Questions démocratiques ?

Le citoyen Philippe crée un nouveau parti sous le sceau des trahisons !

La divine surprise !

            Tentons de comprendre une vie politique chaotique.

L’ancien Premier Ministre, lance un nouveau parti : ah bon ! Alors que dans les importantes fonctions qu’il a occupées entre 2017-2020 sous la Présidence Macron, ce dernier, en le nommant, avait au moins fait d’une pierre deux coups : 1), affaibli le seul parti qui comptait encore dans notre vie publique, les Républicains, que trahissait le Premier Ministre 2) tout en donnant aux Français l’image d’un choix d’antidote politique « ancrée » au Havre, c’est le cas de le dire…

Tout au long de son mandat, Macron a inventé toute une série de subterfuges, de gadgets, le Grand Débat ou les tirages au sort, faute de pouvoir compter sur son propre parti, technocratique en diable, et hors sol, afin d’éviter de négocier avec les Républicains, le seul parti encore représentatif dans nos institutions.

L’article 4 de notre Constitution reconnait pleinement le rôle démocratique des partis politiques : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage universel… La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la nation. »

Pour constituer ses gouvernements, Macron n’a cessé de débaucher des hommes ou femmes politiques qui siégeaient dans les deux formations principales du pays, les Républicains ou les Socialistes, eux-mêmes sans amour propre, ni respect de leur engagement, ni loyauté, ni états d’âme !

Que faut-il penser de l’initiative Philippe ?

Il faut quand même être « fortiche » pour avoir l’ambition, de nos jours, et pas au temps de Jules Verne, de dessiner les « horizons » de la France, de l’Europe, et  du monde en 2050 !

De quoi rendre jaloux le camarade Bayrou, qui délesté judiciairement de son magistère des Sceaux, a été consolé par une nomination de « HautCommissaire au Plan », un « Plan » qu’il va falloir caser dans les « Horizons » de Philippe ? Il est vrai que dans les Pyrénées Atlantiques et non sur les bords de mer, il faut grimper haut pour ne rien perdre des horizons.

Dans le même paysage, l’ombre d’un Président en campagne qui a l’ambition de dessiner un nouvel avenir pour le Pays et promeut son programme pour les années 2030, une France à venir en 3 Exemplaires (Bayrou, Philippe, Macron), en biffant la consultation de 2022.

Avec en fond sonore, le tam tam quotidien du Président et de son orchestre de batteurs de tambour !

Avec, dernière question, qui paie ? Qui tient la comptabilité républicaine de ces dépenses d’un Président ? Ou d’un candidat ?

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

La République Française et la Corse ? Cartes sur table ! Un nouvel Etat ?

   Le 10 décembre 2017, les nationalistes et indépendantistes de Corse ont remporté les élections de la nouvelle assemblée régionale.

            Leur discours actuel ? Aller vers l’indépendance de l’île dans une dizaine d’années.

            Ce processus suscite de multiples questions :

            La première, la République Française indivisible existe-t-elle encore, étant donné que son assiette constitutionnelle échappe ou semble échapper à ses pouvoirs constitués, le Parlement et le gouvernement, donc aux citoyens français ?

            Ne serait-il pas constitutionnel et démocratique de soumettre  ce choix à un  référendum national, Corse comprise, plutôt que de se laisser entraîner dans un processus constitutionnel détourné. Monsieur Siméoni a reconnu d’ailleurs qu’il conviendra de modifier la Constitution.

            En troisième lieu, et avant toute chose et toute décision, il est capital que le processus engagé le soit « cartes sur tables », du « doit » et de l’« avoir », ce qui veut dire avec un bilan des relations de toute nature existant entre les deux collectivités.

       Il faut qu’il soit bien clair, que dans une situation d’indépendance de la nouvelle Corse, le nouvel État ne bénéficiera pas, sous couvert d’une appellation flatteuse d’une autonomie-indépendance qui ne dit pas son nom, d’une sorte d’assistance respiratoire ad vitam æternam, en conservant tous les avantages existant aujourd’hui avec sa métropole, continuité territoriale, relations extérieures, monnaie, défense, sécurité, aide sanitaire et sociale, lutte contre les incendies, etc…

            Est-ce que dans la balance, les beautés de la Corse suffiront à faire le poids ?

            Quatrièmement, la République française a tout intérêt à quitter ces chemins de traverse qui, sous couleur de grandeur nationale et d’autonomie, depuis des dizaines d’années, laissent s’établir dans ces territoires le laissez aller des affaires publiques.

            A lire l’Editorial du Figaro du 3 décembre : « Corse : le pari du réalisme » et le Contre-Point de la page 3 : « Outremer : l’autonomie, antidote de l’indépendance », on voit bien se perpétuer ce type de dérive « nationale » quasi-historique qui continue à prospérer chez nous les yeux fermés, dans l’outre-mer en général.

             Avec une fois de plus, une illustration de l’adage « le beurre, et l’argent du beurre ».  

    Jean Pierre Renaud

        Dernière heure ! Le Miracle ! Le Parisien du 5 janvier 2017, page 15 :

          » Au Cap Corse, on marche sur l’eau »

Humeur Tique – Affaire Fillon, séparation constitutionnelle des pouvoirs, et primaires?

   Il n’est pas besoin d’avoir fait de grandes études de droit pour se poser, en  termes de culture démocratique et républicaine, la question de savoir si le processus juridique engagé dans cette affaire n’est pas précisément inconstitutionnel ?

      Que voit-on concrètement ? Le quatrième pouvoir, celui des médias, qui n’existe pas dans notre constitution, actionne la Justice, un des trois pouvoirs de cette constitution, l’exécutif, le législatif, et le judiciaire.

      Cela revient à placer le pouvoir législatif sous le contrôle du pouvoir judiciaire, et dans le cas présent sous celui d’un de ses constituants, le parquet. Ce dernier est sous les ordres de l’exécutif, alors que ce même parquet réclame depuis des années les garanties de son indépendance.

       Il y a décidément, et une fois de plus, quelque chose de pourri dans le fonctionnement de nos institutions.

      J’ai déjà dit ce que je pense de la perversion des primaires, et des partis politiques qui se défaussent de leur rôle constitutionnel, bénéficiant à cet effet d’un financement public, en demandant à un corps électoral non défini de choisir la doctrine politique qu’ils n’ont pas le courage de choisir eux-mêmes.

            Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : anniversaire de la Constitution : de quelle Constitution est-il question ?

 Le Conseil Constitutionnel a organisé un raout pour fêter les 55 ans de la Constitution de 1958, celle du Général De Gaulle.

            Etait-il nécessaire d’entendre l’actuel Président se féliciter de la souplesse de notre constitution, laquelle fonctionne actuellement avec un Président qui fait revivre les grandes traditions de la Quatrième République, c’est-à-dire la confusion du verbe, le brouillard, l’absence d’un cap national, ce qui a causé la perte de cette République ?

              Et que dire des arbitrages presque quotidiens entre des ministres qui se conduisent en permanence comme des gamins en cour de récréation ?

             Une discipline d’autant plus difficile – elle n’existe d’ailleurs pas – qu’il faut continuellement morigéner 39 ministres, excusez du peu !

            C’est à se demander si les longues années, trop longues peut-être, de préparation du chef de l’Etat à d’autres fonctions que celles d’un élu local ou d’arbitre d’un grand parti, ont réussi à lui donner une véritable « constitution » de Président d’une Cinquième République qu’il est allé célébrer.

La « guerre » du Mali, avec Hollande ou Jules Ferry!

La « Guerre » du Mali avec Hollande !

Mesdames et Messieurs, cessons de jouer avec les mots !

Entre Jules Ferry et François Hollande, quelle différence entre « fait accompli » colonial et « fait accompli » néocolonial ?

Le nouvel article 35 de la Constitution de 1958, une régression de la démocratie républicaine !

     1883 : Jules Ferry, Président du Conseil, fait la guerre au Tonkin, sans demander l’accord préalable du Parlement, alors que la Constitution de 1875 disposait dans son article 9: « Le Président de la République ne peut déclarer la guerre sans l’assentiment préalable du Parlement. »

            La Constitution du 27 octobre 1946 disposait dans son article 7 :

            « La guerre ne peut être déclarée sans un vote de l’Assemblée Nationale et l’avis préalable du Conseil de la République »

            2013, le vendredi 11 janvier, François Hollande, après avoir engagé les forces armées de la France au Mali, déclare quelques jours après : « cette décision que j’ai prise vendredi dernier. 

Intervention ou guerre ? Il est évident qu’un Président de la République qui fait intervenir nos avions de chasse dans un pays étranger, fut-il réputé ami, accomplit un acte de guerre, avec un risque d’engrenage, engrenage qui a eu lieu, jusqu’à quand ?

            La France est donc en guerre au Mali, et il n’est pas interdit de se poser de vraies et bonnes questions sur l’interprétation de l’article 35 de la Constitution, d’un article modifié par le Congrès du Parlement le 23 juillet 2008, et adopté par 539 voix, en grande majorité de la droite, contre 357 voix, en grande majorité de la gauche, mais à la majorité d’une voix seulement pour une majorité constitutionnelle des trois cinquièmes fixée à 538 voix.

Ironie de l’histoire, c’est aussi grâce à une voix, et le vote de l’amendement Wallon, que la Troisième République a atteint, en 1875, sa forme républicaine !

L’article 35 de la Constitution de 1958, celle du général de Gaulle, disposait :

« La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement »

Le Parlement, réuni en Congrès, le 23 juillet 2008 a modifié cet article de telle sorte que le Président de la République dispose à présent d’un droit de faire la guerre sans la faire, et sans le dire.

La Côte d’Ivoire, la Lybie, et aujourd’hui, le Mali, sont l’illustration de ce nouvel état d’un nouveau droit constitutionnel qui ne dit pas son nom, car le nouveau texte dispose après l’aliéna 1, cité ci-dessus :

« Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement. Il peut demander à l’Assemblée nationale de décider en dernier ressort.

 Si le Parlement n’est pas en session à l’expiration du délai de quatre mois, il se prononce à l’ouverture de la session suivante. »

Très étrange rédaction et rédaction inacceptable !

Dans le cas du Mali, le Président de la République engage la France dans ce qu’il faut bien appeler une « guerre »  qui ne dit pas son nom. Le Parlement n’a rien à dire pendant quatre mois, et en dehors d’une session, le même gouvernement peut continuer à faire la guerre en attendant l’ouverture de la session  suivante.

Comment la représentation nationale a pu accepter ce déni de démocratie, d’une France en guerre par la décision de son Exécutif, sans qu’elle ait son mot à dire pendant quatre mois. ?

Après un débat sans vote, le gouvernement peut donc continuer son « intervention » militaire pendant quatre mois, sans demander l’autorisation du Parlement ?

En quatre mois, il peut s’en passer des choses, quand on fait la guerre !

Pourquoi ne pas se demander aussi à quoi peut bien servir la représentation nationale si elle est incapable de se réunir dans l’urgence et donner, ou non, son feu vert, sur un sujet aussi capital pour la vie de la nation qu’une entrée en guerre de la France dans un pays étranger.

Alors, guerre ou pas guerre ? Intervention de nos forces militaires ou guerre ? L’hypocrisie politique des mots !

Autorisation de l’ONU ou non, la France a engagé une nouvelle guerre en respectant la Constitution dans sa forme nouvelle, qui est en soi, une violation de la démocratie républicaine.

Etrangement les mêmes responsables politiques socialistes qui, en leur qualité de députés et sénateurs, les Hollande, Ayrault, Fabius, Bartolone, Bel, etc… avaient voté contre la réforme de 2008, ont endossé très facilement les nouveaux habits d’une République en guerre qui ne dit pas son nom.

En conclusion, pour avoir fait de nombreuses recherches historiques afin de déterminer où se situait le « fait accompli » colonial dans les institutions de la Troisième République, notamment à l’époque des conquêtes coloniales de Jules Ferry et de la Troisième République, soit du fait des exécutants, soit du fait des ministres eux-mêmes, et en avoir tiré la conclusion que le « fait accompli » colonial se situait le plus souvent dans la sphère gouvernementale, je serais tenté de dire que la décision Hollande et tout autant les décisions antérieures de Sarkozy pour la Côte d’Ivoire et la Lybie ressemblent fort à des « faits accomplis » du type néocolonial.

Une véritable révolution dans notre conception et le fonctionnement de la République

Giscard a évoqué un néocolonialisme et il n’avait pas tort.

Et pourquoi ne pas rappeler aussi que dans deux débats célèbres de la Chambre des Députés sur l’affaire du Tonkin, les 24 novembre 1884 et 31 juillet 1885, un homme, Clemenceau, s’était élevé contre les initiatives intempestives de Jules Ferry ?

 Avez-vous entendu un homme ou une femme politique de la même envergure dans notre Parlement sur un sujet aussi grave que le Mali, mettre en demeure les députés de droite ou de gauche de prendre clairement position, c’est à dire leurs responsabilités, sur ce nouveau conflit ?

Au fond, l’article 35 les arrange bien tous, en leur donnant un drôle d’alibi, celui de la Constitution !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique politique du jour: les pioches, UMP, contrat de génération, et Education « durable »

Humeur Tique politique du jour : mauvaise, bonne pioche, et pioche durable !

UMP, Chômage des jeunes et des seniors, éducation « durable »

 Mauvaise pioche, ces primaires pour l’élection d’un Président de l’UMP, comme c’était déjà le cas pour le choix d’un candidat socialiste aux élections présidentielles !

            A quoi sert l’article 4 de la Constitution, premier alinéa «  Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage … » ?

            S’ils s’en remettent aux instituts de sondage et à l’opinion des Français pour le choix de leurs responsables !

            Et donc, s’ils n’ont même pas le courage de demander à leurs militants de choisir les chefs de leur parti, c’est-à-dire qu’ils optent pour un choix médiatique !

 Bonne pioche du gouvernement, le contrat de génération qui a l’ambition d’associer dans l’emploi, un jeune débutant et un senior en préparation de retraite, et de contribuer à lutter contre le chômage des jeunes.

            Il est à souhaiter que ce nouveau contrat redonne un espoir à une partie de notre jeunesse.

Pioche à « l’as » de l’éducation « durable »

       Il n’est pas besoin d’être un spécialiste des dossiers de l’éducation nationale pour avoir remarqué que tous les ministres qui ont défilé au ministère de l’Education Nationale ont eu pour souci d’attacher leur nom à une réforme de notre Education Nationale.

            Vous seriez sans doute surpris de constater que la mémoire des Français les a oubliés, de même que leurs réformes.

            Le ministre actuel suit les traces de ses nombreux prédécesseurs, alors que la seule réforme qui vaudrait la peine, et qui a un coût incontestable, devrait porter sur le traitement des enseignants

            D’après l’OCDE, et en comparaison de l’Allemagne, après 15 années de service, le salaire moyen dans l’enseignement primaire est de 33 359 euros en France, contre 57 005 euros en Allemagne, dans le premier cycle de l’enseignement secondaire, de 35 856 euros contre 62 930 euros en Allemagne, et dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, de 36 145 euros contre 68 619 euros en Allemagne.

            Cherchez l’erreur !

Humeur Tique : la « race » relative de Hollande et les symboles de son installation présidentielle : Jules Ferry et Marie Curie !

        Marie Curie, très bien ! Mais Jules Ferry, un vrai problème !

Promoteur de l’école publique, très bien ! Mais tout autant promoteur et défenseur acharné du « colonialisme » français, il est permis de se poser la question : il incarnait la trop bonne conscience du cénacle républicain de progrès, franc-maçon, qui prônait les conquêtes coloniales de la Troisième République, tous azimuts, au nom des « races supérieures ».

Lors de l’affaire du Tonkin, et du grand débat du 28 juillet 1885, il défendit cette position en tant que Président du Conseil.

« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… »

Parmi ses célèbres contradicteurs dans ce débat, fut George Clemenceau, lequel, en donnant l’exemple de la civilisation chinoise, contestait  la thèse de Jules Ferry.

Pourquoi ne pas estimer que l’idée, auparavant avancée par le candidat de suppression du mot race dans notre Constitution, parait bien étrange, car le mot de race n’est péjoratif que pour ceux ou celles qui l’entendent dans un seul sens, celui du racisme ?

Aurons-nous bientôt un dictionnaire des mots au goût changeant des politiques ?

Le choix de Jules Ferry n’illustre-t-il pas, à dire la vérité, l’ignorance généralisée de notre histoire coloniale, quoiqu’en disent, en pensent, et en écrivent, certains chercheurs qui tentent de nous faire croire le contraire, par le canal d’un « inconscient collectif » colonial.

Mais alors le nouveau Président serait une nouvelle victime de son « inconscient collectif » ?

Alors ? Est-il bien vrai que le nouveau Président va faire supprimer le mot « race » de notre Constitution ?

Guerre en Libye: hélicoptères de combat en Lybie contre radars des députés français!

Le mandat des députés : radars contre hélicoptères de combat en Libye !

            Le Figaro du 23 mai 2011 en première page :

 « Libye

La France engage ses hélicoptères d’attaque »

Le Monde du même jour : rien sur ce nouvel engagement militaire de la France !

Comment ne pas se poser des questions, une fois de plus, sur la liberté tout à fait anormale que la Constitution française laisse au Président de la République pour engager l’armée française, aujourd’hui professionnelle, dans des opérations de guerre à l’étranger ? Et sur l’écho que ce nouveau pas franchi dans la guerre de l’autre côté de la Méditerranée reçoit dans la presse ?

Et comment ne pas être étonné de voir nos braves députés s’intéresser beaucoup plus à la suppression des panneaux annonciateurs de radars, et à la communication très flottante du gouvernement à ce sujet,  qu’à cette nouvelle guerre qui nous est annoncée ?

Car il est évident que la France s’est, une fois de plus, engagée dans des opérations de guerre qui ne disent pas leur nom, fusse avec l’accord d’autres pays de l’OTAN, et avec un mandat de l’ONU !

Sommes-nous  toujours dans le champ du mandat international d’interdiction de vol  dans une zone de protection des populations civiles, avec l’intervention d’hélicoptères de combat au sol ?

La résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU a en effet décidé d’instaurer une zone d’exclusion aérienne en Libye afin de « protéger les populations civiles ».

En vertu de la constitution actuelle, le Parlement ne sera donc saisi que quatre mois après le début de l’engagement militaire de la France en Libye ?

Est-ce qu’il ne serait pas digne d’une république moderne et démocratique de laisser à  la représentation nationale le soin de décider si le pays s’engage ou non dans une intervention militaire, quelles qu’en fussent les raisons, humanitaires ou pas ?

Jean Pierre Renaud

« Guerres d’Afrique, 130 ans de guerres coloniales, l’expérience française », de Vincent Joly, lecture 2

« Guerres d’Afrique

130 ans de guerres coloniales

L’expérience française »

Vincent Joly

Lecture critique

Volet 2 (volet 1 sur le blog du 11 mai 2011 )

La problématique de la guerre : « une espèce de guerre coloniale » ?

Le premier chapitre intitulé « Guerres et violences coloniales : thèmes et débats » ouvre le livre sur le véritable débat de fond, le contenu du concept de guerre, son évolution et sa définition selon les auteurs, et sa signification en tant qu’une « espèce de  guerre coloniale ».

Ma première remarque porterait sur la qualification coloniale : est-ce qu’une guerre coloniale, petite ou grande, courte ou longue, n’est pas, avant toute chose, celle qui est faite par une puissance qui entend en dominer « une autre », un nouveau territoire, une colonie, donc une guerre coloniale par destination.

La distinction que font les auteurs anglo-saxons entre celles qui ont eu lieu avant 1914, les « small wars », et celles d’après, les « imperial policing » ne suffit pas à décrire les différents états de guerre coloniale, selon les époques.

Ma préférence irait plutôt, en ce qui concerne la France, vers des critères techniques plus rigoureux, le théâtre d’opérations (désert, savane ou forêt), la latitude (tropicale ou non), une mise en œuvre artisanale (Soudan) ou industrielle (Tonkin, Dahomey, ou Madagascar), les effectifs mis en œuvre (africains ou non), les technologies disponibles et mises en œuvre, et évidemment la date, et tout autant la saison.

La thèse développée par l’historien Headricks dans le livre « The tools of imperialism » est tout à fait stimulante à cet égard : pas de conquête du Soudan sans vapeurs sur le fleuve Sénégal, et pas de conquête du bassin du Niger, sans télégraphe (ce que releva d’ailleurs l’historien Brunschwig), canons, et fusils à tir rapide, mais tout autant, sans quinine, et sans recours à une troupe africaine nombreuse.

Le recrutement de ce type de troupe donnait la possibilité de financer la conquête au moindre coût, en faisant appel au minimum de soldats européens mal adaptés, sur le plan de la santé et de l’acclimatation, à ce théâtre d’opérations

Les critères d’analyse retenus par l’historien Keegan dans son « Histoire de la Guerre » seraient sans doute plus pertinents, notamment ceux de « feu », de « logistique », marginalement de « fortifications » à l’occasion de la conquête de l’ouest africain (les fameux tatas), mais en y ajoutant la nature des troupes, la contrainte climatique, et l’importance de l’outil militaire de la conquête, la « colonne », au cours de ce qu’il conviendrait d’appeler la première phase des guerres « coloniales » modernes.

Au cours de la première période, c’est sans doute l’outil militaire de la « colonne » qui a été l’instrument majeur de la conquête coloniale, mis en pratique par les puissances européennes avec des caractéristiques et  une intensité militaire différente selon les enjeux, les époques et les théâtres d’opération.

Quoi de commun entre les premières colonnes de Gallieni en marche vers le Niger dans les années 1880 et celles qu’il commanda au Tonkin dans les années 1890 contre le Dé Tham dans le Yen Thé ?

L’auteur propose sa propre définition de la guerre coloniale qui réunirait trois caractéristiques, une défaite d’exception, la disproportion des pertes subies, la composition africaine de l’armée coloniale. (page 32)

Une telle définition appauvrit considérablement le concept historique, et n’est de toute façon plus applicable dans des contextes historiques tels que la guerre du Rif, ou celles d’Indochine et d’Algérie.

Et en ce qui concerne un des critères, celui des pertes, dans quelle case du bilan, conviendrait-il de mettre les pertes européennes causées par les maladies (le tiers des effectifs de l’expédition malgache en 1895-1896) ?

Le critère proposé par l’historien Henri Brunschwig, même s’il est également très général, traduit beaucoup mieux la relation coloniale entretenue par la métropole pour laquelle toute guerre coloniale, n’a jamais été que « secondaire »

A ce stade de la lecture et de la réflexion, je serais tenté de dire que faute d’avoir choisi un fil conducteur et une chronologie historique, une définition précise de la guerre coloniale, l’auteur brosse un tableau plus récapitulatif que comparatif et synthétique des guerres d’Afrique, dites « coloniales », sans que la rigueur historique y trouve en définitive son compte, en juxtaposant expériences et guerres « coloniales », sans qu’on en voie toujours les lignes de force communes ou antagonistes.

 Les ambiguïtés

Le titre du livre vise les guerres d’Afrique, et il parait tout à fait surprenant d’y inclure la guerre d’Indochine, même si on voit bien le lien que fait l’auteur entre la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie, compte tenu des idées de guerre subversive, psychologique, révolutionnaire, qui ont inspiré, en Algérie, une partie des officiers d’active dans la guerre qu’ils y ont menée.

Mais ce rapprochement est tout à fait discutable, sauf à passer à un autre type d’analyse, celle des guerres « coloniales » modernes, de type d’abord asymétrique, puis de plus en plus symétriques, en raison des moyens militaires mis en œuvre, telle celle du Vietnam, qu’ont été certaines guerres d’indépendance nationale.

D’autant plus discutable qu’en Indochine, la confrontation est-ouest a très rapidement donné une coloration très différente au conflit, ce qui n’a pas été le cas de l’Algérie, même si certains officiers ont tenté d’accréditer cette thèse.

Une école algérienne de la guerre coloniale? Et la doctrine du fait accompli ?

L’auteur fait un sort à une école militaire algérienne à la mode Bugeaud, et classe Faidherbe dans la mouvance de cette école, mais cette ascendance, même si elle a existé, n’a pas obligatoirement conduit Faidherbe à mener ce type de guerre sur un théâtre d’opérations complètement différent, avec l’innovation des opérations amphibies,  et avec une conception coloniale encore plus différente de celle de l’Algérie.

L’auteur écrit : « Comme Bugeaud, il estime (Faidherbe) qu’il ne peut y avoir de sécurité sans occupation militaire même si celle-ci va à l’encontre de la politique voulue à Paris. Ainsi, en 1859, alors que de nouvelles instructions lui ordonnent de consolider le territoire acquis, il lance une colonne dans le Siné afin de « restaurer le prestige de la France ». En agissant ainsi, il inaugure une pratique du fait accompli et de lace vis-à-vis des pouvoirs civils métropolitains qui est érigée en principe par ses successeurs « soudanais ». Il est ici, selon la juste expression de R.Kanya-Forstner, le véritable père de l’impérialisme français au sud du Sahara. » (page 95)

J’ai consacré plusieurs années de recherches historiques dans les archives militaires et dans les récits de campagne des officiers, et il y en a eu beaucoup, afin de tenter de déterminer la place du fameux « fait accompli » dans l’histoire des conquêtes coloniales. J’ai livré le résultat de ces recherches dans le livre « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large », et ces recherches démontrent :

 1) que dans le contexte des communications de l’époque, il existait effectivement une liberté large et inévitable de commandement. Au cours même de la guerre de 1914-1918, l’historien Keegan a montré les limites du commandement, même au plus près des combats, le chef n’étant le plus souvent pas informé, ou avec retard, de ce qui se passait en avant des tranchées,

2) que le fameux fait accompli était le plus souvent au moins autant celui du petit groupe politique colonial qui tirait les ficelles à Paris que celui décrit comme le clan des « Soudanais », « les épigones de Bugeaud » (page 115)

3) que la thèse de R.Kanya-Forstner avait le mérite d’exister, mais qu’elle n’était pas toujours fondée dans tous ses développements,

4) qu’en tout état de cause, aucune opération militaire ne pouvait se dérouler sans que son chef ait un minimum de liberté de commandement.

Et j’ajouterais volontiers que la course vers Fachoda, ou le lac Tchad, avec le désastre de la colonne Voulet-Chanoine, la guerre du Dahomey, l’expédition de Madagascar, pour ne citer que ces quatre exemples, ne s’inscrivaient pas dans la thèse du fait accompli colonial, mais bien dans celle de la décision politique ou du fait accompli politique.

Alors parler d’école algérienne de l’impérialisme parait tout simplement exagéré, pour ne pas utiliser un qualificatif plus fort. L’extension de cette conception génétique de la guerre coloniale à la guerre d’Indochine ou à celle d’Algérie, serait encore plus étrange !

Mais tout à fait curieusement, il semble qu’à l’arrière-plan de ce type d’analyse se profile l’ombre de l’Algérie, toujours l’Algérie, et sa guerre d’indépendance qui aurait effacé les autres colonies, même si l’Algérie n’était pas une colonie, une « ombre » familière à beaucoup de chercheurs de l’histoire coloniale ou postcoloniale.

Ecole algérienne, celle de Gallieni ou de Lyautey ? Cette thèse n’est pas fondée, en tout cas pour ceux qui ont fréquenté, et leurs récits, et leurs campagnes.

Une armée d’Afrique ?

J’avouerai qu’à la lecture de ce livre par ailleurs bien documenté grâce à son abondante historiographie, et intéressant, j’ai eu de la peine à retrouver les justes repères sur la nature des armées coloniales, sauf en ce qui concerne leur appel à un recrutement toujours très important de soldats africains.

A mes yeux, l’armée d’Afrique était celle d’Algérie, et plus largement celle de l’Afrique du nord, et pas celle des colonies africaines, formée de régiments d’infanterie ou d’artillerie coloniale, et pas du tout de régiments de zouaves ou de chasseurs d’Afrique. Il me semble que c’est d’ailleurs l’acception retenue par les spécialistes, notamment  Anthony Clayton, Troisième partie, L’armée d’Afrique (pages 243 et suivantes).

Ne s’agit-il pas là d’une confusion historique ?  D’autant plus étrange que l’auteur cite à la fois dans son livre et dans sa bibliographie le livre de Clayton, intitulé « L’armée française en Afrique : 1830-1962 »

L’analyse du concept de l’armée d’Afrique, de son contenu, de son recrutement, aurait été intéressant en tant que tel, étant donné la relation qu’il instituait entre le gouvernent, la nation, et la politique coloniale qui était menée en leur nom.

L’histoire des troupes coloniales montre à l’évidence qu’elles ont le plus souvent servi des guerres considérées comme secondaires, ignorées le plus souvent comme le relève d’ailleurs ce livre, d’autant plus facilement, qu’elles n’impliquaient pas l’armée française dans son ensemble, mais surtout, absolument pas dans son système de recrutement, c’est-à-dire la conscription citoyenne, et donc en conséquence dans son fonctionnement et ses missions.

Ce que l’auteur appelle « l’armée d’Afrique », hors Algérie, a généralement été dirigée par des officiers de métier, secondés par un petit noyau européen de soldats de métier, d’engagés, ou de volontaires, mais constituée, pour l’essentiel, de troupes africaines.

L’expédition de Madagascar avait par exemple montré les limites de l’appel à des formations militaires de la métropole. Les unités de soldats recrutés en métropole, fêtées par la population à leur départ, le 200ème de ligne et le 40ème Chasseurs, avaient perdu, à la fin de 1895, plus de la moitié de leur effectif.

L’historien Brunschwig avait fort justement qualifié cette expédition de « criminelle ».

C’est entre autres, la raison pour laquelle je remarquais au début de cette analyse que les guerres coloniales n’avaient jamais été celles de la France, de son peuple, mais celles de ce que j’appellerais la France coloniale.

Et c’est sans doute pour les mêmes raisons que, grâce à l’existence d’un article 35 tout à fait curieux de la Constitution, à la suppression du service militaire et  à la disposition d’une armée professionnelle, la France s’engage aujourd’hui dans des guerres extérieures, sans trop se soucier de l’avis du Parlement ou de l’opinion des citoyens.

Nous touchons ici du doigt une des causes de nos guerres coloniales, celle qui mettait à la disposition des gouvernements de la Troisième République une force militaire professionnelle dont l’emploi ne soulevait  pas de conflit politique majeur.

Dans les deux guerres « perdues » d’Indochine et d’Algérie, le facteur principal de la défaite fut dans un cas, l’absence de la mobilisation des citoyens pour assumer le conflit, et dans l’autre cas, l’engagement des citoyens, c’est-à-dire d’un contingent rapidement hostile aux buts de cette guerre.

Avant d’en terminer, toutefois un regret, que l’auteur n’ait pas assez fait état des archives d’opérations militaires elles-mêmes, et pu consacrer plus de temps à la lecture des récits des officiers qui ont été les acteurs de ces guerres coloniales, je pense notamment à Gallieni et à Lyautey, mais il y en a eu beaucoup d’autres.

Au-delà de leur métier militaire, ils avaient souvent un talent de plume incontestable !

 Et le regret aussi que l’analyse historique n’ait pas épousé strictement le concept de comparaison entre « guerres » chronologiquement et conceptuellement comparables.

Jean Pierre Renaud

(1)  « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large » Editions JPR 2006

Le rôle de la communication et des communications dans les conquêtes coloniales (1870-1900)