Le « benchmarking : Réfugiés ou Migrants ?

Le « benchmarking »

Plus simplement la bonne information !

Réfugiés ou Migrants ?

Que cache ce mot anglo-saxon et savant ?

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil !

Le cas des « mineurs étrangers isolés »

            Le ministre de l’Intérieur a évidemment choisi le mot pour faire le buzz, car dans notre pays et dans les médias d’aujourd’hui, les mots anglo-saxons ont plus de chances de faire le buzz que le vieux bon français.

            Les dénominations choisies par les médias, les responsables politiques ou des groupes de pression humanitaires ou non, ont introduit la plus grande confusion dans l’interprétation de la nature des flux démographiques qui sont arrivés à nos frontières, pour autant qu’elles existassent encore : s’agissait-il de réfugiés ou de migrants économiques ?

            il y a quelques années, je me souviens avoir accroché les responsables du journal la Croix sur la distinction qu’il convenait de faire dès le départ entre réfugiés et migrants.

            Il est évident que des flux de migrants économiques venus de pays d’Afrique en paix relative ont profité de l’occasion provoquée par la guerre de Daech en Syrie et en Irak pour franchir mers et frontières.

         Les pays d’Europe ont ouvert une large brèche dans leur politique d’accueil, d’autant plus large que les pays de l’Union ne sont toujours pas d’accord sur la politique d’immigration qu’il convient d’appliquer, chacun d’entre eux tentant de repasser le réfugié ou l’immigré à l’autre.

        La situation actuelle de l’Allemagne montre que la générosité de la chancelière y a profondément rebattu les cartes politiques, et pas obligatoirement au profit de la paix civile et du bien commun.

            En ce qui concerne la France, on ne peut qu’être surpris de voir entrer dans ces nouveaux flux des enfants supposés mineurs venus de l’Afrique de l’ouest ou du centre mettre à profit cette situation internationale pour bénéficier chez nous d’une loi de protection des mineurs.

           C’est l’exemple du fonctionnement du « benchmarking », c’est-à-dire des informations de toute nature qui donnent la possibilité aux candidats à l’émigration de s’orienter, de s’organiser pour atteindre le pays de leur choix.

            Il faut bien comprendre que dans beaucoup de villages ou cités situés sur les fleuves Sénégal, Niger, ou Congo, on sait depuis longtemps beaucoup de choses sur la vie que connaissent des parents ou des amis dans notre pays.

            Il est évident qu’il en a toujours été ainsi, sauf que l’explosion des médias, des réseaux de communication en tout genre, a démultiplié ces possibilités d’information.

            Au cours de son histoire, l’Afrique a souvent connu des flux de migrations internes volontaires ou forcées.

            Dans le cas de la France, la présence de communautés importantes de Français d’origine immigrée constitue, avec le partage d’une langue commune, un facteur évident d’attraction.

             Il est non moins évident que la profession de passeur y a prospéré, de même que celle des faussaires de papiers, alors qu’en même temps, certaines entreprises françaises n’ont pas été mécontentes d’embaucher des clandestins.

          Dans de nombreux cas, le gain d’argent constitue un des motifs fréquent de l’émigration, parce que le parent émigré soutient financièrement toute sa famille.

            Pour mieux comprendre la nature et l’origine de ces flux officiels ou clandestins, il n’est pas inutile d’avoir un minimum de connaissances sur la culture africaine, la place du collectif, de la famille dont la composition est très différente de la nôtre, beaucoup plus large, le rôle des parentés, le rôle des anciennes coutumes, etc…

            Comment blâmer ces mouvements suscités par l’espoir d’une vie meilleure? Ils ne sont pas nouveaux.

            Pourquoi ne pas avoir aussi la lucidité de constater que toutes sortes d’associations de couleur « humanitaire » prennent place dans le « benchmarking » des flux de migrants ?

            L’immigration actuelle soulève beaucoup de difficultés en raison de son caractère massif, incontrôlable, qui ne tient aucun compte des capacités d’accueil des pays européens. C’est un facteur évident de trouble de la paix civile, d’autant plus que l’Union européenne fait preuve à la fois de laxisme et de désunion, alors qu’un islam de combat multiforme sait épouser tous les ressorts de propagande et d’action offerts par ces flux de migrants incontrôlables ou incontrôlés.

            Les Françaises et français d’origine immigrée sont mieux placés que quiconque pour mesurer les risques que notre pays est susceptible de courir dans un tel cas de figure.

            Il faut aussi que les gouvernements des pays d’émigration assument leurs responsabilités, lesquels, faute souvent de bonne gouvernance, feignent d’ignorer qu’ils n’échapperont pas, qu’ils le veuillent ou non, à une certaine dose de contrôle démographique.

            Beaucoup de ces pays ont beaucoup de peine à sortir d’un statut de pays assisté, très proche, pourquoi ne pas le dire de l’ancien statut colonial.

Le cas des « mineurs étrangers isolés »

            Avant toute chose, il convient de rappeler que notre pays s’est fait l’obligation juridique d’accueillir tout mineur étranger isolé.

            Il se trouve que, le 20 août 2018, sous le titre en première page « Migrants mineurs : l’épineux problème », le quotidien régional Ouest France a consacré plusieurs articles sur le sujet en ce qui concerne les données générales du problème et le cas de la Loire Atlantique.

            Je ne pense pas que l’on puisse faire un mauvais procès à ce journal qui expose le sujet avec un regard d’humanité, mais cela ne doit pas empêcher les citoyens de notre pays de porter un regard lucide sur ce dossier sensible.

            Regard lucide sur l’authenticité des témoignages qui fondent la reconnaissance juridique du titre de « mineur étranger isolé », et sur l’âge réel du mineur étranger, avec toute la difficulté de faire la lumière sur ces deux points.

            Connaissant un peu la culture africaine, les propos que tient le jeune guinéen interviewé dans le journal suscitent de ma part plus que de la réserve.

            Mais le problème n’est-il pas ailleurs, précisément dans les pays d’origine des jeunes migrants, celui de l’information dont  ils disposent au sein de leurs familles, des aides dont ils ont pu bénéficier pour affronter maints dangers pour arriver dans notre pays.

           Le problème ne concerne-t-il pas plus encore les pouvoirs publics des pays africains dont sont originaires ces mineurs, car après tout, les destinées de leurs enfants les concernent avant nous.

       Il semblerait assez légitime de renvoyer  les jeunes migrants dans leur pays, plutôt que de continuer à entretenir le feu de ce type d’immigration que notre pays est de moins en moins capable de gérer.

        Le même journal citait le chiffre de 476 mineurs isolés en Loire Atlantique, et indiquait qu’en ce qui concerne l’évolution du nombre de mineurs reconnus comme tels et accueillis dans notre pays, il y en avait 8 054 en 2016 et 14 908 en 2017, soit une hausse de 85% en un an, dont 80% viennent d’Afrique.

          Il est évident que cette progression n’est pas innocente.

         Par ailleurs, personne n’évoque le chiffre des « mineurs » étrangers qui ne se voient pas reconnaître le statut, et qui restent donc en France et gonflent l’effectif des migrants sans papiers.

        Dans le même journal : « La prise en charge d’un jeune isolé nécessite 50 000 euros par an », ce qui représente un coût annuel national pour ceux reconnus tels en 2017 de 14 908 x 50 000 =  745 400 000 euros.

      Une source IFRAP du 11/07/17 indiquait en charge budgétaire nationale : « bientôt un milliard cinq cents millions pour les pouvoirs publics », j’écrirais plutôt pour les contribuables.

       Ce dossier est en lui-même un scandale international et national à tout point de vue et les criminels ne sont pas toujours ceux que l’on désigne à la vindicte publique.

        Question :  ne serait-il pas plus intelligent, et en définitive plus humain de verser une partie de cet argent aux pays africains d’origine, lesquels seraient beaucoup mieux placés pour assumer la responsabilité qu’un tel système nous transfère dans des conditions tout à fait discutables, tant il met en cause la fiabilité des relations internationales que nous entretenons avec ces pays africains, notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest ?

    Jean Pierre Renaud

Les femmes excisées au Sénégal sur le « 20 heures » de France 2, le 6 février 2018

Les femmes excisées

France 2 et l’information

Le « 20 heures » du 6 février 2018

Le Sénégal et ses femmes excisées

            Le « 20 heures » a consacré quelques minutes à un documentaire sur le problème de l’excision au Sénégal, en a situé l’ampleur et décrit l’action qui était aujourd’hui menée pour éradiquer cette coutume barbare, fut-elle religieuse.

            Il est bien dommage que la chaine « publique », n’ait pas rappelé à ses téléspectateurs que l’excision existait aussi en France pour plusieurs dizaines de milliers de femmes originaires d’Afrique, de première ou de deuxième génération.

            Dans un article du Monde du 22 décembre 2016, Ondine Debré avait intitulé un article « Les femmes coupées » et cité le chiffre de 60 000 femmes excisées vivant alors dans notre pays.

            Sur ce blog, j’avais fait écho à cet article, le 2 janvier 2017, en critiquant l’article de Stéphane Madaule dans la Croix du 26/12/2016, alors responsable de l’AFD à Brazzaville, qui avait le titre tout à fait paradoxal de « Communautarisme ou intégration à un modèle commun ».

            A la gloire d’un « communautarisme » partagé, « femmes coupées » y compris ?

            A quand un documentaire sur France 2 et sur le même sujet en France ?

            Jean Pierre Renaud

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ? Avec le Club Médiapart Quatrième épisode: « Mémoires dangereuses »

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ?

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Autour des « raisins verts » ?

Quatre chroniques sur la guerre d’Algérie et les accords d’Evian

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Quatrième et dernier épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

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« L’histoire est un roman qui a été, le roman de l’histoire qui aurait pu être »

« Les Frères Goncourt »

Une suggestion de dissertation pour les élèves des deux professeurs Alexis Jenni et Jérôme Ferrari, au choix, entre « La chute de Rome » et « L’art de la guerre »

« Pour ou contre la lecture des Frères Goncourt d’après laquelle l’un ou l’autre des deux romans n’est qu’ « roman de l’histoire qui aurait pu être », c’est-à-dire la leur ? »

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Quatrième épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

Au Club de Mediapart, Benjamin Stora et Albert Jenni, dialoguent sur les « mémoires dangereuses »

     « Le Club de Médiapart…

        Les mémoires dangereuses. Extrait d’un dialogue

Extrait des mémoires dangereuses » (Ed Albin Michel, 2016), début du dialogue entre Alexis Jenni de « L’art français de la guerre » (Ed Gallimard) Prix Goncourt, 2011, et Benjamin Stora »

            Il s’agit d’un extrait tout à fait intéressant, parce que symbolique de la production d’un courant intellectuel qui tente encore de tenir un petit pan de l’opinion publique en haleine, pour tout ce qui touche aux pages les plus sombres de l’histoire de notre pays, tout en se défendant du contraire.

            Pourquoi ne pas dire dès le départ que ce type de discours incarne et diffuse une forme de perversion intellectuelle sur l’objet « mémoires » ?

            Rappelons succinctement quelles sont les Tables de la Loi du site Mediapart : une information de qualité, cultivant l’indépendance, la pertinence, et l’exclusivité.

      Qualité ? Soit ! Indépendance ? Un site qui ne serait pas irrigué par une ancienne et continue idéologie tiers-mondiste, ce qui veut dire une forme subtile de « servilité » à une idéologie ? Pertinence ? Nous verrons. Exclusivité ? Il parait difficile d’appliquer ces principes au contenu de ce dialogue, pas uniquement en raison du goût des deux dialoguistes pour tous les médias.

      Ce dialogue draine beaucoup des mots qu’aime utiliser Monsieur Benjamin Stora, en jouant sur les multiples facettes du mot « mémoires », aujourd’hui « dangereuses », hier en « guerre », de nos jours « communautaristes », et récemment avec la profession de foi d’un apôtre de la paix des mémoires, selon une chronique récente du journal La Croix.

      « Le prisme de la guerre d’Algérie…. Une histoire qui a été longtemps occultée

       C’est à si perdre, tant son discours est toujours aussi tonitruant, nourri d’affirmations et de certitudes répétées à satiété sur l’état de ces « mémoires », sans jamais, jusqu’à présent, et sauf erreur, avoir jamais donné la moindre mesure de cette guerre des mémoires. Monsieur Jenni parle de « guerre culturelle ».

      Est-il pertinent de tenir un tel discours mémoriel sans avancer la moindre évaluation des phénomènes décrits ? Non !

            Les mots tonitruants ?

            Monsieur Stora abrite son discours sous le parapluie d’une « histoire du Sud » laquelle ferait l’objet d’un « déni », en évoquant l’existence de trois mémoires celles des rapatriés, des anciens appelés du contingent d’Algérie, et  des enfants ou petits-enfants issus de l’immigration algérienne.

            « Aujourd’hui, la mémoire de cette guerre fait retour, massivement, dans les sociétés, algérienne et française… »

            Il conviendrait d’expliquer par quelle voie cette « histoire » ou cette « mémoire » fait aujourd’hui retour massivement  chez les enfants ou petits-enfants nés après 1962.

            S’agit-il 1) de l’Algérie ou de l’Empire colonial ? 2) de l’opinion du mémorialiste, fils d’un rapatrié de Constantine, ou enfin de la mesure de ce retour massif de la mémoire de cette guerre?

            A lire ce dialogue, la guerre des idées ferait rage, « des affrontements mémoriels d’une grand violence symbolique », « Ce conflit mémoriel », « Cette bataille culturelle », en dépit du « déni », du « refoulement », de la « dénégation » de notre pays, toutes caractéristiques abondamment décrites en chœur par les deux dialoguistes ?

            J’oserais écrire volontiers que ce type de discours ne correspond pas, jusqu’à preuve du contraire, à la situation historique actuelle de notre pays.

            J’oserais écrire une fois de plus que le peuple de France n’a jamais eu la fibre coloniale, que l’empire, sauf exception, n’a jamais été la préoccupation des Français, que la question coloniale a fait irruption dans notre histoire avec la guerre d’Algérie, et de nos jours, avec la présence d’une population d’origine immigrée largement nourrie par l’ancien domaine colonial.

     J’oserais écrire qu’en 1962, la grande majorité des Français et des Françaises ont été contents de se débarrasser du dossier algérien, et qu’à ma connaissance, la France d’alors n’a pas accueilli joyeusement le flot des rapatriés venus d’Algérie, comme s’en rappelle sans doute l’actuel Président  de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration.

            J’oserais écrire que ce type de discours mémoriel est étranger à celui de beaucoup des soldats, sous-officiers, officiers qui ont fait la guerre d’Algérie, faute pour le gouvernement de gauche de l’époque d’avoir su ménager une vraie voie d’évolution politique de l’Algérie.

            Beaucoup d’entre eux ont livré publiquement le fruit de leurs mémoires, et rien n’a été caché, le blanc comme le noir, comme dans toute guerre.

    Jean Pierre Renaud – Première partie

Histoire ou mémoires ou subversion? Benjamin Stora

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ?

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Avec les « raisins verts » ?

         Quatre chroniques sur la guerre d’Algérie et les accords d’Evian

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Troisième épisode

Histoire ou mémoires ?

Benjamin Stora

Qu’est-ce qui fait courir Monsieur Stora ?

Ses talents d’historien engagé ? Ses positions d’intellectuel à la mode, ou sa condition d’enfant d’Algérie rapatrié en 1962 ?

Ou tout simplement son goût des médias, une sorte d’omniprésence dans beaucoup de médias ?

Les « raisins verts » des intellectuels issus de la matrice algérienne ? En concurrence avec les fils Joxe et Jeanneney ?

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Entre guerre et paix ?

« Benjamin Stora, la paix des mémoires »

Un gros titre noir dans  La Croix des 12 et 13 novembre 2016, avec deux pages de portrait et d’interview (pages 10 et 11) et une grande photo de l’historien engagé.

      A la page 10, une grande photo de l’historien engagé qui occupe presque la moitié de la page, – figure de prêtre, d’apôtre, pour quelle religion dans un journal chrétien ? – une grande photo d’un Stora ouvrant tout grand les bras, avec en sous-titre :

     « L’historien Benjamin  Stora a toujours cherché à briser les enfermements, à connaître  les autres »

« La paix des mémoires » au lieu de « la guerre des mémoires » ? Monsieur Stora s’inscrirait donc aujourd’hui dans un autre registre de la mémoire, la paix des mémoires au lieu de la guerre des mémoires du petit livre qu’il publia en 2007. (voir ma critique sur ce blog)

            L’historien raconte dans cette chronique : « J’avais 42 ans quand je suis passé pour la première fois sur un plateau de télévision » (page 11, La Croix)

            Reconnaissons que depuis cette date, l’intéressé s’est bien rattrapé dans de très nombreux studios, colloques, ou tribunes, au point que de mauvais esprits pourraient se demander quand ce « bosseur » trouve le temps de « bosser ».

            Le journal note d’ailleurs : « De nombreux téléspectateurs identifient Benjamin Stora à ses épais sourcils et à sa mine austère qui confortent le sérieux d’émissions comme « La grande librairie » ou « Bibliothèque Médicis ».

            J’ai souligné le sérieux de ce commentaire louangeur.

            Les deux pages fournissent maintes informations sur le curriculum vitae de l’intéressé, mais sans rien dire de son passé trotskiste – le vrai « fil rouge ? » –  et de ses autres engagements politiques, qui éclaireraient sans doute son parcours, alors qu’il parle paradoxalement de sa « solitude politique » (p,11)

            Le plus surprenant à mes yeux, et pour moi qui fut un grand lecteur  et admirateur de Camus au cours de mes études, et encore après, fut d’apprendre que l’intéressé n’avait vraiment découvert Camus qu’en 1994, alors qu’il avait déjà 44 ans.

            Etait-ce un titre suffisant pour justifier une coprésidence, avec Monsieur Onfray, d’une exposition consacrée à Camus, à Aix en Provence, dont le projet fut d’ailleurs abandonné ?

         Benjamin Stora en captage d’héritage intellectuel, philosophique, et moral de Camus ?

         Illustration de cette découverte-conversion :

      Dans le journal Le Monde du 20 août 2014 « L’Eté en séries » (page18)

        16 avril 1994Benjamin Stora quitte Sartre pour Camus

      « LE MONDE » ET MOI

       L’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie coloniale et ancien militant trotskiste, s’est longtemps senti plus d’affinités avec la pensée de Jean-Paul Sartre qu’avec celle de Camus. Jusqu’à ce qu’il tombe, le 16 avril 1994, sur un article du « Monde » (1) saluant le roman inédit de Camus, « Le Premier Homme » :

… Cette lecture a totalement bouleversé l’image que j’avais de Camus et de la littérature… Et soudain, c’est de Camus dont je me sentais proche… Camus répétait-on était un auteur colonial. Le Premier Homme que je n’aurais pas découvert si vite sans cet article, a confirmé mes intuitions : travailler sur la mémoire, celle des personnes, des individus, est une tâche essentielle. Y compris pour les historiens. » Propos recueillis par Catherine Simon (1)

    (1) Article de Florence Noiville  intitulé « L’enfance inguérissable  d’Albert Camus »

            Depuis de très nombreuses années, Monsieur Stora inscrit son travail historique dans le champ médiatique, et je ne suis pas sûr que ce type de registre, tel qu’il en use, soit de nature à donner une autorité suffisante à un discours mémoriel ou historique, au choix, pour plusieurs raisons :

  Guerre des mémoires ou paix des mémoires ?

       L’historien a semé le trouble en lançant dans les médias et dans l’opinion publique l’expression « guerre des mémoires », une expression mémorielle qu’il n’a jamais eu le courage de faire mesurer.

     Tout un courant intellectuel et médiatique se gorge de discours pseudo-historiques ou pseudo-mémoriels sur la guerre d’Algérie, sur l’histoire coloniale, le « déni » des Français à leur endroit, en tentant de nous persuader que l’histoire coloniale a constitué une pièce importante de notre histoire, alors que cela n’a pas été le cas, hors l’Algérie : beaucoup de Français n’en ont appris, ou connu l’existence, en plus de l’expérience, qu’à l’occasion de l’envoi des soldats  du contingent.

        Un discours mémoriel qui, non seulement laisse accroire que la mémoire de la guerre d’Algérie se confond avec celle de la décolonisation en général, mais aussi, que l’histoire de l’Algérie coïnciderait avec celle de la colonisation française dans son ensemble, alors que c’est le seul territoire qui a fait l’objet d’une longue tentative de colonisation humaine, en définitive modeste par rapport à certaines expériences et réussites anglaises.

        Je suis loin d’être convaincu que les Français originaires d’Algérie, pas plus que les intellectuels issus de la « matrice « algérienne, soient les mieux placés pour nous raconter notre histoire, et nous convaincre que l’Algérie constitue l’alpha et l’oméga de notre « histoire du Sud ».

      Mesure des mémoires ? Je ne suis pas sûr que les Français issus de la deuxième ou troisième génération d’immigrés venus d’Algérie connaissent mieux leur histoire, et ce n’est sans doute pas avec le discours idéologique du FLN, toujours au pouvoir, qu’ils y réussiront.

     Hors Algérie, le peuple français n’a jamais été un peuple colonial, et ce sont les nouveaux flux d’immigration algérienne qui lui ont fait prendre conscience de ce pan de notre histoire, avec une autre sorte de colonisation, notamment l’algérienne en France.

     Le chroniqueur de La Croix écrivait : « Face au grand public rassemblé au  théâtre de La Criée dans le cadre des Rencontres d’Averroès – un rendez- vous annuel de débats et d’échanges qui se déroule depuis 1994 dans la Cité phocéenne -, il cherchera une nouvelle fois à jeter des ponts entre des histoires qui furent conflictuelles. A rapprocher les mémoires… » (p,11)

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Les primaires de la droite ou de la gauche – Les vieilles choses de Lyautey- Rien n’a vraiment changé depuis le Troisième République!

Les primaires de la droite ou de la gauche

Les « vieilles choses » de Lyautey

Rien n’a véritablement changé depuis la Troisième République !

            Experts en tout genre et politologues dissertent sur les raisons de la crise politique qui mine notre société en profondeur depuis de nombreuses années.

            Les crises de représentativité de nos institutions parlementaires, – ils vont tous au contact du peuple, le redécouvrent, –  ou celles des partis politiques qui s’en remettent à des élections primaires pour désigner leurs hérauts présidentiels, en sont les illustrations principales, mais quelles en sont les raisons ?

            La Croix du 11 janvier fait sa première page sous le titre « La gauche en quête d’idées » et publie un éditorial sous le titre « En morceaux », il s’agit de la gauche, avec en finale cette réflexion et référence :

      « Cet éclatement d’une famille de pensée qui a longtemps eu la haute main sur « l’imagination de l’avenir » pour reprendre une formule du philosophe Marcel Gauchet, n’est plus une bonne nouvelle pour personne. »

         Je suis loin d’être assuré que cette appréciation soit fondée, car on ne peut pas dire que la gauche ait bien imaginé l’avenir tout au long des années qui ont suivi la Libération, qu’il s’agisse de la décolonisation, de la guerre d’Algérie avec Guy Mollet, ou enfin du Programme commun de Messieurs Mitterrand et Chevènement en 1981, pour ne pas citer la gauche moribonde de Monsieur Hollande, en tout cas du Parti Socialiste dont il a été le Secrétaire pendant plus de dix ans.

           Un mot tout d’abord sur ces primaires qui mettent le pays dans un état de transe politique permanente dans les milieux dirigeants et qui montrent que les partis politiques dont le rôle est reconnu dans l’article 4 du Préambule de  la Constitution de 1958, ont mis eux-mêmes la clé sous la porte en laissant le soin aux citoyens, quels qu’ils soient, de désigner à leur place, les hommes ou les femmes qui sont censées incarner leur « imagination de l’avenir ».

       Débauche de com’, lutte au couteau entre egos, politique du spectacle à gogo ! La France est un pays formidable, car à voir certaines candidatures, on va finir par croire que la Présidence de notre République peut être exercée par n’importe quel citoyen « normal ».

        Les primaires sont à mes yeux la caractéristique de la perversité actuelle de notre démocratie politique, ou en d’autres termes, une médecine à la Molière, un laxatif tellement puissant qu’il est de nature à ruiner la démocratie.

      A voir ce qui se passe dans le Parti socialiste, la médication politique que cette formation a promue va effectivement mettre le malade au tapis.

Je vous propose donc de revenir à une analyse plus terre à terre de notre situation nationale.

       Les élites, qui nous ont gouverné et qui nous gouvernent encore, ont conservé une conception franchouillarde de la politique, ce qui veut dire qu’elles sont obnubilées par leur nombril, leur canton, leur commune, leur département, leur région, sans s’occuper de ce qui se passe dans « l’ailleurs » de l’Europe et du monde : à l’évidence, le destin de notre nation dépend plus de ce qui se passe dans l’Union européenne, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, ou encore en Russie.

        Il est d’ailleurs curieux, pour revenir à l’imagination socialiste, que les partis qui sont censés la représenter ne parlent jamais de cette justice sociale internationale souvent imparfaite, qui est en cours de réalisation avec une nouvelle distribution des richesses du monde, la mondialisation en cours.

      Notre élite politique n’a pas encore pris le vent du large, et elle a d’autant plus de mal à le faire qu’elle est entortillée dans un millefeuille obsolète de structures nationales ou locales, politico-sociales, intermédiaires, qu’elle trouve encore confortable.

       Les deux exemples de Bayrou et de Juppé illustrent bien cette situation, Pau ou Bordeaux, au lieu de Strasbourg et de Bruxelles, avec des discours mais pas d’actes.

      Combien de nos politiques ont acquis une vraie expérience des affaires internationales ?

      Notre élite politique a une longue tradition de franchouillardise en même temps qu’elle s’adonne toujours, comme par le passé, à son goût cocardier de vouloir mettre son grain de sel dans toutes les affaires du monde.

     Les initiatives, postures, et interventions extérieures de la Présidence actuelle en donnent une bonne illustration.    

     J’ai déjà écrit quelque part que les initiatives internationales de la République actuelle, la Cinquième, étaient en définitive très proches de celles de la Troisième République de Jules Ferry.

       Dans une de ses lettres du Sud de Madagascar que le colonel Lyautey adressait de Fianarantsoa à Max Leclerc, le 3 juin 1901 ;

    « Or l’état d’âme mondial, la libération de l’ « otium cum dignitate » que vous rapportiez d’Amérique, je crois m’en être largement imprégné au cours de cette campagne de sept ans à travers le monde et je fais tout ce que je puis, par la fréquentation des étrangers, par ma libération de l’uniforme et du bouton, pour m’y maintenir. Seulement cette conception mondiale des choses me rend certainement plus pessimiste que vous au sujet de nos choses intérieures. Je trouve justement que nous nous soyons dans les systèmes spéculatifs, que la majorité chez nous attache trop d’importance aux « vieilles choses » qui selon vous, barrent la route et dont il faut avant tout se débarrasser, parce qu’il me semble qu’elles ne barrent pas grand ’chose…. Je trouve justement que notre Parlement, nos hommes d’Etat ne sont pas assez « mondiaux », et que notre rôle en Chine, au Siam, en Afrique, le développement de nos débouchés, la prospérité de nos ports, la révision étudiée et sérieuse de notre protectionnisme meurtrier, la résurrection de notre flotte marchande devraient passer au premier plan des préoccupations de nos hommes politiques, enlisés dans leurs soucis électoraux, dans leurs querelles contre tant de choses « si tellement » moins redoutables que la concurrence étrangère et que le commerce allemand.  ….        Ma civilisation « mondiale » me fait chaque jour toucher du doigt l’affaiblissement de notre force économique, la timidité de nos capitaux, la timidité de toute affaire, de toute entreprise dans l’incertitude du lendemain, et c’est pourquoi je nous crois très mal gouvernés. L’Amérique, aussi démocratique que nous, a une suite, un programme, une volonté, un « gouvernement et des institutions » : il me semble que nous n’avons plus ni l’un ni l’autre.

Mais voilà bien trop de politique, je m’étais interdit d’en faire. C’est vous qui m’y avez provoquéExcusez m’en donc. » (Lettres du Sud de Madagascar, p,90,91,92)

       Je précise que le général Gallieni avait confié le Commandement Supérieur du Sud de Madagascar au colonel Lyautey en vue de sa pacification et de sa modernisation, un commandement que le « colonialiste » exerça dans de très bonnes conditions dans les conditions de vie précaire qui étaient alors celles de cette région. Il l’avait beaucoup apprécié au Tonkin.

      Ces paroles ne sonnent-elles pas toujours aussi juste plus d’un siècle après, quitte à les transposer ?

      En résumé, notre pays ne sortira de ses ornières qu’en se projetant au dehors, dans un ailleurs qui ne peut être, dans les rapports de force internationaux actuels et prévisibles, qu’un ailleurs européen, en rejetant le dedans des conforts franchouillards, des fausses souverainetés, et des cocoricos.

    J’ajouterai qu’en plus des « vieilles choses », beaucoup de « nouvelles choses », en particulier la mode des tweets de toute nature, pervertissent le pays que nous aimons.

      Les chefs d’Etat seraient donc condamnés à se parler par tweet ?

Jean Pierre Renaud

« Communautarisme ou intégration à un modèle commun ? La Croix du 26/12/16 – Stéphane Madaule de l’AFD

« Communautarisme ou intégration à un modèle commun ? »

La Croix du 26 décembre 2016

Stéphane Madaule Essayiste

S’agit-il de la nouvelle doctrine de l’Agence Française de développement ?

            L’auteur signe une tribune, sans faire état de ses fonctions de directeur de l’Agence Française de Développement à Brazzaville, une information qui a au moins le mérite de permettre au lecteur de pouvoir cadrer le sujet.

            Cette agence est en effet l’instrument politique et public des interventions extérieures françaises en faveur du développement des pays les plus défavorisés.

            Au cours des mois passés, le même « essayiste » avait signé une tribune dans le même journal dont la morale était du type : oui, la corruption existe dans ces pays, mais en gros, le mal est inévitable, et il faut faire avec.

            Ici, l’auteur décrit les caractéristiques de deux modèles qui régiraient l’accueil des populations immigrées sur leur territoire, l’anglo-saxon et le français :

       « D’un côté, le communautarisme, l’expression la plus aboutie de la liberté, commandait à la société d’accueil de laisser la place aux différences, aux modes de vie spécifiques, aux croyances particulières des minorités….

       De l’autre, le modèle d’intégration, l’adhésion aux valeurs et aux institutions pour la fondation  d’un socle commun encore plus large pour tous était souhaitable…

       Bien sûr, ces deux modèles fonctionnent toujours ; Ils diffèrent cependant dans leurs résultats en fonction de l’écart culturel existant entre les populations fixées sur place depuis des siècles. Lorsqu’un écart culturel s’accroît, un passage par le communautarisme est plus aisé qu’une politique d’assimilation rapide qui risque de détruire la singularité de certaines identités. En revanche, à l’inverse la politique d’assimilation semble plus facile à opérer dans le cas d’un écart culturel relativement faible. Néanmoins, lorsque les flux migratoires sont massifs, le regroupement communautaire prédomine, quel que soit l’écart culturel…. »

       J’ai souligné les quelques mots et phrases qui tentaient de formuler une nouvelle doctrine du vivre ensemble dans notre pays, une doctrine qui me parait frappée d’innocence toxique.

       L’auteur conclut par un propos tout à fait étrange de la part d’un des représentants de la politique étrangère de la France en Afrique :

       « Il faut peut-être en passer par le communautarisme, pour ensuite envisager l’intégration. La combinaison des deux, dans un espace-temps différent, correspond sans doute aux enjeux de notre époque. »

         « Un espace-temps » ? Un mot bien savant, pédant, à prétention scientifique qui nous ferait accepter le fait accompli, nous empêcherait de continuer de croire à notre idéal républicain, à le défendre, est-ce bien cela que propose notre essayiste ?

         L’espace-temps de Madaule ? Est-ce bien sérieux ? Et que dire aussi de l’expression utilisée plus haut de l’« écart culturel » ? Une lapalissade incontestablement scientifique !

       Tout serait donc égal par ailleurs ? Face à des modèles de vie que nous considérons encore, et à juste titre, comme des modèles de vie arriérés par rapport aux nôtres, et quelquefois encore barbares, comme rappelé plus loin ?

        J’inviterais volontiers les lecteurs à prendre la peine de lire dans le journal Le Monde du 22 décembre 2016 – tout n’est pas mauvais dans ce quotidien – l’enquête consacrée aux femmes excisées qui vivent dans notre pays sous le titre « Les femmes coupées », par Ondine Debré.

      « Plus de 60 000 femmes vivant en France seraient excisées. Si les chirurgies réparatrices existent, le plus dur est souvent de réussir à parler de ce traumatisme comparable à un viol. »

       Comptez mesdames et messieurs ce que cela représente statistiquement dans la population féminine française globale, sans distinguer, pour autant que cela soit possible, les origines, les « identités », ni la pyramide des âges, soit une femme « coupée » recensée pour 550 femmes !

       Pour l’année 2004, l’INED indique : « En 2004, on estimait à 53 000 le nombre de femmes adultes excisées en France. », soit une femme adulte sur 450.

       D’après le Huttingtongpost.fr (5/10/2016), le chiffre cité était de 57 000 pour la France et de 170 000 pour la Grande Bretagne, ce qui représente pour ce deuxième pays « communautariste », une femme adulte (+ 24 ans) sur 133.

      A lire ces chiffres, et à partir de cet exemple de l’excision, on voit clairement ce qui différencie le modèle anglo-saxon vanté par Monsieur Madaule et le modèle français qui se situe, j’imagine dans le même  « espace-temps ».

       Je dis clairement non à cette nouvelle mode du communautarisme, laquelle confine à la sottise, avec le lourd parfum des « fausses sciences » chères à Pascal !

      Jean Pierre Renaud

Le message de paix exceptionnel de Vera Baboun – Israël et Palestine

Paris, le 25 décembre 2016

Le message de paix  exceptionnel de Vera Baboun

« Première femme à devenir maire de Bethléem, cette Palestinienne chrétienne veut être un agent du changement dans le contexte enlisé du conflit »

La Croix des 24 et 25 décembre 2016, Rencontre, page 8 et 9

« Vera Baboun a été élue maire de Bethléem il y a quatre ans. Elle représente le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. »

            Quelques lignes d’hommage au témoignage d’une femme courageuse qui porte l’espoir d’une paix encore bien improbable dans cette terre de Palestine.

            Pourquoi ne serait-il pas possible d’admirer un peuple qui s’est relevé aussi vite après le désastre de la Shoah, notamment en construisant le puissant Etat d’Israël, tout en lui disant : peuple d’Israël, ne vas-tu pas trop loin en refusant à tes voisins musulmans de Palestine l’Etat dont ils ont également et très légitimement besoin ?

            Sauf à voir la guerre actuelle se poursuivre au cours des siècles et des siècles !

            Jean Pierre Renaud

Propos de journaliste et décryptage citoyen « Un diktat allemand »

Propos de journaliste et décryptage citoyen

« Un diktat allemand »

Editorial de Guillaume Goubert dans La Croix du 16 décembre 2016

         Les médias ont mis à la mode le mot, pour ne pas dire le concept de décryptage.

           Pourquoi le citoyen s’en priverait-il à l’endroit des médias ?

           Faire appel à une expression qui eut son heure de gloire avec le Traité de Versailles de 1919, une expression riche de non-dits ou de sous-entendus, constituait-il la formulation pertinente d’un des épisodes, et il y en eu beaucoup, des relations entre l’Union Européenne et la Grèce ?

        Rien n’est moins sûr ! Alors que la Grèce a trompé l’Europe sur ses comptes lorsqu’elle est entrée dans la zone euro, que ses gouvernements ont abusé de démagogie internationale tout au long du processus de régularisation de ses relations avec l’Union.

        Diktat ? Alors que le gouvernement grec venait d’annoncer des mesures sociales qui pouvaient se défendre, mais sans concertation précisément avec les pays appelés à se concerter avec la Grèce sur l’allègement de sa dette ?

        Alors, pour parler clair ? Diktat allemand ou diktat grec ?

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« Ces électeurs de droite pas encore « prêts » pour Fillon »

« En Lorraine, l’électorat populaire de la primaire juge sévèrement le candidat »

Avec pour illustration une photo d’intérieur on ne peut plus bourgeois

Le Monde des 18 et 19 décembre 2016, page 10

         Je ne suis sans doute pas le seul à m’interroger souvent, très souvent, sur la représentativité des informations données, des images, du choix des personnes interrogées, hors les sondages qui à eux seuls posent également la question de la représentativité.

       C’est la question capitale que je me pose souvent à la lecture des histoires coloniales ou postcoloniales.

      Dans le cas de cette chronique, je laisse le soin à meilleur informé que moi d’interpréter le contenu et la qualité des personnes interviewées qui sont supposées représentatives de l’électorat populaire.

       Ce texte se fait effectivement l’écho des réactions d’un certain nombre d’électeurs ou électrices de droite à l’endroit du candidat Fillon, vainqueur de la primaire de la droite.

        Je m’attacherai tout simplement à relever la contradiction qui parait exister entre le contenu supposé, le postulat du populaire et la photo choisie pour illustrer le contenu de cette chronique, avec son étalage d’œuvres et d’objets d’art, une sorte  de brocante bourgeoise d’un intérieur loin du « populaire ».

     Jean Pierre Renaud

Deux photos dérangeantes: Benjamin Stora et Manuel Valls

Deux photos dérangeantes : Benjamin Stora et Manuel Valls !

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Stora ou le grand prêtre des mémoires :

Combattantes ? Pacificatrices ? Flagellantes ? Autoflagellantes?  Repentantes ?

Ou tout bêtement flageolantes ?

La grande photo d’un frère prêcheur ou pécheur ?

La Croix des 12 et 13 novembre dernier

Après la « guerre des mémoires », la « paix des mémoires » ?

Certains lecteurs du journal La Croix ont sans doute été surpris de voir dans leur journal des 12 et 13 novembre dernier, page 10, de l’ordre de la moitié d’une page, une grande photo de Monsieur Stora, historien et mémorialiste, ouvrant tous grands les bras comme nos prêtres dans nos églises, le dos à un espace d’eau, sur le thème « Rencontre », dans une chronique intitulée « Benjamin Stora, la paix des mémoires », signée Jean-Christophe Ploquin.

            Il ne s’agissait tout de même pas, rassurez-vous, de la photo du Christ rédempteur de Rio, de 38 mètres de haut, mais d’une taille plus réduite, dans un format tout de même confortable.

            Cette photo était sous-titrée : « L’historien Benjamin Stora a toujours cherché à briser les enfermements, à connaître les autres ».

            Pourquoi pas ? Mais alors guerre ou paix ? En préfiguration d’une future retraite dans l’ermitage de Charles de Foucauld à Tamanrasset ?

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Après Benjamin Stora, Manuel Valls !

      Une grande photo dans le Figaro du 6 décembre 2016 (pages 2 et 3 -495 cm2) avec l’annonce de sa candidature aux Elections présidentielles 2017 à Evry

       Une photo moins grande dans le Monde du 8 décembre 2016 (page 12- 234cm2) avec la même annonce de candidature.

Précisons que cette ou ces photos ont fait le tour des réseaux sociaux, et c’était leur but !

            Depuis de très nombreuses années, j’ai l’habitude de regarder ce qui se passe à côté du sujet principal.

            J’avais l’habitude de le faire à l’époque de la dictature soviétique, car les photos diffusées par les télévisions étaient souvent plus intéressantes par leurs à-côtés, ou leurs bas-côtés, que par leur sujet principal.

            Manuel Valls annonce en fanfare sa candidature dans son fief d’Evry avec une banderole : « Faire gagner tout ce qui nous rassemble »

            Pourquoi pas ? Mais le septième ou alors encore huitième candidat, ne craint-il pas que ce type de photo dans les deux journaux, soit mal interprété : le tiers des personnes qui l’entouraient affichaient inévitablement leur origine noire, laissant croire qu’au moins à Evry ou dans l’Essonne, le tiers des électeurs du parti socialiste avaient de près ou de loin une telle origine.

            Le Canard Enchaîné du 7 décembre dernier donne le fin mot de l’histoire, en première page, sous le titre :

 « Des coups et des couleurs

            Toutes les couleurs de la diversité sur votre écran. Pour sa candidature à l’Elysée, mise en scène à Evry, Manuel Valls et, surtout son indéscotchable publicitaire Stéphane Fouks ont tout travaillé, même l’arrière-plan. Du symbole black, blanc, jaune et beur, pour bien montrer aux détracteurs que l’ancien renvoyeur de « Roms en Roumanie », le pourfendeur du burkini n’était pas seulement l’ami des « blancos ».

            Fouks, le metteur en scène et le grand manitou de la com !

            Plusieurs remarques sur ce type de manipulation politique :

  1. Cette photo n’est pas représentative de la population française.
  2. Ce type de document est donc de nature à favoriser le développement des crispations que notre pays connait depuis de nombreuses années, en alimentant le discours déjà confus sur les identités, les origines, les racines, et naturellement la vérité des chiffres de l’immigration.

          Pourquoi ne pas noter que ce type de manipulation politique n’est pas un facteur d’apaisement ?

  1. La ficelle est tellement grosse qu’elle n’échappera à personne : un appel clair et net aux électeurs issus des communautés noires d’origine française ou immigrée.

Jean Pierre Renaud

« Sus aux élites » Frappat, la Croix des 19 et 20/11/16 – Ou je vote Juppé ! Pour son Prisunic !

Chronique de la « France d’en bas » et de « la France d’en haut »

« Sus aux élites » : La chronique de Bruno Frappat dans la Croix des 19 et 20 novembre 2016

Ou je vote Juppé ! Pour son Prisunic !

Questions d’un « plumitif » d’aventure à un « plumitif » professionnel ?

            Je réagis à nouveau sur une prise de position qui ne dit pas son nom pour au moins deux raisons essentielles : la première, comprendre comment  l’indirect politique fonctionne. Pour avoir beaucoup travaillé il y a longtemps sur l’indirect, les stratégies indirectes, celles qui cachent leurs jeux, quel que soit le domaine d’application, y compris politique ou médiatique, dans le sillage du célèbre stratège Sun Tzu ; la deuxième, mon expérience personnelle de la Chiraquie corrompue, à la Mairie de Paris, celle que j’ai tenté de décrire dans un de mes bouquins, « La méthode Chirac » – 1997) avec des intitulés de contenus qui éclairaient mes appréciations, le « système Chirac », (Chapitre 6) ou « La parole biaisée » de la Deuxième partie.

            Il est évident que le contenu des chroniques que je critique pourrait servir de nouveaux cas d’école de la manipulation médiatico-politique en faveur d’un des sept candidats de la primaire du dimanche 20 novembre.

         Je rappelle que le 12 novembre, à propos de la primaire de la droite, j’avais déjà jugé que la chronique de Monsieur Frappat n’était pas sérieuse, étant donné qu’à la suite d’un raisonnement spécieux, elle consistait  à se prononcer pour le candidat Juppé.

       Dans le journal la Croix des 19 et 20 novembre 2016, à la veille des primaires, le même ancien journaliste et directeur du Monde et ancien directeur de la Croix, deux journaux qui firent partie du « système » médiatico-politique »  de la chiraquie, a troussé une nouvelle chronique toujours aussi bien rédigée, intitulée  « Sus aux élites », et en remet une couche en faveur de son candidat préféré, avec une rubrique intitulée « Prisunic »

     «  Haro sur les premiers de la classe »… On ne va tout de même pas passer son temps à raconter sa vie et à protester du fait que pour être plumitif, on n’est pas moins homme, susceptible d’hospitalisation et de divers ennuis comme Juppé est susceptible de faire ses courses dans un supermarché innommable. »

      Question : une fois de plus, est-ce que Monsieur Frappat vote Juppé ? Oui, sans conteste, et je voudrais rappeler à ce sujet que pendant tout le règne de la Chiraquie corrompue, les deux journaux du Monde et de la Croix n’ont pas trop brillé, ni pris trop de risques, pour dénoncer les dérives du « système chiraquien ».

       Souhaitons que les Français et les Françaises aient la possibilité  de faire la distinction dans nos élites, entre celles qui mélangent les genres, les rôles, les fonctions, et celles qui continuent à penser que la France contient encore des élites qui méritent leur nom.

      En tout cas, et dans le même numéro, j’ai bien sûr préféré la lecture des deux pages consacrées à « Don Ernest Simoni, cardinal rouge sang »,… « ce prêtre inclassable qui a enduré pendant trente ans le régime de terreur communiste en Albanie… »

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés