L’indépendance de la Corse et de la Martinique, pourquoi pas? Par réferendum!


            Depuis des dizaines et des dizaines d’années, la France entretient un dossier politique, économique et financier pourri, faute pour les gouvernements successifs de la République d’avoir eu le courage de poser clairement la question :

            Etes-vous pour l’indépendance de la Corse ?

            Etes-vous pour l’indépendance de la Martinique ?

            Qu’on en  finisse une bonne fois pour toutes de ces débats interminables qui frisent le plus souvent le chantage !

            L’indépendance de la Corse et de la Martinique, pourquoi pas ?

          Mais en toute clarté sur le plan des relations politiques, économiques et financières à établir avec ces nouvelles entités étrangères, afin de mettre un point final à une discussion de marchands de tapis au cours de laquelle nos nouveaux partenaires n’assumeraient pas la totalité des charges que leur imposerait cette nouvelle forme de leur Etat.

           Il serait dommage de ne pas rappeler l’épisode de la décolonisation des années 1958-1960, sous l’autorité du général de Gaulle, lequel disant à Sékou Touré, l’homme fort de la Guinée, « A prendre ou à laisser »

          Le 9 août 1958, sur Radio Dakar, Sékou Touré avait alors déclaré que « son amour propre pour la dignité de l’Afrique a été choquée ».

           Pour ceux ou celles qui ont la mémoire courte, rappelons  que Sékou Touré fut un des dictateurs sanguinaires de l’histoire africaine.

Jean Pierre Renaud

« Français et Africains ? » Frederick Cooper, le témoignage du diplomate Michel Auchère

« Français et Africains ? »

Frederick Cooper

&

Situations coloniales et témoignages

6 d

La lecture parallèle de Michel Auchère, ancien diplomate en Europe, en Afrique, en Asie, et à l’ONU, de la décolonisation de l’Afrique noire

  1.          Une remarque préliminaire

               La décolonisation est en quelque sorte inhérente à la colonisation. L’Etat colonial a toujours été présenté comme une étape temporaire, provisoire (même si dans l’esprit des colonisateurs, le « provisoire «  était destiné à durer longtemps) avant l’émancipation politique, qui se traduirait par l’indépendance (ou son équivalent, l’assimilation complète – du type de celle réalisée par les Français dans les Antilles, en Guyane et à la Réunion)

         Le système des mandats de la SDN et celui de la tutelle des Nations Unies exprimait cette philosophie.

            L’historien Henri Brunschwig constatait dans un article publié dans une revue des années 1950 : la décolonisation « suppose le succès de la mission « civilisatrice » à laquelle prétendaient autrefois les nations européennes. »

            Aussi plutôt que des « causes » pourrait-on parler des facteurs qui ont influé sur la vitesse du processus.

  1.              Le climat international après 1945

On peut dire que de même que dans les années 1880, tout poussait à l’expansion coloniale, après 1945, tout poussait à la décolonisation.

La décolonisation était au programme des deux grandes puissances URSS et Etats Unis.

L’Organisation des Nations Unies était marquée de plus en plus par l’idéologie de la décolonisation (ses travaux et ses initiatives dans ce sens ont eu leur couronnement avec l’adoption en décembre 1960 de la « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux »)

L’indépendance des colonies a été l’une des premières revendications des pays non-alignés, à la création du mouvement à la conférence de Bandoeng en avril 1955.

Le premier jalon (africain) dans l’évolution en marche a été l’indépendance de la Gold Coast (devenue « Ghana) en 1956. Evénement qui ne pouvait qu’avoir des répercussions dans les territoires français voisins, en donnant des idées à leurs  dirigeants et les amenant à agir plus vite qu’ils ne l’auraient peut-être souhaité.

        La fin de la tutelle sur le Togo et le Cameroun, inévitable du point de vue de la communauté internationale, constituait un facteur d’accélération allant dans la même direction.

  1.           Absence d’obstacles majeurs

       Du côté des gouvernements français, les  « leçons de l’histoire » avaient été trop fortes : Dien Bien Phu, l’indépendance du Maroc et celles de la Tunisie, l’insurrection algérienne et son déroulement… pour qu’on puisse envisager un nouveau conflit de décolonisation.

       Et fait important, il n’y avait pas de population de souche européenne sur place à ménager.

        Les autres intérêts en jeu étaient d’ailleurs sans commune mesure avec ceux qui venaient d’être abandonnés. Qui peut le plus peut le moins. Et rien ne disait a priori qu’on ne pourrait pas les protéger à  l‘indépendance.

      Du côté des citoyens français qui s’intéressaient à l’AOF et à l’AEF ?

       Ceux qui en parlaient le faisaient de façon plutôt négative : le cartiérisme (« La Corrèze plutôt que le Zambèze »)

       De la part des interlocuteurs possibles africains

       Ce n’étaient pas des maquisards

       Que ce soit planifié ou non, les diverses étapes qu’avaient connues la vie administrative des territoires (Constitution de 1946, loi-cadre 1956-1957) avaient permis la mise en place de dirigeants qui avaient acquis une certaine expérience politique, et qui, ayant la plupart siégé dans des instances à Paris, connaissaient bien les rouages de la politique française.

       On se connaissait bien. Les conditions d’une décolonisation à l’amiable paraissaient réunies. De fait, c’est ce qui s’est produit, à l’exception de la Guinée.

      Les débats, qui ont le plus agité les Africains ont été ceux du cadre de l’accès à l’indépendance, celui du territoire ou celui de la Fédération (la question de la balkanisation)

  1.         Dans ces conditions, la décolonisation n’a pas été une rupture.

       La coopération a pris la suite de la colonisation. Des relations très étroites ont été longtemps maintenues. Certains ont parlé d’ « Etat franco-africain » en faisant les gros yeux. Le Président Houphouët- Boigny les a célébrés d’une certaine façon en lançant l’expression « France Afrique » (qui plus tard a été reprise de façon négative – la Françafrique – par ceux qui pensaient que la décolonisation n’était pas achevée.)

       Avec le temps, les relations entre la France et ses partenaires africains ont trouvé leur équilibre à un niveau plus bas, et même toujours plus bas du fait d’un certain déclin de la France. Le signal du décrochage de la France a été la dévaluation du franc CFA sous le gouvernement Balladur.

     Au terme de cette évolution, les relations se sont même inversées, ce que le journaliste Glaser   a décrit sous le terme « Africa-France »

     Ceci étant, et philosophiquement parlant, la « colonisation » n’étant que le reflet de l’inégalité entre les Etats, il n’est pas sûr que les Etats africains en aient fini avec elle.

     Ils le reconnaissent eux-mêmes en faisant constamment  appel aux concours extérieurs pour régler leurs problèmes (FMI pour leurs finances intérieures et extérieures, forces de maintien de la paix pour leur sécurité, ONG pour leurs services de santé …

     Michel Auchère, ancien diplomate en Asie et en Afrique, notamment au Ghana

     Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Indépendance de la Justice : le leurre Taubira !

   A plusieurs reprises déjà, nous avons abordé ce sujet sensible, celui de l’indépendance nécessaire du parquet, c’est-à-dire des procureurs et des procureurs généraux, à l’égard du pouvoir exécutif.

        La dernière circulaire de la Garde des Sceaux montre qu’il n’y a rien de changé sous le soleil de France, c’est-à-dire qu’un ministre pourra toujours continuer à donner des instructions au Parquet, tout en affirmant qu’il respecte la séparation des pouvoirs et l’indépendance du Parquet.

      Quel est le procureur hiérarchiquement soumis au Garde des Sceaux – dont la carrière en dépend – qui ne saurait comprendre le sens d’une demande pressante de renseignement sur une affaire dite sensible ?

       Un article du journal Le Monde du 12 février 2014, intitulé « Les procureurs s’inquiètent de l’intérêt de la chancellerie pour les affaires sensibles », met en lumière ce risque évident de dérive.

        « Rôle du préfet judiciaire

      «  Les parquets généraux doivent informer la chancellerie «  régulièrement, de manière complète et en temps utile » des procédures significatives et devront répondre avec diligence aux demandes d’information ponctuelles du garde des sceaux » Ultime précaution « pour les affaires les plus sensibles, l’envoi d’un courriel devra être systématiquement doublé d’un appel ».

       Afin d’illustrer ce type de dérive « préfectorale », une anecdote :

    Elle concerne un Préfet de la région d’Ile de France de bonne réputation qui n’interférait pas directement dans le traitement des affaires, mais qui avait l’habileté de téléphoner à tel ou tel de ses collaborateurs ou collaboratrices pour leur demander s’ils connaissaient tel ou tel dossier qu’il se faisait résumer, étant bien entendu que le collaborateur ou la collaboratrice en question  continuait à traiter le dossier en question en toute indépendance, vraiment ?

      Alors que le « système » chiraquien prospérait sans que des conseillers de Paris socialistes très connus fassent beaucoup d’ennuis au Maire de Paris !

       En définitive, il n’y a effectivement rien de nouveau sous le soleil, étant donné que tout au long des années passées, les dossiers susceptibles d’avoir un écho politique ou médiatique, faisaient l’objet d’une information permanente de la Chancellerie par les Parquets.

     Le même journal du 6 mars 2014 (page 7), en apporte des preuves supplémentaires dans ses articles sur les écoutes Buisson.

    A citer un extrait d’une conversation Goudard Buisson, Buisson s’interroge :

   « Il s’interroge sur la capacité du nouveau secrétaire général de l’Elysée, Xavier Musca, à savoir « se mouiller » autant que Claude Guéant pour les« affaires du parquet ». Tu vois l’avantage de Guéant, là depuis trois mois, c’est qu’il connaissait un petit peu les dossiers, notamment pour les affaires auprès du parquet… »

    Aussi longtemps que le cordon ombilical ne sera pas coupé entre la Chancellerie et les Procureurs, le cinquante-troisième engagement du nouveau Président : « Je garantirai l’indépendance de la Justice » restera donc lettre morte !

Jean Pierre Renaud

Indépendance de la Justice: Qui sait quoi? Il faut rattacher la Police Judiciaire à l’autorité judiciaire

Une information multiforme ! Qui sait quoi ? Les gouvernements, les journalistes, ou les juges ?

Toujours les mêmes rideaux de fumée !

En France et à Paris, peut-on faire confiance à l’indépendance de la Justice ? Sans que la Police Judiciaire relève de l’autorité judiciaire ?

            Il y a quelques années un ministre socialiste de l’Intérieur, plutôt sectaire, se félicitait d’avoir mis fin au système des notes blanches venues d’un service de police, ni vues, ni connues, destinées à informer les ministres de toutes les situations ou incidents de la vie privée, les plus croustillants si possible, du microcosme parisien, en vue de nourrir la curiosité ou les idées d’initiatives des plus hautes autorités de l’Etat.

            Il n’est pas démontré que ce système aurait évité au pays les affaires les plus récentes, telle que celle de DSK, et aujourd’hui, celle de Cahuzac, mais les services de police du ministère de l’Intérieur disposent toujours de multiples sources d’information nationale et internationale, et dans le cas particulier de la Police Judiciaire, il existe un risque permanent de mélange des genres.

            Les sources politiques sont au moins aussi importantes que par le passé, et il suffit de lire dans le journal La Croix du 5 avril 2013, page 4, l’article intitulé « Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice », le service mis en cause étant la Direction centrale du renseignement intérieur, lequel service sait évidemment beaucoup de choses.

            Il n’y aurait donc plus de RG en France ? Et le pouvoir politique ou tous ceux qui gravitent au sein des lieux du vrai pouvoir n’auraient plus accès à certaines informations ? Il n’y a pas si longtemps, il s’agissait de la corruption politique par la voie des marchés publics, et de nos jours, il s’agit de montages beaucoup plus sophistiqués encore, par le biais de pays étrangers.

            Il ne faut pas avoir trop d’illusions à ce sujet et croire qu’on empêchera un jour les gens de pouvoir, politique ou économique, d’avoir accès à des informations ignorées du bon peuple, mais il est un domaine au moins où il est possible de mieux verrouiller les processus de l’information, la judiciaire.

           A la suite des affaires récentes, le pouvoir politique a déclaré haut et fort qu’il avait respecté l’indépendance de la Justice et qu’il allait proposer de nouvelles mesures législatives pour la renforcer.

            Nous verrons bien ce qu’il en est en ce qui concerne les autorités judiciaires, notamment l’indépendance du Parquet, mais pourquoi ne pas mettre fin à une autre hypocrisie liée à l’organisation des institutions, c’est-à-dire le rattachement de la Police Judiciaire au ministère de l’Intérieur ? Un rattachement dont la légitimité démocratique est régulièrement évoqué depuis des lustres, sans que rien ne soit fait !           

             A qui fera-t-on croire que dans la capitale, et sans doute aussi en province, avec ou sans notes blanches, les fonctionnaires de police n’informent pas leur hiérarchie du résultat de leurs enquêtes sur les affaires les plus sensibles, c’est-à-dire aussi le Préfet de Police, et naturellement le Cabinet du ministre de l’Intérieur ?

Les mœurs auraient changé à ce point, et les hauts fonctionnaires seraient devenus par un coup de baguette magique des petits saints ?

Avec l’affaire Cahuzac, et afin de lever tout soupçon de mélange des genres entre l’autorité politique et l’autorité judiciaire, il convient donc d’aller jusqu’au bout du raisonnement au moins dans un cas essentiel, c’est à dire rattacher la Police Judiciaire à l’autorité judiciaire.

Jean Pierre Renaud

Florange, ses hauts fourneaux et l’acier de la France!

Quel grand gâchis pour les hommes et les femmes de Florange, pour la Lorraine, mais tout autant pour la France, son histoire sidérurgique, et notre « reliquat » d’indépendance !

            Je vous avouerai que je n’ai pas encore compris comment ce dossier avait été géré, sur le plan humain d’abord, et sur tous les autres plans, stratégique pour notre pays, politique, économique, financier, et prospectif.

            Je n’ai pas vu mettre sur la table tous les enjeux et toutes les données de ce dossier sensible, alors que les médias sont saturés de consultants et d’experts en tous genres.

            Bercy ne disposait plus d’une force de frappe de réflexion et d’action suffisante dans ce dossier ?

            Quelles sont les questions centrales qui auraient dû conduire à un autre et vrai choix politique ?

 1 – La France a-t-elle encore besoin de produire sur son territoire de l’acier ?

La réponse est oui, compte tenu de son intérêt économique stratégique.

2 –  La France est-elle la plus mal placée, compte tenu des traditions sidérurgiques de la Lorraine, pour redonner un nouvel élan à de nouvelles technologies de l’acier ?

La réponse est non

3 – Un investissement de recherche en innovation de l’ordre d’un ou plusieurs milliards est-il hors de notre portée, afin de préparer l’acier de demain ?

La réponse est non,alors que la France gaspille encore des milliards dans toutes sortes de niches fiscales sans intérêt ou mal contrôlées, et qu’elle trouve les milliards nécessaires au financement de projets mal ficelés ou d’expéditions coûteuses à l’étranger.

            Et nul besoin de l’Union Européenne pour faire ce choix !

            N’ayant pas plus l’esprit libéral que l’esprit dirigiste, car tout dépend des situations et des chronologies, j’aurais été partisan, dans le cas présent, et pour au moins les trois raisons énoncées ci-dessus, de nationaliser ces hauts fourneaux et de donner à une nouvelle société les moyens financiers nécessaires pour innover et se repositionner sur les nouveaux et futurs marchés de l’acier.

Donc oui à une mesure de nationalisation temporaire !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique Eté 2012: Impertinence ou indépendance de la Justice? Les caricatures d’une procureure

Humeur Tique Eté 2012

Impertinence ou indépendance de la Justice ?

Les caricatures d’une procureure

            Derrière la porte d’une procureure du Parquet de Paris, oh ! combien !  « petit pois » de l’ancien président Sarkozy, étaient affichées maintes caricatures des multiples travers et mauvaises manières de notre haut personnel politique.

            Mais aussi un très beau texte de Platon sur une philosophie de la vie et de la justice toujours d’actualité!

            Au choix, quelques-unes de ces caricatures, notamment celles de Cabu :

            La première très ancienne, de Cabu, intitulée « AFFAIRES : LA JUSTICE CREUSE LES DOSSIERS », en haut du dessin, Jospin et Chirac écoutent au sol, et en dessous et de chaque côté, deux magistrats creusent au marteau piqueur, l’un, à gauche, avec dans la bulle, « HLM de Paris », l’autre, à droite, dans la bulle « MNEF »

            C’est tellement loin aujourd’hui ! Cela ne vous dira plus rien, mais dans l’affaire HLM, Chirac était au cœur du sujet, et dans l’affaire MNEF, Jospin, en compagnie de ses amis DSK, Le Guen et Cambadélis.

            La deuxième de Pétillon, intitulée « LA CHASSE AUX SANS-PAPIERS » avec le dessin de trois policiers devant une porte, et dans une bulle : « Ouvrez ! Ça n’a rien de personnel… » et dans la deuxième « On fait du chiffre »

            La troisième de Cabu, intitulée « LE COUP DE BOULE DE SARKOZY AUX MAGISTRATS » avec un dessin de Sarkozy qui donne un coup de boule à un magistrat, et dans la bulle du bas « COMME ZIDANE, J’AI L’OPINION AVEC MOI ! »

            Et enfin une dernière caricature affichée, de CABU, intitulée « LE MEDIATOR », avec un Bertrand, assis entre deux piles de rapports de santé,  habillé en vieil apothicaire, en train de manipuler une paire de ciseaux et déclarant :

            « Je préconise une bonne purge dans les rapports de santé »

            Et pour revenir sur terre, un très beau texte de Platon, oh ! combien !  d’actualité ! :

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »

Humeur Tique : Halte à la confusion et à la sécession en Europe ou le silence de l’Union Européenne sur le destin de ses provinces sécessionnistes !

  L’actualité évoque à nouveau les « velléités » d’indépendance de plusieurs provinces d’Europe, de nos jours, la Catalogne, le pays Basque, la Flandre, ou l’Ecosse, et hier la Lombardie.

Il est évident que ces sécessions, si elles se produisaient, auraient non seulement des conséquences sur l’Espagne, la Belgique, et la Grande Bretagne, mais également sur l’Europe en tant que telle, et sur ses institutions.

Ces dernières sont déjà suffisamment lourdes et compliquées pour ne pas en accroitre le poids, alors même que l’Union Européenne continue imperturbablement à négocier avec les pays qui sont candidats à l’adhésion, notamment la Croatie, et donc à ajouter une brique à cette nouvelle tour de Babel en construction permanente et insatiable !

L’Union Européenne ne devrait-elle pas mettre en garde les responsables de ces provinces sécessionnistes en leur indiquant que leur indépendance éventuelle, avec toute la relativité que peut recevoir un tel concept dans notre univers mondialisé, ne donnera pas plus de poids institutionnel au pays dont ils faisaient partie ?

Ce qui veut dire qu’il leur reviendra de négocier au sein de leur ancien pays des modalités nouvelles de représentation, sans ajouter une once de poids supplémentaire dans le fonctionnement des institutions de l’Union.

Cette absence de doctrine et de réaction des institutions européennes, Assemblée Européenne, Conseils de gouvernements, et Commission Européenne sur un tel sujet sont décidément affligeantes !

Indépendance et crédibilité du discours centriste?

Le paradis fiscal du Nouveau Centre !

Indépendance des Centristes ou crédibilité politique des discours centristes ?

Un article très intéressant sur DirectMatin du 2 février 2011 (page 13), intitulé :

Comment les partis du centre  se financent ?

            « Liberté de parole et de proposition », comme l’a déclaré M.Boorlo, président du Parti radical, alors que son petit parti ne pourrait quasiment pas exister sans le financement de l’UMP ?

            En 2009, « le PR est sous perfusion financière de l’UMP à hauteur de 77% ». (budget PR = 1,3million)

            Deux petits partis, le Parti chrétien démocrate de Mme Boutin, et la Gauche moderne de M.Bockel émargent auprès de l’UMP pour le tiers de leur budget, c’est déjà beaucoup mieux, mais avec un nombre faible d’adhérents.

Le Nouveau Centre a un financement théoriquement autonome, mais tout à fait exotique, et en définitive étrange : grâce à un montage avec un petit parti tahitien et à un régime juridique différent de celui de la métropole, il a pu recevoir une contribution de 1,4 million.

Et comme l’indique le même article : « un montage qui est légal mais qui contourne « l’esprit de la loi ».

Il vaut donc mieux que le Nouveau Centre ait un discours discret, le plus discret possible sur le financement des partis politiques, et sur son indépendance..

Conclusion, le seul parti centriste indépendant financièrement est le Modem de M.Bayrou, avec une réserve qui n’a pas été levée à notre connaissance, celle d’un trésorier, actuellement ministre de la Justice de M.Sarkozy.

Les quatre autres partis « centristes » ont donc toutes les caractéristiques des petits partis politiques de la Cinquième République qui ont servi de plastrons au parti  « gaulliste » dominant, pour autant que cette appellation « gaulliste » ait conservé, après Pompidou, son sens originel.

Dans les années 1970, le Centre Démocratie et Progrès (CDP) de la troïka Fontanet, Duhamel, Pleven, en a été une des illustrations, avec pour trésorier un certain Antoine Veil, époux de Mme Veil. En faisaient, entre autres, partie, les Méhaignerie, Barrot et Stasi…

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Eva Joly, Indépendance de la Justice, et Ecologie?

            Déclaration d’Eva Joly, candidate à la candidature d’Europe Ecologie Les Verts dont fait état le Monde des 16 et 17 janvier 2011, page 10 :

            « Mes combats parlent pour moi. Depuis vingt-cinq ans, ce sont des combats de gauche. »

            Ah bon ! La candidate a fait carrière au Ministère de la Justice de 1981 à 2002, sauf erreur, et elle s’est illustrée dans plusieurs dossiers politico-financiers, sensibles et médiatiques, en qualité de juge d’instruction à Paris entre 1990 et 2000.

            Certains croyaient encore qu’un juge d’instruction instruisait à charge et à décharge, en application de l’article 81 du Code de Procédure Pénale, premier aliéna :

            « Le juge d’instruction procède, conformément à la loi, à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité. Il instruit à charge et à décharge. »

Faut-il, dans le cas Joly, interpréter : à charge « droite » et à décharge « gauche » ?

            Et se poser la bonne question : l’écologie est-elle  à droite ou à gauche ? Et notre bonne vieille planète-terre, à droite ou à gauche ?!

« L’Afrique noire française » « L’heure des indépendances » sous la direction de MM Ageron et Michel

« L’Afrique noire française »

« L’heure des indépendances »

Sous la direction de Charles-Robert  Ageron  et Marc Michel

Lecture

Volet 1

            Un pavé de près de 800 pages qui a la particularité de se présenter comme une réédition, dans l’année du cinquantenaire des indépendances :

« 1990,2010, ce livre est une réédition. Il reprend sous une forme condensée, les apports d’un colloque remontant à 1990, trente ans après les indépendances de treize pays africains « francophones ».

Après avoir rappelé le chemin éditorial de ce livre, nous bornerons notre commentaire de lecture à quelques-unes des pages qui ont retenu notre attention, et tout particulièrement à celles consacrées à l’indépendance de Madagascar, et au témoignage très intéressant, à tous points de vue, de M.Rabemananjara, ancien député à l’Assemblée Nationale.

L’ouvrage comprend sept parties :

1 La marche aux indépendances : le rôle des forces intérieures (21 à 221)

2 La France et les indépendances africaines (221 à 377)

3 Les indépendances vues d’Afrique (377 à 539)

4 L’environnement international (539 à 629)

5 L’Océan indien et l’indépendance de Madagascar (629 à 729)

En ce qui concerne la première partie consacrée au « rôle des forces intérieures », leur lecture me laisse assez dubitatif, sauf en ce qui concerne le rôle des élites du Sénégal et celui des partis politiques de l’ancienne AOF, mais ce dernier, tardif, puisque postérieur à 1945.

Et la réponse à ce doute figurerait sans doute dans le rapport général de la troisième partie, quant à l’ambigüité du mot et du concept d’indépendance, tels qu’ils étaient compris par les africains.

Le rapporteur écrit :

« L’idée et le mot donc se banalisent à partir de 1958, même si le contenu en reste relativement flou. Une observation linguistique d’abord : peu de partis politiques ou de personnalités politiques ont, semble-t-il, à partir des textes que j’ai vu traduits en langue indigène, utilisé le mot « indépendance ». (page 383)

« Ce balbutiement au niveau des concepts sur lesquels il y aura peut-être des choses à dire lors de la discussion me semble témoigner de cette chose dont nous avons un tout petit peu discuté hier, c’est-à-dire la capacité non seulement d’adaptation, mais aussi d’invention de la part des sociétés africaines. » (page 384)

Et l’analyse du rôle des « acteurs africains » n’est pas toujours très éclairante, d’autant plus quand le rapporteur général précise :

« Comment savoir ce que pense, à cette époque, l’homme de la rue ? Comment mesurer l’opinion publique ? » (page 389)

Effectivement, et pour avoir navigué, dans les années 1956, au nord du Togo, territoire sous mandat de l’ONU, et promis à l’indépendance, il n’y avait tout d’abord pas de rues, et les journalistes auraient été bien en peine de dire ce que pensaient les Ngan-Gan (animistes) ou les Tyokossi (musulmans) de l’indépendance, sauf en interrogeant leurs féticheurs, leurs marabouts, ou leurs chefs, qui faisaient concrètement la pluie et le beau temps, et qui constituaient leur véritable horizon social ou culturel, beaucoup plus que les commandants de cercle.

A noter qu’a cette époque encore, les Ngan-Gan (cercle de Sansanné-Mango) vivaient nus : les hommes portaient un étui pénien et les femmes une décoration de feuilles vertes. Il est loin d’être assuré du reste que « l’ethnie » en question n’ait pas craint, avec « l’indépendance » de se retrouver sous la domination de leurs puissants voisins.

Un monde séparait par ailleurs la mentalité des gens de la côte et des gens de la brousse.

En 1990 (époque de ce colloque), il aurait été encore possible de réaliser un important travail d’interview de tous les intermédiaires cités plus haut ; peut-être le travail a-t-il été fait, mais les rapports n’en parlent pas, alors que c’est tout le problème posé par la problématique de l’opinion publique villes- brousse des années 1950, pour autant qu’il ait eu quelque chose qui ressemblât à une opinion publique de brousse.

A se demander donc si ces réflexions de type « historique » ne reconstruisent pas une histoire qui n’a jamais existé ?

Le même problème d’analyse et d’évaluation de l’opinion publique française à l’égard des colonies se posait, dans un contexte d’information qui n’avait naturellement rien à voir avec celui des colonies, avant l’arrivée des sondages d’opinion, c’est-à-dire juste avant 1939.

Et pour rassurer les sceptiques sur ce magnifique sujet de l’opinion publique dont on peut dire tout et n’importe quoi, je signale que beaucoup d’historiens ont évoqué l’évolution de l’opinion publique française, jusqu’aux sondages analysés entre autres par M.Ageron, sans jamais avoir pris le soin d’exécuter un travail d’analyse statistique de tous les supports culturels qui ont existé et qui sont encore disponibles, afin de déterminer si oui ou non, les « médias » de l’époque (et avant les sondages) accordaient de l’importance aux colonies, à la fois dans la place accordée (statistiquement) et dans le contenu de leurs messages.

Le livre ne fait pas état des réflexions tout à fait pertinentes faites à ce sujet par un des co-directeurs de l’ouvrage, précisément M.Ageron, dans la Revue Française d’Histoire d’Outre-Mer, numéro du premier trimestre 1990, l’année du colloque, intitulé : «  Les colonies devant l’opinion publique française (1919-1939 ».

L’historien s’interrogeait sur la capacité que l’on avait de pouvoir évaluer l’opinion publique, avant les années 1938, 1939, dates des premiers sondages en France, en reconnaissant la difficulté de la tâche, et observait :

« Mais l’historien de la période contemporaine ne peut renoncer pour autant à tenter de connaître, par des méthodes plus empiriques, cette opinion publique, à condition de bien mesurer les limites de son entreprise. Qui s’intéresse à cette « préhistoire » de l’opinion, celle qui précède l’ère des sondages, doit être parfaitement conscient du champ de cette recherche. » (RFOM, page 31)

Comme je l’ai indiqué dans le livre « Supercherie Coloniale »,  les historiens du sujet ne paraissent pas être encore sortis de cet âge de la « préhistoire », plus de vingt ans après, et des ouvrages d’histoire coloniale ou postcoloniale à la mode dissertent à loisir sur la culture coloniale, une opinion publique « imprégnée » de colonial, sans jamais s’être attachés à évaluer sérieusement cette fameuse opinion publique, en procédant à des travaux d’évaluation statistiques sérieux sur les vecteurs de l’opinion publique de l’époque, et en particulier sur la presse.

Quant à l’échec des fédérations, le rapporteur écrit :

«  Quoi qu’il en soit, l’échec des fédérations primaires  est incontestablement un échec du RDA, parti majoritaire en AOF et qui était né pour rassembler l’Afrique. C’est aussi et surtout un échec de la décolonisation française en Afrique noire. La France seule, à l’instar de ce que firent les Anglais en Nigéria, pouvait maintenir l’unité des fédérations qu’elle avait créée de toutes pièces et qui étaient néanmoins devenues des réalités politiques, économiques, et culturelles. » (page 456)

Il parait tout de même difficile de comparer l’AOF à la Nigéria, eu égard, aussi bien, à leurs ressources comparées et à la configuration géographique des deux territoires, outre un « héritage colonial »  très différent.

Une contribution souligne plus loin le manque d’intérêt stratégique de l’Afrique de l’ouest (page 543)

Est-ce que la France se serait opposée à la volonté de Senghor et d’Houphouët – Boigny s’ils avaient eu la volonté de maintenir la fédération ?

Et dans l’histoire de cette région d’Afrique, est-ce que les grands Almamys que furent Ahmadou,  à Ségou, et Samory, à Bissandougou, ne rencontrèrent pas le même type de difficultés pour agréger à leurs empires musulmans des royaumes malinké ou bambara ?

La quatrième partie consacrée à « L’environnement international », contient une contribution intéressante de M.Pervillé, de laquelle il résulte que  le FLN  n’a jamais été panafricaniste, et que les députés africains, dans leur grande majorité, ont toujours manifesté une certaine prudence, pour ne pas dire réserve, à l’égard  de la guerre d’Algérie.

La semaine prochaine, le volet 2 de cette lecture sera consacré à Madagascar

Jean Pierre Renaud