» Le véritable coût de l’immigration » France 5 du 13 octobre 2015

« Le véritable coût de l’immigration »A 20h40 sur France 5, le 13 octobre 2015

Commentaire du journal La Croix du même jour avec un titre déjà un peu différent :
« Ce qu’apporte l’immigration »
« Notre avis. Chiffres, définitions et interviews de spécialistes à l’appui, ce documentaire de Martine Delumeau rend le sujet intelligible et dépassionné. »
Marie Dancer
&
Notre avis

         Un documentaire qui apporte quelques informations sur le sujet sensible de l’immigration, mais le coût financier est-il le vrai sujet de l’immigration en France ? C’est beaucoup moins sûr.

            Idées reçues ? Idées tout faites selon la présentatrice ? S’agit-il bien de cela ?

            Ce documentaire manque à mes yeux de clarté en mélangeant une fois de plus les publics et les coûts et avantages concernés : migrants ou réfugiés, tel le cas de ce jeune étudiant afghan réfugié qui faisait la une de conclusion de Mme d’Encausse.

            Puisqu’il s’agissait, d’après le titre, d’une évaluation d’un coût rapporté à des flux d’immigration, pourquoi ne pas avoir ouvert un vrai débat avec des économistes et des démographes ? Parce qu’il n’y a pas eu de débat, mais une suite d’interventions, et surtout une galerie d’images et de portraits d’immigrés ou de réfugiés.

            M.Héran, démographe reconnu, nous explique, sauf erreur, que, sur environ 200 000 entrées, seulement 10 000 entrées concernent le travail, le reste étant dû au regroupement familial, aux mariages et aux demandeurs d’asile…

            Ces seuls chiffres mettent en porte à faux une grande partie des interventions et des interviews, et même de l’intervention de M.Dumont au titre de l’OCDE, en particulier sur la comparaison qui est faite avec l’Allemagne, une comparaison que certains pourraient trouver tendancieuse.

            Qu’en est-il des  sans- papiers, des demandeurs d’asile dont la demande a été refusée et qui pour 80 % d’entre eux restent en France, et aujourd’hui des travailleurs détachés de l’Europe de l’Est ?

            A-t-il été question du coût direct de l’immigration ou du coût indirect, avec les difficultés que notre pays rencontre pour scolariser par exemple des enfants issus du regroupement familial, avec une mère ne parlant pas notre langue, et le plus souvent en l’absence du père, ou pour accueillir des enfants mineurs étrangers abandonnés dans notre pays (voir par exemple les milliers de Mayotte), ou des mères étrangères venues accoucher en France… ?

        Je ne pense pas que  le débat de fond actuel porte seulement sur le coût financier, peut-être sur le coût marginal, pour certains observateurs, coût de l’AME par exemple, mais beaucoup plus sur le coût de l’immigration en termes de fonctionnement de la société française.

        Est-ce que MM Dumont ou Gemenne l’ont évalué ?

        Pourquoi ne pas observer aussi qu’il ne suffit pas de se contenter de disserter sur des grandeurs abstraites au niveau national ou international, sans aller sur les territoires eux-mêmes, régions, départements ou communes, pour avoir une vision plus réaliste du problème, des problèmes ? Avec le cas extrême du département de Seine Saint Denis ?

         Pourquoi ne pas oser écrire aussi – on se demande aujourd’hui si on a encore le droit de l’écrire- qu’à tort ou à raison, la poussée incontestable de l’islam en France liée au flux de l’immigration fait question ? Pourquoi ?

       Parce que les Français ne sont pas encore convaincus que cette religion soit compatible avec notre République.      Mon avis résumé :

        1) Un débat entre économistes aurait été préférable sur le sujet, plutôt qu’une série de discours, de chiffres, mais avant tout d’images, avec la même ambiguïté permanente entre le sort des immigrés et celui des réfugiés.

      2) Le vrai sujet aurait peut-être dû porter sur la problématique mal régulée ou mal contrôlée du regroupement familial avec ses effets dans la société française aussi bien sur le plan social, culturel, et religieux, tout autant que territorial.

Jean Pierre Renaud

A Madagascar, la mafia du bois, Arte du 25/10/2011

« Enquête en forêt tropicale »

A Madagascar, la mafia du bois !

Arte du 25/10/11

Un documentaire très intéressant pour tous ceux qui s’intéressent à Madagascar, en dépit de la grave crise de gouvernance politique et civique qui s’y déroule depuis plus de deux ans.

            Le documentaire montre bien les éléments et les étapes du trafic des bois précieux de Madagascar, entre les Etats Unis, l’Europe, et avant tout la Chine qui est au cœur de tous les trafics.

            On y voit les bois précieux du parc national de Masoala, bois de rose et ébène, pillés par les mafias internationales.

            Il sera sans doute difficile de lutter contre ces trafics tant que Madagascar n’aura pas retrouvé un pouvoir légitime capable de lutter contre ces trafics. La brève allusion à une rencontre entre le président « Hatif » (1) et un mafieux chinois, laisse un peu sur sa faim.

            Dommage que le commentaire, un  peu trop ingénu, fasse de l’espion écologique qu’est devenu un descendant de Bismarck, le héros de cette chasse au trafic de bois précieux, un héros avec des côtés de bande dessinée.

(1) Le président actuel de la Grande Ile parvenu au pouvoir par un coup d’Etat, cela fait  plus de deux ans

Jean Pierre Renaud

« Les roses noires », un documentaire émouvant et formidable sur LCP Public Sénat (15/10/11), ou la vie de nos jeunes filles dans les cités!

  Dans la soirée du 15 octobre dernier, nous sommes tombés tout à fait par hasard, avec ma « concubine préférée », sur le  documentaire « Les roses noires » de Public Sénat, consacré à la problématique quotidienne des jeunes filles des cités.

            Un documentaire émouvant, car les jeunes filles interviewées situaient leurs propos, à la fois dans le concret de leur vie, et en dehors de beaucoup de clichés qui entourent la vie dans les quartiers dits « sensibles » : beaucoup de spontanéité, de fraicheur, de sincérité, et d’envie de vivre de la part de toutes ces jeunes filles.

            Des portraits tout à fait réussis qui respirent l’authenticité.

            On voit bien combien il est difficile pour une jeune fille des cités de se situer, et de trouver équilibre et épanouissement, entre le monde des « français-français » et un milieu familial situé trop souvent à ses antipodes.

            « Français-français »en concurrence avec « langage des cités » ?

            Nous avons découvert l’expression « français-français », et en elle-même, elle représente déjà une vraie problématique !

            Point n’était besoin de nous convaincre, une fois de plus, que l’avenir des cités passe par celui de ces jeunes filles et femmes qui sont obligées en permanence de se libérer ou d’alléger le poids des traditions culturelles et familiales, déchirées entre leur milieu familial et religieux et leur vie quotidienne, avec le rôle très ambigu des frères et des garçons.

            Avec, souvent, trop souvent, l’impérieuse nécessité de se « transformer en mecs » pour survivre, conserver leur identité dans un monde de mecs, et tout simplement vivre comme une jeune fille en France !

Jean Pierre Renaud et sa « concubine préférée »

« Françafrique, l’argent roi » LCP.AN (5/08/11) : Françafrique ou Africafrance?

« Françafrique

2ème Partie – L’argent roi »

Télévision LCP-AN du 5/08/2011

Un documentaire de Patrick Banquet

Françafrique ou Africafrance ?

            Incontestablement, un documentaire très intéressant et bien documenté sur la Françafrique.

            L’analyse montre bien que la scène a beaucoup changé entre la Françafrique des De Gaulle et Pompidou, qui n’a pas duré très longtemps, années 60-74, et celle qui lui a succédé, rongée de plus en plus par le «  fric »  du pétrole.

            Après la chute du mur de Berlin et la disparition de l’URSS, en 1989, l’évolution du commerce mondial, la montée en puissance de la Chine, très curieusement, un petit groupe de pression politico-économique a continué son petit jeu d’un soi-disant du « pré carré » français, complètement en dehors du grand jeu mondial.

            Quel contraste entre le poids économique plutôt faible des échanges entre l’ancienne Afrique française et la France, et le poids politique des restes du lobby de la Françafrique !

Les personnages du documentaire sont décrits de façon très vivante, et certains témoignages sont étonnants de sincérité, sinon de vérité.

Deux personnages dominent cette scène, le « papa » Bongo, un politicien très madré qui n’a rien à envier aux plus madrés de nos politiciens, et l’entremetteur secret Bourgi, l’éminence grise souvent dénoncée.

En ce qui concerne Bongo, il est possible de se demander si les témoignages ne lui font pas la réputation exagérée de « faiseur de roi » de notre belle République. Influence sûrement, mais toute puissance, telle que racontée, il y a là de quoi s’interroger.

En ce qui concerne Bourgi, le personnage est incontestablement intéressant, visage intelligent, propos carrés et clairs. Ne connaissant de l’avocat d’affaires que sa réputation sulfureuse, j’ai personnellement apprécié de le voir en chair et en os, car l’homme ne laisse pas indifférent.

« Fils spirituel » de Foccart, dont il réclame l’héritage, je ne suis pas sûr qu’il puisse le mériter, compte tenu de la façon dont il sait mélanger les genres, entre  les affaires de gros sous et la politique africaine de la France. On peut légitimement douter que son rôle soit de nature à rendre service à la clarté et à la grandeur de notre politique étrangère en Afrique : beaucoup trop d’ombre chez ce brillant entremetteur entre les mondes de l’argent et de la politique, comme il en a existé sous la plupart des régimes !

Je serais tenté de dire, qu’à plusieurs siècles de distance, il y a loin entre ce nouveau Père Joseph, et le Père Joseph, éminence grise de Richelieu, car le petit groupe de ses comparses oublie souvent que la France n’a plus la puissance «  relative » qu’elle avait au XVIIème siècle.

            A lire ou à écouter les témoignages des journalistes ou des spécialistes, est-on sûr qu’on n’en prête pas trop au personnage, car on voit sans doute à tort la main de Bourgi dans toutes les affaires qui font l’actualité africaine, qu’il s’agisse du Gabon, de la Côte d’Ivoire, ou de Madagascar.

            Le documentaire conclut sans doute justement sur une Françafrique moribonde, et sur le rôle tout à fait secondaire du Président de la République Française, devenu « le représentant attentionné des groupes industriels », mais il aurait été intéressant d’évoquer également l’autre facette de la Françafrique, quasiment son « inversion », bien réelle, dans sa dimension internationale (ONU), culturelle, intellectuelle, linguistique, humanitaire avec l’explosion des ONG, et la naissance de ce qui ressemble bien à une Africafrance, avec les flux migratoires importants qui sont venus d’Afrique à partir des années 90.

            Le documentaire met bien en lumière à cet égard le rôle parallèle de la franc-maçonnerie dans les relations franco-africaines, notamment celui de la Grande Loge Nationale. Le documentaire aurait pu aller plus loin encore dans son éclairage.

 Cette évocation rappelle les origines de la conquête coloniale qui a été très souvent le fruit d’une alliance sacrée entre le sabre, l’armée, et le goupillon, la franc-maçonnerie. Tout au long de la période coloniale, les franc-maçons ont été très actifs, souvent beaucoup plus que les chefs d’entreprise français.

            Telle que décrite, une Françafrique de la nostalgie d’une puissance passée pour un groupe de pression politico-économique restreint, alors que la plupart des Français ont toujours été beaucoup plus attirés par l’exotisme de l’Afrique que par les gros sous, auquel s’est ajouté de nos jours un humanitarisme vibrionnant.

            Je serais tenté de dire qu’aujourd’hui, l’Afrique noire a moins besoin d’assistance, d’aide au développement, de programmes alimentaires toujours renouvelés, donc de dépendance sollicitée et consentie, nourrie et entretenue par la corruption, que de courage pour affronter les réalités de ce continent, avec la mise en place d’institutions solides, issues d’une élection, d’Etats capables de faire prévaloir l’intérêt général de leurs pays.

Les propos de Cheick Modibo Diarra, Président de Microsoft Africa dans une interview du journal Les Echos (8,9/07/11) donnent clairement la voie qu’il faut suivre :

« L’Afrique souffre d’une absence totale de l’Etat …

La croissance doit être propre et transparente, avoir un vrai contenu social : aujourd’hui, 25% des ressources de l’Afrique sont détournés par la corruption…

Je pense que la communauté internationale, plutôt que de dépenser de l’argent pour la reconstruction de pays dévastés par des conflits électoraux, comme la Côte d’Ivoire, devrait financer en amont l’organisation d’élections transparentes. Elle a un droit d’ingérence pour que la Constitution et les règles du jeu soient appliquées. C’est à ce prix qu’on verra l’émergence d’une nouvelle génération de leaders en Afrique… »

Un message qui s’inscrit dans la suite de la déclaration  du Président Obama, qui, s’adressant à l’Afrique, avait souligné combien il était capital pour les pays de ce continent de se doter de véritables institutions d’état.

Et en ce qui concerne l’humanitarisme à la mode, et la place des ONG, je conseille aux lecteurs de lire dans le Monde du 12 août 2011, la dernière « Lettre d’Afrique, intitulée « Au bon cœur des peuples », de Jean-Philippe Rémy.

Sa lettre fait très justement le point sur la famine dans la corne de l’Afrique et sur la réaction du peuple du Kénya qui n’a pas attendu  le concours des institutions internationales pour pratiquer la solidarité:

« Kénians4Kénians n’a pas non plus la prétention de vouloir tout faire. Mais il faut avoir vu un pays comme celui-ci où les organismes humanitaires semblent parfois planter leurs drapeaux comme autant de conquêtes, pour comprendre la joie des Kényans à assurer eux-mêmes leur propre solidarité. »

Jean Pierre Renaud

Les Mariages forcés: « ton mari sera ton maître » -France 5 du 18/05/10

Du « mariage forcé » de Molière (1664) aux « mariages forcés » (2010) !

« Ton mari sera ton maître »

 France 5, le 18/05/10, un documentaire

 de Jean-Pierre Igoux

        Un documentaire très intéressant qui met en scène des femmes très courageuses, d’autant plus intéressant qu’il pose bien le problème de beaucoup de mariages entre françaises d’origine immigrée et étrangers des mondes maghrébins et africains.

            Pourquoi ne pas dire que le titre, un peu anodin, cachait à tort le vrai sujet du documentaire ? Il fallait être un téléspectateur curieux, ou chanceux, pour tomber sur le sujet. Et les programmes de télévision consultés n’étaient pas du tout explicites à ce sujet, il faut le souligner.

            J’aurais sûrement préféré le titre de « Mariages forcés », celui de l’association qui aide les victimes de ces unions à y échapper.

            L’émission met en évidence les graves problèmes que certaines de nos jeunes concitoyennes, d’origine immigrée, rencontrent, pour échapper au poids de la culture de leurs parents, de leur famille d’origine, et au-delà, souvent de la communauté humaine, qui était celle de leurs parents.

            La plupart des Français n’ont aucune idée du fonctionnement de la famille maghrébine et africaine et du poids de leurs traditions.

            Le documentaire met en évidence les différents sens qu’il est possible de donner à ces mariages, souvent forcés aux dires des femmes témoins, respect des traditions oui, mais aussi enjeux financiers, et aujourd’hui, enjeux d’une nouvelle immigration, le mariage de la pauvreté ou du titre de séjour.

            Alors il est vrai que chez nous, le mariage a été longtemps, et reste encore et quelquefois, un arrangement familial ; afin d’éviter les mésalliances de culture ou d’intérêt, mais dans le cas de ces mariages forcés, les femmes sont effectivement privées de leur liberté de choix, écartelées entre deux cultures, les leurs et celles de leurs parents.

            Je puis donner l’exemple d’un couple mixte dont les parents refusèrent à leur fils d’épouser une française, au motif qu’elle allait l’éloigner du culte des ancêtres.

            Il ne faut donc pas sous-estimer les réactions des parents et grands-parents déchirés entre deux cultures, soucieux de ne pas se couper définitivement de leur pays d’origine, tout en reconnaissant clairement que les citoyennes françaises, quel que soit leur pays d’origine, jouissent toutes des mêmes droits.

            Pas plus qu’il ne convient de sous-estimer les réactions encore présentes de parents (et grands-parents)  de culture française qui se voient imposer un gendre ou une belle fille de culture ou de religion étrangères, alors que ces derniers usent naturellement de leurs pleins droits.

                        Alors, et pour conclure provisoirement, je crois tout de même que notre société a quitté définitivement le siècle du « Mariage forcé » de Molière, où l’on voit Sganarelle, considéré comme un vieillard à son époque, convoiter une jeune femme, par ailleurs toute prête à devenir la veuve de son barbon, puis se résoudre à ne plus se marier, mais obligé de faire le contraire, sous la menace de mort du frère de la jeune dulcinée :

            « Hé bien ! J’épouserai, j’épouserai !

Jean Pierre Renaud