Terra Nova et ses propositions pour les quartiers sensibles
Le Monde du 13 avril 2012
« Terra Nova propose d’importer le « community organizing » à l’américaine dans les banlieues françaises
Le think tank proche du PS suggère de s’appuyer sur les initiatives des habitants »
Tout à fait d’accord sur le constat, c’est-à-dire un constat de demi-échec de la politique publique à destination des quartiers populaires, et sur l’objectif d’une politique plus efficace consistant à mettre les habitants au centre des processus de décision.
Mais a-t-on besoin de faire appel à l’expérience américaine pour ce faire, dont l’histoire n’a rien à voir avec celle de la France, et alors que notre pays dispose déjà d’outils juridiques, les conseils de quartiers créés par une loi du 27 février 2002 ?
Les conseils municipaux ont d’ores et déjà le pouvoir de créer des conseils de quartier, obligatoire dans les communes de plus de 80 000 habitants, et facultatifs, en dessous de cette limite une loi socialiste,
A Paris, il en existe déjà 122, mais il est vrai qu’ils servent le plus souvent d’alibis démocratiques, mais une base juridique existe qu’il faut sensiblement améliorer.
La question politique et juridique posée est en effet celle de la définition des pouvoirs donnés parallèlement aux conseils municipaux et aux conseils de quartier, une définition tout à fait insuffisante.
Dans l’état actuel du droit, un conseil de quartier n’a quasiment aucun pouvoir, et il faut donc que la loi soit complétée, et améliorée, afin de donner à ces conseils à la fois une représentativité politique réelle et de vrais pouvoirs, avec un budget dédié et la délégation de la gestion des équipements du quartier, sur le modèle « aussi amélioré » des conseils d’arrondissement existant dans les villes de Paris, de Lyon et de Marseille.
Mais pour conclure, le think tank Terra Nova, « proche du parti socialiste », s’illustre, une fois encore, en préconisant de copier le modèle américain.
Hier, il s’agissait de généraliser en France les primaires électorales.
Aujourd’hui, il s’agirait d’importer le « community organizing » à l’américaine dans nos banlieues.
A croire que la France manque d’outils juridiques et politiques et certains de se demander si Terra Nova ne devrait pas opter pour un autre nom, celui de New Earth US !
Jean Pierre Renaud