Choix diplomatiques en cas d’alternance? Une diplomatie française d’Epictète ou non?

« Les choix diplomatiques d’un Président »

De Pascal Boniface dans La Croix du 22 février 2012, page 27 « Autrement dit »

« Que signifie l’alternance pour la politique étrangère française ? Inventons une autre diplomatie pour faire face à un monde changeant »

Le Monde du 1er mars 2012 Décryptages Débats, page 20

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Une diplomatie française d’Epictète ou non ?

Une sagesse de 2000 ans, toujours d’actualité !

            Deux textes intéressants, publiés par deux journaux, La Croix et Le Monde, mais des textes qui suscitent beaucoup de questions de la part d’un lecteur qui attache beaucoup d’importance à la politique étrangère de la France.

            Curieusement, et tout d’abord, la nette impression,

– que le contenu du premier article personnalise, je serais tenté de dire à outrance, le débat engagé sur ce thème important, une sorte de jugement politique du Président sortant, alors que le débat ouvert dépasse largement la question des personnes.

–    et que celui du deuxième situe effectivement sa réflexion dans le champ de l’alternance politique, pourquoi pas ? mais les enjeux de ce débat  paraissent dépasser largement les deux champs de réflexion ainsi fixés.

            M.Boniface propose de distinguer plusieurs problèmes. « Le premier consiste à différencier les évolutions sur lesquelles il n’y a pas de prise de celles sur lesquelles un choix peut et doit être fait »

            L’auteur parait avoir oublié d’énoncer les autres problèmes, alors que l’allusion à la célèbre phrase d’Epictète : « ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous » aurait été effectivement un bon chemin pour poser la problématique de la politique étrangère de la France.

Il ne lui apparait pas qu’une véritable  divergence de fond ait véritablement séparé la ligne qu’il qualifie l’une de « gaullo-mitterandisme », de l’autre, « mettant l’accent sur la centralité du rôle de l’Otan ».

M.Laïdi parait proposer une démarche plus réaliste, fidèle à la pensée d’Epictète, en distinguant plusieurs cercles de notre action diplomatique, l’Europe, l’Atlantique, et la Méditerranée, mais quid des autres cercles ?

A mes yeux, le sage principe d’Epictète n’a jamais véritablement inspiré notre politique étrangère, ce qui s’exprimerait clairement dans la formule « une politique étrangère adaptée à nos moyens, c’est-à-dire à ceux d’une puissance moyenne. »

Et là, devrait être la rupture, sans se payer de mots, et sans faire croire que de nos jours la France exerce une souveraineté sans limite, alors que qu’elle la partage de plus en plus, en Europe d’abord, et dans le monde.

Cessons enfin de faire l’autruche ! Nous ne sommes plus au 17°,18°, 19°  siècles, et même, au début du 20° siècle ! Richelieu, Louis XIV, Napoléon, la 3ème République dans ses débuts, tout cela c’est le passé.

Choisissons des objectifs qui soient à notre portée, en Europe ou en Méditerranée, dans l’Atlantique, et dans le vaste monde, soit des actions propres lorsque nous en avons les moyens, et elles ne seront pas nombreuses, soit des actions communes quand nous ne les avons pas, et c’est la règle générale.

Pour le reste, contentons- nous de mener des actions indirectes, servies soit  1) par le fait que nous avons encore un rôle d’intermédiaire expérimenté, de « go between » selon l’expression anglaise, car notre puissance ne gêne plus beaucoup de monde,  2) ou encore, par un prestige culturel, peut-être, miraculeusement préservé.

En politique étrangère, il ne peut y avoir véritablement de rupture, sauf en cas de crise, mais ce qui manque à notre pays c’est une rupture dans nos ambitions et nos anciens rêves de grandeur.

Jean Pierre Renaud

Présidentielles 2012 : le grand remue-ménage des Français

            Après les bons scores du Front National dans les sondages, et avec le succès réel, mais relatif, de Montebourg, les primaires socialistes ont fait apparaître, une fois de plus, les signes d’un grand remue-ménage politique, social, économique, et culturel, chez les Français.

            En 2012, tout est incertain, et tout est possible !

            Montebourg  a eu le mérite de mettre le doigt où cela fait mal, la mondialisation, l’Europe, et le rôle des banques,

            Il est vrai qu’on peut se poser beaucoup de questions sur la mondialisation, et un protectionnisme étranger qui serait, a priori, de bon aloi, et un autre, l’européen et le français, qui serait, a priori, de très mauvais aloi, des exportations qui vont mal et des importations qui vont également mal, à la fois parce qu’elles sont mal régulées par l’Europe, et parce que la compétitivité française est défaillante.

            Et que dire des délocalisations, en Europe même, où l’on assiste en permanence à des déménagements de machines et d’usines de France vers l’Europe de l’est !

            Les institutions européennes ne garantissent  absolument pas le bien commun de l’Europe. Elles se mêlent de tout, et pas assez de l’essentiel, du vital.

            Une zone euro en pleine déconfiture avec des institutions et des gouvernements incapables d’apporter la réponse d’une autre gouvernance, une gouvernance effective.

Alors, nous dit-on, le temps politique est un temps court, celui de l’émotion, alors que le temps économique est un temps long, celui de l’action, sauf qu’en 2008, avec la crise, la France était déjà sérieusement endettée, et que le Premier Ministre  avait déjà confié, l’année précédente, que la France était « en faillite ».

Cela fait plus de trois ans déjà ! Et la France paie à crédit son dernier trimestre de l’année, et la dette dépasse les 1 700 milliards, sans parler des autres déficits sociaux.

Et quant aux banques, il est tout de même curieux de constater que de grandes banques françaises se sont engagées en Grèce, fort imprudemment pour des banques, alors qu’elles devaient savoir, j’imagine, que les comptes grecs étaient truqués lors de son entrée dans la zone euro. La Société Générale a repris Geniki en 2004, et le Crédit Agricole, Emporiki, en 2006. Rappelons que la Grèce est entrée dans la zone euro en 2001.

Et qu’en amont, les institutions françaises de contrôle des banques, La Banque de France, au premier chef, n’y aient vu que du feu !

Alors, c’est vrai, les Français ont beaucoup de raisons de critiquer des gouvernements qui ne leur disent jamais la vérité, c’est-à-dire faire une politique de rigueur au moment où il fallait de toute façon la faire, qui continuent à pratiquer une politique extérieure de grandeur que le pays n’a plus les moyens de soutenir, et enfin de réaliser des arbitrages politiques qui ne tiennent pas assez compte d’une solidarité nationale, en faveur des moins bien lotis, encore plus nécessaire en temps de crise.

Que de défis à relever ! Les éléments de la problématique posée par Montebourg sont pertinents, avec la question de l’immigration toutefois escamotée, mais pour agir efficacement, il ne faut jamais oublier la distinction que proposait Epictète :

« Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas. »

C’est donc là que la difficulté commence, car il n’est plus beaucoup d’affaire nationale qui ne dépende que de nous.

Et pour finir, deux notes plus optimistes :

Une proposition : réunir dans toute la France, des Etats Généraux des Terroirs et des Savoirs, en partant de la base, c’est-à-dire, nos communes.

On peut sûrement faire beaucoup mieux pour valoriser le potentiel et les atouts de la France au niveau local, national et international !

Et une note de satisfaction, un triple AAA : l’Assemblée Nationale aurait voté une proposition de loi tendant à obliger les restaurants français à afficher la couleur de leur cuisine, du Brake ou du « cuisiné maison ».

Sans doute la piste à suivre pour réveiller le bon sens et la créativité des Français !

Jean Pierre Renaud