SUBVERSION ET POUVOIR – TRUCS ET TRUQUAGES

V –  Trucs et truquages des scènes du théâtre d’opérations de la subversion : subversion, inversion et perversion !

          Mots et slogans détournés, les mots flash qui fâchent !

        Imprécations et anathèmes ! Détournement du sens des mots ! Faux mémoriels ou historiques !

          Les couples de mots toxiques !

Le colonialisme : certains chercheurs, historiens ou mémorialistes postcoloniaux ont fait tout un plat du colonialisme, de sa violence ou de ses vices, en laissant accroire, soit par ignorance, soit par idéologie, soit tout simplement par intérêt, que l’Occident avait exercé une sorte de monopole du colonialisme à travers les âges, pratiqué une sorte de viol de peuples qui connaissaient alors une bienfaisante paix civile, religieuse, ou culturelle. 

     Ajoutons que pour ces idéologues la France a été évidemment le champion du colonialisme.

Origines et identités : comment ne pas remarquer qu’au fur et à mesure des années, dans notre pays, des minorités agissantes  se sont plaintes de voir leurs origines ou identités bafouées ? Sans avoir l’honnêteté intellectuelle de remarquer que leur pays d’accueil ou de naissance était le fruit d’un très long passé historique habitué depuis des siècles à ouvrir sa culture à d’autres cultures, à la condition qu’elles respectent nos libertés et notre droit des hommes et des femmes.

          Il faut leur dire : Soyez fier de vos origines, mais respectez tout autant les origines de la société qui vous a accueilli ou donné naissance !

Le racisme, les blancs sont racistes : vaste sujet !

       D’autant plus vaste que le sens historique de ce terme a évolué, que dans notre société le racisme est condamné, qu’à titre individuel ou familial, il existe maints exemples de l’inexistence du phénomène, sauf à dire qu’avec l’évolution démographique, l’importance des flux migratoires dans certaines de nos cités, une bonne cohabitation de populations de toutes origines n’est pas toujours facile ou pacifique, d’autant plus quand les citoyens de notre pays ont eu maintes fois l’occasion de constater que beaucoup d’étrangers entraient chez nous sans y être autorisés, en quelque sorte par effraction.

        Indiquons par ailleurs que les pays d’origine de ces contempteurs patentés ne sont pas exempts de racisme, hier et encore aujourd’hui en Afrique, en Asie, ou au Moyen Orient,  pour ne pas parler du racisme russe ou américain.

        Qui oserait prétendre que l’on ignore tout racisme sur le fleuve Niger, au Sahel, sur la Betsiboka, ou sur les rives du Maghreb ?

      Cessez donc de manipuler l’opinion publique !

L’esclavage, oui parlons de l’esclavage !

     Les esprits les plus objectifs savent que les premiers explorateurs ou officiers qui ont découvert l’Afrique, pour ne parler que de ce continent, y ont rencontré des royaumes ou des tribus qui pratiquaient encore l’esclavage  bien après l’interdiction internationale des trafics d’esclaves, pour ne pas citer d’autres pratiques encore plus révoltantes.

      L’historien Pétré-Grenouilleau a fait l’objet d’une sorte de « fatwa » intellectuelle de la part de ces groupes politico-intellectuels qui rament sur la mauvaise conscience, la réparation des péchés, et pour solde de tout compte, de la monnaie sonnante et trébuchante, à l’exemple de certains animateurs du mouvement dit des Indigènes de la République, car il ne faut pas continuer à cacher que l’esclavage  était encore vivace en  Afrique et à Madagascar, à la fin du dix-neuvième siècle.

        Qui plus est, l’histoire des trafics d’esclaves d’Afrique noire, à destination du Maghreb ou des pays arabes, a fait longtemps l’objet d’un tabou, de même que de nos jours, la prudence et la réserve que manifestent certaines universités africaines sur le sujet, en tout cas, celle de Dakar, comme c’était encore le cas il y a quelques années.

Aujourd’hui, l’islamophobie, mais il n’était pas question d’Islam, de voile, de mosquées dans nos sociétés, il y a cinquante ans.

      Cherchez en les raisons sous le nouveau masque de la propagande !

     Est islamophobe le citoyen ou la citoyenne qui est opposé  à  la transformation de notre pays démocratique et laïc en régime théocratique,  le pouvoir étant détenu par des imams venus d’ailleurs, un saut rétrograde pour le fameux « état de droit » dont se gargarisent à tout bout de champ nos hommes politiques, un état de droit qui, à la vérité, sert souvent de parapluie à l’expansion de l’islam dans notre pays, et au terrorisme.

      Islamophobe celle ou celui qui refuse de voir le statut des femmes, fruit d’un long combat, qui n’est d’ailleurs pas fini, rétrograder dans un pays de libertés.

       En France, les initiés savent qu’il y aurait plus de cinquante mille femmes excisées, et le combat pour l’égalité des sexes est permanent.

       Il n’y a que les imbéciles pour ne pas voir que depuis des années des prédicateurs influents, souvent d’origine étrangère, font pression dans nos villes pour imposer le voile aux femmes d’origine musulmane, comme signe religieux, comme aux petites filles dans nos écoles publiques.

     L’anathème d’islamophobe est lancé pour cacher le véritable objectif de cette nouvelle propagande de subversion de notre état de droit et de nos libertés, de les toucher au cœur.

     A titre d’anecdote, il fut un temps où le maire socialiste du XVIIIème arrondissement à Paris, ancien ministre de l’Intérieur, fermait les yeux sur des attroupements de prières dans la rue.

      Il est tout de même curieux de voir de belles âmes protester contre les conditions de détention de terroristes qui ont assassiné, estropié hommes, femmes et enfants, des terroristes ennemis de notre pays qui bénéficient de toutes les garanties de notre état de droit, aux frais des contribuables et de nos morts et blessés.

Les couples de mots toxiques

     Plus de cinquante ans après leur indépendance, quelques groupes de pression actifs animés aussi bien par des animateurs venus des anciennes colonies, surtout d’Afrique, de première ou de deuxième génération, que par d’autres animateurs de métropole dont les mobiles sont divers, envoient à pleine volée des couples de mots toxiques tels que repentance-assistance, ou culpabilité- réparation.

Jean Pierre Renaud   –   Tous droits réservés

Le 18ème Rendez-Vous de l’Histoire » Blois 2015 Les Empires

« Le 18ème Rendez-Vous de l’Histoire » Blois 2015 »

« Les EMPIRES »

Exit le « colonialisme » ?

            Les lecteurs de ce blog ont eu de multiples occasions de fréquenter mes chroniques consacrées au thème des empires, notamment coloniaux,  tout particulièrement anglais et français des 19° et 20°siècles.

            A lire le programme de ces nouveaux rendez-vous, publié par le journal Le Monde,  son contenu appelle l’attention sur au moins deux points intéressants :

            1 – Le thème des empires coloniaux a quasiment disparu, et c’est sans doute le résultat du travail d’un des courants dominant actuellement le sujet.

          Les empires coloniaux des 19° et 20° siècles ne feraient tout simplement partie que de l’histoire globale des empires de la planète.

            2- L’histoire coloniale et postcoloniale française a quasiment disparu des écrans historiques de Blois.

           Aurait-t-elle perdu sa crédibilité, en tant que telle, au sein de la communauté internationale des historiens ?

            Ne s’agirait-il pas du simple constat que le regard des historiens coloniaux ou postcoloniaux  français est, et a été, le plus souvent par trop franco-français ?

Jean Pierre Renaud

Voir ma première lecture critique du livre « Les empires coloniaux » sous la direction de Pierre Sangaravelou du 12 février 2015

Troisième Partie: Le legs colonial des deux empires avec le regard d’historiens de la « périphérie » ou de « l’histoire connectée »

Troisième Partie :

Le legs colonial des deux empires avec le regard d’historiens de la « périphérie » ou de « l’histoire connectée »(UNESCO)

« Histoire générale de l’Afrique » Editions de l’UNESCO

Un autre regard sur les deux empires coloniaux : quels ont été les effets du « colonialisme » français ou anglais ?

La deuxième partie a été publiée le 10 février 2014

 Le premier mérite de cet ouvrage est de répondre aux critiques souvent justifiées à l’encontre de l’écriture d’une histoire du monde par des écoles d’historiens occidentaux trop imprégnés encore d’ethnocentrisme.

 L’UNESCO a publié plusieurs volumes d’une série historique intitulée “Histoire Générale de l’Afrique ». (917 pages)

           Le volume VII « L’Afrique sous domination coloniale, 1880-1935 » dirigé par M. A.Adu Boahen, un historien d’origine ghanéenne, constitue une bonne source d’analyse et de synthèse des comparaisons qui pouvaient être effectuées entre les deux empires coloniaux, même si certains historiens le jugeront dépassé en date (1985).

        M.A.Adu Boahen avait pour assistant de rédaction M.Kwarteng, l’auteur du livre « The ghosts of Empire » qui a fait l’objet d’une lecture critique sur ce blog.

      Ces analyses très complètes portent sur l’histoire de l’ensemble des territoires qui ont fait partie des deux empires, mais tout autant sur ceux qui ont été conquis par d’autres nations européennes (Allemagne ou Portugal), en examinant de façon critique les différentes périodes, les conquêtes, la mise en place du système colonial, les résistances et les accommodements mis en œuvre, les conséquences que le « colonialisme » a eues sur les sociétés et les cultures africaines.

       Précisons à nouveau qu’il s’agit, dans cette partie de l’essai, d’une comparaison qui concerne l’Afrique seulement, donc d’un exemple colonial parmi tous les autres qui auraient pu concerner d’autres continents, notamment l’Asie dominée par les Britanniques qui fera l’objet de la quatirème partie.

       Le chapitre 30 rédigé par M.A.Adu Boahen, intitulé « Le colonialisme en Afrique : impact et signification » propose un éclairage tout à fait intéressant sur cette période historique, d’autant plus intéressant qu’il tente de dresser un bilan équilibré de cette période :

      « Aucun sujet n’est probablement aussi controversé que l’impact du colonialisme sur l’Afrique » (p,838)

      Jugements positifs ou négatifs : « Mais les faits dont nous disposons indiquent qu’une estimation plus équilibrée est nécessaire et c’est ce que nous tenterons ici. » (p,839)

     A lire les histoires de la conquête de très nombreux territoires d’Afrique, puis de leur administration, de leur colonisation, ou de leur développement, il est très difficile d’établir des comparaisons pertinentes, tant les territoires africains étaient déjà très différents, alors qu’il y avait presque autant de situations coloniales que de territoires.

     Comme je m’en suis expliqué longuement dans les textes que j’ai consacrées au sujet des sociétés coloniales, toute analyse et toute réflexion ne peuvent échapper aux deux concepts clés de « situation coloniale «  et de « moment colonial ».

      Quoi de commun en Afrique, entre les pays du Maghreb et ceux d’Afrique occidentale ou orientale ? Entre les territoires de l’Afrique occidentale tropicale et ceux de l’Afrique orientale ?  

    Entre les territoires climatiquement favorables au peuplement blanc, Kenya, Rhodésie, ou Afrique du Sud, et ceux défavorables, situés précisément dans cette Afrique tropicale.

    Au-delà de ses caractéristiques géographiques, humaines, économiques et sociales, de ses atouts et obstacles, chacune des colonies a constitué, à chacune des époques considérées, une sorte de théâtre où s’est joué une intrigue coloniale, presque jamais la même.

     C’est toutefois dans l’Afrique tropicale, que la comparaison entre les deux types de colonialisme, l’anglais et le français, a le plus de crédibilité, mais cette zone coloniale n’était pas du tout représentative de la réalité géographique et économique de l’empire anglais.

    Il convient d’ajouter pour ce qui concerne l’Afrique occidentale de type tropical, qu’à la différence de la conquête anglaise, la conquête française fit face à un défi géographique longtemps infranchissable, celui des accès maritimes et fluviaux vers l’hinterland, fort bien décrit par le géographe Richard-Mollard, à la différence du grand territoire voisin que devint le Nigéria bien desservi par le fleuve Niger.

     Et si l’on étend la comparaison à l’ensemble du domaine colonial anglais, quoi de commun entre l’Empire des Indes, les territoires d’un Commonwealth en gestation (Canada, Australie, Nouvelle Zélande), les colonies anglaises de peuplement blanc en Afrique orientale, et la seule française, c’est-à-dire l’Algérie ?

    Au sein de cet immense continent africain, deux pays échappèrent à l’emprise coloniale des Européens, le Libéria et l’Ethiopie.

     Le Libéria fut une création artificielle d’un Etat côtier par les Etats Unis pour y accueillir d’anciens esclaves volontaires et y fonder une nouvelle société africaine. Cet Etat eut la particularité de voir une immigration noire plus évoluée que la population locale éprouver le même type de difficulté que les nations européennes pour y imposer leur marque de modernité, usant souvent des mêmes méthodes de colonisation que les blancs.

    L’Ethiopie fut l’autre exception. Le Négus sut résister aux troupes italiennes auxquelles il infligea la défaite célèbre d’Adoua en 1896, rare exemple d’une résistance armée qui réussit aux dépens d’un envahisseur européen.

    A travers les analyses très complètes de  cette somme scientifique que l’Unesco a consacrée à la période coloniale considérée, il est naturellement possible de retracer le parcours comparé du « colonialisme » britannique et français en Afrique, avec leurs caractéristiques, leurs problématiques et leur impact sur les sociétés du continent africain, c’est-à-dire les legs qu’ils y ont laissés.

   Violence des opérations de conquête militaire, incontestablement pour les deux puissances coloniales, mais avec un nombre plus important de grandes expéditions militaires dans l’empire anglais, que son étendue géographique beaucoup plus grande ne suffit pas à expliquer complètement.

     Le sujet a déjà été abordé plus haut.

     Les grandes expéditions militaires françaises contre les Almamy Ahmadou ou Samory dans le bassin du Niger, contre le roi Béhanzin, au Dahomey, ou contre la reine Ranavalona III à Madagascar, font, d’une certaine façon, pâle figure par rapport aux grandes expéditions anglaises, la grande expédition de Kitchener au Soudan Egyptien, les quatre guerres contre les Ashantis en Gold Coast (Ghana), ou enfin les guerres contre les Zoulous et les Boers d’Afrique du Sud.

    Violence de la domination coloniale, dans presque tous les domaines de la vie des sociétés africaines, un choc politique, religieux, cultureléconomique et social, avec l’ouverture au monde des échanges mondiaux par la création de voies de communication, la mise en place  d’organisations de type bureaucratique qui n’existaient pas encore, une langue commune anglaise ou française, le travail forcé, le respect des convictions et des coutumes de type religieux, musulman, fétichiste ou animiste,- on le leur d’ailleurs quelquefois reproché-, le développement de villes nouvelles, la destruction des réseaux économiques traditionnels  de même que les artisanats et industries coutumières…

   Avec l’imposition de ses codes de domination dans tous les domaines !

    Violence aussi des prises de possession foncière au profit de colons blancs, telles que celles nombreuses, opérées dans l’empire anglais, au Kenya, en Rhodésie, et en Afrique du Sud., bien plus considérables que celles d’Algérie, pour ne pas citer celles beaucoup plus limitées d’Afrique occidentale ou de Madagascar, et pour ne pas rappeler, en dehors de l’Afrique anglaise, celles d’Australie ou de Nouvelle Zélande.

    Les résistances africaines  – Le livre décrit fort bien l’ensemble de ces violences et l’ensemble des résistances qui s’opposèrent dans la plupart des territoires d’Afrique aux invasions européennes, des résistances qui prirent des formes très diverses au fur et à mesure des prises de possessions coloniales territoriales.

    Dans leur histoire des conquêtes et de la colonisation, les Européens ont eu trop tendance, au début, à minorer ou à biffer tout simplement l’étendue et la diversité des résistances africaines, plus ou moins fortes ou durables, que les puissances coloniales rencontrèrent face à tel ou tel adversaire organisé ou inorganisé, et disposant déjà ou non, d’armes à tir rapide, mais les plus récents se sont bien rattrapés en exaltant ces résistances, tel Yves Person, dans son histoire de l’Almamy Samory, dans le bassin du Niger.

    L’ensemble des contributions de ce livre montre que l’Afrique ne s’est pas livrée, sans combat, sans résistance, aux deux puissances coloniales, mais sans avoir ni l’ambition, ni la possibilité, de mesurer le degré de résistance des différents adversaires, il semble que l’impérialisme britannique ait soulevé beaucoup plus d’opposition guerrière ou non que l’impérialisme français, notamment en raison à la fois de son ambition d’imposer son colonat blanc en Afrique orientale et australe, et parce que certains des territoires convoités disposaient déjà d’organisations de type étatique beaucoup plus fortes, et mieux enracinées que dans l’Afrique occidentale.

     Résistances, mais aussi accommodements entre les deux adversaires ou partenaires obligés, car beaucoup d’émirs, de rois, de roitelets, ou de grands chefs tentèrent d’amadouer, de gagner du temps, de contourner leurs adversaires, et finirent par composer, par collaborer  avec les nouvelles puissances dominantes.

   D’où toute l’importance de l’existence des truchements entre colonisateur et colonisé, des truchements qui devinrent de plus en plus importants au fur et à mesure de la marche des colonisés vers l’indépendance.

Le bilan Boahen

   Dans le chapitre 30, intitulé « Le colonialisme en Afrique : impact et signification » (p,837), M.A. Adu Boahen fait le bilan positif et négatif du colonialisme en Afrique, et ce bilan éclaire naturellement la comparaison qu’il est possible d’établir entre les deux empires.

Il convient de souligner qu’il ne s’agit que du bilan proposé pour l’Afrique et par les historiens qui y ont collaboré.

     « Dans ce chapitre, qui conclut le présent volume, nous voudrions nous poser deux questions essentielles. En premier lieu : Quel héritage le colonialisme a-t-il légué à l’Afrique ? Ou encore : Quel a été son impact sur elle ? En second lieu : Quelle est – eu égard à cet impact, à ce bilan – la signification du colonialisme pour l’Afrique ? Constitue-t-il un épisode révolutionnaire ou essentiel de l’histoire de ce continent ? S’agit-il d’une rupture totale avec son passé ou finalement, d’un simple événement transitoire ? »

     L’historien penche pour l’hypothèse d’une accélération de l’histoire africaine et retient dans l’ensemble des facteurs analysés quelques-uns d’entre eux qui lui paraissent plus déterminants que d’autres, sur un plan positif, l’instauration d’une paix civile et l’immersion du continent dans une économie de type monétaire, avec l’extension de l’urbanisation, et sur un plan négatif, la création d’armées professionnelles qui n’ont pas fini de peser sur les destinées de ce continent, et tout autant, la pratique généralisée des discriminations coloniales qui ont déstabilisé les sociétés coloniales.

    Ces réflexions générales s’appliquent naturellement aux finalités et au fonctionnement des deux empires, mais il est possible d’aller plus loin dans les comparaisons en suivant le chemin d’’analyse de l’historien, avec l’impact du colonialisme dans le domaine politique, dans le domaine économique, et dans le domaine social, qu’il s’agisse de l’empire anglais ou du français.

    1 – Impact politique : administration coloniale directe, standard, à la Française, ou indirecte, au coup par coup, à l’Anglaise, sous le vocable de l’indirect rule de Lugard ou du double mandat, avec pour les deux puissances coloniales le souci numéro 1 de laisser les colonies se financer elles-mêmes.

Il convient toutefois d’observer que les approches institutionnelles britanniques furent différentes entre les territoires de peuplement blanc et les territoires tropicaux pour lesquels la puissance coloniale entendait encore moins s’engager dans la gestion indigène.

Plus haut, nous avons un peu relativisé les différences de conception entre l’administration directe à la française et l’administration indirecte à l’anglaise, en adhérant aux observations du professeur M’Bokolo sur le sujet.

     L’historien fait l’inventaire des impacts positifs ou négatifs du colonialisme :

    Positifs, « l’instauration d’un plus grand degré de paix et de stabilité en Afrique » (p,839), « la création même (au niveau géopolitique) des Etats indépendants, modernes, d’Afrique… » « deux institutions nouvelles que l’indépendance n’a pas entamées : un nouveau système judiciaire, une nouvelle bureaucratie ou administration. »… « non seulement la naissance d’un nouveau type de nationalisme africain, mais aussi celle du panafricanisme. » (p,840,841)

   « Mais si les effets positifs du colonialisme sont indéniables, ses aspects négatifs sont encore plus marqués. »(p,841)

   Un nationalisme « provoqué par un sentiment de colère, de frustration et d’humiliation suscité par certaines mesures d’oppression, de discrimination et d’exploitation introduites par les autorités coloniales » (p,841)…  même si l’on admet que la structure  géopolitique est une réussite (une fois de plus accidentelle), on doit convenir qu’elle pose plus de problèmes qu’elle n’en résout… »(p,841)

    «  Il faut mentionner un autre aspect important mais négatif, de l’impact du colonialisme, l’affaiblissement des systèmes de gouvernement indigène … » (p,842)…» 

  «  Un autre impact négatif du colonialisme, du point de vue politique, est la mentalité qu’il a créée chez les Africains et par laquelle toute propriété publique n’appartenait pas au peuple, mais aux autorités coloniales blanches… » (p,843)

    « Un pur produit du colonialisme, et qui est souvent ignoré par la majeure partie des historiens, mais qui s’est avéré d’une importance absolument cruciale, est comme l’a bien montré l’étude de R.F.Betts (chapitre 13), l’existence d’une armée permanente ou à plein temps… » (p,843);

    « Le dernier impact négatif du colonialisme, probablement le plus important, a été la perte de souveraineté et de l’indépendance, et avec elle, du droit des Africains à diriger leur propre destinée ou à traiter directement avec le monde extérieur… » (p,844)

   Commentaire cette description s’applique assez bien aux deux types d’impérialisme, avec deux remarques toutefois :

–       L’impérialisme britannique de l’indirect rule a contribué à préserver, plus que l’impérialisme français, des structures de gouvernement indigène très variées.

–       Il convient de noter toutefois qu’à l’occasion de l’indépendance des territoires de mouvance britannique ou française, ces structures locales ont été le plus souvent effacées.

–       L’impérialisme français a inscrit son évolution dans un rêve d’assimilation et d’égalité inatteignable, alors que l’anglais l’inscrivait dans un modèle d’imitation du « nous sommes les meilleurs ».

    2 – L’impact dans le domaine économique

    Le positif

    « Le premier effet positif du colonialisme – le plus évident et le plus profond – comme le montrent maints chapitres antérieurs, la constitution d’une infrastructure de routes et de voies ferrées, l’installation du télégraphe, du téléphone, et, parfois, d’aéroports. «  (p,844)

    « L’impact du colonialisme  sur le secteur primaire de l’économie est tout aussi significatif et important….

    Cette révolution économique eut quelques conséquences d’une portée incalculable. La première fut la commercialisation de la terre, qui en fit une valeur réelle. Avant l’ère coloniale, il est incontestable que d’énormes étendues de terre, dans de nombreuses parties de l’Afrique, étaient non seulement sous-peuplées, mais aussi sous-exploitées. » (p,844)

    « Un autre effet révolutionnaire du colonialisme, dans presque toutes les régions du continent, fut l’introduction de l’économie monétaire

   Le négatif

    « En premier lieu, comme M.H.Y.Kaniki l’a souligné plus haut (chapitre 16), l’infrastructure fournie par le colonialisme n’était ni aussi utile, ni aussi adaptée qu’elle aurait pu l’être. La plupart des routes et des voies ferrées ne furent pas construites pour ouvrir le pays….

    En deuxième lieu, la croissance économique des colonies était basée sur les ressources naturelles des régions, ce qui signifiait que les zones dépourvues de ces ressources étaient totalement négligées. » 

   « En troisième lieu, l’une des caractéristiques de l’économie coloniale a consisté à négliger ou à décourager délibérément l’industrialisation et la transformation des matières premières et des produits agricoles dans la plupart des colonies…

    En quatrième lieu, non seulement l’industrialisation fut négligée, mais les industries et activités artisanales telles qu’elles ont existé en Afrique  à l’époque précoloniale furent détruites….

    En cinquième lieu, même si l’agriculture intensive en vint à constituer la principale source de revenus de la plupart des Etats africains, aucune tentative ne fut faite pour diversifier l’économie rurale des colonies… (p,847)

    En sixième lieu, la commercialisation des terres dont nous avons déjà parlé conduisit à la vente illégale des terres communales, pratiquées par des chefs de famille sans scrupules, ou à des litiges croissants qui provoquèrent partout une grande pauvreté, surtout parmi les familles dirigeantes…

   Enfin, tous les progrès réalisés pendant la période coloniale le furent à un prix élevé et injustifiable pour les Africains ; travail forcé, travail migratoire (lesquels déclare Davidson, – firent probablement plus pour démanteler les cultures et les économies précoloniales que presque tous les autres aspects de l’expérience coloniale réunis »), culture obligatoire de certaines plantes, saisie forcée des terres, déplacements de populations (avec comme conséquence la dislocation de la vie familiale), système des « passes », taux de mortalité élevé dans les mines et les plantations, brutalité avec laquelle les mouvements de résistance et de protestation provoqués par ces mesures furent réprimés…

   On peut donc conclure  sans risque que, malgré les protestations de Gann et Duignan, la période coloniale a été une période d’exploitation économique impitoyable plutôt que de développement pour l’Afrique et que l’impact du colonialisme sur l’Afrique dans le domaine économique est de loin le  plus négatif de tous. » (p,850)

    Commentaire :  

–       Les effets ainsi décrits ont évidemment existé dans les deux empires, mais avec des composantes et une intensité propres à chacune des colonies et à chaque époque du colonialisme : quoi de commun, au début du vingtième siècle, entre le développement souffreteux, quasi-artisanal, de l’Afrique occidentale et l’explosion de l’industrie minière du Congo Belge à Elisabethville au Katanga, et de l’Afrique Australe à Johannesburg, avec leurs conséquences dévastatrices sur les sociétés locales ?

–       Pourquoi ne pas poser la question et y répondre en même temps, à savoir si les effets du colonialisme y ont été tellement différents de ceux du capitalisme dans la forme qui fut la sienne au dix-neuvième siècle  dans les bassins industriels d’Europe, avec l’exploitation d’un prolétariat souvent venu du monde rural ?

  3 – L’impact social

  Les effets dans le domaine social (p,850)

   « Quel est, enfin, l’héritage du colonialisme sur le plan social ? Le premier effet bénéfique a été l’accroissement général de la population africaine au cours de la période coloniale…

   Le second impact social du colonialisme est étroitement lié au premier : c’est l’urbanisation… Il y avait sans nul doute une amélioration de la qualité de vie, particulièrement pour ceux qui qui vivaient dans les centres urbains…

    La diffusion du christianisme, de l’islam et l’éducation fut un autre impact important du colonialisme…

    Autre effet colonial d’importance dont l’avantage, on le verra, est discutable : l’institution d’une lingua franca pour chaque colonie, ou chaque ensemble de colonies…

   Le dernier bénéfice social apporté par le colonialisme est la nouvelle structure sociale qu’il introduisit dans certaines parties de l’Afrique ou dont il accéléra le développement dans d’autres parties du continent. Comme A.E.Afigbo l’a signalé (chapitre 19) bien que la structure sociale traditionnelle permit la mobilité sociale, sa composition de classe semble avoir donné un  poids excessif à la naissance… (p,852)

    « Mais, si le colonialisme eut certains effets sociaux positifs, il en eut aussi de négatifs, et même de très négatifs. En premier lieu, il faut mentionner la coupure grandissante entre les centres urbains et les zones rurales…

    Le second problème social grave est celui des colons européens et asiatiques…

   De plus, même si le colonialisme introduisit certains services sociaux , il faut souligner que non seulement ces services étaient globalement inadaptés et distribués inégalement dans chaque colonie, mais qu’ils étaient tous destinés, en premier lieu, à la minorité des immigrés et administrateurs blancs, d’où leur concentration dans les villes…

   Dans le domaine de l’éducation, ce qui fut fourni pendant l’époque coloniale s’est révélé globalement inadéquat, inégalement distribué et mal orienté ; les résultats n’ont pas été aussi positifs pour l’Afrique qu’ils auraient pu l’être…(p,855)

   Aussi bénéfique qu’ait été la lingua franca promue par le système éducatif, elle a eu la regrettable conséquence d’empêcher la transformation de certaines langues indigènes en langues nationales ou véhiculaires…

    Un autre impact hautement regrettable du colonialisme a été la détérioration du statut de la femme en Afrique. C’est là un sujet nouveau, qui exige d’autres recherches, mais il ne semble guère douteux que les femmes aient été exclues de la plupart des activités introduites ou intensifiées par le colonialisme, comme l’éducation, les cultures d’exportation dans certaines parties d’’Afrique, de nombreuses professions comme le droit, la médecine, les mines, etc… «  (p,857)

    Commentaire : cette dernière observation est pour celui qui a un peu fréquenté les cultures africaines tout à fait surprenant, et à mes yeux sujette à discussion, alors que l’analyse qui suit, relative au racisme et à la discrimination du système colonial, est tout à fait pertinente.

     « De plus, du fait du colonialisme, les Africains étaient méprisés, humiliés, soumis à une discrimination à la fois ouverte et feutrée. De fait, A.E.Afigbo a pu soutenir plus haut (chapitre 19) que l’un des effets sociaux du colonialisme a été « le rabaissement généralisé du statut des Africains ». ..

   Ainsi bien que l’élite cultivée, comme on l’a souligné plus haut, ait admiré la culture européenne et ait participé aux guerres des métropoles pour s’identifier à l’Occident, elle ne fut jamais acceptée comme l’égale des Européens, fut exclue de la société de ceux-ci et n’eut jamais le droit de vivre dans les quartiers européens des villes, quartiers que Sembene Ousmane  a appelé «  le Vatican » dans son roman « Les bouts de bois de Dieu. »

   «  Certains historiens comme M.H.Y.Kaniki en ont conclu que « le colonialisme a produit ses propres fossoyeurs », tandis que Robin Maugham a pu soutenir que « sur la pierre tombale de l’Empire britannique » (dans lequel cette discrimination raciale était la plus ouverte) on pourrait écrire : « mort de mépris ». (p, 858)

    « La discrimination raciale a également créé chez certains Africains un sentiment profond d’infériorité » que A.E.Afigbo a défini dans le chapitre 19 d’une manière très succincte  – comme une tendance à perdre confiance en soi et en son avenir – bref un état d’esprit qui, à certains moments, les encourageait à imiter aveuglément (et l’on pourrait ajouter à servir) les puissances européennes. Ce sentiment d’infériorité n’a pas entièrement disparu, même après vingt ans d’indépendance.

    Pire encore a été l’incidence du colonialisme dans le domaine culturel. » (p,859)

   Avant de faire quelques remarques sur la pertinence de l’analyse ci-dessus qui vaut pour les deux empires, redonnons la parole à l’historien :

   «  En conclusion donc, bien que le colonialisme ait été sans aucun doute un simple chapitre d’une longue histoire, un épisode ou un interlude dans les expériences multiples et diverses des peuples d’Afrique, qui n’a duré nulle part plus de quatre-vingt ans, il s‘est agi d’une phase  extrêmement importante du point de vue politique, économique et même social. Il a marqué une nette coupure dans l’histoire de l’Afrique ; le développement ultérieur de celle-ci, donc de son histoire, a été et continuera à être très influencé par l’impact du colonialisme. Il prendra un cours différent de celui qu’il aurait suivi si cet interlude n’avait pas existé. La meilleure manière d’agir pour aujourd’hui, pour les dirigeants africains, n’est donc pas de biffer le colonialisme, mais plutôt de bien connaître son impact afin d’essayer de corriger ses défauts et ses échecs. » (p, 864)

    Commentaire

    Comme on le voit M.A. Adu Boahen inscrit son propos dans le cours de l’histoire du monde, pour ne pas dire des mondes, et le choix du terme « interlude » est significatif à cet égard, un regard historique qui est proche d’une lecture chinoise du « cours des choses », une évolution naturelle du monde que le sage taoïste doit savoir interpréter pour s’adapter plus que pour le changer.

    Qu’il s’agisse de l’empire britannique ou de l’empire français, l’impact du colonialisme, certains préfèreraient le terme colonisation, dans le domaine politique, économique ou social,  a sans doute, et en gros, été à peu près le même, en notant toutefois que l’empire français n’a jamais eu le prestige de l’empire britannique, et que sans contestation possible, les relations existant entre Blancs et Noirs ont été très différentes dans les deux empires, le système du « Colour Bar » avait une force et une mise en application que n’a jamais eu le « Code de l’Indigénat ».

    L’analyse qui a été faite a souligné à juste titre l’importance des relations racistes et discriminatoires des systèmes coloniaux des deux puissances, avec leurs effets délétères sur les élites et les peuples colonisés, en relevant que le système anglais mettait en œuvre une conception du « nous sommes les meilleurs », alors que les Français nourrissaient  l’ambition ou l’intention de faire des Noirs leurs égaux, comme ils avaient commencé à le faire au Sénégal, dans la perspective complètement irréaliste d’une assimilation possible quelles que soient les « situations coloniales » ou les « moments coloniaux ».

     De même que l’empire français ne mit jamais en application un système de ségrégation et de discrimination raciale comparable à l’anglais, avec à l’extrême le régime du « Colour Bar » qui dura longtemps, bien après les indépendances.

    Parmi les effets négatifs du colonialisme  anglais ou français, recensés par cette étude, l’un d’entre eux a très souvent été, ou ignoré ou minimisé, celui du complexe d’infériorité que le système colonial aurait diffusé, distillé,  et infusé au sein des populations soumises.

    Mon vieil ami Michel Auchère, ancien ambassadeur au Ghana, m’a toutefois fait remarquer : « En tout cas, c’est sûr, que j’aurais bien fait rire un ami ghanéen en évoquant son « complexe d’infériorité ».

 Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Le Qatar? Colonialisme? Impérialisme?

Le Qatar ? Colonialisme ? Impérialisme ? Il faut décidément revoir beaucoup de nos leçons d’histoire !

Le Qatar au PSG, à Paris, une forme moderne de l’impérialisme ? Sans doute !

Après les « Lumières », et le « colonialisme», le pétrole et la communication !

            Lorsqu’on fréquente certains livres d’histoire coloniale, on ne peut manquer de constater que beaucoup de chercheurs portent d’abord leur attention, en France en tout cas, sur l’impérialisme colonial de la France.

            Et que, certains d’entre eux, pour faire moderne, ou croire qu’ils vont dans le sens du vent, manifestent une ardeur de « culture coloniale », qui n’a jamais rencontré un franc succès, même à l’époque coloniale.

            Alors que cet impérialisme n’a pas duré longtemps, à l’exception de quelques colonies, notamment l’Algérie, qui, officiellement, n’en était pas vraiment une, selon une des hypocrisies bien françaises !

Si l’on ne tient pas compte de la période de conquête et d’installation du pouvoir colonial, entre 1880 et 1914, avec les parenthèses des deux guerres mondiales (1914-1918) et (1939-1945), la durée de cet impérialisme a été relativement courte, aussi bien en Afrique noire, qu’en Indochine, ou à Madagascar, de l’ordre d’une cinquantaine d’années, alors qu’à partir de 1945, la donne impériale avait complètement changé.

Les chercheurs sérieux ont interprété cette période coloniale avec tout un ensemble de paramètres idéologiques ou non, liés à la domination politique ou économique, à l’évangélisation, à la propagation de l’esprit des « Lumières », au rôle des nouvelles technologies occidentales (fusils  à répétition et canons, transports à la vapeur par rail, automobiles, télégraphe et câbles, quinine, capacité d’entreprise…)…

Deux des livres, qui sont considérés par certains chercheurs comme le témoignage d’une nouvelle compréhension et interprétation du colonialisme ou de l’impérialisme, pour ne pas dire de nouvelles sortes de bibles, c’est selon, l’ouvrage de Frédérick Cooper, « Le colonialisme en question », et celui d’Edward W.Said, « Culture et impérialisme » ont fait l’objet d’une lecture critique approfondie sur ce blog.

Pour résumer trop brièvement nos conclusions :

–       rappelons que l’analyse de Fréderick Cooper fait une part écrasante à l’historiographie du colonialisme, mais qu’il est beaucoup moins convaincant dans la démonstration concrète de sa pensée, dans le cas de l’AOF syndicale, postérieure à la deuxième guerre mondiale.

–       l’analyse personnelle d’Edward W. Said est incontestablement beaucoup plus riche. Son concept de « structure de références et d’attitudes » est intéressant, et pourrait être fécond s’il était possible de procéder à son évaluation.

Comme nous l’avons écrit, notre préférence nous porte vers une analyse factorielle qui privilégie les technologies nouvelles, celles qui ont mis les pays occidentaux dans une « disposition » stratégique favorable à l’expansion.

Mais l’impérialisme a été de tous les âges et de toutes les sociétés, avec des variantes militaires, politiques, ou économiques différentes, à réunir sous le concept commun de domination d’une société ou d’un peuple sur un autre, et naturellement de « dispositions » différentes selon les époques et les continents.

Le développement moderne et très rapide des communications, des médias d’images ou d’information, propose sans doute une explication nouvelle de l’impérialisme moderne : on conquiert de nos jours une place forte de l’image pour pouvoir dominer l’autre par sa propre image.

L’entrée du Qatar dans le club PSG nous parait illustrer tout à fait cette évolution de l’impérialisme, dans sa forme la plus moderne.

Le Figaro (page 9) des 31 décembre 2011 et 1er janvier 2012 choisissait pour titre d’un article consacré à ce sujet : « Avec Ancelotti, le PSG bascule dans un nouveau monde ».

Diable, celui du Quatar, du pétrole, et de son nouvel impérialisme de la communication, des médias, et aussi du sport ?

 Ne vient-il pas d’ailleurs de prendre une participation financière de 10% dans le groupe Lagardère, 100% médias, comme il le revendique ?

Comment mieux capter un important vecteur de l’image, de sa puissance, que d’associer son nom, à celle d’une ville aussi prestigieuse que Paris ?

M.Bolotny, économiste du sport, l’exprime clairement dans une interview des Echos du 27 décembre 2011 :

«  Le Quatar a une stratégie de marketing politique avec le sport, et le football en particulier, comme axe de communication, mais a aussi une logique d’intégration industrielle verticale. »

Donc, une nouvelle technologie de la domination impériale !

Et comment ne pas ajouter qu’en raison des travaux  à effectuer au Parc des Princes, le PSG- Qatar va s’installer au Stade de France : qui dit mieux en stratégie moderne de l’impérialisme de l’image ?

De nos jours, les nouvelles technologies de conquête de l’image donnent une nouvelle coloration à la domination, c’est à dire à l’impérialisme.

Et cet impérialisme moderne qui ne dit pas son nom développe ses tentacules chaque jour ! En toute laïcité républicaine ?

Jean Pierre Renaud

Le livre « Culture et Impérialisme » d’Edward W.Said : « Comment peut-on être impérialiste? »

Le livre « Culture et Impérialisme » d’Edward W.Said ou

 « Comment peut-on être un impérialiste ?»

Sans le savoir ?

            Une entrée en matière un brin provocante, mais le sujet en vaut la chandelle, en tout cas en ce qui me concerne, étant donné qu’il pourrait me convaincre d’avoir été, et d’être encore, et sans doute, un impérialiste, sans le savoir.

            Il s’agit d’une grande œuvre intellectuelle, riche, encyclopédique, courageuse, bien supérieure, à mon avis, à celle, d’abord historiographique, de Frederick Cooper sur le colonialisme, laquelle a fait déjà l’objet d’une analyse critique sur ce blog.

            J’ai déjà consacré quelques lignes du blog à deux autres de ses œuvres, « L’Orientalisme », et « Démocratie et Humanisme », mais je proposerai après les vacances une lecture critique du livre « Culture et Impérialisme », avec mes réflexions et questions personnelles.

            Et pour proposer un premier fil conducteur de lecture, je serais tenté de dire que, dans l’état actuel de mes réflexions, je ne suis pas sûr que le concept clé de l’auteur, c’est-à-dire «  l’idée d’une structure d’attitudes et de références lentement et régulièrement mise en place par le roman… », mais plus largement par la culture, puisse être un concept d’analyse clairement opératoire, dans le cas de la France et de son ancien « empire ».

            Jean Pierre Renaud