Lettre aux Français et aux Françaises qui n’ont pas encore compris ce qui était en jeu !

  Après le Bataclan, Toulouse, Nice, Marseille, l’assassinat du père Hamel et celui du colonel Beltrame, pourquoi ne pas comprendre que le radicalisme islamiste, la terreur qu’il tente de propager, prospère chez nous grâce à notre sacro-saint état de droit qui protège les terroristes, leur donne une tribune médiatique de propagande, nous coûte cher, et oublie toutes les victimes ?

             Il y a le terreau de la subversion postcoloniale qu’il convient de dénoncer, celui des adeptes d’un communautarisme officiel ou masqué, associé à une détestation affichée ou cachée de l’ordre républicain et de son passé, un terreau qui favorise le développement des plantes vénéneuses, les terroristes islamistes ou leurs alliés, et il convient donc d’éradiquer ces plantes vénéneuses.

             Deux questions doivent être posées : est-ce que la justice militaire ne serait pas la mieux placée pour étouffer cette propagande gratuite que nous offrons aux terroristes théocratiques, archaïques et barbares, et à leurs soutiens ?

          Les terroristes encore vivants devraient d’ailleurs avoir le courage de revendiquer la compétence de la justice militaire puisqu’ils ont choisi d’être les ennemis de la France.

            Est-ce qu’il ne serait pas urgent de revoir les conditions d’attribution et de fonctionnement du droit de la bi-nationalité, un droit  qui favorise à l’évidence la radicalisation islamique, avec son double ou triple-jeu ?

            Sur fond de laxisme, d’aveuglement ou de connivence des autorités publiques !

Jean Pierre et Marie Christine Renaud

Pour la plus large diffusion

Lettre aux Français et aux Françaises qui n’ont pas encore compris ce qui était en jeu !

Après le Bataclan, Toulouse, Nice, Marseille, l’assassinat du père Hamel et celui du colonel Beltrame, pourquoi ne pas comprendre que le radicalisme islamiste, la terreur qu’il tente de propager, prospère chez nous grâce à notre sacro-saint état de droit qui protège les terroristes, leur donne une tribune médiatique de propagande, nous coûte cher, et oublie toutes les victimes ?

             Il y a le terreau de la subversion postcoloniale qu’il convient de dénoncer, celui des adeptes d’un communautarisme officiel ou masqué, associé à une détestation affichée ou cachée de l’ordre républicain et de son passé, un terreau qui favorise le développement des plantes vénéneuses, les terroristes islamistes ou leurs alliés, et il convient donc d’éradiquer ces plantes vénéneuses.

             Deux questions doivent être posées : est-ce que la justice militaire ne serait pas la mieux placée pour étouffer cette propagande gratuite que nous offrons aux terroristes théocratiques, archaïques et barbares, et à leurs soutiens ?

          Les terroristes encore vivants devraient d’ailleurs avoir le courage de revendiquer la compétence de la justice militaire puisqu’ils ont choisi d’être les ennemis de la France.

            Est-ce qu’il ne serait pas urgent de revoir les conditions d’attribution et de fonctionnement du droit de la bi-nationalité, un droit  qui favorise à l’évidence la radicalisation islamique, avec son double ou triple-jeu ?

            Sur fond de laxisme, d’aveuglement ou de connivence des autorités publiques !

                                    Jean Pierre et Marie Christine Renaud

Pour la plus large diffusion

« L’Etat de droit » ? A qui profite le crime ?

  Nous vivons décidément dans un drôle de pays ! Les belles âmes sont toujours à la défense de notre état de droit, hommes et femmes politiques, ou représentants nombreux et actifs des groupes de pression corporatistes ou idéologiques… alors que ce fameux état de droit est de plus en plus au service des criminels et non des victimes, nos concitoyens ou notre collectivité nationale.

            Le cas du défenseur actuel des droits est le symbole de cette nouvelle perversion nationale. Dans un récent passé, il ne se déplaisait pas dans la corruption du système Chirac. En qualité de Garde des Sceaux, il n’éprouva aucun état d’âme (état de droit ?) pour envoyer un hélicoptère pécher le procureur de Paris dans l’Himalaya, dans une des nombreuses affaires Tiberi qui ont défrayé la chronique judiciaire, et pour cause de non droit.

            Il n’est pas besoin d’être un ancien conseiller de la cour de Cass ou un ancien professeur de droit pour estimer que l’état de droit actuel est à revoir complètement.

            Les surveillants de prison font la grève et défendent à juste titre la création d’établissements spécialisés pour les détenus radicalisés.

            Comment accepter que des citoyens qui ont pris les armes contre la France bénéficient du « confortable » état de droit dont bénéficient les criminels « ordinaires » ? Combien coûtent ces procédures en frais d’avocats et en frais de justice ? Combien coûtent les emprisonnements de ces détenus radicalisés dont les médias se font souvent et étrangement les défenseurs ?

       Les affaires Merah et Abdeslam, combien  coûtent-t-elles  à la France ?

       Combien coûtent au pays en monnaie sonnante et trébuchante, et en agressions morales, les violences constatées dans la plupart de nos manifestations, causées par des acteurs masqués et cagoulés ?

        Quand les médias vont-ils enfin nous éclairer sur les moyens de vivre de tous ces casseurs, zadistes ou non zadistes ? Qui les paye ?

       La France continuera-t-elle à encourager ces chienlits et à encourager la violence et à vouer les victimes au sacrifice ?

      Va-t-on enfin appeler un chat un chat, c’est-à-dire traiter purement et simplement les djihadistes comme des ennemis de notre pays, sur le terrain d’une justice militaire ?

Jean Pierre Renaud

Carnets Buron – 9 – 1962 – Evian

Carnets Buron – 9 – 1962 -Evian

« III

Entre les Rousses et Evian (p,236)

       Lundi 19 février, Paris 22 heures

        … A 11 heures, à Villacoublay, un aide de camp du chef de l’Etat nous attendait pour nous prier de nous rendre directement à l’Elysée.

       L’audience a  été brève, de courtoisie en quelque sorte. Les propos du Général peuvent se résumer ainsi :

      « Vous avez fait de votre mieux. Nous allons voir maintenant. En tout cas nous ne nous laisserons pas manœuvrer. S’il y a accrochage à Tripoli, eh bien nous publierons les textes, tous les textes. L’opinion internationale sera pour nous… et nous reprendrons le combat. Merci messieurs. »

     Mardi 20 février

       « Ce matin accueil amical au bureau national du MRP…J’ai brièvement exposé l’économie du système envisagé avec ses trois périodes :

      Transitoire, jusqu’à la proclamation du résultat du scrutin d’autodétermination, pendant laquelle la souveraineté française n’est pas discutée mais où coexistent un haut-commissaire, dépositaire des pouvoirs de la République et un Exécutif provisoire comprenant huit musulmans et trois européens.

      Probatoire durant les trois années qui suivent la proclamation de l’Indépendance (si telle est la solution qui prévaut). Pendant cette période les Français restant sur place doivent bénéficier d’un certain nombre de libertés dans le domaine politique, économique, social et financier. Ces avantages sont garantis indirectement  par les concours que la France apportera à l’Etat nouveau et dont en fait le montant peut varier selon les circonstances, et directement par la présence de troupes françaises sur le territoire jusqu’à l’expiration, du délai convenu.

        Définitive enfin, dans le cadre d’une coopération technique et financière normalement  avantageuse pour les deux parties…

        Mercredi 21 février

     « Le Conseil des ministres consacré aux pourparlers préalables des Rousses…

      Le chef de l’État, prenant acte de l’accord quasi-unanime du Conseil des ministres, remercie le ministre d’État et ses deux collègues ; « C’est dans cette voie qu’il faut donc continuer si, comme je le pense, en face on souhaite vraiment la paix… Quant à la France, il faudra qu’elle parle. Ces résultats auxquels nous aboutissons seront soumis à référendum et nous les ferons mettre en application qu’ensuite…(p,245)

        Lundi 5 mars

        C’est bien à Evian que vont reprendre les pourparlers, officiellement cette fois…

        J’ai grande crainte que sur de nombreux points la discussion soit à reprendre au départ, avec des hommes plus inquiets encore que nous ne l’avons perçu aux Rousses… cent quatre explosions ce matin à Alger et les manifestations les plus diverses : expulsion sous menace des journalistes italiens, incendie de la prison d’Oran, se succèdent à un rythme accéléré ;… (p,247)

IV

Les pourparlers d’Evian (p,248)

        Le 7 mars au soir

       … Ce premier contact – qui a duré de 11h15 jusqu’à 17h30…. m’a laissé l’impression d’un certain malaise de part et d’autre, plus accentué encore chez nos interlocuteurs. (p,249)

       … Le problème essentiel pour le FLN, c’est celui de la période transitoire, comme pouvait l’être pour nous les questions de nationalité et de garantie de la minorité lors de notre dernière rencontre.

             A quoi bon proclamer le cessez-le-feu si, dès l’arrêt des combats dans les djebels, la guerre civile se déchaîne dans les villes, si l’Exécutif provisoire est dépourvu d’autorité réelle, si l’Armée en définitive au lieu de soutenir ce dernier cède aux sollicitations des activistes européens ?

       Voilà la grande crainte exprimée ! ((p252)…       Commentaire : les deux délégations ont beaucoup de mal à s’entendre sur l’ensemble des questions déjà examinées aux Rousses, et je reviens spécialement sur les notes consacrées à l’amnistie :

          « Ce 16 mars au matin… Une fois encore, la bataille s’est déclenchée sur les fameuses annexes militaires que nous n’avions pas eu le temps de rédiger aux Rousses. Elle reprit ensuite à propos de l’amnistie dont nos interlocuteurs demandent que le bénéfice soit étendu aux français qui leur ont apporté leur aide, ce qu’il n’est pas question de leur accorder.

         il s’agit en effet de l’amnistie qui doit intervenir en Algérie dès le début de la période provisoire. Il est normal dans les circonstances où nous nous trouvons que les algériens qui ont combattu pour leur indépendance et ne se sont pas rendus coupables de crimes de sang puissent reprendre place dans l’Algérie nouvelle et participer au scrutin d’autodétermination. Le Gouvernement par contre garde son entière liberté de décision à l’égard des citoyens français nés et vivant en France qui ont transgressé les lois et règlements français…(p,262)

      Ce 18 mars

      « Et voilà ! Nous en avons terminé : nous avons apposé nos trois signatures en bas des 93 pages, fruit du travail de ces douze jours, face à celle de Krim Belkacem…

         J’ai pour ma part conscience d’avoir fait mon devoir au sens plein du mot mais je n’en éprouve aucune satisfaction véritable.

          Certes il fallait en finir ! Dans le climat d’horreur qui se généralise à Alger et Oran, il était nécessaire de tout faire pour utiliser la faible chance – mais la seule chance – que constitue la conclusion des pourparlers.

         Les jours qui viennent vont être des jours de folie et de sang. Les passions ne désarmeront pas parce que ma signature figure au bas d’un bien étrange document. Mais sans cet effort douloureux, pendant combien d’années encore le sang aurait-il continué à couler, quelles convulsions auraient connues la France… » (p,265)

        14 mai à Rocher Noir (à Alger)

        … Je ne sais pas jusqu’à quel point les choses vont aller dans les jours prochains, mais dès à présent il faut admettre que l’irréparable a été commis entre les deux communautés. La grande majorité des Français d’Algérie, sans chercher si elle est victime du FLN, de l’OAS, de la réaction contre l’OAS, du Gouvernement ou de l’évolution du monde est décidée au départ… » (p,266)

       Le 16 mai, 10 heures

     « Je viens en compagnie de mes quatre collègues MRP du Cabinet Pompidou, d’aller porter notre démission au chef de l’Etat.

       Etrange nuit que celle de notre délibération et de nos échanges téléphoniques avec le président de la République et le premier ministre. A aucun moment je n’ai eu vraiment la sensation de participer à l’action qui se jouait.

         Mes amis ne pensaient qu’à l’Europe, le général de Gaulle qu’à l’avenir  du régime.

       Pour ma part mon esprit était resté en Algérie. »  (p267)

&

Commentaire

        Les notes de Robert Buron permettent de vérifier que les négociations avec le FLN ont été conduites de bout en bout sur les instructions du général de Gaulle.

       A la date de ces accords, j’avais depuis longtemps fait mon deuil de mon séjour algérien : je me trouvais faire de la coopération à Madagascar, un pays que je découvrais, venu récemment à l’indépendance.

     Je constatais une fois de plus, qu’après le Togo, l’Algérie, Madagascar n’était pas non plus la France, et que la gestion politique du nouvel Etat laissait beaucoup à désirer.

        Je saisis donc la première occasion, le changement du régime de la coopération pour ne pas apposer ma signature sur le contrat qui m’était alors proposé,  pour revenir en France ! Je précise que ce contrat était très rémunérateur !

                Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Carnets Buron – 10 – Fin – Comment conclure ce texte ? … Avec Alice Zeniter ?

Carnets Buron – 10 – Fin

Comment conclure ce texte ?

Sans conclusion ?

Un vrai gâchis ?

Ou avec la conclusion d’Alice Zeniter ?

« Dans l’art de perdre, il n’est pas difficile de passer maître »

  Il se trouve qu’en même temps que je relisais les carnets de Robert Buron, j’ai eu connaissance de la publication du livre d’Alice Zeniter « L’art de perdre »

         Ce type d’histoire m’était familière et j’ai eu évidemment envie de lire ce livre qui nous projette au cœur de la tragédie algérienne pour tous ceux qui en Algérie ou en France en ont souffert dans leur chair, dans leur intelligence, dans leurs cœurs ; il y en a eu beaucoup dans les deux camps, mais je pense évidemment ici aux algériens et algériennes qui nous ont accompagnés dans la guerre d’Algérie, et que nous n’avons eu ni le courage, ni la loyauté de bien accueillir chez nous, avec leurs descendants.

       C’est l’histoire de la petite fille d’un homme qui avait choisi le camp de la France, et qui s’est trouvée à la fois coupée de ses racines et dans une sorte d’état d’ « entre-deux identitaire » en métropole.

       Son témoignage montre qu’entre l’Algérie et la France, certaines relations humaines sont encore imprégnées de haines recuites, sans espoir de pardon, d’oubli et de deuil.

       Il  est dommage que plusieurs dizaines d’années après l’indépendance de 1962, aujourd’hui 55 années, les pouvoirs constitués d’Algérie continuent à entretenir ce type de mémoire toxique, alors que des centaines de milliers d’algériens et d’algériennes sont venus dans notre pays depuis l’indépendance, venant d’un pays devenu indépendant, avant la deuxième guerre civile des années 1990, et encore après.

          Après un  voyage de découverte « rétroactive » du pays de sa famille, y avoir rencontré des gens ouverts ou fermés, elle en tire une conclusion qu’elle exprime dans le texte d’une poésie que lui a contée son ami Ifren, pour illustrer les désillusions de son voyage.

        Le contenu de cette poésie d’Elisabeth Bishop se situe au croisement de plusieurs chemins de vie, l’amour, la haine, le pardon, le désespoir, ou la lucidité : savoir perdre pour croire à la vie.

      « Elle rit parce que l’apparition de la poétesse américaine dans cette voiture qui longe la côte algérienne à  toute vitesse a quelque chose d’incongru. Ifren commence à réciter :

          « Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître,

            Tant de choses semblent si pleines d’envie,

            d’être perdues que leur perte n’est pas un désastre.

              Perds chaque jour quelque chose. L’affolement de perdre

              tes clés, accepte-le, et l’heure gâchée qui suit.

              Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître. »

              Puis entraîne-toi, va plus vite, il faut étendre

              Tes pertes : aux endroits, aux noms, au lieu où tu fis

               Le projet d’aller. Rien là qui soit un désastre.

               J’ai perdu la montre de ma mère. La dernière

               Ou l’avant-dernière de trois maisons aimées : partie !

               Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître.

               J’ai perdu deux villes, de jolies villes. Et plus vastes,

               Des royaumes que j’avais, deux rivières, tout un pays.

                Ils me manquent mais il n’y eut pas là de désastre.

                                                                                        Page 496

             A la lecture de ce roman de vraie vie, je vous avouerai que je l’ai de beaucoup préféré aux  deux romans qui ont récemment reçu le Goncourt, « L’art de la guerre » et « Le sermon sur la chute de Rome ».

           Ces  deux livres mettent, brillamment et littérairement, en scène des guerres « coloniales », sans en avoir fait l’expérience, pour autant d’ailleurs que l’on puisse classer la guerre d’Algérie dans cette catégorie.

               Avec une conclusion éclair et claire, 1) L’armée française qui a été la mienne en Algérie ne fut pas une armée « coloniale », 2)  En accordant l’amnistie à tous les crimes de guerre commis des deux côtés, pendant cette guerre, les Accords d’Evian ont laissé un poison mortel dans les relations entre la France et l’Algérie, et dans notre histoire commune. 3) le vœu qu’enfin le peuple d’Algérie apprenne aussi que «  Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître ».

     Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Carnets Buron – 5 – 1960-1961 « Avec ou malgré l’armée »

Carnets Buron – 5 – 1960-1961

II

AVEC OU MALGRE L’ARMEE

Janvier 1960- Mars 1961 (p,113)

 « Dimanche 31 janvier 1960

        Quelle semaine ! Elle m’a épuisé nerveusement et je reste incapable encore de discerner les sentiments qui dominent en moi. Ai-je été d’abord sensible au ton du discours qu’a prononcé le général de Gaulle vendredi aux conséquences heureuses qu’il achève d’avoir ? Suis-je surtout frappé, dix- huit mois après le 13 mai, par l’écart persistant entre les conceptions de la majorité des officiers généraux et supérieurs, de nombreux fonctionnaires et de plusieurs ministres d’une part et de celles du chef de l’Etat pour autant que je puisse être sûr de les connaître, ou celles – simpliste et claire – de l’opinion métropolitaine dans son ensemble ?

        L’abcès qui mûrissait depuis longtemps déjà parait avoir crevé… Il fallait inévitablement en arriver là !

       Sera-t-il vidé, nettoyé … et cicatrisera-t-il enfin ?

      Au fond de moi-même j’en doute. Je reste agacé ou déçu selon le cas, écœuré parfois de l’attitude adoptée par tant de responsables dans cette semaine douloureuse.

      Du côté des  militaires, si je ne suis pas surpris du rôle joué par le sympathique Gracieux, tenté violemment par l’aventure, retenu – faiblement sans doute – par la raison, sensible  à l’influence de ses officiers liés avec tous les comploteurs et les fascisants d’Alger… rôle qu’il va payer cher sans doute, je suis plus inquiet du comportement du général Challe….

      L’Armée dans son  ensemble – ce que l’on appelle ainsi tout au moins – s’est laissée convaincre par le général Ely de ne pas prendre parti publiquement, de ne pas se laisser entraîner à un « prociamento » dont nul général à l’heure actuelle, ne parait en mesure de prendre la tête. Les colonels les plus dynamiques semblent avoir pensé un moment que le général de Gaulle pourrait être contraint de céder à leur pression….

         Le contact que j’ai eu mardi soir avec les deux délégués des colonels au bord de la rébellion m’a éclairé puis exaspéré mais surtout attristé……

      «  Intervenez auprès du général pour qu’il parle, sinon d’intégration, du moins d’Algérie française, car s’il ne rassure pas tout de suite, nous ne répondons plus de rien. »… Les deux officiers estimèrent bientôt qu’ils perdaient leur temps en voulant me convaincre de plaider leur thèse auprès du général de Gaulle…

      Du côté des civils, bien des déceptions aussi !

      La masse est pour de Gaulle parce qu’elle « en a marre » comme beaucoup l’expriment crûment qui comptent sur lui pour éviter un casse-tête dans l’immédiat et se débarrasser d’un cauchemar à terme.

       Mais parmi l’élite, que d’hésitations, que de défaillances ! (p,116)

     Robert Buron passe alors en revue l’état d’esprit assez nuancé de ses collègues ministres, et quant au général : « Je l’ai trouvé aux Conseils de lundi et mercredi, abattu, marqué. En fait, il n’était pas préparé à l’évènement, il ne l’attendait pas.

      Il avait confiance, sinon dans l’Armée, du moins dans son autorité sur elle ; il lui a fallu plusieurs jours pour retrouver son équilibre et sa volonté habituels. » (p118)

      Jeudi 10 mars

     « Où nous mène le prince de l’équivoque ?

       Rien de plus normal, les premiers remous de l’affaire des barricades apaisés, que sa décision « de prendre contact avec l’Armée au combat. »…

      Sur le plan de la solution algérienne, j’ai pour la première fois l’impression que le premier ministre commence à croire à la possibilité du « Cessez le feu »  et à en accepter le principe sans le compliquer de conditions impossibles.

      L’espoir renaissait dans mon esprit après l’inquiétude… quand vendredi dernier, Jean Mauriac accrédité à suivre le Président de la République dans ce que la presse appelle maintenant « la tournée des popotes »  résume les propos du général de Gaulle aux jeunes officiers par les trois phrases suivantes :

      1) la victoire complète de nos armes est indispensable ; elle sera longue à obtenir. »

      2) Il faudra des années pour que l’Algérie apaisée puisse se prononcer sur son sort. C’est vous qui obtiendrez l’apaisement et assurerez les transitions. »

      3) L’indépendance est inadmissible et impensable. La présence de la France sera maintenue à travers une formule que les algériens devront trouver eux-mêmes. »

     Je n’arrive pas à le croire. Pourtant, Mauriac en la circonstance  est vraiment la « source autorisée». Alors ?…

     Sans doute la troisième phrase va-t-elle en réalité dans le même sens que le discours du 16 septembre et marque la solution vraiment désirée par le Général qui n’est pas l’Algérie française d’hier. Mais les deux autres phrases, même si elles ont été dites pour faire passer la troisième, reculent pour des mois ou plutôt des années les chances de la paix…

     Hier, au Conseil des ministres, Michel Debré indique son intention  de faire procéder à des élections cantonales en Algérie à une date prochaine au scrutin de liste et dans le cadre de l’arrondissement….

    Le président de la République demande :

    Quelqu’un a-t-il une observation à faire ?

      Je lève la main : « Mon Général, je crains qu’il ne soit trop tôt pour procéder à de telles élections. Le dégel musulman ne me parait pas prochain, surtout – permettez-moi de vous le dire – compte tenu de la présentation par la presse de vos déclarations dans les mess d’officiers. (Je me retiens à temps d’employer l’expression « populaire », laquelle, employée par un collègue en audience particulière, a déclenché, parait-il l’ire du général.)

      – Vous lisez le Figaro, coupe avec colère le chef de l’Etat, je ne fais pas de « dé-cla-ra-tions » dans les mess. En face des officiers je donne des ordres ou des instructions. Ce que j’ai dit là-bas, M .Terrenoire l’a redit ici lundi soir. Rien d’autre ! »

      Je ne m’avoue pas vaincu, et je réplique assez vivement immédiatement contré par le premier ministre.

      Le général intervient à nouveau :

     « Ah ! Décidément vous les français, vous ne voulez pas considérer les problèmes ; vous écoutez uniquement vos passions ; les uns veulent l’Algérie française et voient tout dans cette optique. Les autres croient à l’indépendance et tournent tous les événements en faveur de leur thèse. ? Pauvre pays ! … », etc. «  (p122)

       Commentaire

       « Chemini, le 26/01/60 :

     Il fait beau, mais le temps a l’air de tourner. Quand il fait beau, j’ai assez d’activité, je recense, je visite des villages, je surveille mes chantiers. Pas de travail de bureau ou si peu !

    A Alger, les affaires ont l’air d’aller mal, mais elles ne provoquent aucun remous à notre échelon. La question d’Algérie est très compliquée… »  (p,149)

       Quelques réflexions :

       « Avec ou malgré l’Armée » : à partir de la mise en œuvre du plan Challe et de sa réussite militaire, je crois sans contestation possible, qu’il était évident que les cartes stratégiques de ce type de guerre semblaient redistribuées entre le Général et une grande partie des officiers qui s’étaient battus et croyaient encore à la possibilité d’une solution algérienne à la française.

       Beaucoup d’entre eux militaient pour la solution de « l’intégration », mais sans jamais en avoir défini le concept et ses conditions d’application. 

       De Gaulle n’avait pas été formaté pour ce type de guerre et n’avait pas fait l’expérience concrète des guerres subversives, sauf à dire que le gouvernement de la France Libre, la Résistance, proposaient quelques similitudes, à mon avis bien éloignées.

      Beaucoup de ses collègues officiers, plus jeunes, s’y étaient en revanche frottés en Indochine – beaucoup d’entre eux y étaient morts, car une promotion de Saint Cyr était morte au champ d’honneur chaque année de guerre –  estimaient qu’il leur fallait convaincre la population algérienne en mettant en concurrence intégration et indépendance.

      Sauf que je n’ai jamais bien su en quoi consistait l’intégration proposée !

      A mes yeux, c’était beaucoup trop tard, mais l’argument portait.

      De Gaulle, « le prince de l’équivoque » ? (p,119)

     Il est difficile de ne pas adhérer à ce type de question – constat, car au fur et à mesure du déroulement du conflit et de la négociation d’un cessez le feu, les esprits les mieux intentionnés avaient beaucoup de peine à interpréter les double-discours, les circonvolutions, les contradictions, les évolutions, sans savoir dans quelle direction le général avait en définitive décidé d’aller.

        Il est évident que beaucoup d’officiers étaient de plus en plus convaincus, au fur et à mesure de ses discours que le Général avait décidé d’abandonner l’Algérie : ils pensaient que son objectif essentiel était la mise au point de la bombe atomique, et donc la préservation temporaire de la zone d’essais du Sahara.

      Mercredi 11 mai (1960)

       Avec d’autres ministres, Robert Buron accompagnait le Général à Saint Nazaire pour le lancement de France, et il lui rendait compte de sa conversation du samedi précédent à Rabat avec Mohamed V.

        Ils abordèrent différents sujets :

      « Brusquement il revient à l’Algérie car cette conférence au sommet (entre les deux super-grands) lui apparaissait à la fois comme un moyen propre à favoriser l’issue qu’il recherche et comme une raison – voire un alibi pour « forcer » celle-ci.

      Il me dit : « Notre devoir maintenant c’est  d’assurer mieux encore notre unité nationale, c’est de mettre fin à la guerre d’Algérie qui nous affaiblit, c’est de nous doter nous-mêmes d’une force militaire suffisante…

     Je lui rappelle une déclaration qu’il m’avait faite cet hiver juste avant les barricades :

      « Si la situation internationale se tend, il faudra bien retirer progressivement l’Armée d’Alger, et par conséquent trouver un arrangement politique. » (p,126)

    Mercredi 15 juin

      « Le général de Gaulle a parlé hier. Allons, les souvenirs de la « tournée des popotes » s’évanouissent ! Ses prises de position ont été plus nettes encore que le 16 septembre et le 10 novembre. Le fil est renoué. Mais le GPRA sera-t-il plus sensible à cet appel qu’aux précédents ? » (p,126)

     Commentaire

      Contrairement à cette notation, les souvenirs de la tournée des popotes ne s’y étaient pas évanouis par miracle et continuaient à entretenir un grand malaise dans le milieu des officiers : ils se posaient la vraie question de la solution politique à proposer susceptible de ne pas trahir nos engagements.

      Première partie du 5

Carnets Buron – 4 – 1958-1959 Vers l’autodétermination

Carnets Buron – 4 – 1958-1959

DEUXIEME PARTIE

VERS L’AUTODETERMINATION

I – De Gaulle et le problème algérien (p,97)

Juin 1958-Décembre 1959

  « 2 juin 1958 A la suite d’un complot préparé de longue date, l’Assemblée a cédé dimanche dernier à la pression sur elle par moins d’un millier d’européens d’Algérie. L’appel à de Gaulle n’avait peut-être pas été prévu par les instigateurs du complot, il est dû sans doute à l’initiative de quelques chefs en situation fausse et désireux de canaliser le courant qui les emportait. Il reste que la partie a fait céder le tout… Partout dominent confusion et contradiction, contradiction surtout :…Dans cette confusion – et au milieu de ces contradictions – je me suis résolu à voter pour l’investiture… » (p,97)

         « Monsieur Buron, j’ai pensé à vous pour mon Gouvernement. J’en ai parlé tout à l’heure à M. Pflimlin. Acceptez-vous ?

     Mon Général, avant de vous répondre, je voudrais dissiper toute équivoque sur mes positions  personnelles et sur ce que je représente. Témoignage Chrétien vient de publier…

          Je sais, je sais, mais que vous représentiez ce que vous appelez la gauche, la gauche du MRP en tout cas, ne me gêne pas… au contraire…. Au revoir, Monsieur le Ministre ; nous aurons conseil de cabinet demain.

        Ministre une fois de plus, je sors de Matignon abasourdi et comme tant d’autres séduit, non sans me demander toutefois si je suis bien en accord avec moi-même ou si je viens d’être entraîné malgré moi… » (p99)

      Commentaire

      Vous noterez que Robert Buron n’évoque pas du tout l’épisode historique tant commenté du « Je vous ai compris » du Général, à Alger, le 4 juin 1958, lequel prenait donc le risque d’engager notre politique dans une ambiguïté qui a duré jusqu’au bout du processus de négociation avec le FLN.

         Sur le terrain, nous nous demandions ce que de Gaulle avait bien voulu dire, et la phrase prononcée a évidemment fait naître toutes sortes d’interprétations contradictoires.

         Dimanche 22 juin

       … La remise en ordre est loin d’être effectuée. Le Général s’en rend compte ; il agit lentement, par pressions successives… et par mutations.

       Vendredi 18 juillet

       Depuis dix jours réunions de Conseil et entretiens nombreux avec le général de Gaulle.

     Mercredi 9, c’était le premier conseil de cabinet après la désignation de Jacques Soustelle à l’Information. Le Président du Conseil l’ouvre en ces termes : Messieurs, voici enfin achevée la formation de ce gouvernement, pour autant que ces choses-là ne soient jamais achevées. Pour que l’Unité Nationale soit pleinement réalisée, il ne nous manque plus que Maurice Thorez, Pierre Poujade et Ferhat Abbas… Qui sait d’ailleurs si quelque jour ? …(p,102)

            Dimanche 31 août

      Quatre jours passés à Alger où je n’étais pas revenu depuis cette soirée chez Soustelle au Palais d’Eté en mars 1955. Que d’impressions à ordonner… »

            Buron n’aime pas Salan, le « chinois » et semble effectivement éprouver de grandes difficultés à apprécier la situation.

            « … A lire l’Echo d’Alger et ses confrères, il est clair que le monde tel qu’il est n’a pas d’existence substantielle ici où ne règne qu’une seul réalité : l’Algérie.

         La France leur apparait comme un pays fantasmagorique et lointain qu’on aime bien mais dont on s’exaspère que les habitants ne veuillent rien comprendre à ce qui se passe au sud de la Méditerranée. Quant au reste du monde, il s’exprime à travers quelques brèves dépêches d’agence… que personne n’a le courage ni l’envie de lire…

      L’après-midi, comme prévu, nous accueillons à Maison-Blanche le général de Gaulle en grand apparat… puis deux heures après, les officiels se pressent dans le patio du Palais d’Eté, attendant leur tour d’audience. » (p,105)

Commentaire

Situation militaire dans le douar des Béni-Oughlis (Journal de marche et des opérations du 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins – 2ème semestre 1958 -1er semestre 1959) :   

        L’insécurité y est totale, avec des accrochages fréquents et meurtriers entre chasseurs alpins, rebelles des katibas de la Willaya III ou de l’OPA qui quadrille le douar.

       Faute de pouvoir contrôler militairement la partie du djebel au-delà de la crête de Chemini, en limite de la forêt d’Akfadou, une partie des villages a été évacuée, et une zone interdite instituée. Dans cette zone, la présence de tout être humain est présumée être celle d’un rebelle à éliminer.

        Parmi les épisodes les plus meurtriers :

  • le 20/08/1958 : embuscade, un officier et cinq chasseurs tués, neuf chasseurs blessés,
  • le 11/10/1958 : opération  dans la forêt d’Akfadou, un officier, quatre chasseurs et un harki tués,
  •  en janvier, février, mars, et avril 1959, accrochages à  Chemini, Tessira, Djenane, et dans la forêt d’Akfadou,
  • le 30/04/59 : accrochage avec une bande d’une cinquantaine de rebelles  armés de fusils mitrailleurs et d’armes de guerre, un mort chez les rebelles
  • le 7/06/59 : embuscade près de Takrietz, dans la vallée, avec une quarantaine de rebelles armés de deux fusils mitrailleurs et une dizaine de pistolets mitrailleurs,  trois chasseurs tués et deux blessés.
  •  Le 23 juillet 1959, en pleine nuit, l’opération Jumelles, démarre avec de très gros moyens : au bout de quelques mois, la situation a changé du tout au tout. J’ai la possibilité de me déplacer dans chaque village, avec quelques précautions bien sûr, accompagné le plus souvent d’un seul garde du corps, ancien rebelle rallié et homme remarquable.

            Fin octobre 1958 (p,109)

        « En définitive, je crois que j’avais raison ! la solution libérale en Algérie, que j’attends avec une telle impatience, de Gaulle l’apportera…

        De Gaulle a lancé un appel à la « paix des braves » dans sa dernière conférence de presse, mais :

            « D’où l’équivoque sur le sens profond de l’expression : « la paix des braves » dont la proclamation n’a fait sortir du maquis aucun mandataire chargé de négocier les conditions d’un abandon des armes.

          Mais si la déception est grande pour mes amis comme pour moi, l’espoir qui s’est allumé ne s’éteindra plus. En dépit d’immenses difficultés c’est bien vers la paix que nous allons. » (p,109)

      « Décembre 1959  

         Il y a plus d’un an que je n’ai rien noté dans ce cahier. La vie harassante de ministre en exercice ne me laisse aucun loisir pour écrire, pour réfléchir, pour méditer à propos de ce qui n’est pas en relation directe avec ma fonction ministérielle….

          Pourtant, la fin  de l’année approche et je veux essayer de faire le point sur les problèmes les plus importants… tout d’abord sur l’issue du drame algérien.
            Ce que pense le Chef de l’Etat, nul ne peut en douter maintenant. En prononçant le 16 septembre dernier le mot « autodétermination », il a enfin ouvert une voie dont la finalité est encore imprécise. Bien des alternatives peuvent s’offrir. Depuis la sécession, la rupture de tous liens entre l’Algérie et la France d’un côté, jusqu’à l’intégration, la fusion de l’autre, il y a une infinité de possibilités. Dans les mois, les années à venir, les événements commanderont, imposant tel choix sur tel point à tel moment. L’évolution au reste se poursuivra… mais un chemin est désormais tracé et je me sens soulagé après tant d’inquiétudes et d’hésitations

         Depuis août 1958, je suis retourné plusieurs fois en Algérie.

         J’ai vu la guerre dans ce bourg d’El Milia notamment où quelques dizaines de civils européens vivent avec 3 ou 4 000 musulmans sur 6 kilomètres carrés, protégés par plusieurs compagnies et de nombreuses batteries…. Oui, j’ai vu la guerre, mais si nous sommes réduits à ce point à la défensive, quelle chance avons-nous donc de la gagner ?

        J’ai senti les Européens inquiets et crispés, méfiants à l’égard du gouvernement, doutant d’eux-mêmes, malheureux avant tout.

          J’ai discuté avec Paul Delouvrier « le plus bel animal de sang que de Gaulle ait jamais pris au lasso », selon l’expression de Bloch-Lainé…

        Chez mon ami Chaulet enfin, j’ai rencontré des dirigeants FLN plus ou moins avoués, des kabyles pour la plupart ; parmi eux Ben Khedache, un des lieutenants de Ferhat Abbas, et que la Commission de sauvegarde venait de faire libérer après plusieurs années passés dans des camps ;…

         « C’était un spectacle éprouvant que celui de ces dignités blessées, étalées sous nos yeux comme autant d’ulcères à vif.

      L’indépendance pour tous ces hommes c’est d’abord cela et cela seulement ; retrouver et affirmer leur dignité d’hommes… » (p,112)

       Commentaire

Voix détonante,aussi ? Robert Buron concluait par le mot de la fin, la « dignité », en tout cas à mes yeux, mais il ne semblait pas connaître, ou en faisait semblant, l’état de la pacification de l’Algérie, après le déroulement du Plan Challe et des opérations successives qui avaient démantelé la rébellion.

       Dans mon livre sur la guerre d’Algérie, j’avais intitulé une de mes chroniques « Le Vide presque parfait » (d’après Lao Tseu) (page 121)

          « Un bruit insistant courait dans les popotes du secteur de Sidi Aïch depuis plusieurs semaines. On ne parlait plus que du rouleau compresseur depuis plusieurs semaines. On ne parlait plus que de « ça », un autre « ça » freudien ! Le rouleau compresseur de l’armée française allait passer sur la Kabylie, comme il venait de la faire dans l’Ouarsenis.

        La nouvelle était excitante. Elle laissait espérer une fin rapide de la guerre, et un retour non moins rapide des soldats du contingent en métropole. Personne ici ne souhaitait vraiment s’attarder en Algérie…

    Le 22 juillet, au cours d’une belle nuit de l’été 1959, l’opération démarra en Petite Kabylie.

       La nuit était  tombée depuis une heure environ, quand le lieutenant Marçot entendit le bruit d’un convoi monter vers le douar des Béni-Oughlis. Il empruntait une route qu’il connaissait dans le détail de ses épingles  à cheveu et de ses moindres virages entre Sidi Aïch et Aït Chemini. Une compagnie de Chasseurs Alpins y tenait le poste et contrôlait les premiers escarpements du massif du Djurdjura, le long de la vallée de la Soummam… Le convoi venait de franchir la crête, il le savait uniquement au bruit, mais chose tout à fait nouvelle, il apercevait les premiers véhicules tous feux allumés. Les camions militaires roulaient comme en plein jour et formaient un cordon lumineux interminable.

        Il n’avait jamais assisté à un tel spectacle ! La nuit tombée, on n’osait pas défier les rebelles. Un spectacle incroyable !

      La nuit était douce et le ciel étoilé…. Le grand cirque allait démarrer,  et le rouleau compresseur, tant attendu,  tout écraser chez les fels…

       En Kabylie et en Petite Kabylie, onze secteurs militaires étaient concernés par l’opération « Jumelles », dans un vaste périmètre allant de Tizi-Ouzou à Lafayette et à Bougie…

          Ce n’était pas sa guerre, et ce n’était pas non plus celle des troupes de son secteur…. La radio militaire l’informait du déroulement des opérations, mais surtout la radio popote des soldats qui rentraient des opérations… Cette guerre-là, il la vit un peu comme au cinéma… Les seigneurs de la guerre avaient fait irruption dans son douar. Ils venaient d’une autre planète…

       L’armée française ne savait plus pourquoi elle combattait. Elle combattait toujours le FLN mais dans quel but ? une Algérie française ? une Algérie autonome ? une Algérie algérienne, une Algérie indépendante ?…

       Le mauvais temps s’était solidement installé dans la vallée et dans la montagne. L’hiver arrivait…. Dans les apparences, rien n’avait changé. Les troupes d’élite campaient toujours dans le djebel. L’adversaire avait disparu, se cachait, en attendant qu’elles quittent les lieux. Après ses parties de crapahut, l’armée française avait en effet l’habitude de rentrer à la maison.

         Il suffisait d’être patient, mais cette fois-ci, il n’en était pas question. Les paras et les légionnaires allaient passer l’hiver dans le Djurdjura…

        Les fels s’étaient bien battus…. L’armée française avait gagné la partie sur le terrain. Elle n’avait plus d’adversaire militaire.

       Elle avait fait le vide, le vide presque parfait, car si beaucoup d’hommes avaient disparu, l’idée d’indépendance demeurait toujours vivante » (p134)

       Une voix détonante car si la déclaration qu’avait faite le Général le 16 septembre 1959 en faveur d’un processus d’autodétermination, le commandement militaire éprouvait un doute sur les choix du général.

        N’avait-il pas  déclaré au cours d’une tournée des popotes entre le 27 et 31 août « Moi vivant, le drapeau FLN ne flottera jamais sur l’Algérie », à l’occasion précisément de l’opération Jumelles, et de sa visite au PC de la cote 1621.

      Comme nous l’avons vu par ailleurs avec la réussite militaire du Plan Challe, il était évident que nombre de généraux, de colonels, de commandants, de capitaines et de lieutenants, estimaient que les cartes avaient été redistribuées.

         Et c’était effectivement tout le problème !

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Merkel et Macron et les partis politiques: un « karambolage » franco-allemand ?

Merkel et Macron et les partis politiques : un « karambolage » franco-allemand, à la mode d’Arte ?

            La Loi Fondamentale de la République Fédérale Allemande et la Constitution de la République Française reconnaissent le rôle constitutionnel des partis dans la formation de la volonté politique du peuple.

            A Berlin, et après les nouvelles élections, la Chancelière négocie avec les partis politiques une nouvelle alliance de gouvernement.

            A Paris, et pour se faire élire, le Président a joué les réseaux sociaux contre les partis politiques, et depuis, il n’a de cesse de tenter de débaucher certains de leurs dirigeants, et donc de les affaiblir : en parallèle, il tente de constituer un nouveau parti, dont le résultat est loin d’être assuré.

            Pourquoi ne pas noter que le Président actuel s’exonère ainsi de son rôle de protection constitutionnelle, en tentant de discréditer le rôle des partis politiques encore en vie ?

            Pourquoi ne pas noter aussi que certains pourraient y voir l’expression d’une forme moderne de césarisme ?

           Jean Pierre Renaud

« Etre de droite aux yeux de la gauche » Un cas concret de manipulation politique avec Le Parisien

« Etre de droite aux yeux de la gauche »

Mathieu Bock-Côté, Le Figaro du 12/12/2017, page 18

            Cet article décrit bien le fonctionnement actuel du système médiatique français, en observant :

          « Si la gauche médiatique conserve un pouvoir immense, c’est bien celui de déterminer les critères de respectabilité pour ceux qui veulent évoluer dans l’espace public : c’est elle qui distingue entre la droite humaniste et la droite dure, entre le conservatisme et l’ultraconservatisme, entre ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas…

            C’est la gauche médiatique qui décidera à quelle condition la droite est légitime et à quel moment elle ne l’est plus. Elle trace le cercle de la respectabilité républicaine et se donne ensuite le droit de décréter qui en sort ou pas. »

Un cas concret : une manipulation politique du média Le Parisien :

            Dans Le Parisien du 9 décembre 2017, page 8 Politique, un article intitulé :

« Quand Wauquiez fait du Le Pen »

« Le favori pour l’élection à la présidence des Républicains, dont le 1er tour a lieu demain, répète qu’il refuse toute alliance avec le FN, tout en assurant qu’ils sont très proches

Qui de Laurent Wauquiez ou de Marine Le Pen a prononcé ces phrases ? »

&

Deux photos en face à face et en dessous huit citations comparées :

La première cite l’expression « la majorité silencieuse »

La deuxième cite l’expression « l’Europe passoire »

La troisième cite deux phrases où tous les deux soulignent la nécessité pour un étranger venu en France de s’adapter à notre pays, et non l’inverse.

La quatrième cite les racines chrétiennes de la France, Wauquiez y ajoutant les racines gréco-romaines. »

&

          La date choisie est évidemment un choix politique, étant donné les élections du lendemain, mais les expressions qui serviraient soi-disant d’illustrations  du Wauquiez = Le Pen ne démontrent évidemment rien sur le plan politique.

La « majorité silencieuse » ? Quèsaco ? Un lieu commun !

« Une Europe passoire », tout le monde le reconnait à gauche ou à droite ! J’ai moi-même utilisé cette expression sur ce blog !

La nécessité pour un étranger de s’adapter à notre pays et non l’inverse contredirait une simple politesse, quand l’on vient dans un pays étranger, souvent sans papier.

Quant aux racines chrétiennes et gréco-romaines, comment en faire un élément de compromission politique, puisque c’est effectivement le cas ?

       Ce décryptage d’un cas de manipulation du verbe politique explique aussi pourquoi beaucoup de Français et de Françaises ne font pas confiance aux médias !

        Ajouterais-je qu’en proposant ce cas concret, le même cercle m’accusera, peut-être, et sans doute, d’être une créature de droite ou d’extrême droite.

           Jean Pierre Renaud

Entre compères énarques, Le Maire et Moscovici; le déficit de plus de 2 300 milliards d’euros!

Entre compères énarques, Le Maire, le Marcheur en France, et Moscovici, le socialiste à Bruxelles, le choc des photos : la photo !

Le Figaro économique du 1er décembre 2017, en première page la photo de :

Bruno Le Maire ministre de l’Economie et Pierre Moscovici commissaire européen aux Affaires économiques et financières

« Déficit : Paris négocie au forceps à Bruxelles

Certains aspects du budget pourraient être contestés par la Commission et remettre en cause le rétablissement des comptes publics. » 

            Je te tiens, tu me tiens par la barbichette sur le déficit de la France !

            Curieuse photo sur laquelle on voit les deux compères échanger des propos sur un déficit de la France qui est encore trop élevé !

            Comment s’y retrouver dans la responsabilité politique de nos déficits publics entre le duo Hollande-Macron, et le duo Macron- Le Maire ?

            Je donne ma langue au chat !

            De toute façon, le débat actuel sur le budget 2018 ferme les yeux sur la dette du pays, plus de 2 300 milliards d’euros, avec un budget qui, en fin d’exercice, ne survit qu’avec une dose supplémentaire de respiration artificielle, c’est-à-dire celle des emprunts supplémentaires sur le marché international des capitaux.

          Jean  Pierre Renaud