Humeur Tique: Roms, gens du voyage, une grande confusion intellectuelle et politique – La Binette des journalistes en pleine page des journaux: une pub de têtes « bien faites »?

Roms, gens du voyage, une grande confusion intellectuelle et politique :

        En ma qualité de citoyen toujours curieux des affaires françaises, j’essaie de mieux comprendre le dossier des gens du voyage, sans trouver dans la presse que je lis les informations qui me permettraient de pouvoir le faire.

            Dans l’éditorial du Monde du 11 septembre 2010, intitulé « La France, l’Europe et les Roms », je lis : «… La France a bien des torts… Elle a donné l’impression que l’on faisait peser sur l’ensemble d’une communauté, Roms ou gens du voyage, la responsabilité des méfaits commis par quelques-uns. »

            Roms ou gens du voyage ? Alors que le Monde Magazine du 4 septembre publie une interview de Mme Asseo, très intéressant sur cette population, son histoire, les expressions utilisées pour leur dénomination, et le chiffre estimé de leur effectif.

            On apprend que l’appellation Rom vient d’une initiative des intellectuels de l’Union romani issus du bloc soviétique (années 1970) : « Ils ont choisi le terme générique « Rom ».

            Alors parmi ces gens du voyage, combien de roms ou non, sont nomades ou pas, et  citoyens français ? Puisque j’ai lu qu’un grand nombre d’entre eux étaient citoyens français, alors qu’ils seraient eux aussi astreints à faire contrôler leurs carnets de circulation ?

            Le 15 septembre, le journal du soir de France 2 a publié un long reportage sur une occupation illicite du terrain d’aviation de La Ferté Allais, par des « tziganes » (roms, gens du voyage… ?), dont un vieux cacique revendiquait sa nationalité  française : alors français ou pas ? Précisons que leur convoi comptait de très nombreuses et belles caravanes, et qu’il est sans doute difficile, pour n’importe quelle commune d’aménager des aires de passage adaptées à leur importance.

            Et précisément, en ce qui concerne ces aires de passage dont on cite les chiffres les plus fantaisistes, combien y en a-t-il exactement de légaux et d’illégaux ? Et combien de communes, parmi les plus importantes ont respecté leur obligation d’ouvrir des espaces de stationnement pour les gens du voyage ? Et combien de députés et de sénateurs de droite ou de gauche, maires de communes de plus de 5 000 habitants, sont en règle avec cette obligation ? Bordeaux  ne l’était pas, et Paris non plus !

            Alors que je pourrais vous citer au moins deux communes de la Sarthe dont la population ne dépasse pas 3 000 habitants qui ont aménagé des aires de passage, dont la superficie ne permettrait pas de toute façon d’accueillir le convoi de la Ferté Allais.

            Il n’est pas certain que le Décryptage proposé par le Monde du 12/9/10 aide le lecteur à mieux saisir les données de ce dossier sensible : dix réactions de lecteurs, dont deux à Paris, et six sur dix à Paris ou Ile de France. Est-ce que ces lecteurs, qui dans leur immense majorité critiquent la position du gouvernement, pourraient nous dire si leur commune dispose d’une aire de passage prévue par la loi ?

            Que ce dossier ait été mal géré, c’est certain, et les réactions des lecteurs ci-dessus le notent ! Que la presse n’ait pas donné toutes les informations utiles sur  un tel sujet sensible, c’est également certain !

            Une des dix réactions de lecteurs émane du Québec, pourquoi pas ? Est-ce que son contenu ne traduirait pas le sentiment d’une majorité silencieuse de Français qui ne savaient sans doute pas que l’Union Européenne avait dégagé de gros moyens pour aider la Roumanie et la Bulgarie à mieux intégrer leurs gens du voyage, et que les deux pays en question n’ont pas mis, jusqu’à présent beaucoup de bonne volonté pour  trouver des solutions nationales à ce problème « historique ».

            La contre-enquête du Monde du 18 septembre (deux pages) va enfin plus loin dans l’information, mais je serais tenté de dire en reprenant le propos d’un de mes anciens professeur « Peut encore mieux faire ! »

            Dans cette curieuse affaire des « Roms », je serais tenté de dire que le gouvernement l’a tout à fait mal gérée, au plan national et international, et jamais « communiqué », à ma connaissance, les données exactes de tout le dossier, alors que dans beaucoup d’autres domaines , la communication politique est surabondante. Ne voit-on pas, chaque jour, le ministre du budget communiquer sur le budget, suivant sans doute l’exemple de son autorité la plus supérieure.

            Et en ce qui concerne l’information donnée à ce sujet par les journaux, les citoyens restent largement sur leur faim.

 Tête « bien faite » ou tête « bien pleine » : la binette des journalistes. Avec un poil de barbe, c’est plus mode, ou c’est fun ! Leur pub en pleine page des journaux, image ou information ?

        Vous avez sans doute vu, comme moi, sur des affiches ou dans les journaux, la binette de certains journalistes, tout sourire bien sûr, de la presse écrite ou parlée, quelquefois une pleine page de journal.

            Un peu de surprise sans doute de penser qu’il soit nécessaire de voir l’homme de l’information avoir besoin de montrer son visage ! On marchandiserait  donc sa petite gueule ?

France-Algérie – Le Monde du 21 mai 2010 – Contre-enquête: peut-on réconcilier les mémoires

 Le deuxième sous-titre: « Cinquante après, est-il possible d’écrire une histoire commune? » est à lui seul l’illustration parfaite du mélange des genres permanent entre mémoire et histoire, de la confusion qu’entretiennent, entre autres, certains des historiens cités dans les deux pages. (Voir mon commentaire du livre de Stora intitulé « La guerre des mémoires », blog du 25 avril 2010)

    Sur le projet de fondation envisagé pour la mémoire de la guerre d’Algérie, une seule remarque: que vient faire l’Etat dans cette affaire? Laissons le soin aux différents groupes de pression, et Dieu sait s’ils sont nombreux, de défendre leur mémoire, en soi respectable.

    Le journal donne la parole à l’historien Harbi, ancien responsable du FLN, pourquoi pas? Mais je ne serai sans doute pas le seul soldat du contingent de cette sale guerre à manifester ma surprise.

    Je me contenterai de citer à nouveau, et à ce sujet, le grand historien, et non mémorialiste, Marc Bloch:

    « Le grand piège des sciences humaines, ce qui longtemps les a empêchées d’être des sciences, c’est précisément que l’objet de leurs études nous touche de si près que nous avons peine à imposer silence au frémissement de nos fibres  » (Fustel de Coulanges-1930)

     De quoi encore plus « frémir » de nos jours!

     Et de façon plus anecdotique, que penser des références Blanchard et Bancel, le premier, plus « montreur » d’images coloniales qu’historien, et au surplus « historien entrepreneur », le deuxième dont la thèse de doctorat a porté sur un sujet scientifique tout de même assez restreint, « Les mouvements de jeunesse et sports dans l’évolution institutionnelle et politique de l’AOF (1945-1960)

    Et en ce qui concerne les pensions, est-ce que ces anciens appelés n’ont pas demandé cette fameuse pension? Sans quoi ils n’en seraient pas attributaires? Donc repentants?

  Jean Pierre Renaud