Le film japonais « Hara Kiri » de Takeshi Miike

Salles d’art et d’essai

       Aux yeux du Français, qui a une certaine connaissance de la tradition et de l’histoire du Japon, le titre seul sonne comme un grand coup de gong !

            L’idée de ce film se voulait dérangeante, en montrant que le sacrifice suprême des samouraïs, autrement dit, le seppuku, pouvait faire l’objet d’un détournement, c’est-à-dire ne représenter qu’une conception de l’honneur tout à fait formelle, et ridicule, sordide dans ce film.

            L’intrigue brièvement résumée : deux samouraïs démobilisés à la suite de la pacification du Japon par le Shogun, au XVIIIème siècle, le père d’une fille jolie et attachante, mariée avec le fils d’un de de ses amis samouraïs, décédé, samouraï aussi, une petite famille pauvre dont les ressources ne permettent pas de faire appel à un médecin pour soigner le nouveau-né gravement malade, issu du mariage entre sa fille et le fils de son ancien ami.

            Dans le désespoir, le jeune père de famille décide de se lancer dans l’aventure du hara-kiri pantomime, celle d’un suicide simulé, aux fins de recueillir l’aumône. Le bruit courait que cette mode nouvelle existait. Le problème est que la pantomime tourne mal, très mal, dans le clan encore vivant de samouraïs où il s’est présenté, car on l’a pris au sérieux.

            Le beau-père décide de récidiver, mais avec l’ambition de démontrer à la face du même clan, tout entier réuni, l’hypocrisie de cette tradition, et quitte à affronter les samouraïs de ce clan, à périr dans une autre sorte d’honneur.

            Un film intéressant, avec souvent de belles images du Japon, mais le réalisateur nous inflige malheureusement, dès l’entrée, un vrai festival d’un seppuku interminable du jeune samouraï, puisqu’il s’exécute avec un sabre en bois (le hara-kiri pantomime), d’où force séquences d’horreur et d’hémoglobine. Et en finale, pour l’honneur du beau-père, un autre festival de combat d’épées et de sabres à un contre plusieurs dizaines, interminable, avec le même seppuku, servi par un égal sabre en bois.

            Il est possible de préférer la description littéraire, sobre, et chirurgicale du seppuku collectif de l’incident de Sakai, en 1868, racontée par Mori Ogaï, à cette mise en scène beaucoup trop grandiloquente de ce film.

 Dommage parce que l’idée d’un détournement de la tradition du hara- kiri, celle d’un honneur trop haut ou trop  mal placée, était séduisante. (Voir l’évocation de l’incident de Sakai sur le blog du 23 septembre 2011)

Jean Pierre Renaud avec sa concubine préférée