Ces migrants qui ne font pas rêver les Français !

« Ces migrants que la France ne fait pas rêver »
Titre de la première page du journal Le Monde des 13 et 14 septembre 2015
OU
 Ces migrants qui ne font pas rêver les Français !

            En comprenez-vous les raisons ?

            Il ne s’agit pas de celles qu’évoque Monsieur Stora, historien, camarade de gauche bien connu, qui semble avoir oublié l’accueil enthousiaste que la France a « réservé » au million de Français d’Algérie à l’occasion de l’indépendance de ce pays, et il ne s’agissait pas alors de « migrants ».

            A voir le succès de fréquentation de la Cité de l’Immigration, il n’est pas interdit de se demander si cette création purement politique (Chirac), sorte de gage du malaise des quartiers sensibles, n’est pas à la fois inutile et coûteuse.

            Il ne s’agit pas des raisons caricaturales  qu’il développe dans sa tribune du Monde des 6 et 7 septembre 2015, la «  diabolisation des combats antiracistes », « la mise au secret des histoires migratoires qui ont fait la France »

            Diable, c’est le cas de le dire !

            Comment ne pas souligner que Monsieur Stora, en compagnie de nombreux autres intellectuels ou chercheurs développent depuis des années un discours mémoriel et historique d’autoflagellation, pervers, idéologique, politique, d’une France coupable de tous les maux coloniaux imaginables ou pas, avec en prime l’inévitable guerre d’Algérie qui, aux yeux de l’historien, représenterait l’alpha et l’oméga de notre histoire coloniale.

            Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, la propagande coloniale n’a jamais eu l’ampleur de celle que ces groupes de chercheurs politiques, animés par un esprit d’anticolonialisme anachronique développent dans notre pays depuis des dizaines d’années.

            Au feu ! Au feu ! Clament-ils ! Alors qu’ils ont allumé la mèche, et qu’ils en entretiennent  les braises !

            Ce discours pervers a donc produit des effets dans l’opinion publique aussi bien d’adhésion que de rejet.

            Les spécialistes parleraient à juste titre d’un discours autoréalisateur, avec la sorte de mission réussie de mise en accusation permanente de l’histoire de notre pays, une mise en accusation qui fait logiquement peur à une partie de l’opinion publique, une peur de l’étranger.           

            Le livre « Supercherie coloniale » que j’ai publié en 2007 dénonçait déjà ce discours d’intoxication qui produit de nos jours des résultats destructeurs.

            Le lecteur pourra se reporter plus loin aux textes que j’ai publiés à ce sujet, en particulier la postface.

            Pour les citoyens bien ou mal informés, le « secret » dénoncé par Monsieur Stora ne serait-il pas au contraire celui qui pèse en partie sur certaines statistiques de l’immigration, sur les origines « ethniques », sur les flux du regroupement familial et des mariages mixtes, sur les chiffres des binationaux par pays, sur la réalité historique des demandeurs d’asile.

        On sait que les trois quarts de ces demandeurs n’ont pas droit à l’asile, et qu’en cas de refus, le retour dans leur pays d’origine est pure illusion.

       Faites le calcul sur les dernières années,  sur des demandes annuelles de l’ordre de 60 000, 45 000 restent concrètement dans notre pays, sous quel statut ?

     La démonstration que vient de faire l’OFPRA à Munich pour tenter de faire venir en France quelques centaines de demandeurs d’asile est tout à fait surréaliste, compte tenu de l’impéritie qui a été la sienne depuis plusieurs dizaines d’années.

    Pour beaucoup de nos compatriotes, une autre raison, bonne ou mauvaise : on a déjà donné ! Dans le passé, et par exemple, des régularisations massives de clandestins.

     La France a une situation qui n’a rien à voir avec celle de l’Allemagne.

     Le pays n’est pas bien portant, le chômage est important, beaucoup de Français souffrent, alors qu’ils voient se déployer, année après année, de nouveaux flux de population venant du sud ou de l’est, des concurrents économiques et sociaux qui viennent déstabiliser, qu’on le veuille ou non, l’accès au travail ou aux soins.

     Est aussi à citer, le multiculturalisme dont les tenants de l’« établissement »  parisien raffolent, sauf que sur le terrain, ce mouvement de fond anime tout autant un communautarisme socio-politique et culturel, pour ne pas dire religieux, qui donne en prime, la majorité, dans telle ou telle collectivité, aux populations venues d’ailleurs.

     Un communautarisme à caractère de plus en plus religieux, compte tenu du poids de la population de confession musulmane, du prosélytisme d’une partie d’entre elle, et de l’absence d’interlocuteurs représentatifs.

      La communauté musulmane est divisée, tiraillée, entre plusieurs courants, principalement entre chiites et sunnites qui se font une véritable guerre de religion, au Moyen Orient ou ailleurs, pour ne pas parler d’autres nombreuses allégeances.

       Enfin, face à ces vagues de jeunes migrants qui semblent bien portants,  qui se recommandent de nos droits de l’homme,  les Français sont en droit des se poser la question : combien seraient-ils prêts à s’engager pour la cause des droits de l’homme à établir dans leur pays ?

        La France est en quête de vérité.

Jean Pierre Renaud, avec la collaboration de MCV

« Supercherie coloniale »
Jean Pierre Renaud
Postface (page 273)

           Le discours anachronique, idéologique, et pseudo scientifique  de ces chercheurs n’aidera certainement pas les Français d’origine immigrée à trouver leur juste place au sein de la communauté française. Il ne contribuera pas non plus à assurer la paix des esprits et des cœurs, ou tout simplement la paix civile.

            Aujourd’hui, on mélange tout, mémoire et histoire, et le dossier algérien submerge toute réflexion objective sur notre mémoire, comme sur notre histoire nationale, car la population française compte aujourd’hui des millions de citoyens d’origine algérienne qui cultivent des mémoires conflictuelles. Et une proportion encore plus importante de Français de souche qui entretiennent d’autres mémoires conflictuelles. Ces conflits n’étant pas prêts de s’apaiser, il convient donc de traiter ce dossier à part parce qu’il empoisonne tout.

            Il n’est pas sérieux de dire que l’histoire coloniale française (y compris algérienne) a été une histoire cachée, alors que des travaux innombrables ont été effectués et non censurés, avec des thèses historiques souvent opposées. Que l’histoire coloniale n’ait pas fait l’objet de pages et de pages dans les livres scolaires modernes, quoi d’étonnant alors qu’elle n’occupait pas une place beaucoup plus grande au temps béni des colonies ! Cette situation continue à exprimer tout simplement le désintérêt continu du pays pour son ancien empire.

            Alors il est vrai que notre histoire nationale est une sorte de roman, comme l’ont écrit certains, mais elle a au moins le mérite, en comparaison d’autres, d’être ouverte à toutes les critiques.

            Alors il est vrai  que certaines minorités françaises se plaignent de voir ignorer leur propre histoire, mais personne ne les a empêchées, semble-t-il, de manifester leur curiosité pour leur propre histoire. J’ai rencontré il n’y a pas si longtemps une fort belle antillaise qui ne s’était jamais préoccupée de ses origines : s’agissait-il d’une exception ? Et auparavant, j’avais fait la même expérience avec de jeunes membres de l’élite malgache.

            Rassurez-vous, les Français de métropole cultivent la même ignorance de l’outre-mer, sauf lorsqu’il se pare, comme dans le passé, des couleurs d’un exotisme, depuis peu mâtiné de générosité internationale.

            Et en ce qui concerne l’Afrique francophone, il est heureux que l’histoire coloniale ait permis à beaucoup de traditions orales d’être transcrites, au lieu d’être perdues, et mises à la disposition de l’histoire africaine !

            Ce livre met en évidence le manque de culture générale de ces chercheurs et leur goût forcené pour le tout médiatique, imitant à leur façon et dans leur domaine,  toute une partie de notre élite politique, culturelle, sociale, et économique, qui souffre du même travers.

            Alors, on raconte n’importe quoi !

Le 12 décembre 2007

            Je publierai ultérieurement la quatrième de couverture de ce livre.

Printemps 2015, au fil des jours

Le désastre des migrants de Méditerranée : le Conseil Exécutif de l’Union européenne s’est réuni pour prendre des décisions d’ordre plutôt cosmétique.

Il est tout de même surprenant que les autorités européennes n’aient pas associé à leurs délibérations des représentants des organisations politiques africaines alors que de l’ordre du quart des flux de migrants vient de l’Afrique de l’Ouest, Nigéria, Mali, ou Sénégal…

Le budget de la Défense : le Président a engagé les forces armées de la France dans trois guerres, alors que le pays ne disposait pas des moyens budgétaires nécessaires, d’autant plus que le combat qui est mené contre les djihadistes au Sahel ou au Moyen Orient fragilise notre défense intérieure.

Le Président a décidé de rallonger le budget de la défense de plusieurs milliards, sans que l’Assemblée Nationale n’ait été invitée à débattre de notre politique de défense, et donc des moyens budgétaires qu’il convenait éventuellement d’ajuster ;

Sommes-nous encore dans une démocratie ?

Le 1er Mai 2015 ! Triste anniversaire pour les syndicats, mais tout autant pour le pays, compte tenu du peu d’intérêt que les citoyens ont accordé à cette manifestation !

Un signe de plus du défaut de représentativité des corps intermédiaires du pays, qu’il s’agisse des organes politiques superposés et entremêlés, des syndicats, ou des médias.

La cuisine royale de l’Elysée : à lire une chronique du journal la Croix, du 28 avril 2015, intitulée « A la surface des choses » en écho d’une émission de M6 sur les coulisses de l’Elysée.

« Derrière la République se cachent des relents de monarchie, même si le monarque est bon enfant et se prête toujours, même en son palais, aux selfies.Tout juste apprendra-t-on que la sommelière, comme d’autres, « a du mal à cerner les goûts du président », qu’un diner d’Etat coûte 3 000 euros par convive, et que les 1 700 assiettes seront toutes lavées à la main »

Deux commentaires :

Il est bien dommage que le président n’ait pas ajouté à ses soixante propositions de gouvernement sur le slogan « Le changement, c’est maintenant », l’instauration d’une cuisine républicaine à l’Elysée, d’autant plus que ces diners d’Etat sont financés à crédit, étant donné notre dette publique de plus de 2 000 milliards d’euros.

Pourquoi ne pas faire appel, à tour de rôle, à nos grands cuisiniers étoilés, au lieu de conserver une cuisine monarchique ?

Jean Pierre Renaud

« La loi du ghetto » de Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

(calmann-lévy)

Notes de lecture ( 5 mai 2010)

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale, 

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

 Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

            Conseil municipal et conseils de quartier

 Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

           Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

 Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un auto engendrement des flux familiaux. » (page,45).

           N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

 Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.   

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par-là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud

Additif 2015 :

A lire les pages très intéressantes et fort bien documentées du journal Le Parisien du 7 mars 2015, intitulées « Soldes, livraisons, salaires

                                                      Les secrets des PME de la drogue »,

         il parait évident que l’Etat doit avoir pour objectif majeur de neutraliser les petits et grands chefs du trafic de drogue, en donnant la préférence à l’action renforcée de la Brigade des Stups, plutôt qu’à celle des CRS, en arrêtant, si elle existe encore, la politique du chiffre.

        Enfin, pourquoi ne pas oser mettre sur le tapis des relations diplomatiques, la lutte contre une des sources fréquentes de ce trafic, la source marocaine ?

Le musée de l’histoire de l’immigration : après l’UMP Toubon, le PS Stora!

« Le Musée de l’histoire de l’immigration » : Hollande a inauguré ce nouveau musée.

Après Toubon, le camarade UMP, Stora, le camarade PS !

Un musée politique !

Suite de mes précédentes réflexions publiées sur ce blog sur le même sujet.

            A l’occasion de cette inauguration, le journal La Croix a interviewé, le15 décembre 2014, le nouveau président du conseil d’orientation du Musée de l’histoire de l’immigration, Monsieur Stora, historien.

            Le quotidien reprend pour titre, un des propos de M.Stora :

            « L’immigration a engendré un capital dont la valeur est inestimable », sûrement, car il est effectivement difficile de l’estimer !

          Le lecteur connait les raisons pour lesquelles cette initiative de musée, dans la forme politique où elle a été lancée, c’est-à-dire celle d’un message aux électeurs français issus de l’immigration, fait légitimement douter de son succès, à voir sa faible fréquentation, laquelle serait encore plus faible sans celle des scolaires.

       Après le guidage UMP de  M.Toubon, le nouveau guidage PS de M.Stora !

         Il est évident que ce type de pilotage, s’il existe, n’est pas de nature à donner confiance aux Français sur les orientations de ce musée.

      Pour la deuxième fois donc, ce musée est frappé d’une marque politique partisane, encore plus qu’auparavant, car la marque socialiste s’ajoute à celle d’un historien spécialiste de la guerre d’Algérie, que beaucoup considèrent comme le partisan d’une repentance qui ne dit pas son nom.

      Cette désignation marque donc cette institution, qui fut une création inutile, du sceau indélébile d’un passé lié  avant tout à l’Algérie.

        Très curieusement, à la fin de l’interview, un petit encart de pub intitulé « La Guerre d’Algérie expliquée en images » Editions du Seuil 29 euros, septembre 2014 !

Comme quoi, même dans ce type d’exercice, le diable revient par la fenêtre !

        Au lieu de ce musée « politique », pourquoi ne pas donner ces moyens pour financer des actions sociales, économiques et culturelles dans nos quartiers dits « sensibles » ?

Jean Pierre Renaud

Les Tartufferies françaises sur l’immigration: on continue!

Ou pourquoi ne pas avoir le courage de dire la vérité aux Français et aux Françaises, au risque de nourrir « les fantasmes, les frustrations, et la colère » dont parle Mme Memona Hintermann, membre du Conseil Supérieur de l’audiovisuel ?

Et de nourrir la clientèle des extrêmes !

Petit guide de lecture de la presse : l’exemple du Journal Le Monde du 4 février 2014

Deux pleines pages, à gauche : « Rien ne va plus à l’école », à droite, « Les enfants des pauvres sont-ils condamnés à l’illettrisme ? »

 Dans la page de gauche, il faut lire attentivement le reportage pour comprendre qu’une partie du problème est liée à l’origine géographique des parents de ces enfants.

            Le titre de la page droite est donc non seulement trompeur, mais il stigmatise les pauvres, alors que la pauvreté n’est pas synonyme d’illettrisme.

       Les jours suivants, le même journal publie d’autres articles sur le même sujet, qui est effectivement important, mais il faut attendre le journal du 7 février pour avoir une analyse plus précise du sujet : à la page 7, un encadré en noir avec le titre « Davantage d’échec scolaire pour les enfants d’immigrés »

            Une enquête TeO « a ainsi permis de dresser un premier portrait des quelques 5,5 millions d’immigrés en France. TeO a ainsi permis de mettre en exergue, par exemple, que les descendants d’immigrés étaient 13% à sortir de l’école sans diplôme contre 8% pour l’ensemble des Français. »

 L’article précisait au début « Les données chiffrées mesurant l’intégration des immigrés et de leurs enfants sont rares en France, du fait de l’interdiction des statistiques ethniques. »

             Est-ce que la France, c’est-à-dire les pouvoirs publics, l’exécutif et le législatif, vont enfin avoir le courage de lever cette interdiction stupide qui confine au ridicule, étant donné qu’elle nie un problème d’intégration réel dans notre pays, mais dont on refuse d’en mesurer l’ampleur et les effets ?

            Alors, tout discours sur les quartiers sensibles, et l’annonce gouvernementale de création d’un nouvel organisme, rattaché au Premier Ministre, ne changera pas grand-chose tant qu’on refusera la vérité du « thermomètre », c’est-à-dire la mesure du problème, toute arrière- pensée mise à part. Il semble tout de même difficile de prôner l’invisibilité tout en prônant du même pas la visibilité, c’est à dire la non-discrimination, comme paraissait le proposer l’historien Pap Ndiaye dans son livre sur la condition noire.

           Toutefois une note rassurante, celle de Mme Mémona Hintermann, nouveau membre du Conseil Supérieur de l’audiovisuel « Sur la diversité, je ne reculerai pas, sinon je ne sers à rien », dans le supplément Télévisions Le Monde des 9 et 10 février 2014.

          A la question qui lui était posée sur la diversité, le faible pourcentage de la représentation du handicap à la télévision, 0,4%,  Mme Mémona Hintermann de répondre :

            « …De même, les Noirs, les Arabes. Il serait temps, comme les Américains ou les Britanniques, d’engager un véritable débat sur ces questions de façon décomplexée et dépassionnée.

         Notamment sur les statistiques ethniques pour lesquelles vous êtes favorable ?

      En effet, car tout le problème est là. Dernièrement, quelqu’un m’a dit : « Avec  17% de non-blancs représentés dans la fiction, ils auront bientôt atteint le quota ! » 

    «  Quel quota ? Ai-je rétorqué puisqu’il n’y a aucune donnée. Cela montre bien qu’un outil statistique manque cruellement pour savoir où nous en sommes. Sinon, nous continuerons à entretenir les fantasmes, les frustrations et la colère… »

 Décidément la France est un  drôle de pays qui condamne à tout bout de champ le racisme et les discriminations, mais qui refuse la vérité des chiffres, c’est à dire la mesure de ces dérives par rapport au nombre de personnes concernées au sein de la population française !

             Qui a peur des chiffres, de la vérité ?

           Une sorte d’establishment politico- médiatico- humanitaire qui fait le jeu des extrêmes, faute d’avoir le courage d’examiner, à la lumière du bien commun, à la fois la situation générale du pays et celle de nombreuses communautés de vie qui n’en peuvent plus mais…

Jean Pierre Renaud

Le musée fantôme de la Cité de l’histoire de l’immigration

  Sur le blog du 12 avril 2010, j’avais proposé une réflexion critique sur ce nouveau musée, après l’avoir visité avec mon épouse.

            L’article était intitulé : «  Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Immigration, pourquoi fantôme ? » 

            J’expliquais que, compte tenu de la faible fréquentation de ce nouveau musée, comparée à celle de l’aquarium tropical, il aurait mieux valu consacrer ce budget à une fondation destinée à aider les nouveaux « ghettos » du pays à rentrer dans la République.

               A lire un article du journal La Croix du 30 juillet dernier (France, page 7), intitulé « Un quart des Français issus de l’immigration », et à constater l’évolution de son public et d’une nouvelle configuration institutionnelle qui verrait la fusion du musée et de l’aquarium, mon analyse n’était pas loin de la réalité : en 2011, 64 0879 visiteurs seulement, composés pour 51% de groupes.

                C’est dire la non-existence de ce musée, comparé par exemple à celui du Quai Branly qui a enregistré 1 310 148 entrées en 2012, pour ne pas citer le cas exceptionnel du Louvre avec 9 720 000 entrées la même année.

                  Une initiative muséale beaucoup plus créative comparable à celle du musée itinérant, et donc « migrateur », dénommé Mu Mo, dédié à l’art, aurait été mieux adaptée au sujet, et incontestablement moins coûteuse pour le contribuable :

             « C’est un vingt-cinq tonnes qui a déjà parcouru 28 000 kilomètres, en France, en Belgique, en Suisse, en Côte d’Ivoire, au Cameroun… s’il profite de l’été pour une révision, c’est que le reste de l’année, il accueille des scolaires. Déjà 38 000 enfants de 6 à 12 ans, en provenance de 200 écoles différentes, ont eu droit à des visites guidées… »  (Les Echos des 23 et 24 août 2003, page 13)

              Je serais tenté de dire que l’initiative muséale évoquée dans le journal La Croix  donne la mesure de la grande ambigüité du discours de certains groupes de chercheurs à la mode dans les médias, et aussi de politiques,  quant aux effets de la mémoire collective coloniale sur notre mémoire coloniale collective, une mesure qu’aucun des groupes de pression actifs sur le sujet n’a eu le courage d’effectuer sérieusement.

             1) Mis à part le cas de l’Algérie, l’histoire coloniale, avec son cortège d’immigrations d’origine africaine, intéresse peu de monde.

             2) Et dans le cas de l’Algérie, il serait sans doute intéressant, à moins que cela n’ait déjà été fait, de voir comment l’institution organisera une exposition sur les courants d’immigration algérienne nés de la dernière guerre civile dans les années 1990.

            Sur la même page de l’article cité, un des historiens des milieux cités plus haut croit pouvoir déclarer (1), sans doute en pleine innocence :

            1)     « Si vous remontez sur vingt générations, vous avez une bonne chance de vous trouver un ancêtre noir, originaire d’Haïti, d’Afrique ou de Saint Domingue »

            Une bonne chance sur combien ?

           2      La France «  ne se voit pas comme un pays de métissage » A la différence des Etats-Unis où l’immigration est une fierté et fait partie de l’imaginaire national »

         L’historien en question oserait donc affirmer que les Etats-Unis ne conserveraient pas dans leur mémoire collective le souvenir « cuisant », à la fois de la traite des esclaves et d’une discrimination raciale officielle qui n’a été abolie que dans les années 1960, pour ne pas évoquer une discrimination réelle encore persistante.

Jean Pierre Renaud

(1)   Plus c’est gros, plus ça passe ?

« Les immigrés stimulent la croissance » ? Enjeux Les Echos avril 2013

L’immigration non européenne vue par le journal Les Echos : une comparaison pertinente des valeurs économiques ?

La chronique appropriée d’une étude économétrique ?

Enjeux Les Echos n° 299 Avril 2013 (pages 66 à 69)

« LES IMMIGRES

STIMULENT

LA CROISSANCE »

            En bas de page 66, la chronique est ainsi présentée :

            « L’immigration légale revient au Parlement le 17 avril. Un débat qui promet d’être houleux. Enjeux l’amorce avec les réactions de l’UMP, du FN et du PS à une étude exclusive sur la contribution des migrants à la croissance. »

            Citation : « Cet article propose un évaluation quantitative des interactions entre, d’une part, le produit intérieur brut (PIB) par habitant et le taux de chômage et d’autre part, l’immigration permanente en France métropolitaine, sur la période 1994-2008. » Hippolyte d’Albis, Ekrame Boubtane et Dramane Coulibaly voudraient clore une polémique qui dure depuis des années : l’immigration a-t-elle ou non un effet positif sur la croissance et les Français ? »

            Les données exploitées sont les titres de séjour de plus d’un an accordés entre 1994 et 2008 aux étrangers en provenance de pays non-européens.

           A la page 67, un graphique chronologique (1994-2008) des titres de séjour en distinguant les trois catégories, pour motif de travail, de regroupement familial, ou autre, et à droite, la suite du commentaire.

           Les données : entre 1994 et 1996, moins de 60 000 titres de séjour par année, dont moins de 30 000 pour regroupement familial ; de 1997 à 2000, le nombre des titres de séjour augmente chaque année, passant de 80 000 à 100 000, avec une progression parallèle du regroupement familial, et à partir de 2000, la courbe vogue vers les 150 000 par an entre 2002 et 2008, dont plus de la moitié  est dûe au regroupement familial, de l’ordre de 80 000 à 90 000.

           La page 68 est consacrée à la suite du commentaire de la même analyse, avec un encart intitulé :

 « Peut-on mesurer l’impact de l’immigration sur les comptes sociaux ?

           La dernière et quatrième page est consacrée aux réactions des trois représentants des mouvements politiques cités plus haut, avec un petit espace de fin de commentaire.

Discussion

          Expédions tout d’abord ces réactions politiques qui se sont naturellement contentées de donner un point de vue général sur le sujet, et abordons le sujet au fond.

          Indiquons par ailleurs que la chronique fait l’impasse sur le taux de chômage évoqué dans la citation du début.

          Première remarque relative au graphique des cartes de séjour : le commentaire :

         « La première (catégorie)  concerne les migrants qui se sont vus accorder un titre de séjour d’au moins un an pour motif de travail, soit 4 300  à 20 800 titres par an, et 7,6% en moyenne du total des titres délivrés, des hommes en grande majorité (68%). »

         Le graphique fait ressortir les statistiques par année en les échelonnant par strate de 30 000 unités, soit de 0 à 180 000.

         Le problème est qu’il est impossible, même en prenant son double-décimètre, de trouver les chiffres même moyens de 4 300 titres : au cours des années 1994 – 2 000, la moyenne a été plutôt de 35 000 à 40 000.

         Comment ne pas remarquer aussi que le nombre des titres de séjour pour regroupement familial a doublé à partir des années 2000, et que leur effet en valeur ajoutée mériterait d’être démontré ? Evidemment différent de celui des titres de séjour pour motif de travail, avec des effets collatéraux évalués en termes de logement, de scolarisation, de santé, de sécurité, notamment dans les quartiers sensibles, etc… ?

         Deuxième remarque relative au contenu de l’encart intitulé « Peut-on mesurer l’impact de l’immigration sur les comptes sociaux ? »

          Le texte évoque deux études dont le sens est opposé, la première, en 2004, du professeur Bichot, chiffrant à « 8 milliards le coût annuel net de l’immigration pour le système français de protection sociale », la deuxième, en 2010, de MM Chojnicki et Ragot, montrant que « la contribution nette globale de l’immigration au budget des administrations publiques serait positive et de l’ordre de 3,9 milliards pour l’année 2005. »

          Il est difficile de conclure, sauf à penser que l’incidence de ces chiffres sur les PIB examinés par les auteurs de l’analyse sur laquelle le journal s’appuie, a bien entendu, été prise en compte, s’agissant du contenu du PIB.

         Troisième remarque relative à l’effet calculé de l’immigration non européenne sur le PIB de la France, je cite :

       « En clair, cela signifie que pour la période considérée (1994-2005), lorsque le taux de migration (nombre de migrants rapporté à la population totale) augmente de 1%, alors le PIB par habitant augmentait lui d’environ 5 euros par personne et par an. A l’unité, cette somme peut sembler faible, mais multipliée par les 67 millions d’habitants de l’Hexagone, on obtient un gain de 300 millions d’euros. »(page 68)

         1° – Faible, certainement, pour ne pas dire non significatif compte tenu des rapports entre agrégats : 300 millions par rapport à un PIB de 1 718 000 millions en 2005, ou en considérant, par exemple, que de 2 005 à 2 006, la progression du PIB a été de 4,3% entre 2004 et 2 005, soit 4,7%, soit 80 746 millions, c’est-à-dire, 300 par rapport à 80 746 millions ?

         2° – Comment faire état de l’augmentation de 1% du taux de migration, alors que le graphique de la page 67 fait état de variations de ce taux entre 1994 et 2005 qui contredisent ce chiffre ?

        Les chiffres des titres de séjour qui figurent à la page 67 n’apportent pas la démonstration du commentaire : prenons les années 2000 et 2001, les titres de séjour passent en gros de 90 000 à 115 000, soit + 25 000 sur une population française de l’ordre de 60 000 000, soit un rapport infinitésimal que les modèles économétriques réussissent à capter ?

        Avec de tels calculs, la polémique est loin d’être close, sauf si le résumé de cette thèse optimiste ne correspond pas à son contenu.

        Est-il donc bien sérieux d’afficher le titre en question : « Les immigrés stimulent la croissance » ?

Jean Pierre Renaud

Problématiques françaises d’emploi, de chômage et d’immigration: que faut-il faire? Que Peut-on faire?

Problématiques françaises d’emploi, de chômage et d’immigration : que faut-il faire ? Que peut-on faire ?

            Deux situations, entre chômage et travail :

            En banlieue parisienne –

            Il s’agit d’un Français de 52 ans bénéficiaire du Revenu Social d’Activité (RSA) et de la Couverture Médicale Universelle (CMU), logé en logement d’urgence, auquel on propose un CDI chez Carrefour, qu’il refuse sans donner de raison précise, hormis qu’il ne veut pas perdre ses droits au RSA par peur de perdre sa CMU complémentaire.

A La Réunion –

« En métropole, il travaillait dans le bâtiment. A La Réunion, ses indemnités de chômage épuisées, il n’a pas repris d’emploi, dit sa sœur. .En ne travaillant pas, il bénéficie du RSA, de la CMU, il ne paie pas d’impôts  et ne verse que 75 euros pour son loyer grâce aux aides auxquelles il a droit.  Il fait le jardin, élève des poules et des lapins. » « La Croix du 26 juin 2012, page 3, dans l’article « Pour s’en sortir, elle cumule les emplois. »

            La situation d’une femme marocaine, d’abord « sans papier », puis avec papiers, en banlieue parisienne :

            La jeune femme est venue en France avec un visa et y est restée sans papier. Elle y a accouché, a été prise en charge hôtelière par l’Aide Sociale à l’Enfance, et travaillait au noir. Elle a eu un deuxième enfant.

            Régularisée, elle dit regretter sa situation de « sans papier » : elle vivait alors beaucoup mieux, car tout était pris en charge par le biais d’aides, sociales ou associatives. Elle dit que maintenant qu’elle a des papiers, un titre de séjour, elle doit tout payer (loyer hôtelier, impôt, sécurité sociale, complémentaire santé, nourrice, etc…

            Cette jeune femme est mariée religieusement avec un Marocain, également sans papier, plus ou moins présent dans sa vie. Elle bénéficie maintenant en plus de son salaire, d’une allocation logement et de prestations familiales qu’elle n’avait pas auparavant

            Les vendeurs à la sauvette :

            Nombreux  dans la capitale, et sans papiers, ils viennent le plus souvent du Bangladesh, d’Inde, de Sénégal, ou de Côte d’Ivoire. Les plus futés ou les mieux informés disent qu’ils viennent du Gabon, car ils savent que par accord avec leur pays, ils ne seront pas reconduits à la frontière.

            Reconduits dans leur pays ? Qu’est-ce à dire ?

            Premier cas de figure, le vendeur à la sauvette a eu le bon goût de demander l’asile, et de ce fait, il ne sera pas éloigné, tant que son dossier n’aura pas été examiné par l’OFPRA, et le cas échéant, par la Commission des Recours. Cela prendra du temps, et dans l’hypothèse où cet asile serait refusé, il ne sera de toute façon pas éloigné.

            Indiquons que la France a accueilli 57 000 demandeurs d’asile en 2011 et les Etats Unis 74 000, alors que la population américaine est de 4 à 5 fois supérieure à celle de la France.

            Dans les autres cas de figure, et jusqu’à la récente décision de la Cour de Cassation, en ce qui concernait ceux interpellés par la police et placés en garde à vue, le Parquet les maintenait en garde à vue, afin de permettre à la Préfecture de Police d’examiner leur situation et de proposer, soit une invitation à quitter le territoire français, sous un mois lors de leur interpellation, soit un arrêté de reconduite à la frontière, avec ou sans mesure de rétention administrative.

            Autant dire que cela ne servait rigoureusement à rien, que les mesures de reconduite à la frontière n’étaient pas exécutées, ne serait-ce que parce que les vendeurs à la sauvette avaient fait disparaître leurs papiers d’identité, ou parce que l’administration n’avait pas eu, ou la volonté, ou les moyens, de faire exécuter ces mesures.

            Seule utilité, une sorte de recensement qui permettait de les identifier sur la sol français, mais ils restaient dans la nature, et contribuaient à entretenir ou à gonfler le stock des sans- papiers.

            Avec la suppression de la garde à vue décidée par la Cour de Cassation, et en attendant un texte qui viendrait combler le vide juridique ainsi créé, l’immigration clandestine risque de profiter de cet appel d’air.

            Personne ne connait exactement le chiffre des sans-papiers en France qui va de 200.000 à 400.000, selon les estimations.

            L’immigration clandestine en France est due à de très nombreux autres facteurs : pour n’en citer que quelques-uns, l’explosion démographique de beaucoup de pays d’Afrique et du monde, la mondialisation des facilités de circulation, et donc des grandes difficultés de contrôle des flux d’immigration, sans compter l’Eldorado que représente encore l’Europe, et dans notre cas, la France.

Sur les rives du Niger ou du Congo, il est très difficile de trouver un emploi, même à cent euros du mois, alors que si vous vous débrouillez bien, si vous avez le bon tuyau, la bonne relation familiale en France, si vous savez vous mettre dans la bonne case du système juridique et social français, une fois entré, vous avez toutes les chances de pouvoir y demeurer.

Jean Pierre Renaud

Petit exercice de critique économique: « Immigration et emploi – Les quatre vérités » – « Enjeux les Echos » de février 2012

Petit exercice de critique économique !

Quel crédit accorder à notre information économique ? Un exemple avec « Enjeux Les Echos » de février 2012, intitulé :

« Immigration et Emploi

Les quatre vérités »

Incontestablement, un titre très accrocheur ! On va enfin connaître la vérité sur l’immigration !

Intéressons- nous à la première des quatre vérités « Cliché 1 – ll y a trop d’immigrés non qualifiés en France. »

            On se plait à reconnaitre de nos jours que les Français souffrent d’une assez grande ignorance des sujets économiques, une grave lacune pour comprendre les enjeux économiques et financiers de la prochaine élection présidentielle.

Le contenu de ce supplément vous met en appétit, car on vous promet de mieux comprendre les enjeux de l’immigration au travers des quatre vérités énoncées par ce journal.

Première réflexion quant à l’introduction intitulée «  L’immigration et l’emploi » proposée par le directeur de la rédaction du journal, et sur le paragraphe de conclusion :

« Le travail ne se crée que de deux façons : par l’innovation et par la démographie. L’idée demeure en France depuis quarante ans que l’emploi est une denrée rare à protéger et que l’innovation dérange. Une France de vieux. »

Innovation, tout à fait d’accord, mais sur le même plan, la démographie (avec l’implicite immigration?) ? En omettant tout un ensemble d’autres facteurs culturels, sociaux, économiques et financiers ?

Une explication incontestablement simpliste, tout comme l’était, de la même plume, la condamnation sans appel de la promotion du « made in France » taxée de patriotisme économique démagogique, à contre-sens de beaucoup de leçons de l’histoire économique du monde, et accusée à tort de « vide conceptuel » ! (voir les Echos du 23 décembre 2012)

Allons plus loin à la page 31 du même supplément, dont l’ambition est d’apporter la démonstration du « Cliché 1- Il y a trop d’immigrés non qualifiés en France »

Cette page nous propose donc dans la moitié du haut un superbe graphique intitulé « Les quinze pays accueillant le plus d’immigrés  -Nombre de personnes nées à l’étranger en millions »  avec une représentation de ces chiffres en valeur absolue 2000 et projection 2010, c’est-à-dire en chiffres de millions d’immigrés, et non en pourcentage de leur valeur respective dans chacune des populations de référence choisies.

Sont donc représentés, dans un certain désordre de classement économique possible, les millions de personnes nées à l’étranger dans les quinze pays choisis : Etats Unis, Russie, Allemagne, France, Inde, Canada, Ukraine, Arabie Saoudite, Royaume Uni, Pakistan, Australie, Hong Kong, Côte d’Ivoire, Iran, Espagne.

« Source INED Populations et Sociétés n°472 novembre 2010 »

La source est sérieuse, mais ce graphique s’applique-t-il à la démonstration proposée du premier cliché ? Il est permis d’en douter.

On voit tout de suite, et sans avoir de compétence économique ou statistique particulière, qu’il parait tout de même difficile :

1-    D’apprécier le poids relatif des millions de personnes en cause dans chacun de ces pays : comment comparer des millions de personnes entre pays, sans tenir compte de la population de chacun de ces pays ?

2-    De comprendre quelle relation peut bien exister entre ce beau graphique et la formulation du premier cliché qui figure dans la même page

« 1 Cliché Il y a trop d’immigrés non qualifiés en France

Réalité Les flux migratoires sont durables mais limités »

Quel rapport avec le beau graphique de la même page 31 relatif aux millions de personnes nées à l’étranger ? Aucun !

En matière d’information économique, il est effectivement possible de faire mieux, et plus rigoureux !

Jean Pierre Renaud

Respect Mag N°31 Octobre Novembre Décembre-100% Noirs de France: Notes de lecture

Respect Mag N°31

Octobre Novembre Décembre 2011

100% Noirs de France

Notes de lecture

Le texte qui nous est propre est en caractères italiques

            Un numéro de magazine riche, intéressant, et utile par les ouvertures d’information très diversifiée qu’il propose sur le « groupe » politique, social, économique et culturel des Noirs de France.

            Compte tenu de la grande variété des thèmes de réflexion proposés, il est difficile d’en donner un compte rendu fidèle.

            Nous nous attacherons à commenter les points qui nous paraissent les plus importants : la présence effective des noirs en France, la connaissance ou non que nous avons de la question noire, le problème sensible des statistiques, la créativité noire en France, l’avenir de l’outre-mer, et la mémoire.

            Nous examinerons enfin d’autres questions « impertinentes » qui auraient, également, pu être abordées.

            1 – La présence effective des noirs en France :

M.Dolum (page 7) note à juste titre : »Alors, oui, le monde noir existe bel et bien en France. »,  et le magazine n’esquive pas la question difficile des racines.

Dans le dialogue entre M.Kelman et M.Sar, le premier est partisan d’une rupture assumée avec le continent africain, alors que le deuxième revendique une filiation non moins assumée.

Et le magazine note, en ce qui concerne la « Diaspora africaine (page 43)

« Des relations réinventées

Porté par les premières générations d’immigrés, le mythe du retour est dépassé. On invente désormais sa relation avec le continent au gré des questionnements et des urgences. »

M.Cissoko déclare « Nous sommes sans cesse renvoyés à une culture que nous ne connaissons pas. »

M.Protche déclare : « Les Afro-français sont à la fois mieux installés ici et plus proches de là-bas. »

Et M.Diawara de répondre à un moment donné : « Je ne suis ni Français, ni Malien, mais les deux. »

Ces différentes interventions situent parfaitement la complexité du problème, et à ce sujet, il aurait été possible d’esquisser peut-être la   « fracture coloniale clandestine », qui divise sans doute cette « communauté » entre noirs originaires des îles Caraïbes et noirs venus récemment d’Afrique.

Une catégorie de fracture qui n’a pas été analysée par les auteurs du livre « La Fracture coloniale », dont les thèses qui concernent la France, prêtent à discussion, en tout cas sur la base d’une analyse fondée sur une évaluation statistique sérieuse  des mémoires qui existent ou non à ce sujet.

2 – La connaissance de la question noire : suffisante ou insuffisante ?

L’historien Pap Ndiaye la trouve insuffisante (page 24) :

« Cette présence en France n’est pas suffisamment étudiée parce que les Noirs sont trop souvent considérés comme extérieurs à la société française d’hier et d’aujourd’hui. Aux Etats Unis, les « black studies » se sont développés dans le sillage du mouvement pour les droits civiques. La plus grande visibilité des Noirs de France, depuis quelques années a enfin amorcé quelques conséquences universitaires. »

Et le même constat est proposé plus loin sous la rubrique «  Universités France-USA :

« A la recherche de la question noire

L’étude de la minorité noire est monnaie courante aux Etats Unis, via les fameuses Black Studies. En France, on peine encore à assumer cet enseignement. Des approches très différentes, révélatrices d’une histoire singulière. »

 « Le déni français », tel qu’il est décrit, existe-t-il ?

La référence qu’un certain nombre de chercheurs trouvent dans les Black Studies américaines est-elle effectivement pertinente ?

Les fameuses « Black Studies » comme modèle, et toujours l’exemple américain qui serait curieusement devenu un modèle de société « multiculturelle » pour les Français ?

Alors que l’armée américaine était jusqu’en 1948, une armée de discrimination, et que la discrimination n’a disparu, l’officielle, que dans les années 1960, comme par hasard juste après la fin de la guerre d’Algérie.

Une Amérique de la discrimination raciale, comme modèle ?

Est-il possible, sérieusement, de mettre la France et les Etats Unis sur le même plan ?

D’autant moins qu’il n’est nul besoin d’avoir de solides connaissances historiques à ce sujet, pour savoir que la nation américaine n’a été le fruit, ni  d’une longue histoire comme la nôtre, ni d’une nation marquée par la traite transatlantique !

Les initiatives de la Fondation Thuram dont le magazine rend compte (page 34), ont pour but de « traquer le racisme » dès le plus jeune âge : 

« L’homme de couleur »

« Une aberration

Une fondation, des livres, des interventions en milieu scolaire… l’ancien footballeur est toujours sur le terrain pour traquer le racisme ; droit au but : l’éducation »

L’article consacré à « La palette des petits » : à Mantes la Jolie, « Respect Mag s’invite pour évoquer le thème de la couleur avec des écoliers de toutes origines, instructif ! », une initiative tout à fait intéressante.

Dans la même perspective, l’historien Durpaire formule quelques propositions pour rénover l’enseignement de la question noire.

Il est incontestablement possible de faire beaucoup mieux dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, mais comment ne pas relier cette « carence » supposée au phénomène récent de l’immigration africaine des dernières années, et au fait que les Français, contrairement à ce que nous racontent certains chercheurs, ne se sont jamais, sauf pendant de courtes périodes, passionnés pour l’Afrique coloniale.

3 – Le problème très sensible des statistiques

Pourquoi ce refus des chiffres ?

Alors que les pages consacrées au thème « Société » montrent bien que, d’ores et déjà, les portes du présent et de l’avenir sont ouvertes aux membres de cette « communauté ».

La première question de fond à régler est celle du comptage des membres vrais ou supposés de la « communauté » noire : ce numéro de Respect Mag la pose à plusieurs reprises et à juste titre, sans se cacher derrière son petit doigt.

Comment dénoncer les discriminations qui existeraient dans de nombreux domaines, notamment le politique, sans pouvoir avancer l’importance numérique d’une communauté qui s’estime discriminée ?

Tant que les représentants de la dite communauté n’auront pas le courage d’afficher, si je puis dire, la couleur, leur discours aura évidemment peu de crédit.

Dans les premières pages du magazine, la journaliste Audrey Pulvar (page 8), raconte son itinéraire de vie, sous le titre « L’exemple doit venir d’en haut », et répond à toute une série de questions, dont :

Mesurer la présence des minorités pour avoir une lecture fiable de notre réalité et pouvoir agir, vous y êtes favorable ?

Je ne suis pas contre l’idée de compter les gens. Quand je suis arrivée à France 3, c’était la première fois qu’une noire présentait un journal sur une chaine hertzienne… »

Dans la rubrique « Emploi », le magazine rapporte :

            « Discriminations ethniques

Corriger sans compter ? »

M.Kamel Hamza déclare «  Il faut cesser d’être hypocrite, tout le monde compte. », et M.Legrand, sous le titre « Mesurer pour mieux comprendre », responsable de la diversité chez l’Oréal, explique comment dans son entreprise on procède pour faire avancer la cause de la diversité.

Et plus loin, dans les sujets de société, le thème revient à la charge :

En ce qui concerne le monde politique, les personnes interviewées constatent à l’unanimité que la « communauté » noire y est insuffisamment représentée.

M.Haidari y déclare : « Il a fallu la loi sur la parité pour prendre en compte les femmes car il n’y aurait pas eu de transition par les mentalités… de la même manière, il faudra agir sur les quotas pour insérer les Noirs en politique » (page 63)

Mais dans la page 64 qui suit, M. Yangé apporte sa réponse :

« Impossible d’évaluer le nombre d’entrepreneurs, d’emplois créés, le poids d’un chiffre d’affaires. Ce qui explique en partie pourquoi cette communauté a tant de difficultés à peser dans la société : on ne sait pas ce qu’elle représente. »

Et dans le même article, tout de même quelques chiffres :

« Une étude du Cran-TNS Sofres de 2007 estime la population afro-caribéenne en France à 1,9 million de personnes ». Un chiffre inférieur à la réalité », selon Didier Mandin du cabinet Aka-a (spécialisé en études d’ethno-marketing) : il ne prendrait en compte que les adultes et exclurait la troisième génération descendante de migrants. On se rapprocherait alors plutôt de 2,5 à 3 millions. »

A noter que sur le blog du 27/11/2011), dans une chronique intitulée « Rigueur historique ou non ? »,  j’ai fait état de la différence d’appréciation assez sensible qui séparait les chiffres de la communauté noire au XVIII° siècle avancés par les deux historiens Blanchard et Ndiaye, 25.000 pour le premier contre de 4 à 5.000 pour le second.

4 – La créativité noire en France le magazine nous propose un vaste panorama de l’activité des noirs de France dans beaucoup de domaines, notamment dans la musique et l’économie, avec la carence déjà signalée dans le monde politique, mais qui demande à être confirmée par la statistique, et dans le cinéma.

5 – Présent et avenir de l’outre-mer :

Le lecteur reste un peu sur sa faim.

« A la question,

« Un changement que vous souhaiteriez… Mme Pulvar répond :

Un changement institutionnel. Je suis pour une plus grande autonomie des départements d’outre- mer. .. Moi, je suis pour l’indépendance de la Martinique ; cela n’arrivera probablement pas de mon vivant, mais je pense que c’est un horizon accessible et souhaitable. »

C’est-à-dire concrètement pour le court et moyen terme?

Dans la rubrique consacrée aux « Enjeux », Mme Taubira déclare :

« Il faut comprendre que les Outre-mer sont un ensemble de lieux, pas des appendices de la France. »

Très bien, mais que propose comme solution institutionnelle Mme Taubira, et qu’a-t-elle proposé jusqu’à présent ?

« Première piste : replacer les Outre-mer dans un contexte économique, social, politique, qui soit tourné vers leurs voisins… Autre idée : présenter aux Présidentielles de 2012 un candidat commun à tous les Outre-mer. »

Un prochain numéro de Respect Mag nous en dira sans doute plus sur les propositions de l’intéressée pour replacer « les Outre-mer dans un contexte… qui soit tourné vers leurs voisins… », car c’est effectivement une partie du problème !

Mmes Pulvar et Taubira abordent à juste titre le sujet des institutions du monde caraïbe, mais j’aimerais savoir pourquoi, tout au long des années, les élites politiques locales, Césaire y compris, n’ont pas opté pour l’autonomie, sinon pour l’indépendance ?

Qu’a proposé et que propose de précis et de concret à ce sujet, Mme Taubira pour la Guyane ? Il serait donc très intéressant de le rappeler à vos lecteurs

– La mémoire

L’historien « entrepreneur » Blanchard, selon le nom de baptême que lui a conféré l’historienne Coquery-Vidrovitch, répond à un ensemble de questions posées sous le titre « Sortir des mythologies et de la méconnaissance », vaste sujet pour un chercheur plus spécialisé dans l’image coloniale, telle que montrée en France, que dans leur évaluation statistique, chronologique, c’est à dire historique. Dans le livre « Supercherie coloniale », nous avons démontré les limites de son exercice.

L’historien Durpaire note à juste titre qu’il ne convient pas de « réduire le noir à l’esclavage », notamment dans les manuels scolairesalors que tout un courant de chercheurs la choisit comme cause historique ou mémorielle numéro un, en faisant le plus souvent l’impasse sur l’esclavage domestique Mme Vergès déclare de son côté : « Il faut décolorer le droit », c’est-à-dire, sur le plan littéraire ou juridique ?

Et à cet égard, les historiens de la « périphérie » ont trop tendance à vouloir ignorer cet esclavage domestique (voir la proportion très faible des travaux universitaires de l’Université de Dakar sur le sujet), de même qu’ils feignent, souvent et aussi,  d’ignorer, sur un tout autre plan, les structures de castes qui existaient dans beaucoup de ces sociétés, lesquelles en conservent encore des séquelles bien vivaces  de nos jours.

Comment ne pas observer que de nos jours, l’esclavage domestique a laissé au moins autant de traces, sinon plus, sur les bords du Niger ou de la Betsiboaka que la traite des esclaves, transatlantique ou arabe?

Et en ce qui concerne l’histoire de la Réunion à laquelle Mme Vergès fait référence, il serait intéressant que dans un numéro ultérieur de Respect Mag, elle nous dise ce qu’elle pense de l’impérialisme de type secondaire qu’a été celui de son île, au cours des derniers siècles, un impérialisme de type secondaire qui a nourri d’abord une traite des esclaves malgaches et a conduit ensuite à la conquête de Madagascar. De nos jours, les destinées de Madagascar sont encore beaucoup trop influencées par le groupe de pression réunionnais.

7 –  Notre questionnement « supplétif » :

Comment ne pas examiner aussi les questions posées par le magazine à la lumière des courants d’immigration africaine des trente dernières années, un mouvement quasi-continu qui a profondément transformé le visage du pays ?

Immigration choisie ou pas, il n’est pas besoin d’accuser à tout moment les Français de ne pas jouer le jeu de l’immigration officielle ou clandestine, et de classer automatiquement les Français qui manifestent une hésitation légitime à ce sujet dans la catégorie des adeptes du Front National.

Certains citoyens de France estiment, à tort ou à raison, et à mon avis, en partie à raison, que notre pays a été trop « humanitaire », pour ne pas dire laxiste et irresponsable, compte tenu des problèmes d’intégration souvent redoutables qui n’ont pas été résolus, et vos lecteurs le savent parfaitement bien.

Beaucoup des thèmes analysés par Respect Mag mériteraient de l’être à la lumière de ces transformations profondes de la société française.

Mesdames et messieurs, pourquoi ne pas vous poser aussi la question du pourquoi des regards, des attitudes, du déni que vous prêtez à toute une partie du monde blanc ?

Est-ce qu’il vous arrive de vous interroger sur les difficultés qu’ont un certain nombre de Français à bien interpréter certains aspects de vos cultures d’origine, auxquelles vous êtes attachés, notamment en matière de parentèle ?

Une parentèle subtile, étendue, souvent collatérale, complexe que beaucoup de Français ne connaissent pas, et dont ils ne comprennent pas toujours les puissants enjeux de solidarité qu’elle représente.

Et votre très grande habileté, pour ne pas dire une forme de « génie », bien supérieure à celle de la plupart des Français dits de souche, pour utiliser toutes les astuces de nos législations nationales, et bien sûr, sociales.

Dans son livre « L’Afrique Noire est-elle maudite », Monsieur Konaté, que vous ne classez pas, je l’espère, parmi les traîtres au pays, a bien décrit un certain nombre de traits de la culture africaine qui font problème, une solidarité familiale ou clientéliste excessive, un modèle familial et social archaïque, la survivance des castes….

Les métropolitains ne comprennent pas toujours les éléments de l’univers culturel et religieux de leurs immigrés africains ou maghrébins, et à cet égard, pourquoi ne pas reconnaître que beaucoup de Français s’interrogent sur la capacité de l’Islam de France à entrer dans le cadre de nos lois laïques ?

Un effort de compréhension est donc d’autant plus nécessaire que beaucoup de nos communes n’ont compté aucun noir jusqu’à l’époque moderne

Le journal la Croix a publié le 14 décembre dernier une analyse intitulée « Comment mieux accueillir les prêtres étrangers », mais dans beaucoup de paroisses de nos campagnes, on n’avait jamais vu, il y a encore vingt ou trente    ans, un prêtre noir dire la messe du dimanche dans l’église du village. Il faut en avoir conscience avant d’avoir des jugements rapides.

Quelques témoignages intéressants de religieux qui, a priori, seraient sans doute à classer dans la catégorie des humanitaires, dans ce même numéro :

Trois sœurs sénégalaises à Lisieux (page 3) : « Pendant un an, nous avons observé notre environnement. Nous avons trouvé notre place progressivement…. Ce qui a frappé sœur Thérèse-Marie « les eucharisties ne sont pas aussi joyeuses qu’en Afrique … les gens ont tendance à garder pour eux ce qu’ils vivent. Ils ne l’extériorisent pas. »

Un prêtre malgache à Paris : « Mon arrivée ne fut pas très facile, j’ai été confronté à une nouvelle culture et à de nouveaux codes, par exemple, manger autre chose que du riz, qui constitue la nourriture de base chez moi. »

N’en rajoutons pas, car il est facile d’imaginer les problèmes d’adaptation d’immigrés venus grâce à leur famille, ne sachant ni lire, ni écrire, et ne parlant pas notre langue.

Enfin, et pour conclure, je dirais volontiers trois choses :

La première : il n’est pas sûr que le coup de projecteur que veut donner la fondation Thuram sur les zoos, les exhibitions, serve beaucoup la cause de sa fondation.

N’ayant pas vu cette exposition, je suis sûr que ses organisateurs ont eu l’honnêteté intellectuelle et historique de faire état des nombreux travaux de l’Association « Images et Mémoires » qui ont porté sur une autre forme d’exhibition, moins médiatique sans doute, c’est-à-dire moins provocatrice, et en tout cas, moins caricaturale, celle des « Villages Noirs » dont l’histoire de synthèse est racontée dans le livre « Villages Noirs » (Editions Khartala-2001). Le chapitre 3 du livre « Supercherie coloniale» (Mémoires d’hommes) propose par ailleurs une lecture moins anachronique de cette mode des zoos que celle de l’équipe animée par le « conseiller » historique de Thuram.

Sans évoquer un certain état de l’Afrique noire au moment des conquêtes coloniales, terre de castes, d’esclavage, et de guerres intestines, les premiers contacts entre noirs et blancs ont été placés sous le signe de l’étrangeté, le premier blanc rencontré étant perçu comme un être fantomatique, issu d’un autre monde, sinon maléfique.

Sur le blog du 17 mars 2011, j’ai rappelé l’expérience d’«exhibé » qu’avait faite l’africaniste Delafosse en Côte d’Ivoire, en 1907, dans le village de Siemen, dans la région de Man, racontée dans le livre « Broussard ou les états d’âme d’un colonial » (1923)

Une expérience vraiment différente de celles qui sont mises en vedette par l’ancien footballeur international ?

Pour mémoire, la Côte d’Ivoire a été créée de toutes pièces par un décret de la France coloniale du 10 mars 1893.

Pour revenir à l’actualité, certains journalistes de télévision à succès ne projettent-ils pas le téléspectateur dans un décor moderne de « zoo », par exemple, chez les Nenetz  du grand Nord ou les Himbas de Namibie ?

Croyez-vous, sérieusement, et par ailleurs, que sur un autre plan, cher à des historiens « entrepreneurs », ces exhibitions aient influencé « l’inconscient collectif » des Français, pour user d’une des explications favorites d’une historienne connue ? Par je ne sais quel processus caché ou secret, jamais décrit ou évalué, s’il existait, de cet « inconscient collectif » ?

Qui a-t-il eu la chance d’en vérifier la preuve ?

Je serais tenté de répondre, à ce sujet, par le texte de l’interview de Sonia Rolland (page 55) : « Soyez fières de votre négritude », car il me semble que beaucoup trop de noirs et de noires font précisément un complexe de négritude.

La deuxième : les pages consacrées aux initiatives créatrices des Noirs de France, dans notre pays, et sur le plan international, montrent que rien n’est impossible, à la condition de le vouloir.

J’attends d’un prochain ou des prochains numéros de Respect Mag qu’il mette en valeur toutes ces initiatives, s’il ne le fait déjà.

La troisième : je serais tenté de dire que ce numéro récapitule plus les réclamations, les revendications, les récriminations que les solutions, c’est-à-dire l’avenir que les personnes qui ont été interviewées dessinent pour eux, leurs familles, et en définitive pour la France.

Et c’est peut-être la tonalité générale de ce type de discours qui cause le plus de préjudice à la défense de la cause des membres de la « communauté » noire de France !

Pourquoi ne pas oser dire que les Noirs en général, et ceux de France aussi, ont trop tendance à adopter à la fois une revendication de reconnaissance, et une « posture » de victime, de réparation, et d’assistance, qu’ils manquent de confiance en eux-mêmes, et qu’ils ne sont pas tous prêts à proclamer comme Obama « Yes, you can ! », même s’ils ont souvent tendance à s’en réclamer !

Jean Pierre Renaud