Une petite dose de protectionnisme pour la France et pour l’Europe, pourquoi pas ?

Une petite dose de protectionnisme pour la France et pour l’Europe, pourquoi pas ?

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Et un cas d’école à proposer aux bonnes écoles liées aux Chambres de Commerce et d’Industrie de France, aux HEC et ESSEC : protectionnisme contre libéralisme, qui du devenir de notre gastronomie et de nos produits du terroir à moyen et long terme ?

Du savoir-faire de nos Meilleurs Ouvriers de France ? Voir l’excellente émission de France 3 du 6 juin 2011, intitulée « Meilleurs ouvriers de France : le rêve de toute une vie »

Le tabou du protectionnisme de l’Europe

Le tabou du protectionnisme de l’Europe : mettons fin à ce tabou ! Comme si le libre-échange devait être l’ultima ratio de notre politique économique !

Car les marchés, les marchés, n’ont pas toujours raison, encore moins quand ils ne sont pas régulés !

Tabou et Mythe du Protectionnisme

Les Mythes, anciens et nouveaux mythes économiques : faut-il avoir peur du protectionnisme ?

Les leçons du livre de Paul Bairoch « Mythes et paradoxes de l’histoire économique »

            Il n’est jamais inutile, sur le plan intellectuel, de se méfier des idées reçues, dans le domaine de l’histoire coloniale, qui m’est assez familière, comme dans l’histoire économique.

            Dans l’histoire coloniale, le grand historien Henri Brunschwig a toujours manifesté une grande indépendance à l’égard des idées reçues, et l’un de ses livres, « Mythes et réalités de l’impérialisme colonial français (1871-1914) », a proposé des réflexions stimulantes sur le sujet, mais un autre grand historien, Paul Bairoch, en a proposé également d’autres, non moins stimulantes, dans le domaine de l’économie mondiale, avec son livre « Mythes et paradoxes de l’histoire économique »

             Paul Bairoch dénonce dans ce livre 20 mythes d’histoire économique. Son analyse porte sur les 19ème et 20ème siècles, au cours desquels il démontre

notamment que le développement économique de l’Occident n’a pas été celui du libre-échange.

            Le blog reviendra ultérieurement sur d’autres mythes d’histoire économique qui concernent l’histoire coloniale.

            L’actualité politique met à nouveau le projecteur sur le protectionnisme, et il n’est donc pas mauvais de revenir sur le contenu de ce livre.

            Face au libéralisme mondial, et tout autant européen, celui des institutions européennes actuelles, qui déferle sur notre vieux monde, il parait légitime de s’interroger sur notre capacité d’adaptation et sur la légitimité de la mise en défense de notre économie, de notre société, et de notre genre de vie.

            Dans un contexte ultra-libéral, quel avenir pour les produits de notre terroir au sens large, immatériel et matériel, nos produits, le savoir-faire de nos « Meilleurs Ouvriers de France », et notre gastronomie ?

Il n’est peut-être pas trop tard pour dire : pas n’importe quel libre-échange, et en tout cas pas à n’importe quel prix !

            Les 30 priorités que le Parti socialiste a retenues pour les élections présidentielles de 2012 font d’ailleurs une petite place à cette préoccupation protectionniste dans quatre de ses priorités.

            Le blog du 6 avril 2011 a évoqué les questions que cette problématique socialiste posait déjà sur le plan européen.

            Ce que nous dit Paul Baroch dans son livre est que la croyance d’après laquelle le libre-échange aurait été la panacée du développement économique de l’Occident est une idée reçue :

            « La vérité est que, dans l’histoire, le libre-échange est l’exception et le protectionnisme la règle » (page 31), « avec un océan de protectionnisme cernant quelques ilots libéraux » (page 34)

            Au 19ème  siècle, le libéralisme des échanges n’a véritablement triomphé que pendant la courte période 1860-1879.

            L’historien note à la suite d’un examen détaillé: « Il est donc très difficile de parler, comme on le fait souvent, d’un âge d’or du libre-échange entre 1815 et 1960. » (page 65)

            D’après le même historien, c’est grâce à ses barrières douanières que le Royaume Uni a acquis son avance technologique qui en a fait la première puissance du monde dans la deuxième moitié du 19ème siècle.

Et en ce qui concerne les Etats Unis : « La réussite des Etats Unis est encore plus nette au cours des  périodes protectionnistes. » (page 79)

Paul Bairoch conclut donc que le paradoxe de l’histoire économique est celui de l’absence de lois économiques et intitule une de ses conclusions :   

« Le vainqueur est celui qui ne joue pas le jeu » (page 231), une conclusion à la fois défrisante et démoralisante, mais dans toute guerre économique, masquée ou ouverte, est-ce que la morale a sa place ?

            Vous ne pensez pas que l’actualité du commerce mondial fait des braves petits européens les brebis qu’on aime tondre, face à la puissance cachée de la Chine et à celle soi-disant ouverte et transparente des Etats-Unis qui savent utiliser à merveille les discriminations qualitatives, à l’abri du roi-dollar ?

            Ceci dit, le monde examiné par Paul Bairoch n’est plus notre monde, de plus en plus mondialisé et connecté, mais je serais d’avis qu’un peu de politique protectionniste dans les secteurs économiques qui nous sont chers, en particulier pour les produits de notre terroir et le savoir-faire de nos Meilleurs Ouvriers de France  assurerait mieux l’avenir de la France que le libéralisme un peu  trop échevelé que met en œuvre notre belle Europe.

Jean Pierre Renaud   –   Tous droits réservés