« Français et Africains? » Un livre de Frederick Cooper, avec Catherine Simon, dans Le Monde, sous le titre  » Citoyens de deuxième zone: le cas africain »

A propos du livre de M.Frederick Cooper intitulé « Français et Africains ?
Etre citoyen au temps de la décolonisation »
et de la critique élogieuse de la journaliste du Monde Catherine Simon,dans le journal Le Monde des 25 et 26 décembre 2014, page 23.
Titre de l’article : « Citoyens de deuxième zone : le cas africain »
« Entre 1945 et 1960, le concept de « citoyenneté » a été au cœur des questions qui agitaient les élites de l’Afrique coloniale française. Un passionnant essai de Frederick Cooper les met en lumière »

En marge : « La plupart des représentants africains n’étaient pas des nationalistes et moins encore, des indépendantistes (ou des révolutionnaires). Les débats n’en furent pas moins vifs et douloureux »

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Avec en ombre chinoise et contraire, la thèse de Mme Huillery sur le même territoire, d’après laquelle, l’homme blanc aurait été le fardeau de l’homme noir en Afrique Occidentale Française.

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La journaliste conclut sa lecture ainsi :

« Récit magistral, Français et africains ? met en lumière, comme rarement, les acteurs africains de notre histoire française. »

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Après avoir lu cet ouvrage, je serais tenté d’écrire :
« Citoyens de deuxième zone : le cas africain »
Ou Français, nouveaux citoyens de deuxième zone en Europe ?

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Comme je l’ai fait longuement sur ce blog pour l’analyse critique d’un ouvrage du même auteur intitulé « Le colonialisme en question », je me propose d’annoter ce livre et de publier ma propre lecture critique d’ici quelques mois, mais le contenu du texte même de l’éloge Simon suscite d’ores et déjà quelques réflexions de cadrage de cet objet d’histoire.

Première remarque : la question de citoyenneté fit débat, bien avant 1945, peut-être plus d’ailleurs dans les colonies, et plus particulièrement chez leurs « évolués », alors qu’en métropole, le même débat n’intéressait qu’un petit nombre de spécialistes du monde politique ou économique.

Comment dissocier en effet ce concept de citoyenneté avec celui d’assimilation, une ambition coloniale ambiguë que la France n’a jamais été capable de mettre en œuvre dans ses colonies, tellement cette ambition était éloignée de toute réalité coloniale et métropolitaine ?

Il s’agissait donc d’un vieux débat, d’un très vieux débat !

Deuxième remarque : les élites africaines, mais il serait plus juste d’écrire les minorités d’ « évolués » d’Afrique noire, n’ont été, sauf exception, ni nationalistes, ni indépendantistes, ni révolutionnaires.

Pourquoi cette absence de revendication ? Très sommairement, on pourrait répondre, par absence de sentiment national dans des colonies caractérisées encore par un patchwork religieux et culturel que la colonisation n’avait pas encore réussi à unifier en profondeur.

Avant même que le Mali ne devienne indépendant, est-ce que Modibo Keita n’avait pas déjà compris que seule la solution du parti unique apportait la garantie de survie d’un Etat qui n’était pas national, en tout cas pas encore.

Quelle conception de la citoyenneté avait donc M.Modibo Keita, et quelques-uns de ses collègues qui se sont empressés de gouverner avec des partis uniques : une citoyenneté de quelle zone, première ou seconde zone ?

Troisième remarque : à l’arrière- plan ou au premier plan de la discussion constitutionnelle et juridique qui a occupé des parlementaires ou conseillers de la métropole, avec en face d’eux, les parlementaires africains les plus « évolués » qu’étaient Senghor ou Houphouët- Boigny, il y avait au moins deux revendications qui faisaient problème, une représentation au sein des institutions de la République Française qui ne fasse pas de la France « la colonie de ses colonies », l’expression qu’avait utilisée le Président Herriot, d’une part, et d’autre part le coût financier pour la métropole d’une égalité sociale, c’est-à-dire des avantages sociaux, accordée aux nouveaux citoyens de l’Union Française.

Rappelons que le général de Gaulle avait utilisé le même type d’argument en ce qui concerne l’intégration de l’Algérie dans les institutions françaises.

Le problème du coût – Une deuxième revendication portait tout autant, sinon plus, sur les droits sociaux, avec l’incidence très lourde que la satisfaction d’une telle revendication avait sur les finances de la France, donc une solution impossible à mettre en œuvre.

Le groupe des « évolués », partisan de cette égalité sociale, exerçait une pression d’autant plus forte qu’il était constitué majoritairement de fonctionnaires et de salariés qui bénéficiaient déjà d’avantages sociaux, une minorité au sein des populations locales, notamment au Sénégal, terrain d’analyse privilégié par M.Cooper.

Quatrième remarque : la phrase « quand les premières fissures apparurent dans l’édifice impérial de la France », ne correspond pas plus aux réalités historiques de l’époque coloniale.

J’ai par exemple souvenir d’un texte de l’africaniste Delafosse où ce dernier, dans les années 1900-1920, évoquant un attentat qui venait de se produire en Indochine, ne cachait pas qu’il pourrait y en avoir un jour dans d’autres colonies.

Pour ne citer qu’un autre exemple, mais ils seraient nombreux, le gouverneur général d’Indochine Varenne évoquait déjà, et bien avant 1945, les perspectives d’évolution de l’Empire qui n’étaient pas obligatoirement celles de l’assimilation et de la citoyenneté.

Cinquième remarque : qu’entendait-on par « citoyenneté » ?

Est-ce que l’appellation de « citoyen de seconde zone » est appropriée pour caractériser l’analyse juridique et historique que propose l’historien ?

Rien n’est moins sûr, car sa démonstration vise à faire apparaître la complexité du débat constitutionnel engagé en 1945, avec une superposition et une juxtaposition de statuts politiques ou personnels qui rendaient quasiment toute solution standard et cohérente impossible.

Sixième remarque : cette analyse de type historique fait quasiment l’impasse sur l’histoire de la France, avant et après 1945, et sur l’histoire des sociétés coloniales de l’Afrique de l’ouest, une fois la conquête à peu près achevée.

Septième et dernière remarque : l’ouvrage de M.Cooper fait une impasse complète sur le volet des relations économiques et financières entre l’Afrique noire et la France, ce qui est bien dommage.

Pourquoi ne pas penser en effet, et c’est tout le sens de la critique que j’ai faite de la thèse Huillery sur ce blog, que la balance financière entre l’Afrique noire et la France n’était pas si mauvaise ou détestable pour les Africains, puisque les nouveaux dirigeants de ces pays auraient bien voulu continuer, comme avant, avec cette fois tous les droits et avantages de la citoyenneté politique et sociale.

Pour en terminer provisoirement avec cette première lecture, il conviendra de répondre à quatre questions :

La première : Africains de seconde zone ou Français de seconde zone en Europe ? Compte tenu du gouffre qui séparait les niveaux de vie de la métropole et de l’AOF, puisqu’il s’agissait d’abord de cela, même après le désastre que fut la Deuxième Guerre mondiale pour le pays.

La deuxième : la thèse de Frederick Cooper d’après laquelle les deux partenaires de cette négociation, Africains et Français, auraient eu le choix des solutions constitutionnelles et institutionnelles, est-elle pertinente sur le plan historique ?

La troisième : dans quel registre d’histoire s’inscrit ce type d’analyse, histoire centrée ou décentrée, histoire globale ou sectorielle, connectée ou déconnectée …, pour user de termes aujourd’hui à la mode ?

La quatrième : est-ce qu’en 1945, la situation d’une France détruite et ruinée par la guerre n’attestait pas du fait que ce type de débat passait largement au- dessus des préoccupations des Français ?

Nous poserons en définitive la question de savoir s’il ne s’agit pas d’une histoire hors sol, hors temps historique, c’est-à-dire d’une histoire insuffisamment « connectée ».

Jean Pierre Renaud

Esclavage et colonisation, mémoire ou histoire, pourquoi ne pas tout mélanger?

Esclavage et colonisation, mémoire ou histoire, pourquoi ne pas tout mélanger ?

Réparations et repentance ?

Les pérégrinations du roi Hollande dans les Caraïbes, ses multiples déclarations, associées au remue-ménage causé par la réforme du collège sur les programmes d’histoire ont une fois de plus provoqué beaucoup de réactions dans les milieux politiques, médiatiques, et intellectuels.

Guillaume Goubert dans la Croix du 12 mai 2015, intitulait son éditorial :

« Repentance et fierté

Les examens de conscience sur la colonisation ou la traite négrière suscitent de vives réactions »

De son côté, Le Monde du 14 mai 2015, publiait une chronique relative à la réforme du programme du collège (page 7), avec un premier article, « Le programme d’histoire idéal n’existe pas » et un deuxième article, « Des historiens dénoncent lacunes et manque de cohérence », dans lequel le journal donnait la parole à M.Nora, lequel déclarait :

« Il faudrait faire en sorte que « les enfants de France aient de bonnes raisons de se sentir français », plaide-t-il, en déplorant « un penchant à l’exagération dans le masochisme national et colonial. »

Puis à M. Winorcka en rappelant sa mise en garde, dans le Journal du Dimanche, contre le risque de transformer l’histoire en morale. « Indigènes de la République, Vendéens, anciens combattants, Arméniens, descendants d’esclaves… tous ces groupes revendiquent leur place dans l’histoire. Le danger est de transformer l’histoire en histoire des victimes. »

Evoquons successivement les deux sujets de l’esclavage et de la colonisation.

Les esclavages, au pluriel

M.Hollande a été inaugurer un musée sur l’esclavage en Guadeloupe. Très bien ! Mais qu’il le veuille ou non, ou le souhaite-il peut-être, cette commémoration faite à coup de grosses trompettes, pourrait laisser croire aux ignorants, que la France a joué un rôle majeur dans la traite des esclaves des Caraïbes et des côtes américaines, en faisant l’impasse sur les traites de marque anglo-saxonne beaucoup plus importantes.

Une France toujours au premier rang pour commémorer les destinées tragiques de toutes les victimes, la seule à l’assumer, dans le cas des Caraïbes ?

L’histoire ferait ainsi l’impasse sur tous les autres flux de la traite négrière, ceux dirigés vers les pays de l’est arabe et musulman, et en premier lieu sur ceux qui ont nourri ce trafic humain, c’est-à-dire ceux d’origine africaine elle-même ?

Il n’est pas besoin d’avoir beaucoup lu de récits sur l’état du continent africain, notamment dans ses territoires de l’ouest pour savoir que beaucoup de ses émirs, Almamy, et rois, avaient l’habitude de procéder souvent à des razzias d’esclaves destinés à alimenter leurs armées, leur cour, ou la traite négrière elle-même.

Pourquoi ne pas rappeler qu’à la fin du dix-neuvième siècle, et pour la seule Afrique de l’Ouest, devenue « provisoirement » française, les Almamy Samory et Ahmadou, ainsi que le roi Béhanzin d’Abomey, étaient des esclavagistes, ce dernier, à quelques encablures du fameux port de Ouidah, commémoré de nos jours comme un des hauts lieux de mémoire de l’esclavage ?

Pourquoi ne pas rappeler aussi qu’une fois les conquêtes faites, la France a supprimé l’esclavage qui sévissait dans ses nouvelles colonies, dans des conditions qui n’ont pas toujours été satisfaisantes, compte tenu de toutes les difficultés d’application de ces mesures, liées à la fois à la culture des sociétés africaines et à leur pauvreté ?

Qui, en France, de nos jours sait par exemple, que c’est Gallieni qui a supprimé en 1896 l’esclavage à Madagascar ?

Alors, oui, il est nécessaire de rappeler la mémoire de cette traite abominable, mais en ne laissant pas dans l’ombre, les responsabilités des différents « partenaires », au risque de laisser croire, peut-être à juste titre, que derrière ce débat se cache l’épineuse et insoluble question des réparations financières, doublée d’une sempiternelle demande d’assistance que justifierait ce passé.

Lors de son passage en Guadeloupe, le Président a tenu des propos fort imprudents en ce qui concerne un vieux contentieux avec Haïti, qu’il a d’ailleurs aussitôt démenti en faisant une escale dans cette île.

Rappelons le compte rendu qu’en a fait le journal Le Monde, le 12 mai 2015, dans l’article intitulé : « Hollande aux Antilles, c’est Noël en mai »

Le 14 mai, le même journal titrait en première page « Haïti – Hollande reconnait la « dette morale » de la France », mais le compte-rendu du même journal notait « Des propos du chef de l’Etat avaient laissé espérer aux Haïtiens des réparations financières »

« Des manifestants affichaient une pancarte indiquant leurs exigences : « Argent oui, morale non »,

Le journal intitulait d’ailleurs une partie de sa chronique :

« Gaffe d’envergure »

Le journal Ouest France du 12 mai 2015, proposait sa lecture de l’escale du Président à Cuba (page 2) :

« Sauf qu’en réalité, personne n’a attendu le conquistador Hollande, escorté par sept ministres et une escouade de dirigeants d’entreprises (Accor, GDG Suez…), François Hollande est donc plutôt en mission de rattrapage. Il n’empêche, sa prétention à damer le pion aux Occidentaux agace : « Cuba c’est un très petit marché. Un pays de 11,5 millions d’habitants, la moitié de l’Ohio » minorait, hier, à Paris, Stefen Selig, le sous- secrétaire d’Etat américain au commerce. »

Colonisation et repentance

Il s’agit très largement d’un débat « pourri » pour tout un ensemble de raisons, avec au moins quatre principales :

Première raison principale : l’histoire de l’Algérie, avec la ou les mémoires de la guerre d’Algérie !

A lire ou à écouter certains historiens, intellectuels, ou politiques, l’histoire de la colonisation se résumerait à celle de l’Algérie, et encore plus à celle de la guerre d’Algérie.

Un historien de l’Algérie, aujourd’hui très bien en cour, développe ce type de discours ambigu.

Une nouvelle propagande qui pourrait laisser croire que dans cette guerre, tout était noir du côté français, et tout était blanc du côté rebelle, que les « saloperies », pour ne pas dire les crimes de guerre, n’ont été commises que dans un camp, ce qui est évidemment faux.

Pour avoir servi la France en Algérie, comme officier du contingent dans les SAS, je regrette depuis longtemps que les Accords d’Evian qui ont scellé l’indépendance de l’Algérie aient stipulé que toutes les exactions commises pendant ce conflit seraient amnistiées.

A la vérité, des crimes de guerre ont été commis dans les deux camps et si ladite repentance devait se manifester elle devrait l’être par tous ceux qui, au service de la France, ou au service du FLN, en ont été les auteurs.

Beaucoup de ceux qui ont servi la France en Algérie n’ont pas commis de crime de guerre, le seul crime dont il serait possible de les accuser est celui d’avoir servi la France.

En serait-il de même dans l’autre camp avec les attentats et l’assassinat en particulier des membres du MNA, les vendettas de clans, ou enfin l’assassinat de nos harkis ?

Deuxième raison principale, et en dépit de ceux ou celles qui racontent, le plus souvent « d’en haut » (autre façon d’exprimer l’ethnocentrisme blanc), avec un parti pris idéologique ou politique, et au dire des « témoins » dits d’« en bas », la colonisation n’a pas non plus été, ou tout noire, ou tout blanche, mais mélangée, mixte, avec des ombres mais aussi des lumières.

Je ne citerai à ce sujet que le seul témoignage d’Hampâté Bâ, ce grand lettré d’une Afrique occidentale, anciennement française :

« Une entreprise de colonisation n’est jamais une entreprise philanthropique, sinon en paroles… Mais, comme il est dit dans le conte Kaïdara, toute chose a nécessairement une face diurne et une face nocturne. Rien, en ce bas monde, n’est jamais mauvais de A jusqu’à Z et la colonisation eut aussi des aspects positifs, qui ne nous étaient peut-être pas destinés à l’origine mais dont nous avons hérité et qu’il nous appartient d’utiliser au mieux. Parmi eux, je citerai surtout l’héritage de la langue du colonisateur en tant qu’instrument précieux de communication entre ethnies qui ne parlaient pas la même langue et moyen d’ouverture sur le monde extérieur – à condition de ne pas laisser mourir les langues locales, qui sont le véhicule de notre culture et de notre identité. » (« Amkoullel, l’enfant peul » Babel, page 492).

En ce qui concerne l’analyse récente des problématiques de citoyenneté par Frederick Cooper, un historien « d’en haut », parce qu’appartenant au monde occidental, tend à démontrer qu’en 1945, les « évolués », politiques ou syndicalistes du monde africain aspiraient à la citoyenneté française, en dépit de tous les « méfaits » de la colonisation.

Il est notoire qu’avant, mais tardivement, surtout après les indépendances, les intellectuels des nouveaux Etats d’Afrique noire se sont efforcés, avec plus ou moins de succès, d’écrire ou de réécrire leur roman national, à l’exemple de ce que la France a su faire pour son propre roman national, mais avec beaucoup plus de difficulté dans les contrées où la source principale des histoires ou de l’histoire reposait sur les épaules des griots, c’est-à-dire des traditions orales.

Troisième raison principale, une ignorance béante de l’histoire coloniale aussi bien de la part des citoyens de la plupart des anciens pays colonisés, de leurs descendants en France, que des Français eux-mêmes !

C’est la raison pour laquelle il est possible de nos jours de dire ou d’écrire n’importe quoi, et cette ignorance fait le lit d’une nouvelle propagande postcoloniale qui est d’autant plus efficace qu’elle nourrit le cahier de doléances permamentes de certains partis politiques de métropole ou d’outre-mer.

Un ou plusieurs courants de chercheurs, plus ou moins pertinents, avec l’appui d’intellectuels ou de politiques, surfent de nos jours sur la mauvaise conscience, un humanitarisme sympathique qui est venu fort opportunément se substituer au marxisme, des adeptes affichés ou clandestins de la fameuse repentance nationale.

Ils feraient bien d’aller porter la bonne parole dans le monde anglo-saxon, russe, ou chinois…

Quatrième raison principale : des enjeux électoraux ou financiers trop souvent cachés, aussi bien dans nos outre-mer actuels que dans certaines banlieues françaises.

A lire les journaux ou à regarder la télévision, le dernier voyage du Président Hollande a été un modèle de propagande électorale, déjà pour 2017, mais ses prédécesseurs ne faisaient pas mal non plus dans le genre.

Les électeurs auraient sans doute été intéressés par un reportage circonstancié et fouillé sur les paradis fiscaux et mondains de certains outre-mer français, entre autres ceux des îles Saint Martin et Saint Barthélemy, « Saint Barth » pour les intimes !

Ajoutons qu’à l’arrière-plan de beaucoup de revendications « hallucinées », se profilent souvent des questions de gros sous, et en ce qui concerne certains acteurs des outre-mer français anciens, une demande d’assistance permanente qui trouverait sa justification dans les péchés coloniaux de la France.

Jean Pierre Renaud

Quel pastis autour du programme d’histoire des collèges!

Quel pastis autour du programme d’histoire des collèges !

Il est vivement recommandé à tous les beaux esprits, animés le plus souvent d’arrière-pensées idéologiques, politiques, et au mieux humanitaires, de se remettre en mémoire historique quelques éléments d’information.

Pourquoi ne pas rappeler qu’en ce qui concerne les durées, la durée du « colonialisme » fut relativement courte, de l’ordre de 50 à 80 ans, par rapport à la longue histoire de la France et de l’Afrique ?

Dans Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) Tome VII « L’Afrique sous domination coloniale », 1880-1935, l’historien ghanéen A.Adu Boahen utilisait le mot d’interlude :

« En conclusion donc, bien que le colonialisme ait été sans aucun doute un simple chapitre dans une longue histoire, un épisode ou un interlude (1) dans les expériences multiples des peuples d’Afrique, qui n’a duré nulle part plus de quatre-vingt ans, il s’est agi d’une phase extrêmement importante du point de vue politique, économique, et même social. Il a marqué une nette coupure dans l’histoire de l’Afrique ; le développement ultérieur de celle-ci, et donc de son histoire, a été et continuera à être très influencé par l’impact du colonialisme. Il prendra un cours différent de celui qu’il aurait suivi si cet interlude n’avait pas existé. » (page 864)

Ne serait-il pas utile aussi de relire un des passages du livre d’Herbert Lüthy (2) dans « A l’heure du clocher » pour remettre à l’heure les pendules historiques et mémorielles d’une France qui n’a jamais été aussi « colonialiste » qu’aujourd’hui, aux dires des thuriféraires de cette nouvelle propagande postcoloniale :

« Telle était à peu près le rôle de l’Empire dans l’historiographie populaire : une agitation obscurément suspecte dans l’arrière-boutique de la république. Le peuple n’avait rien à voir avec ces machinations du Comité des Forges, de la Haute Finance, des Congrégations et de la caste militaire, enragés à reconstruire outre-mer les bastilles qu’il avait rasées dans la mère patrie. » (page 141)

J’ajouterai à cette liste la franc-maçonnerie.

  1. (1) Au Petit Robert 1973 : interlude, « Petit intermède dans un programme dramatique… courte pièce exécutée entre deux autres plus importantes.
  2. Herbert Lüthy, journaliste suisse, séjourna à Paris entre 1946 et 1958

Jean Pierre Renaud

Eglises, homosexualité, tohu-bohu, silence

Eglises, homosexualité, tohu-bohu, silence

Après les vociférations, un silence assourdissant !

Où sont Mme Barjot, les cathos grand teint, la droite, l’UMP qui hurlaient au scandale et manifestaient bruyamment dans la rue au moment de l’examen de la loi dite « du mariage pour tous » ?

Quel silence alors que l’Eglise protestante unie de France vient de décider qu’il serait possible dorénavant de pratiquer une bénédiction liturgique pour les couples mariés de même sexe !

Comment interpréter cette absence de réaction, bien suspecte à vrai dire, à moins que ce ne soit la preuve que les manifestations n’étaient une fois de plus, que de la manipulation malsaine ?

Pomme acide

Le Synode de la famille ou le langage de vérité dans la Croix. Langage de vérité en France?

Le Synode de la famille ou le langage de la vérité !
Dans le journal la Croix
Langage de vérité en France ?

A la lecture des témoignages ou contributions que le journal a publiés en vue du Synode de la famille, je suis très frappé par le langage de vérité que tiennent les lectrices et les lecteurs sur l’Église concrète, familiale, celle du terrain, évidemment assez loin des doctrines de l’Église officielle : sur les familles recomposées, le divorce, l’homosexualité, le rôle des femmes pour ne pas dire leur mission…en résumé l’église du siècle.

Il est tout à fait heureux que le pape François ait libéré la parole des fidèles, mais il ne faudrait pas que l’immense espérance de renouveau qu’a fait naître le Synode ne se retrouve perdue dans les caves du Vatican.

Le journal s’honore de donner la parole à tous ces fidèles qui ne craignent pas d’exprimer avec franchise leur opinion et leur désir de changement, c’est-à-dire de renouveau.

Le pays s’honorerait à imiter un tel exemple, parce qu’une grande partie de nos problèmes nationaux ont pour origine ce refus de voir en face les grandes vérités de la France.

Dire la vérité aux Françaises et aux Français, sans tabou de la parole et de la pensée, sans craindre de soulever le couvercle du « nouveau bien penser » qui consiste à dénoncer et monter en épingle n’importe quelle dérive dite de discrimination, ou d’anti – quoique ce soit.

Il est aujourd’hui interdit de dire ou d’écrire dans notre pays que notre paix civile dépend plus qu’avant de ce qui se passe en Israël et à Gaza, que la France n’est plus en état d’absorber pour le moment n’importe quels flux d’immigration, sauf à ajouter aux risques déjà actuels de fragilité sociale et publique, en particulier dans certaines de nos agglomérations, de dire la vérité sur la composition démographique actuelle du pays, sauf à voir certains groupes de pression aussitôt dénoncer une forme de racisme, tout en protestant contre des discriminations par définition non mesurables et non mesurées, de publier les statistiques de double nationalité, alors qu’à l’évidence les risques nouveaux d’insécurité sont liés à cette situation de bi-nationalité, etc, etc…

Dire la vérité aux Français et aux Françaises , c’est également leur dire que les destinées du pays sont étroitement liées à celles d’une Union européenne qu’il convient de renforcer, leur dire que la France doit avoir le courage de faire l’inventaire des faiblesses et des atouts de sa « puissance » politique, économique et culturelle dans le monde actuel, parce qu’il faut que nos gouvernements arrêtent de laisser croire qu’elle peut rivaliser, dans tous les domaines, avec les superpuissances de la planète, d’autant plus qu’un retournement de conjoncture monétaire internationale aurait vite fait de faire de la France une deuxième Grèce.

Etat des lieux de tous nos archaïsmes, celui du mille-feuille des structures politiques, celui des corps intermédiaires, économiques ou syndicaux qui ont souvent des positions rétrogrades, celui du gaspillage des milliards des fonds de formation dont une des fonctions est d’entretenir le fonctionnement de leurs structures, etc, etc…,…

Dire la vérité du monde actuel et à venir, et c’est encore beaucoup plus important, sur l’évolution de la démographie mondiale, avec tout à la fois ses atouts et ses dangers, à voir ce qui se passe sur certains continents, sur la résurgence des guerres de religion, vraies ou fausses, et enfin sur l’enjeu majeur du réchauffement climatique.

Pourquoi ne pas suggérer enfin, afin de mieux assurer la paix civile de la planète, en le rajeunissant, le recours à un des outils anciens des organisations internationales, la SDN et l’ONU, c’est-à-dire le mandat de gouvernance confié à un Etat voisin, lorsqu’il est justifié par un grave désordre de guerre civile dans un pays ?

Jean Pierre Renaud, le 19 avril 2015

Le livre « Les empires coloniaux » Chapitre 9 « Conflits, réformes et décolonisation » de Frederick Cooper – Epilogue

Le livre « Les empires coloniaux »

Sous la direction de Pierre Singaravélou

Lecture critique 6

 Suite et fin

Chapitre 9

« Conflits, réformes et décolonisation »

La situation impériale mise en cause

Frederick Cooper

En épilogue

       Comme je l’ai déjà signalé sur ce blog, j’ai l’intention de publier une analyse critique du livre que le même historien vient de publier sous le titre «  Français et Africains ? ».

       En « appetizer » historique, et pour oser l’expression, j’écrirais volontiers que dès son prologue et son introduction, l’auteur propose quelques-unes des clés qui permettent de situer les ambitions d’un ouvrage très fouillé sur l’histoire constitutionnelle et politique de la décolonisation française en Afrique noire, car il s’agit d’abord des relations politiques entre la France et  l’Afrique noire, souvent réduite d’ailleurs à l’expression géographique et politique du Sénégal et de l’Afrique Occidentale Française (AOF

      L’auteur note dès le départ d’une riche et longue analyse : « Ceci est un livre sur la politique » (p,9) en distinguant l’aspect interactif, conflictuel, ou de compromis, et l’aspect conceptuel des mots citoyenneté, nation, empire, Etat, souveraineté, un sens qui soulève incontestablement de redoutables problèmes d’acception, pour ne pas dire de compréhension, ou tout simplement d’application concrète, selon les moments coloniaux et les sociétés coloniales en question.

          Dans sa conclusion, l’’auteur pose la question centrale qui fonde la thèse politique ou historique qu’il défend à savoir :

« Comment expliquer que les dirigeants ambitieux et intelligents de la France européenne et de la France africaine se soient retrouvés en 1960 avec une forme d’organisation politique –l’Etat-nation territorial – que peu d’entre eux avaient recherchée et que tous, sauf la Guinée avaient rejetée en 1958 ? …

Si l’on croit dès le départ au grand récit de la transition globale à long terme, de l’Empire vers l’Etat-nation, on peut aussi bien passer à côté de la question (cidessus) qui ouvre ce paragraphe. » (p,446)

        Est-ce qu’il pouvait en être autrement entre la France et ses anciennes colonies, alors que les dirigeants africains d’une partie seulement de l’ancien empire, demandaient à la France de résoudre la quadrature du cercle coloniale ?

         La France regardait ailleurs, de Gaulle y compris.

         Est-ce qu’il existait un autre choix, ou les jeux étaient-ils déjà faits depuis longtemps ?

Nous verrons ce qu’il convient de penser de ce type de thèse dans l’exercice de lecture critique que nous publierons après l’été 2015, mais nous proposerons avant juillet une première réaction d’écriture sur l’article tout à fait élogieux qu’a publiée sur ce livre Catherine Simon dans le journal Le Monde des 25 et 26    décembre 2014.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

« Les difficiles sorties d’empire » de Bertrand Badie, La Croix du 16/03/15

« Les difficiles sorties d’empire » de Bertrand Badie, dans « Autrement dit » du journal la Croix, le 16 mars 2015

Une pertinence scientifique ?

          Je cite le début de ce texte :

              « L’histoire des relations internationales a été profondément marquée, notamment en Europe, par une difficile conversion des empires d’hier en Etats d’aujourd’hui. Le système « westphalien »  gage de notre modernité internationale, a fait des Etats nations souverains, sanglés dans leurs frontières, l’unité irréductible du puzzle mondial : il s’est imposé en réduisant l’Empire germanique. Les résurgences impériales et la persistance des vieux empires ont retardé cette carte parfaitement westphalienne qui semblait enfin consacrée en 1989, avec la fin de l’empire soviétique. Et pourtant, quand cet ordre allait pleinement gagner, il affichait encore son ambiguïté »

                 Autant le texte ci-dessus appelant en témoin historique le « système « westphalien » dont seuls les initiés connaissent la nature, la souveraineté externe et interne d’un Etat, conjuguée avec un équilibre des puissances qui n’a jamais véritablement existé, autant l’analyse qui suit sur les empires chinois, russe, ottoman, américain et sur les traces qu’ils ont laissé dans le présent international éclaire le débat actuel entre les nations, sinon d’empires qui ne disent par leur nom.

          Et pour évoquer ceux que dans nos pays, nous appelons volontiers les empires coloniaux, en faisant l’impasse sur tous les autres cités, l’auteur pose la question :

           «  La France n’a-t-elle pas les yeux et la mémoire d’un empire colonial défunt lorsqu’elle se penche sur ses anciennes possessions africaines en parlant pudiquement de ses « responsabilités particulières » et en intervenant avec une retenue modérée dans leurs affaires intérieures, Et que dire de l’éternel Empire russe ou du traditionnel « Empire américain » ?

         Est-ce que la comparaison des trois cas sur le même plan est pertinente ?

     Pourquoi l’’intervention de l’armée française au Mali a été interprétée par certains commentateurs comme l’ingérence de l’ancienne puissance coloniale dans les affaires du Mali, ou par d’autres, à voir les images de l’arrivée des troupes françaises comme une sorte de remake de l’arrivée des troupes américaines en France en 1944, dans des échelles tout à fait différentes, mais comparables en raison des différences d’échelles entre les moyens de la France et ceux du Mali ?

         D’autres diront que l’Internationale socialiste, sinon les liens de la franc-maçonnerie ont à nouveau fonctionné entre la France et l’Afrique, pour ne pas dire un volet de la Françafrique.

         Comment ne pas s’interroger sur le contenu de la question posée « La France n’a-t-elle pas les yeux et la mémoire d’un empire colonial défunt… » : qui en France a ces yeux et cette mémoire, sinon la petite minorité d’une élite politique qui rêve encore du passé de la France, et qui poursuit ses rêves d’une grandeur qu’elle n’a plus les moyens de soutenir ?

         S’agit-il seulement de l’opinion d’un éminent professeur ou de la conclusion d’une enquête de mémoire à laquelle il aurait été sérieusement procédé ?

          Je conclurai, en demandant une fois de plus, que cette « mémoire », qui a, mon avis, n’existe pas, sauf dans la tête de certains de nos dirigeants ou de chercheurs, fasse l’objet d’une évaluation statistique sérieuse.

Jean Pierre Renaud

Le rugby, entre Clausewitz et Sun Tzu, entre choc des armées et contournement ?

Réflexions d’un ancien sportif, amateur aussi de stratégie

          Pour avoir beaucoup pratiqué des sports très variés, les principaux étant le foot et le tennis, et pour avoir, il y a quelques années beaucoup travaillé sur le thème des stratégies directes et indirectes, je suis toujours très frappé par la façon dont on joue encore au rugby.

            Je regarde souvent les grands  matchs de rugby, et j’apprécie le talent, le courage, et l’énergie dont font preuve le plus souvent nos joueurs de rugby, tout en trouvant, et je n’ai pas changé d’opinion à ce sujet, que c’est trop souvent un sport de « brutes ».

            Pourquoi ce qualificatif ?

            Parce que de façon dominante, les rugbymen recherchent le choc physique, l’affrontement direct plutôt que le contournement, la passe au-dessus ou à côté, sur les ailes, c’est-à-dire l’indirect.

                L’impression, pas obligatoirement anachronique, qu’au rugby, on rejoue toujours Iéna, Verdun, ou Stalingrad !

        Samedi 21 mars 2015, il s’agissait d’un match important des Six Nations, entre l’Angleterre et la France, et je n’ai point vu de différence capitale entre les deux manières de jouer des Anglais et des Français, alors que les Anglais ont toujours su beaucoup mieux utiliser le style indirect  (l’appellation militaire) pour  atteindre leurs objectifs.

         Avec la montée en puissance de la Chine sur tous les terrains du sport, il est possible qu’au fur et à mesure des années et de l’intérêt que la Chine pourrait porter au rugby, elle conduise ses adversaires à modifier leur stratégie, donc à moins compter sur l’effet du choc physique, compte tenu de ses traditions culturelles de l’indirect.

        Jean Pierre Renaud

Empires coloniaux France Grande Bretagne: réactions de lecteurs ou lectrices ?

Empires coloniaux France Grande Bretagne: les comparaisons historiques sur mon blog;

Qu’en pensent lecteurs ou lectrices,assez nombreux qui les ont consultées? Je n’en sais rien, car je n’ai enregistré aucune réaction positive ou négative.

J’avais fait le même constat en ce qui concerne mes chroniques consultées plus de deux mille fois sur les « sociétés coloniales »

De la part d’un chercheur « franc-tireur »

Empires coloniaux France Grande Bretagne: réactions de lecteurs ou lectrices Angleterre: réaction

Empires coloniaux France Grande Bretagne: les comparaisons historiques sur mon blog;

Qu’en pensent lecteurs ou lectrices,assez nombreux qui les ont consultées? Je n’en sais rien, car je n’ai enregistré aucune réaction positive ou négative.

J’avais fait le même constat en ce qui concerne mes chroniques consultées plus de deux mille fois sur les « sociétés coloniales »

De la part d’un chercheur « franc-tireur »