« La loi du ghetto » de Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

(calmann-lévy)

Notes de lecture ( 5 mai 2010)

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale, 

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

 Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

            Conseil municipal et conseils de quartier

 Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

           Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

 Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un auto engendrement des flux familiaux. » (page,45).

           N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

 Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.   

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par-là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud

Additif 2015 :

A lire les pages très intéressantes et fort bien documentées du journal Le Parisien du 7 mars 2015, intitulées « Soldes, livraisons, salaires

                                                      Les secrets des PME de la drogue »,

         il parait évident que l’Etat doit avoir pour objectif majeur de neutraliser les petits et grands chefs du trafic de drogue, en donnant la préférence à l’action renforcée de la Brigade des Stups, plutôt qu’à celle des CRS, en arrêtant, si elle existe encore, la politique du chiffre.

        Enfin, pourquoi ne pas oser mettre sur le tapis des relations diplomatiques, la lutte contre une des sources fréquentes de ce trafic, la source marocaine ?

Humeur Tique: Tapie et l’arbitrage de trois éminents juristes, le Foot, le Fric, et toujours le Fric! l

Humeur Tique : Tapie, le Foot : Avidité en France : le Fric, et toujours le Fric !

A Paris et plus modestement, dans l’Ouest !

Affaire Tapie, l’arbitrage, l’avidité d’une « certaine » élite sociale à Paris

« Un tribunal à 1 million d’euros »

            Le Monde du 31 mai 2011 vient de publier deux pages excellentes sur l’affaire Tapie dont le règlement récent par arbitrage fait scandale. (Pages 10 et 11 sous la rubrique « L’œil du Monde »)

            Sur les deux pages de textes, de chiffres et de graphiques, le plus intéressant sur l’état de la morale publique d’une partie de notre élite est incontestablement l’article de fin de page 2 intitulé « Un tribunal à 1 million d’euros »

            Lorsqu’on sait que ce tribunal était composé de trois éminents juristes, sans doute à la retraite, M.Mazeaud, ancien magistrat et ancien président de notre Conseil Constitutionnel, et fidèle « compagnon » gaulliste, de M. Bredin qui, outre ses talents d’avocat et de plume, a été Vice-Président du Mouvement des Radicaux de Gauche » dont fit également partie M.Tapie, et enfin, un ancien Président de Cour d’Appel.

            300 000 euros par arbitre, qui dit mieux ? Au titre du service de la République Française ?

            Comment ne pas être étonné que le fric pourrisse lentement notre société ?

            Et le commentaire d’un ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, intitulé « Le mauvais procès fait à Christine Lagarde – La mise en cause de la ministre surprend », avec en vérité, un ardent plaidoyer en faveur de « Trois éminents juristes sont traités comme des valets, feignant de rendre justice pour répondre aux ordres reçus », parait bien dérisoire ! (Le Monde du 3/06/11, page 17, Débats Décryptages)

Avidité d’une « certaine » élite du sport de l’ouest

Qui gagne combien ? Le salaire mensuel de 350 métiers

Ouest France Dimanche du 29//11/11

            A consulter ces tableaux précis et complets pour 350 métiers, on comprend mieux ce qui attire certains jeunes vers le football !

            Et on comprend mieux les facteurs qui structurent la société française actuelle en profondeur !

            Les tableaux indiquent le salaire de début de carrière et le salaire moyen au bout de 10 ans.

            Sans avoir la prétention de proposer une comparaison représentative du sujet, donnons quelques exemples de salaires moyens au bout de 10 ans : 2 250 euros pour un éleveur, 2 150 pour un analyste programmeur, 2 000 pour un mécanicien auto,  1 500 euros pour un cuisinier salarié,  2 300 euros pour une infirmière à domicile, et 6 500 euros pour un médecin généraliste et, 1 860 euros pour un professeur des écoles.

Et en comparaison, 10 000 euros pour un footballeur de Ligue 2 (équipes de l’ouest), et 30 000 euros pour un footballeur de Ligue 1 (équipes de l’ouest).

            Alors me direz-vous, la durée de vie professionnelle n’est pas la même, mais quand même !

Humeur Tique: Le sondage du Front National, quel ramdam! Procès Chirac: encore un effort d’inventivité juridique!

Le sondage du Front National, quel ramdam ! Un mot peut-être sacrilège !

            Au lieu de crier au loup, nos brillants politiques et intellectuels de tout poil seraient mieux inspirés de procéder à un examen de conscience honnête (sur les trente dernières années), de faire l’inventaire de ce qui ne va pas en France, et de proposer de vraies solutions. Que de temps perdu !

Procès Chirac : encore un petit effort d’inventivité juridique !

            L’ancien président est présumé innocent présumé coupable depuis au moins trente années ! Quelques députés du PS ou de l’UMP seraient bien inspirés de mettre leur créativité juridique au travail, en inventant un tout nouveau concept d’amnistie du présumé innocent présumé coupable.

            Les mêmes ont manifesté la même capacité d’innovation juridique, dans le cas de la Fondation d’Art LMVH, au jardin d’acclimatation de Paris, en substituant, à l’occasion d’un amendement de loi « furtif », la loi au décret en Conseil d’Etat.

            Et dans l’intérêt des citoyens « contribuables » que l’on cesse, de déni de justice en déni de justice, de leur faire payer des dépenses de procédure et de justice dont le montant n’est jamais donné par les médias!

Humeur Tique: les primaires du Parti Socialiste, un traquenard juridique?

Humeur Tique : Traquenard au Parti Socialiste ? Constitutionnalité et Légalité des élections primaires ?

Le Monde du 2 mars 2011, pages 16 et 17

Il y a de quoi être très surpris par la teneur de la contre-enquête de ce journal sur un sujet politique et juridique aussi sensible !

La constitutionnalité et la légalité de ce processus ne seraient donc pas assurées, alors que le parti socialiste, après en avoir délibéré depuis plusieurs années, en a décidé le principe, et s’apprêterait à passer aux actes ?

Alors qu’un « avocat » a mis tout son talent et sa conviction à faire adopter ces primaires ?

Alors que ce parti, qui se propose de nous « gouverner » ne manque pas de très nombreux conseils juridiques, à tous les échelons de l’Etat ?

Et si cette illégalité était effectivement attestée, les citoyens ne devraient-ils pas se poser la vraie question, celle du sérieux du parti socialiste ?

A moins qu’il ne s’agisse d’un traquenard juridique, d’une manœuvre de dernière minute pour renoncer à cette consultation suicidaire, et non souhaitée par certains de ses grands candidats ?