheter aucun livre propulsé par les concurrences éditoriales dans le flot médiatique du moment.

              J’ai donc acheté le livre intitulé « Le sermon sur la chute de Rome », en me disant que j’allais y trouver réponse à mes questions sur les sources romanesques auxquelles avait pu faire appel notre philosophe, en tout cas coloniales ou postcoloniales, compte tenu des postulats posés par la chronique en question.

           Pourquoi pas, avant toute analyse, une remarque préalable, étant donné l’importance que les Corses  donnent à juste titre à leur culture et à leur histoire?

            A lire cette chronique et le texte du prix Goncourt,  et compte tenu des « origines » de l’auteur, certains lecteurs trouveront sans doute qu’il n’a pas été très charitable pour la famille corse qu’il met en scène, en lui faisant porter une lourde responsabilité coloniale, les « crimes  coloniaux », et les « mains trempées de sang ».

         Détrompez- vous, chers amis, les Corses des colonies françaises n’ont pas tous été des buveurs de sang !

       Le contenu –  Analysons brièvement le contenu de cette chronique dont l’intitulé annonce déjà le programme, la repentance, un terme à la mode dans certains milieux politico-médiatiques de chercheurs intoxiqués par la mode d’une nouvelle histoire de France autoflagellante, d’après laquelle notre pays aurait été historiquement une terre de péchés, au moins au temps de la colonisation.

       L’auteur écrit : « Quand a-t-on commencé à fustiger la « repentance ». Si ma mémoire est bonne, j’enseignais encore en Algérie quand je ne sais quel parlementaire avait eu l’idée géniale de parler du rôle positif de la colonisation ou plutôt – délicieux euphémisme – de la présence française… puisqu’on avait le choix qu’entre le repentir et la revendication cynique, mieux valait choisir cette dernière option, même si elle entrainait une relecture pour le moins hardie de notre histoire. Pourtant, à l’époque déjà, cette alternative ne me semblait pas du tout pertinente: j’étais pleinement conscient de l’ampleur des crimes de la décolonisation et je ne me promenais pas cependant dans Alger la tête recouverte d’un sac de cendres en suppliant les passants de me pardonner. »

        Eureka !  Pas de « sac de cendres » ! Pas besoin de se faire « pardonner », d’aller se confesser ! Mais de quoi ?

      Le romancier philosophe apaise ses états d’âme en faisant référence aux propos de Pierre Joxe, lequel explique que « c’est d’une certaine façon normal qu’un Français de 50 ans ou a fortiori plus jeune ne se sente aucune responsabilité dans le passé colonial de la France, dans les crimes qui ont été commis à cette époque dans différentes régions du monde. Mais d’un autre côté, c’est une illusion parce que l’histoire d’un peuple est globale. Elle est l’histoire des générations d’avant… Moi, je ne ressens pas une position d’accusateur. Je l’ai eu quand j’étais jeune, dans des mouvements étudiants anticolonialistes, j’étais accusateur, oui, de ceux qui étaient auteurs de crimes. A présent, je ne me sens héritier de cela, mais pas responsable, ni coupable. »

         « Assumer son héritage n’a rien à voir avec le repentir car il n’existe rien de tel qu’une responsabilité morale collective. »

           Il est bien dommage que le chroniqueur n’ait pas demandé à Pierre Joxe plus de précisions sur les conditions de son service militaire à Alger, dans les années qui ont précédé l’indépendance.

             Le chroniqueur poursuit, en sa qualité de professeur de philosophie, une comparaison audacieuse avec la situation de l’Allemagne : « En 1945, Karl Jaspers a donné un cours incroyablement lucide et courageux publié chez Minuit sous le titre «  La culpabilité allemande ». Il y distingue notamment la culpabilité juridique, qui concerne uniquement ceux qui se sont rendus coupables de crimes, de la culpabilité (1) politique, qui concerne un peuple tout entier, en tant que tel, y compris, Jaspers lui-même, bien qu’il ait été antinazi. »

            L’auteur précise dans une note de bas de page (1) : «  Dans le second cas, le terme de culpabilité n’a de sens que parce que le public auquel s’adresse Jaspers a connu le nazisme. Il ne convient bien sûr plus pour les générations suivantes et doit être remplacé par celui de responsabilité ou d’héritage. »

             Une comparaison audacieuse, pour ne pas dire une assimilation tout à fait suspecte, inacceptable entre les deux problématiques de l’Allemagne nazie et de la France coloniale.

             En référence implicite, ce type de réflexion « philosophique » confond naturellement le domaine algérien et le domaine colonial, une confusion qui arrange aussi le promoteur bien connu d’une soi-disant guerre des mémoires qui n’a jamais fait l’objet d’une validation scientifique.

          Je me suis demandé quels étaient les fondements du raisonnement philosophique proposé, quelles en étaient les sources ? Son passé familial, l’expérience d’un jeune professeur de philo à Alger à la fin du siècle passé, plus de trente ou quarante ans après les accords d’Evian, et quelques années après la deuxième guerre civile qui a ensanglanté l’Algérie ?

         Faute de mieux, j’ai analysé le contenu du roman « Le sermon sur la chute de Rome », un titre qui se propose de mettre le récit sous le patronage de Saint Augustin, dont la pensée, si j’ai bien compris, a nourri les études du romancier.

        Rien qu’à lire le titre, il y avait en effet de quoi toucher beaucoup de lecteurs, Rome, Saint Augustin, et la comparaison entre la chute d’un empire, colonial français, plutôt bref, qui eut beaucoup de mal à exister, même en Algérie, et celui de la Rome qui a duré plusieurs siècles.

            Une écriture allante, un roman qui entortille habilement l’histoire de deux jeunes corses autour du gros fil conducteur de la pensée augustinienne.

            Les deux « héros » en question, Mathieu et Libero, désertent leurs études, reviennent en Corse pour y tenir un bar, lequel devient très rapidement un refuge de beuveries et de débauches, avec ce qu’il faut de références coloniales, un père, Marcel,  qui fut à un moment donné de sa vie, fonctionnaire de l’Afrique coloniale, un oncle qui fut sous-officier colonial, avec inévitablement un séjour en Indochine, et « ses trafics abominables » (page 71), puis en Algérie, un autre parent officier, le capitaine André Degorce, qui fut également en Algérie (« la seule compagnie de ses mains trempées de sang » (p,145), une sœur, Aurélie qui fait évidemment des recherches archéologiques à Hippone, et qui connait Alger, avec pour finir l’émasculation de Pierre Emmanuel et l’assassinat du coupable, Virgile Ordioni, par Libero.

            Le roman n’est pas inintéressant, mais un lecteur qui dispose d’un minimum de culture coloniale ne peut s’empêcher de voir dans le fil de cette lecture qui se veut « augustinienne », le choix d’un décor, celui de la fin de l’empire colonial français, une intrigue truffée de ce qu’il faut d’ingrédients pseudo-historiques au gré de son fil idéologique, avec la question : que l’auteur de ce prix Goncourt connait-il de l’histoire coloniale française qui ne serait faite que de « crimes coloniaux » bien sûr, car la thèse idéologique qu’il défend est celle d’une France historiquement criminelle ?

            Le contenu du roman a au moins le mérite de faire référence à la multiplicité des relations coloniales qui existèrent entre la Corse et les colonies, et à leur rôle non négligeable, car les Corses y furent très présents pendant toute la période de l’empire.

            Décor de roman ou décor d’histoire ? Décor  de roman ou décor idéologique ? Pour l’inscrire dans un courant idéologique à la mode, même s’il commence à décliner, celui d’une histoire de France qui met en scène la célébration d’un culte victimaire, quel qu’il soit ?

            Au début de cette petite analyse, j’ai cité quelques-uns des prix Goncourt dont les auteurs avaient au moins le mérite d’une vraie expérience historique de témoins et d’acteurs.

         A la fin de son livre, l’auteur remercie les personnes qui lui ont apporté leur concours, notamment Jean-Alain Hauser : « Jean-Alain Hauser m’a permis de m’initier aux mystères conjoints de l’administration coloniale et des maladies tropicales dont jj me suis permis de déformer les symptômes en fonction de critères que je n’ose pas qualifier d’esthétiques ».

        Il convient de reconnaitre en effet que l’évocation de l’AOF coloniale est également toute en déformation.

      Et pourquoi ne pas conclure ces réflexions par celles-ci ?

1 – En dépit de tout ce que ces propagandistes racontent sur une France coupable de tous les maux de la terre, ils devraient se demander pourquoi tant d’Algériens et d’Algériennes sont venus se réfugier dans notre pays pendant la guerre islamiste des années 1990.

2- A voir tout autant beaucoup de jeunes algériens ou algériennes manifester leur désir ou leur volonté de venir dans notre pays, pourquoi ne pas se demander s’ils partagent aussi ce dégoût de l’histoire de notre pays ?

3- Le jour viendra, qui ne saurait beaucoup tarder, où les thuriféraires de ces mémoires tronquées et frelatées se trouveront discrédités, et où l’histoire rendra justice à tous ces citoyens de France qui se sont mis au service des habitants d’outre-mer, y compris pendant la guerre d’Algérie.

4- Enfin le vœu, si cela n’a pas déjà été fait, que le roman se voie couronner d’un Prix littéraire corse !!!

            Pour terminer, j’aimerais dire ma surprise, et sans être nécessairement bégueule,  de voir l’auteur en question publier une chronique hebdomadaire dans un journal comme La Croix, au risque d’y voir une recommandation faite aux bonnes paroisses de France de faire l’acquisition d’un ouvrage qui est aussi un hymne à la débauche.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Chronique de la France d’en bas, ou plutôt de l’Eglise d’en bas Entre Dieu et César !

Chronique n° 6 de la France d’en bas, ou plutôt de l’Eglise d’en bas

Une Eglise de France en pleine confusion des ordres !  « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » Luc

            Entre laïcité et culte catholique dans la République « laïque », en pleine crise de « pédophilie », il est tout à fait étrange de voir les évêques de l’Eglise de France désigner un préfet pour présider la Commission nationale d’expertise indépendante chargée de conseiller les évêques dans l’évaluation des situations de prêtres ayant commis des abus sexuels.

           D’autant plus étrange que le nouveau Président exerçait ou exerce encore, les fonctions de directeur général de la Fédération française de football : quel saut olympique entre le foot et les sacristies !

            A lire son curriculum vitae publié par le journal La Croix du 22 avril dernier, (page 14), sa fréquentation du bon establishment de France, institution de l’Eglise « comprise », le méli-mélo multiculturel qui y règne, et sans contester les qualités de ce haut fonctionnaire, il est possible de se poser la question de savoir si cette nomination ne révèle pas une trop grande proximité entre  préfets de France et évêques de France, entre l’establishment qui nous gouverne encore et un establishment épiscopal qui ne dit pas son  nom.

          Décidément, l’Eglise de France est peut-être beaucoup plus malade qu’on ne pouvait le penser ! Et la France avec elle !

Jean Pierre Renaud

« Afrique: dépasser l’intensité du temps présent » Stephane Madaule, La Croix du 29/02/16 : ou dépasser le temps de l’écriture?

« L’Agence Française de Développement » à Brazzaville

Avec M.Stephane Madaule, son délégué

Dans le journal La Croix du 29 février 2016, la Tribune «  Afrique : dépasser l’intensité du temps présent » (page 23)

&

Question : quel est le but de ce type de tribune, aussi bien pour son signataire que pour le journal qui l’a publiée ?
Un but intellectuel ou un but politique confinant avec une idéologie humanitariste qui ne dit pas son nom ?
Parler du développement et tenir un discours du type « Continuez ! Mettez-vous en plein les poches ! » Car le « temps présent » file entre vos mains !
La belle citation !  : « …Devant l’incertitude, comment ne pas être tenté de tirer avantage de sa fonction le plus vite possible pour soi-même et pour son entourage qui réclame avec insistance sa part du gâteau ?… »
Un beau titre littéraire pour un sujet austère qui touche à l’économie et à la politique du développement !

            Qu’est-ce à dire vraiment ?

            Le titre porte sur l’Afrique en général, mais il parait difficile, dans le cas de ce continent, d’avoir l’ambition d’en appréhender la complexité et la variété sous cette seule appellation géographique.

            A lire cette tribune, signée sous la qualité d’ « essayiste », quelle en est la raison, alors que le signataire est le délégué de l’AFD à Brazzaville, une qualité qui aurait permis de mieux localiser géographiquement le sujet traité, c’est-à-dire le cas de l’Afrique centrale, tropicale et équatoriale ?

            L’auteur décrit un contexte de contraintes géographiques extrêmes qui expliquerait l’obsession du court terme que partagent les acteurs de cette zone géographique : « Le temps présent est ainsi surévalué »…, mais tient aussitôt un discours qui n’a rien de géographique ou d’économique :

          « Lorsqu’on a la chance d’assumer des responsabilités dans les affaires publiques ou dans les affaires privées, le court terme domine également. Devant l’incertitude, comment ne pas être tenté de tirer avantage de sa fonction le plus vite possible pour soi-même et pour son entourage qui réclame avec insistance sa part du gâteau ? Si l’on gagne un peu d’argent, on essaie de le protéger du milieu, en l’envoyant ailleurs, à l’étranger, dans des coffres ou sous des latitudes au climat plus clément. Pourquoi l’exposer au soleil ? A l’humidité des tropiques ou à la chaleur du Sahel ? A la demande insistante des porches ? A tous ceux qu’il faut « servir », et qui sont parfois dans le besoin ?…« De nombreuses communautés d’Afrique se construisent sur ce socle, appuyées sur l’instant présent, adaptées à un milieu instable fait d’excès en tout genre, en capacité à jouir complètement et heureusement de l’immédiat. »          

Et le responsable local de l’AFD de conclure :

          « L’’intensité du temps présent qui semble dicter sa loi en Afrique peut et doit être vaincue. Il en va du développement réel de ce continent, pour un bien-être partagé de ses populations. Mais que l’obstacle est  rude à franchir !»

             Discours d’économiste du développement ou discours politique tout disposé à passer en pertes et profits la situation de corruption qui prévaut dans ce continent, toute l’Afrique que l’auteur a ciblée dans sa Tribune ?

               En lisant ce texte, et en me remémorant mes connaissances économiques du sujet, je me suis demandé si son auteur n’avait pas oublié le concept d’«intensité du capital » au lieu d’«’intensité du temps présent », un concept qui aurait sans doute mieux éclairé le sujet sur le terrain économique qui est celui de l’AFD.

                Quant à l’obsession du court terme, est-ce que nos sociétés ne sont pas aussi frappées du même mal : « Ils ne mourraient pas tous, mais tous en étaient frappés ! », aurait peut-être dit le bon La Fontaine.

               Pourquoi ? Parce que de plus en plus de nos « lettrés » confondent, en tout cas dans ce domaine, l’intérêt général avec la bonne conscience humanitaire.

Jean Pierre Renaud

Les Médias et le PSG: où va le foot français ?

  La Gauche et la Droite parisiennes ont confié les clés du PSG à une puissance étrangère, avec pour résultat l’influence qu’elle est susceptible d’exercer sur la vie nationale, en jouant avec l’image de la capitale, Paris, siège des institutions de  la République Française.

            C’est évidemment le cas avec la domination écrasante dont le PSG a fait preuve au championnat de France de la Ligue 1 d’un football encore français, dans les apparences tout au moins.

            A l’occasion de son écrasant succès contre Troyes, 9 à 0, les journaux ont souvent rivalisé dans l’enflure pour saluer ce brillant succès d’une équipe qui dispose d’un budget de l’ordre du demi-milliard d’euros, alors que ses concurrents ont de la peine à aligner quelques millions d’euros.

        Le 14 mars dernier, le journal Le Parisien a battu tous les records des superlatifs, une demi-page en première page, avec plusieurs pages d’affilée, avec un commentaire qui vous laissait pantois d’émotion :

          « En décrochant le titre de champion de France à l’issue de la 30ème journée de la compétition (contre Troyes 9-0) le PSG devient le club couronné le plus tôt dans l’histoire du foot français »

           Question : s’agit-il encore « du foot français » ?

          Le journal Le Figaro du 15 mars publiait en page 12, un article intitulé :

          « Le PSG réécrit l’histoire du foot français »

          Question : s’agit-il encore du « foot français » ?

           Le 14 mars dernier, le journal La Croix publiait en page 23, un article intitulé :

         « Le Paris SG, champion de la précocité »

          Question: qu’est-ce à dire ? Un titre gentil comme tout !

          Le 15 mars, le journal Le Monde, quittant pour une fois les traverses de ses deux détectives infatigables, D et D, publiait en page 13, un article avec un titre choc, qui dit toute la vérité sur cette dérive du foot, dit français :

        « Le PSG, fossoyeur de la Ligue 1 »

              Et naturellement, le Président  de la Ligue de football professionnel, champion de toutes les combinaisons sportives, dit tout le bien qu’il pense du PSG :

             « Le football français doit être reconnaissant au PSG pour ce qu’il lui apporte à l’indice UEFA »

         J’ai souligné les trois mots intéressants.

         La France a décidément bien changé depuis les temps passés qui virent le même Président faire ses premières armes au Cabinet du ministre socialiste très grand teint que fut Gaston Defferre.

Jean Pierre Renaud

Lettre aux Psy, docteurs en histoire coloniale, ou en journalisme

Lettre aux Psy, docteurs en histoire coloniale, postcoloniale, ou en journalisme

Adaptation libre, mais « savante », de la BD « Les psy » de Bedu-Cauvin, avec les docteurs Médard, Pinchart et Julie Clément

            Pour avoir lu beaucoup d’ouvrages ou de récits d’histoire coloniale ou postcoloniale, grande fut, trop souvent, ma surprise et ma perplexité, de  buter sur des mots qui relevaient, sans aucun doute possible, de la psychanalyse.

            De quelle maladie psychique pouvaient souffrir tous ces Français dont les «  psy » relevaient autant de de signes cliniques ? Qui étaient les malades ?

Le florilège savant des mots « psy », soi-disant symptômes de la maladie : les mots de la maladie

         La première fois, sans aucun doute, que j’ai rencontré ces mots psy fut, lorsque je m’attaquai à la lecture des ouvrages savants publiés par le collectif, non moins savant de chercheurs de l’équipe Blanchard and Co sur la culture coloniale ou impériale, à la suite d’un Colloque Images et Colonies, encore plus savant, tenu en janvier 1993, sur les images coloniales.

        Je me souviens de l’expression qu’une historienne bien connue de ce monde savant utilisait alors, à plusieurs reprises dans ses contributions, « l’inconscient collectif », aux côtés d’ailleurs d’une autre historienne spécialisée sur l’Afrique du Nord.

       De quoi s’agissait-il ? A quelle source faisaient-elles référence ? Comment mesurer cet inconscient ? Avec quels instruments historiques et scientifiques ?

       Madame Coquery-Vidrovitch faisait l’aveu qu’elle n’avait pas eu envie de venir à ce colloque, en indiquant « Pour comprendre un réflexe de ce type, il faut faire la psychanalyse de l’historien ».

          Les chercheurs eux-mêmes de ce collectif faisaient appel à tout un ensemble d’expressions de type psy, au choix de quelques-uns d’entre eux.

            Dans « Culture coloniale : « … comment les Français sont devenus coloniaux sans le savoir … coloniaux au sens identitaire, culturel et charnel…

          L’école républicaine joue ainsi un rôle majeur en ancrant dans les consciences la certitude de la supériorité du système colonial français… le bain colonial… Une culture au sens d’une imprégnation populaire… une culture invisible…dans le cadre d’une société française totalement imbibée de schèmes coloniaux.

       Dans Culture Impériale, deux citations :

     « Pour la grande majorité des Français de cette fin des années 1950, imbibés consciemment ou pas de culture impériale… Ces éléments marquent sans aucun doute l’importance qu’ a prise l’empire dans les consciences tout autant que dans l’inconscient des Français ».

            Dans La République coloniale, quelques-uns des mots psy choisis :

            « La France s’est imprégnée en profondeur de l’idée coloniale… de façon souterraine… Car la France continue de se voir à travers l’impensé colonial »

            Dans La Fracture coloniale :

            « les archétypes relatifs aux populations coloniales … les réminiscences restent palpables »

            Au Colloque de 1993, l’historien Meynier avait posé la question :

      «  Compte tenu de ce constat et des images officielles propagées, comment réagissent les Français ? Quels sont les référents inconscients qui se trouvent à l’arrière- plan lorsque l’on évoque les colonies :

   Imaginaire colonial et inconscient colonial

   Inconscient français et mythes colonisation : salvation et sécurisation »

   Plus de vingt ans plus tard, les docteurs psy n’ont jusqu’à présent apporté aucune réponse qui démontre la pertinence scientifique de leur discours psy.

        Le mémorialiste et historien Stora a, de son côté, lui-même contribué à renforcer l’audience de l’école des docteurs psy, notamment dans le petit livre « La guerre des mémoires ». (2007)

      Le journaliste Thierry Leclère commence à interroger M.Stora en faisant un constat : « La France est malade de son passé colonial », et M.Stora d’enchaîner sur « le deuil inachevé », le rôle d’une « Algérie centrale » », « une mémoire de vaincus », la « bataille mémorielle », « une grande blessure narcissique », « dans sa mémoire collective », « les enfants d’immigrés sont porteurs de la mémoire anticoloniale de leurs pères », « Mais c’est la guerre d’Algérie qui est le nœud gordien de tous les retours forts de mémoire de ces dernières années », « cette mémoire blessée ».

            L’auteur note toutefois que « Vu d’Algérie » au sujet de Boudiaf : «  il est revenu d’un long exil ; les jeunes Algériens ne connaissaient pas son nom » .

            Et plus loin, « les mémoires bafouées », « ces saignements de mémoire », « des ruminations  secrètes »…

            Ne s’agirait-il pas de la maladie « narcissique » d’un enfant, pied noir d’Algérie, né à Constantine, qui fut rapatrié à l’âge de douze ans ?

          Les symptômes de la maladie ainsi décrite dataient de l’année 2007, mais un nouveau petit livre publié par l’intéressé a valu à son auteur un commentaire d’approbation, pour ne pas dire de bénédiction, de la part de M.Frappat, ancien directeur des journaux Le Monde et La Croix.

         Cette critique était intitulée « Souvenirs longue portée » dans le journal La Croix du 31 décembre dernier (1).

         L’ancien journaliste et directeur de référence brode une critique qui fait appel aux mêmes signes cliniques de maladie postcoloniale que ceux de M.Stora.

         « Il y a un refoulé qui revient de loin », « l’effet retard du passé », « « Et sans le retour violent du refoulé comment expliquerait-t-on la haine que tant d’anciens peuples colonisés éprouvent à l’égard de tout ce qui peut rappeler le temps des colonies et de leur servitude ?…

     « Dernier exemple en date : la mémoire de la guerre d’Algérie… l’effet retard du passé. D’abord nous avons été interloqués d’apprendre que beaucoup de terroristes qui, depuis des mois, ont entrepris de saigner la France étaient des jeunes Français vivant parmi nous depuis leur naissance »…,

     « Ce lien est peut-être la persistance, dans l’âme française, d’une question  non résolue, d’un traumatisme non digéré qu’est la guerre d’Algérie »

        En oubliant sans doute la guerre civile des années 1990 qui a ensanglanté ce pays et qui a incité de nombreux Algériens à venir en France, et qui a succédé, plus de trente ans plus tard, à une autre guerre civile, qui ne disait pas son « nom » !

       Il convient de rappeler que M.Stora a évoqué aussi le camp des « Sudistes » qui existerait dans notre pays : après le rapprochement avec la mémoire de Vichy, notre mémorialiste national n’hésite pas à trouver une comparaison historique, non moins hardie, avec le Vieux Sud des Etats Unis, le Sud esclavagiste.

        L’ancien journaliste de référence note toutefois plus loin :

       « De l’autre côté de la mer, de l’autre côté des peuples, on connait mal les effets de la mémoire de la guerre d’Algérie sur les populations de ce pays »,  avec une phrase de conclusion effectivement explosive : « Les mémoires sont parfois bourrées d’explosifs. »

      Comment ne pas être étonné que l’honorable Monsieur Frappat mette les attentats de Daech sur le compte de la mémoire coloniale, ou plutôt algérienne ?

Le diagnostic de la maladie, par les Psy, docteurs en histoire ou en journalisme.  

     Ce diagnostic vaut largement celui des médecins de Molière !

     « Serais-je devenu médecin sans m’en être aperçu ? »  – « Sganarelle, dans Le médecin malgré lui  »

       Dans quel domaine sommes-nous ? Médecine ? Psychanalyse ? Journalisme ? Littérature ? Histoire ? Idéologie ?  Politique ? Repentance religieuse ?

       Quelles sont les preuves de la maladie psy ainsi décrite ?

       Avez-vous effectué des enquêtes statistiques sérieuses qui vous permettent d’accréditer votre diagnostic sur la maladie dont la France souffrirait ?

       A les écouter : « Je suis malade, complètement malade » pour reprendre un refrain populaire des années 1970, de Serge Lama, mais de quoi précisément suis-je malade ?

      De quelle maladie les Français souffrent-ils ? Quels Français ? Quels peuples anciennement colonisés ? Les docteurs Psy eux-mêmes ou les Français en général ?

     Une maladie tout à fait étrange qui n’a pas dissuadé beaucoup de maghrébins, dont une grande majorité d’Algériens, et d’Africains, de venir émigrer massivement dans une France qui s’est transmise clandestinement les poisons du colonialisme, pour autant qu’ils aient toujours et partout existé.

      Cette immigration régulière et irrégulière n’a pas été négligeable, même si les spécialistes ont de la peine à se mettre d’accord sur les vrais chiffres.

       Monsieur Stora cite ses propres chiffres : «  la France se découvre aujourd’hui avec cinq à six millions de musulmans »

      Des immigrés masochistes à ce point ?

      Ou plus vraisemblablement des docteurs Psy effectivement masochistes, toujours prêts à sacrifier à leurs exercices habituels d’autoflagellation nationale, d’une repentance de nature ambiguë, des adeptes d’une nouvelle congrégation de flagellants ?

      Je suis issu d’une famille de l’est de la France qui a connu trois invasions allemandes en moins d’un siècle, une invasion, dont les ambitions et la réalité ne soutenaient aucune comparaison avec la colonisation, j’espère que les docteurs Psy en conviendront. Je n’ai jamais entendu dans ma famille ce type de discours mémoriel, à l’égard de nos amis allemands, un discours que je classe donc dans la  catégorie de la toute nouvelle propagande « made in France », une nouvelle propagande tout à fait subversive.

          Je crois avoir démontré ailleurs que la propagande coloniale n’a jamais eu l’importance et l’efficacité faussement décrites dans les ouvrages du collectif Blanchard and Co.

          Cela fait des dizaines d’années que ma famille prône la réconciliation de la France et de l’Allemagne, sans rien demander.

      J’ai donc le droit de me poser la question du bien-fondé de ces discours psy de nature mémorielle, indépendamment du fait que jusqu’à présent personne n’a eu le courage de vérifier si des enquêtes statistiques sérieuses sur la ou les fameuses mémoires existaient et avec quel contenu ?

         Mon propre diagnostic repose plutôt sur l’ambition qu’ont ces docteurs psy de complaire à une partie par trop « apatride » de notre bel establishment, à un électorat que les politiques cherchent à séduire, ou à un public éditorial qui raffole de l’autoflagellation nationale, au prix de mettre en danger notre unité nationale sacrifiée à un cosmopolitisme propre à encourager toutes les anarchies, et la prospérité d’une « multinationale » française que personne n’a le courage de contrôler.

          N’existerait-il en effet pas d’autres explications sur les raisons des malaises sociaux dont la France souffrirait ? Une immigration mal contrôlée qui bouleverse les conditions de vie dans certains de nos territoires ? L’arrivée d’un Islam dont les Français ignoraient tout de son existence ?

          Quant à « notre ancien outre-mer », encore plus malins seraient les docteurs psy qui pourraient décrire les souffrances de leur mémoire coloniale, pour autant qu’ils connaissent mieux leur histoire coloniale que les Français !

       M.Stora citait le cas de Boudiaf pour l’Algérie, mais quand Chirac, dans la même veine de mémoire, est venu à Madagascar, en 2004,  pour y faire entre autres, repentance de la répression violente de  1947, les observateurs les plus objectifs ont pu noter que ce type de couplet avait fait un grand flop !

        Ma conclusion sera que les docteurs psy, en tout genre, et de tout acabit, parce qu’ils sont les véritables responsables du type de mémoire décrit mais jamais évalué, d’une mémoire d’autoflagellation, ont fait prendre un véritable risque national à notre pays, celui d’une autoréalisation, quelquefois « explosive » de cette mémoire trafiquée parmi certains jeunes de France.

      Pourquoi ne pas constater en effet, avec de la tristesse, en effet qu’un des représentants de notre bel establishment, l’honorable Monsieur Frappat a prêté sa voix à ce nouveau chœur de « repentants» ?

       Un establishment qui marie paradoxalement son goût de la grandeur passée, (voir Libye, Mali, Centrafrique, Syrie…), la France gendarme du monde ou centre du monde, au choix, et son penchant psy pour un passé encore inexplicable et inexpliqué pour les ignorants.

      Alors oui, pourquoi ne pas revenir au grand Molière, une valeur sûre, et terminer mon propos par une citation « médicinale » tirée de Monsieur de Pourceaugnac ?

     « Second médecin

     « A Dieu ne plaise, Monsieur, qu’il me tombe en pensée d’ajouter rien à ce que vous venez de dire ! Vous avez si bien discouru sur tous les signes, les symptômes et les causes de la maladie de Monsieur ; le raisonnement que vous en avez fait est si docte et si beau, qu’il est impossible qu’il ne soit pas fou, et mélancolique hypocondriaque ; et quand il ne le serait pas, il faudrait qu’il  le devint, pour la beauté des choses que vous avez dites, et la justesse du raisonnement que vous avez fait »

Molière, Monsieur de Pourceaugnac, Acte I, Scène VIII »

          Et pour mot de la fin du fin, les docteurs psy n’auraient pas pu s’emparer d’un  tel sujet, notamment dans le cas de l’Algérie, si les Accords d’Evian n’avaient pas acté que les crimes de guerre, donc commis dans les deux camps, seraient amnistiés ! En ouvrant tout grand le champ de toutes les hypothèses, même les plus scabreuses !

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

  1. Ci-après le texte du courrier que j’ai adressé au journal La Croix le 31 décembre 2015 :

      «  Bonsoir, il est sans doute dommage de commencer la nouvelle année, mais je voudrais dire à Monsieur Frappat tout le mal que je pense de sa chronique sur les souvenirs longs et sur ses références aux écrits Stora, et encore plus sur le rapprochement très douteux qu’il propose entre Daech et la guerre d’Algérie, pour ne parler que de ce conflit.

         Monsieur Frappat ferait bien de suggérer ou de financer lui-même une enquête de mémoire collective sérieuse sur le passé colonial et sur le passé algérien, dont s’est emparé son auteur de référence, car, jamais, sauf erreur, Stora n’ a accrédité sa thèse en fournissant la moindre preuve statistique de sa thèse mémorielle. Récemment la Fondation Jean Jaurès associée à un journal que Monsieur Frappat a dirigé un temps, a proposé une enquête sur ce type de sujet, mais une enquête très mal ficelée statistiquement, avec une batterie de questions très imparfaite.

         Je dirais volontiers à monsieur Frappat que ce sont plutôt, à l’inverse de ce qu’il croit et écrit, des gens comme Stora qui ont accrédité auprès de certains jeunes l’existence les souvenirs de longue portée dont il parle.

        Il s’agit d’un sujet que je crois connaître assez bien, celui d’une nouvelle propagande beaucoup plus insidieuse que la propagande coloniale, quand elle exista, la nouvelle propagande de l’autoflagellation historique et de la repentance : non, Monsieur Frappat, tous les petits Français qui ont servi la France en Algérie ne furent pas de petits ou grands salauds, des colonialistes de tout crin, pour ne parler que de ceux qui luttèrent, nombreux, pour que la paix revienne dans une Algérie nouvelle, celle de l’indépendance.      Quant au bouquin de Monsieur Jenni sur l’art de la guerre, je dirais qu’il sue par toutes les pores de ses lignes d’écriture talentueuse le même type de discours sirupeux. Bonne année pour une enquête mémorielle enfin sérieuse que pourrait lancer notre beau journal assomptionniste. »