Le Coronavirus chinois et les tabous de l’information

Porte-avions et fusées nucléaires contre hygiène publique !

Les limites de la dictature et de l’explosion démographique chinoises !

Questions :

  1. L’agriculture chinoise a-t-elle dépassé le stade d’une tradition millénaire qui avait su exploiter au maximum les atouts des engrais fécaux, avec toutes les conséquences que cela avait sur les épidémies, la mortalité, et sur l’air de ses villages et de ses cités ?
  2. L’explosion démographique a conduit la Chine à construire des villes nouvelles, « gigantesques », dans des conditions d’exceptionnelle efficacité, mais n’a-t-elle pas négligé de traiter en parallèle le problème d’hygiène publique « gigantesque » que cela posait en matière d’assainissement ?
  3. La Chine communiste n’a-t-elle pas sacrifié l’hygiène publique à une nouvelle volonté d’hégémonie impérialiste fondée sur une puissance militaire de plus en plus menaçante ?

 Jean Pierre Renaud

Nota Bene : dans les années 1950, le grand géographe tropical Pierre Gourou notait que dans la Chine rurale, encore, un quart de la mortalité était causée par le manque d’hygiène.

« Votre » télévision publique ? S’agit-il bien de votre télévision publique ?

 Pourquoi « votre » ? Chaque jour, « vos » journalistes annoncent « votre » journal, « votre » feuilleton, « votre » film…

            « Votre » ? En est-on sûr si l’on tente d’évaluer le contenu et la qualité du produit télévisé public qui nous est servi chaque jour, à la lumière de quelques critères :

La représentativité ?

       L’information délivrée est-elle représentative du monde et de la France actuelle, compte tenu de la place qui est faite aux faits divers farcis d’émotions,  par rapport à celle qui est donnée à l’information ?

            Pour ne citer que France 2 ou France 3, et les informations des journaux, avec de plus en plus de « décryptages », les journalistes oublient le plus souvent de proposer un cadrage de représentativité statistique du sujet traité.

            Encore plus quand il s’agit de télévision « trottoir » comme dans « Ma Rue » !

La transparence médiatique ?

            Le moment n’est-il pas venu pour la télévision publique d’ouvrir ses lucarnes afin de dire qui fait quoi et avec qui, entre les journalistes eux-mêmes et les ou leurs sociétés de production, les échelles de rémunération, les relations entre communicants et journalistes, entre les chaînes et les agences de communication ou de publicité … Que d’ « Histoires Secrètes «  à venir sur la 2 !  

La pédagogie citoyenne ?

            Je ne suis évidemment pas un critique spécialisé, pas plus sans doute qu’un téléspectateur représentatif, mais comment ne pas être surpris par l’importance des jeux d’argent qui jalonnent les programmes, des films violents, des émissions qui correspondent à des sortes de rentes « quasi-perpétuelles » pour leurs acteurs officiels ou cachés ?

         Comment expliquer la place quotidienne – même le dimanche ! – qui est faite à l’émission « Affaire Conclue », et ce goût des brocantes, alors que leur mode semble dépassée dans nos provinces ?

            En comparaison, et à l’occasion des dernières élections européennes, nos chaines publiques ont-elles fait le nécessaire pour en expliquer les enjeux, et une fois les élections passées, expliquer le rôle respectif de la Commission européenne, de sa Présidente et des Commissaires, de l’Assemblée  Européenne, de l’Exécutif européen, du qui fait quoi et avec qui ? Ou encore des pouvoirs respectifs de l’Union et des Etats membres, etc…

      Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant de proposer un calendrier régulier de chroniques spécialisées et d’ateliers-débats dans le but que les institutions de l’Union ne restent pas étrangères aux citoyens?

            Cela fait des années que j’estime que nos chaines publiques n’accordent pas une place suffisante à la pédagogie citoyenne et civique : pourquoi ne pas ouvrir quotidiennement une rubrique citoyenne ?

            Jean Pierre Renaud

Médias : des lettres ou des chiffres ? Quels chiffres ? Ou les nouveaux sophistes ?

Les ordres de grandeur et la représentativité des informations diffusées par les médias ?

            Il est évident que dans notre pays, l’information baigne dans une sorte de halo complice dominé aujourd’hui par les acteurs multiculturels, mondialistes de l’establishment parisien où le fric fait bon ménage avec la charité internationale et une mondialisation heureuse.

            Notre information souffre d’un autre défaut beaucoup plus grave, celui de la représentativité des sujets traités et des informations données.

            On oublie trop chez nous les rapports de grandeur et de force – cela nous arrange – entre les grandes, moyennes, ou petites puissances du monde actuel.

            J’aimerais par exemple que chaque matin, en se levant, le ou la journaliste se rappelle par exemple que le Parti Communiste Chinois compte presqu’autant d’adhérents, en tout cas officiels, que la population française, que beaucoup d’entreprises américaines ont un chiffre d’affaire qui dépasse celui de notre budget, ou encore qu’en 2050, l’Afrique comptera  plus de 2,5 milliards d’habitants, au lieu du 1,2 milliard actuel.

            Rappelons qu’en 2017 la Chine comptait 1,29 milliard d’habitants et l’Inde 1,33 milliard d’habitants.

Les Chaines de télévision publique ? « Publique » ou « privée » ?

            Incontestablement, il y a beaucoup de bon et de positif dans les productions des chaines publiques que nous finançons, mais elles font à mes yeux une trop large place aux jeux ou au show-biz.

            Il serait tout à fait légitime que les grandes chaines, la 2 et la 3 se voient imposer par les pouvoirs publics des quarts d’heures de citoyenneté où seraient débattus des sujets de « politique » non politique, c’est-à-dire touchant à la vie de tous les jours.

            Comment ne pas se poser enfin la question de savoir à qui appartiennent les chaines publiques, à la collectivité nationale ou aux producteurs d’images en tout genre, aux Ruquier, Delahousse, Salamé, ou Nagui…?

                        Jean Pierre Renaud

Les femmes excisées au Sénégal sur le « 20 heures » de France 2, le 6 février 2018

Les femmes excisées

France 2 et l’information

Le « 20 heures » du 6 février 2018

Le Sénégal et ses femmes excisées

            Le « 20 heures » a consacré quelques minutes à un documentaire sur le problème de l’excision au Sénégal, en a situé l’ampleur et décrit l’action qui était aujourd’hui menée pour éradiquer cette coutume barbare, fut-elle religieuse.

            Il est bien dommage que la chaine « publique », n’ait pas rappelé à ses téléspectateurs que l’excision existait aussi en France pour plusieurs dizaines de milliers de femmes originaires d’Afrique, de première ou de deuxième génération.

            Dans un article du Monde du 22 décembre 2016, Ondine Debré avait intitulé un article « Les femmes coupées » et cité le chiffre de 60 000 femmes excisées vivant alors dans notre pays.

            Sur ce blog, j’avais fait écho à cet article, le 2 janvier 2017, en critiquant l’article de Stéphane Madaule dans la Croix du 26/12/2016, alors responsable de l’AFD à Brazzaville, qui avait le titre tout à fait paradoxal de « Communautarisme ou intégration à un modèle commun ».

            A la gloire d’un « communautarisme » partagé, « femmes coupées » y compris ?

            A quand un documentaire sur France 2 et sur le même sujet en France ?

            Jean Pierre Renaud

Gallieni et Lyautey, ces inconnus, à Madagascar (1896-1905)

Information

Dans le courant de l’année 2012, nous avons publié sur ce blog, et sous le titre « Gallieni et Lyautey, ces inconnus – Eclats de vie coloniale – Morceaux choisis », une série d’extraits de lettres de Gallieni et de Lyautey qui concernaient leurs commandements du Tonkin.

Ces extraits ont été choisis en fonction de l’intérêt qu’ils représentent pour la compréhension de cette période coloniale très active, en donnant la parole à ces deux grands acteurs de la conquête et de la pacification du Tonkin.

Au cours des mois qui suivent, nous nous proposons de publier le même type d’extraits de lettres qui concernent Madagascar.

&

Gallieni et Lyautey, ces inconnus

Eclats de vie coloniale

Morceaux choisis

Madagascar 

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Madagascar avec Gallieni (1896-1905) et Lyautey, (1897-1902)

Prologue

Les épisodes relatés par des extraits des lettres de nos deux « colonialistes » se situent au début des opérations de pacification militaire et civile de la grande île. Un pays en pleine insurrection, mais une insurrection multiforme, attisée, sur les plateaux, par la noblesse, en partie alliée à des bandes de fahavalos qui rançonnaient traditionnellement les villages, aussi bien sur les plateaux que sur les côtes.

La monarchie hova avait eu maille à partir, aussi, avec ces bandes pour établir son pouvoir sur toute l’étendue de l’île, et ce dernier, avant l’arrivée des Français, demeurait souvent fragile dans les provinces les plus éloignées.

La Cour de l’Emyrne et les attributs de sa puissance ne soutenaient pas la comparaison, et à beaucoup de points de vue, avec celle de l’Empereur d’Annam, qu’avaient connus les deux officiers.

Nos morceaux choisis sont donc, à beaucoup d’égards, moins pittoresques que ceux du Tonkin, mais les situations historiques n’étaient pas du tout les mêmes.

Bref rappel historique

            Lorsque la première expédition militaire débarqua à Madagascar, en 1885, dans l’Océan Indien, les relations entre les deux pays étaient aussi anciennes que superficielles, et pour de nombreuses raisons : la marine française fréquentait les côtes malgaches depuis longtemps, compte tenu de sa position géographique sur la route des Indes, où la France avait été en rivalité militaire avec les Anglais pour la conquête des Indes, et de la présence française notamment à l’île de la Réunion, anciennement île Bourbon sous la monarchie, et à l’île de France, aujourd’hui île Maurice, cédée aux Anglais en 1814.

            La France disposait aussi, sur la côte est, de quelques comptoirs anciens à Sainte Marie et à Fort Dauphin.

Français et Anglais se disputaient alors le contrôle des deux îles de Madagascar et de Zanzibar, et c’est à la suite d’un accord diplomatique franco-anglais, en 1890, que l’Angleterre laissa à la France les mains libres en échange de Zanzibar.

Il convient de rappeler qu’en 1885, la première expédition coloniale fut décidée par un ministre éphémère de la Marine et des Colonies, – jusqu’en 1893, Marine et Colonies ne faisaient qu’une à l’époque, – M.de Mahy, député de la Réunion.

C’est un aspect plutôt ignoré, à mon avis, de l’histoire coloniale de l’Océan Indien que le rôle de la Réunion dans ce type d’impérialisme régional, que certains historiens ont cru pouvoir qualifier ailleurs, notamment dans le cas de l’Empire des Indes anglais, d’impérialisme secondaire.

En 1885, la France ne disposait pas de beaucoup d’informations sur la grande île, à la fois sur le plan géographique, économique, et politique, et pour bien dire cette expédition fut décidée à l’aveuglette, à l’exemple de beaucoup des expéditions coloniales de la Troisième République.

Lors du débarquement sur la côte de Tamatave, le commandant des troupes malgaches remporta une victoire contre les troupes françaises qui y avaient débarqué, à Farafate.

Pour la petite histoire et la grande aussi, cet officier malgache devint le ministre de l’Intérieur de Gallieni lorsqu’il prit le commandement civil et militaire de la Grande Ile, ministre qu’il fit fusiller pour avoir été l’instigateur secret de l’insurrection qui ravageait alors le pays.

Le blog des 15 et 26 avril 2011 a consacré deux articles à cet épisode.

A la suite de cette première expédition, un traité fut signé, mais dont les clauses étaient tout à fait ambigües ; ce traité, complété par un échange de lettres, ouvrait la porte à toutes les interprétations possibles, et donna à la France les motifs nécessaires pour se lancer dans sa folle expédition militaire de 1895.

Plus de 6 000 morts, plus de 60 millions de francs or dépensés (côté français), pour la conquête d’une île que la France connaissait mal, était dans l’incapacité d’en mesurer les atouts, alors que la population évoluée habitait sur les plateaux, à plus de 1000 mètres d’altitude, et qu’aucune communication moderne ne reliait encore les côtes à leurs plateaux : aucune route et aucun port ! Naturellement pas de chemin de fer ! Le transport des hommes (nobles, riches, ou fonctionnaires) et des marchandises s’effectuait en totalité par porteurs, les fameux « bourjanes ».

Madagascar avait la particularité tout à fait étrange d’avoir une élite évoluée sur les plateaux, les Merinas, presque complètement coupée des mers et du monde extérieur !

Une situation non moins  étrange du côté français alors que le gouvernement français se lançait dans une nouvelle aventure coloniale sans connaître le terrain de sa nouvelle aventure, et alors que la politique officielle, s’il y en avait une, n’avait pas opté entre la solution du protectorat et celle de la colonie !

Dans la série de morceaux choisis sur l’Indochine, le lecteur a pu prendre connaissance des hésitations, pour ne pas dire plus, que cette expédition soulevait  chez Lyautey.

Toujours est-il, qu’une fois la capitale Tananarive investie, et le pouvoir colonial installé, une grave insurrection se développa rapidement dans toute l’île, et notamment sur les plateaux, raison de la nomination de Gallieni en qualité de gouverneur général, avec pour mission de pacifier le pays.

 Il y eut un long « règne », de 1896 à 1905.

Le commandant Lyautey le rejoignit, en 1897, pour exercer des commandements, d’abord au nord de l’île, puis au sud, notamment à Fianarantsoa, au sud de Tananarive, à une distance de 250 kilomètres, et sur les côtes, les chefs-lieux des cercles de Fort Dauphin, à l’est, et de Tuléar, à l’ouest, se trouvant respectivement à une distance de 450 et 350 kilomètres de Fianarantsoa, étant précisé que ces mesures kilométriques modernes n’avaient aucun sens à l’époque considérée, compte tenu de l’absence de routes..

Seront évoqués successivement quelques-uns des épisodes qui ont émaillé les commandements de Gallieni et de Lyautey :

1-    En 1896, avec ses lettres, la « main lourde » de Gallieni, c’est-à-dire l’exécution de deux membres de la noblesse malgache, le ministre de l’Intérieur, et l’oncle de la reine.

2-    En 1897, avec Lyautey, la reddition du grand chef rebelle Rabezavana, ancien gouverneur royal.

3-     En 1898, avec Gallieni et Lyautey, le retour d’exil de la reine sakalave Bibiassy en pays Sakalave.

Et seront ensuite rapportés des extraits de lettres relatifs aux « œuvres » de Gallieni et de Lyautey dans la grande île, à la vie mondaine de cette époque, à la présence des femmes, aux problèmes politiques de Gallieni, et « Au haro » sur la métropole, le cri du cœur de Gallieni et de Lyautey.

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: pluralisme de la presse, Pigasse et le journal Les Echos

Humeur Tique : Presse et pluralisme ? Liberté de l’information ? Ou tout simplement l’information !

Pigasse et le journal Les Echos des 4 juin 2012 et 25 juin 2012 !

            L’ancien administrateur civil du Trésor Pigasse fait parte des archétypes de hauts fonctionnaires qui, après avoir rempli leur carnet d’adresses, pantouflent avec succès dans le monde des grandes entreprises, à la banque Lazard, dans le cas présent, après avoir fait ses classes politiques chez DSK et Fabius.

            Devenu un grand capitaliste de gauche, M.Pigasse a pris le contrôle du journal Le Monde avec ses deux amis, Niel et Bergé, et, information intéressante parue dans Les Echos du 4 juin « Entreprises et Marchés », il serait intéressé par le quotidien Libération, comme indiqué par le titre de l’article :

« Mathieu Pigasse veut entrer au capital de « Libération »

Trois semaines plus tard, le même journal publie une longue interview du même banquier sur une pleine page, dont le contenu est du reste intéressant, et peut-être utile, mais les trois journalistes qui ont recueilli ses propos ne lui posent aucune question  sur son projet d’entrée au capital de Libération.

L’hypothèse de son entrée au capital de Libération est mentionnée tout en haut de la page, « Son parcours » « Son actualité » dans le petit texte ci-après :

« Après avoir investi dans « Le Monde » et les « Inrockuptibles », son nom est évoqué pour une nouvelle injection d’argent dans la quotidien « Libération ».

Quel silence étrange, alors que le sujet est sensible, puisqu’il s’agit du pluralisme de la presse française !

Alors me direz-vous entre le journal Libération, organe quasi-officiel du Parti Socialiste et le journal Le Monde, soutien, tout  en coulisses, du même parti, cela ne changerait pas grand-chose !

Mais quelle discrétion journalistique pour un journal d’information économique et financière !

Gloire à notre belle presse nationale d’information !

WikiLeaks et le journal Le Monde: une relation ambiguë! Ou qui a le droit de violer les sources et les contenus d’information publique ou privée?

WikiLeaks et le journal le Monde : une relation ambiguë !

Ou qui a le droit de violer les sources et les contenus d’information publique ou privée ?

            Nous avons abordé ce sujet à deux reprises déjà sur ce blog, le 5 décembre 2010, et le 13 septembre dernier.

            Le 5 décembre, nous nous interrogions sur la validité des justifications que ce journal donnait pour publier des messages diplomatiques, confidentiels ou secrets, diffusés  dans le circuit internet par WikiLeaks.

Le 13 septembre dernier, et à la suite d’un article du même journal, des 4 et 5 septembre, intitulé « WikiLeaks : les informateurs mis en danger par de nouvelles publications »

Tiens donc !

Nous posions la question : qui a le droit de violer les sources et les contenus d’information publique ou privée ?

Le 14 septembre (page 12), le même journal évoquait à nouveau l’affaire Bettencourt dans un long article, et dans le paragraphe ci-après, il  écrivait :

« Dans des rôles différents, les deux femmes se sont trouvées au cœur de l’enquête préliminaire menée par le procureur de Nanterre Philippe Courroye – un proche du chef de l’Etat -, dès la révélation, en juin 2010, part le site Média-part, des enregistrements clandestins opérés au domicile des Bettencourt. Le Monde a pu avoir accès à cette procédure dont on comprend que le procureur ait tenu à la garder secrète – l’enquête préliminaire, placée sous le seul contrôle du parquet, soumis hiérarchiquement à l’exécutif, n’est accessible à aucun avocat. »

Nous avons souligné en gras la phrase intéressante : qui donc a pu, et qui s’est arrogé le droit de violer, dans le cas d’espèce, le secret des sources et des contenus ?  (par la voie (ou voix du Saint Esprit?)

Dans le numéro du 2 septembre dernier, le Monde faisait son titre de première page

« Comment les services secrets ont espionné « Le Monde »

Une enquête judiciaire montre que le contre-espionnage s’est procuré des informations confidentielles d’un journaliste pour identifier ses sources dans l’affaire Bettencourt »

A bien comprendre les positions de notre grand journal national de référence, un journaliste aurait le droit, à des fins d’information, de violer sources et contenus, en fonction des convenances de vulnérabilité (WikiLeaks), aurait le droit d’accéder à une enquête préliminaire (Bettencourt), théoriquement secrète, alors que la puissance publique se verrait interdire le droit de protéger ses actions ?

            Ne pensez-vous pas que nous sommes décidément dans un débat d’un droit et d’une déontologie à géométrie très variable, c’est-à-dire de pure opportunité ?

            Sauf pour la justice à se prononcer sur la question de fond posée par l’application de la loi du 5 janvier 2010, dans son article 1 :

            « Le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public »

            Mais dans certaines limites fixées par le même article :

            « Il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie »

            Alors, et dans les cas visés, impératif prépondérant d’intérêt public ou non ?

            Ou encore, extension d’un droit qui parait reconnu par tous les partenaires de la justice, y compris par certains magistrats, celui de violer le « supposé »  secret de l’instruction ?

Jean Pierre Renaud

Wikileaks et l’espionnage des services secrets – le Monde des 2/9/11, et 4,5/9/11 – Ou qui a le droit de violer sources et contenus d’informations privées ou publiques?

Wikileaks et l’espionnage des services secrets (Le Monde (numéros des  2/09/11 et 4,5/09/11)

Ou qui a le droit de violer sources et contenus d’informations privées ou publiques ?

            A la suite de la publication, en 2010, par Wikileaks de câbles diplomatiques, c’est-à-dire de dépêches dites confidentielles ou secrètes par le journal le Monde, assumée par la Direction de la Rédaction de ce quotidien de référence, en accord avec quatre autres grands médias internationaux, Le Guardian, le New York Times, le Spiegel, et El Pais,  j’avais évoqué ce sujet sensible sur le blog du 5 décembre 2010 et écrit :

« A lire les informations que les journaux écrits ou télévisés publient sur la nécessaire protection des sources d’information des médias, et donc sur les plaintes déposées auprès des tribunaux à ce sujet, et à constater ce qu’il en est de l’exploitation par les médias de sources privées, dans l’affaire Bettencourt par exemple, ou aujourd’hui à la publicité donnée par des journaux sérieux à des rapports secrets du département d’Etat : il est possible de s’interroger sur le contenu, la valeur et la portée de la déontologie des médias, même supposés sérieux. »

L’affaire vient de rebondir, sur le plan international, avec la publication de la totalité des câbles diplomatiques américains, et sur le plan national avec la plainte du Monde contre les services secrets français qui auraient espionné « le Monde ».

Il est évident que la jurisprudence « déontologique » décidée par les cinq grands médias, c’est-à-dire un tri des signatures en fonction du critère de la vulnérabilité de la source ne pouvait être qu’une petite digue fragile contre d’autres « transgressions déontologiques », et  c’est ce qui vient de se produire.

On peut donc être légitimement étonné de voir Le Monde publier en page 2, dans le numéro des 4 et 5 septembre, un article intitulé :

« Wikileaks : les informateurs mis en danger par de nouvelles publications.

La décision de Julian Assange condamnée par les journaux partenaires dont « Le Monde »

Et plus loin :

 « Jusqu’alors, dans les 20 000 câbles publiés, les noms des personnes jugés vulnérables avaient été supprimés »

Et à la fin  de l’article : « Les dommages collatéraux ne font que commencer. »

A parler et à écrire vrai, qui a le droit, ou qui se l’arroge-t-il, de violer les sources et les contenus d’information, qu’elles (ou ils), soient publiques ou privées, la puissance publique ou les médias privés ?

Comment les médias privés seront-ils juges de la vulnérabilité ou non de telle ou telle source, laquelle autoriserait ou non la publication des informations qui en seraient issues ? Et de quel droit ?

Dans l’état actuel de la déontologie de la presse, la réponse faite dans le journal des 5 et 6 décembre 2010, par la médiatrice du Monde, paraissait à la fois bien dérisoire et obsolète : d’après une charte de 1971, les journalistes ne doivent « pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents. »

Et pourquoi ne pas poser une dernière question relative à la cohérence de ce débat au regard de la loi du 4 janvier 2010 qui dispose qu’« il ne peut être porté atteinte, directement ou indirectement, au secret des sources. » ?

Le sentiment qu’il s’agit ici d’un autre exemple des nombreuses hypocrisies françaises, telle que le fameux secret de l’instruction, dont tout le monde se réclame, quand il y va de son intérêt, ou viole, quand il y va autrement de son intérêt !

Jean Pierre Renaud

Wikileaks et la protection française des sources des journaux: cohérence ou pas au journal Le Monde?

  A lire ou à écouter les informations que les journaux écrits ou télévisés publient sur la nécessaire protection des sources d’information des médias, et donc sur les plaintes déposées auprès des tribunaux à ce sujet, et à constater ce qu’il en a été de l’exploitation par les médias, de sources privées,  dans l’affaire Bettencourt par exemple, ou aujourd’hui, à l’occasion de la publicité donnée par des journaux sérieux à des rapports secrets du Département d’Etat : il est possible de s’interroger sur le contenu, la valeur et la portée de la déontologie des médias, même supposés sérieux.

Il y a de quoi en effet être très perplexe sur ces pratiques « déontologiques », d’autant plus surprenantes que les médias français ont respecté, pour la plupart, sur des sujets d’intérêt national, et jusqu’à présent, la règle du silence, de « l’omerta », quant au respect de la vie privée d’hommes ou de femmes de la scène publique, même lorsque cette protection de la vie privée (avec des années d’écoutes privées) coûtait très cher au contribuable, en faisant référence naturellement à la double vie, « protégée » de M.Mitterrand.

Ou qu’elle faisait peser une suspicion sur la conduite des affaires publiques, en raison des fameux conflits d’intérêts dénoncés par Martin Hirsch !

Comment ne pas penser en effet sur le même sujet aux « concubinages » cachés entre journalistes et politiques, ou entre avocats et magistrats,….

Car il y aura inévitablement des dégâts, parce que l’affaire Wikileaks  entérine une déontologie relative à chaque cas : qui appréciera la nécessité démocratique de la protection légale des sources d’information ? Les tribunaux ou les journaux ?

J’avouerai que dans une affaire de cette importance, ma conscience de lecteur et de citoyen est gravement troublée.

Et je dois dire que la conclusion du débat résumé par la médiatrice du Monde (5,6/12/10) n’est pas encourageante :

« Rappelons que la charte des devoirs et droits du journaliste précise qu’il ne doit « pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ». Il est vrai qu’elle a été signée à Munich en 1971, bien avant internet. »

Les journalistes du Monde n’auraient donc pas encore découvert internet ?

Est-ce que cela ne s’appelle pas botter en touche ?

Jean Pierre Renaud