2014-2022 !!!

Ce que j’écrivais sur mon blog le 11 mai 2014

Je me souviens avoir lu des « risettes » de l’IRIS ou d’autres sur Poutine…

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« Poutine, Poutine, Poutine !

Non, Poutine, tu n’es pas le bienvenu dans notre pays !

Cessons de putiner !

            Je putine, tu putines, nous putinons, Cameron, Merkel, Hollande, « and Co » … putinent avec Poutine, alors qu’il a mis le feu à l’Ukraine, et peut-être à l’Europe entière.

            On ne putine pas avec un chef d’État qui a revêtu les vieux habits du KGB, de l’impérialisme des Soviets avec son cortège de purges et de goulags, et qui a l’outrecuidance de se présenter comme le héros de la démocratie.

            Dans de telles conditions, pourquoi l’accueillir le 6 juin 2014 comme le représentant d’un peuple russe à nouveau manipulé par une nomenklatura hors d’âge ?

            Non, Poutine n’est pas le bienvenu dans notre pays !

            A titre tout à fait accessoire, que faire des deux superbes navires de guerre qui devaient être livrés au chef d’un nouveau KGB ?

            Lancer une souscription européenne afin de financer l’acquisition de ces deux bateaux pour notre nouvelle marine européenne !

L’Europe ne va pas continuer à laisser les Etats Unis assurer sa propre sécurité !

Dans le passé de ses lointaines relations avec la Russie, la France en a vu bien d’autres au début du vingtième siècle en perdant, avec le non-remboursement des emprunts russes après la Révolution des Soviets, des milliards de francs or.

Jean Pierre Renaud           Tous  droits réservés

Précision:

Précisons qu’en 2014, le Président actuel était déjà à l’Élysée, en qualité de Secrétaire Général Adjoint du Cabinet du Président Hollande, qui le nomma Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, le 26/08/2014.

Brèves Présidentielles

Pour qui voter ou ne pas voter ?

1 – Si vous êtes « tendance » au point de préférer le « botte en touche » de la République, les réseaux sociaux, le court-circuit des institutions de la République, le « Fait du Prince », votez Macron !

2 – Si vous avez aimé le « fricot » de Brigitte, Emmanuel,  et Mimi, la paparazzi, votez Macron !

3 – Si vous avez aimé les chevauchées du Cavalier de l’Ombre Benalla chargé de la sécurité et des confidences d’un Président de la République Française, votez Macron !

4- Si vous avez aimé les escapades d’Emmanuel avec les amuseurs Mcfly et Carlito, sur les réseaux sociaux, votez Macron !

5- Si vous aimez la nouvelle démocratie du Loto, celle du tirage au sort, de la nouvelle Française des votes, votez Macron !

6 – Si vous aimez par-dessus tout,  les TRAHISONS POLITIQUES, la Nouvelle « Marche des Honneurs », votez Macron !

7 –  Si vous avez  pris goût en montagne à l’escalade des pentes les plus raides et frôlé le vide, voir notre « petit monde » en « surplomb », dixit son « entourage » votez Macron !

8 –  Si vous prenez la peine de lire la somme que « les deux détectives infatigables du Monde D et D » (1) viennent de publier, sans violer ni secret des sources, ni secret de l’instruction, sous le titre « Le Traître et le Néant » : voterez-vous Macron ?

9 – Si vous aimez la démagogie à pleins tubes et pensez que la France peut continuer à tirer chèque sur chèque sur son avenir, celui de nos enfants et  de nos petits-enfants, votez Macron !

Avec plus de 2.800 milliards de dette publique, les créditeurs internationaux (sur GAGE de la France) sauront nous retrouver.

10 – Enfin, si vous pensez que le camarade Poutine est sensible aux « sirènes » de Macron, en oubliant que l’Europe ne vit plus dans le monde des Sirènes des Contes de Fées d’Andersen, votez Macron !

Jean Pierre Renaud

  1.  Le surnom que je leur ai donné sur le blog eh-tique-media-tique.over-blog.com

La « Méthode » Macron

1) Je botte en touche ou je passe à côté, par la bande ! Évident !

2) Je renvoie tout sur l’«Excellence » de l’Elysée que je suis ! Évident !

3) Je fais ma campagne par « PROCURATION »

Grâce à mes « Clones » ! Évident !

4) Je mets la gomme sur « l’indirect » :

 Qui suis-je, un Président « temporaire », en même temps que candidat ? Un Président « temporaire » du Conseil Européen de l’Union Européenne, mais surtout un « chef de guerre » à l’écouter !

Le Verbe, le Verbe, toujours le Verbe !

La COM ! La COM ! Évident !

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2017-2022

La crise des Gilets Jaunes et les Territoires ?

Je noie le poisson avec le Grand Débat dans les villes que j’ai choisies et « préparées » : chaque fois, les citoyens, avec l’aide des télés, sont bluffés par le superbonimenteur politique que je suis ! Évident !

La Réforme des Retraites ?

 Avec un « Personnage » politique de droite chargé de trouver un consensus tout au long des mois !

Il n’en n’est rien résulté !

J’ai préféré m’abstenir ! Ce n’était jamais le bon moment !

Évident !

L’Écologie Citoyenne

A l’aide d’un de  mes gadgets politiques,un petit Comité soi-disant représentatif des citoyens, élu par tirage au sort ?

La Française des Jeux à moi !

Grâce à ma Française des Jeux à moi, je passe à côté des partis politiques et de l’ensemble des institutions démocratiques de la République !

Il n’en n’est rien résulté !

Évident !

Le Rétropédalage Présidentiel et les Volte-Face d’un ancien Banquier

Avec la Covid, sur les Médicaments et les Vaccins !

Sur l’Énergie Nucléaire !

J’ai redécouvert la « souveraineté » !

Évident !

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Les Élections Présidentielles de 2022

Avec « L’ABSENT » !

Et ses « CLONES »

Je cours moins de risques en évitant le débat démocratique et républicain !

J’ai toutes les excuses :

 1) Je suis Président du Conseil Exécutif de l’Union Européenne,

2)  Je continue à assumer mon mandat de Président, « jusqu’au bout ! » et « quoiqu’il en coûte »,

3) Je garde le « fil rouge » avec un Poutine qui assassine l’Ukraine !

Seul problème, l’Europe n’existant pas en tant que puissance militaire, l’Union laisse faire Poutine !

Encore moins, quand le Président du Conseil Exécutif de l’Union, va au Kremlin en « Solitaire », en croyant qu’il va emporter le morceau du cessez le feu grâce à ses capacités de séducteur prestidigitateur !

Natürlich ! Comme aurait dit mon vieil ami Schutz !

Jean Pierre Renaud

Avec la bénédiction de mon épouse…

France 2 les 14 et 15 mars 2022

« Toutes les douleurs de la Guerre d’Algérie »

« Avec clarté et nuances, le journaliste Georges-Marc Benamou et l’historien, Benjamin Stora retracent dans une vaste fresque documentaire ce conflit qui continue de déchirer les mémoires » Le Figaro du 14 mars 2022, Benjamin Puech,Le Figaro, page 41 du 14 mars 2022,

Ci-après copie du message que j’ai envoyé à Monsieur Puech le 14 mars 2022 11:14

         « Bonjour, votre papier du jour ? Quelques remarques d’un ancien officier SAS du contingent (Soummam 1959-1960), sans doute trop vieux jeu, et ancien haut fonctionnaire :

  1. Stora, l’ancien trotskiste a découvert Camus après 40 ans (d’âge)…
  2. Stora s’est investi dans les mémoires, « à son gré » étant donné qu’il n’a jamais eu le courage de les faire évaluer…
  3. Comment deux auteurs d’une communauté bien installée dans l’Algérie Française, peuvent avoir la distance historique nécessaire sur un tel sujet ? Avec Pervillé ou Vermeren, nous avions plus de garanties …
  4. Arte a voulu faire la même chose avec un nombre impressionnant (choisis comment ?) de témoins encore vivants, mais sans qu’il soit possible de connaître l’audience de leur émission. Arte ne répondant pas j’ai saisi le CSA : silence ou tabou sur le succès de ce type d’émission.

Les Français ont depuis longtemps l’esprit ailleurs. »

                 Jean Pierre Renaud

Guerre d’Algérie

Avant d’analyser l’article du Figaro :

 – « 1954-1962 Comment l’opinion publique a basculé » de Jacques de Saint Victor, je  rappelle deux de mes chroniques à verser au dossier des Accords d’Évian 1962

Un petit rappel de documentation :

  • Évian 1962 « Carnets de Robert Buron » ( blog eh-tique-media-tique@over-blog.com du 16/06/2018)

Avec quelques extraits

– Réflexions d’un « amateur » d’histoire coloniale

Histoire, science sociale ? Qu’est-ce à dire ? (blog du 25/05/2016)

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Les quatre « Bascules »

  « 1954-1962 Comment l’opinion publique a basculé » Article de Jacques de Saint Victor

Grâce à un livre comme « L’idée coloniale en France de 1871 à 1962 » de Raoul Girardet ?

 Rien n’est moins sûr.

Le Figaro du 3 mars 2022, « L’EVENEMENT LITTERAIRE », pages 2 et 3

            Le texte de cet article est susceptible d’appeler toutes sortes de commentaires de la part d’un lecteur qui s’est plongé dans l’analyse de l’histoire coloniale et postcoloniale (voir le blog).

            « Comment l’opinion publique a basculé » ?

            « … Il n’est pas simple de saisir ce basculement en peu d’années mais quelques livres permettent de mieux l’appréhender, en particulier un ouvrage classique comme celui de Raoul Girardet L’Idée coloniale en France… » (p,2)

-1-L’histoire quantitative :

« pas simple » en effet, à partir du moment où le lecteur reste cantonné dans un ensemble de présupposés ou de postulats qui faisaient l’impasse sur la représentativité des idées dans l’opinion publique de l’époque coloniale, puis dans celle postcoloniale, c’est-à-dire l’histoire quantitative, la seule qui permettait de mesurer, notamment dans la presse, l’écho qu’elle y trouvait, quasiment le seul vecteur mesurable, avant l’arrivée des sondages dans les années 39-45.

Nombreux furent les chercheurs qui, dans leurs écrits, ont confondu les idées de certaines élites, avec celles de l’opinion publique, encore rurale jusqu’en 1939, de même que les politiques qui défendaient notre politique coloniale, alors qu’il s’agissait, sauf exception, de groupes de pression politiques, économiques, ou religieux.

L’historien Raoul Girardet s’inscrivait dans cette lignée traditionnelle, alors qu’avec la Guerre froide, les chars soviétiques n’étaient qu’à deux cents kilomètres de la Franche Comté et  du Territoire de Belfort, ce qui n’a pas empêché le soldat Chevènement d’être, avec Mitterrand,  dans les années 1970, l’un des inspirateurs d’un Programme Commun avec le Parti Communiste, affilié à l’URSS, après le début de la Guerre Froide en 1947 jusqu’en 1989.

La réédition de l’ouvrage s’est honorée d’une préface de l’ancien grand élu du Territoire de Belfort.

A l’occasion de la fameuse Exposition Coloniale de 1931, Lyautey avait mis sérieusement en doute la popularité de « l’Idée Coloniale ».

Revenant à l’Algérie, l’historien Ageron fut un des rares à faire entrer en ligne de compte les premiers sondages sur la connaissance que les français pouvaient avoir de l’outre-mer, ce qui n’a pas été le cas de Raoul Girardet, comme je l’ai souligné dans une de mes chroniques du 25/05/2016, intitulée « L’histoire coloniale est-elle une histoire comme les autres ? »

Au cours de mes recherches personnelles dans la presse locale, il apparaissait que les colonies n’occupaient, Fachoda ou guerres, qu’une place négligeable.

  • 2 – La « bascule » grâce aux soldats du contingent et à leur face à face avec les réalités algériennes la réalité de l’opinion publique

La grande majorité d’entre d’eux débarquaient en Algérie dans un univers humain qui n’était pas la France, mis à part ceux qui étaient affectés dans les villes côtières. Un autre monde ! J’en ai témoigné dans mes écrits d’ancien appelé du contingent dans les années 1959-1960, et commenté dans la chronique que j’ai publiée sur « Les carnets politiques de la guerre d’Algérie » par Robert Buron, ancien ministre du Général de Gaulle et signataire des accords d’Evian » (1985) ( blog du 16/06/2018).

Plus qu’un dépaysement, une terre étrangère et un bled indescriptible !

Ils découvraient que « L’Algérie n’était pas la France » !

Témoignages et expériences d’appelés des réalités algériennes bien loin des  discours des groupes de pression officiels ou non.

  • 3 – La « bascule » grâce à la fin des groupes politiques franco-algériens « charnière » à  Alger et à Paris :

Avec la guerre et de Gaulle, pouvait être constatée, la perte d’influence des groupes politiques « charnière » qui avaient fait la pluie et le beau temps dans l’Algérie encore coloniale, le plus souvent de tonalité radical-socialiste. Ils étaient capables de faire ou de défaire les majorités sous la Quatrième République, voire les affiliations politiques des ministres et Présidents du Conseil .

A ma connaissance, il n’existe pas  encore d’étude sérieuse sur le sujet, sur le rôle des francs-maçons et de la communauté sépharade algérienne ancrée dans ce pays.

Ne conviendrait-il pas, sous bénéfice d’inventaire de classer les circonscriptions politiques algériennes dans la catégorie des circonscriptions acquises à tel ou tel courant politique compte tenu de son électorat, à la droite ou à la gauche, avec des postulants bien placés dans les appareils politiques ? Dans la filiation des « bourgs pourris » anglais, et dans une continuité historique qui ne dit pas son nom encore chez nous.

René Mayer, par exemple, homme politique brillant, connu pour sa réussite internationale en Europe, fut député de Constantine entre 1946 et 1955, et Conseiller Général de Constantine au cours de la même période.

  • 4 – Une « bascule » résultant du contexte historique de la Guerre Froide

Après 1945, le contexte historique international avait complètement « basculé », aussi bien au Maghreb que sur la planète, avec en 1947, les deux Blocs,  et le réveil nationaliste du Tiers Monde.

Avec l’arrivée de de Gaulle au pouvoir en 1958, treize ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, et onze ans après la rupture avec le Parti Communiste Français (1947), et le début de la Guerre Froide, les cartes politiques de la France étaient complètement rebattues.

Les enjeux de puissance entre les affaires dites « impériales » et notre défense sur le continent, n’étaient plus du tout les mêmes, et le Général de Gaulle était bien placé pour les mesurer, compte tenu de sa longue expérience militaire et de sa connaissance du passé stratégique du théâtre européen.

L’armée française professionnelle avait mené une guerre désespérée et désespérante en Indochine contre l’adversaire communiste Viet-Minh : elle y avait perdu son âme et beaucoup des siens, et les officiers et sous-officiers survivants étaient chargés à présent de lutter contre le FLN.

Ils ne pouvaient manquer de puiser dans leur expérience indochinoise les éléments d’une nouvelle guerre coloniale, la lutte de contre-insurrection communiste, alors qu’il s’agissait d’une insurrection avant tout nationale, et qu’il fallait rechercher comme au Maroc ou en Tunisie une issue nationale. Ce fut une des grandes erreurs stratégiques dues à l’aveuglement des gouvernements de la Quatrième République.

Dans les années 1950-1960, les conférences de l’intellectuel anticommuniste Georges Sauge à l’Ecole Militaire en furent un des symboles.

Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

Cri du cœur d’un Français !

Au secours de l’Ukraine envahie par la Russie de Poutine !

Donnons à l’Ukraine tous les moyens de la guerre dite « hybride », l’expression aujourd’hui à la mode !

En bon français, cela veut dire « l’arroseur de mort » russe « arrosé » !

Depuis la désintégration de l’URSS, en 1989-1991, la nouvelle Russie soi-disant démocratique, excelle dans ce type de guerre que nous savons faire aussi !

Nous n’avons oublié ni les purges, ni le goulag, ni le KGB de Poutine.

Jean Pierre Renaud

Accords d’Évian

Guerre d’Algérie 1954-1962

Appel aux Anciens du Contingent et à leurs familles !

Boycottons la commémoration Présidentielle des Accords d’Évian du 19 mars 2022 !

En 1962, les Français ont fait Ouf !

  1. La France a abandonné le pouvoir à un FLN, toujours au pouvoir soixante ans après, alors qu’il n’a jamais respecté les accords d’Evian.
  2. En abandonnant tous ceux, hommes ou femmes de France ou d’Algérie qui avaient cru à la parole de la France.

&

Le Président actuel est  « brouillé » avec l’Histoire de France et avec l’Histoire de nos frères et de nos sœurs d’armes en Algérie.  Jean-Marie Rouart

(Le Figaro du 13 décembre 2021, page 18)

« Emmanuel Macron, cinq ans de brouilles avec l’Histoire de France »

Une citation de Jean-Marie Rouart

«… En matière d’Histoire, ce compendium de la folie et de l’inconséquence des hommes, Emmanuel Macron a tout faux. L’ayant montré jusqu’à plus soif dans ses déclarations sur la colonisation « crime contre l’humanité », son appel à la « déconstruction de l’histoire de France », son déni de la « culture française », il persévère en ouvrant avec une insigne légèreté les archives de la guerre d’Algérie et en faisant appel aux historiens pour  bâtir une histoire européenne… »

&

Non, Monsieur Macron, notre sacrifice pour la France mérite mieux que celui d’être un des joujoux d’un caméléon mémoriel : un coup d’un côté, un coup de l’autre, et ainsi de suite,  dans votre marketing politique de réélection !

Non, Monsieur Macron, vous n’êtes pas un exemple pour la jeunesse de la France !

&

Nous Boycotterons cette Commémoration Présidentielle

Jean Pierre Renaud

Ancien Officier SAS

Soummam – Algérie 1959-1960

Deux images de ce conflit puisées dans mon livre de souvenirs :

La première

« Chemini le 9 janvier 1960

« … Ce soir mon garde du corps Kabyle m’a fait cadeau d’une couverture. Il multiplie les gestes gentils.

« Il faut faire plaisir à mon lieutenant. C’est la première fois que je reçois une carte de France depuis six ans. Vous m’avez rattaché à la vie. »

Je lui en avais envoyé  une. C’est mon chauffeur et mon garde du corps et le seul moghazni (que j’ai avec moi). Ancien chef terroriste d’un village de ma circonscription, presque tué au cours d’une opération en juin 1959, fait prisonnier, dégoûté de la vie de fellagha, je l’ai pris avec moi en octobre 1959… » (page 142)

C’était un type formidable (Belaloui). Je lui avais envoyé cette carte au cours de ma permission de Noël 1959.

La deuxième

«  Vieux Marché le 26 avril 1960

« … Ce matin, au passage, sur la route, des enfants m’ont jeté des bouquets de fleurs dans la jeep. Au retour, j’en ai ramené quatre pour leur faire faire un tour de jeep. J’ai mis leurs fleurs en vrac sur la table, un vrai décor champêtre… »

Jean Pierre Renaud        Tous droits réservés

L’Islam en France

Le « Biais » statistique « Intime » ?

Questions sur les sondages

L’exemple du sondage sur la population musulmane en 2019 ?

IFOP Le Point Fondation Jean Jaurès

JF/FK N°116 646 Septembre 2019

Cité par Mme FatihaAgag-Boudjahlat

« Etude auprès de la population musulmane en France, 30 ans après l’affaire des foulards de Creil »

Brève définition du concept « biais » :

Dans une enquête statistique, caractéristique d’une question ou d’une démarche qui a pour conséquence de générer des erreurs dans les résultats ou l’interprétation des résultats de l’enquête.

Notre petit résumé :

Du 26/08/2019 au 9/09/2019 : un échantillon de 1012 personnes

Nos questions ?

La base de calcul de la population ? Comment établir la base de calcul d’un échantillon représentatif d’une population mal identifiée ? De personnes de religion ou d’origine musulmane ?

La méthodologie :

En 2019, sur un échantillon 1012 personnes représentatif de la population de religion ou d’origine musulmane âgée de 15 ans et plus interviewée par téléphone du 26/08/2019 au 9 septembre 201915 ans et plus ? Par téléphone ? Sur deux fois quatre jours ouvrables (hors vendredi, samedi, dimanche) ?

Comment établir une cohérence statistique, pour ne pas dire scientifique, avec plusieurs sondages antérieurs sur le même sujet avec des échantillons de tailles et d’âges différents, 536, plus de 18 ans, en 2010, pour le Figaro, 547 en 2011, plus de 18 ans, pour Marianne, 15 459 en 2016, plus de 15 ans, du 13/04 au 23/05/16 pour l’Institut Montaigne ?

Le public visé : Il parait évident que ces variations de données mériteraient une explication, d’autant plus qu’il s’agit d’un objet de sondage très particulier puisqu’il met en cause la vie intime, les convictions des personnes, d’autant plus sensible qu’il s’agit d’un public très difficile à toucher.

Il est évident que le même objet de sondage soulèverait le même type de difficulté dans le public chrétien ou juif.

Le téléphone n’est sûrement pas le bon instrument de « confession ».

Autre question, les dates des sondages ? Il parait évident que les contextes historiques ont changé entre 2011 et 2019.

Le témoignage de Fatiha Agag-Boudjahalat dans un livre fort intéressant intitulé « Les Nostalgériades » Nostalgie Algérie Jérémiades » (pages 71 et suivantes) en dit plus long sur le sujet que mes propres commentaires. L’auteure est née à Montbéliard.

L’auteure fait partie du groupe très dynamique de femmes françaises d’origine musulmane qui luttent contre un patriarcat qui n’a ni frontières, ni religion, notamment la musulmane, que certaines féministes « bourgeoises » et « blanches » ont tendance à cautionner sous un prétexte multiculturel.

A propos de ce sondage de 2019, qu’elle cite, elle écrit : «  Ce genre de sondages ou d’études qui se multiplient sont classiquement biaisées par l’échantillonnage peu représentatif, souvent trop masculin, par les dates auxquelles ils sont réalisés, la proximité avec un attentat ou une focalisation dans les médias sur un sujet en lien avec l’islam ou l’intégration des enfants d’immigrés induiront une posture de défense. Posez n’importe quelle question à un musulman sur l’islam, et la réponse sera un acte de foi, quel que soit son degré de pratique religieuse. La question même est perçue comme une intrusion, voire une agression. Et c’est un acte de foi facile, comme le soulignait avec humour Ali Al-Wardi. Les réponses au sondage de la fondation Jean Jaurès étaient faciles et vaniteuses, parce qu’elles n’engageaient à rien, n’exposent à aucune conséquence, ne se traduisent par aucun effet ou perte d’opportunité. La question était donc mal posée. Elle donnait l’impression d’une compétition entre civilisation et style vie musulmans avec la France et son système politique. Répondre que la loi islamique primait était non seulement un acte de foi facile, un doigt d’honneur à l’interrogateur, et un élément du dispositif d’estime de soi. Ce qu’explique Axel Honneth en ces termes : « L’honneur ou la dignité traduit le degré d’estime accordé à la manière dont cette personne se réalise dans l’horizon culturel d’une société….

L’existence même de ce genre de sondages est vécue comme une humiliation qui conduit plus un sondé à surcompenser par une fanfaronnade. A l’exception des islamistes les plus durs, qui peut souhaiter que s’applique en France la charia en matière pénale ou familiale. Ce sondage donne à croire qu’il s’agit de juger de la qualité, de la reconnaissance de la supériorité d’un mode de vie sur un autre, et la religion intriquée avec l’identité des descendants d’immigrés, ces questions humilient. Les musulmans étant sommés de prendre parti pour la France contre leur culture, beaucoup choisissent de se défendre. » (pages 72,73,74,75)

Je conclurai cette courte chronique en rappelant le calendrier tout à fait curieux de ce sondage, à la fin d’un été qui a vu sans doute de nombreux immigrés ou enfants d’immigrés, français, binationaux, ou bénéficiaires d’une carte de séjour, aller se reposer dans ce que l’auteure citée plus haut dénomme le « bled », c’est à dire du 26 août 2019 au 9 septembre 2019 : un bled qui a été transformé depuis la guerre d’Algérie (1954-1962).

Jean Pierre Renaud       Tous droits réservés

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Questions mémorielles : la guerre d’Algérie et  les mémoires coloniales ?

Une question posée aux Universités qui ont sans doute peur de s’aventurer dans le domaine des enquêtes statistiques qui troubleraient incontestablement la loi du silence ?

Ces sujets ont été abordés et  traités à de multiples reprises sur le blog en faisant notamment référence aux analyses scientifiques de Maurice Halbwachs sur la mémoire collective et aux discours mémoriels de toute  nature, trop souvent idéologiques ou politiques, qui tentent de se substituer tout à la fois à l’histoire et aux enquêtes statistiques pertinentes.

Le texte ci-dessus revient sur le sujet des sondages  et  des enquêtes statistiques qui proposent de cerner une partie de ce sujet sensible, et tabou : a-t-on peur de la vérité ? Est-ce que l’Université ne devrait pas prendre une initiative, qui l’honorerait, d’une grande enquête statistique sérieuse et transparente sur le sujet ?

Il y a quelques années, la Fondation Jean Jaurès s’était emparée d’une partie du sujet, mais sans convaincre, comme je l’avais expliqué sur le blog du 29/01/2015, voir  ci-dessous :

IFOP et Guerre d’Algérie : une enquête de mémoire pertinente ?

L’enquête IFOP d’octobre 2014 pour la Fondation Jean Jaurès et le journal Le Monde :

« Le regard des Français sur la Guerre d’Algérie, soixante ans après la « Toussaint rouge »

Les résultats de l’étude :

« A – Le souvenir spontané et les représentations associées à la Guerre d’Algérie »

B – La mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie et les relations franco-algériennes »

La Fondation Jean Jaurès m’a communiqué les résultats de cette enquête et je la remercie

Les questions que pose cette enquête ?

            Questions sur le langage tout d’abord ?

            Est-il possible de cerner le sujet de la mémoire que les Français ont, en 2014, de la guerre d’Algérie, en associant dans la grille du questionnaire des concepts aussi différents, pour ne pas dire ambigus, contradictoires, ou faussement compréhensifs au sens « logique », que « regard », « souvenir spontané » « représentations associées » « mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie », « Contemporains de la guerre d’Algérie » ?

            Les « contemporains de la guerre d’Algérie » auraient de nos jours plus de 65 ans, et concernent les deux dernières tranches d’âge de cette enquête : les réponses aux questions posées sont –elles donc représentatives ?

            « Mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie », un titre qui laisse à penser qu’il y a eu confusion entre la colonisation et l’Algérie, ce qui est inexact, même si certains chercheurs ou même historiens veulent nous faire croire le contraire.

            Questions sur la grille du questionnaire en deuxième lieu ?

            Avant d’aller dans les deux parties de cette enquête, une double question préalable de méthodologie :

  •  celle qui dans la partie A questionne toutes les classes d’âge sur des contenus qui s’inscrivent dans une grille de chronologie qui manque de pertinence avec ces classes d’âge,
  •  et celle  qui fait la distinction pertinente entre les « contemporains » et les autres, mais sans donner la définition statistique du questionné « contemporain ».

A – Le souvenir spontané et les représentations associées à la Guerre d’Algérie

            Question – L’événement le plus marquant de la guerre d’Algérie, c’est… ? En premier ? En deuxième ? En troisième ?

                Sont énumérés les événements cités par le questionnaire qui viennent dans l’ordre suivant en pourcentage des citations :

            L’arrivée des pieds noirs (59%), une guerre de libération (54%), le retour du général de Gaulle (41%), une défaite pour la France (38%), l’abandon des harkis (38%), les attentats du FLN ( 29%), le recours à la torture par l’armée française (27%), le putsch des Généraux et l’OAS (14 %).

            L’institut publie en page 8 une grille très sophistiquée des questionnaires par personne interrogée, une structure dont au moins un des éléments fait problème, celui des âges :

            Age de l’interviewé(e)

Moins de 35 ans

18 à 24 ans

25 à 34 ans

35 ans et plus

35 à 49 ans

50 à 64 ans

65 à 69 ans

70 ans et plus

            Il parait tout de même difficile d’admettre que les générations nées après 1962, aient pu avoir un « souvenir spontané » de la plupart, sinon de presque tous les événements cités.

Outre le fait, que ce questionnement ne tient pas compte de la composition du public interrogé, ancien pied noir ou descendant, français immigré ou harki, etc …, une méthode statistique qui fait peser une suspicion légitime supplémentaire sur la représentativité de cette enquête.

            Le même type de suspicion légitime peut exister pour la question suivante – :

«  Le jugement sur le comportement de la France à l’égard des différentes populations concernées par la guerre d’Algérie

Question : diriez-vous que depuis la fin de la Guerre d’Algérie jusqu’à aujourd’hui, la France s’est plutôt bien ou mal comportée   ?

A l’égard les Pieds Noirs, le peuple algérien, les Français issus de l’immigration algérienne, les Harkis (c’est-à-dire les Algériens favorables à l’Algérie française) »

en interrogeant donc une population française qui, dans ses âges et ses origines, ne peut pas, sur le plan historique, porter un tel jugement, d’autant moins si l’enquête ne tient aucun compte du nombre de personnes interrogées qui sont précisément issues des différents courants de population impliqués.

B – La mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie et les relations franco-algériennes

L’impact de l’indépendance pour l’Algérie et pour la France

            Comment mettre sur le même pied la mémoire de la colonisation et celle d’Algérie, même si un historien bien connu a tendance à confondre  ces deux mémoires, sans jamais avoir pris l’initiative de les faire à la fois mesurer et distinguer ?

            Comment, telle qu’est rédigée cette question, se mettre à la place de l’Algérie ?

            Question : Diriez-vous que l’indépendance de l’Algérie a été une bonne ou mauvaise chose… ?

            A la différence de la question précédente, le questionnaire fait la distinction entre contemporains de la guerre d’Algérie et les autres non spécifiés, mais sans donner la définition retenue pour les « contemporains »

            Comme nous l’avons indiqué plus haut, cette absence de définition, aussi bien sur le plan du langage que sur le plan de sa représentativité statistique, fait peser un sérieux doute sur les résultats proposés.

            « La place accordée à la guerre d’Algérie dans les médias et à l’école »

Question : Selon vous, avez-vous l’impression que l’on parle trop, pas assez ou comme il faut de la Guerre d’Algérie ?

Le questionnaire distingue à nouveau entre les « contemporains » et les autres, mais il parait difficile d’interroger les « contemporains » de cette guerre sur ce qui se passe à l’école, sauf à avoir interrogé les enseignants et peut-être les parents d’élève.

En conclusion, cette enquête apporte quelques lumières sur le sujet de la mémoire de la guerre d’Algérie, mais il est regrettable que celle-ci n’ait pas procédé à un cadrage statistique rigoureux des questions posées par rapport au public interrogé, avec des impasses qui font peser une suspicion légitime sur ses résultats.

Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

2021 – Bilan d’activité et réflexions

Depuis sa création en 2010, le blog a eu 46 636 « Visites », correspondant à 69 561 Pages Vues, d’après les définitions du blog. 

En 2021

Visites = 1 913

Pages Vues = 3 657

Ce blog, libre de toute allégeance,  fonctionne à la manière d’une petite bibliothèque que les visiteurs peuvent fréquenter en toute liberté.

Au fil des jours, des mois et des années, depuis 2010, j’ai abordé une grande variété de sujets, portant sur l’actualité, récemment sur le Mali, l’Algérie, l’islam, la laïcité, et l’Eglise de France, mais j’ai toujours tenté de conserver les fils conducteurs que je m’étais proposé de suivre au fur et à mesure des années, la publication d’analyses et de récits qui ont jalonné la période coloniale, des témoignages, par exemple ceux de Gallieni, de Lyautey, ces « inconnus », de Loti », lesquels ne cachaient pas la vérité coloniale, d’écrivains voyageurs aussi tels qu’Albert Londres ou Jacques Weulersse et un ensemble d’analyses d’historiens qui ont proposé « leur » version de la période coloniale et postcoloniale : avec une ambition, celle de tenter de représenter ce que fut la période coloniale, et de dénoncer toutes les interprétations idéologiques de ce passé, qui continuent à faire fureur de nos jours, dans certains milieux. André Gide et Claude Lévi-Strauss ont jalonné ce parcours.

Un de mes auteurs préférés fut incontestablement Henri-Brunschwig dont j’appréciais tout à la fois la rigueur et le sens de la distanciation historique nécessaire, en concurrence avec le philosophe sinologue François Julien dont les analyses fouillées sur la philosophie chinoise m’a toujours aidé à décaler le regard que je tentais de porter sur l’Occident.

En lisant les œuvres du grand lettré africain Hâmpaté Bâ, je me suis retrempé dans l’histoire coloniale du terrain, haute en couleurs, grâce aux récits et aux portraits proposés avec son regard tout à la fois critique et ambivalent, à l’image d’une colonisation aux deux visages du jour et de la nuit. Adu.Boahen ainsi que Ki-Zerbo m’ont proposé leur lecture de l’histoire africaine.

Mon blog s’est intéressé aussi au dossier des legs de la colonisation selon les pays colonisateurs, à l’Algérie aussi, et aux auteurs qui ont analysé les deux guerres d’Algérie et d’Indochine, sous le thème « Parole de la France » : André Malraux, Henri Kissinger, Graham Green, Pierre Brocheux, Général Gras, Général Giap, Lucien Bodard, Hugues Tertrais, Nguyen khac Vièn, Hélie de Saint Marc…

 Je me suis attaché entre autres à dénoncer les discours de chercheurs qui surfent sur le marché des mémoires qui tentent de nous faire croire que la France de la Troisième et Quatrième République avaient une culture coloniale, et même impériale : sont visés particulièrement les publications de l’équipe Blanchard-Lemaire- Bancel.

Cette équipe a proposé une vision historique de la réalité coloniale en métropole affectée de graves carences scientifiques et statistiques, faute d’avoir procédé à une analyse fouillée et quantitative des vecteurs de la propagande coloniale supposée et de ses effets : en particulier, aucune analyse du vecteur presse, le seul mesurable tout au long de la période examinée ! Ces historiens surfent sur des concepts encore à la mode, la victimisation et la repentance, en ignorant, semble-t-il, l’histoire coloniale factuelle, concrète et tout autant la quantitative, celle des chiffres.

Ils se sont approprié le gisement politique et électoral que constitue la population d’origine immigrée pour de nombreux groupes de pression, et la plupart du temps, ils ne sont jamais plongés dans les témoignages écrits, nombreux, qui ont jalonné cette période, l’histoire concrète, celle de « L’Autre », le fameux « Indigène » du terrain : comme si l’esclavage et les castes n’y avaient jamais existé !

Il convient de préciser que leur propagande s’est développée d’autant plus facilement que, même pour certains historiens « réputés », les mémoires rivalisent avec ce qu’on appelait communément « l’histoire ».

Benjamin Stora s’est fait le champion de l’histoire des mémoires en concurrence avec celle de l’histoire (« La guerre des mémoires ») : seul problème, l’intéressé, aujourd’hui, conseiller du Prince,  n’a jamais eu le courage de faire faire une analyse statistique des supposées mémoires collectives coloniales dont il défend les causes.

Parmi les auteurs de la période postcoloniale, je citerai Fatiha Agag-Boudjahlat, Hélène Blais, Paul Bairoch, John Richard Bowen, Frederick Cooper, Catherine Coquery-Vidrovitch, Sophie Dulucq, Armelle Enders, Bouda Etemad, Frantz Fanon, Claire Fredj, David Galula,  Daniel R.Headrick, Maurice Halbwachs Marc Michel, Moussa Konaté, Ahmadou Kourouma, Jean François Klein, Claire Laux, Pap Ndaye, Yves Lacoste, Daniel Lefeuvre,  Elise Huillery, Kwasi Kwarteng, Jacques Marseille, Walter Ben Michaels, Guy Pervillé, Michel Renard, Bernard Rougier, Marie Albane de Suremain, Emmanuelle Sibeud, Isabelle Surun, Edward W.Said, Pierre Singaravelou, Marie-Claude Smouts, Benjamin Stora, Sylvie Thénault, Sanjay Subrahmaniayan,  Pierre Vermeren, Eugen Weber …

Les deux œuvres d’Edward W.Said, « Culture et Impérialisme » et « L’Orientalisme » ont fait l’objet d’une lecture critique à l’origine de milliers de pages vues.

Très récemment, j’ai publié une analyse fouillée du livre intitulé « Corps noirs et médecins blancs » de Delphine Pereitti-Courtis que je rangerais volontiers dans la catégorie d’une « déconstruction » historique non pertinente.

Tout au long de mes lectures et analyses, le fil conducteur a été le plus souvent celui des croyances et des cultures qui ne sont pas toujours « solubles » dans nos propres croyances et cultures.

Jean Pierre Renaud         Tous droits réservés

« Corps noirs et médecins blancs »

« La fabrique du préjugé racial »

« XIX-XXème siècles »

Delphine Peiretti-Courtis

(mai 2021)

&

Conclusion

            Dans les pages qui précèdent je me suis longuement exprimé sur la pertinence historique de ce livre, en notant que l’analyse proposée ne laissait aucune place à « L’Autre ».

Je me contenterai donc de donner la parole au grand lettré africain que fut Amadou Hampâté Bâ, en citant un des passages du livre « OUI MON COMMANDANT »  (Actes Sud 1994).

On surnommait quelquefois les administrateurs des colonies, avant 1945, puis de la France d’Outre-Mer, après 1945, les « Rois de la Brousse ».

L’auteur en brosse le portrait tout en couleurs et en vérité grâce à la longue expérience qui fut la sienne à cette époque :

«  Face nocturne et face diurne

« Certes, la colonisation a existé de tous temps et sous tous les cieux, et il est peu de peuples, petits ou grands, qui soient totalement innocents en ce domaine – même les fourmis colonisent les pucerons et les font travailler pour elles dans leur empire souterrain ! …Cela ne la justifie pas pour autant, et le principe en reste haïssable. Il n’est pas bon qu’un peuple domine d’autres. L’Humanité, si elle veut évoluer, se doit de dépasser ce stade.. Cela dit, quand on réclame à cor et à cri la justice pour soi, l’honnêteté réclame qu’on la rende à  son tour aux autres. Il faut accepter de reconnaître que l’époque coloniale a pu laisser des apports positifs, ne serait-ce entre autres, que l’héritage d’une langue de communication universelle grâce à laquelle nous pouvons échanger avec des ethnies voisines comme avec les nations du monde…A nous d’en faire le meilleur usage et de veiller à ce que nos propres langues, nos propres cultures, ne soient pas balayées au passage.

Comme le dit le conte peul Kaïdara, toute chose existante comporte deux faces : une face nocturne, néfaste, et une face diurne, favorable ; la tradition enseigne en effet qu’il y a toujours un grain de mal dans le bien et un grain de bien dans le mal, une partie de nuit dans le jour et une partie de jour dans la nuit.

Sur le terrain, la colonisation, c’étaient avant tout des hommes, et parmi eux il y avait le meilleur et le pire. Au cours de ma carrière, j’ai rencontré des administrateurs inhumains, mais j’en ai connu aussi qui distribuaient aux déshérités de leur circonscription tout ce qu’ils gagnaient et qui risquaient même leur carrière pour les défendre. Je me souviens d’un administrateur commandant de cercle à qui le gouverneur avait donné ordre de faire rentrer l’impôt à tout prix. Or, la région avait connu une année de sécheresse et de famine, et les paysans n’avaient plus rien. L’administrateur envoya au gouverneur un télégramme  ainsi rédigé : « Là où il n’y a plus rien, même le roi perd ses droits. ». Inutile de dire qu’il fut considéré comme « excentrique » et rapatrié.

Serait-il juste de frapper du même bâton des professeurs honnêtes, des médecins ou des religieuses dévoués, de hardis et savants ingénieurs, et d’un autre côté quelques petits commandants mégalomanes et neurasthéniques qui, pour calmer leurs nerfs ou compenser leur médiocrité, ne savaient rien faire d’autre que d’asticoter, amender emprisonner les pauvres « sujets français » et leur infliger des punitions à tour de bras ? Quelque abominable qu’ait pu être la douleur infligée à tant de victimes innocentes, ou le coût terrible en vies humaines de grands travaux dits d’ « utilité publique », cela ne doit pas nous conduire à nier le dévouement d’un professeur formant les instituteurs ou les médecins de demain. » (pages 334 et 335)

Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

Le 1er octobre 2021, à Thorigné sur Dué