Petit exercice de critique économique: « Immigration et emploi – Les quatre vérités » – « Enjeux les Echos » de février 2012

Petit exercice de critique économique !

Quel crédit accorder à notre information économique ? Un exemple avec « Enjeux Les Echos » de février 2012, intitulé :

« Immigration et Emploi

Les quatre vérités »

Incontestablement, un titre très accrocheur ! On va enfin connaître la vérité sur l’immigration !

Intéressons- nous à la première des quatre vérités « Cliché 1 – ll y a trop d’immigrés non qualifiés en France. »

            On se plait à reconnaitre de nos jours que les Français souffrent d’une assez grande ignorance des sujets économiques, une grave lacune pour comprendre les enjeux économiques et financiers de la prochaine élection présidentielle.

Le contenu de ce supplément vous met en appétit, car on vous promet de mieux comprendre les enjeux de l’immigration au travers des quatre vérités énoncées par ce journal.

Première réflexion quant à l’introduction intitulée «  L’immigration et l’emploi » proposée par le directeur de la rédaction du journal, et sur le paragraphe de conclusion :

« Le travail ne se crée que de deux façons : par l’innovation et par la démographie. L’idée demeure en France depuis quarante ans que l’emploi est une denrée rare à protéger et que l’innovation dérange. Une France de vieux. »

Innovation, tout à fait d’accord, mais sur le même plan, la démographie (avec l’implicite immigration?) ? En omettant tout un ensemble d’autres facteurs culturels, sociaux, économiques et financiers ?

Une explication incontestablement simpliste, tout comme l’était, de la même plume, la condamnation sans appel de la promotion du « made in France » taxée de patriotisme économique démagogique, à contre-sens de beaucoup de leçons de l’histoire économique du monde, et accusée à tort de « vide conceptuel » ! (voir les Echos du 23 décembre 2012)

Allons plus loin à la page 31 du même supplément, dont l’ambition est d’apporter la démonstration du « Cliché 1- Il y a trop d’immigrés non qualifiés en France »

Cette page nous propose donc dans la moitié du haut un superbe graphique intitulé « Les quinze pays accueillant le plus d’immigrés  -Nombre de personnes nées à l’étranger en millions »  avec une représentation de ces chiffres en valeur absolue 2000 et projection 2010, c’est-à-dire en chiffres de millions d’immigrés, et non en pourcentage de leur valeur respective dans chacune des populations de référence choisies.

Sont donc représentés, dans un certain désordre de classement économique possible, les millions de personnes nées à l’étranger dans les quinze pays choisis : Etats Unis, Russie, Allemagne, France, Inde, Canada, Ukraine, Arabie Saoudite, Royaume Uni, Pakistan, Australie, Hong Kong, Côte d’Ivoire, Iran, Espagne.

« Source INED Populations et Sociétés n°472 novembre 2010 »

La source est sérieuse, mais ce graphique s’applique-t-il à la démonstration proposée du premier cliché ? Il est permis d’en douter.

On voit tout de suite, et sans avoir de compétence économique ou statistique particulière, qu’il parait tout de même difficile :

1-    D’apprécier le poids relatif des millions de personnes en cause dans chacun de ces pays : comment comparer des millions de personnes entre pays, sans tenir compte de la population de chacun de ces pays ?

2-    De comprendre quelle relation peut bien exister entre ce beau graphique et la formulation du premier cliché qui figure dans la même page

« 1 Cliché Il y a trop d’immigrés non qualifiés en France

Réalité Les flux migratoires sont durables mais limités »

Quel rapport avec le beau graphique de la même page 31 relatif aux millions de personnes nées à l’étranger ? Aucun !

En matière d’information économique, il est effectivement possible de faire mieux, et plus rigoureux !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: un emploi sur deux à supprimer et trente neuf ministres

Une contradiction politique
Le nouveau gouvernement Fillon compte 39 ministres ou sous-ministres. Est-ce qu’il n’y en  a pas 19 de trop? Comment expliquer aux Français que l’Etat doit faire des économies, ne remplacer qu’un emploi sur deux, en continuant de faire comme s’il ne se passait rien au niveau gouvernemental?
Qui prendra l’initiative de chiffrer le coût de fonctionnement annuel complet de nos gouvernements?
Personnel, locaux, frais de déplacement, de fonctionnement, médiatiques, automobiles, informatiques,etc…
 Mais peut-être nos parlementaires ou la Cour des Comptes ont-ils déjà ces calculs en mains!