Conflits d’intérêts, République Française, esprit et goût du service public
« Menacée et dérangeante, la Commission nationale de l’informatique et des libertés se trouve mise en cause par un rapport provisoire de la Cour des comptes
La CNIL n’est plus en cour »
Le Monde du 26 janvier 2011, page trois
Pour un lecteur, une grande insatisfaction, trop ou pas assez d’information !
J’avoue ne pas très bien comprendre le premier titre du journal, car l’affaire en question illustre parfaitement les dérives de certaines autorités publiques nommées à ma connaissance pour servir le bien public, et la République Française.
J’ai lu :
« Alex Türk gagne nettement moins que ses homologues : 39 000 euros par an, contre 185 000 euros pour le président du CSA, 183 000 pour le Médiateur, 303 000 pour celui de l’Autorité des marchés financiers (AMF) »
Dans un paragraphe précédent, le même journal écrivait :
« Le président bénéficiait d’une indemnité de 3 200 euros par mois, et, contrairement à l’information donnée au Parlement », dit la Cour, il a « pris l’initiative de s’attribuer, en supplément, des indemnités forfaitaires par séance ainsi que des vacations qui ont représenté un montant de 1 800 euros par mois ».
Quelques réflexions à ce sujet :
Le journal ne dit pas si les titulaires des mandats confiés par la puissance publique ont conservé ou non les rémunérations et indemnités de leurs corps d’origine et dans le cas considéré celles d’un sénateur, information nécessaire pour apprécier correctement ce type de dérive morale et financière.
Car si tel était le cas, les rémunérations et indemnités accordées à ces grands serviteurs de la chose publique seraient encore plus choquantes.
Est-ce que le gouvernement et le Parlement ne devraient pas fixer un plafond de rémunération pour toutes ces fonctions du service public, un montant qui correspondrait au plafond des rémunérations et indemnités maximum attribuées aux hauts fonctionnaires. Récemment, sauf erreur, le traitement d’un haut fonctionnaire hors échelle G, il n’y en a pas beaucoup, était de 83 400 euros brut, hors indemnités ou primes.
Le nouveau président de l’AMF a accepté de modérer sa rémunération, et c’est bien, mais conserve-t-il en parallèle son traitement d’inspecteur général des finances ?
Car il convient de poser la question de fond :
Le contenu de cet article laisserait à penser qu’il ne serait plus possible de trouver dans notre élite politique et administrative des candidats ayant encore chevillé au corps le sens du service public et de la République ?
Alors que la France a longtemps été citée en exemple pour sa haute administration intègre et compétente au service du public, mais il est possible de se poser effectivement la question sur sa réputation actuelle, quand on voit l’empressement de nombreux hauts fonctionnaires à occuper des fonctions publiques ou privées très, très bien rémunérées, après un passage fructueux dans un lieu de pouvoir, trop bien rémunérées dans une société de moins en moins solidaire, et surtout de plus en plus inégalitaire.
L’excellent rapport Sauvé sur les conflits d’intérêt doit voir toutes ses propositions mises en œuvre rapidement, mais pourquoi ne pas le compléter quelque peu sur ce point ?
Jean Pierre Renaud