Les « Printemps Arabes »? Entre Islam, Démocratie,Démographie… Quelle leçon pour la France?

Les «  Printemps Arabes » ? Entre Islam, Démocratie, Démographie, Technologie, et Occident : la continuité de l’ethnocentrisme ? 

Quelle leçon pour la France ?

         Le bouillonnement du monde musulman n’est pas récent, mais pendant des dizaines d’années, des régimes dictatoriaux avaient réussi à masquer cette évolution.

         L’explosion des « Printemps Arabes » est le résultat d’un ensemble de facteurs, avec sans doute, et en tout premier lieu, la croissance exponentielle de la démographie (1), et d’une jeunesse qui ne trouve pas d’emploi, donc  une jeunesse en « vacances », qui parallèlement, et naturellement, s’est entichée des nouvelles technologies..

         L’expansion des nouvelles technologies, la télévision, l’internet, le téléphone portable, a  en effet complètement bouleversé les conditions d’information et de relations, et donc de mobilisation potentielle des citoyens de ces pays.

          On l’a vu successivement en Tunisie, en Lybie, et en Egypte,

         Les médias occidentaux, et une partie de leurs élites, se sont extasiés devant ce qu’ils ont interprété comme un mouvement de démocratisation des pays musulmans, et comme la preuve que la démocratie pouvait faire bon ménage avec l’Islam.

         Les événements récents montrent que rien n’est encore véritablement joué sur ce terrain qui nous est familier, mais il faut laisser du temps au temps pour apprécier les résultats de ces nouvelles révolutions musulmanes.

         La leçon française immédiate qu’il serait possible d’en tirer serait celle d’une meilleure connaissance des composantes et des courants de l’Islam, notamment entre le sunnisme et le chiisme, des tensions qui les opposent, pour ne pas citer leurs guerres fratricides actuelles.

         Cette leçon n’est pas du tout anodine, alors que l’Islam est devenu en trente ans la deuxième religion de la France.

Jean Pierre Renaud

(1) Voir mon analyse du livre de Gaston Bouthoul « La surpopulation » (1964) sur le blog du 12 juillet 2011

2014: élections municipales et européennes -Appel à un consensus politique!

2014 : élections municipales et européennes

Appel à un consensus politique !

L’aveuglement d’une classe politique sans cap politique dans le monde, en Europe, et en France !

La France est déboussolée et il y a le feu dans la maison !

            C’est à se demander si notre personnel politique, qu’il soit de droite ou de gauche, a encore les pieds sur terre !

         Après le scandale Strauss-Kahn dont la gauche s’était enamourée, puis le scandale Cahuzac, le super-menteur national, on voit des sénateurs inviter en conférence le premier, et des députés écouter le second, en comédien muet !

         Comme si rien ne s’était passé !  Et comme si dans le cas de Cahuzac, la justice n’était pas saisie !

         Sans citer encore le cas de Guéant, ou l’ancienne et nouvelle affaire Tapie.

         On continue à enrôler à tour de bras de nouveaux pays dans l’Union Européenne, alors que dans la zone euro, les pays qui la constituent sont incapables de se doter d’une organisation démocratique, cohérente, et responsable.

         Si vous ajoutez à cela, la folie des grandeurs de la France, toujours prête à intervenir à l’étranger (voir Mali), toujours prête à mettre son grain de sel dans les affaires du monde, sans en avoir les moyens, la crise dans laquelle le pays se débat, le chômage des jeunes, les dettes cumulatives de l’Etat et de la Sécurité sociale, on en conclut, et à juste titre, que notre élite politique est folle.

         Comment s’étonner alors que les Françaises et les Français ne fassent plus confiance aux grands partis de gauche ou de droite, et qu’ils soient prêts à se laisser hypnotiser, l’année prochaine, aux élections municipales et européennes, par les mirages des extrêmes, de gauche ou droite ?

         Est-ce qu’il ne serait pas raisonnable que quelques hommes ou femmes politiques d’expérience, de droite ou de gauche, se réunissent en conclave pour proposer au pays un programme politique de consensus.

         De la nouvelle génération des Maire, Wauquier, NKM, Valls, Touraine, Filipetti … !

        Dans le passé on aurait parlé d’un programme minimum d’union nationale, sur les grands objectifs suivants :

         Une zone euro démocratique, politiquement et économiquement solidaire, la réduction des dettes, publique et sociale, le rétablissement de l’égalité des français devant le service public, qu’il s’agisse de nos campagnes ou de nos quartiers sensibles (emploi, santé, transport…), une réelle transparence sur l’’immigration et la bi-nationalité, un effort sur la sécurité publique, le choix d’une défense européenne…

        Arrêtons de laisser croire aux Français que leur pays dispose encore des moyens d’assurer tout à la fois la défense de la France, de l’Europe, ou de l’Afrique !

            Jean Pierre Renaud

Humeur Tique du Jour : La souveraineté de la France en Europe?

 La souveraineté de la France ? Quel beau sujet d’hypocrisie !

         Hollande vient de se faire morigéner par Barroso, président « ultra-libéral » de la Commission européenne.

       Le Figaro du 30 mai titrait en première page : «  Les 10 commandements de Bruxelles à Hollande »… « François Hollande a réagi en déclarant : « la Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire ».

          Comment voulez-vous que les citoyens et même les responsables s’y retrouvent dans le charabia des pseudo-décisions qui constituent les « recommandations »  de la Commission européenne du 29 mai 2013. (http : europe.eu/rapid/press-release MEMO-13458-fr.htm)

         Dans cette affaire, quel est le média, quel est l’homme ou la femme politique, qui aura le courage de se prêter à un exercice critique institutionnel qui nous fera connaître, ministère par ministère, ce qui reste du pouvoir souverain de la France dans leurs attributions ?

       Ceci dit, les belles résolutions qui viennent d’être adoptées par le duo franco-allemand sur la gouvernance de la zone euro vont dans le bon sens, et l’observateur pourrait s’exclamer, enfin !

La France des hypocrites, le mariage pour tous, et la séparation de l’Eglise et de l’Etat

   Au choix, et tour à tour, la France est entre les mains des hypocrites !

           On veut encore vous faire croire que la France exerce un pouvoir souverain en Europe, pour ne pas parler du monde, alors que ce n’est plus le cas, et depuis longtemps !

           On prône la transparence, l’abandon du mélange des genres, alors que dans le microcosme parisien, on serait sans doute surpris de voir le nombre de couples, « mariés » ou pas, qui se partagent entre milieux des médias et de la politique, des affaires et de la politique, ou de la magistrature  et des avocats …

           Pour ne pas évoquer encore le cumul des mandats qui empêche sénateurs et députés de se consacrer à plein temps à leurs mandats, mais que les mêmes refusent d’abandonner sous le prétexte de l’enracinement local, ou le millefeuille administratif franco-français que tout un chacun, élu ou responsable, entend enfin simplifier, mais que le tout un chacun veut à tout prix préserver… !

        Mais venons- en au sujet proprement dit de cette chronique, le mariage pour tous ! Que d’hypocrisie de tous côtés !

            Qui se marie encore de nos jours ? A l’église ou à la mairie ? Et pour quel motif ? Avec la progression constatée et assurée du PACS.

            Combien de couples vivent en concubinage ? Combien de couples se sont mariés, ont divorcé, se sont remariés ou vivent en concubinage officiel, officieux, ou clandestin ? Pour ne pas évoquer le cas des pères ou des mères faussement célibataires !

            La revendication de l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et couples homosexuels méritait effectivement d’être posée et traitée, mais est-ce que l’idée de remettre au goût du jour la cérémonie du mariage était une bonne idée ? Il n’est pas interdit de se poser la question, à voir les dégâts causés dans la société française.

             La loi Taubira a très inutilement divisé le pays, et pour combien de temps ?

             Nul ne le sait, alors que les défenseurs de cette loi ou ses opposants, souvent les plus acharnés, n’ont pas, semble-t-il, manifesté au cours de leur vie privée et publique, le même zèle pour défendre le mariage.

             Le Président de la République est-il marié ? Le maire de Paris va-t-il se marier ?      

            Certains des leaders de l’UMP dont on a vu la binette dans nos gazettes, en tête des manifestations, ont-ils été dans leur vie des ardents prosélytes du mariage ?

            Mais dans toute cette affaire, l’élément de division le plus grave introduit dans notre pays, en plus de tous les autres qui existaient déjà, concerne la paix civile et religieuse qu’assurait la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

           Pour avoir été élevé dans un pays de Montbéliard où la cohabitation entre protestants et catholiques était au mieux, encore méfiante – le mariage mixte n’était pas chose courante -, et pour avoir eu un grand-père paternel qui  prit la tête de la rébellion contre cette loi, et contre les inventaires de l’église du Russey, fut arrêté et mis en prison pendant une quinzaine de jours, je suis depuis longtemps convaincu qu’en définitive, cette loi fut une bonne loi, parce qu’elle a assuré pendant des années, et jusqu’à nos jours, la paix publique du pays.

         Ce sont toutes les raisons pour lesquelles je ne suis pas le seul à penser, qu’en participant aux diverses manifestations publiques d’opposition à cette loi, même une fois la loi votée et promulguée, certains prêtres ou évêques n’ont rendu service, ni à l’Eglise, ni au pays, et sans doute pas au service de l’évangile.

         A mes yeux, il s’est agi d’une forme de rupture du pacte républicain qui nous a protégé des guerres religieuses que la France a malheureusement, et trop souvent, connu dans son histoire.

        Et dans l’actualité du monde, au Moyen Orient ou ailleurs, chaque jour nous fournit notre ration d’horreurs causées par les guerres religieuses des temps modernes.

       Avouer mon malaise sur un tel sujet sensible, oui, mais dire aussi quel gâchis !

       Est-ce que véritablement la défense de cette cause ne pouvait pas trouver son chemin dans le message de l’Evangile ?

Jean Pierre Renaud

Réflexions sur les sociétés coloniales- Conclusion-Deuxième Partie

Réflexions sur les sociétés coloniales

Conclusion sur la problématique des sociétés coloniales françaises

Deuxième partie

La première partie a été publiée sur le blog du 10 mai 2013  (définition du concept, les scènes, le scénario, la politique coloniale (début))

Les indications techniques du scénario

      Le scénario reposait sur plusieurs indications techniques, une administration coloniale de type napoléonien dotée de tous les pouvoirs, l’obligation pour les nouvelles colonies de financer elles-mêmes leur développement, un statut des indigènes standard afin de simplifier et de faciliter la gestion des nouveaux territoires, un régime douanier protectionniste.

       Première indication technique, une administration coloniale de type despotique : les gouverneurs généraux disposaient quasiment de tous les pouvoirs, étant donné qu’il leur appartenait de faire application ou non, sur leur territoire, des lois ou décrets applicables en métropole.

    La France avait créé de toutes pièces une administration coloniale calquée sur l’administration française avec un découpage en colonies et en cercles. Au fur et à mesure des années, l’appareil administratif des fédérations et des colonies devint de plus en plus bureaucratique, alors que le maillage de l’administration de brousse était assez léger.

     A Paris, le ministère des Colonies ne fut jamais un ministère convoité, et la mobilité ou l’instabilité des gouvernements de la Troisième République, de l’ordre de six mois en moyenne,  laissait encore plus d’initiative et de pouvoir aux gouverneurs,   de véritables proconsuls de la République.

     Le pouvoir colonial : certains diraient, mais de façon un peu caricaturale, que l’administration coloniale fonctionnait comme une administration de type dictatorial, au mieux despotique, mais selon les territoires, les époques, et les hommes, la situation concrète était bien différente.

       Il serait possible d’avancer avec la même assurance que, dans beaucoup de cas de figure, l’irruption de l’administration coloniale n’a pas changé grand-chose dans le fonctionnement de la plupart des sociétés locales.

     La problématique du pouvoir a suivi plusieurs sortes de chemins, le premier, géographique, pour simplifier, de la côte vers l’hinterland,  le deuxième chronologique, le choc de la colonisation diffusant ses effets en suivant la courbe de la chronologie, et le troisième, celui de l’acculturation progressive et partielle de la population, très majoritairement dans les nouvelles villes, posant un défi de plus en plus grand à une soi-disant  politique d’assimilation qui ne trouvait pas son compte civique dans le Code de l’Indigénat.

      Deuxième indication technique, celle déjà rappelée du financement des colonies, avec la loi du 3 avril 1900, et un concours zéro de la métropole, sauf à garantir des emprunts.

     Indiquons que sur ce plan, la France imitait ce que faisait la Grande Bretagne dans son empire, mais les ressources des colonies anglaises n’avaient pas grand-chose à voir avec les françaises.

     Troisième indication technique, le Code de l’Indigénat

    S’il est vrai que le Code de l’Indigénat donnait à l’administration coloniale un outil de maintien de l’ordre public facile, il n’avait pas toujours une rudesse différente de celle des mœurs de certaines sociétés locales, et il n’était pas l’outil de travail préféré de l’administration coloniale, sauf dans certaines circonstances telles que le travail forcé local pour de bonnes (corvées) ou mauvaises raisons (portage, recrutement pour les plantations de Côte d’Ivoire ou de Madagascar par exemple…).

     La définition qu’en propose le « Dictionnaire de la colonisation française » (page 367) a un côté surréaliste par rapport au « moment colonial » et à la diversité des « situations » coloniales :

    « Connu sous le nom du Code de l’Indigénat, c’est un ensemble juridique et réglementaire répressif à l’encontre des seuls indigènes appliqué par l’administration en violation du principe fondamental de séparation des pouvoirs. Il prévoit des sanctions collectives, autre violation des principes du droit métropolitain. Il a symbolisé l’arbitraire le plus total »

     Le même dictionnaire précise qu’en Indochine, il a été supprimé en 1903, et assoupli, en Afrique noire, en 1938.

     En face du Code de l’Indigénat, l’administration coloniale mettait en œuvre, autant que possible, et pour autant qu’elle les connaisse, les coutumes, c’est-à-dire un droit coutumier qui variait selon les territoires et leurs peuples, qu’elle s’efforçait de respecter, sorte de contrepoids, que beaucoup de chercheurs feignent d’ignorer.

     La pratique concrète du pouvoir n’avait donc pas toujours le caractère « répressif » décrit plus haut.

     La référence au principe fondamental de la séparation des pouvoirs mériterait à elle seule un commentaire, alors que dans la France d’aujourd’hui, il a encore bien de la peine à être garanti.

     Un premier exemple pour aider à comprendre le type de problématique que rencontrait l’administration coloniale : l’ancien administrateur  Delavignette racontait qu’en Haute Volta (Burkina Fasso), il avait fait mettre en prison un homme qui avait tué sa femme. A sa libération, et de retour dans son village, l’intéressé revint remercier Delavignette en lui apportant un cadeau pour l’avoir si bien traité pendant ses années de prison.

     De façon plus subtile, le maintien du Code de l’Indigénat était non seulement un élément de l’ordre public, mais avant tout de l’ordre social, c’est-à-dire d’une ségrégation des droits qui existait entre les indigènes et les Français, notamment dans les villes qui comptaient le plus d’acculturés.

     Il symbolisait l’échec d’une politique coloniale incapable d’ouvrir la voie de la citoyenneté aux nouveaux « lettrés », et c’est sur ce terrain que la légitimité ou non de ce code est la plus critiquable, car elle méconnaissait les promesses démagogiques de la France, en même temps qu’elle rendait de plus en plus difficile l’association des nouveaux lettrés à la gestion  de leur pays, et c’est toute la question du truchement colonial dont l’importance a trop souvent été ignorée.

     Omnipotence du pouvoir colonial mais très souvent contrebalancée par celui du truchement indigène, du rôle des « lettrés » dans le fonctionnement concret du pouvoir colonial.

II – Les autres acteurs de la scène coloniale

      Henri Brunschwig observait la montée inexorable des lettrés en Afrique noire.

     Nous avons évoqué cet aspect important des institutions coloniales, en posant entre autres la question : qui manipule qui dans la société coloniale ? Des types de manipulation qui évoluaient en fonction des chronologies diverses de l’acculturation des territoires.

     Quels étaient les véritables acteurs du théâtre colonial, la société indigène ou la société européenne ?

     Comme nous l’avons déjà noté, l’administration coloniale fut pendant longtemps un acteur clé de la scène coloniale, disputant ou partageant ses pouvoirs avec les intérêts économiques locaux, lorsqu’ils commencèrent à exister dans les colonies qui disposaient d’atouts économiques et d’accès géographique facile.

     Les sociétés coloniales d’origine européenne furent peu nombreuses, hors Algérie, comme nous l’avons déjà dit, et elles étaient avant tout urbaines, et très « passantes », fondamentalement différentes de la société métropolitaine, même si elles ressemblaient souvent étrangement dans la construction de leurs lieux de vie, et dans la vie quotidienne elle-même, à celle de nos villes de province, à la différence près, capitale pour beaucoup de ses membres, souvent des « petits blancs », celle d’une sorte de conscience de nouvelle classe sociale supérieure à celle des indigènes que contribuait à favoriser effectivement le statut juridique auquel ils étaient soumis.

    C’est une des raisons qui expliquait pourquoi un indigène, soldat ou étudiant, venu en France, n’y ressentait pas le rapport de ségrégation qu’il connaissait en Côte d’Ivoire, au Soudan, à Madagascar, ou en Indochine.

     Les sociétés coloniales d’origine européenne constituaient souvent des sortes de kystes sociaux en bordure des sociétés indigènes démographiquement dominantes, et les sociétés coloniales d’origine européenne de la brousse étaient souvent réduites à leur plus simple expression : l’administrateur colonial, avec ou sans épouse, le médecin militaire avec ou sans épouse, le gendarme, le garagiste quand il y en avait un, éventuellement un commerçant d’origine étrangère.

     Le dernier roman de Paule Constant, « C’est fort la France ! », dont l’histoire se déroule après la deuxième guerre mondiale dans le cercle de Batouri, au Cameroun, donne une assez bonne image de ce type de société coloniale de brousse.

     Scènes variées à l’infini, avec des sociétés d’origine européenne souffrant en règle générale de deux faiblesses initiales, mais durables, l’hostilité des climats et l’absence de communications.

     La brousse fut longtemps un monde hostile aux blancs, et ce n’est pas par hasard que les européens s’installèrent et s’agglutinèrent sur les côtes et dans les nouvelles villes que la colonisation  y fit naître.

     En 1914, les grandes villes de l’Afrique de l’Ouest que nous connaissons, Dakar, Conakry, Abidjan, ou Lomé étaient à peine sorties de terre, pour ne pas citer des villes de l’hinterland qui ressemblaient à peine aux bourgs de nos campagnes les plus délaissées.

    En 1930, et à Madagascar, il n’était possible de rejoindre l’île que par bateau, et après un voyage de l’ordre de trente jours. Les européens, mais surtout les femmes européennes y vivaient avec la conscience d’être coupées du monde, dans une sorte de vase clos.

     Au cours de la première phase, les officiers et les aventuriers ont joué le premier rôle, mais rien n’aurait déjà été possible sans le concours des tirailleurs, des interprètes, de certains chefs de village ou de rois locaux, dans un climat d’insécurité publique généralisée qui favorisait l’intrusion française dans ces nouveaux territoires.

   Dans les phases suivantes, l’administration coloniale étendit son pouvoir dans tous les secteurs d’activité, mais en se gardant bien de toucher aux coutumes locales, lorsqu’elles étaient compatibles avec la conception du droit français, notamment en matière de droit criminel.

    Le plus souvent, c’est d’ailleurs cette administration, coloniale qui dans beaucoup des colonies fut à l’origine de la création des premiers grands équipements économiques, et ne trouva le concours d’un capitalisme national ou international que dans les colonies qui disposaient d’atouts économiques, comme ce fut le cas en Indochine, ou de possibilités de développement de cultures tropicales, en Guinée, Côte d’Ivoire, ou Madagascar.

    Les chercheurs spécialistes pourraient sans doute apporter toutes précisions utiles sur les grandeurs économiques, notamment capitalistiques, qui ont sous-tendu aux différentes époques citées les fameuses sociétés coloniales, et éclairer le rôle des pôles de développement capitalistique chers à François Perroux, lorsqu’ils ont existé.

    L’ouvrage collectif intitulé « L’esprit économique impérial » n’a pas apporté la preuve que « l’esprit économique impérial » des entreprises françaises ait beaucoup soufflé dans la plupart des colonies, et se soit donc traduit en termes de résultats de développement économique et d’investissement.

     Comme je l’ai indiqué dans un commentaire de lecture joint en annexe, les analyses qui y sont généralement présentées souffrent le plus souvent d’un manque d’analyse macroéconomique dans un domaine qui appellerait effectivement des évaluations, des comparaisons entre grandeurs financières ou économiques, entre petits ou grands agrégats.

    A lire ce pavé rédactionnel, on en tire la conclusion que l’impérialisme français n’a généralement pas été convaincant, sauf dans une colonie privilégiée, l’Indochine, anglaise.

L’impérialisme français serait donc à ranger, pour ceux qui en défendraient l’existence et l’efficacité coloniale, au rang des mythes comme ceux que l’économiste Bairoch a analysés dans le livre « Mythes et paradigmes de l’histoire économique »

      Deux types de sociétés coloniales coexistaient, l’européenne concentrée dans les villes, et très diffuse en brousse, avec le maillage toujours présent d’un commerce de traite, et les sociétés indigènes elles-mêmes, la composante de plus en plus importante des lettrés ou des évolués devenant au fur et à mesure des années, le véritable truchement de la colonisation.

    Dans l’ensemble des colonies et sur toute la période coloniale, il convient de considérer que les véritables acteurs de la scène coloniale ont été les « lettrés », les « évolués », qu’ils appartiennent à l’administration coloniale au sens le plus large, de l’armée à l’enseignement ou à la santé, les membres des églises, les anciens chefs ou nouveaux chefs  des territoires coloniaux, et les employés des entreprises privées.

Ce sont ces « évolués » qui ont assumé le changement colonial au fur et à mesure de leur croissance dans les sociétés coloniales.

      Dans le Togo des années 1950, avant l’indépendance, peuples du nord et peuples du sud faisaient le grand écart.

    Au nord vivaient côte à côte des peuples nus, animistes, et des peuples habillés, musulmans, les Tchokossis, qui se rencontraient par exemple à l’occasion du marché de Sansanné-Mango, ce qui ne voulait pas dire que les Gam-Gam ou les Tamberna ne disposaient pas de leurs propres codes religieux et sociaux, en juxtaposition de l’ordre public colonial et des codes religieux de l’ethnie dominante, les Tchokossis.

     Cette dernière ethnie comptait déjà une petite minorité de lettrés, mais il fallait aller sur la côte pour y trouver la grande majorité d’entre eux, mais à l’évidence, les uns et les autres ne vivaient pas dans le même monde.

     Au fur et à mesure des années, et surtout à partir des années 1920, les effectifs de lettrés grossirent, comme nous l’avons vu dans le cas de Madagascar, mais l’Indochine disposait incontestablement d’une élite autochtone qui ne trouva pas dans la politique française l’issue politique à laquelle elle avait droit, soit l’assimilation, soit l’association à une gestion des affaires de la colonie, précédant l’autonomie et l’indépendance.

     Rappelons que dans les années 1940,  Madagascar comptait de l’ordre de 300 000 personnes acculturées, avec environ et seulement 2 000 malgaches ayant accédé à la citoyenneté française

     Henri Brunschwig avait écrit qu’il n’y aurait jamais eu de colonies si le télégraphe n’avait pas existé, et pourquoi ne pas le paraphraser en écrivant qu’il n’y aurait jamais eu de colonisation sans le concours d’un truchement autochtone.

III – Echec ou succès pour la pièce coloniale ?

     S’il s’agissait de projeter dans les colonies un modèle de la société française dans les colonies, l’échec fut patent, tant pour les sociétés coloniales d’origine européenne le plus souvent réduites à singer celles de métropole, dans ses personnages les plus balzaciens, que pour les sociétés autochtones, dans leurs éléments « évolués » de plus en plus nombreux, que le pouvoir colonial refusait d’associer à la gestion de leurs territoires sur un pied d’égalité.

       Les sociétés coloniales d’origine européenne, dans leur composition et leur mode de vie, n’étaient pas de nature à diffuser en dehors des centres urbains où elle était concentrée la modernité qu’elle croyait et disait représenter ou incarner.

     A la réserve près de la sorte de modèle urbain qu’elles avaient contribué à créer et qui pouvait être regardé comme l’exemple de ce qu’il était possible de généraliser ailleurs, avec sa palette d’équipements de voirie, de santé, d’écoles, et de distribution d’eau et d’électricité.

Les évolués de plus en plus nombreux venaient en effet s’agglutiner dans les villes nouvellement créées, et occuper les emplois très divers que la colonisation politique ou économique avait suscités.

      C’est peut-être ce mouvement d’urbanisation qui a été un des facteurs les plus importants du changement colonial.

      Dans chaque « situation coloniale », la France jouait une pièce différente avec des acteurs différents, mais avec toutefois quelques éléments communs, sorte de décor standard pour toutes les colonies : une ségrégation territoriale de fait dans les villes, des sociétés coloniales européennes urbaines, sortes de kystes coloniaux, avec à leurs côtés, la ou les sociétés autochtones de la brousse, les véritables infrastructures coloniales, et au- dessus, la superstructure bureaucratique européenne qui donnait l’illusion de la modernité coloniale.

    Les véritables sources de rupture des systèmes des croyances et des pouvoirs autochtones, de leur ouverture aux  échanges et à la découverte du monde extérieur, reposèrent avant tout sur la création de voies de communications modernes qui n’existaient dans aucune de ces colonies.

      Autre source de rupture capitale, l’établissement de la paix publique dans les colonies, une paix publique qui n’existait pas dans la plupart de ces territoires !

     En gros, le scénario de l’ordre colonial, d’une paix publique rétablie dans l’ensemble des territoires a en effet plutôt bien fonctionné en Afrique et à Madagascar jusqu’en 1939, un ordre colonial servi par la mise en place de superstructures bureaucratiques, des formes d’Etats qui ne furent réputés nationaux qu’après les indépendances.

      Le scénario de l’assimilation, de l’accession des évolués à la citoyenneté, fut dès le départ un échec.

     La colonisation mit en route un processus d’acculturation et d’ouverture au monde extérieur facilité par la réalisation de grands équipements de communication, par un ensemble d’actions de santé publique, de scolarisation, de socialisation, de développement économique, mais ce furent les sociétés indigènes qui accompagnèrent et soutinrent le mouvement, beaucoup plus que les sociétés d’origine européenne.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Les nouveaux héros de la politique française: après DSK, Cahuzac, et Guéant, à qui le tour? Quels modèles pour la jeunesse de France!

  Comment les jeunes préfectoraux, et tous les autres jeunes qui croient encore servir l’intérêt général, ne ressentiraient-ils pas du dégoût face au spectacle lamentable que propose l’ancien préfet, secrétaire général de l’Elysée, puis ministre ?

            Vraiment, du fricot haut de gamme !

            Et quelle image d’une haute fonction publique prête à tout pour faire du fric ! Hier préfet ou ministre, et aujourd’hui l’avocat d’une Françafrique qu’on croyait moribonde !

            Un mélange des genres encore trop présent dans une partie du « microcosme » parisien si bien décrit par les enquêtes d’’Ariane Chemin dans le journal Le Monde ! C’est fou ce que dans ce milieu on sait, ou se tenir par la barbichette, ou se passer le sel et le poivre !

            L’exemple de ce préfet « exemplaire » est tout de même encourageant pour les jeunes que les concours de l’ENA rebutent un peu, à voir la belle carrière argentée qui est promise au fils chanceux de cet ancien grand notable de la droite « sarkozyenne » !

Jean Pierre Renaud, ancien haut fonctionnaire

Humeur Tique: L’image d’une France dérisoire face au nouvel empire de Chine. Guéant France 2 et Chine sur Arte

Humeur Tique : L’image d’une France dérisoire face au nouvel empire de Chine !

Une soirée ordinaire, le 30 avril 2013, au journal du soir de France 2, un ancien préfet, et sur Arte, le documentaire de Jean-Michel Carré « Chine, le nouvel empire »

                Au journal de 20 heures, les explications entourloupées  et dérisoires de l’ancien Préfet, ancien ministre, et ancien secrétaire général de l’Elysée sur la provenance d’argent liquide venant d’une vente de tableaux… et l’ancien « filleul » de son ancien grand « parrain » Pasqua de dénoncer la violation du secret de l’instruction, la plus hypocrite foutaise de notre droit.

            De l’argent noir, il y en a toujours eu dans les services de police, et à une époque ancienne, il y avait dans les hautes sphères des dits services, trois sortes de primes, les officielles, déclarées, les officieuses, alimentées par les fonds secrets (2002, la suppression Jospin), et les clandestines dont il serait sans doute intéressant de connaître la source.               

            Existeraient-elles encore ?

            L’ancien préfet aurait mis la main ou les deux mains dans les pots de confiture ?

            Le même soir, Sur Arte, un documentaire historique tout à fait intéressant sur l’histoire de la Chine qu’une grande partie de notre élite semble découvrir de nos jours.

            Il est difficile en voyant ces foules innombrables, graves ou joyeuses, le développement sidérant des villes « multimillionnaires » de Chine, de cette nouvelle puissance du monde, de ne pas être saisi de vertige.

            Il serait bon que nos dirigeants, chaque matin, en se levant, aient cette vision du monde à l’esprit !

           Comme l’indiquait d’ailleurs cet intellectuel chinois, la Chine n’aura même plus besoin d’affronter l’ennemi extérieur traditionnel, étant donné l’écart de puissance qui existera bientôt avec toutes les autres puissances de ce monde.

            Sauf si l’empire de Chine renouait un jour avec son grand passé de luttes internes impériales, avec la naissance de nouveaux « royaumes combattants » idéologiques !

« Les immigrés stimulent la croissance » ? Enjeux Les Echos avril 2013

L’immigration non européenne vue par le journal Les Echos : une comparaison pertinente des valeurs économiques ?

La chronique appropriée d’une étude économétrique ?

Enjeux Les Echos n° 299 Avril 2013 (pages 66 à 69)

« LES IMMIGRES

STIMULENT

LA CROISSANCE »

            En bas de page 66, la chronique est ainsi présentée :

            « L’immigration légale revient au Parlement le 17 avril. Un débat qui promet d’être houleux. Enjeux l’amorce avec les réactions de l’UMP, du FN et du PS à une étude exclusive sur la contribution des migrants à la croissance. »

            Citation : « Cet article propose un évaluation quantitative des interactions entre, d’une part, le produit intérieur brut (PIB) par habitant et le taux de chômage et d’autre part, l’immigration permanente en France métropolitaine, sur la période 1994-2008. » Hippolyte d’Albis, Ekrame Boubtane et Dramane Coulibaly voudraient clore une polémique qui dure depuis des années : l’immigration a-t-elle ou non un effet positif sur la croissance et les Français ? »

            Les données exploitées sont les titres de séjour de plus d’un an accordés entre 1994 et 2008 aux étrangers en provenance de pays non-européens.

           A la page 67, un graphique chronologique (1994-2008) des titres de séjour en distinguant les trois catégories, pour motif de travail, de regroupement familial, ou autre, et à droite, la suite du commentaire.

           Les données : entre 1994 et 1996, moins de 60 000 titres de séjour par année, dont moins de 30 000 pour regroupement familial ; de 1997 à 2000, le nombre des titres de séjour augmente chaque année, passant de 80 000 à 100 000, avec une progression parallèle du regroupement familial, et à partir de 2000, la courbe vogue vers les 150 000 par an entre 2002 et 2008, dont plus de la moitié  est dûe au regroupement familial, de l’ordre de 80 000 à 90 000.

           La page 68 est consacrée à la suite du commentaire de la même analyse, avec un encart intitulé :

 « Peut-on mesurer l’impact de l’immigration sur les comptes sociaux ?

           La dernière et quatrième page est consacrée aux réactions des trois représentants des mouvements politiques cités plus haut, avec un petit espace de fin de commentaire.

Discussion

          Expédions tout d’abord ces réactions politiques qui se sont naturellement contentées de donner un point de vue général sur le sujet, et abordons le sujet au fond.

          Indiquons par ailleurs que la chronique fait l’impasse sur le taux de chômage évoqué dans la citation du début.

          Première remarque relative au graphique des cartes de séjour : le commentaire :

         « La première (catégorie)  concerne les migrants qui se sont vus accorder un titre de séjour d’au moins un an pour motif de travail, soit 4 300  à 20 800 titres par an, et 7,6% en moyenne du total des titres délivrés, des hommes en grande majorité (68%). »

         Le graphique fait ressortir les statistiques par année en les échelonnant par strate de 30 000 unités, soit de 0 à 180 000.

         Le problème est qu’il est impossible, même en prenant son double-décimètre, de trouver les chiffres même moyens de 4 300 titres : au cours des années 1994 – 2 000, la moyenne a été plutôt de 35 000 à 40 000.

         Comment ne pas remarquer aussi que le nombre des titres de séjour pour regroupement familial a doublé à partir des années 2000, et que leur effet en valeur ajoutée mériterait d’être démontré ? Evidemment différent de celui des titres de séjour pour motif de travail, avec des effets collatéraux évalués en termes de logement, de scolarisation, de santé, de sécurité, notamment dans les quartiers sensibles, etc… ?

         Deuxième remarque relative au contenu de l’encart intitulé « Peut-on mesurer l’impact de l’immigration sur les comptes sociaux ? »

          Le texte évoque deux études dont le sens est opposé, la première, en 2004, du professeur Bichot, chiffrant à « 8 milliards le coût annuel net de l’immigration pour le système français de protection sociale », la deuxième, en 2010, de MM Chojnicki et Ragot, montrant que « la contribution nette globale de l’immigration au budget des administrations publiques serait positive et de l’ordre de 3,9 milliards pour l’année 2005. »

          Il est difficile de conclure, sauf à penser que l’incidence de ces chiffres sur les PIB examinés par les auteurs de l’analyse sur laquelle le journal s’appuie, a bien entendu, été prise en compte, s’agissant du contenu du PIB.

         Troisième remarque relative à l’effet calculé de l’immigration non européenne sur le PIB de la France, je cite :

       « En clair, cela signifie que pour la période considérée (1994-2005), lorsque le taux de migration (nombre de migrants rapporté à la population totale) augmente de 1%, alors le PIB par habitant augmentait lui d’environ 5 euros par personne et par an. A l’unité, cette somme peut sembler faible, mais multipliée par les 67 millions d’habitants de l’Hexagone, on obtient un gain de 300 millions d’euros. »(page 68)

         1° – Faible, certainement, pour ne pas dire non significatif compte tenu des rapports entre agrégats : 300 millions par rapport à un PIB de 1 718 000 millions en 2005, ou en considérant, par exemple, que de 2 005 à 2 006, la progression du PIB a été de 4,3% entre 2004 et 2 005, soit 4,7%, soit 80 746 millions, c’est-à-dire, 300 par rapport à 80 746 millions ?

         2° – Comment faire état de l’augmentation de 1% du taux de migration, alors que le graphique de la page 67 fait état de variations de ce taux entre 1994 et 2005 qui contredisent ce chiffre ?

        Les chiffres des titres de séjour qui figurent à la page 67 n’apportent pas la démonstration du commentaire : prenons les années 2000 et 2001, les titres de séjour passent en gros de 90 000 à 115 000, soit + 25 000 sur une population française de l’ordre de 60 000 000, soit un rapport infinitésimal que les modèles économétriques réussissent à capter ?

        Avec de tels calculs, la polémique est loin d’être close, sauf si le résumé de cette thèse optimiste ne correspond pas à son contenu.

        Est-il donc bien sérieux d’afficher le titre en question : « Les immigrés stimulent la croissance » ?

Jean Pierre Renaud

Indépendance de la Justice: Qui sait quoi? Il faut rattacher la Police Judiciaire à l’autorité judiciaire

Une information multiforme ! Qui sait quoi ? Les gouvernements, les journalistes, ou les juges ?

Toujours les mêmes rideaux de fumée !

En France et à Paris, peut-on faire confiance à l’indépendance de la Justice ? Sans que la Police Judiciaire relève de l’autorité judiciaire ?

            Il y a quelques années un ministre socialiste de l’Intérieur, plutôt sectaire, se félicitait d’avoir mis fin au système des notes blanches venues d’un service de police, ni vues, ni connues, destinées à informer les ministres de toutes les situations ou incidents de la vie privée, les plus croustillants si possible, du microcosme parisien, en vue de nourrir la curiosité ou les idées d’initiatives des plus hautes autorités de l’Etat.

            Il n’est pas démontré que ce système aurait évité au pays les affaires les plus récentes, telle que celle de DSK, et aujourd’hui, celle de Cahuzac, mais les services de police du ministère de l’Intérieur disposent toujours de multiples sources d’information nationale et internationale, et dans le cas particulier de la Police Judiciaire, il existe un risque permanent de mélange des genres.

            Les sources politiques sont au moins aussi importantes que par le passé, et il suffit de lire dans le journal La Croix du 5 avril 2013, page 4, l’article intitulé « Un rapport accuse le renseignement intérieur d’entraver la justice », le service mis en cause étant la Direction centrale du renseignement intérieur, lequel service sait évidemment beaucoup de choses.

            Il n’y aurait donc plus de RG en France ? Et le pouvoir politique ou tous ceux qui gravitent au sein des lieux du vrai pouvoir n’auraient plus accès à certaines informations ? Il n’y a pas si longtemps, il s’agissait de la corruption politique par la voie des marchés publics, et de nos jours, il s’agit de montages beaucoup plus sophistiqués encore, par le biais de pays étrangers.

            Il ne faut pas avoir trop d’illusions à ce sujet et croire qu’on empêchera un jour les gens de pouvoir, politique ou économique, d’avoir accès à des informations ignorées du bon peuple, mais il est un domaine au moins où il est possible de mieux verrouiller les processus de l’information, la judiciaire.

           A la suite des affaires récentes, le pouvoir politique a déclaré haut et fort qu’il avait respecté l’indépendance de la Justice et qu’il allait proposer de nouvelles mesures législatives pour la renforcer.

            Nous verrons bien ce qu’il en est en ce qui concerne les autorités judiciaires, notamment l’indépendance du Parquet, mais pourquoi ne pas mettre fin à une autre hypocrisie liée à l’organisation des institutions, c’est-à-dire le rattachement de la Police Judiciaire au ministère de l’Intérieur ? Un rattachement dont la légitimité démocratique est régulièrement évoqué depuis des lustres, sans que rien ne soit fait !           

             A qui fera-t-on croire que dans la capitale, et sans doute aussi en province, avec ou sans notes blanches, les fonctionnaires de police n’informent pas leur hiérarchie du résultat de leurs enquêtes sur les affaires les plus sensibles, c’est-à-dire aussi le Préfet de Police, et naturellement le Cabinet du ministre de l’Intérieur ?

Les mœurs auraient changé à ce point, et les hauts fonctionnaires seraient devenus par un coup de baguette magique des petits saints ?

Avec l’affaire Cahuzac, et afin de lever tout soupçon de mélange des genres entre l’autorité politique et l’autorité judiciaire, il convient donc d’aller jusqu’au bout du raisonnement au moins dans un cas essentiel, c’est à dire rattacher la Police Judiciaire à l’autorité judiciaire.

Jean Pierre Renaud

Droit de vote des étrangers? Pour ou Contre ?

Droit de vote des étrangers ? Pour ou Contre ?

Suffrage universel ou communautaire ?

Comment éclairer notre route ?

            Dans son programme, le candidat Hollande a inscrit l’attribution du droit de vote aux étrangers (hors Union Européenne) résidant en France depuis plus de cinq ans, pour les élections municipales. Le Parti Socialiste vient de relancer le débat.

            Il n’est pas interdit d’examiner les arguments qui sont le plus souvent avancés sur un sujet aussi sensible.

            Les socialistes répètent à l’envi que Mitterrand avait déjà inscrit cette proposition dans ses engagements de campagne pour l’élection présidentielle de 1981, une promesse qu’il n’a pas tenue.

            Il est possible de remarquer qu’entre 1981 et 2013, la situation démographique de la France a beaucoup changé du fait de l’immigration, et que certains départements ou communes comptent un nombre important, soit de citoyens français d’origine étrangère, soit d’étrangers en séjour régulier et résidant en France depuis plus de cinq ans.

            Il est évident que ce dossier ne peut être examiné sans transparence et sans affichage des statistiques du corps électoral nécessaires pour mesurer les effets éventuels d’une telle mesure.

Quid des conséquences de cet élargissement du corps électoral sur le résultat des élections ?

Autre argument, les socialistes répètent que ce type de mesure permettra un mieux vivre ensemble,  donc de lutter contre le communautarisme,mais comment la République fera en sorte que, dans telle ou telle commune, où le nombre des étrangers est important, par exemple en banlieue parisienne, ou dans des départements comme Mayotte ou la Guyane, les membres de cette ou de ces communautés ne proposent pas de voter pour une liste de candidats appartenant à une communauté, avec une possibilité de sièges, et de toute façon, d’arbitrage des élections municipales ?

La restriction légale, proposée, qui les priverait du droit de pouvoir accéder aux fonctions de maire ou d’adjoint, ne parait pas suffisante pour éviter une dérive communautaire de ces élections.

Cette proposition fait d’ailleurs l’impasse sur les statistiques encore tabou des citoyens qui ont la double nationalité, alors que la connaissance de ce type de données serait utile également pour pouvoir apprécier les tenants et aboutissants d’un tel élargissement des droits politiques.

Motif supplémentaire pour mettre sur la table, commune par commune, toutes statistiques utiles à une meilleure connaissance du sujet et des effets d’une telle proposition.

Avant toute décision, les Préfets devraient être invités à réunir ces éléments statistiques dans les communes importantes où l’effectif des habitants et des résidents d’origine étrangère est important, et les publier.

Les services préfectoraux ont une longue expérience de la prévision plus ou moins fiable des scrutins électoraux, mais ici leur travail sera plus facile puisqu’il ne  s’agit pas de prévision, mais de récolte des chiffres commune par commune, avec l’affichage des résultats.

Sans disposer de tous ces éléments de connaissance et d’appréciation du dossier, dont disposent peut-être déjà le gouvernement ou le Parlement, une telle mesure parait encore prématurée.

L’idée de faire participer les résidents étrangers de plus de cinq ans payant leurs impôts aux élections municipales est sans doute une idée novatrice et intéressante, mais encore faut-il avoir toutes les informations  utiles avant d’élargir le corps électoral.

Pourquoi ne pas expérimenter une solution intermédiaire qui donnerait à ces nouveaux électeurs la possibilité d’élire un conseil des résidents étrangers, avec avis de consultation obligatoire sur les ordres du jour du conseil municipal, avis obligatoirement communiqué à ce conseil municipal avant de passer à l’ordre du jour ?

Sur des sujets institutionnels aussi complexes, pourquoi ne pas expérimenter avant d’aller plus loin ? Et avant toute chose, connaître les enjeux statistiques du choix qui pourrait être fait.

Jean Pierre Renaud