« White Material » avec Isabelle Huppert, Claire Denis et Marie Ndaye
Enchaînons « tout de go », « one woman show » de la grande Isabelle Huppert, mais au fait, pourquoi ce titre en anglais?
Le journaliste de Libé en a peut être livré la clé, en évoquant « un truc de Blancs », mais parlons d’abord du film, avant de donner, un tout petit peu, la parole aux journalistes spécialisés du cinéma.
Isabelle Huppert fait exploser ce film, c’est certain: obstinée, déterminée, elle veut à tout prix sauver sa récolte de café dans sa plantation d’un pays tropical, dans un contexte de violence et de guerre civile qui fait rage. Piste rouge, forêt et caféiers verts, de belles montagnes bleutées à l’horizon, un monde noir à la fois inquiétant et indéchiffrable, et à la fin, le déchaînement meurtrier d’enfants-soldats. La belle Isabelle corse un peu son histoire en accueillant un chef rebelle blessé dans sa belle plantation.
Son fils, un peu fou, puis très fou, son ancien mari, font très pâle figure dans le récit. Ils n’existent pas ou plus.
Dans Libé (24/03/10), le journaliste spécialisé conclut son analyse en écrivant: « Son White Material n’est pas un truc de Blancs. C’est une perle noire. »
Dans Le Monde (24/03/10), le journaliste spécialisé parle de « l’éviction du corps blanc par le continent noir », d’une actrice Huppert qui « maraboute le cinéma français »,etc…, et je vous avouerai qu’ici, il me semble me retrouver, un peu mieux, en pays de connaissance.
Dans son interview à l’AFCAE, Isabelle Huppert répond à un moment donné:
» White Material » n’est pas un film politiquement correct. Il montre des enfants-soldats, donc des enfants-bourreaux »
Et je conclurai sur cette dernière phrase.
Je ne suis pas sûr qu’un spectateur, non averti, ne soit pas submergé par cette violence qui fait peur.
Dommage enfin que le récit s’inscrive dans un « nulle part » géographique et historique, même s’il s’agit peut-être de la « bulle d’opacité flottante » qu’évoque Libé.