Intoxication mémorielle ou « fièvre » chiraquienne à la « tête » de la République Française ?
Lu dans Le Figaro du 27 janvier 2020, page 8 :
« L’Élysée récuse toute comparaison entre Shoa et guerre d’Algérie »
« Aux yeux de Macron, le seul lien qui existe se joue au niveau de la charge mémorielle que représentent ces sujets pour un président »
Question préalable : l’auteur de l’article est-il bien l’auteur du titre et sous-titre ?
Car le titre et le sous-titre proposent une version édulcorée du contenu.
Citation du journal :
« Exécutif Couper court. Face à la polémique naissante sur les propos d’Emmanuel Macron – tenus dans l’avion présidentiel qui le ramenait d’Israël, où il a reçu le Figaro -, l’Élysée a récusé toute comparaison entre la Shoa et la guerre d’Algérie. En s’appuyant notamment sur ce que le Président avait déclaré dès jeudi soir.- « C’est le crime absolu qui ne peut être comparé à aucun autre », avait-il tranché, relevant la « singularité la plus extrême de l’Holocauste. » « Le Président a réaffirmé l’unicité de la Shoah : elle est indiscutable », complète l’un de ses conseillers, pour ne laisser aucun doute.
(Macron ou un « conseiller » ?)
Dans l’esprit du chef de l’État, le seul lien qui existe se joue entre « les sujets mémoriels. » Dans leur ensemble, qui sont au « cœur de la vie des nations ». « Qu’ils soient utilisés par certains, refoulés par d’autres, assumés… Ils disent quelque chose de ce que vous voulez faire de votre pays et de votre géopolitique ». juge-t-il.
Selon lui, un même processus en trois étapes est chaque fois nécessaire avant de pouvoir « regarder son histoire en face ». Il y a le travail de l’historien. Il y le travail du juge. Et quand on préside ou qu’on participe à la vie d’une nation on a ce matériau à saisir », détaille-t-il. Entre les lignes c’est bien à la guerre d’Algérie que pense le Président. « Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi d’un point de vue mémoriel et qui sont politiques. La guerre d’Algérie, sans doute, est le plus dramatique d’entre eux », confirme- t-il. On en a plein, comme ça. Mais la guerre d’Algérie est la plus problématique. Je le sais depuis ma campagne. »
(« Matériau à saisir » ? Ne s’agit-il que d’un « matériau » ?)
A l’époque, le candidat d’En Marche ! avait cru bon, lors d’un déplacement de l’autre côté de la Méditerranée, de qualifier la colonisation de « crime contre l’humanité ». Une expression qu’il « ne regrette pas » aujourd’hui, même s’il se garde bien, de le réemployer. « J’ai crispé des gens. (Mais) je pense que je les ai ramenés, maintenant dans une capacité à distinguer », estime-t-il, citant tour à tour l’ensemble des parties prenantes. Désormais, il souhaite mettre fin au « conflit mémoriel » qui demeure sur cette question. « Je n’ai pas la réponse » pour y parvenir, reconnait-il toutefois « avec beaucoup d’humilité », admettant « tourner autour du sujet. «
En attendant de trouver la bonne formule, Emmanuel Macron s’inspire de son défunt prédécesseur, Jacques Chirac. « Quand (il) fait le discours du Vel d’Hiv, ça a un impact politique. C’est quelque chose qu’il fait à dessein, aussi, politiquement. Et pas simplement historiquement », se souvient-il… Aujourd’hui, son lointain successeur considère que la charge mémorielle qui lui incombe avec la guerre d’Algérie est équivalente. C’est tout le sens de ce qu’il a confié dans l’avion.
A ses yeux, s’il réussit le travail qu’il compte entreprendre sur ce sujet, la guerre d’Algérie aura « à peu près le même statut que ce qu’avait la Shoa pour Chirac, en 1995. »
(« Statut » ? Qu’est-ce à dire ?)
Ce rapprochement,qui ne porte que sur l’aspect mémoriel, a immédiatement fait bondir l’opposition…
Soucieux de ne laisser aucun malentendu s’installer, Emmanuel Macron a précisé samedi au Figaro, le sens exact de sa pensée. « La guerre d’Algérie est aujourd’hui un impensé de notre politique mémorielle et l’objet d’un conflit de mémoire comme l’étaient la Shoa et la collaboration de l’Etat français lorsque Jacques Chirac avait prononcé son discours du Vel d’Hiv », a-t-il expliqué. »
Élu sur la promesse de « réconcilier les Français », le chef de l’Etat semble donc se fixer un objectif pour sa présidence : celui de trouver la bonne approche pour refermer, enfin, ce chapitre qu’il a lui-même ouvert durant sa campagne. … » (Fin de citation)
J’ai souligné le mot « impensé », un mot idéologique à la mode qui couvre en réalité un « business » postcolonial, un mot que j’ai cité (page 239) dans le chapitre IX du livre « Supercherie coloniale » intitulé « Le ça colonial » (pages 235 à 251).
Le texte de ce chapitre a été publié in extenso sur le blog du 14 janvier 2016 et le livre lui-même a été édité en numérique.
A lire ces réflexions successives, le lecteur ne peut manquer d’être frappé :
- par son manque de clarté : ne confondez pas les situations, mais elles se ressemblent, en comparant des situations historiques non comparables,
- par le manque de culture historique, pour ne pas dire tout simplement de culture générale de son auteur,
- par une envie politique irrépressible de chausser les bottes de Chirac.
- par la sorte de copié-collé d’un texte de Stora paru dans son livre intitulé « La guerre des mémoires » La France face à son passé colonial » :
« Et puis en 1995 avec l’arrivée de Jacques Chirac au pouvoir, les nostalgiques de l’Algérie française se sont réveillés. Avec son fameux discours du 16 juillet 1995 reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs, le Président Chirac a fermé la page de Vichy, mais il n’a pas ouvert véritablement celle de l’Algérie. » (pages 20, 21)
En ce qui me concerne, en ma qualité d’ancien Officier de SAS du Contingent pendant la guerre d’Algérie, et en ma qualité de citoyen d’une République encore française, je récuse ce type d’assimilation mémorielle idéologique et politique entre Shoa et guerre d’Algérie.
Mais alors, les camarades tués en Algérie ne seraient pas « morts pour la France », et nous-mêmes n’aurions pas servi la France ? Assimilation aux collabos et aux nazis ?
Honte à un tel Président !
Macron cherche une réponse ? Elle est toute trouvée !
Ayez le courage de faire procéder à une enquête mémorielle statistique complète, sérieuse, et contrôlée par le Parlement sur cette guerre d’Algérie, en distinguant naturellement les citoyens français d’origine algérienne, selon leur communauté d’origine des autres citoyens, et en tenant évidemment compte des âges et des domiciles des personnes interrogées, et en ce qui concerne les citoyens français d’origine algérienne leur date d’arrivée ou de naissance dans notre pays.
A plusieurs reprises, et sur mon blog, j’ai invité Monsieur Stora, propagandiste en chef d’une « guerre des mémoires » à procéder à cet exercice, mais il n’a jamais eu le courage de les faire mesurer « statistiquement » et « scientifiquement ». (voir « La parabole des raisins verts » blog du 17/9/2017)
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A lire ces « jugements » présidentiels successifs sur l’histoire de France, je ne puis m’empêcher de penser que notre pays est passé dans un univers de pensée familier à la vieille Chine et à celle de Mao Tsé Tung, résumé dans la maxime « Le poisson pourrit par la tête ».
Le Président actuel ne serait-il pas à la « tête » du mouvement de subversion postcoloniale qui bouleverse actuellement la France ?
Petit éclairage historique
Le Fort des Capucins Presqu’île de Crozon, la carte postale d’un vieil ami, ancien ingénieur général de l’armement qui contribua à la mise au point les fusées atomiques sous-marines :
« Landevennec, 13 mars 2003.
Cette carte est destinée à illustrer votre prochain ouvrage sur les Colonies, à la rubrique « Bretagne » La France lui a imposé sa langue, mis en place des gouverneurs étrangers et traité sa population comme si elle appartenait aux races inférieures. »
Avec mes amitiés »
A l’adresse du groupe de propagande postcoloniale Blanchard and Co : Bécassine face à Banania !
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés