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Au fil des jours, des mois et des années, depuis 2010, j’ai abordé une grande variété de sujets, portant sur l’actualité, récemment sur le Mali, l’Algérie, l’islam, la laïcité, et l’Eglise de France, mais j’ai toujours tenté de conserver les fils conducteurs que je m’étais proposé de suivre au fur et à mesure des années, la publication d’analyses et de récits qui ont jalonné la période coloniale, des témoignages, par exemple ceux de Gallieni, de Lyautey, ces « inconnus », de Loti », lesquels ne cachaient pas la vérité coloniale, d’écrivains voyageurs aussi tels qu’Albert Londres ou Jacques Weulersse et un ensemble d’analyses d’historiens qui ont proposé « leur » version de la période coloniale et postcoloniale : avec une ambition, celle de tenter de représenter ce que fut la période coloniale, et de dénoncer toutes les interprétations idéologiques de ce passé, qui continuent à faire fureur de nos jours, dans certains milieux. André Gide et Claude Lévi-Strauss ont jalonné ce parcours.
Un de mes auteurs préférés fut incontestablement Henri-Brunschwig dont j’appréciais tout à la fois la rigueur et le sens de la distanciation historique nécessaire, en concurrence avec le philosophe sinologue François Julien dont les analyses fouillées sur la philosophie chinoise m’a toujours aidé à décaler le regard que je tentais de porter sur l’Occident.
En lisant les œuvres du grand lettré africain Hâmpaté Bâ, je me suis retrempé dans l’histoire coloniale du terrain, haute en couleurs, grâce aux récits et aux portraits proposés avec son regard tout à la fois critique et ambivalent, à l’image d’une colonisation aux deux visages du jour et de la nuit. Adu.Boahen ainsi que Ki-Zerbo m’ont proposé leur lecture de l’histoire africaine.
Mon blog s’est intéressé aussi au dossier des legs de la colonisation selon les pays colonisateurs, à l’Algérie aussi, et aux auteurs qui ont analysé les deux guerres d’Algérie et d’Indochine, sous le thème « Parole de la France » : André Malraux, Henri Kissinger, Graham Green, Pierre Brocheux, Général Gras, Général Giap, Lucien Bodard, Hugues Tertrais, Nguyen khac Vièn, Hélie de Saint Marc…
Je me suis attaché entre autres à dénoncer les discours de chercheurs qui surfent sur le marché des mémoires qui tentent de nous faire croire que la France de la Troisième et Quatrième République avaient une culture coloniale, et même impériale : sont visés particulièrement les publications de l’équipe Blanchard-Lemaire- Bancel.
Cette équipe a proposé une vision historique de la réalité coloniale en métropole affectée de graves carences scientifiques et statistiques, faute d’avoir procédé à une analyse fouillée et quantitative des vecteurs de la propagande coloniale supposée et de ses effets : en particulier, aucune analyse du vecteur presse, le seul mesurable tout au long de la période examinée ! Ces historiens surfent sur des concepts encore à la mode, la victimisation et la repentance, en ignorant, semble-t-il, l’histoire coloniale factuelle, concrète et tout autant la quantitative, celle des chiffres.
Ils se sont approprié le gisement politique et électoral que constitue la population d’origine immigrée pour de nombreux groupes de pression, et la plupart du temps, ils ne sont jamais plongés dans les témoignages écrits, nombreux, qui ont jalonné cette période, l’histoire concrète, celle de « L’Autre », le fameux « Indigène » du terrain : comme si l’esclavage et les castes n’y avaient jamais existé !
Il convient de préciser que leur propagande s’est développée d’autant plus facilement que, même pour certains historiens « réputés », les mémoires rivalisent avec ce qu’on appelait communément « l’histoire ».
Benjamin Stora s’est fait le champion de l’histoire des mémoires en concurrence avec celle de l’histoire (« La guerre des mémoires ») : seul problème, l’intéressé, aujourd’hui, conseiller du Prince, n’a jamais eu le courage de faire faire une analyse statistique des supposées mémoires collectives coloniales dont il défend les causes.
Parmi les auteurs de la période postcoloniale, je citerai Fatiha Agag-Boudjahlat, Hélène Blais, Paul Bairoch, John Richard Bowen, Frederick Cooper, Catherine Coquery-Vidrovitch, Sophie Dulucq, Armelle Enders, Bouda Etemad, Frantz Fanon, Claire Fredj, David Galula, Daniel R.Headrick, Maurice Halbwachs Marc Michel, Moussa Konaté, Ahmadou Kourouma, Jean François Klein, Claire Laux, Pap Ndaye, Yves Lacoste, Daniel Lefeuvre, Elise Huillery, Kwasi Kwarteng, Jacques Marseille, Walter Ben Michaels, Guy Pervillé, Michel Renard, Bernard Rougier, Marie Albane de Suremain, Emmanuelle Sibeud, Isabelle Surun, Edward W.Said, Pierre Singaravelou, Marie-Claude Smouts, Benjamin Stora, Sylvie Thénault, Sanjay Subrahmaniayan, Pierre Vermeren, Eugen Weber …
Les deux œuvres d’Edward W.Said, « Culture et Impérialisme » et « L’Orientalisme » ont fait l’objet d’une lecture critique à l’origine de milliers de pages vues.
Très récemment, j’ai publié une analyse fouillée du livre intitulé « Corps noirs et médecins blancs » de Delphine Pereitti-Courtis que je rangerais volontiers dans la catégorie d’une « déconstruction » historique non pertinente.
Tout au long de mes lectures et analyses, le fil conducteur a été le plus souvent celui des croyances et des cultures qui ne sont pas toujours « solubles » dans nos propres croyances et cultures.
Jean Pierre Renaud Tous droits réservés