Humeur Tique : France 5, « Medias, le magazine » du 11 septembre 2011, dans un des feuilletons préférés des médias, et notre petit feuilleton DSK à nous !

    Le blog du 6 mai 2010, publiait un écho DSK : d’après Libé du 5 mai, DSK, apparaissait en nouvel enfant Jésus de la politique française !

Le blog du 11 février 2011 publiait un écho sur la bonne fée Sinclair qui annonçait à demi-mot la candidature de son mari : l’écho se terminait en attirant l’attention des lecteurs sur l’intervention possible d’autres fées, la fée Clochette, ou pis, la fée Carabosse.

Ce jour, à l’émission « Médias, le magazine », un magazine d’ailleurs souvent intéressant, quatre journalistes, dont trois hommes et une femme, dissertent savamment, bien sûr, de la réapparition de DSK sur la scène politique française, avec une rumeur qui le ferait intervenir prochainement à un journal télévisé de vingt heures.

Deux mots ou réactions éclairantes :

– d’après un des quatre journalistes, DSK aurait montré à un moment donné de sa « réapparition », un sourire « surnaturel ».

– un de ses confrères a utilisé, lui,  le mot de « résurrection » !

La vie terrestre de notre héros national aurait donc  été extrêmement rapide et féconde,  puisqu’il est passé, en un peu plus d’un an, de la naissance à la résurrection.

Qui dit mieux ?

Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle- Acte III: 1965-1989, le règne des partis uniques

« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte III : 1965-1989, le règne des partis uniques »

France 5 du 24 octobre 2010

            Une rétrospective et un balayage historiques de bonne qualité sur cette période cruciale de l’Afrique qui vit effectivement la prise de pouvoir par des partis uniques et des dictateurs. Mais quid du Maghreb ?

            Avec toutes les horreurs de toutes les guerres, et pourquoi ne pas le dire, à l’exemple de beaucoup d’autres pays du monde, de tous les continents, y compris d’Europe, pour ne citer que l’exemple le plus récent du Kosovo !

            Comme je l’ai déjà noté dans une chronique précédente, et comme cela a été répété par différents interlocuteurs, il est impossible d’examiner cette période africaine, en oubliant la guerre froide entre l’Est et l’Ouest.

            Au cœur de ce dossier, la capacité ou l’incapacité des nouveaux Etats, issus d’un découpage territorial colonial, souvent artificiel, à assurer la continuité de l’Etat colonial: pouvait-il en être autrement ?

Et si oui, pourquoi le documentaire n’a pas abordé le sujet ? Ou peut-être n’ai-je pas été assez attentif ? Ou peut-être s’agissait-il d’un sujet tabou ? Celui des ethnies naturelles ou suscitées par le pouvoir colonial, des (fausses) fractures ethniques et des (vraies) fractures coloniales ?

            Une seule mention à ce sujet, le reportage  du Monde intitulé « De l’autre côté du fleuve » (page 3, le 27 octobre 2010), et le texte intitulé « L’unité nationale à l’épreuve des tensions ethniques », je précise entre maures, peuls, wolofs,soninké, et plus précisément entre populations qui étaient, à l’origine, soit nomades, soit sédentaires.

Tous les historiens de bonne foi pourront témoigner de l’existence très ancienne de ce problème et de ces tensions, comparables à toutes celles qui ont traditionnellement opposé les nomades du désert ou du Sahel (plus à l’Est, souvent des Touaregs) et les paysans sédentaires

            Le parti unique a incontestablement constitué une réponse institutionnelle à la situation née des indépendances, et à ce type de situation, et en cas de carence vraie ou fausse, l’armée, seul corps institutionnel capable d’assurer l’ordre public.

            En ce qui concerne le Sénégal, je ne crois pas avoir entendu évoquer non plus la rébellion de Casamance.

            Les extraits de discours de plusieurs « chefs » des Etats d’alors, qui ont été diffusés étaient très intéressants, car ils en disaient long sur leur talent oratoire de leaders politiques ou militaires, qu’ils aient été de vrais ou de faux révolutionnaires !

Heureusement, le documentaire s’est achevé sur une note optimiste, avec l’intervention d’une femme, responsable politique du Kenya, laquelle témoignait de son action en faveur d’un passage à la démocratie, action qui fut couronnée de succès.

Dernière question : est-ce que l’Afrique de cette époque troublée a compté des territoires qui ont échappé à la solution du parti unique ?

Jean Pierre Renaud

Afrique (s), une autre histoire – France 5 du 17 octobre 2010

Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte II : 1945-1964, l’ouragan africain

France 5 du 17 octobre 2010

Une première remarque qui a son importance, pourquoi une programmation aussi tardive ?

Ceci dit, tout comme le premier documentaire, une émission intéressante sur la période en question, avec quelques questions de fond.

Il est très difficile de comparer l’évolution passée des différentes composantes de l’Afrique « coloniale » : il y avait de grandes différences entre les territoires qui comptaient une importante population européenne, avec appropriation des richesses, et les autres, entre l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Rhodésie,… et les autres, ceux notamment de l’Afrique de l’Ouest, d’où sans doute l’explosion armée fort bien décrite.

Comme cela été bien dit par certains commentateurs, cette histoire doit toujours être examinée à la lumière de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, et des initiatives diplomatiques des deux camps, et d’un troisième, le Tiers Monde de l’époque. Beaucoup des révolutionnaires africains étaient marxistes par conviction ou intérêt national. A Paris, le discours des étudiants africains était très majoritairement marxiste.

L’histoire du Congo Belge n’est pas comparable à celle de l’Afrique encore française. Dans les années 1950, les Belges s’y voyaient encore installés pour longtemps. Les futurs administrateurs coloniaux n’avaient absolument pas conscience des évolutions révolutionnaires à venir.

La question du maintien possible d’une structure fédérale ou confédérale, qui aurait succédé aux AOF et AEF est effectivement importante. Machiavélisme ou non de la France à ce sujet ? Le dossier mériterait d’être creusé.

Curieusement, aucun responsable politique blanc de l’époque n’a été interviewé dans le sujet –sont-ils tous morts ? -, et c’est un peu dommage.

Il serait sans doute intéressant de traiter dans un documentaire à venir le dossier de la querelle des mémoires coloniales, et de nous éclairer sur l’état de la question en Grande Bretagne, en Belgique, ou au Portugal.

Jean Pierre Renaud

« Afrique(s), une autre histoire » : France 5 du 10 octobre 2010

« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte 1 : 1885-1944, le crépuscule de l’homme blanc »

France 5 du 10 octobre 2010

            Autre histoire, je ne sais pas, pour un certain nombre de personnes qui connaissent un peu cette histoire, mais en tout cas un bon documentaire dans son ensemble sur le sujet.

            Le documentaire : un angle d’attaque qui nous change des discours idéologiques que l’on voit souvent tenir sur cette période historique !

            Quelques réserves toutefois sur quelques épisodes :

–       Le choix de Béhanzin, comme résistant, sans cadrage !  S’il est vrai qu’il gouvernait un royaume bien organisé, qu’il était un des rares rois africains à disposer d’une armée également bien organisée, avec canons et fusils modernes, il s’illustrait tout de même par des sacrifices humains rituels à gros effectifs, non contestés, et par des razzias régulières d’esclaves dans les royaumes voisins. Des rois voisins se sont d’ailleurs félicités de sa disparition.

o   Samory aurait peut-être été un meilleur choix.

–       En ce qui concerne le même Dahomey de l’époque, il parait tout de même difficile d’évoquer, comme je crois l’avoir entendu, quelque chose qui aurait pu ressembler à la construction d’une « nation » dahoméenne ou béninoise.

–       En ce qui concerne l’évocation de la politique des races de Gallieni à Madagascar, effectivement, officiellement prônée et mise en œuvre par l’intéressé, c’est tout à fait exact, mais ces instructions se situaient au cours de la période d’une pacification fragile, dans un contexte où il était difficile d’obtenir l’appui de l’élite merina de la monarchie qui gouvernait l’île, en dépit des difficultés qu’elle avait rencontrées, et qu’elle rencontrait encore auprès de certaines des dix huit ethnies du pays

o   Le principe « diviser pour régner » n’était pas à cet égard une originalité

–       A titre accessoire, j’ai été plutôt surpris de voir en Ethiopie une image de musulmans en train de faire une de leurs cinq prières quotidiennes.

–       Enfin, le crépuscule de l’homme blanc a débuté effectivement après la première guerre mondiale, laquelle avait montré qu’il n’était pas invincible, comme la légende en courait en Afrique : de retour dans leur pays, les tirailleurs avaient pu en témoigner.

La discussion : qui a suivi, très intéressante, avec un contenu sans tabou, qui change également avec le prêt-à-penser habituel, mais en se demandant quel pouvait être son lien logique avec le documentaire diffusé.

JPR

Les Mariages forcés: « ton mari sera ton maître » -France 5 du 18/05/10

Du « mariage forcé » de Molière (1664) aux « mariages forcés » (2010) !

« Ton mari sera ton maître »

 France 5, le 18/05/10, un documentaire

 de Jean-Pierre Igoux

        Un documentaire très intéressant qui met en scène des femmes très courageuses, d’autant plus intéressant qu’il pose bien le problème de beaucoup de mariages entre françaises d’origine immigrée et étrangers des mondes maghrébins et africains.

            Pourquoi ne pas dire que le titre, un peu anodin, cachait à tort le vrai sujet du documentaire ? Il fallait être un téléspectateur curieux, ou chanceux, pour tomber sur le sujet. Et les programmes de télévision consultés n’étaient pas du tout explicites à ce sujet, il faut le souligner.

            J’aurais sûrement préféré le titre de « Mariages forcés », celui de l’association qui aide les victimes de ces unions à y échapper.

            L’émission met en évidence les graves problèmes que certaines de nos jeunes concitoyennes, d’origine immigrée, rencontrent, pour échapper au poids de la culture de leurs parents, de leur famille d’origine, et au-delà, souvent de la communauté humaine, qui était celle de leurs parents.

            La plupart des Français n’ont aucune idée du fonctionnement de la famille maghrébine et africaine et du poids de leurs traditions.

            Le documentaire met en évidence les différents sens qu’il est possible de donner à ces mariages, souvent forcés aux dires des femmes témoins, respect des traditions oui, mais aussi enjeux financiers, et aujourd’hui, enjeux d’une nouvelle immigration, le mariage de la pauvreté ou du titre de séjour.

            Alors il est vrai que chez nous, le mariage a été longtemps, et reste encore et quelquefois, un arrangement familial ; afin d’éviter les mésalliances de culture ou d’intérêt, mais dans le cas de ces mariages forcés, les femmes sont effectivement privées de leur liberté de choix, écartelées entre deux cultures, les leurs et celles de leurs parents.

            Je puis donner l’exemple d’un couple mixte dont les parents refusèrent à leur fils d’épouser une française, au motif qu’elle allait l’éloigner du culte des ancêtres.

            Il ne faut donc pas sous-estimer les réactions des parents et grands-parents déchirés entre deux cultures, soucieux de ne pas se couper définitivement de leur pays d’origine, tout en reconnaissant clairement que les citoyennes françaises, quel que soit leur pays d’origine, jouissent toutes des mêmes droits.

            Pas plus qu’il ne convient de sous-estimer les réactions encore présentes de parents (et grands-parents)  de culture française qui se voient imposer un gendre ou une belle fille de culture ou de religion étrangères, alors que ces derniers usent naturellement de leurs pleins droits.

                        Alors, et pour conclure provisoirement, je crois tout de même que notre société a quitté définitivement le siècle du « Mariage forcé » de Molière, où l’on voit Sganarelle, considéré comme un vieillard à son époque, convoiter une jeune femme, par ailleurs toute prête à devenir la veuve de son barbon, puis se résoudre à ne plus se marier, mais obligé de faire le contraire, sous la menace de mort du frère de la jeune dulcinée :

            « Hé bien ! J’épouserai, j’épouserai !

Jean Pierre Renaud